La République des mallettes
*Manuel Valls face à l’humoriste Jérémy Ferrari
dans l’émission -On n’est pas couché
Quasi immédiatement après l’annonce du passage de Manuel Valls dans l’émission de Laurent Ruquier, l’e bruit d’un échange très vif entre Jérémy Ferrari et le Premier ministre a circulé sur la Toile. Hier soir, la diffusion d’On n’est pas couché a confirmé la rumeur, l’humoriste accrochant Valls sur plusieurs points et sans détour. Mais dans un style plus posé, Jean d’Ormesson a lui aussi eu quelques mots amusants à l’égard de l’homme politique.
Visiblement irrité par l’offensive de charme tentée par le Premier ministre, dont le discours se faisait longuet, Jérémy Ferrari l’a finalement interrompu au cours de l’émission On n’est pas couché diffusée samedi soir sur France 2. L’humoriste a sommé Manuel Valls de lui répondre au lieu de « perdre » le public en contournant les questions avec des détails. Doigt pointé vers lui et avec son ton vindicatif, il a volé la vedette aux deux chroniqueurs.
Ali Bongo
Ferrari a par exemple reproché au Premier ministre la présence d’un homme comme Ali Bongo – en fonction à la tête du Gabon depuis 2009 à l’issue de ce qui est considéré comme un Coup d’Etat électoral – lors de la commémoration aux victimes des attentats le 11 janvier dernier. Un exemple selon lui de l’hypocrisie de la politique internationale française. Ferrari fera au passage reconnaître à Manuel Valls que l’homme n’a pas été démocratiquement élu, remettant ainsi en question l’à propos de sa présence.
« Renseignez-vous un peu sur les djihadistes »
Il a également accroché Manuel Valls sur son discours sur les djihadistes et leurs motivations, argumentant que son raisonnement se base sur une idée fausse, à savoir que les terroristes préfèrent la mort à la vie. « Renseignez-vous un petit peu sur eux, parce que justement ils croient à la vie après la mort, une vie meilleure que celle que la France a à leur offrir. Vous pensez que c’est un détail, mais ça n’est pas un détail parce que vous développez toute une idée sur un raisonnement qui est faux ».
« Votre livre va vachement nous aider »
Jérémy Ferrari n’a pas non plus hésité à lancer plusieurs « piques » au ministre, lui glissant qu’il était en plateau pour défendre une loi « qui ne concerne personne » (la loi sur la déchéance de nationalité, ndlr) et qu’il était en plateau pour faire la promotion de son livre sur « ses plus beaux discours », ce qui n’allait faire avancer personne face aux vrais problèmes qui frappent la France actuellement. « C’est formidable, ça va vachement nous aider », a ironisé le jeune homme face à un Premier ministre souriant mais un rien vexé.
« Vous êtes en guerre, pas nous! »
Mais surtout, l’humoriste a insisté sur le fait que le gouvernement ose proclamer la France « en guerre » alors que les Français eux ne sont pas en guerre. « Non non non, nous, on est pas en guerre, VOUS vous êtes en guerre. Nous, on est ceux qui se font tirer dessus quand on va à un concert. Y a des gens ici avec des kalachnikovs sur eux? Des armes? Des gens qui veulent tuer des musulmans ici? Personne! Vous êtes en guerre, vos décisions à l’international sont en guerre, pas nous ».
Mali
Sur ce point, Manuel Valls a immédiatement voulu prouver que la France n’avait pas une politique belliqueuse, citant pour exemple le Mali « où la France n’a aucun intérêt ». Le comique, qui n’était pas d’humeur à rire, lui a répété qu’il allait encore noyer le poisson, et il a fallu l’intervention de Laurent Ruquier pour que le Premier ministre puisse prendre la parole et défendre ses idées.
D’Ormesson en rajoute avec panache
Finalement, les attaques les plus marquantes ne seront pas venues des deux chroniqueurs Léa Salamé et Yann Moix, qu’on attendait particulièrement dans l’exercice. L’académicien Jean d’Ormesson, qui était lui aussi invité lors de l’enregistrement d’ONPC jeudi soir, y est lui aussi allé de sa petite remarque, glissant un très poli et serein mais non moins percutant: « Je crois que cette histoire de déchéance (de nationalité, ndlr) n’a véritablement aucun intérêt. Je ne vois pas une personne s’apprêtant à commettre un attentat se dire ‘Ohhh je vais perdre ma nationalité française’… ». Une mise en situation qui a suscité le fou-rire en plateau.
« Votre enfumage… »
Et de rajouter: « Vous avez un grand talent, je me sens assez proche de vous. Cependant je me demande parfois s’il n’y a pas une ombre d’enfumage », a analysé le nonagénaire avec la délicatesse qu’on lui connaît. Manuel Valls lui-même n’a pu contenir son rire. Mais l’académicien n’en avait pas encore fini avec lui, s’interrogeant de manière faussement rhétorique: « Je me demande même si vous ne voulez pas changer de majorité… ». « Je reconnais bien là votre perfidie », a souri le Premier ministre. « Toute la France s’est droitisée, Hollande s’est droitisé. La Gauche s’est droitisée. Et vous, je ne veux pas vous insulter mais… vous vous êtes droitisé », a conclu l’écrivain. Cet échange complet est à découvrir ci-dessous.
Succès d’audience
Sans revenir sur la qualité et l’intérêt du débat, une chose est sûre, On n’est pas couché a profité de son invité samedi soir (pour rappel, la première fois qu’un Premier ministre en exercice se rendait en plateau) en attirant 2,1 millions de téléspectateurs en moyenne et 29,1% de part d’audience, un chiffre supérieur à ses audiences habituelles, a annoncé dimanche France 2. L’émission animée par Laurent Ruquier réunit en général 1,5 million de téléspectateurs chaque semaine sur la saison 2015-2016.
« Il s’agit d’un record en audience et part d’audience depuis janvier 2015″, précise France 2. L’émission du 10 janvier 2015, consacrée aux attentats parisiens ayant eu lieu les jours précédents et avec pour invité l’urgentiste Patrick Pelloux, avait en effet réuni 2,5 millions de téléspectateurs (pour 31,3% de part d’audience).*7 sur 7/ dimanche 17 janvier 2016
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La France sous le règne de Sarkosy
Enquête de Pierre Péan sur «une zone de non-droit»
Paris
De la correspondante d’El Watan
Dans La République des mallettes. Enquête sur la principauté française de non-droit (éditions Fayard, septembre 2011), le journaliste et écrivain Pierre Péan, en enquêtant pendant plus d’un an, démonte un système dont l’existence repose sur le secret, un «territoire très spécifique du pouvoir qui se situe aux confins de la politique et des affaires» qui existe à l’intérieur de l’appareil d’Etat et dans lequel évoluent hommes d’affaires, dirigeants d’entreprises, hauts responsables politiques, intermédiaires.
Extraits.
«Les ressortissants de cette principauté de non-droit se méfient de plus en plus de Tracfin, la cellule française antiblanchiment rattachée au ministère des Finances, qui dispose des hommes et des outils adaptés à la traque des nouvelles formes de criminalité financière», indique Pierre Péan, qui revient sur des scandales politico-financiers impliquant, ces vingt dernières années, tant des hauts responsables de gauche que de droite qui ont défrayé la chronique.«Dans toutes ces affaires, un seul enjeu : constituer un ‘trésor de guerre’ en vue de la campagne présidentielle suivante. A chaque fois, il s’agit de tirer la manne des grands contrats civils ou militaires.»
(…) Les affaires «se déroulent dans un espace bien particulier, en marge du sommet de l’Etat français, mettant aux prises des hommes politiques du parti au pouvoir, des grands commis de l’Etat, des patrons de quelques fleurons industriels nationaux et des intermédiaires. Il arrive fréquemment que l’on fasse appel aux services d’un chef d’Etat africain ou arabe».
(…) «Outre l’Afrique, les Emirats, la Libye, l’Arabie Saoudite, la Russie, les nouvelles Républiques de l’ex-empire soviétique devenues des partenaires politiques et commerciaux de la France alimentent aussi aujourd’hui les ‘monnéoducs’ de la principauté.»
Chacune de ces affaires «a permis de suspecter l’existence de circuits d’argent occultes alimentés par des commissions ou rétrocommissions prélevées sur de grands contrats industriels. Mais aucune n’a pu révéler à quelles personnes ces dispositifs ont profité : le voile n’a été levé que sur un petit pan de cette réalité», explique Pierre Péan. Et aussi «la quasi-totalité des nombreux témoins que j’ai rencontrés n’ont accepté de parler qu’à la condition expresse que j’accepte la règle du ‘off’. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils avaient peur». (…) «La mise en circulation des carnets d’Yves Bertrand (patron des RG de 1992 à 2004) et du général Philippe Rondot (chargé de la coordination du renseignement au ministère de la Défense de 1997 à 2005) ainsi que les nombreux documents et témoignages ont fait de cette affaire (Clearstream, ndlr) une plaque sensible sur laquelle il est possible de mesurer le délitement moral d’un establishment qui trouve tout à fait normal qu’une partie des siens dispose de comptes bancaires hors de France.Des masses de plus en plus élevées d’argent noir circulent en effet, provenant surtout de circuits dérivés des ventes d’armes et des largesses de chefs d’Etat africains. Un mot nouveau est même apparu pour désigner une pratique doublement illégale : la rétrocommission.»
De quoi s’agit-il ? «Les décisionnaires étrangers corrompus, qui ont accepté une commission pour attribuer un marché à un fournisseur français, reversent une partie de celle-ci au corrupteur. Charles Pasqua, qui ne pratique pas la langue de bois, parle de la ‘rétro’ comme d’un ‘secret de polichinelle de la classe politique française’. Les premiers faux listings d’Imad Lahoud étaient imprégnés de l’’affaire des frégates’ de Taïwan, ce contrat d’armement signé en 1991, affaire dans laquelle ont trempé des politiques tant de gauche que de droite.» «L’épilogue de l’affaire des ‘frégates de Taïwan’ est intervenu le 9 juin 2011 par un jugement de la cour d’appel de Paris qui a condamné la société Thales et l’Etat français à verser à l’Etat taïwanais respectivement 170 millions et 460 millions d’euros, remboursant ainsi les Taïwanais du surcoût lié à ces commissions illicites.»
La plupart des affaires qui arrivent devant la justice trouvent leur origine dans des dénonciations et donc, à proprement parler, dans des instrumentalisations de la justice. Chaque affaire peut être lue comme une tentative de mettre à mal ou d’éliminer un concurrent.
«Le financement occulte des partis, mais aussi de bien des hommes politiques, est une vieille histoire difficile à raconter pour de multiples raisons. D’abord, parce que la remise d’espèces ne laisse pas de traces et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est utilisée de préférence au virement bancaire ou au chèque.» (…) «Le défunt Alfred Sirven a été, en tant que n°2 du groupe Elf, l’un des dignitaires de cette principauté, lui qui a arrosé tellement de monde, politiques de tous bords, hauts fonctionnaires, policiers, syndicalistes, cadres d’entreprise ! ‘Je les tiens tous. J’ai de quoi faire sauter vingt fois la République’, s’est-il exclamé un jour.» «Les espèces ont-elles cessé de circuler parmi la classe politique après 2000 ? Evidemment non !»
«L’affaire Bettencourt a montré que le flux des espèces ne s’était pas tari. Que ce soit du côté de Neuilly-sur-Seine ou du côté de Marseille (13,7 millions d’euros dans des comptes en Suisse et au Luxembourg liées à différentes sociétés contrôlées par Alexandre Guerini, le frère de Jean-Noël Guérini, patron de la fédération PS des Bouches-du-Rhône, ndlr).»
(…) «L’histoire de la corruption française met en lumière la schizophrénie des hommes politiques de notre pays. Sous la pression de l’opinion, ils font adopter des lois et promulguent des décrets de plus en plus contraignants pour encadrer le financement de la vie politique et rendre les pratiques occultes théoriquement impossibles ; dans le même temps, ils sont toujours convaincus de l’importance, pour chacun, de disposer du trésor de campagne le plus gros possible.
De ce fait, les hommes capables de les alimenter en fonds efficacement, discrètement et aux frontières de la légalité, sont de précieuses recrues, dont le rôle devient des plus cruciaux au sein de la République : ils mènent à bien ces missions financières, servent de coupe-feu et savent garder le secret.» «Au niveau national, les intermédiaires sont toujours en activité, au premier rang desquels Alexandre Djouhri et Ziad Takieddine (…). Les grands contrats, notamment ceux d’armement, génèrent encore et toujours commissions et rétrocommissions mais, échaudés, les acteurs prennent de plus en plus de précautions.»
Monsieur Alexandre (Ahmed) Djouhri
«En progressant à tâtons, j’ai été amené à suivre de près le parcours d’un certain Alexandre Djouhri : inconnu du grand public (…). Il est le fil rouge de mon enquête», précise l’auteur. Qui est Alexandre Djouhri qui, «en ses jeunes années, a été à l’école de la délinquance, et qui peut désormais faire et défaire des carrières ? D’où tient-il son réseau et son influence, qui le fait redouter de la plupart des patrons du CAC 40» ? Celui que l’auteur appelle Monsieur Alexandre est souvent convié aux réunions officielles.
«Le 2 mars 2010, il est présent au dîner de gala offert par le président de la République en l’honneur de Dimitri Medvedev, son homologue russe. Il y a emmené son ami Henri Proglio, patron d’EDF, qu’il presse pour que celui-ci s’entende avec le géant russe du nucléaire Rosatom contre Areva. Il est encore là quand Nicolas Sarkozy épingle la Légion d’honneur au revers de la veste de Sergueï Chemezov, directeur de l’agence Rosoboron Export chargée des ventes d’armes à l’exportation, ami de Poutine du temps où les deux fonctionnaires du KGB étaient en poste à Dresde.
Toutefois, le plus souvent, il rencontre Claude Guéant au bar du Bristol, voire à dîner au restaurant le Stresa, ou bien ailleurs : à Tripoli, par exemple. Son intimité avec le secrétaire général de l’Elysée est renforcée par la proximité dans les affaires, à Londres, entre Germain, le fils d’Alexandre, et Jean-Charles Charki, le gendre de Claude Guéant.»
«L’homme se croit si invulnérable qu’il peut impunément menacer un conseiller du président de la République sans être expulsé de la cour et s’afficher au vu et au su de tous avec son ami Dominique de Villepin, pourtant l’ennemi irréductible de Sarkozy, tout en continuant à bénéficier d’un soutien sans faille du patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, lequel n’hésite pas à se montrer en sa compagnie dans de nombreuses capitales.»
(…) «C’est François Casanova, ancien flic de la deuxième brigade territoriale, vieille connaissance d’Alexandre Djouhri quand celui-ci frayait dans le camp des voyous et rencontrait les policiers dans les commissariats, qui l’avait présenté à Bernard Squarcini, alors numéro deux des Renseignements généraux.» (…) «Cohen (Philippe Cohen, auteur avec Richard Malka et Riss d’une BD, la Face kärchée de Sarkozy, publiée en novembre 2006 par Vents d’Ouest Fayard, ndlr) me demanda de vérifier si Alexandre Djouhri avait bien effectué un voyage à Tripoli dans le but de convaincre le Guide, Mouammar El Gueddafi, d’’aider’ Nicolas Sarkozy – conformément à une tradition bien établie entre chefs d’Etat africains et candidats à l’Elysée – dans la perspective de la présidentielle (de 2007, ndlr). Ce que je fis auprès d’une source américaine qui me confirma le renseignement.»
(…) «Monsieur Alexandre a passé sa jeunesse à Sarcelles. Après l’adolescence, il a basculé dans l’univers interlope de la nuit parisienne où se mêlent aux petits et grands malfrats les fils de bonne famille. Il s’oriente ensuite à la fois vers le business et les milieux politiques. Monsieur Alexandre a fait bien du chemin dans l’entregent et les affaires. L’approche de la cinquantaine voit son sacre, très discret. Il semble parler d’égal à égal avec Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée puis ministre de l’Intérieur, et avec Bernard Squarcini, patron des services secrets intérieurs ; il intervient dans plusieurs grands choix en matière de politique industrielle nationale, notamment dans le secteur du nucléaire ; il semble avoir son mot à dire dans la nomination de certains hauts fonctionnaires et grands patrons…
Dans les annales de la République, son cas est exceptionnel, sinon unique. Son cas s’inscrit dans une époque – grosso modo, celle qui dure depuis le début des années 1990 – où, sous les effets conjugués de la mondialisation et de la conversion des élites françaises, de droite comme de gauche, au néolibéralisme, l’argent est plus que jamais devenu roi… Une grande partie de l’establishment qui, hier, servait l’Etat et avait, chevillé au corps, le sens du bien commun, a basculé et n’a plus qu’une idée en tête : se servir.»
«La puissance d’Alexandre Djouhri ne découlerait-elle pas de son rôle de ‘facilitateur’ du système ? L’homme ne contribue-t-il pas à rendre possible son fonctionnement ? Et, à force de rendre service et de connaître les secrets de la nomenklatura française, du statut de serviteur n’est-il pas passé à celui de grand baron de cette principauté de non-droit ?»**Nadjia Bouzeghrane (El Watan-22.09.2011.)
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** Ces femmes qui dénoncent leurs ex-maris.
Des révélations génantes pour Sarkosy et ses “amis”
Les épouses de Ziad Takieddine et Thierry Gaubert ont fait des révélations explosives sur les activités de leur mari, qui permettent à l’enquête sur le «Karachigate» d’avancer à grand pas.
Elles sont grandes, la cinquantaine, séparées de leurs époux. Et surtout, très en colère contre leur ex-mari. La première est très discrète. Nicola Johnson est britannique et a divorcé après 30 ans de vie commune avec l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, un intermédiaire très connu entre la France et les pays arabes. La seconde est célèbre depuis sa naissance. Hélène, née princesse de Yougoslavie, appartient aux familles royales de Grèce et du Danemark et est la petite-fille du dernier roi d’Italie. À l’adolescence, elle faisait déjà la couverture du magazine des têtes couronnées Point de Vue . En 1988, à 25 ans, elle a épousé Thierry Gaubert, de 12 ans son aîné. C’est Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly et dont Gaubert est très proche, qui a uni les époux.Pendant des années, ces deux femmes mènent au côté de leur mari des vies luxueuses. Takieddine, qui a rencontré Nicola Johnson en 1980 sur les pistes de la station de ski d’Isola 2000, dont il était le gérant, s’est constitué un patrimoine immobilier impressionnant: un hôtel particulier avenue Georges Mandel à Paris, une maison de 17 millions de livres dans le quartier londonien très huppé de Holland Park, une villa au cap d’Antibes, un yacht, des voitures de collection, des appartements à Paris et à Beyrouth.Séparée de son mari depuis plusieurs années, Hélène de Yougoslavie a été entendue le 21 septembre, selon le Nouvel Obs, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de Karachi et le financement de la campagne de d’Édouard Balladur. Elle raconte aux enquêteurs que Thierry Gaubert s’est rendu plusieurs fois en Suisse avec Ziad Takieddine pour en ramener de volumineuses mallettes de billets entre 1994 et 1995, récupérées ensuite par Nicolas Bazire. Ses révélations explosives , dont on ne connaît pas la motivation, mènent les enquêteurs jusqu’à l’ancien directeur de cabinet de Balladur lorsqu’il était premier ministre et candidat à la présidentielle de 1995. Depuis que les deux femmes ont parlé, l’enquête sur le volet financier de l’affaire Karachi s’est accélérée. Ziad Takieddine a été mis en examen pour abus de biens sociaux et est soumis à une interdiction de quitter le territoire. Nicolas Bazire a été mis en examen jeudi matin de complicité d’abus de biens sociaux dans la même enquête. Ses bureaux et son domicile ont été perquisitionnés. Thierry Gaubert a également été mis en examen est reparti libre de son entretien chez le juge Renaud van Ruymbeke. (Le Figaro-22.09.2011.)
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**La France, pays du despotisme démocratique
Le prof de philo Bernard Vasseur interroge les consciences sur l’émancipation humaine dans son essai « La démocratie anesthésiée », dont le seul titre, péremptoire, annonce la couleur. Communiste, Vasseur explore le nouveau visage du politique et conclut à une entrée dans un « âge post-démocratique » qu’il appelle aussi, en reprenant un concept de Tocqueville, un « despotisme démocratique ».
Despotisme ? « A peine lâché, le mot fera naturellement frémir d’indignation », concède d’entrée l’auteur, pour mieux cadrer son propos : le despotisme dont il est question ici est d’un genre nouveau. Rien qui ne corresponde aux figures antiques, et désormais obsolètes du « tyran », du « dictateur » ou du « despote ». Pas de schlague ni de férule ici, non. Un despotisme « tranquille et doux », « cool et kiffant », tout aussi efficace, mais plus insidieux que son lointain prédécesseur.
Bernard Vasseur assied sa réflexion sur les apports des philosophes, au premier rang desquels Alexis de Tocqueville, dont il reprend le concept de « despotisme démocratique » pour l’opposer à l’un des créateurs de la doxa libérale, Benjamin Constant, tant elle domine, écrit-il, « encore puissamment les idées courantes de notre temps. »
Le théâtre politique autour de « l’emploi »
Trois thèmes nourrissent son raisonnement : le travail, l’économie, la démocratie. Le travail, donc. L’auteur s’étonne de voir ce mot sinistré du débat politique et refoulé par le discours officiel et médiatique sur « l’emploi ». La gauche et la droite, note-t-il, « rivalisent d’ardeur pour promouvoir d’emploi ». Mais quand la droite au pouvoir cherche à faire oublier son bilan calamiteux en allumant des contrefeux sécuritaires (les banlieues, la délinquance, la burqa, les musulmans et les mosquées, les « Roms » etc.), la gauche de gouvernement, elle, reste focalisée sur la nécessité d’une « transformation sociale », toute impuissante qu’elle est à changer la nature et les conditions de la « guerre économique ». Elle s’est laissée aller, critique-t-il, à « un climat », à « une mode », par des analyses des transformations en cours de la vie économique et sociale (« la société post-industrielle », « la société des loisirs ») au point d’ignorer les attentes et les angoisses liées au travail.
Et donc, déplore Vasseur, plus un mot sur le travail humain. A l’exception près de la campagne de Sarkozy en 2007, « menée tous azimuts pour capturer des électorats composites », lorsque ce dernier écumait les usines pour saluer « la France qui se lève tôt », la pudeur des ouvriers, le goût et « la fierté du travail bien fait », jusqu’au fameux « travailler plus pour gagner plus » largement entendu de l’opinion. Et Sarkozy, le soir même de son élection, d’aller fêter ce « hold-up » au Fouquet’s avec ses copains milliardaires… (sa description nerveuse de l’ère Sarkozy, celle de « la réussite qui se montre et s’étale en parfaite impudeur », se veut ironique : « du pipole comme s’il en pleuvait ! »).
« L’expérience ouvrière se heurte aujourd’hui à la philippique managériale de l’emploi », reprend l’auteur. Le chômage reste un moyen de peser sur les conditions de travail et les salaires, le sauve-qui-peut de l’emploi à n’importe quel prix remplace la mise en valeur du travail, l’économie et « l’Empire du management » dictent leur loi tandis que les vrais « maîtres », les actionnaires, sont passés à l’extérieur de l’entreprise, et devenus insaisissables ! « Tout se brouille : on ne sait plus s’il faut toujours se battre et contre quel adversaire. Fin de la sempiternelle lutte des classes ! Un autre mot désormais tabou, exclu, usé, fini. »
Aussi conclut-il, invoquant Tocqueville, que « l’aristocratie industrielle succède à l’aristocratie fondée sur la naissance », que le despotisme contemporain s’insinue dans le travail, « qui est organisé en lui-même de telle façon qu’il « tienne » le peuple au corps, dans l’usure physique, dans la soumission, dans l’angoisse et la crainte, dans le stress et parfois le désespoir. »
Comment l’économie impose son scénario et ferme l’horizon
Cette réduction du travail à l’emploi résulte selon lui d’une science, l’économie politique, qu’il entreprend de critiquer en revisitant Adam Smith et Karl Marx. Ce refoulement du travail, la disparition de la « classe ouvrière » et du « prolétariat » dans les années 80 saluée comme « le dépassement d’un archaïsme et d’une mythologie périmée », Vasseur l’interprète par le passage de l’économie politique à l’« économie » tout court, qui sous la pression des intérêts financiers, est devenue une fin en soi.
Bernard Vasseur scrute les non-dits de l’économie (l’accumulation du capital notamment), toujours animé par la « stratégie du soupçon » qu’avaient développée en leur temps des penseurs comme Marx, Nietzsche et Freud. Les réflexions d’autres intellectuels, plus contemporains, étayent son raisonnement : entre autres Emmanuel Todd sur la globalisation, Jacques Rancière sur les pouvoirs de la naissance et de la richesse.
« L’économie, écrit-il, se change en « économisme » pour établir son « pouvoir absolu et solitaire ». Elle dit la loi du monde et impose son règne aux consciences. Destin irrépressible : il faut s’y soumettre ! Impossible pour les Etats d’ignorer ses lois. »
*La comédie démocratique
Heureusement, pour oublier, il y a les loisirs ! Ah, le temps des loisirs (contraints) pour « s’éclater », « ne pas se prendre la tête », « kiffer »… L’auteur livre un diagnostic décapant sur la « société de loisirs » en montrant comment tout est fait pour que « les hommes courent vers leur servitude comme s’il s’agissait de leur salut » (Spinoza). La « servitude volontaire » de La Boétie n’est pas loin.
Le divertissement a pris le pas sur la culture, note le prof de philo, qui passe au crible la « fabrication » de consommateurs (le désir étant replié sur le marché, l’achetable, la marchandise), le marketing et les « industries culturelles », en même temps que les pièges de l’endettement et de « la vie à crédit ».
Dans son quatrième et dernier chapitre, Vasseur déjoue « La comédie démocratique », en montrant d’abord combien la démocratie, honnie pendant des siècles, se conjugue mal dans son histoire avec « la représentation » et la confiscation du pouvoir par des professionnels de la vie politique. Il souligne aussi les vraies raisons (politiques) de la mise en cause de la « démocratie sociale » et du « modèle social » français, avant d’alerter sur l’obsession de la « gouvernance », venue cacher le renoncement au partage des pouvoirs.
Parce qu’elle anime aussi la comédie démocratique, la télévision, cet « appareil d’assentiment », fait l’objet d’une longue critique par Vasseur, qui n’entend plus seulement dénoncer « la société du spectacle » de Debord, le problème étant désormais plus large. Dans le sens où la télé d’aujourd’hui, outre son mépris et son arrogance pour des téléspectateurs forcément inaptes à la raison et à l’intelligence, « joue à informer, mais ne fait que vendre des produits ». L’auteur enfonce le clou : « La télévision transforme le « citoyen » en « consommateur », et le politique en marchand de « produits miracles » qu’il s’applique à vendre de son mieux, avec le discours emprunté à la séduction publicitaire. »
« Tout est sous contrôle »
Bernard Vasseur, qui a exercé d’importantes fonctions au sein de la direction nationale du PCF (il fut assez proche de Robert Hue dans les années 1990), voulait que son ouvrage soit accessible à tous. Le message doit donc être clair : « Tout est sous contrôle : travail, désirs, affects, imaginaire, conscience, mais tout est fait pour vous donner le sentiment de votre puissance, de votre capacité à décider par vous-même, à être le seul et véritable auteur de votre vie. »
Au final, son essai, enchâssé de références philosophiques, littéraires et politiques qui l’orientent, accouche d’une pensée critique et radicale de la démocratie. Et Vasseur de conclure que, sans que l’on n’y prête attention, en trente ans, le projet émancipateur fondé sur la capacité des êtres humains à se libérer de leurs servitudes s’est peu à peu effacé – « anesthésié au nom de la modernité ». De quoi nourrir le débat politique de la gauche à l’aube de la campagne présidentielle. (Mariane.2) 02.10.2011.
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