*Questions sur l’atome, le nucléaire et la radioactivité

 *Les grandes puissances nucléaires se posent des questions sur l’atome

*Après la catastrophe au Japon

La centrale nucléaire de Temelin, en République Tchèque, le 14 mars 2011

*La radioactivité, c’est pire qu’un tsunami ….Un tsunami est visible. Là on ne voit rien.

Dans le nord-est du Japon, les rescapés du tsunami vivent désormais dans la peur d’un accident nucléaire majeur et beaucoup n’ont plus confiance dans les informations données par les autorités, qui leur parviennent en outre de manière parcellaire ou déformée.La radioactivité «c’est pire qu’un tsunami. Un tsunami est visible. Là on ne voit rien», s’alarme Hiromitsu Miyakawa, un commerçant de Kesennuma, l’une des villes les plus touchées par la vague dévastatrice. «Les radiations font extrêmement peur», ajoute-t-il.Kesennuma est situé à plus de 150 km de Fukushima. La ville est donc très éloignée de la zone d’exclusion de 20 km autour de la centrale dont les habitants ont été évacués.

«Le gouvernement ment»

Mais, traumatisés, sans domicile et contraints à trouver un nouveau départ dans la vie, de nombreux survivants du tsunami du 11 mars manquent d’informations sur le monde extérieur et peinent à comprendre les dangers et les conséquences des fuites radioactives.

Teechi Sagama, un directeur d’école du petit port de Miyako, exprime ainsi sa frustration devant les déclarations à ses yeux confuses et contradictoires des autorités. «Je veux juste que le gouvernement nous dise la vérité», réclame-t-il.

Un peu plus loin au sud à Rikuzentakata, une localité rayée de la carte par la catastrophe, Shiori Hosoya, 18 ans, se méfie encore davantage des propos rassurants tenus par les dirigeants du pays. Pour cette jeune femme, «le gouvernement ment. Tous ces experts qu’il fait parler pour expliquer ce qui se passe ne sont que des vieux qui racontent ce que le gouvernement veut bien entendre». «Ils affirment que ça ne sera pas comme à Tchernobyl, mais c’est vraiment effrayant.»

Des informations déformées

Vendredi, l’agence japonaise de sûreté nucléaire a relevé de 4 à 5 sur une échelle de 0 à 7 la gravité de l’accident de la centrale de Fukushima, ce qui en fait, avec celui de Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979, le plus grave dans le monde après celui de Tchernobyl.

A la peur et à la méfiance s’ajoute le fait que les survivants du tsunami n’ont souvent que des informations de seconde ou de troisième main. A cause de l’absence d’électricité dans les zones détruites, très peu d’entre eux ont accès à la télévision, tandis que la diffusion des journaux est également aussi très perturbée.

Les nouvelles se propagent donc par le bouche à oreille et peuvent donc facilement être déformées ou exagérées. Une série de courriels diffusés par téléphone portable a évoqué la formation d’un nuage très hautement radioactif et mis en garde la population contre des pluies toxiques.

Manque de transparence de Tepco

Un autre courriel laissait entendre que le gouvernement aurait dit aux dirigeants des plus grandes entreprises japonaises de quitter le pays et que des niveaux de radioactivité mortels ont été relevés à Tokyo. «Ce qui est effrayant c’est de ne pas savoir ce qui se passe vraiment», selon Hiromitsu Miyakawa, le commerçant.

Taizo Tanisawa, qui a perdu sa maison et s’est porté volontaire pour distribuer de l’eau et des repas chauds aux réfugiés, trouve lui aussi que les explications du gouvernement manquent de clarté. «Nous sommes inquiets et ne savons pas si nous devons rester ici ou partir. J’aimerais que le gouvernement nous donne des réponses, mais il ne le fait pas.»

Enfin, le manque de transparence dont Tepco a fait preuve par le passé ne peut que renforcer la défiance vis-à-vis de l’opérateur. En 2002, il avait reconnu avoir maquillé un rapport sur la sûreté des centrales à eau bouillante, ce qui avait conduit à l’arrêt pour inspection de 17 réacteurs, dont ceux de Fukushima. (AFP-19.03.2011.)

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 Des rescapés font la queue pour récupérer de l'eau potable à Kesennuma, dans la préfecture de Miyagi au Japon, le 18 mars 2011.

 *Des rescapés font la queue pour récupérer de l’eau potable à Kesennuma, dans la préfecture de Miyagi au Japon, le 18 mars 2011

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*des questions sur l’atome 

La catastrophe nucléaire actuellement en cours au Japon n’a pas laissé les grandes puissances sans réaction, relançant dans le monde et en particulier en Europe le débat sur la pertinence du nucléaire. Nicolas Sarkozy envisage ainsi d’organiser en avril une réunion des ministres de l’Économie et de l’Énergie du G20 sur les questions énergétiques pour tirer notamment les leçons de la crise nucléaire japonaise. De la confiance à la marche arrière, tous les pays ne réagissent en effet pas de la même manière. France
Deuxième puissance nucléaire au monde derrière les Etats-Unis, la France produit 74% de son électricité grâce à l’énergie nucléaire de 19 centrales, dotées de 59 réacteurs. Les plus vieux sont en cours de démantèlement, mais seront remplacés par d’autres à l’horizon 2030. Si le gouvernement s’est dit ouvert à un audit sur les centrales françaises, Nicolas Sarkozy a indiqué lundi qu’il n’était «évidemment pas question de sortir du nucléaire» pour la France qui a, selon lui, le parc «le plus sécurisé».
Italie
L’Italie, qui connaît une forte activité sismique, est l’unique Etat membre du G8 qui n’exploite pas l’énergie nucléaire. Malgré la catastrophe japonaise, le gouvernement italien n’a pas l’intention de renoncer à son projet de relance de la filière nucléaire, a annoncé lundi la ministre de l’Environnement, Stefania Prestigiacomo. Le président du Conseil, Silvio Berlusconi, a l’intention de développer la filière pour qu’elle produise à terme un quart de l’électricité nationale. Un référendum sur la mise en chantier de centrales nucléaires devrait avoir lieu dans le courant de l’année.
Pour le moment, d’autres pays fortement nucléarisés comme les Etats-Unis (104 réacteurs nucléaires), la Grande-Bretagne (27 réacteurs nucléaires), ou la Corée du Sud (21 réacteurs nucléaires) n’ont donné aucun signe de recul non plus.Les pays qui s’interrogentRussie
Le Premier ministre Vladimir Poutine a demandé ce mardi une analyse de «l’état actuel des centrales nucléaires et les perspectives pour l’avenir». A l’heure actuelle, la Russie exploite dix centrales nucléaires dotées de 30 réacteurs nucléaires.
Afrique du sud
L’Afrique du Sud ne dispose à ce jour que d’une seule centrale nucléaire. Le pays, qui dépend à plus de 90% du charbon pour sa production d’électricité, prévoit de porter à 14% d’ici 2030 la part de son énergie apportée par le nucléaire. Cependant, la situation de risque atomique au Japon pourrait peser sur la décision de bâtir de futures centrales en Afrique du Sud, a déclaré ce mardi la ministre sud-africaine de l’Energie, des propos qui font planer un doute sur le récent partenariat nucléaire de Pretoria avec la France.
Les pays qui font marche arrière Allemagne
L’Allemagne dispose de 12 centrales nucléaires. Il y a une douzaine d’années, le chancelier Gerhard Schröder avait décidé l’arrêt progressif de leur exploitation, mais le gouvernement Merkel l’avait prolongé d’une dizaine d’années l’an dernier. Face à la situation japonaise, la chancelière s’est ravisée, décidant lundi de suspendre l’accord prolongeant la durée de vie des centrales nucléaires en Allemagne. Les centrales qui auraient dû cesser de fonctionner dans les trois mois lorsque l’accord de prolongation a été conclu en 2010 vont finalement être fermées, a précisé Angela Merkel. Cette dernière n’en est pas restée là puisqu’elle a annoncé ce mardi que les sept centrales nucléaires entrées en service en Allemagne avant 1980 allaient être provisoirement arrêtées. Elle a ajouté que l’ensemble des réacteurs allemands allaient subir des vérifications et que toutes les questions soulevées par la sécurité des centrales devraient avoir été examinées au plus tard le 15 juin.
Suisse 
La Suisse compte cinq centrales nucléaires, qui génèrent environ 40% de la production d’électricité du pays. Mais trois d’entre elles verront leur exploitation arriver à échéance dans quelques années et des groupes privés ont déposé des demandes de construction pour leur remplacement. Cependant, la Suisse a décidé lundi de suspendre les procédures en cours concernant ces trois demandes. (20Minutes avec Reuters-15.03.2011.)
*Questions sur l'atome, le nucléaire et la radioactivité 

**des retombées radioactives dans l’hémisphère Nord
 «La France a de fortes probabilités d’être touchée à son tour»
«La catastrophe nucléaire qui se déroule en ce moment au Japon, démontre malheureusement la réalité des dangers des installations nucléaires», écrit ce mardi le le groupe Europe Écologie Les Verts du Rhône dans un communiqué. Les élus demandent à l’Etat «la fermeture des centrales les plus anciennes: Fessenheim en Alsace, construite en 1977, et le Bugey, construite en 1979 et située à 35km de Lyon». «Après les accidents survenus aux USA, puis en Ukraine et maintenant au Japon, la France a de fortes probabilités d’être touchée à son tour», estiment les écologistes du Rhône. -«Il pourrait y avoir des retombées radioactives dans l’hémisphère Nord et en petite partie en France mais sans risque sanitaire», a dit NKM lors de son audition en Commission à l’Assemblée nationale..

**Le chef de l’AIEA parle d’une situation «très grave» au Japon
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, parle de la situation à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Le Japonais, qui a l’intention de se rendre jeudi dans son pays d’origine pour un voyage de 24 heures, a par ailleurs estimé que Tokyo ne donnait pas assez d’informations sur cette crise nucléaire.
Il a confirmé que les coeurs des réacteurs n°1, 2 et 3 de la centrale étaient touchés.

**L’inquiétude grandit sur le sort de la cinquantaine de personnes qui travaillent encore sur la centrale de Fukushima et qui tentent de refroidir les réacteurs. Le réseau Sortir du nucléaire, qui regroupe plusieurs centaines d’organisations anti-nucléaires en France, estime que leur travail s’apparente à des «missions suicides». Depuis lundi, les autorités nucléaires françaises pointent les risques «fous» que les travailleurs japonais encourent. «Les niveaux de radioactivité sur le site atteignent désormais des niveaux importants qui mettent en danger les intervenants sur le site», a déclaré mercredi Olivier Gupta, directeur général adjoint de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lors d’un point de presse à Paris. Pour la Commission indépendante de radioprotection française (Criirad), les «quelques 50 travailleurs encore présents sur le site sont exposés à des doses potentiellement mortelles».

**Tokyo, mégalopole fantôme
Tokyo n’est plus la mégapole vibrionnante qu’elle était vendredi matin, avant le séisme qui a dévasté la côte nord-est du Japon, constatent les journalistes de Reuters. La menace d’une catastrophe nucléaire à moins de 250 km ont fait de certains quartiers des zones fantômes. Certains Tokyoïtes ont quitté la capitale japonaise. Les files d’attente s’allongent aux guichets des aéroports. Les sushis et bars à nouilles, qui fourmillent habituellement d’hommes d’affaires, sont vides. Beaucoup d’écoles sont fermées. Les entreprises laissent leurs employés chez eux. Les autres ont fait des stocks de nourriture et se barricadent chez eux. Tokyo, l’une des villes les plus peuplées et les plus denses du monde, se recroqueville.

**Une «catastrophe incommensurable» 
Dans un communiqué, Jean-Luc Bennhamias parle de «catastrophe incommensurable qui se déroule devant nos yeux». «Clairement, ce qui vient de se passer au Japon remet totalement en cause l’avenir au niveau mondial des filières nucléaires connues aujourd’hui et oblige à un débat général sur les perspectives de production énergétiques mondiales», assure le député européen du Modem. 

**Des secouristes britanniques quittent l’archipel
Selon la BBC, les secouristes britanniques de l’ONG International Rescue Corps ne peuvent travailler et quittent l’Archipel. Raison avancée: L’ambassade britannique à Tokyo ne veut pas être responsable de leur sécurité. 

**La neige complique les opérations de secours dans le Nord-Est
Les régions dévastés du nord-est sont actuellement frapées par de fortes chutes de neige, qui compliquent d’autant les opérations de secours déjà difficiles. Les températures ont chuté jusqu’à zéro degré dans les départements d’Iwate, Miyagi et Fukushima, et pourraient baisser encore jusqu’à -5 degrés jeudi.

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 Pour la Criirad, «il y a toujours des événements qu’on ne peut pas anticiper»

 NUCLEAIRE – Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du laboratoire Criirad (centre de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité)…Y a-t-il un risque nucléaire en France?Bien sûr qu’il y a un risque, car toutes les activités  industrielles présentent des risques. Soit des risques d’erreur humaine, comme à Tchernobyl, où la première raison de la catastrophe était une violation des procédures, soit des catastrophes extérieures, un barrage qui s’écroule, un séisme, une inondation, un attentat. Les industriels du nucléaire doivent trouver des parades pour les risques les plus probables. Mais il y a toujours des évènements qu’on ne peut pas anticiper. Un exemple: en décembre 2009, à la centrale de Cruas (Ardèche), des masses d’algues charriées par le Rhône ont bloqué le pompage de l’eau nécessaire au refroidissement des réacteurs.La sécurité des centrales est-elle assez assurée?Les travailleurs du nucléaire sont sincèrement angoissés sur leurs conditions de travail. La maintenance se fait maintenant en sous-traitance. Ça a pour conséquence une dilution des responsabilités. Les chantiers de maintenance sont de plus en plus court, ils fonctionnent avec un personnel moins nombreux, et moins formé. La pression économique sur l’exploitation des centrales ne cesse de grandir.Le parc nucléaire français est-il trop vétuste?C’est un point d’inquiétude. Certaines pièces sont bien sûr remplaçables, et remplacées, mais certains installations sont usées par les radiations. Le constat n’est pas général, chaque installation a des points faibles différents. Ça peut être la résistance aux risques sismiques. Ou bien, la capacité des générateurs diesel à prendre le relais en cas de coupure d’électricité. Nous ne sommes pas prêts à répondre à une catastrophe. Lors d’un récent exercice d’évacuation à l’usine de Romans (Isère), les habitants du site n’ont pas évacué: ils n’avaient pas entendu la sirène d’alarme. (20Minutes-14.03.2011.)******************Et l’on découvre que les alertes nucléaires sont obsolètes Officiellement, c’est « un hasard » : l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN)-en France- a publié  jeudi matin ’17.03.2011.) un appel d’offres pour le « renouvellement du dispositif informatique de l’ASN dédié à l’alerte en cas d’urgence radiologique » sur le site gouvernemental consacré aux marchés publics. L’actuel, sous-dimensionné, rate des appels d’urgence !

Le service de communication de l’ASN, l’organisme chargé de gérer un éventuel accident nucléaire, nous a répondu que cet appel d’offres « n’a rien à voir » avec la catastrophe en cours au Japon. « Le renouvellement du système est planifié depuis début février », répond une attachée de presse. On veut bien la croire, puisqu’un dossier d’appel d’offres ne se constitue pas en trois jours. A le consulter attentivement, cependant, on tombe sur un paragraphe plutôt préoccupant, à la page 8 du dossier technique.

Ce passage décrit le fonctionnement du système d’alerte actuel, installé « pour des raisons historiques » au ministère de l’Economie, à Paris-Bercy :

« A ce jour, la cadence de réception des acquittements est d’environ 20 appels par minute. On remarque, dans les journaux du système, des communications manquées lors des appels émis dues à la saturation des lignes et on constate, dans les premières minutes après le déclenchement de l’alerte, une occupation des lignes lors de l’appel du numéro vert.

Une cadence d’émission et de réception supérieure devra donc être envisagée. »

 

En clair : le système actuel d’alerte est sous-dimensionné… Pour le remplacer, l’ASN « souhaite disposer d’un système d’alerte moderne, fiable et flexible ».

Entre les tests et les situations réélles, « le système est utilisé une vingtaine de fois par an » pour déclencher une alerte auprès de l’ASN, par des personnes travaillant directement dans la filière nucléaire (centrales, transporteurs, laboratoires de recherche), mais aussi par la police ou les pompiers, et par « tout professionnel détenteur d’une source radioactive soumise à autorisation d’exploitation ». Ce qui fait du monde.

Aucune date n’est annoncée pour le changement de système d’alerte : celui-ci devant être renouvelé (même s’il fonctionnera selon les mêmes process que l’actuel), les différents candidats au marché proposeront eux-mêmes un calendrier. (Rue89-17.03.2011.)

Ils doivent remettre leur offre avant le 9 mai, à 16h30.

 

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**Nucléaire dans le monde, mode d’emploi

 Porte de sécurité à l'usine nucléaire du Tricastin à Pierrelatte le 28 septembre 2010

 GLOSSAIRE – Uranium, fission, MOX… 20 Minutes décrypte avec Bertrand Barré, conseiller scientifique d’Areva, les principaux termes employés dans le monde du nucléaire et fait le point sur le nucléaire dans le monde…75% de l’électricité française est produite par le nucléaire. La France est le pays qui dépend le plus de cette énergie. Suivent la Lituanie (73%) et la Slovaquie (56%). En nombre de réacteurs ce sont les Etats-Unis qui en comptent le plus (104) devant la France (58) et le Japon (55). Il y a en tout 438 réacteurs à travers le monde.

Uranium enrichi: les centrales actuelles utilisent comme combustible de l’uranium, qui peut être soit naturel, soit légèrement enrichi. «L’uranium tel qu’on le trouve dans la nature comporte deux isotopes, l’U-235 et l’U-238. Les isotopes sont des noyaux qui ont le même nombre de protons (92) et un nombre différents de neutrons: 235 ou 238, donc. Celui qui fait le mieux la fission est l’U-235, or il n’y en a que 0,7% dans l’uranium. Il faut donc, via un procédé complexe, amener la proportion d’U-235 à 3,5-4% pour qu’il y ait fission».Fission: les centrales produisent de l’électricité à partir de la chaleur qui se dégage du phénomène de fission dans le combustible: «la fission est une réaction où un noyau lourd absorbe un neutron et se coupe en deux en dégageant beaucoup d’énergie et en émettant deux ou trois nouveaux neutrons. Après ces neutrons sont absorbés par de nouveaux noyaux ce qui provoque une réaction en chaîne. L’énergie de la fission est récupérée pour faire bouillir de l’eau à 300°, et la vapeur d’eau fait tourner une turbine qui fabriquera l’électricité.» Barres de contrôle: ou grappes de contrôle. Sous forme de crayons très longs, elles sont glissées à l’intérieur des crayons combustibles pour arrêter ou ralentir la réaction en chaîne.MOX: abréviation de «mélanges d’oxydes». Il s’agit d’un autre combustible nucléaire, un mélange d’oxydes d’uranium et d’oxydes de plutonium, fabriqué à partir des matières nucléaires recyclées, et utilisé en France dans 22 réacteurs. Il se compose du plutonium extrait lors du processus de traitement des combustibles irradiés, et mélangé avec l’uranium appauvri issu de l’étape d’enrichissement du combustible. La France en fabrique dans son usine de Marcoule, et en exporte, notamment pour le Japon.

Réacteurs à eau pressurisée: deux tiers des réacteurs dans le monde fonctionnent à eau pressurisée (REP). C’est le cas de la totalité des réacteurs français. Appelés de seconde génération, ces réacteurs sont de conception américaine. Ils ont fait leur apparition dans les années 1970-1980. « Il s’agit d’utiliser de l’eau pour refroidir le cœur du réacteur et ralentir les neutrons entre deux fissions. La réaction en chaîne ne peut en effet marcher que s’il y a de l’eau : les neutrons se déplacent à 20.000 km/s, en se cognant aux noyaux d’hydrogène ils vont retomber à 2km/s, ce qui sera beaucoup plus efficace pour être absorbé par l’U-235 et donc provoquer la fission. On appelle cela la modération.» Les centrales à eau pressurisée sont composées de deux circuits d’eau. Au sein d’un circuit primaire, l’eau sous forme liquide va tourner autour du cœur, et transférer sa chaleur à un deuxième circuit qui enverra la vapeur vers la turbine.»

Les réacteurs à eau bouillante (REB), représentent un quart des réacteurs dans le monde, et sont utilisés partiellement au Japon. « C’est le même système que les réacteurs à eau pressurisée, sauf que là il n’y a qu’un seul circuit d’eau. La vapeur est donc directement produite à la sortie du cœur. Une fois débarrassée de ses gouttelettes, elle est envoyée vers la turbine puis retourne dans le cœur. C’est un circuit fermé.» 62 réacteurs sont en cours de construction dans le monde : 27 en Chine, 10 en Russie, 5 en Inde, 5 en Corée du Sud. En France le projet de réacteur EPR à Penly doit être autorisé, ou pas, avant mars 2012. (20Minutes-15.03.2011.)

Bertrand Barré est l’auteur de l’Atlas des énergies mondiales, aux éditions Autrement.

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**Comprendre la radioactivité en cinq questions clés
 

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INFOGRAPHIES – De sa définition aux risques pour la santé, les réponses à vos questions. 

coeur-Alors que la situation est loin d’être stabilisée dans les centrales japonaises, Le Figaro fait le point sur le phénomène physique de la radioactivité et explique les conséquences des accidents nucléaires sur la santé humaine.

 

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• La radioactivité est-elle une création humaine ou bien existe-t-elle naturellement ? 

Oui, la radioactivité existe à l’état naturel. Au cœur des atomes, se trouvent les noyaux. Certains, plus fragiles que d’autres, se brisent spontanément (c’est la fission) en dégageant de l’énergie sous la forme de chaleur et de rayonnements. C’est cette énergie que l’on peut mesurer. Ce sont les rayonnements ainsi émis que l’on appelle la radioactivité. Même le corps humain ou les maisons de granit en Bretagne (3 mSv) en dégagent. Lors d’un voyage en avion, le rayonnement cosmique entraîne une irradiation de 0,05 mSv pour un aller-retour Paris-New York.

Les premiers effets émis par des sels d’uranium ont été découverts en 1896 par Henri Becquerel. L’année suivante, Marie Curie choisit ce sujet d’étude pour sa thèse. Elle travaillera la question avec son mari, Pierre. Tous les trois recevront le prix Nobel de physique en 1903 pour ces travaux. Depuis, l’homme s’efforce de domestiquer cette source d’énergie.

• Quelles sont les substances radioactives émises lors d’un accident nucléaire ? 

Dans un nuage issu d’un accident nucléaire, on trouve des substances volatiles liées à la fission au cœur du réacteur nucléaire. Ce sont principalement des molécules d’iode et de césium. Et ce sont elles qui ont le plus grand impact immédiat sur la santé. L’autre danger est lié aux rayonnements invisibles comme ceux provoqués par les particules alpha et bêta, et les rayonnements gamma (proches des rayons X). Ceux-ci sont d’autant plus dangereux que l’on est proche de leur source d’émission.

• Que devient le nuage radioactif ? 

Pour l’instant, contrairement à la catastrophe de Tchernobyl, les émissions toxiques des réacteurs accidentés ne sont pas montées très haut dans l’atmosphère. Les facteurs météorologiques, vent et intempéries, auront une influence capitale sur son devenir, dans le temps et l’espace. La composition précise du nuage en particules radioactives sera aussi déterminante: la quantité d’iode se divise par deux tous les huit jours, tandis que la période est de l’ordre de trente ans pour le césium. Pour l’Hexagone, les prévisions sont plutôt rassurantes. «Il est peu probable que cet événement (au Japon) ait des conséquences en France, néanmoins il a été demandé à l’IRSN de (le) vérifier par des calculs prenant en compte les scénarios les plus extrêmes», selon Olivier Gupta, directeur général adjoint de l’ASN, lors d’une conférence de presse. En revanche, «il y aura des particules détectées dans l’atmosphère dans le monde entier», a estimé mercredi Jacques Repussard, directeur de l’IRSN.

• Quelle est la différence entre irradiation et contamination ? 

Souvent confondus, ces termes sont pourtant bien distincts. L’irradiation est la conséquence directe d’une exposition externe d’un corps (qu’il soit vivant ou inerte) à des rayonnements ionisants. On parle en revanche de contamination quand un produit radioactif se dépose sur une personne ou un objet ou lorsqu’il est inhalé ou ingéré. Dans le cas d’une irradiation, l’effet cesse quand on éloigne l’objet ou la personne de la source de rayonnement.

En revanche, en cas de contamination, la production de radioactivité est continue et durable tant que la source de contamination n’a pas été éliminée. En cas d’accident nucléaire, les travailleurs sont surtout exposés aux irradiations. Les populations vivant à proximité des centrales risquent surtout une contamination, les particules radioactives pénétrant dans l’organisme par la peau ou par inhalation. La contamination peut aussi se faire indirectement par voie digestive, en ingérant des aliments contaminés.

• Quels sont les risques pour la santé ? 

Les conséquences pour l’organisme dépendent largement de la dose reçue. Celle-ci peut atteindre plusieurs sieverts pour les travailleurs proches du cœur des réacteurs des centrales. Sans traitement, l’exposition à une dose de 6 sieverts (Sv) est mortelle dans 100% des cas. Une exposition à des doses plus faibles, de l’ordre de un sievert, entraîne un syndrome d’irradiation aiguë.

Celui-ci se traduit par des vomissements dans les heures suivant l’irradiation, puis d’autres symptômes surviennent après une latence de quelques jours: fièvre, diarrhées, hémorragies, infections… Ces signes traduisent une destruction massive des cellules de l’organisme. Celles de la paroi digestive et de la moelle osseuse (précurseurs des globules rouges, globules blancs et plaquettes) sont les plus sensibles aux radiations. Les tissus embryonnaires et les organes reproducteurs sont aussi très radiosensibles, ce qui explique le risque de malformations fœtales, et de stérilité, chez l’homme comme chez la femme.

À long terme, après plusieurs années, un excès de cancers (leucémies, tumeurs de la thyroïde, des poumons) est observé. C’est la principale conséquence pour les populations vivant à proximité des centrales nucléaires. Le risque de cancer est proportionnel à la dose reçue: il apparaît pour une exposition supérieure à 100 mSv, et augmente de 5,5% par sievert.

Seules les tumeurs de la glande thyroïde peuvent être efficacement prévenues, par la prise précoce de comprimés d’iode. (Le Figaro-17.03.2011.)

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**RADIOACTIVITE – Quels sont les risques pour la population?…

 Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, au Japon, le 14 mars 2011.

**Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, au Japon, le 14 mars 2011.S’il est pour l’instant parti vers le large, le nuage émis par la centrale de Fukushima pourrait grossir avec de nouvelles émanations de vapeur dans les prochains jours, notamment à cause des piscines de stockage des combustibles en ébullition. On ne connaît pas encore la teneur en éléments radioactifs de ces nuages, mais déjà les niveaux de radioactivité augmentent dans les régions proches de la centrale.*Trente ans pour que le césium disparaissePour l’instant, «les vents dispersent des particules introduites dans l’atmosphère du site de l’accident vers l’océan, c’est-à-dire vers le nord-est et l’est de la centrale de Fukushima», a indiqué mardi l’Organisation météorologique mondiale. Ces particules, notamment l’iode et le césium, semblent se répandre à une faible altitude.Si on ne dispose pas à ce jour de données fiables sur la composition du nuage, on peut tout de même prévoir une contamination de l’environnement et des populations. «Le panache de radioactivité se disperse en fonction des vents et la radioactivité va décroître plus ou moins rapidement selon les éléments, indique à 20minutes.fr Bruno Chareyron, de la Criirad. Il faut environ huit jours pour que l’iode disparaisse, mais trente ans pour le césium-137.»Irradiation et inhalation, deux risques simultanés«Le problème, c’est qu’en même temps il y aura eu des dépôts secs par le simple effet de la gravitation, la pluie ou la neige, poursuit l’expert. Les personnes seront exposées aux deux phénomènes: l’irradiation quand le nuage passe au dessus de leur tête, et la contamination interne par inhalation des particules dans l’air et au sol.» La pluie ou la neige pourraient multiplier par cinq à dix la quantité d’éléments déposés. Et une fois les sols ou la mer contaminés, la chaîne alimentaire sera aussi atteinte. L’exemple du lait contaminé à l’iode-131 après la catastrophe de Tchernobyl prouve que les éléments radioactifs s’infiltrent dans tous les organismes vivants: herbe, animaux, arbres, etc.Difficile de se débarrasser des éléments tombés au sol. «Théoriquement on peut décoller les éléments radioactifs des toitures avec des lances à eau ou en décapant une couche de terrain, mais en pratique on n’a pas forcément les moyens de le faire, explique Bruno Chareyron. Et que faire ensuite de l’eau contaminée?»  (20Minutes-16.03.2011.)

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**Français et Anglais: «  nos dirigeants nous mettent en danger »

 

Plutôt que de choisir la sûreté et la protection des populations, c’est le risque délibéré qui est privilégié au bénéfice de l’industrie nucléaire.   La centrale nucléaire de Cruas la nuit, dans le Sud de la France, en avril 2011 (Benoit Tessier/Reuters).

La France et l’Angleterre font pression pour s’opposer à ce que de véritables « stress tests » soient menés sur les centrales nucléaires à l’échelle européenne. Cela témoigne non pas d’une inconscience qui serait déjà fautive, mais bien d’une mise en danger délibérée des populations européennes.

En effet, le refus de réaliser de véritables « stress tests » permettant de voir le comportement de nos installations nucléaires en cas de crash d’avions, d’erreurs humaines et pas seulement de catastrophes naturelles, est bien la preuve de la connaissance parfaite qu’ils ont du résultat inéluctable de tels tests : une catastrophe.

Dès lors, plutôt que de choisir la sûreté et la protection des populations, c’est le risque délibéré qui est privilégié au bénéfice de l’industrie nucléaire. Ce comportement, à la fois irrationnel et criminel au sens propre du terme comme au sens figuré, a trois conséquences.

La responsabilité personnelle des politiques est engagée
1–Les ministres qui auront soutenu cette position porteront en cas d’accident le poids à titre personnel de ce choix et ce, d’autant plus que la directive sur l’application du droit de l’environnement par le droit pénal inclut le domaine nucléaire dans son champ d’application. En droit français, le délit de mise en danger délibéré d’autrui pourrait parfaitement être évoqué.

Un validation qui crée un précédent
2–La deuxième est de valider des « stress tests » qui seront aussi sérieux que ceux consécutifs à la crise du système bancaire. Sauf qu’ici, le risque n’est pas seulement économique. Il est aussi physique. Et contrairement aux assertions du président de la République, il ne s’agit pas de peurs moyenâgeuses et virtuelles mais bien contemporaines et réelles.

Vers une montée de l’euroscepticisme

3–La troisième enfin est de détruire encore davantage la confiance de nos concitoyens non seulement dans les technologies, mais surtout – et c’est le plus grave – dans leurs institutions et singulièrement les institutions européennes.

En effet, nos concitoyens ne sont pas stupides et comprennent parfaitement que les contrôles a minima faits de surcroît pas ceux-là même qui sont censés être contrôlés pour n’avoir pas envisagé convenablement la réalité des risques ne répondent pas aux enjeux. Ils perçoivent que leur sécurité est sacrifiée sur l’autel du développement nucléaire, malgré les propos lénifiants tenus sur l’impératif de sécurité.

C’est intolérable et ce d’autant plus que les rares peuples appelés à se prononcer sur le choix nucléaire ont toujours voté contre. Il ne faut donc pas s’étonner de la montée de l’euroscepticisme qui ne pourra que croître avec de tels choix.**Par Corinne Lepage … (Rue89-08.05.2011.)…L’auteur: Ancienne ministre de l’Environnement, je suis aujourd’hui avocate, présidente de Cap21 et présidente du CRII-GEN et députée au Parlement européen.

 

Photo : la centrale nucléaire de Cruas la nuit, dans le Sud de la France, en avril 2011

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25 réponses à “*Questions sur l’atome, le nucléaire et la radioactivité”

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