un successeur à tout prix
**Présidentielle- avril 2019 en Algérie
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Une inconnue dans un contexte géopolitique à risque
L’élection présidentielle d’avril 2019 est au centre des préoccupations de la communauté internationale et essentiellement des grands partenaires de l’Algérie, l’Europe et les Etats-Unis.
cinq mois nous séparent de l’élection présidentielle d’avril 2019. Même si le pays est frappé d’une dangereuse et inquiétante congélation politique, le monde entier scrute cet immense territoire à la fois méditerranéen et africain.
Située au confluent de l’Europe et du continent noir et dans un espace que les spin doctors occidentaux et la cartographie de la géopolitique définissent, pour certains, comme le grand Moyen-Orient et pour d’autres comme la région Mena (Meadle Est North Africa, Moyen-Orient Afrique du Nord), l’Algérie est un pays important qui intéresse de par ses richesses, sa géographie et sa population.
Elle s’apprête à vivre un moment crucial de son histoire, qui est la prochaine élection présidentielle. Une étape décisive et déterminante en cela qu’elle constitue soit une chance pour le changement par une transition générationnelle pacifique vers le progrès et la stabilité ou une malédiction d’un dangereux statu quo. Les notes diplomatiques des chancelleries à Alger guettent les événements qui se succèdent. Tout le monde voudrait savoir. Tout le monde voudrait comprendre ce qui se passe.
Quelle direction prendra ce pays, troisième fournisseur de l’Europe, après la Russie et la Norvège, en gaz naturel, pivot dans la stabilité sécuritaire de la région, véritable par-chocs pour la migration subsahelienne et grand réservoir de richesses naturelles ?
L’élection présidentielle d’avril 2019 est au centre des préoccupations de la communauté internationale et essentiellement des grands partenaires de l’Algérie, l’Europe et les Etats-Unis. Même si officiellement, on fait mine de ne pas être très regardant sur la cuisine algéro-algérienne, la réalité est toute autre, comme en témoigne d’ailleurs l’affaire des WikiLeaks qui avait révélé, fin 2010 et 2011, tout l’intérêt que portent les chancelleries à la situation politique en Algérie.
A Washington comme à Paris, les télégrammes diplomatiques envoyés à partir d’Alger renseignent sur les moyens mis par les capitales occidentales pour comprendre l’évolution de la situation politique dans le pays. Ce ne sont pas des informations juste destinées à satisfaire la curiosité de nos partenaires, mais des renseignements qui aident à la prise de décision.
C’est sur cette base que les partenaires de l’Algérie fondent leurs positions et leurs politiques étrangères pour défendre leurs intérêts, rien que leurs intérêts et sans état d’âme. On ne peut pas penser qu’ils tentent même d’influer sur le cours des événements quand leurs intérêts ne coïncident pas avec les options du régime en place.
On a vu récemment comment les pays influents de l’Union européenne avaient contesté le volume croissant des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Chine, et les pressions exercées sur le pays à propos du phénomène des migrants, ainsi que les critiques, bien fondées évidemment, dirigées contre la difficulté à faire des affaires.
L’Algérie occupe une position importante dans cette partie de l’Afrique du Nord, où le terrorisme au Sahel et la situation sécuritaire en Libye représentent une menace directe sur la sécurité de l’Europe. Autant de raisons pour que l’on s’intéresse de près à la direction que le pays va prendre à la veille d’une élection présidentielle cruciale.
Les partenaires de l’Algérie essaieraient forcément de mesurer la justesse et l’apport de telle ou telle option à leurs intérêts. Ces derniers sont-ils dans l’option à risque d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, ou dans un autre scénario peu probable ? Quelles sont les forces en présence capables de déterminer, dans un pays livré aux quatre vents, la direction de la prochaine élection ? Plusieurs questions que le monde qui nous regarde se pose et s’impatiente d’en connaître les réponses. * SAID RABIA - elwatan / jeudi 22 novembre 2018
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Présidence, Armée, hommes d’affaires : Luttes et tractations à huis clos
Le remue-ménage de ces derniers mois au sommet de l’Etat laisse perplexe plus d’un. Les changements en série à la tête d’institutions civiles et militaires et dernièrement à la tête du FLN soulèvent des questionnements et attisent les incertitudes des Algériens, totalement perdus dans le flou politique actuel. Affrontement clanique, guerre de succession, désaccord sur le 5e mandat, absence d’un chef de file, le décryptage des récents événements ayant émaillé la scène nationale n’est pas aussi simple même pour ceux qui suivent de près les questions politiques, tant l’exercice du pouvoir obéit à d’autres paramètres que les règles et les exigences du jeu démocratique.
Ce tohu-bohu renvoie directement à la nature opaque d’un système politique qui devient de plus en plus indéchiffrable à cause de la multiplication des interférences. La réalité politique algérienne est ainsi particulièrement complexe en raison de la prégnance de pratiques qui n’ont rien à voir avec l’exercice démocratique.
L’Algérie est certes formellement un Etat démocratique, conformément à sa Loi fondamentale, mais quand on voit de près la pratique politique, on constate que le pouvoir est dispersé et parfois même dilué dans des combinaisons improbables. La maladie du Président aggrave la situation et attise les appétits des uns et des autres.
Aujourd’hui, il est difficile de dire qui tire vraiment les ficelles. Le pouvoir est plutôt partagé entre plusieurs entités, sous une forme plutôt horizontale. Ces entités peuvent être représentées par à la fois la Présidence, l’institution militaire et le milieu des affaires. A cela peut se greffer l’influence des puissances étrangères, qui peuvent avoir leur mot à dire sur les orientations politiques futures. L’équation du pouvoir reste donc complexe.
Le président Abdelaziz Bouteflika, couronné à la tête de l’Etat en 1999 par un collège de généraux, a œuvré et manœuvré des années durant pour sortir de l’emprise des militaires. Par un jeu tactique, il a réussi à créer une dualité au sein de l’institution militaire, entre l’état-major et les services secrets. En 2004, le chef de l’Etat a gagné son bras de fer face au chef de l’état-major de l’époque, le défunt Mohamed Lamari, grâce à l’appui qu’il a reçu des Services (le DRS). Il a d’ailleurs fait démissionner le général Lamari au lendemain de sa victoire.
En 2014, il s’est appuyé sur le chef de l’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, pour obtenir son 4e mandat contre l’avis et la volonté du DRS, dirigé à l’époque par le général Toufik. Ce dernier a d’ailleurs été mis à la retraite une année plus tard et son service a été démantelé. Si elle s’appuie toujours sur l’armée ou les Services, selon les circonstances, la Présidence reste au cœur du pouvoir.
Un pouvoir qui n’a pas totalement perdu de sa collégialité, malgré sa forte concentration entre les mains du président de la République pendant une période. La place de l’armée demeure importante dans le jeu politique. Son rôle apparaît encore plus important depuis la maladie de Bouteflika. C’est d’ailleurs en raison de son poids que des partis politiques n’ont pas hésité à l’appeler à contribuer à assurer une transition politique pacifique. Si des formations politiques sollicitent l’intervention de l’armée dans le champ politique, c’est parce que l’institution militaire n’a jamais quitté cet espace et continue de jouer un rôle prépondérant dans les grandes décisions politiques.
La surpolarisation du débat autour de l’armée et de son rôle montre que la question du retrait de la Grande Muette du champ politique reste problématique. La frontière entre le politique et le militaire n’est jamais clairement délimitée et les rapports entre les deux restent opaques. D’où la difficulté de savoir à quel degré l’institution militaire est impliquée dans la prise de décision politique. Et bien entendu, cela alimente toutes les supputations sur l’origine de tel ou tel changement au sein des institutions de l’Etat.
On passe ainsi facilement d’un constat de dualité à celui de l’entente entre le politique et le militaire, entre la Présidence et l’état-major. A ces deux entités s’ajoute celle des hommes d’affaires qui ont pu, au fil des années d’accumulation de richesses, s’imposer comme une puissance qui participe à la prise de décision. Leur influence a beaucoup augmenté ces dernières années, sortant ainsi de l’ombre pour investir massivement le champ politique.
L’argent étant le nerf de la guerre, le fil séparant le monde politique de celui des affaires est aujourd’hui ténu. Ainsi, la Présidence, l’armée et la communauté des affaires jouent d’une manière ou d’une autre, à des degrés différents, un rôle dans la situation politique actuelle et dans les échéances futures. L’opposition étant déstructurée et divisée, ces entités qui incarnent le pouvoir réel jouent à «huis clos».*MOKRANE AIT OUARABI - elwatan / jeudi 22 novembre 2018
***************Loin des aspirations du peuple pour une vraie démocratie
Par et pour le système
A moins de six mois de l’échéance, les candidats à la présidentielle de 2019 ne se bousculent pas au portillon. Pas par manque de volonté, mais en raison de la nature du système algérien.
Yaura-t-il ou non un 5e mandat du président Bouteflika ? C’est la question qui anime, étrangement, tous les débats politiques en Algérie ces derniers mois. Le scrutin, attendu en avril prochain, risque d’être, encore une fois, un vaudeville qui imposera au pays cinq années supplémentaires de régression.
En effet, alors que l’opinion attend toujours pour connaître les prochains prétendants à la présidence et leurs programmes, le régime en semble avoir décidé autrement. A moins de six mois de l’échéance, les candidats à la présidentielle de 2019 ne se bousculent pas au portillon.
Pas par manque de volonté, mais en raison de la nature du système algérien. Habitué à régler les questions de la succession en vase clos, ce dernier se prépare à reproduire le même schéma. La machine est lancée depuis l’été dernier. Après avoir fait des promesses, en 2014, de léguer le témoin à la génération postindépendance en 2019, les tenants du pouvoir tournent le dos à leur «serment».
Le retour à la limitation des mandats présidentiels à deux à l’occasion de la révision constitutionnelle de 2016, ne les a pas empêchés de franchir le seuil de l’indécence politique et plaider pour une cinquième mandature d’un seul homme, dont l’état de santé ne cesse de se dégrader.
C’est le même personnel politique, animateur de la campagne du président Bouteflika en 2014, qui semble chargé d’appliquer, cette fois-ci aussi, la feuille de route du régime.
Avec conscience ou de peur d’une éventuelle mise en quarantaine, des chefs de partis proches du pouvoir, dont certains espèrent être choisis un jour pour présider le pays, s’exécutent. Ils mènent, depuis quelques mois, campagne pour la «continuité», synonyme du 5e mandat.
Une vie politique plombée
Avec ce forcing pour le 5e mandat, le régime a réussi à plomber la vie politique du pays, en décourageant surtout les différents acteurs politiques à s’engager dans des joutes électorales, dont l’issue est connue d’avance. Dans l’opposition, comme chez les partis de l’allégeance, les responsables sont dans l’expectative.
Ils hésitent à afficher leurs ambitions de peur d’être broyés par la machine huilée du système, qui ne permet aucune émergence de candidature indépendante. La notion de «candidat de consensus», érigée en règle pour tous les scrutins présidentiels, a suffi pour juguler toutes les ambitions des acteurs politiques du pays.
Ceux qui osent défier cette règle sont automatiquement attaqués, dénigrés et décrédibilisés aux yeux de l’opinion et des électeurs, même si le choix de ces derniers n’est pris en compte que dans le calcul du nombre de votants à l’occasion des rendez-vous électoraux. L’élection du président, elle, se fait dans le collège fermé des responsables du régime.
Mais jusqu’à quand l’Algérie continuera-t-elle d’évoluer en dehors du cadre démocratique et ne se servir de la démocratie que pour légitimer l’élection du candidat unique du système ? Y aura-il un sursaut de l’opposition pour briser cette règle non écrite en application depuis l’indépendance ? - MADJID MAKEDHI - elwatan / jeudi 22 novembre 2018
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*Les images de Bouteflika et l’image de l’Algérie : Insoutenable !
**Vidéo: images de Bouteflika et de l’Algérie : Insoutenable !
Emmitouflé dans un manteau noir, coiffé d’une toque d’astrakan, poussé sur un fauteuil roulant auquel il est attaché par une ceinture de sécurité, le président Bouteflika a fait le déplacement jeudi dernier à El Alia sous un ciel gris, pour se recueillir à la mémoire des chouhada, au Carré des martyrs.
Le visage livide, les traits fatigués, les yeux hagards, comme en état d’hébétude, le chef de l’Etat paraissait extrêmement affaibli. Il semblait encore plus diminué que lors de ses dernières apparitions publiques.
Une nouvelle fois, les images font peine à voir. Quand on regarde l’état du Président, tout rabougri, écrasé par l’immense gerbe de fleurs exposée devant lui, quand on voit sa difficulté à prononcer la Fatiha, à saluer la Garde républicaine, à serrer la main à la cohorte de personnages officiels alignés au bord du tapis rouge ou encore à embrasser l’emblème national déployé face à lui, on se dit : quel spectacle affligeant !
Comme cela a dû être pénible pour lui, cette sortie officielle forcée juste pour faire croire qu’il conserve encore toutes ses forces, toutes ses chances de rempiler. Mais la vérité est là. Nue. Crue. Cruelle. Comme ces images. On voit bien qu’il est au bout du rouleau. Et il nous vient à l’esprit le mot «acharnement», celui de son entourage ou de ses démons qui lui infligent (et à nous aussi) pareille mascarade.
Un massacre, une torture visuelle, ces images. Et on se demande pour la énième fois : mais qu’est-ce qui a pris son clan, ses proches, de lui faire subir un protocole aussi indigne ! N’aurait-il donc personne pour le conseiller, pour veiller sur lui ? Aurait-il réellement la main sur le sérail au point de prendre la route de Zéralda à Bab Ezzouar contre l’avis de ses médecins et de sa fratrie ?
Car le résultat est juste cauchemardesque. Ici, nul besoin de sémiologie de l’image, nul besoin d’être Roland Barthes ou Jacques Séguéla pour conclure à un désastre en termes de com’. Un suicide visuel. Tout le contraire de cette tentative d’icône nationale que cultive désespérément le Président narcissique qui s’est longtemps rêvé en Mandela avant de terminer en Bourguiba en fin de règne, peu avant le coup d’Etat médical qui le renversa. On se dit que la dernière chose dont cette personne a besoin est de s’exhiber ainsi pour donner l’impression qu’il peut encore tenir les rênes de cet immense pays, quand la raison eût recommandé des soins intensifs en gériatrie et un accompagnement autrement plus humain, loin de la violence du mot «pouvoir».
On se prend presque de pitié pour ce vieux renard de la politique qui a sillonné 20 fois le monde, et qui se trouve aujourd’hui relégué au rang de vieux potentat fatigué, usé par les intrigues et vidé jusqu’à la dernière goutte par les luttes de pouvoir. Le pouvoir. Le vampire suprême. Nosferatu rongé par la maladie.
Et nous vient le mot «insoutenable», auquel succède le mot «injuste», comme l’affront qui nous est fait par la voix de Ould Abbès qui prête à cet homme, à cet éctoplasme, l’intention de prolonger encore la torture de cinq ans. De nous accabler de cinq autres longues années de fiction présidentielle qui ne fait plus rire personne, qui ne passionne personne et ne sert même plus à entretenir l’illusion que c’est cela, ce fantôme, qui préserve l’Algérie du chaos et qui nous met à l’abri du scénario libyen. Oui, quel affront !
Quelle insulte pour les chouhada ! Et quelle honte pour l’Algérie de Ben M’hidi ! Oser nous faire ça un 1er Novembre. Décidément, les démiurges qui tiennent le script de ce mauvais feuilleton n’ont aucun scrupule. Ils ne manquent pas seulement d’imagination, ils manquent surtout d’humanité. De dignité. C’est pénible. Pénible…
Cela vient s’ajouter à tout le triste album du 4e mandat et ses milliers de clichés insupportables. Sans compter les détournements féroces, les moqueries du «Petit Journal» de Canal+ et maintenant «Quotidien» (du même Yann Barthès) sur TF1…Mais la palme revient à l’unanimité à ces mises en scène risibles, rivalisant de servilité et de ridicule, où l’on voit de hauts commis de l’Etat, des walis, des ministres, des notables se prosterner et multiplier courbettes et gestes d’allégeance devant un simple portrait à l’effigie du Président.
On aura tout vu. Abdelaziz Bouteflika n’aura fait que nous infliger humiliation sur humiliation. Si par extraordinaire, il lira ce papier, si un bout de sa conscience fonctionne encore, nous lui adressons solennellement ce message : Monsieur le Président, si vous n’avez cure de votre propre image, de votre dignité, au moins faites-le pour l’Algérie.
Briguez 100 mandats si vous voulez, restez sur le trône 1000 ans encore si cela peut contenter votre ego, mais de grâce, au moins épargnez-nous ce sinistre spectacle. Restez chez vous, ne sortez plus. Epargnez-nous la comédie d’une régence capable de remplir son rôle, quand tout concourt à donner de votre fonction l’image la plus dégradante et la plus vile. *elwatan / MUSTAPHA BENFODIL – lundi 05 novembre 2018
**Etat de santé de Bouteflika : Un 5e mandat, est-ce sérieux ?
C’est entièrement surréaliste, cette histoire du 5e mandat. Entre l’image d’un chef d’Etat très malade, très fatigué et donc loin d’exercer les fonctions présidentielles – on n’a pas besoin de l’avis d’un médecin pour le constater – et les ambitions qu’on lui prête, il y a un océan d’incompréhension, une profonde consternation devant une situation kafkaïenne que le bon sens ne peut admettre.
Aucun esprit en possession de toutes ses capacités de discernement, d’un minimum de logique, nourrissant un brin de patriotisme envers ce pays arraché au prix d’énormes sacrifices des mains du colonialisme ne peut admettre que Abdelaziz Bouteflika, dans l’état de santé qui est le sien, peut encore présider aux destinées de l’Algérie. Il faut être mentalement fou et intellectuellement amoindri pour accepter le plan de ceux qui ont tiré profit de son règne et qui veulent à tout prix rester au pouvoir. Si leur «projet» se réalise, on sera indéniablement dans une situation de coup de force, de coup d’Etat et de spoliation de la volonté populaire. Un acte en violation avec la Constitution, et politiquement immoral.
Le président Bouteflika peut-il satisfaire aux exigences constitutionnelles de présentation d’un certificat médical délivré par des médecins assermentés attestant de ses capacités à assurer les fonctions de président de la République ? Bien évidemment non. Est-il à même de satisfaire à l’obligation qui impose que «les déclarations de candidature à la présidence de la République sont déposées par le candidat (…) auprès du secrétariat général du Conseil constitutionnel» ? Tous les Algériens peuvent bien constater que l’état de santé du chef de l’Etat ne le permet pas. Pourquoi alors veut-on imposer un 5e mandat à un Président qui a assurément cessé d’accomplir les tâches que lui confère la Constitution depuis bien longtemps ?
«Le projet» des partis du pouvoir – le Front de libération nationale (FLN) mené par Ould Abbès, du Rassemblement national démocratique (RND) mené par l’actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia – et ceux qui les soutiennent est techniquement irréalisable et surtout dangereux pour le pays, même s’ils prétendent le contraire en estimant que «la continuité et le maintien du président Bouteflika sont la seule voie qui garantisse la stabilité». Qui peut croire une telle niaiserie ? Un grave mépris à l’endroit des Algériens et une intolérable insulte à leur intelligence. Ces mêmes Algériens qui ont donné une grande leçon de conscience politique à travers un boycott massif et historique lors des dernières élections législatives.
Plus conscients que ceux qui veulent les enfermer dans un mortel statut émaillé d’une succession d’échecs économiques qui maintiennent le pays dans la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, incommensurable don de la nature, mais richesse aléatoire, et dans l’archaïsme politique qui cale l’Algérie dans un despotisme éhonté empêchant la régénération du personnel politique et entravant la mise en place d’une véritable gouvernance, moderne et respectant les grandes valeurs démocratiques. Au-delà des écueils juridico-politiques pour satisfaire aux exigences des lois du pays en matière de candidature, de répondre aux obligations qu’impose le processus de l’investiture, et l’immoralité d’imposer la candidature d’un Président sortant, empêché d’exercer ses pouvoirs par la maladie, a-t-on aussi pensé à l’après-élection présidentielle ?
Quand on aura violé les lois, la Constitution et la morale politique, imposer le chef de l’Etat pour un 5e mandat, qu’adviendra-t-il d’un pays qui aurait pu faire valoir ses atouts économiques et de sa jeune population et se placer parmi les nations les plus développées et les plus modernes ? L’Algérie se retrouvera assurément avec un Président absent et des centres de décision opaques et dilués et surtout avec le risque de rejouer les élections en raison de son incapacité avant les échéances de 2024. Qui a intérêt à aller dans cette direction ? Ceux qui sont dans une logique de pouvoir et non pas de construction. * SAID RABIA / *elwatan / – lundi 05 novembre 2018
*************** Bouteflika a-t-il bâti un système qui s’est retourné contre lui aujourd’hui ?
Un 5e mandat pour Bouteflika est-il une bouée de sauvetage pour certaines personnes, notamment celles qui gravitent autour du pouvoir et qui ont profité de ses largesses ? Bouteflika, qui n’est plus à même d’assurer un semblant de 5e mandat, a-t-il bâti un système qui s’est retourné contre lui aujourd’hui ?
C’est, du moins, ce que pensent beaucoup de responsables de partis politiques et des observateurs de la scène nationale. Soufiane Djilali, Zoubida Assoul et tant d’autres qui s’opposent au 5e mandat pour Bouteflika sont catégoriques : tous sont persuadés de l’existence de personnes au passif trop grand et douteux qui veulent coûte que coûte que Bouteflika brigue un autre mandat. Ils refusent le changement pour ne pas mettre à nu leurs tares. «Nous avons vu ce jeudi des images terribles d’un Bouteflika très affaibli, effondré. Comment peut-on demander à un homme si malade de briguer un autre mandat. C’est irresponsable, sauf si on a une arrière-pensée et un intérêt particulier à le maintenir au pouvoir», tranche Soufiane Djilali. Zoubida Assoul craint, si l’on donne un autre mandat à un Président malade, pour l’avenir du pays. Pour elle, l’Algérie qui est face à d’importants défis ne survivrait pas à un quinquennat de blocage. «Au vu des importants pouvoirs concentrés entre les mains du président de la République, un 5e mandat est extrêmement dangereux, surtout pour la stabilité de l’Algérie», avertit cette ancienne magistrate.
En parlant de concentration des pouvoirs, Soufiane Djilali donne raison au n°2 du RND, en l’occurrence Chihab Seddik, lorsqu’il évoque l’absence d’autres hommes pour faire le consensus. «Il y a du vrai dans ce discours véhiculé par de hauts responsables. Le pouvoir est divisé, car Bouteflika a construit un système en répartition. Le pouvoir est bâti sur des groupes antagonistes», déplore Soufiane Djilali, convaincu que le président Bouteflika a créé un climat dans lequel les hommes d’affaires, l’armée, les partis politiques, la justice et les institutions étatiques ne s’entendent pas entre eux, mais tentent de s’accrocher pour survivre. Bouteflika, selon lui, a désertifié la classe politique empêchant l’émergence d’une nouvelle figure politique, y compris à l’intérieur du régime. Avis partagé par bon nombre d’observateurs, lesquels affirment que Bouteflika durant ses 20 ans de règne a cloisonné entre les différents centres du pouvoir de manière à rester le seul maître du jeu et, au final, cette situation s’est retournée contre lui et contre l’Algérie. «Bouteflika a mis un système qui ne peut pas fonctionner en dehors de lui, et comme il ne peut plus exercer sa fonction présidentielle en raison de sa maladie, nous allons droit vers l’inconnu. Il n’y a plus de maître à bord et personne ne peut maîtriser la situation», soutient Soufiane Djilali. Au regard de cette situation, l’opposition a peur de l’installation du désordre, résultante naturelle du 4emandat.
D’aucuns estiment que le 4e mandat a été un total blocage pour le pays et un 5e ne peut être qu’une option périlleuse pour l’Algérie. Les arrestations tous azimuts opérées ces derniers jours sont, d’après des responsables de formations politiques, une preuve de l’existence de tiraillements en haut lieu, où chaque clan essaye d’imposer sa présence en faisant surtout peur au peuple, car ils ont peur de la réaction de ce dernier et aussi de certains qui sont à l’intérieur même du régime. «Il n’y a plus de cohérence à l’intérieur du régime. Le Président qui détient tous les pouvoirs étant absent, nous n’avons pas de pouvoir et le pire est à venir», s’inquiète Soufiane Djilali. Le FFS, par le biais de son chargé de communication, a simplifié la donne en affirmant qu’aujourd’hui c’est tout le pays qui est souffrant, pas seulement un homme, et le changement ne viendra pas par le changement d’un homme mais du système tout entier. La même position est prônée par le RCD et d’autres partis qui plaident pour une élection démocratique, pilotée par une institution indépendante. «Nous sommes contre Bouteflika et contre le futur candidat du système, nous sommes pour un processus électoral qui aboutira à une élection transparente», plaide la formation de Mohcine Belabbas. * NABILA AMIR / *elwatan / – lundi 05 novembre 2018
**************Les prédateurs veulent garer leurs privilèges
La campagne pour un 5e mandat reprend de plus belle. Après un léger fléchissement, les partisans de la «continuité» battent le rappel des troupes. Au fur et à mesure que le rendez-vous électoral de 2019 approche, ils accentuent leur offensive en faveur du «maintien» de Bouteflika à la tête de l’Etat, en dépit des critiques, des oppositions et des mises en garde de partis, de personnalités politiques et d’acteurs de la société civile. Ni l’état de santé du Président vaincu par sa maladie ni les tensions socioéconomiques qui risquent de devenir ingérables ne les découragent.
D’appels individuels à des déclarations communes, les «soutiens» du 5e mandat se mettent en ordre de bataille pour faire aboutir leur «projet présidentiel». En chœur, ils réclament un quinquennat de plus pour le Président afin de «parachever ses réalisations». Vingt ans n’étaient bien sûr pas suffisants pour les projets «titanesques» lancés par le «pharaon algérien». D’ailleurs, faire sortir le pays de la crise économique, dans laquelle il patauge depuis plus d’un quinquennat, est désormais sa priorité. Et comme en football, on ne change pas une équipe qui «gagne». On voit bien que ceux qui balisent le terrain pour un 5emandat sont les mêmes que ceux qui ont mené campagne tambour battant pour le troisième et le quatrième… Le FLN comme locomotive, le train du 5e mandat met donc plein les gaz. A son bord, comme d’habitude le RND, le MPA, TAJ, l’UGTA, le FCE et bientôt d’autres organisations telles que l’ONM et l’UNPA.
Le langage employé a cependant changé par rapport aux précédents mandats. En effet, les partisans du 5e mandat parlent de «la continuité». Ils refusent de parler d’un autre mandat. Pour eux, le président Bouteflika va indirectement prolonger son règne en s’acquittant d’une «formalité» qui est la présidentielle du 19 avril 2019. «Nous n’allons pas demander au président de la République de se représenter. Pour nous, il est Président et il continuera sa mission de Président ni plus ni moins. Nous considérons le 19 avril comme une formalité», a déclaré, le 1er novembre, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA.
Le RND comme le FLN parlent de «poursuite de mission». «Je suis heureux de constater que notre conseil national entend appeler le moudjahid Abdelaziz Bouteflika à poursuivre sa mission et son sacrifice au service de l’Algérie. Il est dans l’intérêt général de lui permettre de rester aux commandes du pays», a assuré Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND.
Tous les soutiens du 5e mandat disent la même chose : la continuité pour la stabilité, la prospérité, la sécurité et le développement. Pour les partisans de la continuité, le président Bouteflika doit impérativement terminer son œuvre pour le «bien» des citoyens. Ils mettent en avant ses «réalisations» et surtout la paix qui règne dans le pays. Ces mêmes partisans du 5e mandat relèvent les dangers qui guettent le pays aux frontières et les risques de plonger dans une instabilité chronique. Ceux qui appellent au 5e mandat admettent que le président Bouteflika est physiquement très affaibli. Mais cela ne constitue pas un handicap pour eux car, disent-ils haut et fort, «un Président travaille toujours avec une équipe». Pour eux, il n’y a que le président Bouteflika qui peut faire face à la situation difficile que traverse le pays.
Avec leur appel à la «continuité», les partisans du 5e mandat rendent donc presque inutile le scrutin présidentiel d’avril 2019, si bien entendu Bouteflika confirme sa candidature. Ils préparent l’opinion à un simple plébiscite. Autrement dit, ils ne laissent plus de place au jeu électoral.*MOKRANE AIT OUARABI - *elwatan / – lundi 05 novembre 2018
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«Des concessions faites aux puissances étrangères à la veille du 5e mandat»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) accuse le président Bouteflika et son pouvoir d’avoir fait des concessions aux puissances étrangères pour valider l’option du 5e mandat. «Les concessions faites aux puissances étrangères s’amplifient à la veille de la reconduction de l’actuel chef de l’Etat pour un 5e mandat, en violation de la souveraineté populaire», dénonce le parti.
Dans un communiqué rendu public, hier, à l’issue de la réunion de son secrétariat national, le RCD cite des exemples de ces concessions «douteuses». «Un exemple édifiant est celui de la signature cette semaine de deux contrats d’investissement de gré à gré en vente directe d’une valeur totale de 100 millions d’euros entre la compagnie nationale des hydrocarbures et Air Products (Etats-Unis).
Ce contrat est signé au détriment d’une offre d’un groupe allemand, leader mondial dans les gaz industriels, beaucoup moins onéreuse (62 millions d’euros) et qui, de plus, propose un partenariat dans le respect de la règle 51/49%», souligne la direction du RCD, qui fait le lien entre cet accord et la préparation du 5e mandat du chef de l’Etat.
Pour la formation que préside Mohcine Belabbas, «la nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont l’adoption est annoncée pour le lendemain de la présidentielle, semble suivre la même logique».Abordant l’actualité politique, la direction du RCD estime que «la défiance de l’autorité de l’Etat, l’émeute et la destruction de tous les corps de médiation sont les marques de l’ère Bouteflika depuis longtemps».
«Les abus et les dérives institutionnelles symbolisés par l’instrumentalisation éhontée de la justice dans les règlements de comptes et le piétinement de la légalité constitutionnelle dans le fonctionnement de l’APN ont accéléré le délitement des institutions et inscrit l’Algérie dans le cercle très fermé des régimes absolutistes», déplore le parti, qui avait déjà dénoncé l’opération de destitution du président de l’APN, Saïd Bouhadja, lancée à partir du siège du FLN.
«L’inquiétante instrumentalisation de la justice»
Revenant sur les dernières arrestations d’artistes et de journalistes, le RCD met en garde contre «une instrumentalisation inquiétante de la justice» qui porte atteinte à la crédibilité de cette institution. «L’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité dans les luttes de clans à l’intérieur du système prend, ces derniers temps, des proportions inquiétantes», lit-on dans ce communiqué.
Et d’ajouter : «Après l’arrestation de six officiers supérieurs de l’ANP accusés d’‘‘enrichissement illicite’’ et de ‘‘trafic d’influence’’ et leur placement en détention provisoire depuis trois semaines, c’est au tour de citoyens, dont l’artiste Kamel Bouakaz, de l’ex-footballeur Fodil Dob et de trois journalistes de subir un sort semblable.»
Pour cette formation, le viol de la présomption d’innocence, de la dignité humaine et du secret de l’instruction dans cette dernière affaire a fini par venir à bout du peu de crédit qui restait à cette institution (la justice ndlr). Ce faisant, la direction du RCD se dit plus que jamais convaincue que «seule la mobilisation collective des forces patriotiques peut relancer l’espoir d’une transition démocratique à même de sortir le pays de l’impasse actuelle». * elwatan - MADJID MAKEDHI - samedi 03 novembre 2018
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La marche de Mouwatana empêchée
Le coup d’essai était finalement une réussite. Le mouvement Mouwatana a tenu sa promesse d’aller à la rencontre des citoyens constantinois. Certes, le lieu et la nature du rendez-vous ont été modifiés, mais le pari a été remporté.
Sillonner les principales artères de la ville, comme il était prévu, a été impossible pour les membres de Mouwatana, dont Zoubida Assoul, Soufiane Djilali, Salah Debbouze ou encore Ali Benouari.
Les forces de l’ordre les en ont empêchés et des moyens importants ont été mobilisés à cet effet. La ville a été quadrillée dès vendredi. Un dispositif sécuritaire drastique a été mis en place, particulièrement au niveau des entrées de la ville. Au point de convergence, soit le stade Ben Abdelmalek Ramdan, les forces de sécurité s’y sont installées, ne laissant pas le moindre espace à une éventuelle manifestation.
Et pour que les espaces alentour soient occupés, une campagne de sensibilisation à la sécurité routière se tenait sur l’esplanade et des tentes contenant des équipements y ont été implantées. L’itinéraire que devait emprunter le mouvement a été balisé, lui aussi, par les fourgons de la police et plusieurs bennes tasseuses, pour rendre l’accès au centre-ville des plus périlleux.
Le mouvement Mouwatana, qui veut faire barrage au 5e mandat du président de la République, est venu à Constantine pour lancer son programme d’action qui touchera l’ensemble du territoire national. La tâche ne semble pas de tout repos. Depuis la ville des Ponts, les membres du mouvement ont croisé le fer avec la force publique cantonnée devant l’hôtel Ibis.
«Ils m’ont arrêté à 8h. En sortant de la maison où j’étais, une douzaine de policiers étaient là à m’attendre et m’ont demandé de les accompagner au 5e arrondissement de la sûreté», a révélé Zoubida Assoul, porte-parole du mouvement, lors d’un point de presse improvisé dans le hall de l’hôtel. «J’ai refusé de les suivre, mais j’ai finalement été embarquée et relâchée au bout de deux heures», selon ses dires. «On m’a demandé de renoncer à notre action citoyenne et de quitter la ville. Ils m’ont même proposé de m’escorter à la frontière de la wilaya, ce que j’ai fermement refusé», a-t-elle dévoilé.
Et de poursuivre : «Je suis dans mon pays et je circule comme je veux. Je quitterai Constantine quand je le déciderai.» Elle n’est pas la seule à être interpellée. Cinq membres du mouvement, dont certains du parti Jil Jadid, a confirmé Soufiane Djilali, étaient encore dans les locaux de la police dans la matinée. «On a donné rendez-vous aux citoyens pour exprimer notre opposition à un 5e mandat du Président, car il n’est pas apte à diriger le pays, mais pas que.
C’est aussi pour expliquer l’alternative politique, basée sur le débat contradictoire, et une sortie de crise pour aller vers un Etat constitutionnel, un Etat de droit et des libertés. C’est pour cela que je suis là aujourd’hui et personne n’a le droit de m’arrêter, j’ai subi une arrestation arbitraire et illégale.»
UN RASSEMBLEMENT A EU LIEU
Les membres de Mouwatana qui ont compris que les pouvoirs publics n’allaient pas leur faciliter la mission ont refusé de rester confinés dans l’hôtel.
Dès leur sortie, des agents de sécurité en civil ont endossé des gilets pour se faire identifier et ont cerné le groupe. Personne ne pouvait faire un pas en avant, toute tentative de marcher vers le point de rendez-vous était visiblement scellée.
Rien n’est perdu pour autant. C’est une autre tribune qui s’offre à eux. La situation a été retournée à leur avantage. Cette immobilité est saisie pour en faire un rassemblement et interpeller les citoyens, nombreux d’ailleurs à faire leurs emplettes dans le marché couvert, situé à proximité et qui s’avère être le plus populaire et le plus fréquenté des marchés de Constantine.
La curiosité de beaucoup de passants a été attisée et ils sont venus à la pêche aux informations et par la même élargir les rangs de l’attroupement. Des dépliants sur la charte des valeurs du mouvement furent distribués, en dépit de l’étau policier. «L’article 49 de la Constitution nous garantit le droit de venir à la rencontre de nos concitoyens», n’ont eu de cesse de seriner Zoubida Assoul et Salah Debbouze en réponse à l’officier du SWRG qui leur rappelait le défaut d’autorisation.
Au bout d’une heure d’un échange parfois musclé, Soufiane Djilali leur demandera, sur un ton ironique, de les laisser passer : «Nous allons faire une balade en ville, vous pouvez nous accompagner si vous voulez.» Mais il n’en fut rien. Vers 11h15, les membres du mouvement finiront par retourner à l’hôtel.
Ils se mettront derrière les barreaux de l’enceinte de l’hôtel pour faire des déclarations à la presse. Un dernier geste pour dénoncer «un Etat liberticide qui a réquisitionné des moyens publics pour torpiller une action citoyenne». Ils ressortiront un peu plus tard. Et cette fois-ci, leur promenade en ville, ils auront le droit de la faire.
- Dépôt de plainte contre le P/APW
A Constantine, depuis l’annonce en août dernier de l’action que comptait organiser le mouvement Mouwatana, les inconditionnels du 5e mandat ont affûté leurs armes et préparé leur riposte. C’est le cas des deux partis politiques, le RND et le FLN s’entend. Le premier a lancé une campagne de sensibilisation contre «ceux qui veulent porter atteinte à la stabilité et la sécurité du pays», le second a organisé un rassemblement, jeudi dernier, pour contrer toute velléité de démonstration anti-5e mandat.
A ce propos, la porte-parole de Mouwatanaa a formulé l’intention de déposer une plainte à l’encontre du P/APW de Constantine, Nadir Amireche, d’obédience FLN, concernant des propos que le mouvement juge graves. «Le P/APW a déclaré : “Nous ne permettrons pas à ces gens-là d’y venir, Constantine est une ligne rouge, on ne vous laissera pas entrer à Constantine.” Ce sont des propos inadmissibles dans la bouche d’un responsable politique», a-t-elle dit. Et de s’interroger : «Sommes-nous dans un pays en état de guerre où la liberté de circuler est restreinte, ou bien Constantine ne fait pas partie du territoire du pays ?»
- Des citoyens interpellés
Ce ne sont pas uniquement les leaders du mouvement Mouwatana qui ont été interpellés, hier, au centre-ville où aurait dû se tenir la manifestation. Cinq membres du mouvement et de partis politiques, dont Jil Jadid de Soufiane Djilali et de l’UCP de Zoubida Assoul, ont été arrêtés tôt le matin par la police. D’autres sympathisants ou tout simplement des citoyens qui sont venus soutenir le mouvement ont été embarqués. «Nous sommes une vingtaine de citoyens, hommes et femmes, à nous être retrouvés dans les locaux du central de police à El Coudiat, pour être relâchés quelques heures plus tard, après avoir été fichés», nous a affirmé un citoyen qui a été interpellé au niveau de la pyramide.*el watan 09 septembre 2018
*C’est la marche vers l’inconnu
Flou politique et désordre institutionnel
A mesure que le rendez-vous présidentiel s’approche, le paysage politique s’enfonce un peu plus dans le brouillard. A seulement six mois de l’élection présidentielle, la confusion est totale au sommet du pouvoir. La visibilité est nulle. A l’incertitude s’ajoute l’inquiétude d’un lendemain peu rassurant. Le pays renvoie une image hideuse.*press here: Infos d’Algérie-9
**dans la même page:
Le FFS appelle à «restituer le pouvoir aux Algériens»
Maitre Mustapha Bouchachi. Ancien député
***entretien avec Mustapha Bouchachi ,
*juriste et défenseur des Droits de l’Homme
«Nous sommes devant un coup d’Etat, une violation caractérisée des lois de la République»
*Vidéo Mustapha Bouchachi ceux qui nous gouvernent n’aiment pas notre pays ni son peuple
**articles similaires-cliquer ici OÙ va l’Algérie? -3
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L’Algérie cherche activement un successeur au président Bouteflika
**les interventions extérieures ont déjà commencé
*loin du choix populaire et démocratique
**mondafrique- dimanche 18 février 2018
La visite récente à Alger du chef d’état major particulier d’Emmanuel Macron n’avait pas seulement pour but d’évoquer le dossier de la sécurité au Sahel. La France suit de près le processus de succession en Algérie.
A l’Elysée, on sait qu’aucune solution durable dans la région du Sahel ne peut se faire sans l’appui de l’Algérie. Le proche collaborateur du président français, qui lors de sa visite éclair à Alger a tenu à saluer le président Abdelaziz Bouteflika, s’est entretenu principalement avec les autorités militaires algériennes de la lutte contre le terrorisme au Mali, au Niger et enfin Libye, un pays où la France comme l’Algérie multiplient les contacts.
*La succession plus que jamais à l’ordre du jour
Mais dans l’état de tension où se trouve l’Algérie et alors que chacun des clans au pouvoir affute sa stratégie pour la succession de Bouteflika plus malade et diminué que jamais, le conseiller d’Emmanuel Macron a évoqué également avec ses interlocuteurs la situation politique délicate où se trouve le pays. Du coté algérien, le message est clair. Les différentes composantes du pouvoir sont en train de se mettre d’accord sur le profil idéal du successeur: un homme relativement jeune, c’est à dire selon les critères locaux de moins de 70 ans; un candidat de consensus entre la Présidence et l’Etat Major; enfin un haut cadre de l’Etat qui aie une certaine proximité avec l’appareil sécuritaire mais qui ne soit pas ou plus militaire.
Un nom qui revient ces jours ci à Alger est celui du chef de la police et ancien patron de la gendarmerie, le général-major Abdelghani Hamel et à ce titre compatible avec le chef de l’Etat. La force de cet ancien gradé, qui est redevenu civil voici deux ans, est de bénéficier également de la confiance des dirigeants actuels et des généraux l’armée. Un signe parmi d’autres de sa bonne étoile, on évoque même dans les coulisses du pouvoir la possible éviction d’Ahmed Ouyahia, hué samedi à Biskra, du poste de premier ministre et la nomination d’un proche du général Hamel, l’actuel ministre de l’Intérieur. *mondafrique- dimanche 18 février 2018
***par Nicolas Beau
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Intox ou information
Qui alimente Mondafrique et Nicolas Beau et pourquoi ?
le 12.06.2018
L’éventuel 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika ou sa probable succession fait couler beaucoup d’encre.
Dans le flou total qui entoure la perspective de 2019, les fake news, les manipulations et l’intox sont devenues monnaie courante.
On lit par là que l’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, a rencontré le frère du chef de l’Etat, Saïd Bouteflika, par ci que le général Toufik, l’ancien patron du DRS, est toujours actif et ses réseaux ne se sont pas dissous dans la nature.
Une pluie d’«informations» sans fondement et qui envahissent la presse électronique, les blogs et les réseaux sociaux. A leur vitesse de diffusion, selon le modèle de consommation «fast-food», auquel elles sont destinées, les news qui écument la Toile peuvent faire mal dans un contexte politique très sensible où l’avenir de l’Algérie s’apprête à se jouer.
Mondafrique, un journal électronique dirigé par Nicolas Beau, ancien du Monde, de Libération et du Canard enchaîné, rompu à l’investigation, en fait son sujet de prédilection.
Le 9 juin, il écrivait que «le général-major Ali Ghediri, un des plus fidèles collaborateurs du général Mohamed Mediène, dit Toufik, patron tout-puissant des Services algériens (DRS) pendant un quart de siècle, rencontrait la semaine dernière les services sécuritaires de l’ambassade américaine à Paris».
«La preuve, pour Nicolas Beau, auteur de l’article, que les réseaux de Toufik cherchent à peser sur le processus de succession du président Bouteflika.» Le 30 mai dernier, le patron de Mondafrique mettait en ligne un premier article sur le sujet en croyant connaître les clés de succession de Bouteflika. Il écrivait : «Dans la transition qui se joue à Alger, deux forces s’opposent : le clan présidentiel, animé par le frère du chef de l’Etat, Saïd Bouteflika, et l’état-major militaire, avec à sa tête le vice-ministre de la Défense depuis 2013, Ahmed Gaïd Salah.» Mondafrique présente en fait un spectacle inédit de guerre des clans où «Toufik semble avoir repris du poil de la bête malgré la dissolution pure et simple du département qu’il dirigeait, et où Saïd Bouteflika, frère et conseiller du Président, est en confrontation avec le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, autour de la succession présidentielle».
Il est vrai que dans cette taïga politique algérienne on ignore où est la part de vérité, celle du mensonge et celle de l’intox, on sait en revanche que certaines «informations» présentées sous le sceau de la confidentialité facile à la consommation sont tout simplement des fakes.
Peut-il en être autrement dans l’opaque brouillard qui plane sur Alger et qui déroute l’opinion sur ce que sera l’avenir du pays, ne serait-ce qu’à court terme, dans quelques mois ?
Le brouhaha d’Alger avait annoncé une prétendue et invraisemblable rencontre entre l’ancien président du RCD et Saïd Bouteflika que Mondafrique a vite fait de supprimer en présentant ses excuses, avouant son erreur et mettant fin à l’ahurissement de l’opinion qui lisait la veille que les deux hommes travaillaient la main dans la main dans la perspective de 2019.
Mais la réponse et la réaction la plus vive aux scoops de Nicolas Beau est celle du général à la retraite Ghediri qui aurait, selon le journal électronique, rencontré les Services américains à Paris. L’officier de l’ANP lui a adressé une cinglante mise au point.
«A lire Mondafrique, on est tenté de penser que vous avez hypothéqué les principes qu’on croyait être les vôtres et que vous n’avez eu de cesse de mettre au service des nobles causes, tant votre journal est devenu le déversoir d’insanités d’obscurs redresseurs de torts», écrit le général, qui soupçonne l’existence de gorges profondes malintentionnées et qui alimentent Nicolas Beau.
«Sincèrement, lui dit-il, vous méritez mieux que de vous comporter en sous-traitant de l’ignominie au point de colporter ce qu’ils n’osent pas dire ouvertement, en signant leurs articles.» Le général considère que «ces gens-là sont tout simplement trop lâches pour affronter».
«Il est tout aussi important, lui précise-t-il, que vous sachiez qu’en quittant l’armée, pour les raisons qui demeureront miennes, je n’ai nullement renoncé à mes convictions. Elles feront office de phare de ma vie. Et, au risque de vous surprendre, ainsi que ceux qui vous ‘‘intoxiquent’’, ajoute-t-il, je vous apprends que cette armée m’a façonné.
En moi, elle a insufflé l’abnégation, le désinteressement, l’esprit de sacrifice et, surtout, l’amour de la patrie.» Qui alimente, en effet, Mondafrique et Nicolas Beau en fake news et dans quel intérêt ? La question mérite d’être posée.***Said Rabia/ el watan/ mardi 12 juin 2018
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*une logique implacable
*Tout ce qui est entrepris ou construit sur du faux et des mensonges, donnera inexorablement des résultats faux et finira tôt ou tard, par s’écrouler.
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L’impasse et les menaces
En ce mois de juin 2018, l’Algérie aura eu à découvrir tout le panel de dérives qui menacent son destin, son existence et son avenir en tant qu’Etat-nation.
Les Algériens qui ont vaincu le terrorisme, même si la menace terroriste est toujours présente — c’est d’ailleurs le défi qui s’impose à beaucoup de pays —, devraient prendre conscience que les menaces qui les guettent sont d’une autre nature et autrement plus dangereuses et pernicieuses. Le danger vient de la déliquescence qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale, celle qui a produit le narcotrafic aux ramifications bien établies aujourd’hui dans les institutions.
Les vidéos de «Kamel El Bouchi» livrées par une télévision privée font peur. Celui qui fréquentait les cercles décisionnels, associé aux inaugurations officielles de projets publics aux côtés des membres du gouvernement, et avait vraiment pignon sur rue et des projets immobiliers à foison dans la capitale, dans les quartiers les plus chics, s’est révélé être en réalité un véritable Pablo Escobar algérien. Contrairement à ce qu’on veut bien montrer, l’affaire des 701 kilogrammes de cocaïne est une vraie bombe à retardement tant les connexions d’«El Bouchi» avec les milieux politiques ne manqueront pas de surprendre l’opinion publique. L’implication de magistrats, de cadres de l’Etat, d’élus dans ce qui apparaît déjà comme un large et complexe réseau de trafic de drogue, et surtout de blanchiment d’argent à grande échelle, est symptomatique du profond mal qui ne cesse de ronger l’Algérie et ses institutions.
L’impasse politique dans laquelle est conduit le pays a un prix. Un prix lourd car l’affaire de Kamel El Bouchi n’est pas de celles qui relèvent de la délinquance ordinaire et du droit commun, mais assurément du niveau des grands scandales de corruption et de dilapidation des biens de l’Etat qui ont ébranlé l’Algérie ces dernières années. Elle est surtout révélatrice des graves dérives qui menacent les Algériens et leur devenir. L’impasse politique du régime qui a enfanté les magnats de la drogue et une oligarchie aux relents mafieux ne pouvait pas apporter de la prospérité, le bien-être et la stabilité pour les Algériens. Elle a produit de la violence et de la criminalité dans une société dont on a détruit tous les repères : les valeurs de respect, de mérite et de travail. Le potentiel de violence — que l’on peut légitimement soupçonner d’être érigée en régulateur social — que couve la société algérienne est inouï. Il se manifeste au quotidien dans la vie des Algériens qui ne sont à l’abri nulle part, dans la rue, sur les plages, sur les aires de stationnement, squattées par des délinquants qui ont tué au couteau deux paisibles pères de famille la semaine dernière.
On n’exagérerait jamais si on disait que l’Algérie est un pays dans la déprime qui a besoin d’une thérapie d’urgence pour le débarrasser de tous les démons qui le guettent, y compris le sombre destin que préconise le séparatisme de Ferhat Mehenni pour la Kabylie. Notre pays est menacé de toutes parts. Mais essentiellement par ceux qui ont conduit à cette dangereuse déliquescence.* 25 JUIN 2018 – el watan
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Lettre ouverte au président Bouteflika :
« un autre mandat serait un calvaire pour vous et pour le pays »
le 26.05.2018 |
Des politiciens, militants de la société civile et des universitaires ont adressé samedi une lettre au président Abdelaziz Bouteflika, l’invitant à ne pas se représenter pour les élections présidentielle des 2019.
****Elwatan.com / samedi 26 mai 2018
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**Vidéo critique de Layla Haddad :
Les autorités algériennes mal à l’aise
La journaliste algérienne Layla Haddad, ancienne correspondante de l’ENTV à Bruxelles, vient de susciter la colère des autorités algériennes.
Sa vidéo, diffusée jeudi dernier à partir du siège du Parlement de l’Union européenne, dans laquelle elle invite le président Bouteflika à mettre fin à cette «image indigne» de l’Algérie renvoyée au monde entier, a titillé les tenants du pouvoir en Algérie qui préparent le 5e mandat. En moins de 4 minutes, la journaliste dit ses quatre vérités sur les 19 ans de règne du chef de l’Etat.
Elle a choisi de commencer son message par un bref rappel des prestations diplomatiques du président Bouteflika en tant que ministre des Affaires étrangères, avant de le ramener à la réalité d’aujourd’hui, où il est réduit, selon elle, «à un objet» entre les mains «de son frère cadet».
«Monsieur Bouteflika, j’étais une enfant lorsque vous avez livré, en 1974, votre mémorable discours devant l’Assemblée des Nations unies. 44 ans passés, et vous voilà assis sur une chaise roulante, le regard hagard et la bouche béante. Monsieur Bouteflika, parler et comprendre sont devenus pour vous un exercice très difficile, voire impossible à mesure que votre maladie avance», déclare-t-elle d’emblée.
Utilisant encore des mots très durs, Layla Haddad dénonce surtout l’usurpation de la fonction présidentielle par le frère cadet du chef de l’Etat, Saïd Bouteflika. «(…) Les barons du régime, dont fait partie votre propre frère, se sont arrogé le droit de disposer de vous. Ne les laissez plus vous soustraire à votre humanité. Si minimes soient encore vos moments de conscience, vous ne devez plus tolérer d’être traité comme un objet», lance-t-elle encore.
Et d’ajouter : «19 ans au pouvoir usent le cerveau et les sabots du mouflon le plus agile. N’est-il pas plus que temps de tracer un trait sur votre parcours. La fonction de président que votre frère a squattée, la croyant un bien vacant, est devenue de votre fait une fonction vacante.»
Ce faisant, la journaliste appelle le chef de l’Etat à mettre un terme à cette situation. «Il est temps que vos apparitions sur les écrans des télévisions du monde entier cessent, en dépit des intérêts économiques et financiers des prédateurs qui vous entourent. L’histoire retiendra, monsieur Bouteflika, que votre dignité et celle de tout un peuple ont été bafouées.»
La colère de l’ambassade d’Algérie à Bruxelles
La vidéo largement partagée sur MSN et Facebook a fait réagir l’ambassade d’Algérie à Bruxelles. Dans un communiqué diffusé vendredi soir, la représentation diplomatique algérienne à Bruxelles dénonce d’abord ce qu’elle appelle «le détournement inacceptable de symboles de l’Union européenne (UE) et du siège du Parlement européen pour attenter à l’honneur et à la dignité des institutions algériennes».
«A la suite de la publication, par une pseudo-journaliste d’origine algérienne, d’une vidéo offensante attentant à l’honneur et à la dignité des institutions de la République algérienne, l’ambassade a effectué ce jour des démarches officielles pressantes auprès des responsables de différentes instances de l’Union européenne (…) pour dénoncer énergiquement le détournement inacceptable des symboles de l’UE et de l’espace réservé par le Parlement européen aux journalistes professionnels», lit-on dans ce communiqué.
L’ambassade regrette aussi que des symboles de l’UE et un siège de l’une de ses institutions aient «servi de cadre à cette misérable mise en scène qui entre dans le cadre de la feuille de route de cet agent invétéré de la subversion et de la sédition». L’ambassade est allée encore plus loin jusqu’à invectiver la journaliste en prétendant que l’ancienne correspondante de l’ENTV à Bruxelles a été congédiée à cause de son «son incivisme» et de son «comportement bipolaire».
L’ambassade, lit-on dans le même communiqué, «déplore l’attitude de cette pseudo-journaliste qui a mis servilement sa voix et sa plume mercenaire au service de puissances étrangères hostiles à l’Algérie». «Dans sa litanie de contrevérités suintant l’aigreur et la frustration, cette ancienne correspondante de l’ENTV à Bruxelles (…) a choisi, pour des considérations purement mercantiles et opportunistes, de vomir sa haine de l’Algérie, ses symboles et ses institutions».**Madjid Makedhi / el watan / mardi 03 juin 2018
*d’autres articles similaires- *cliquer ici: échos des médias.11
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« Mouwatana »,
une initiative pour « faire hâter le départ du régime » en Algérie
le 10.06.2018
Les signataires de la lettre ouverte adressée récemment à Abdelaziz Bouteflika, dans laquelle on lui a demandé de ne pas se représenter lors des élections présidentielles de 2019, viennent de lancer une nouvelle action politique dénommée « Mouwatana ». Zoubida Assoul est désignée porte parole.
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Le mouvement «Citoyenneté» lancé
le 11.06.18
Selon ce nouveau mouvement, «l’Algérie a besoin de réformes politiques et institutionnelles de grande ampleur».
Le groupe de 14 personnalités ayant lancé, il y a quelques jours, un appel au chef de l’Etat, lui demandant de renoncer au 5e mandat, veut donner un autre prolongement à son action. En effet, face au silence de la présidence de la République, les auteurs de cette initiative décident de passer à une étape supérieure et «d’organiser leurs efforts en mettant en place un espace de concertation et d’initiatives pratiques, dénommé ’Citoyenneté-Démocratie’ (Mouwatana), dont l’objectif final est de contribuer au véritable changement dont a besoin le pays».
«L’objectif est de rassembler le maximum d’Algériens pour hâter le départ de ce régime et préparer les véritables conditions d’une transition pacifique. En effet, le départ réclamé du Président ne signifie pas à lui seul un changement de système de gouvernance», expliquent-ils dans un communiqué commun rendu public hier.
Pour eux, «l’Algérie a besoin de réformes politiques et institutionnelles de grande ampleur». «Cette tâche ne peut être menée que par un mouvement transpartisan, soutenu par une grande partie de la population et ayant des objectifs clairs», estiment-ils, en affirmant que «l’élection présidentielle de 2019, bien que cruciale, ne peut être qu’une étape».
«C’est à l’issue de cette épreuve, que s’établiront les nouveaux rapports de force qui pèseront sur l’avenir du pays», lit-on dans le même communiqué. Pour garantir la continuité de leur initiative, les initiateurs ont décidé de mettre en place une instance de coordination, dont la composition est susceptible d’être élargie.
Cette dernière, lit-on dans le même document, aura pour but de «faire un diagnostic précis de la situation du pays, d’élaborer un programme commun pour les réformes politiques, y compris la préparation d’un projet de Constitution-modèle et d’établir un plan de sortie de crise avec un échéancier». Elle sera aussi chargée de prendre des initiatives en vue de maintenir la pression contre le 5e mandat et de mettre en place une charte d’éthique et des règles de fonctionnement pour ouvrir «Mouwatana» aux citoyens.
Selon les initiateurs de cette démarche, en dépit du silence de la Présidence et de l’entourage du chef de l’Etat, l’appel contre le 5e mandat a eu des échos favorables au sein de l’opinion publique nationale et internationale. «L’impact de cette lettre a été, pourtant, extrêmement important auprès de l’opinion publique nationale et internationale.
Toutes les grandes agences d’information et la plupart des titres de presse et des médias internationaux, dans toutes langues, ont en fait l’écho», soutient-ils, invitant les citoyens à prendre des initiatives, chacun à son niveau, pour exprimer leur opinion à travers tous les canaux légaux. Les initiateurs de ce mouvement, rappelons-le, sont le président de Jil Jadid Soufiane Djilali, la présidente de l’UCP Zoubida Assoul, l’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour et l’ancien ministre Ali Benouari.
**Madjid Makedhi– el watan / lundi 11 juin 2018
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Présidentielle 2019 : L’année de toutes les incertitudes
le 17.04.2018
Le bilan politique du règne de Abdelaziz Bouteflika et de ses équipes souffre d’un handicap majeur, celui de n’avoir pas préparé les conditions politiques saines pour aborder le prochain quinquennat.
Il boucle l’an IV d’un mandat présidentiel qui dure depuis avril 1999. Abdelaziz Bouteflika célèbre aujourd’hui son 19e anniversaire à la tête de l’Etat, marquant ainsi le règne le plus long de l’Algérie indépendante. A l’occasion, ses partisans s’empressent confusément de fêter les «grandes réalisations» du raïs, poussant la glorification à son extrême.
Un vague bilan comptable désincarné qui sert à donner l’illusion des succès. Difficile de masquer la réalité d’un état de santé nationale très affaibli. Malade. Car au plan de la dynamique politique et de la perspective historique, l’inventaire donne à voir un pays qui pour le moins hésite. Sans boussole ni cap. L’on ne sait pas où va l’Algérie. D’évidence, elle n’arrive pas à se remettre sur les rails de la modernité, encore moins à se donner une ambition historique. L’unique rêve national est la survie.
Conséquence immédiate de la perpétuation du statu quo qui s’avère de plus en plus périlleux. Renforcé par un 4e mandat d’abord obtenu au terme d’une «guerre civile» qui a littéralement débordé le sérail avec comme implication directe la paralysie de la vie institutionnelle et politique. Reconduit à la tête de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika n’assure plus de la même manière, encore moins avec la même énergie ses missions.
Son état de santé l’a confiné au silence durable et sa capacité d’action est considérablement réduite. Un état de fait qui a largement déteint sur le fonctionnement de l’appareil de l’Etat et de la gouvernance. Figure centrale dans la pyramide du pouvoir en raison d’un présidentialisme affirmé, le président de la République en raison de sa situation imprime au pays un rythme extrêmement lent que l’Etat ne peut se permettre.
Alors que les exigences d’un pays comme l’Algérie qui aspire à assumer des rôles stratégiques et les défis qu’il doit relever recommandent du mouvement, de la cadence soutenue et de la rapidité dans l’action. En termes concrets, les quatre années qui s’écoulent sont fortement marquées par une incohérence manifeste doublée d’une instabilité gouvernementale.
Trois Premiers ministres se sont succédé au palais Docteur Saadane, dont un a été éjecté non sans fracas. C’est le moins que l’on puisse dire. S’ils se réclament tous du programme du Président, les gouvernements successifs mènent, dans un cafouillage sans précédent, des politiques opposées les unes aux autres. L’improvisation prend le pas sur la réflexion stratégique. La haute administration est gagnée par la léthargie, l’absence d’initiative et surtout le manque d’innovation.
En bas, les corps intermédiaires sont livrés à la vindicte, parce que les interlocuteurs politiques ne sont plus porteurs de réponses fiables. Les arbitrages sont rarement rendus à temps. Les instruments de régulation traditionnels n’opèrent plus. La tergiversation est devenue le marqueur de la gouvernance du 4e mandat.
Ce n’est pas un fait inédit. Une constante. Mais le plus désastreux des ratages du quinquennat en cours s’exprime à travers l’incertitude politique dans laquelle est plongé le pays. L’exercice qui tire à sa fin peine à préparer l’avenir dans l’assurance nécessaire. Personne ne sait de quoi demain sera fait. C’est le brouillard total. La visibilité est nulle. Pas de quoi rassurer les forces politiques, économiques et sociales.
L’ambiance nationale est au doute.
Le corps social est habité par la peur. C’est à cela justement que se mesure le succès ou l’échec d’un mandat politique exercé au plus haut niveau de la République. Le bilan politique du règne de Abdelaziz Bouteflika et de ses équipes souffre d’un handicap majeur. Celui de n’avoir pas préparé les conditions politiques saines pour aborder le prochain quinquennat. Celui de n’avoir pas osé le pari de la démocratie. C’est l’échec d’un homme et d’une équipe. Et par dessus tout, la faillite d’un système qui a infligé au pays une défaite dont il ne se relèvera que difficilement.
**Hacen Ouali / el Watan / mardi 17 avril 2018
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Pouvoir en panne… société bloquée
Une autre présidentielle approche. En temps normal et dans des pays «normaux», ce rendez-vous est censé provoquer de grands débats sur une avalanche de changements, aussi bien dans les stratégies que dans les mécanismes de gouvernance, mais aussi et surtout de profonds changements dans les comportements et attitudes des gouvernants à l’égard des citoyens.
Mais aucun indice ne se décline à l’horizon pour nous faire croire que le pouvoir envisage de changer de méthodes, de logique ou encore de système de prise de décision.
Il est ainsi impératif, aujourd’hui, d’appeler à initier des débats autour de questions-clés, à savoir : comment sortir le pays de ce système totalement caduc, et par quoi et comment le remplacer.
Comment réorganiser l’économie pour redresser les déséquilibres et les dysfonctionnements ? Comment annihiler les nombreuses maladies qui rongent ce système, dont notamment la logique monopolistique, la médiocrité et la corruption ?
A vrai dire, rien ne motive ni ne contraint le pouvoir à changer. Les partis politiques, la société civile et l’«élite», sous ses différentes composantes, n’ont jamais montré une quelconque capacité d’action ou d’influence qui puisse inquiéter le pouvoir. Cependant, certaines analyses démontrent que le pouvoir lui-même n’a plus aucune capacité à changer, ou à proposer une autre alternative. Donc le pouvoir est en panne, mais la société, aussi, est bloquée.
Le changement est pratiquement impossible
Les indices et signaux qui se dessinent à l’horizon nous font croire que le changement est devenu impossible, car le pouvoir, ses sbires, la majeure partie de ses cercles d’intérêt et toutes les forces de l’inertie, sont aujourd’hui les principaux facteurs de cette panne.
Le discours de l’ancien Premier ministre, M. Tebboune, qui avait osé parler de thèmes jamais évoqués auparavant par le pouvoir, notamment la séparation entre le pouvoir et l’argent, a été une parenthèse, un feu de paille qui n’a duré que quelques semaines. Ce discours, à la fois singulier et révélateur d’une dérive décriée au sein même du sérail, démontre d’abord que, quelque part, il y a encore une possibilité que des «fuites» en interne nous permettent de mettre le doigt sur les maux qui le rongent. Mais le pouvoir est vite revenu à ses constantes et à ses équilibres possibles.
Pourtant, le discours de M. Tebboune ne pouvait nullement être considéré comme une nouvelle approche ou un nouveau choix politique, non pas en raison des luttes de clans, mais parce qu’en vérité, le pouvoir n’a plus la capacité de produire un autre discours, un autre raisonnement politique, encore moins une nouvelle offre politique. Les mots, la terminologie politique, les quelques concepts que le discours officiel emploie, au demeurant avec beaucoup de maladresse, ne reflètent que rarement leur vrai sens.
«Quand les mots perdent de leur sens, c’est l’homme qui perd de sa liberté», a dit Confucius.
Où va le pouvoir ? Où se dirige le pays ?
Aujourd’hui, il y a un large consensus sur une conclusion : l’objectif unique du pouvoir c’est de garder sa mainmise sur l’Etat et sur la richesse. Mais il est maintenant évident qu’il souffre de problèmes majeurs. Il n’a plus ni la légitimité, ni les moyens financiers suffisants, ni la compétence, ni la capacité, même technique, à gérer et à produire des solutions à ses propres problèmes. Par sa logique, le pouvoir se retrouve dans un engrenage duquel il lui est difficile de sortir, encore moins de changer de cap et de direction. De ce fait, il n’a qu’une seule issue : poursuivre sa fuite en avant.
Il est un fait notoire, aussi, que le pouvoir fait asseoir son autorité sur deux facteurs essentiels :
- la rente, surtout accaparer le plus gros «morceau» de cette rente et veiller à le transférer vers ses tentacules, ses ramifications et ses cercles clientélistes, les transferts sociaux passeront en second lieu ;
- le pouvoir de coercition : autrement dit, la capacité de réprimer toute tentative de perturbation de «l’ordre établi».
Tout le reste, essentiellement la nature des rapports qu’il entretient avec les citoyens, est source de crises.
Le pouvoir ne peut pas, aujourd’hui, prétendre que sa légitimité est sans faille. Il ne peut pas prétendre ignorer comment il a toujours «gagné» les élections. Il ne peut pas ignorer les taux effectifs de participation aux élections. Il ne peut pas faire semblant de dissimuler l’étroitesse de sa base sociale et ses manœuvres, de plus en plus visibles, pour décrédibiliser la quasi-totalité des acteurs politiques.
Il ne peut pas ignorer sa responsabilité dans le fait que le pays est aujourd’hui le théâtre de la médiocrité généralisée, du vide politique et de l’absence d’alternatives salutaires.
L’un des problèmes majeurs de ce pouvoir est d’abord son incapacité à mener le pays vers une nouvelle offre politique qui puisse répondre aux exigences des changements et des évolutions. En conséquence, la dégradations et même la déliquescence de l’Administration et des instruments de l’Etat deviennent légion et participent activement à «enfoncer» le pays dans une gabegie sans précédent.
Tout porte à croire que les hommes du pouvoir sont aveuglés, ils nient l’existence d’une crise multidimensionnelle, le blocage total du pouvoir et de ses instruments, ils sont surtout confortés dans leur aveuglement par l’absence de mouvements politiques et sociaux efficaces, capables de changer les rapports de force.
En parallèle, le pouvoir a détruit tous les outils de médiation et de représentation sociale, il a empêché les partis et les associations d’avoir des rapports normaux avec la société, il monopolise tout, il favorise les voies de la médiocrité et chasse toute intelligence, il empêche de plus en plus l’expression libre, et, tout en étant sourd aux revendications de la société, il excelle dans l’amplification des voix des clientélistes, qui usent à volonté et sans gêne aucune de formules de sublimation du genre «fakhama» et «maâ’li».
Une nouvelle terminologie d’entrisme s’impose ainsi dans un pays où l’on désignait, il y a trois décennies à peine, le chef de l’Etat par «le frère Président». De ce fait, et en l’absence de moyens crédibles pour structurer la société et lui permettre de défendre ses intérêts, ses convictions et ses revendications, le pouvoir pousse la société à s’exprimer dans la rue, par les moyens de «la rue».
Il est clair que la société, qui a pris ces dernières décennies beaucoup d’élans d’ouverture sur le reste du monde, bénéficie probablement de beaucoup d’autonomie. L’équation se complique donc et laisse présager des lendemains de plus en plus sombres.
Le double monopole
Certains écrits et analyses parlent d’«alliance du pouvoir avec les oligarques de l’argent», mais à vrai dire, ce n’est pas d’alliance qu’il est question ici, il s’agit tout simplement de l’autre facette du pouvoir, de l’une de ses ramifications, l’une des déviations et l’une des dérives dans le parcours de ce système. Résultat inévitable : nous vivons un double monopole, celui du pouvoir et celui de l’argent.
A propos d’argent, il souffre de deux «maladies» incurables.
A l’exception de quelques success- stories, l’écrasante majorité des détenteurs de ce pouvoir manque d’abord de culture capitaliste, de savoir-faire, donc de mérite. Cette «caste» manque aussi et surtout de légitimité.
Elle jouit de monopole de façon ostentatoire. Elle fait partie des instruments du pouvoir, et, de ce fait, elle ne peut jamais être un facteur ou un vecteur de changement, même d’ordre libéral !
Les questions qui se posent aujourd’hui sur «le partage» du pouvoir, ou de qui décide du maintien du statu quo ou de qui décide d’aller vers un changement, n’ont pas beaucoup d’importance, dans la mesure où le blocage est général et n’offre aucune visibilité sur de telles perspectives.
Donc, quel que soit celui qui décide, le Président ou d’autres «décideurs», le changement devra passer, de prime abord, par la «négociation» d’une nouvelle offre politique, sur la base d’un nouveau consensus national, car le monopole du pouvoir et de la richesse et les dérives politiques et morales qu’il a engendrées, notamment pendant les deux dernières décennies, mèneront fort probablement vers de dangereuses ruptures.
Le monopole engendre la corruption
Le monopole du pouvoir et de l’argent engendre forcément la corruption et mène assurément à l’élargissement du champ du non-droit. Ibn Khaldoun a montré, depuis des siècles déjà, que la déliquescence de l’Etat commence toujours par la désintégration de la «açabiya», qui veut dire, de nos jours, l’unité nationale ou le ciment qui unifie une communauté, et puis la généralisation de la corruption, de l’argent sale mal acquis, et la dilapidation de la richesse, ce qui mène à l’effondrement de l’Etat, politiquement et économiquement. Plusieurs indices indiquent que cette hypothèse n’est pas à écarter.
Aujourd’hui, le pouvoir est à la croisée des chemins, deux choix s’offrent à lui :
- le changement, pour reconstruire un nouveau consensus national,
- le maintien du statu quo, avec le risque de tout perdre, la stabilité, l’unité et même l’Etat chèrement acquis.
Le statu quo peut se traduire par un autre mandat pour le président Bouteflika, ou même par le choix d’un autre candidat, jouissant de la bénédiction de ce pouvoir, qui ferait tout pour lui offrir la garantie de remporter les élections et lui déléguer le pouvoir.
Sauver le pouvoir ou sauver l’état ?
Faut-il sauver le pouvoir ou sauver l’Etat ? La réponse est claire, voire évidente. Une autre question s’incruste : L’Etat serait-il en danger ? Oui, il peut être en danger si l’élite gouvernante ne s’inquiète que de son pouvoir, des intérêts de ses clans. En d’autres termes, trop de pouvoir tue le pouvoir. Ceux qui essayent de faire peur aux Algériens en brandissant le danger qu’encourt la stabilité -comme si tout appel au changement était source d’instabilité- feignent d’ignorer que le danger vient du monopole du pouvoir et de la richesse, du règne de la médiocrité, de la déliquescence de l’administration de l’Etat et de leur aliénation et de l’absence de toute volonté d’envisager de nouveaux rapports avec les Algériens.
Le plus grave est de constater que le mal est profond. Ce n’est pas seulement l’élite du pouvoir qui est en panne, ce n’est pas seulement l’impuissance de cette élite qui explique cet état de fait. Le pouvoir et la manière de l’exercer font partie des données de cette situation. Cependant, par son archaïsme, par la médiocrité de ses acteurs, par l’absence de la volonté de changer ou de mobiliser l’intelligence nationale pour inverser la tendance de la décadence, il contribue à faire durer cet état de fait.
Les analyses explicatives produites en Occident se partagent généralement en deux principales logiques : la logique «culturaliste» et la logique «exceptionaliste».
En effet, dire que dans la culture de cette région il y a des blocages épistémologiques peut être tendancieux, car le problème ne réside pas essentiellement dans la culture elle-même, comme il n’y a rien d’exceptionnel. Le problème résiderait dans la décadence et dans la reproduction de cette décadence, qu’elle soit volontaire ou non. Notre société est bloquée depuis des siècles.
La civilisation à laquelle nous appartenons semble traîner deux problèmes auxquels nous n’avons jamais trouvé de solutions : la question du pouvoir et celle de la femme. Manifestement, il est impossible de régler l’un des deux problèmes sans avoir réglé l’autre.
Un pouvoir archaïque ne peut en aucune manière mener une société à la modernité. Reproduire la décadence et le sous-développement ne veut pas seulement dire refuser le changement, mais signifie aussi être entraîné dans un engrenage infernal, et la fin de sa course ne peut être que la fin d’un régime, d’un système et d’une logique d’Etat-pouvoir. Mais la fin de la course, de cet engrenage peut arriver de deux manières, volontaire ou objective, et cette dernière peut, elle aussi, se manifester de manière ordonnée, ou, au contraire, d’une manière anarchique et violente.
Il nous faut changer au moindre coût, pour le pays et pour le peuple, afin que nous puissions établir un Etat fort et un pouvoir soumis à la loi, des institutions fortes et des appareils compétents au service de l’Etat.
Les grands hommes proposent à leur peuple un destin, quant aux autres, ils ne suggèrent que des desseins et, malheureusement, nous en sommes encore à ce stade.
Par cette forme d’exercice du pouvoir et le monopole qui la renforce, le destin forgé par les hommes de Novembre, le consensus que la Révolution a édifié et la légitimité qu’elle a procurée aux élites qui ont dirigé le jeune Etat indépendant, se sont complètement désintégrés. Il est impératif donc, de reconstruire un autre consensus national.
C’est ce qui amène à soutenir l’idée suivante : Soumettre le pouvoir à un vrai contrôle, voire l’affaiblir ou le rendre redevable à l’égard de la loi et de la société, est une condition préalable à l’établissement d’un Etat fort. Telle est la règle sans laquelle le pouvoir maintiendrait un caractère archaïque et portant tous les traits de la décadence. Il est ainsi aisé de soutenir que, sans la construction d’un Etat fort qui organise la volonté nationale, rien ne sera possible. Mais que faut-il changer ? In fine, la nature des rapports entre le pouvoir et les citoyens.
Pour y parvenir, il nous faut, d’abord, changer l’équation selon laquelle la gouvernance s’exerce en changeant les constantes de la régulation interne du système et les mécanismes de prise de décision, et surtout, en abandonnant les deux règles archaïques de la gouvernance : d’une part, cette règle anachronique qui consiste a détruire toutes les élites qui ne sont pas directement issues du pouvoir et qui ne dépendent pas de lui, afin qu’elles ne se cristallisent pas autour de centres autonomes. Et d’autre part, cesser d’empêcher l’institutionnalisation du pouvoir afin que «ceux» qui le délèguent puissent le retirer à tout moment. Entre les différents systèmes politiques en vigueur, il y a en fait une seule différence : c’est la capacité à mobiliser l’intelligence.
Et pour ce faire, l’humanité n’a pu produire de meilleur que le système démocratique. Le pays a besoin de toute l’intelligence que la société recèle, les différents défis ont besoin de mobiliser cette intelligence, de mobiliser le savoir et d’organiser tout ce qui nous permet de dépasser cette médiocrité qui handicape l’Etat. C’est probablement la clé qui permettra de dépasser cette décadence, les blocages de la société et la panne du pouvoir.
Quant aux détails, ils font partie, dans beaucoup de cas, de manipulations ou de gestions et, de ce fait, ils ne sont que rarement importants, car ils se limitent aux questions de politique politicienne qui faussent délibérément les analyses et suggèrent des conclusions sans issue.
*Par Mostafa Hemissi -Journaliste, écrivain
**contribution EL Watan – mercredi 16 mai 2018
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Y a-t-il des prétendants à la Présidence ?
lundi 12 mars 2018
Fait aussi curieux qu’inquiétant, à une année de la présidentielle, la classe politique ne donne pas l’impression d’être emballée par ce rendez-vous décisif pour la nation.
Une présidentielle mystérieuse. Chargée d’énigmes. Une situation politique drôlement anormale. A seulement une année de sa tenue, l’élection présidentielle d’avril 2019 présente toutes les caractéristiques faisant d’elle une épreuve aussi délicate qu’embarrassante.
Pour le pouvoir en place, tout comme pour l’opposition et ses probables prétendants. Il y a comme un malaise qui domine la classe politique, pour le moins hésitante.
Un étrange paradoxe. En lieu et place d’une dynamique qu’elle devrait susciter, c’est la passivité qu’elle a provoquée. Sinon comment expliquer son «refus» de s’engager pleinement dans le débat présidentiel et de créer, voire d’imposer les conditions nécessaires pour l’organisation du scrutin à la hauteur des défis auxquels fait face le pays et par-dessus tout démocratiques.
Excepté quelques «polémiques» à la marge ayant pour but de créer de la diversion, la vie politique est plombée. Une glaciation. Conséquence directe d’un 4e mandat présidentiel quasi nul, mais qui finit par achever les dernières possibilités de mobilisation politique.
La reconduction de Abdelaziz Bouteflika en 2014 dans des conditions très controversées était un ultime acte dans la «pacification». Un coup de grâce. Depuis, la classe politique — le pays avec — peine à se relever. Elle n’a fait que différer la solution à la crise. Le jeu politique se déroule dans le pervers huis clos du sérail prenant en otage les élites politiques et économiques. Le sort de tout un pays est suspendu à une phrase qui pourrait débloquer ou aggraver la situation.
Bouteflika briguera-t-il un 5e mandat ou non ? Le mystère est total, même si les conditions dans lesquelles évoluent le pays et son environnement immédiat imposeraient une sortie par le haut. Un autre mandat présidentiel pour l’actuel locataire d’El Mouradia ne saurait constituer une réponse pouvant permettre à l’Algérie de sortir de l’impasse.
Il apparaît de plus en plus que les différents détenteurs du pouvoir n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la marche à suivre, encore moins sur celui qui va l’incarner.
Le seul consensus est de ne rien engager et jouer sur le temps. Un temps pourtant qui presse. Mais par calcul tactique de pouvoir, annoncer que le chef de l’Etat ne rempile pas c’est courir le «risque» de voir tous les séides quitter le navire, tant le «soutien inconditionnel» voué au Président relève plus du «clientélisme que de la conviction», comme l’assure un analyste du régime. Le bruit de retournement de veste(s) se fera fortement entendre. Un classique des mœurs politiques en vigueur au sein du système de pouvoir. Les Bouteflika ne le savent que trop bien.
Pour l’heure, aucune tête ne dépasse au risque d’être coupée. D’évidence, cette situation pèse lourdement sur les protagonistes du pouvoir soumis à une pression sociale sans précédent et menacé par une crise économique aux conséquences incertaines. Ils se sont pris dans leur propre piège.
Non seulement par manque de volonté politique, mais aussi par méfiance interne, et incapacité à mettre en place les instruments de négociation. «Ils ne veulent pas par conservatisme et ils ne peuvent pas par peur d’un changement incontrôlé», commente un ancien transfuge du régime. L’improvisation avec laquelle sont gérées les affaires publiques est la preuve matérielle de l’immobilisme qui frappe les institutions.
Les candidatures
Ce qui fait dire à Saïd Sadi que «l’Algérie ne vit pas une crise politique» mais «s’abîme dans une impasse historique». Un cinglant jugement qui va non sans interpeller l’opposition dans son ensemble et sa responsabilité historique à briser ce mur de Berlin politique algérien. Ses principaux acteurs eux aussi fondent leurs analyses en initiatives sur l’état de l’évolution des rapports de force et des intentions au sein du sérail.
D’où l’expectative observée par nombre de potentiels prétendants. Hésitants et méfiants. Echaudés par les malheureuses expériences passées, les Hamrouche, Benflis, Benbitour, Hanoune, Ghozali et bien d’autres personnalités d’envergure observent, scrutent et sondent sans se lancer dans la bataille au risque de se faire «carboniser» avant l’heure. Ils sont dans une «opération de séduction et de négociation à distance avec des cercles du pouvoir, multipliant les messages chiffrés», mais sans grande capacité à peser sur les choix à opérer.
Certains d’entre eux ayant longtemps côtoyé le régime savent que rien ne peut être entrepris sans un «signal fort venant d’en haut». Mais jusqu’à quand ? «Une année c’est peu, mais c’est beaucoup aussi. Tout peut se passer d’ici la fin de l’année, mais le pays ne peut plus tenir», considère un ancien candidat à la présidentielle.
Eclatée et déchirée en raison d’une guerre post-multipartisme, l’opposition dans ses différents courants a eu toutes les peines du monde à forger une alliance en vue d’engager un dialogue en position de force avec le pouvoir autour de la transition démocratique. Le bloc de Mazafran né en 2014 n’a pas tenu longtemps.
Il a explosé en plein vol. L’opposition politique s’est fragilisée davantage. Il est difficile en l’état actuel des choses qu’une ou des candidatures de ce camp puissent incarner un mouvement de changement. De toute manière, le pouvoir qui demeure seul maître du jeu ne saurait tolérer une telle option.
Elle serait vigoureusement combattue. Mais, en fragilisant l’opposition, le pouvoir s’affaiblit. Il ne vaut que par la puissance de son opposition. C’est là où réside l’impasse. «L’échec national, les tensions régionales et les défis de la mondialisation imposent la rénovation», préconise l’ancien chef du RCD, non sans tenir compte de la difficulté de la tâche. «Le chemin n’est pas simple. Les obstructions du pouvoir et les tergiversations d’opposants qui peinent à s’extraire du clientélisme font synergie pour entretenir la paralysie.
Le débat sur la procédure est ouvert, c’est la substance même des échanges à venir. Il est cependant possible de cocher les erreurs et fautes du passé. Dans cette période où l’histoire algérienne vacille, cela est déjà important», espère-t-il. L’élection présidentielle de 2019 devrait constituer le point de départ pour ouvrir au pays la voie du développement politique. D’où l’urgence d’entrer dans le vif du sujet présidentiel. **Hacen Ouali / el watan / lundi 12 mars 2018
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