Un «sommet mondial» pour la démocratie
10 12 2021* Un «sommet mondial» pour la démocratie
Joe Biden a ouvert jeudi 09/12/2021 son « sommet mondial pour la démocratie ». Cet événement virtuel, qui réunit une centaine de pays, est au cœur de la politique étrangère du président américain. Mais la liste des invités pose la question des véritables intentions de Washington. Le sommet pour la démocratie, organisé en virtuel par la Maison Blanche, s’est poursuivi vendredi 10 décembre. Jeudi, c’est la vice-présidente américaine Kamala Harris qui a conclu la première journée de discussion. Même si son pays organise ce sommet, elle sait qu’il reste du travail pour être vraiment exemplaire.
Après quatre ans de présidence Trump, Joe Biden avait scandé « l’Amérique est de retour » et avait promis de revenir à un leadership plus traditionnel des États-Unis. Ce sommet, qui réunit 111 pays ces jeudi 9 et vendredi 10 décembre, s’inscrit au cœur de sa politique étrangère, à un moment où la démocratie recule à travers le monde. « Ce sommet était une pièce maîtresse de la rhétorique de Joe Biden pendant la campagne présidentielle », confirme Jonathan Paquin, professeur titulaire au département de sciences politiques de l’université Laval, à Québec (Canada). « Une fois qu’il a pris le pouvoir, plusieurs observateurs lui ont conseillé de laisser tomber ». Mais Joe Biden a tenu tête.
Première difficulté : constituer une liste d’invités. Washington a fait le tri, sans toutefois détailler précisément le processus de sélection. Le Brésil, la Pologne ou les Philippines sont conviés, mais pas la Hongrie ni la Turquie. « C’était une mission impossible », estime Martin Quencez, directeur adjoint du think tank German Marshall Fund, à Paris. « Il fallait intégrer un certain nombre de pays qui ne représentent pas les valeurs démocratiques, soit parce que ce sont des alliés importants dans le cadre de l’Otan ou d’autres partenariats américains dans le monde, soit parce qu’il n’était pas question d’isoler des pays potentiellement importants dans la compétition avec la Chine ».
**Un instrument géopolitique ?
La Chine,n’est pas non plus invitée à ce sommet, contrairement à Taïwan. Également dans la liste des « recalés », la Russie décrit l’événement comme « un instrument pour atteindre des objectifs géopolitiques ». « Au-delà des critères démocratiques, il faut voir que les intérêts stratégiques ont prévalu », commente Jonathan Paquin. « En ce qui concerne la Turquie et la Hongrie, il s’agit de deux pays très critiques face à Washington et qui entretiennent de très bons rapports avec Pékin et Moscou. En revanche dans la liste des invités, on note la présence du Brésil, de l’Inde, des Philippines ou de la Pologne, dont les régimes sont beaucoup plus autoritaires qu’il y a 10 ou 15 ans, mais qui sont résolument dans le camp américain. Ce ne sont pas des démocraties exemplaires, mais ce sont de bons alliés de Washington ».
Les Européens eux-mêmes ont émis quelques réserves ces dernières semaines. Des sources diplomatiques en France laissent poindre des inquiétudes sur la finalité du sommet : l’administration Biden tente-t-elle de constituer un front commun contre Pékin sous couvert de promotion de la démocratie ? Pour Martin Quencez, ces remarques ont été prises très au sérieux par l’administration Biden : « Depuis plusieurs semaines, la communication de Washington est de dire qu’il ne s’agit pas d’un bloc dans le cadre d’une nouvelle guerre froide. Il s’agit de réunir des pays contre le déclin démocratique, autour des questions de lutte contre la corruption, des droits de l’homme ou encore de la liberté d’expression sur internet ».
**Une démocratie américaine fragilisée
Le « jour zéro », mercredi, a vu se succéder plusieurs intervenants issus de la société civile. La première matinée de ce jeudi est dédiée aux sessions plénières, à huit clos, des chefs d’État, après un discours d’ouverture de Joe Biden. Les États-Unis organisent ce sommet à un moment où la démocratie américaine, elle-même, est fragilisée.Le pays a dégringolé de onze points en dix ans dans le palmarès de la santé démocratique dans le monde de l’organisation Freedom House, pourtant en partie financée par le département d’État américain. « Une majorité d’États aux États-Unis ont adopté des lois qui rendent plus difficile l’exercice du droit de vote des minorités. Cela s’ajoute à l’œuvre de Donald Trump et à l’attaque contre le Capitole du 6 janvier dernier. C’est une démocratie qui se porte très mal », explique le professeur Jonathan Paquin. « Mais si ce ne sont pas les États-Unis, qui d’autre serait capable de reprendre ce leadership ? Les États-Unis demeurent la première puissance mondiale, c’est encore aujourd’hui une démocratie, et le pays a joué un rôle important dans la démocratisation des pays d’Europe de l’Est au début des années 90. Donc il y a tout de même un héritage démocratique ».
Pour Martin Quincez, Joe Biden a cherché un point d’équilibre entre ce leadership qu’il souhaite assumer, et une certaine humilité face à l’état de la démocratie dans son pays. « On attend de la part des États-Unis non pas l’annonce d’un soutien à des activistes prodémocratie dans des pays autoritaires, mais des changements concernant la démocratie aux États-Unis, une introspection sur le déclin démocratique dans nos sociétés et notamment en Amérique du Nord. C’est là que l’on jugera de la crédibilité de l’administration Biden », ajoute le directeur adjoint du German Marshall Fund. Plusieurs analystes s’attendent à ce que chaque pays formule des engagements sur le plan national, plutôt que de grandes résolutions communes. Les États-Unis pourraient par exemple annoncer une série d’engagements dans la lutte contre la corruption et pour un meilleur encadrement du financement des campagnes électorales. Le sommet de cette semaine est annoncé, par le département d’État américain, comme la première étape d’une année d’action. Des groupes de travail doivent se réunir tout au long de l’année avant un deuxième sommet prévu dans un an.*RFi - Publié le : 09/12/2021
****La démocratie n’est pas parfaite, mais elle perfectible. C’est aussi le cas aux États-Unis. L’évocation de l’attaque du Capitole le 6 janvier dernier est quotidienne. Les lois pour limiter le vote, surtout des minorités, se multiplient dans les États conservateurs. L’exécutif dénonce ces lois locales et les conteste en justice.
Mais pour Kamala Harris, il faut aller plus loin. « Notre Congrès doit agir. En ce moment même, il y a deux projets de loi devant le Congrès. À eux deux, ces projets permettraient de s’assurer que tout Américain en droit de voter pourrait le faire et que son vote serait comptabilisé dans une élection libre, juste et transparente. Aujourd’hui, alors que le monde nous regarde, le président et moi-même répétons notre appel pour que ces projets soient rapidement adoptés. Nous savons que notre travail chez nous nous rendra plus forts face au monde. »
**Le problème, c’est que la procédure parlementaire, notamment au Sénat, requiert une majorité plus importante que celle dont disposent les démocrates. Ces projets restent bloqués et il sera assez difficile à l’administration Biden de présenter des avancées lors du prochain sommet pour la démocratie prévu pour 2022, l’année des élections de mi-mandat au Congrès.
Que pensent les Américains de leur démocratie, question posée dans les rues de New York ?
Dans les rues de New York, rares sont ceux qui étaient au courant du sommet sur la démocratie organisé par Joe Biden. Mais pour la plupart, il est clair que les États-Unis sont à un tournant, constate notre envoyé spécial à New York, Guillaume Naudin.
« Historiquement, les règnes ou les régimes durent 250 ans. On y est un peu donc c’est un moment crucial pour l’Amérique. Il faut qu’on avance et qu’on se batte pour notre démocratie. »
Préserver la démocratie surtout avec tout ce que le pays traverse ces dernières années: l’attaque contre le Capitole, les violences raciales, les restrictions du droit de vote et du droit à l’avortement …
« Notre démocratie est en difficulté. Ce qui est très inquiétant ! Et ça ne fait qu’empirer. »
« Franchement, je pense que c’est un système injuste. On nous dit qu’on a tous ces droits, mais en même temps, ils nous retirent tellement de droits humains ! »
Le problème, selon certains, serait notamment lié à l’âge avancé des présidents et des élus américains.
« On ne peut plus avoir tous ces vieux à la tête du pays. Il nous faut des présidents plus jeunes, plus ouverts d’esprit », reprend le premier interrogé.
En attendant, ils estiment que la priorité actuelle est de lutter contre les divisions et la polarisation que connaît le pays, surtout depuis la présidentielle de 2020.
*RFi - Publié le : 10/12/2021
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Au Danemark, l’ancienne ministre de l’Intégration condamnée à deux mois de prison ferme
L’ancienne ministre danoise de l’Intégration a été condamnée mardi à deux mois de prison ferme pour la séparation illégale de couples de demandeurs d’asile en 2016.
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L’ancienne ministre danoise de l’Intégration, Inger Støjberg, était jugée mardi 14 décembre devant la cour spéciale de justice qui se penche sur les cas de ministres ayant failli dans l’exercice de leurs fonctions. Cette femme de 48 ans a été condamnée à deux mois de prison ferme pour avoir illégalement ordonné en 2016 la séparation de 23 couples de demandeurs d’asile dès leur entrée au Danemark.
Les femmes ayant moins de 18 ans à l’époque, la ministre disait vouloir protéger les mineures mariées de force. Or, aucun dossier n’avait été examiné par les services de l’immigration. Tous les couples, y compris ceux ayant une très faible différence d’âge ou des enfants ont été placés dans des foyers différents. Copenhague voulait surtout décourager les candidats à l’exil après les arrivées importantes de Syriens en 2015. Pour la cour, Inger Støjberg a manqué à ses responsabilités et violé la Convention européenne des droits de l’Homme. Elle devrait purger ses deux mois de prison ferme chez elle, avec un bracelet électronique. Mais sa condamnation est définitive, elle ne peut pas faire appel.
– »Très surprise » par sa condamnation
Inger Støjberg ne comprend absolument pas sa condamnation. Elle pensait même être relaxée : « Je suis très, très surprise », a-t-elle dit à la sortie du tribunal. « C’est une défaite, pas seulement pour moi mais pour les valeurs danoises. » Les partis d’extrême droite crient au scandale et dénoncent « un jugement totalement incompréhensible ». En France, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, lui a aussi apporté son soutien. Inger Støjberg reste d’ailleurs l’ex-ministre préférée des Danois, qui placent l’immigration en tête de leurs préoccupations.
Le gouvernement danois, soutenu par la droite populiste, mène une politique migratoire très dure, parmi les plus restrictives d’Europe. Entre 2015 et 2019, Inger Støjberg se vante d’avoir fait adopter plus de 110 amendements pour restreindre les droits des étrangers, venus selon elle »pomper le système ».
L’ancienne journaliste - depuis redevenue députée - aime choquer et provoquer. En 2017, elle poste une photo d’elle tout sourire avec un énorme gâteau orné d’un drapeau danois et du chiffre 50, pour fêter son 50e amendement. Ce texte permet de supprimer les allocations des immigrés ayant commis une infraction.
C’est elle aussi qui, pendant son mandat, autorise la confiscation de l’argent et des biens de valeur des demandeurs d’asile pour permettre de financer leur prise en charge dans le pays. En 2020, alors que l’ex-ministre n’était plus en poste, le Danemark est devenu le premier pays de l’Union européenne à réexaminer des centaines de dossiers de réfugiés syriens pour révoquer leur permis de séjour au motif que « la situation à Damas » est redevenue calme.
En début d’année la première ministre a rappelé que son objectif était « zéro demandeur d’asile« . Le pays est pourtant loin d’être débordé par les demandes de protection internationale. Il y a moins de six millions d’habitants et l’an dernier, 1 500 personnes environ ont demandé l’asile, le chiffre le plus bas depuis 1998. *franceinfo - Isabelle Labeyrie- Publié le 15/12/2021

Les entreprises sont toujours plus nombreuses à employer activement les seniors désireux de travailler. Nojima, une grande enseigne d’électroménager, a, de fait, supprimé l’âge limite d’activité, jusqu’alors fixé à 80 ans. En avril, le groupe YKK avait de son côté aboli l’âge de la retraite pour les employés permanents [CDI].
En plus de répondre aux réformes visant à encourager l’emploi des seniors, ces mesures pallient le manque de main-d’œuvre qui accompagne la reprise économique postpandémie. Alors que la population continue de vieillir, l’emploi des plus âgés devrait aussi jouer sur la compétitivité des entreprises.
–Recrutement d’octogénaires
Chez Nojima, la suppression de l’âge maximal d’activité, entrée en vigueur en octobre, concerne les quelque 3 000 employés permanents du siège social et des magasins, parmi lesquels une dizaine ont 75 ans ou plus. L’entreprise recrute par ailleurs des octogénaires, qui, en travaillant en magasin cinq heures par jour, quatre jours par semaine, touchent environ 120 000 yens [910 euros] par mois. À partir de ce mois [d’octobre], ceux qui le souhaitent et dont la santé le permet auront la possibilité de prolonger leur contrat. En juillet 2020, le règlement de la société avait été modifié pour permettre aux salariés de continuer à travailler après l’âge de la retraite – 65 ans – comme employés temporaires jusqu’à 80 ans, mais beaucoup ont émis le souhait de rester actifs au-delà. *

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