Face au chaos syrien, effonfrement de la conscience arabe-2
Le Qatar et ses «rebelles» au pied du mur
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*Face au chaos syrien, l’effonfrement de la conscience arabe-1
**Victorieuse Syrie
**le paysage s’éclaircit peu à peu en Syrie. Partout à l’offensive, l’armée nationale syrienne a reconquis des milliers de kilomètres carrés de territoire à l’est d’Alep, de Homs et de Damas.
Elle s’apprête à reprendre le contrôle intégral des frontières syro-jordanienne et syro-irakienne, traditionnelles voies de transit des mercenaires venus dévaster le berceau de la civilisation pour une poignée de pétrodollars.
En restaurant la souveraineté de l’Etat sur le sol national, cette courageuse armée de conscrits inflige un camouflet à tous ceux qui rêvaient de détruire cet Etat récalcitrant, à tous ceux qui voulaient le mettre en charpie parce qu’il osait déjouer leurs plans néo-coloniaux.
Victorieuse sur le plan militaire depuis la libération d’Alep, la Syrie souveraine l’emporte aussi sur le plan politique.
Le temps paraît lointain où “Le Monde diplomatique” pouvait prédire, sans craindre le ridicule, l’exil doré de la famille Assad quelque part en Sibérie. Ses adversaires, le président syrien les a vus défiler, qui psalmodiaient les mêmes stupidités sur un pays dont ils ignoraient tout.
A en croire les Occidentaux, le départ de Bachar Al-Assad devait être un “préalable” à la solution de la crise. en réalité, c’était tout le contraire.
La résistance de l’Etat syrien dont le président est la clé de voûte exigeait son maintien. Là où tant d’autres auraient pris la poudre d’escampette, le chef est resté à son poste, et il a bien fait. Fervent admirateur d’Al-Qaida, Laurent Fabius estimait que le chef de l’Etat syrien “ne méritait pas d’être sur terre”.
Mauvaise pioche ! Car si M. Fabius cultive son éthylisme mondain au Conseil constitutionnel, M. Assad, lui, est toujours aux commandes à Damas.
Son armée élimine la nébuleuse de groupes sectaires dont l’ancien ministre espérait le triomphe, et le peuple syrien goûte l’espoir renaissant d’une issue à la guerre. Ce qui est frappant avec les dirigeants occidentaux, c’est leur tendance à parler trop vite.
Pendant six ans, leur presse aux ordres répétait comme un mantra l’effondrement imminent du régime syrien. Heureusement pour les journalistes, ils ne sont pas payés au résultat.
Pour comprendre les raisons de cette résistance à une offensive internationale sans précédent, il suffisait de consulter des sources fiables et d’exercer son jugement critique.
Les officines de propagande avaient beau prétendre qu’un peuple unanime se dressait contre le tyran, on pouvait voir sur “Al-Mayadeen”, en mars et octobre 2011, de gigantesques rassemblements populaires en faveur du “gouvernement et des réformes”.
Clamant sa fidélité à l’Etat nationaliste laïc et son rejet de la charia wahhabite, la foule inondait les rues de Damas, Alep, Tartous et ailleurs.
Mais les médias occidentaux préféraient braquer leurs caméras vers des attroupements de barbus en les faisant passer pour un soulèvement populaire.
Des faits majeurs, indispensables à l’intelligence des événements, ne firent donc l’objet d’aucune narration, tandis qu’on nous proposait une narration des “faits” qui consistait à les fabriquer pour les besoins de la cause.
Les “rebelles modérés” massacraient les familles des fonctionnaires baasistes, par exemple, et ces horreurs étaient imputées à une armée nationale dont il était entendu qu’elle “tire sur les civils”.
Les “neocons” de Washington étant à la manœuvre, ce genre de supercherie était pourtant plus que prévisible. “Pendant que vous parlez de la réalité que nous produisons, nous produisons une nouvelle réalité”, disait Karl Rove, conseiller de George W. Bush et apôtre distingué du “chaos constructif”.
Heureusement, vient un moment où l’épreuve des faits dissipe les mensonges les plus grossiers. Difficile de répéter les sornettes habituelles lorsque les populations fuient manifestement les zones rebelles, l’armée reconquiert peu à peu le territoire national et le gouvernement syrien, à l’évidence, bénéficie du soutien sans faille de ses alliés.
Après avoir renoncé à la formule rituelle sur le “régime aux abois”, la presse occidentale a fini par proscrire son ironie coutumière sur les “victoires en trompe-l’oeil” de Damas.
Pour se divertir, il aurait fallu conserver les centaines d’articles expliquant que les Russes et les Iraniens allaient “lâcher Bachar” et que c’était cuit pour le “despote”.
Seul Jean-Pierre Filiu, tel un disque rayé, s’obstine à dire qu’il n’y a “plus d’armée syrienne”, mais on se demande sur quelle planète il habite.
Victorieuse sur le plan militaire face aux milices takfiristes, soutenue par la majorité du peuple syrien qui veut en finir avec cette tragédie, confortée par un jeu d’alliances qui penche en sa faveur, la Syrie souveraine entrevoit le bout du tunnel.
L’impérialisme n’ayant pas l’habitude de lâcher le morceau, la route sera encore longue, mais l’évolution favorable de la “guerre du désert” laisse augurer une accélération des événements. Combat d’arrière-garde mené par une puissance en déclin, les provocations militaires US n’y changeront rien.
La dernière agression, qui a vu un SU-22 syrien abattu par un F-16 près de Raqqa, a eu pour seul effet de torpiller les velléités de coopération russo-américaine contre Daech, Moscou ayant annoncé que tout aéronef étranger serait dorénavant ciblé par la DCA russe.
Cette provocation a aussi incité les Iraniens à effectuer leur premier tir de missile en territoire syrien contre Daech, l’implication militaire de Téhéran ayant fait preuve d’une discrétion qui n’est plus de mise dès lors que le bras de fer avec Washington atteint un seuil critique.
En réalité, cette montée des tensions sert Damas, qui condamne fermement la présence occidentale sur le territoire national, et dont l’allié russe joue sa crédibilité à chaque provocation US.
Même s’ils prennent Raqqa, les alliés arabo-kurdes des Etats-Unis vont se retrouver le bec dans l’eau, et l’armée syrienne y retournera sous peu. Bientôt chassé de ses pseudo-capitales (Mossoul et Raqqa), privé de ses voies de ravitaillement, pris en tenailles par les forces irakiennes et syriennes, Daech est en mauvaise posture.
Mais ce n’est pas tout. Une enquête du “Wall Street Journal” vient de donner de précieuses informations sur le soutien d’Israël aux rebelles syriens qui assurent la garde rapprochée du Golan occupé.
Peu préoccupé par le sort de ces supplétifs, le journal de la finance new-yorkaise ironise sur le “cash” touché par les chefs de milices.
Lorsque Damas en aura fini avec Daech, ces collaborateurs de l’occupant auront du souci à se faire. Quant bruno_guigue aux pseudo-défenseurs de la cause palestinienne qui réclamaient des armes pour la “rébellion syrienne”, ils ont l’air malin.
“Provoquer la chute de Bachar al-Assad est le meilleur moyen de protéger Israël”, écrivait Hillary Clinton. Après six années de mensonges, les masques tombent.
La Syrie a affronté l’envahisseur sioniste en 1948-49, 1967, 1973 et 1982, et elle n’a jamais capitulé. Aujourd’hui, l’heure de vérité approche, mais on sait déjà qui a gagné la partie.
Bruno Guigue / contribution parue sur .algerie1.com/ vendredi 23 Juin 2017
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***Retour en grâce du fameux accord de Genève conclu, le 30 juin 2012, par le groupe d’action sur la Syrie, qui misait sur la solution politique à travers un gouvernement de transition.
Cet accord, scellé par les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, de la Turquie et des pays de la Ligue arabe, devrait désormais servir de plateforme au règlement de la crise en Syrie. Le déplacement de John Kerry en Russie n’a pas été vain, puisque Moscou et Washington ont décidé d’accorder leurs violons autour d’une solution politique en Syrie qui mettrait le régime Al Assad et les rebelles autour d’une table. Sur papier, ce plan de règlement paraît plus au moins facile à concrétiser au regard des parties qui le parrainent. Cette entente entre Moscou et Washington, qui était improbable auparavant, a évidemment été saluée dans les quatre coins du monde. Quand les Américains parlent, les autres écoutent puis appliquent…
De Paris à New York en passant par Berlin et Ottawa, les vivats pleuvent face à cet accord entre Russes et Américains dont la substance était pourtant en rade depuis une année. Le médiateur international Lakhdar Brahimi, qui était à deux doigts de rendre son tablier, était quasiment la seule voix, en plus de celle de la Russie, audible favorable à la solution. Lakhdar Brahimi a donc logiquement affiché le grand sourire et salué un «premier pas très important» vers le règlement de la crise.
«L’accord entre la Russie et les Etats-Unis est la première information optimiste depuis très longtemps», a réagi aussitôt l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe.
Brahimi a tout de même nuancé l’optimisme ambiant, glissant dans un communiqué : «Ce n’est néanmoins qu’un premier pas.» Le diplomate algérien en a profité pour lancer une pierre dans le jardin des pays arabes riverains de la Syrie qui continuent de battre les tambours d’une intervention militaire.
Brahimi et l’Europe applaudissent
«Il y a toutes les raisons de penser que l’entente conclue recevra le soutien des autres membres du Conseil de sécurité de l’ONU.» «Il est tout aussi important que la région dans son ensemble se mobilise en faveur d’un soutien à ce processus», a-t-il encore affirmé, mettant le Qatar et l’Arabe Saoudite devant leurs responsabilités.
L’Union européenne (UE) s’est, elle aussi, dite «très satisfaite» de l’accord entre la Russie et les Etats-Unis pour inciter les parties en désaccord en Syrie à trouver une solution au conflit qui ensanglante le pays depuis mars 2011.
«L’UE a répété à maintes reprises que la solution du conflit réside dans un règlement politique global», a indiqué le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. L’Allemagne qui s’est toujours montrée contre l’intervention militaire a salué ce «pas important».
Son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a estimé que l’accord russo-américain était un «pas important vers un règlement politique».
Même le Canada, dont la politique étrangère est «américanisée» depuis longtemps, s’est joint à ce concert d’approbation.
«A nos yeux, la solution politique est la seule option pour mettre un terme aux souffrances du peuple syrien», a déclaré, mardi soir, le chef de la diplomatie canadienne, John Baird.
Mais cette quasi-unanimité du monde occidental pour appuyer cette ébauche de sortie de crise risque de ne pas plaire aux pays arabes, notamment les sponsors des rebelles que sont le Qatar et l’Arabie Saoudite. Le fait est que l’opposition syrienne adoubée, armée et financée par Doha et Riyad, n’a pas tardé à décliner l’offre de solution de Moscou et Washington.
La Coalition syrienne résiste…
«La Coalition nationale salue les efforts internationaux appelant à une solution politique qui réaliserait les aspirations du peuple syrien pour un Etat démocratique, mais celle-ci ne peut commencer qu’avec le départ de Bachar Al Assad et de son régime», a-t-elle réagi dans un communiqué. Une réaction sans doute inspirée par Doha et Riyad qui verraient d’un mauvais œil que la crise soit réglée politiquement entre Syriens. C’est là un rejet indirect, mais évident de l’appel américano-russe au dialogue pour mettre fin à la guerre. L’Emirat du Qatar et le royaume d’Arabie Saoudite, qui font un grand lobbying et déversent une propagande depuis une année au moins pour ramener l’OTAN en Syrie, entendent ainsi résister. Il reste que les «intérêts vitaux» des Etats-Unis (et de la Russie) ainsi que la sécurité d’Israël passent avant tout.
D’aucuns pensent que les deux raids aériens effectués par l’armée israélienne à Damas constituaient une planche de salut pour le régime Al Assad. Pour une fois, les Etats-Unis et Israël ne sont peut-être pas sur la même longueur d’onde que leurs amis du Qatar et d’Arabie Saoudite.
Les termes de l’accord de Moscou :
A l’issue des entretiens, mardi à Moscou, du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avec le président russe Vladimir Poutine, ainsi qu’avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, les deux parties se sont entendues pour inciter le gouvernement syrien et les rebelles à trouver une «solution politique» au conflit. Moscou et Washington se sont engagés aussi à encourager l’organisation «au plus vite» d’une conférence internationale sur la Syrie.
«Nous pensons que le communiqué de Genève est la voie à suivre pour mettre fin à l’effusion de sang», a déclaré M. Kerry. Dans ce contexte, M. Lavrov a affiché l’attachement de la Russie et des Etats-Unis à «l’intégrité territoriale de la Syrie dans le cadre de la mise en place de l’ensemble des dispositions énoncées dans le communiqué de Genève».
«Nous reconnaissons que cela nécessite l’accord mutuel des parties syriennes, et nous nous engageons à utiliser toutes les possibilités dont disposent la Russie et les Etats-Unis afin de faire asseoir le gouvernement et l’opposition syrienne à la table des négociations», a-t-il souligné.*El Watan-09.05.2013.
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