Dominique Strauss-Kahn arrêté à New York pour agressions sexuelles
15052011*Luxure, amoralité et laxisme… ce que les Américains reprochent aux Français
Assis dans l’avion, une Américaine découvre la photo de Dominique Strauss-Kahn devant la juge. «Quel regard méchant, il a! Avec cet air de Français arrogant, il ne peut pas s’en sortir… » Devant l’immeuble de DSK, un passant sourit d’un air entendu: «En matière de sexe, les Français ont toujours eu un problème, non ? »… Sentiment de supériorité, sexualité débordante, amoralisme… Depuis une semaine, l’affaire DSK réveille les caricatures anti-françaises. Pas au point de verser du vin rouge dans les caniveaux comme à la grande époque du non-engagement de la France en Irak, mais un certain French Bashing renaît.Editos très durs
Particulièrement dans les médias. Passons sur les unes plus anti DSK qu’anti-françaises comme « Pepe le putois » ou encore «La grenouille a pris ses jambes à son cou»… Quoi que sur cette dernière, le terme Frogs (grenouille) est plutôt péjoratif. Mais c’est dans le cœur des articles que les attaques sont les plus franches. Parfois en Français et de façon gentillette («chauds lapins», «Au revoir Rikers»), parfois en dessous la ceinture («Vermine accro à la luxure»). «Je suis fier d’habiter un pays où une femme de ménage peut faire tomber un directeur du FMI», analyse un éditorialiste du New York Post en affirmant qu’en France ce ne serait pas possible. Le philosophe «à la chemise ouverte», Bernard Henri Lévy est devenu une cible de choix depuis qu’il a défendu DSK. Plus mesurés, les journaux sérieux ne sont pas en reste. Etonné que les Français soient choqués par les images de DSK menottés, le New York Times contre-attaque. «Année après année, le réalisateur Roman Polanski a lui arpenté le tapis rouge, souriant aux caméras, jamais inquiété, alors que les autorités françaises savaient qu’il avait drogué, violé et sodomisé une jeune fille de 13 ans», écrit le quotidien qui oppose l’efficacité un peu voyeuriste de la justice américaine au laxisme bien français.Et l’anti-américanisme «C’est vrai qu’avec les Français, c’est épidermiques. A chaque fois, ça prend de grandes proportions. En fait, ça me fait penser à ce qu’il se passe en France avec les Américains», analyse Linda, une compatriote expatriée à New York et croisée devant chez DSK. Car dans le même temps, les médias américains croient percevoir une montée de l’anti-américanisme en France. «Dès le troisième jour, les Français ont eu besoin de trouver un bouc émissaire à blâmer pour expliquer la perte de leur futur président et ils se sont lancés dans de prévisible spasmes anti-américains », analyse le Los Angeles Time qui revient largement sur le débat des images de DSK qui ont choqué la France. Je t’aime moi non plus…(20Minutes-22.05.2011.)
************************* **Folie médiatique autour de l’immeuble de Straus-Kahn
Dominique Strauss-Kahn, accusé de tentative de viol par la justice américaine, a passé samedi sa première nuit dans son appartement provisoire du quartier financier de New York, sous la surveillance de gardes armés et de nombreux médias. Dans le cadre de sa libération sous caution, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) a été transféré vendredi de la prison de Rikers Island à cet appartement du bas de Broadway Avenue, qui appartient à la société de sécurité privée chargée de sa surveillance.Il est situé à proximité de Wall Street et de Ground Zero, dans le sud de Manhattan. Strauss-Kahn, qui risque jusqu’à 25 ans de prison, devait initialement être assigné à résidence dans un quartier chic, l’Upper East Side, mais l’immeuble a été assiégé par les médias et son épouse Anne Sinclair n’a pu conclure la location. Ses avocats et Anne Sinclair tentent de trouver un autre appartement.L’ex-favori à l’élection présidentielle française est accusé d’agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration par une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de New York. Il dément formellement les accusations qui pèsent contre lui et a démissionné de son poste au FMI pour se consacrer à sa défense. La prochaine audience, lors de laquelle il devrait officiellement répondre d’accusations, a été fixée au 6 juin.Habitants mécontentsAssigné à résidence, Dominique Strauss-Kahn porte un bracelet électonique, est sous surveillance vidéo et des gardes armés, payés à ses frais, se relayent pour surveiller l’appartement. Selon le parquet, ces mesures de sécurité vont coûter plus de 200.000 dollars par mois à l’ancien ministre socialiste de l’Economie, une somme que la fortune familiale d’Anne Sinclair lui permet d’assumer.Les camions de transmission satellite des chaînes de télévision se sont alignés en bas de l’immeuble et plus d’une dizaine de caméras sont braquées sur la porte d’entrée. De très nombreux photographes attendent de faire le cliché de celui qui était, jusqu’au week-end dernier, l’un des plus puissants de la planète financière.Certains habitants de Broadway ne sont pas ravis de sa présence dans le quartier. Un homme a notamment brandi un carton sur lequel on pouvait lire «DSK – pas chez moi.» «Avec tous les médias et la publicité autour, cela va devenir difficile d’entrer dans l’immeuble», a estimé Debbie Tawil, une habitante de l’immeuble.Strauss-Kahn, qui a démissionné de son poste de directeur général du FMI mercredi, ne sera autorisé à quitter son appartement qu’en cas d’audience au tribunal, de rencontre avec ses avocats, de rendez-vous médical ou d’office religieux hebdomadaire.Le calendrier de sa succession au FMI s’est précisé vendredi soir, l’institution annonçant que les candidatures pourraient être déposées dès lundi et jusqu’au 10 juin. Le FMI espère faire son choix d’ici au 30 juin «d’une manière ouverte, fondée sur le mérite, et transparente.» Les dirigeants européens s’activent pour s’entendre sur un candidat et la ministre française des Finances Christine Lagarde se détache. La chancelière allemande Angela Merkel a encore fait son éloge samedi.Des puissances émergentes estiment que la coutume consistant à attribuer le poste à un Européen n’est plus de mise et que d’autres devraient aussi avoir leur chance. Des diplomates d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient interrogés au siège du FMI à Washington ont dit que les pays émergents tentaient de trouver un candidat de consensus.Cette tâche a été compliquée par le retrait vendredi de Kemal Dervis, ancien ministre turc de l’Economie et qui faisait figure de favori parmi les non-Européens. En France, le débat s’est porté sur les réactions de plusieurs proches de Dominique Strauss-Kahn, jugées sexistes par des associations féministes.Le socialiste Jack Lang a estimé qu’il n’y avait pas «mort d’homme» et le journaliste Jean-François Kahn a fait l’hypothèse qu’il s’agissait plus sârement d’un «troussage de domestique» que d’un viol. Dans une tribune publiée sur le site internet du Monde, trois associations féministes jugent que «ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage.» Le texte a été notamment signé par la journaliste Audrey Pulvar, le sociologue Eric Fassin, la syndicaliste Annick Coupé ou encore l’humoriste Florence Foresti.(20Minutes avec Reuters-21.05.2011.) *************************************Le directeur général du FMI a été arrêté pour avoir tenté d’abuser d’une employée de son hôtel, selon la police new yorkaise.
Dominique Strauss-Kahn a été arrêté à New York, à 16h45 heure locale, dans un avion d’Air France qui s’apprêtait à décoller de l’aéroport JFK. Il est accusé d’agression sexuelle présumée contre l’employée d’un hôtel new-yorkais. Il a été inculpé « d’agression sexuelle, de séquestration de personne et de tentative de viol », selon le porte parole de la police new-yorkaise, qui a précisé qu’il serait présenté à un juge dès dimanche. Selon son avocat, Benjamin Brafman, cité par Reuters, Dominique Strauss-Kahn « plaidera non-coupable ». Il a nié en bloc les accusations portées contre lui.
L’information a d’abord été révélée par le New York Post. Dans la nuit de samedi à dimanche, Michael DeBonis, de la police new-yorkaise, confirmait à Rue89 que DSK était accusé d’« abus sexuel », sans donner plus de détails.Selon le New York Times, dix minutes avant le départ du vol AF23, deux policiers ont demandé à Dominique Strauss-Kahn de les suivre alors qu’il se trouvait dans la zone première classe de l’appareil, en partance pour Paris. DSK voyageait seul (ce qui n’est pas habituel) ; il n’a pas été menotté.Depuis dimanche matin, les réactions de responsables politiques se multiplient. Jean-Marie Le Guen, un de ses lieutenants, explique que cette affaire ne lui ressemble pas, tandis que Marine Le Pen raconte avoir été victime de propos déplacés de la part de DSK lors d’un débat télévisé. *Les Faits Vers 13 heures samedi, une femme de chambre de 32 ans a pénétré dans sa suite (à 3 000 dollars la nuit), à l’hôtel Sofitel situé sur la 44e rue, pensant qu’elle était inoccupée. Selon le New York Times, qui cite le témoignage de la femme de chambre à la police, Dominique Strauss-Kahn serait apparu nu, sortant de la salle de bains, et aurait tenté d’abuser d’elle.« Selon son récit, il l’attrape, l’amène sur le lit, et tente d’abuser sexuellement d’elle. Elle le repousse et il la traîne jusqu’à la salle de bains où il tente une seconde fois d’abuser d’elle. » Selon le porte-parole de la police cité par le New York Times, elle aurait réussi à s’échapper et à prévenir ses collègues, qui ont immédiatement appelé la police. Quand celle-ci est arrivée à l’hôtel, il n’était plus là, étant parti précipitamment, oubliant notamment son téléphone portable sur le lit.Cette version des faits repose sur le témoignage de l’employée et la présence d’effets personnels abandonnés dans la chambre. Elle a été emmenée par ambulance vers l’hôpital Roosevelt pour l’examen de « blessures mineures », selon le porte-parole de la police cité par le New York Times.Strauss-Kahn a été remis à des officiers du NYPD du Midtown South Precinct. L’enquête est menée par l’unité spéciale (Special Victims Unit) de la police new-yorkaise, qui l’interrogeait dans la soirée. Il a passé la nuit de samedi à dimanche dans une cellule de cette unité.Il a déjà reçu la visite du Consul de France à New York, et deux avocats américains ont été chargés d’assurer sa défense.
*Le contexte
C’est la seconde fois que DSK est impliqué dans un scandale sexuel depuis son arrivée au FMI. En 2008, le directeur du Fonds monétaire international avait fait l’objet d’une enquête interne, concernant ses relations avec Piroska Nagy, une cadre d’origine hongroise du département Afrique du FMI. Le comité d’éthique du Fonds devait vérifié s’il n’avait pas abusé de sa position hiérarchique pour obtenir les faveurs de celle-ci. Les enquêteurs avaient conclu que ce n’était pas le cas.DSK s’était alors félicité de l’issue de l’affaire, mais avait déploré son « erreur de jugement » et présenté ses excuses au FMI et à sa femme.L’affaire, d’un point de vue médiatique, avait été gérée par son quatuor de conseillers : le président d’Euro RSCG Stéphane Fouks, le directeur des études Gilles Finchelstein, le conseiller de Lagardère Ramzy Khiroun (l’homme à la Porsche) et la chargée de communication Anne Hommel.Si une procédure judiciaire est engagée ce soir, c’est que DSK n’aura pas réussi à se prévaloir de son immunité diplomatique. Elle est prévue dans les statuts du FMI, page 666 (sic) ; dans une affaire précédente, mais dans un autre pays, le Pakistan, un dirigeant britannique du Fonds avait réussi à la faire prévaloir dans une affaire de violence conjugale. Cette affaire risque quoi qu’il arrive de coûter à Strauss-Kahn son poste au FMI. Et évidemment de lui barrer la route vers l’Elysée.Il est pour le moment en tête dans les sondages : selon une enquête Ifop pour le Journal du Dimanche, s’il était candidat, il recueillerait 26% des voix (soit plus que d’autres candidats potentiels socialistes), contre 22% pour Marine Le Pen et 21,5% pour Nicolas Sarkozy. L’affaire de la Porsche ne l’a pas fait plonger.Lors de sa nomination au FMI, en juillet 2007, un journaliste de Libération, Jean Quatremer, avait mis en garde sur son blog contre le risque d’un tel scandale :« Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant […], il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France).Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique. Après Jacques Attali et ses goûts somptuaires qui lui ont coûté la présidence de la BERD, la France ne peut pas se permettre un nouveau scandale. »Son billet de blog avait à l’époque choqué.(Rue89-15.05.2011.)
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**Strauss-Kahn et les femmes : les histoires de trop
Le problème de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, c’est qu’elle vient s’ajouter à beaucoup trop de précédents. Les histoires ont d’abord circulé sur le ton de la plaisanterie : DSK, grand séducteur ; DSK, coureur ; DSK et ses avances un peu insistantes auprès des jolies journalistes… Puis, il y a eu les livres dans lesquels on devinait que les descriptions d’un homme politique jamais nommé et décrit comme obsédé par le sexe, régulier du club échangiste Les Chandelles et incontrôlable le concernait.Pendant des années, cette réputation n’a pas semblé pouvoir entraver de quelque façon que ce soit sa carrière politique. C’est seulement en 2007, à sa nomination au FMI, que la question a été posée publiquement par Jean Quatremer, journaliste à Libération :« Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). » En février 2007, une jeune femme, Tristane Banon, journaliste et romanicière, a pourtant raconté qu’un homme politique avait tenté de la violer – elle a a précisé un an plus tard qu’il s’agissait de DSK. Sur le plateau de « 93, Faubourg Saint Honoré », l’émission qu’animait alors Thierry Ardisson sur Paris Première, elle le décrit comme un « chimpanzé en rut ». Selon elle, Strauss-Kahn lui a donné rendez-vous afin de préciser une des réponses données lors de l’entretien. Voilà ce qu’elle raconte alors aux convives – Jacques Séguéla, Thierry Saussez, Jean-Michel Aphatie, Roger Hanin, Gérald Dahan, Claude Askolovitch et Hedwige Chevrillon :« Je suis arrivée devant l’adresse, je me suis garée, je suis montée, c’était un appartement vide, complètement vide, avec un magnétoscope, une télévision. […]J’ai posé le magnétophone tout de suite pour enregistrer, il a voulu que je lui tienne la main pour répondre, parce qu’il m’a dit “je n’y arriverai pas si vous ne me tenez pas la main”, et puis après la main c’est passé au bras, et c’est passé un peu plus loin, donc j’ai tout de suite arrêté…Je suis arrivée là-bas, j’avais un col roulé noir, ça fait peut-être triper les mecs un col roulé noir mais faut arrêter, et après surtout c’est que ça s’est très très mal fini, parce qu’on a fini par se battre.Donc ça s’est fini très très violemment, puisque je lui ai dit clairement “non, non”, on s’est battus au sol, pas qu’une paire de baffes, moi j’ai donné des coups de pieds, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’ouvrir mon jean… » A l’époque, on est en 2002, la jeune journaliste recueille des confessions de personnalités pour un livre sur les grandes erreurs de leur vie. C’est pour cet ouvrage qu’elle rencontre Dominique Strauss-Kahn. Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon, élue socialiste et blogueuse à Rue89, se souvient :« Tristane a fait une dépression. Sa vie professionnelle a été perturbée par cette histoire. Elle est sous pression depuis huit ans, c’est un véritable harcèlement.Ce n’est d’ailleurs pas DSK lui-même qui est derrière ce harcèlement, mais son entourage, Ramzi Khiroun [conseiller en communication de DSK, ndlr]. Le prochain roman de Tristane, dont la sortie était prévue à la rentrée 2011, a été mis en suspens à cause de la candidature de DSK ! C’est une pression permanente.En 2002, des amies socialistes pensaient que Tristane devait porter plainte mais je l’ai dissuadée. Je ne voulais pas qu’elle soit à vie “la fille qui…” Elle démarrait juste dans le journalisme, je ne voulais pas que ça entrave sa recherche de travail ; c’est un milieu difficile.Sur le plan familial, c’était compliqué aussi. DSK est le père de sa meilleure copine et l’ex-mari de sa marraine. Ça nous paraissait délicat. Mais sa vie a été bousculée et elle a craqué un nombre inconsidéré de fois. J’en ai parlé une fois avec DSK. Il a dit “je sais pas ce qui m’a pris, j’ai pété un plomb”. » Anne Mansouret a ensuite réitéré ses propos dans des interviews à Paris-Normandie ainsi qu’à France 3 Haute-Normandie.Tristane Banon, qui a plusieurs fois répété qu’elle avait renoncé à sa plainte, ne souhaite pas s’exprimer pour l’instant − « C’est une vieille histoire », a-t-elle déclaré dans « Le Roman vrai de Dominique Strauss-Kahn », biographie autorisée signée Michel Taubmann.Dans cet ouvrage, Ramzi Khiroun avance que Tristane Banon aurait inventé cette histoire de toutes pièces pour se venger de Dominique Strauss-Kahn : le chapitre qui lui était consacré avait été retiré par l’éditeur sur pression du staff de DSK.Dans le chapitre consacré aux « trompettes de la rumeur », pour déconstruire la réputation sulfureuse du directeur général du FMI, l’auteur cite Véronique Bensaïd, militante socialiste de Sarcelles devenue conseillère parlementaire de DSK à Bercy en 1998. Elle l’accompagnait « deux fois par semaine » à l’Assemblée nationale :« Dominique était encore plus dragué que dragueur. C’était inimaginable ! Quand nous étions au banc du gouvernement, pour la discussion des amendements, certaines femmes députées me passaient des mots à lui transmettre contenant parfois des déclarations enflammées, voire délirantes.J’ai vu des femmes faire des numéros de claquettes dignes des plus grandes prostituées, j’ai vu des élues, des collaboratrices prêtes à tout pour coucher avec lui.J’ai remarqué ce phénomène avec d’autres ministres. Mais avec Dominique, cela atteignait des sommets. En réalité, on peut parler de harcèlement sexuel. Mais Dominique en était la victime ! » Une version qui ne colle pas avec celle racontée par Aurélie Filipetti. En 2008, interrogée par Le Temps, la députée évoque le souvenir d’une tentative de drague « très lourde, très appuyée » de DSK :« Je me suis arrangée pour ne pas me retrouver seule avec lui dans un endroit fermé. » Même dans le cas de sa liaison consentante entretenue avec Piroska Nagy au FMI en 2008 – un rapport avait blanchi DSK – le doute a plané après la révélation de cette lettre écrite aux enquêteurs :« Je n’étais pas préparée aux avances du directeur général du FMI. […] J’avais le sentiment que j’étais perdante si j’acceptais, et perdante si je refusais. […] Je crains que cet homme [DSK] n’ait un problème qui, peut-être, le rend peu apte à diriger une organisation où travailleraient des femmes. »Une responsable socialiste estime que sa candidature est foutue :« Il n’est peut-être pas conscient d’être brutal, mais il y a des quantités d’histoires et elles vont sans doute ressortir maintenant. »Dominique Strauss-Kahn, inculpé d’agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration, a nié ce dimanche tous les faits qui lui sont reprochés. Il plaidera non coupable. (Rue89-15.05.2011.)
**Vers une plainte en France par une journaliste pour «agression sexuelle» et «tentative de viol»
Tristane Banon, journaliste et écrivain, dans une émission littéraire en 2008… L’avocat de la journaliste Tristane Banon, confirme qu’il envisage de lancer une procédure pour «agression sexuelle» et «tentative de viol»…La mère de la jeune journaliste indiquait dimanche combien elle regrettait d’avoir dissuadé sa fille de porter plainte contre Dominique Strauss-Khan. David Koubby, l’avocat de Tristane Banon, a confirmé à 20Minutes qu’il envisageait de déposer plainte pour «agression sexuelle» et «tentative de viol» contre le directeur du FMI. «Notre décision sera rendue publique dans les tous prochains jours», a-t-il précisé.Ecrivain et journaliste, Tristane Banon avait rencontré le directeur du FMI en 2002. A l’époque, elle préparait un livre sur les «erreurs des people». Elle prétend, à cette occasion, avoir rencontré DSK dans un appartement vide dans lequel il n’y avait qu’un «matelas, un magnétoscope et une télévision par terre». Au cours de cet entretien, le leader socialiste l’aurait agressée. Elle assure qu’elle se serait même battue avec lui pour lui échapper. «Un chimpanzé en rut», a-t-elle précisé lors d’une émission avec Thierry Ardisson.Car les faits dont parle Tristane Banon ne sont pas nouveaux. Ils sont même connus depuis longtemps. «Vous allez me demander pourquoi elle agit maintenant à la faveur de l’actualité? interroge son avocat au téléphone. Et bien tout simplement parce qu’elle sait qu’on va la prendre au sérieux aujourd’hui.» A l’époque, sa mère, élue socialiste dans l’Orne, l’avait dissuadée de porter plainte car elle trouvait «dangereux» de s’opposer à Dominique Strauss-Khan.D’autre part, «ma cliente a perçu certains événements comme étant des pressions, précise David Koubby. On est en train de travailler sur ces pressions pour constituer le dossier.» L’avocat laisse ainsi entendre que l’entourage de Dominique Strauss-Khan aurait agi pour obtenir le silence de Tristane Banon. «En 2007, elle avoue à la télévision qu’elle a failli se faire violer par DSK, rappelle son avocat. Et l’entourage n’a même pas démenti. Si je disais ça de vous, ne porteriez-vous pas plainte pour diffamation?» (20Minutes-16.05.2011.)
***DSK a déjà connu quelques turbulences pour ses relations avec les femmes
Charmeur, séducteur, coureur… DSK et les femmes, c’est LE point faible de celui qui était présenté comme le favori des sondages, reconnaissait son entourage. Dans Sexus Politicus, un livre consacré aux mœurs des élus publié en 2006, il n’était pas compliqué de comprendre que cet homme politique – non cité – qui passait son temps dans les clubs échangistes était Dominique Strauss-Kahn.Dans le livre Hold-uPS, arnaques et trahisons, Frédéric Lefebvre, alors porte-parole de l’UMP, se réjouissait d’avance d’avoir en sa possessions des images sensibles sur DSK, des photos de ses infidélités. «Il ne tiendrait pas une semaine. On a des photos, elles existent! On les fera circuler, ça ne plaira pas aux Français!», explique en 2006 celui qui était alors chef de cabinet de Sarkozy à l’UMP aux auteurs du livre. Des propos qu’il a démenti lors de la sortie du livre en 2009. Dans ce même livre, le socialiste Manuel Valls reconnaissait que l’ex-ministre des Finances «peut exploser en plein vol avec les histoires de femmes». «Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement»Bref, «le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France)», avait pointé le journaliste Jean Quatremer sur son blog en juillet 2007, juste avant sa nomination au FMI. «Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique», expliquait-il avec une certaine science de la prévision en juillet 2007. Car en 2008, DSK a bien failli devoir quitter le FMI pour une affaire de mœurs. Il a eu une relation intime avec une subalterne hongroise, Piroska Nagy. L’affaire éclate a à l’automne, le FMI ouvre une enquête. Finalement l’institution retiendra que l’économiste hongroise était consentante et qu’il n’y a pas eu d’abus de pouvoir mais une «erreur de jugement». Sauf que dans une lettre aux enquêteurs, la jeune femme écrit: «M. Strauss-Kahn a abusé de sa position pour entrer en relation avec moi. J’avais le sentiment que j’étais perdante si j’acceptais, et perdante si je refusais. Je crains que cet homme [DSK] n’ait un problème qui, peut-être, le rend peu apte à diriger une organisation où travailleraient des femmes».«Dominique était encore plus dragué que dragueur»L’année précédente, en 2007, une jeune femme, romancière et journaliste, Tristane Banon, avait raconté sur le plateau de 93, Faubourg Saint-Honoré, dans un silence glacial, comment DSK (son nom avait été « bipé» à l’époque pour qu’il ne soit pas reconnu) avait tenté de la violer en 2002. La jeune femme, fille d’une élue socialiste, devait l’interroger pour son un livre sur les grandes erreurs, et l’ex-ministre des Finances lui avait donné rendez-vous dans «un appartement vide, avec un magnétoscope, une télé, un lit au fond, des poutres apparentes, très beau». Pendant l’interview, il «a voulu que je lui tienne la main pour répondre, puis le bras… On a fini par se battre, on s’est battu au sol, j’ai donné des coups de pied, il a dégraffé mon soutien-gorge, il a essayé d’enlever mon jean. (…) Quand on se battait, j’ai dit le mot «viol» pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur», a-t-elle expliqué. Au final, elle n’a pas porté plainte car «je ne voulais être jusqu’à la fin de mes jours la fille qui a eu un problème avec» DSK. «Je suis allée voir un avocat expert en la matière, il avait une pile de dossiers à son sujet», a-t-elle également précisé. Sa mère, Anne Mansouret, par ailleurs candidate aux primaires, a dit dimanche regretter avoir poussé sa fille à ne pas porter plainte.Dans la biographie publiée la semaine dernière par le journaliste Michel Taubman, il y a un chapitre «Trompettes de la rumeur» destiné à démonter les bruits qui courent autour de DSK. Une proche collaboratrice de DSK, Véronique Bensaïd, est citée: «Dominique était encore plus dragué que dragueur. C’était inimaginable!», explique-t-elle. «En réalité, on peut parler de harcèlement sexuel. Mais Dominique en était la victime!», expliquait-elle. Des propos qui résonnent étrangement ce dimanche. (20Minutes-15.05.2011.)
***Les scandales sexuels dans le monde
Plusieurs personnalités politiques à travers le monde ont dû par le passé répondre devant la justice ou leurs instances politiques pour leurs comportements sexuels :
- Gary Hart, grand espoir du parti démocrate américain, annonce officiellement, en mai 1987, sa candidature à la Maison-Blanche. Mais quand le Miami Herald révèle qu’il a passé une nuit en compagnie d’un jeune mannequin, à l’insu de sa femme, il commence par nier, puis déclare que la vie privée des hommes politiques ne regarde personne. Le scandale est toutefois tel, qu’il retire sa candidature et quand il revient dans la course sept mois plus tard, il finit bon dernier des sept candidats démocrates.
- Bill Clinton : d’abord accusé de harcèlement sexuel dans un hôtel par Paula Jones, le président américain se voit ensuite soupçonné d’avoir demandé à Monica Lewinsky, une stagiaire de la Maison-Blanche avec qui il aurait eu une liaison, de faire un faux témoignage dans cette affaire. Clinton reconnaît, le 17 août 1998, avoir eu une «relation déplacée» avec Lewinsky. Le 11 septembre, un rapport d’enquête lui reproche d’avoir «menti sous serment» dans l’affaire Paula Jones, et d’avoir voulu faire entrave à la justice dans l’affaire Lewinsky. Une procédure d’«impeachment» contre M. Clinton est finalement repoussée par les sénateurs le 12 février 1999.
- Le président israélien, Moshé Katzav, a démissionné en juin 2007 à la suite d’un scandale sexuel. Il a notamment été reconnu, le 30 décembre 2010, coupable de deux viols sur une de ses subordonnées à l’époque où il était ministre du Tourisme dans les années 1990. Condamné le 22 mars 2011, par un tribunal de Tel-Aviv, à sept ans de prison ferme et deux ans avec sursis, il a interjeté appel.
- L’ancien président zimbabwéen, Canaan Banana, a été condamné à un an de prison en mai 2000 pour «sodomie et autres crimes sexuels» perpétrés à l’encontre de collaborateurs, alors qu’il était Président de 1980 à 1987. Il a été libéré le 30 janvier 2001, sa peine ayant été écourtée.
- L’actuel président sud-africain, Jacob Zuma, élu en mai 2009, a été acquitté des accusations de viol d’une jeune femme séropositive le 8 mai 2006.
- Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, est accusé de recours à la prostitution de mineure et abus de pouvoir dans l’affaire du Rubygate. Le procès, entamé le 6 avril dernier, doit reprendre le 31 mai. Berlusconi, 74 ans, est accusé d’avoir rémunéré les prestations sexuelles d’une mineure, la Marocaine Karima El Mahroug, surnommée Ruby, de février à mai 2010 et d’avoir fait pression sur la police pour la faire libérer après un larcin. (AFP)
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Strauss-Kahn déjà éliminé des présidentielles?
** Si primaire il y a, «ça se jouera plutôt entre François Hollande et Martine Aubry»
Le coup est-il déjà fatal? Ses proches espèrent encore que l’affaire DSK pourra se dénouer et que leur champion pourra éviter la prison et se présenter à la primaire socialiste. Mais pour Philippe Martinat, auteur de DSK-Sarkozy: le duel, c’est fini. «Je pense qu’il est définitivement sorti de la route pour la primaire socialiste et pour la présidentielle», a-t-il déclaré dimanche le journaliste à Reuters TV.Aux yeux du journaliste au Parisien, Dominique Strauss-Kahn «a peut-être des chances de s’en sortir sur le plan judiciaire, mais cette histoire l’a durablement plombé par rapport à la présidentielle socialiste». «On n’imagine pas que cette histoire se résolve en quelques jours. Elle va porter atteinte durablement à son image, elle a fait remonter des histoires anciennes», a-t-il souligné. Et avec son meilleur atout écarté du jeu, le PS va devoir faire preuve de sagesse et devrait même revenir sur le processus des primaires afin d’éviter un «scénario catastrophe» , estime Philippe Martinat. «Si primaire socialiste il y a, parce qu’on peut se poser la question de savoir s’ils vont la maintenir», elle devra se passer «dans des conditions honorables et faire émerger un champion en le mettant sur une bonne trajectoire» pour préserver les chances de la gauche de revenir aux commandes de la France. Dans sa première réaction à l’annonce de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, la premier secrétaire du PS, Martine Aubry, a prôné l’unité de son camp.Si primaire il y a, «ça se jouera plutôt entre François Hollande et Martine Aubry», dit Philippe Martinat, qui n’exclut pas toutefois l’émergence de nouvelles candidatures … Comme la plupart des analystes, Philippe Martinat considère l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn comme un «bouleversement total» dans le paysage de l’avant-présidentielle en France. …(…) (avec Reuters-15.05.2011.)
***Il risque 20 ans de prison
Dominique Strauss-Kahn, la chute
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a été arrêté, hier après-midi, à l’aéroport Kennedy de New York (Etats-Unis). Dominique Strauss-Kahn (DSK) est accusé de «tentative de viol, séquestration et agression sexuelle» sur une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de cette ville, situé dans le quartier de Time Square, à Manhattan.
Paris. correspondant d’El Watan.
C’est la police fédérale qui l’a arrêté dans un avion de ligne d’Air France, dix minutes seulement avant son décollage en direction de Paris. Selon le site internet du New York Post qui a diffusé en premier l’information, DSK aurait agressé sexuellement une femme de chambre de 32 ans, entrée dans sa chambre pour la nettoyer. Il aurait surgi tout nu de sa salle de bain en vue de l’agresser sexuellement. Paniquée, la jeune femme alerte sur le champ ses collègues qui, à leur tour, appellent la police. Cette dernière arrive à l’hôtel avec un peu de retard ; elle ne trouve dans sa chambre que son téléphone portable et quelques effets personnels. DSK serait parti à la hâte rejoindre l’aéroport, où il a été finalement arrêté. La victime a été transportée à l’hôpital pour blessures mineures. Hier, John Kelly, un responsable de l’autorité des ports de New York et du New Jersey, a confirmé avoir placé en garde à vue DSK avant de le remettre à la police fédérale. Transféré dans les locaux d’une unité spéciale de police, à Harlem, pour y être interrogé, DSK aurait refusé de collaborer avec les enquêteurs et aurait plaidé non coupable, selon son avocat Benjamin Brafman.
«Coup de tonnerre», selon Martine Aubry
En quelques minutes, la nouvelle de l’arrestation de DSK a fait le tour du monde. En France, elle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Si l’Elysée a refusé de la commenter, le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a appelé, quant à lui, à respecter la présomption d’innocence du moment que l’affaire est encore entre les main de la justice américaine. Tirée de son sommeil vers 2h, hier matin, Martine Aubry a qualifié l’arrestation de son ancien collègue au gouvernement de Jospin de «coup de tonnerre». Se disant stupéfaite, la première secrétaire du Parti socialiste (PS) a appelé les militants de son parti à l’union et à la responsabilité. Elle a aussi demandé à respecter la présomption d’innocence. Même réaction chez François Hollande, candidat déclaré à la présidentielle au Parti socialiste. L’ancien premier secrétaire du PS a estimé «que ce qui s’est passé ne ressemble pas à l’homme que je connais», ajoutant «plus tôt la justice interviendra mieux ce sera pour lui (DSK ndlr)».
De son côté, Ségolène Royal a demandé de laisser la justice US faire son travail en toute sérénité et ne pas accabler l’homme. «Ma pensée va d’abord à l’homme, sa famille et ses proches», a-t-elle déclaré hier matin. Elle a enchaîné : «C’est à la justice d’établir la vérité car j’entends déjà des propos qui le condamnent. Je demande le respect.» A Sarcelles, banlieue parisienne où DSK était maire de 1994 à 1997, c’est la surprise générale. Personne ne s’attendait à un tel scénario. L’actuel maire de la ville, qui a remplacé DSK, a appelé à la prudence, estimant que DSK ne ressemble pas du tout à la description que font de lui les medias et les hommes politiques. Son ancienne secrétaire à la mairie a plaidé, elle aussi, en faveur de DSK, expliquant qu’elle a travaillé des années à ses côtés sans se plaindre de son comportement.
Avenir politique compromis ?
En revanche, l’ancien secrétaire général du défunt Mitterrand, Jacques Attali, a indiqué que DSK est désormais hors course pour l’élection présidentielle de 2012. Il a néanmoins appelé au respect de la procédure judiciaire jusqu’à son terme. Idem pour Marine Le Pen, présidente du Front national, qui s’est dite pas très étonnée par la nouvelle : «Tout le Paris journalistique et politique bruissait déjà d’informations relatives aux problèmes sexuels de DSK.»
Mais au-delà des réactions des uns et des autres, c’est l’avenir politique même de DSK qui risque d’être compromis par cette affaire. A commencer d’abord par son rendez-vous annulé aujourd’hui avec Angela Merkel ainsi que la réunion qu’il devait animer à Bruxelles.
Ensuite, il est fort possible qu’il soit absent à la réunion du G8 qui se tiendra le 28 mai à Deauville et à d’autres rendez-vous économiques aussi importants les uns que les autres. Enfin, si l’instruction judiciaire devait durer quelques semaines, voire quelques mois, DSK ne pourrait également pas se porter candidat aux primaires du PS dont le dernier délai est fixé au 28 juin prochain. De facto, il se verrait exclu de la course à la présidentielle de 2012. Pourtant, un sondage Sofres paru hier matin le donnait vainqueur des primaires PS à 41% devant François Hollande (25%) et Martine Aubry (16%). Ce n’est pas la première fois que DSK est confronté à ce genre d’affaires. En 2008, une histoire semblable a éclaté dans les couloirs du FMI.
DSK avait été accusé d’entretenir des relations sexuelles avec une de ses collaboratrices de nationalité hongroise. Apres une enquête interne, DSK a présenté ses excuses aux employés du FMI, expliquant qu’il avait commis une erreur de jugement.(El Watan-16.05.2011.)
***Le vice et la vertu
Un scandale sexuel d’un homme public comme celui qui vient d’éclabousser cette fois-ci sans aucune chance de s’en sortir le patron du FMI, le socialiste et candidat potentiel à l’élection présidentielle française de 2012, Dominique Strauss-Kahn, est-il envisageable dans des sociétés conservatrices comme la nôtre ?
L’hypothèse est d’autant moins sûre que nos hauts responsables sont couverts par l’immunité liée à leurs fonctions ou relations de proximité avec le pouvoir. Ce genre de débat fait partie des sujets tabous que l’on tait volontiers au nom de la raison d’Etat ou de la supposée morale publique.
Cela, même lorsque les actes répréhensibles reprochés sont sur la place publique. Avant DSK, il y eut l’affaire Monica Lewinski qui aura été pour beaucoup dans la défaite des démocrates aux présidentielles américaines.
Il y a en ce moment les frasques du président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, lequel est lui aussi au centre d’un scandale sexuel qui fait les choux gras de l’opposition et des médias.
S’il y a une leçon à retenir de cette nouvelle affaire de mœurs de DSK, c’est qu’un homme politique ou public, quel que soit son niveau de responsabilité, à plus forte raison lorsqu’il préside aux destinées d’un pays ou qu’il nourrit des ambitions présidentielles, doit faire preuve, en toute circonstance, d’une probité exemplaire à tous points de vue.
La différence entre un Etat de droit et un autre, c’est que dans le second cas de figure, le droit et la morale publique s’effacent devant la force et l’impunité dont peuvent bénéficier des responsables dont les dérives de quelque nature qu’elles puissent être, morale, politique, sont couvertes par la loi de l’omerta et l’immunité directe ou indirecte.
A-t-on déjà vu un haut responsable algérien traîné devant les tribunaux pour des affaires d’abus sexuel, de droit de cuissage qui ne sont pas des maux propres uniquement aux sociétés libérales et libertines ?
L’absence officiellement de scandales liés à des affaires de mœurs, les parodies de procès ouverts sur des dossiers de corruption qui n’ont fait tomber, pour l’heure, que des lampistes évitant scrupuleusement de remonter la chaîne des responsabilités qui pourrait déboucher sur des implications de dignitaires du régime, signifie-t-elle que l’Algérie est un pays vertueux par excellence et que le vice, dans l’acception large du terme, n’y a pas droit de cité ?
Le jour où l’on verra en Algérie un haut responsable faire la manchette des journaux parce qu’il a été pris la main dans le sac ou parce qu’il s’est montré moralement peu digne de la fonction qu’il occupe, ce jour-là, on pourra dire que les choses ont positivement changé dans le pays. (El Watan-16.05.2011.)
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**un autre scandale français
**Le secrétaire d’Etat français à la Fonction publique, Georges Tron, est poursuivi pour harcèlement sexuel..
Sale affaire pour Georges Tron. Depuis lundi, le secrétaire d’Etat à la Fonction publique est visé par une plainte pour «harcèlement sexuel» déposée par deux ex-employées municipales de la ville de Draveil, où il est maire. Le Parisien, qui révèle les faits, explique que les deux salariées y ont travaillé en même temps, respectivement de janvier 2007 à mars 2009 et de septembre 2008 à septembre 2010, mais qu’elles ne se connaissaient pas personnellement.Toues les deux dénoncent les gestes déplacés de Georges Tron qui, sous le prétexte de réflexologie, leur aurait caressé les pieds, avant d’aller jusqu’à les agresser sexuellement. Elles auraient alors sombré dans la déprime, jusqu’à tenter de se suicider. Contacté par Le Parisien, l’UMP a jugé ces accusations «délirantes» et les a qualifiées de «vengeance personnelle». «Je ne suis pas naïf, on cherche à faire écho à une affaire qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique…», a expliqué Georges Tron, en référence à l’affaire Strauss-Kahn. (24.05.2011.)
*Georges Tron: Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique a démissionné
La décision était attendue. François Fillon a annoncé ce dimanche la démission de Georges Tron du gouvernement. «Le Premier ministre, en accord avec le président de la République, prend acte de cette décision qui ne préjuge en rien des suites qui seront données par la justice aux plaintes déposées contre Georges Tron et dont il conteste le bien-fondé», indique le communiqué de Matignon. Contacté par 20Minutes, l’Elysée a déclaré que François Baroin, actuel ministre du Buget, reprendrait les attributions de Georges Tron. «François Fillon salue le courage et le sens des responsabilités de Georges Tron qui a ainsi fait prévaloir l’intérêt général. Cette décision lui permettra d’assurer désormais sa défense en toute liberté», ajoute Matignon. Le désormais ex-secrétaire d’Etat à la Fonction publique est accusé par deux femmes d’abus sexuels.
«Bien sûr qu’il y a la présomption d’innocence», a réagi Alain Juppé un peu plus tôt ce dimanche sur Canal +. «Mais quand on est au gouvernement on doit être au-dessus de tout soupçon, plus que dans n’importe quelle fonction. A un certain moment, il faut savoir prendre ses responsabilités», a ajouté le ministre des Affaires étrangères.
Une troisième victime présumée s’est manifestée
Georges Tron, qui dénonce des allégations «fantaisistes» et calomnieuses, est accusé d’agressions sexuelles par deux anciennes employées de sa mairie de Draveil, dans l’Essonne. Le Journal du dimanche indique ce dimanche qu’une troisième victime présumée se serait manifestée et devrait être entendue dans la semaine. Une enquête préliminaire pour agression et viol a été ouverte la semaine passée par le parquet d’Evry.
Dans un entretien publié samedi par Le Parisien, qui a révélé les deux plaintes, le secrétaire d’Etat avait ouvert lui-même la porte à son départ du gouvernement en affirmant qu’il ne voulait pas «devenir gênant» pour l’exécutif. «Est-ce que la question de ma démission du gouvernement se pose? Oui, ce serait idiot de dire l’inverse», reconnaît-il. Ancien collaborateur d’Edouard Balladur, Georges Tron a longtemps été un des plus fidèles partisans de Dominique de Villepin. Il est entré au gouvernement à la faveur du remaniement de mars 2010. (20Minutes avec Reuters-29.05.2011.)
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«Les caresses n’ont rien à voir avec la réflexologie»
D’après les plaignantes, le secrétaire d’Etat à la Fonction publique aurait prétexté user de cette discipline afin de leur caresser les pieds…Mais qu’aurait fait Georges Tron avec les pieds de ses employées municipales? Deux d’entre elles accusent le maire de Draveil et secrétaire d’Etat à la Fonction publique de leur avoir caressé les pieds sous prétexte de réflexologie, avant de les agresser sexuellement.Mais «les caresses n’ont rien à voir avec la réflexologie», tient à préciser une réflexologue contactée par 20Minutes. Cette praticienne, qui exerce à Paris, explique que cette discipline ancestrale est un «soin professionnel» qui se pratique principalement sur les pieds, même si d’autres méthodes peuvent être appliquées sur les mains voire d’autres parties du corps.«Eliminer les toxines et retrouver un équilibre»La réflexologie consiste à «stimuler des zones réflexes qui correspondent aux organes, aux glandes endocrines et autres parties du corps afin d’éliminer les toxines et retrouver un équilibre». Si chaque séance peut débuter et finir par un massage (des pieds) de bien-être, «ce sont les pouces qui travaillent, appuyant en cercle, avec un déplacement en chenille» sur le pied. Soit une technique beaucoup plus proche de la palpation que de la caresse.«Tous les systèmes corporels sont utilisés, tous les organes peuvent être atteints, provoquant une action de détente très profonde», précise encore la réflexologue qui loue «la qualité du toucher et de l’écoute». Ses patients recherchent en effet à apaiser «un mal-être physique ou psychique».Les indications sont ainsi très larges: douleurs articulaires, tension, problèmes digestifs et intestinaux, stress, troubles du sommeil, problèmes hormonaux… «On ne fait pas de miracle, mais on apporte une aide véritable», souligne la réflexologue. C’est ainsi que la réflexologie, «cela s’apprend», notamment par le biais d’écoles homologuées par la Fédération française des réflexologues. Si Georges Tron s’est défendu ce mercredi en portant plainte pour «dénonciation calomnieuse», le secrétaire d’Etat n’en est visiblement pas diplômé. (20Minutes-25.05.2011.)
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Politiques accusés d’abus sexuels:
«Avant, le droit de « trousser une soubrette » s’appelait le droit de cuissage»
INTERVIEW – Catherine Vidal, neurobiologiste spécialiste du cerveau, revient sur les liens entre sexe et pouvoir…
Après Dominique Strauss-Kahn, accusé d’agression sexuelle et de tentative de viol par une femme de chambre, c’est au tour de Georges Tron d’être visé par une plainte pour harcèlement sexuel par deux anciennes employées de sa mairie. La neurobiologiste Catherine Vidal, auteur de Cerveau, sexe et pouvoir, décrypte les liens entre politique et libido. La structure cérébrale permet-elle d’établir un lien entre le pouvoir et la sexualité?
Dans une situation de pouvoir, les relations de domination des hommes sur les femmes sont exacerbées parce qu’il y a une certaine forme d’impunité. La façon d’exercer son pouvoir à travers des attitudes liées à la sexualité correspond à des constructions mentales liées à la personnalité et le psychisme propre de l’individu en interaction avec le milieu dans lequel il évolue. Mais il n’y a rien de biologique là-dedans.Comment expliquer ce genre de comportements, alors?
On n’est pas dans la pulsion, c’est une question de construction mentale. Nos cerveaux ont une certaine plasticité, qui explique que l’environnement dans lequel on évolue oriente nos comportements, nos choix. Mais ces attitudes s’inscrivent surtout dans une histoire, une culture humaine. Ca existe depuis que le monde est monde. Avant, le droit de «trousser une soubrette» s’appelait le droit de cuissage. Cette longue histoire de l’humanité continue de nous imprégner.Et les femmes de pouvoir, elles, n’en abusent jamais?
Partout sur la planète, dans les mythologies et les règles sociales, les hommes ont toujours possédé le pouvoir économique, éducatif, religieux. Il y a d’autres formes de domination. Les femmes peuvent aussi l’utiliser, mais dans des domaines différents.
Les mentalités n’ont donc pas évolué depuis le Moyen-âge?
Le changement est très lent, car c’est extrêmement difficile de faire évoluer les mentalités. Et souvent, la croyance au changement est plus forte que le changement lui-même. Il y a une sorte d’illusion de changement, alors que les choses perdurent. Il n’y a qu’à voir les chiffres sur les différences de salaires ou les emplois précaires. Et ce ne sont pas là des slogans féministes. Lutter contre les stéréotypes et les préjugés, c’est lutter pour des valeurs de justice et d’égalité. Et ça, c’est un enjeu majeur pour notre société. (20Minutes-25.05.2011.)
************* «Le temps où l’on pouvait baiser les soubrettes en toute impunité est révolu»?
Elle a été outrée par le traitement réservé à l’accusatrice de DSK, et Eva Joly ne se prive pas pour le dire. «Je veux dénoncer ici avec vigueur le machisme des « copains ». Entendre dire que ce n’est qu’une affaire de « soubrette », où il n’y a pas eu « mort d’homme », montre bien que le combat n’est pas terminé», s’est emportée l’eurodéputée d’Europe Ecologie-Les Verts dans un entretien au JDD.«Le temps où l’on pouvait baiser les soubrettes en toute impunité est révolu», poursuit la candidate à la primaire écologiste pour la présidentielle. Avant de conclure: «Je me demande quelles auraient été les réactions si la victime avait été une femme riche, blanche et puissante de 62 ans et l’accusé un jeune noir issu des quartiers pauvres». (25.05.2011.)************************ Les Français découvrent leur retard audiovisuel
Depuis une semaine, les images sur DSK qui proviennent des Etats-Unis choquent les Français, et les médias français découvrent le grand fossé et le retard dans la liberté d’expression qui existe entre eux et les médias d’Amérique du Nord. Les Français sont également choqués par la manière brutale dont fonctionne le système judiciaire américain. Des images qui n’avaient pas choqué quand les médias français montraient les images de Michael Jackson menotté et en prison. Une situation et une différence de culture qui a poussé le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à tenter de rappeler à l’ordre les chaînes de télévision françaises. Il les a exhortées à la plus grande retenue dans la diffusion d’images relatives à des personnes mises en cause dans une procédure pénale. Mais les télévisions françaises ont répondu au CSA qu’elles ne pouvaient ignorer des images diffusées sur la Toile et les télés du monde entier. Ainsi, pour Guillaume Dubois, directeur de l’information de Bfmtv, il est impossible de cacher des images librement diffusées sur les télévisions du monde entier. À l’heure de l’audiovisuel planétaire, la notion de frontières médiatiques n’a plus de sens. Ce sont des images que nous ne sommes pas habitués à voir ailleurs que dans les séries américaines. Même réaction chez i-Télé. Olivier Ravanello, directeur adjoint de la rédaction rappelle que cette affaire est «hors normes. Ces images révèlent une violence objective qui est faite à Dominique Strauss-Kahn. Tout ceci constitue des éléments d’information dont il faut rendre compte». «Ce que l’on comprend par ces images, c’est que la justice américaine est un système purement accusatoire, souligne Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Dans un contexte d’information mondiale, l’application de la présomption d’innocence est difficile, et il est vrai que nous prenons le risque d’être poursuivis. Mais cela aurait été une faute professionnelle de ne pas diffuser ces images. Nous veillons cependant à ne céder ni à la répétitivité ni à la diffusion prétexte, et nos commentaires sont réfléchis.» Enfin, même Catherine Nayl, directrice de l’information de TF1 et LCI, estime, elle également, que les images sont en elles-mêmes des informations. Elle affirme avoir édicté comme règle de limiter les images les plus choquantes au périmètre factuel sur TF1. Quant à LCI, si le traitement ne peut pas être équivalent, du fait des 50 éditions quotidiennes, nous insistons toujours sur le vocabulaire employé et l’équilibre des sujets. En France, où le respect de la présomption d’innocence interdit de filmer les procès, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) s’est senti obligé de rappeler à l’ordre, les chaînes de télévision françaises. Car depuis dimanche matin, les Français découvrent la réalité crue de la justice américaine et ses conséquences sur le traitement de l’information. En l’occurrence, la diffusion, souvent en boucle, d’images de Dominique Strauss-Kahn entravé, escorté par la police, et celles de son audition au tribunal de New York. (L’Expression-22.05.2011.)
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*Les journaux du monde entier font leur une sur le scandale DSK.
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La presse newyorkaise se régale de la «promenade de la honte» du «pervers»
La presse de la grosse pomme fait ses choux gras de l’inculpation pour agression sexuelle du directeur du FMI…Alors que la presse française oscille entre incrédulité et consternation, son homologue américaine se contente d’articles factuels sur le cas Dominique Strauss-Kahn. Mais de leur côté, les quotidiens newyorkais rivalisent de superlatifs pour qualifier le directeur du FMI.«Le chef du FMI qui aurait contraint une femme de chambre d’un hôtel de Manhattan à des actes sexuels contre nature a fait preuve de la plus pompeuse des arrogances hier, en se lançant dans une bataille au sujet de sa caution – ce qui l’a maintenu sur un banc en bois du commissariat de East Harlem toute la journée», s’indigne le New York Post, qui raille DSK en le traitant de «French Whine» (pleurnicheur français, jeu de mot avec french wine, vin rouge) sur sa une.De son côté, le New York Daily News, qui a fait dimanche sa une très remarquée sur «Le Perv» (le pervers), récidive ce lundi en évoquant «la promenade de la honte» (Walk of shame, allusion au walk of fame, allée aux trottoirs étoilés du nom des stars d’Hollywood). Dominique Strauss-Kahn y est présenté comme «le grand séducteur» ou «le chaud lapin», et la possible plainte de la journaliste et écrivaine française Tristane Banon y est évoquée. (20Minutes-16.05.2011.)
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Catégories : actualité, société
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