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CONDUITE DE LA TRANSITION PAR DES FIGURES DU SYSTÈME

Le non définitif du peuple

*Un peuple uni ne sera jamais vaincu”

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**vidéos:

*dans les rues d’Alger mardi 16 avril 2019

Algérie : des milliers d’étudiants de nouveau dans les rues d’Alger

***Des milliers d’étudiants sont retournés dans les rues d’Alger mardi 16 avril 2019 pour exiger le départ du système. Le rassemblement a eu lieu alors que le président du Conseil constitutionnel d’Algérie, Tayib Belaiz, a quitté son poste. Il était l’une des personnalités les plus critiquées par les manifestants.

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Le pays est depuis plusieurs semaines le théâtre d’une révolution pacifique dans la rue et d’une guerre ouverte au sommet. Les échos de la lutte des clans continuent d’alimenter la chronique nationale et de brouiller les pistes à un moment où tout un peuple est résolument engagé sur la voie de son émancipation politique.

Alors que des millions de citoyens étaient sortis dans la rue pour demander le départ de tout le système, l’opinion publique était invitée, à la fin du mois dernier, à suivre les péripéties d’une réunion secrète entre des parties jadis adverses, accusées de vouloir porter atteinte à l’institution militaire du pays. A présent, et au lendemain d’une manifestation où des citoyens ont suffoqué dans le Tunnel des facultés, noyé dans les gaz lacrymogènes, c’est la vraie fausse information du délogement de l’ancien patron de la police et de ses supposés démêlés avec la justice qui est servie à la population.

Cette guerre féroce entre les clans se poursuit sous le mot d’ordre proclamé d’une lutte implacable contre la «bande», celle du Président qui a démissionné une heure après la mise en demeure du chef d’état-major de l’ANP, ou des oligarques qui peuvent être attrapés par le plus simple agent aux frontières. Si la bande n’existait pas, il faudrait la créer. Elle assume actuellement la mission précieuse de sauvegarde d’un système qui l’a engendrée. Elle représente la quintessence de sa nature hégémonique et l’expression la plus éclatante de sa corruption profonde.

Ce n’est pas la répression qui menace la mobilisation citoyenne, mais la capacité manœuvrière d’un système qui multiplie les leurres et les mystifications. Aucun citoyen de Béchar ou de Tébessa, ni d’ailleurs, ne connaît les noms des nouveaux ministres de l’Intérieur ou de l’Energie. Pourtant, ils ont été refoulés, ces derniers jours, sans autre forme de procès et empêchés par la population d’effectuer leurs visites officielles.

Cela ne dissuade pas les stratèges du statu quo de faire la promotion de la seule revendication réclamant le départ des «3B». S’ils n’étaient pas soucieux de se conformer aux dispositions constitutionnelles pour faire bonne figure sur la scène internationale, les détenteurs actuels du pouvoir auraient volontiers remercié ces trois personnalités, sans relief notable, pour les remplacer tout simplement par les concepteurs historiques et les managers réels des dispositifs de fraude électorale.

Mais le jeu des «pions» selon les circonstances et l’évolution des événements ne peut plus être opérant depuis qu’un jeune manifestant a relancé dans les rues d’Alger, le 12 mars dernier, la revendication définitive d’une rupture radicale avec le système en place. Les atermoiements et les manœuvres en cours heurtent mais ne stoppent pas l’aspiration des Algériens au changement. Ces derniers n’attendent pas de nouvelles promesses et d’autres discours trompeurs, mais un signal fort que les clans vont se conjuguer au passé et leurs représentants admis à la retraite politique.* DJAFFER TAMANI - elwatan- lundi 15 avril 2019

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La démocratie est la solution

«Ne les laissez pas pervertir la noblesse de votre combat. Ne les laissez pas voler votre victoire…» Djamila Bouhired

Lettre à la jeunesse algérienne

Embrasser la modernité, pilonner les cimaises de l’intégrisme et assécher les sources de l’Etat rentier, sont autant de revendications légitimes d’un peuple algérien plus que jamais décidé à jouir d’une pleine souveraineté, active et décisive. Claires comme l’eau de roche, comme le sang plein de patriotisme qui irrigue les foules algériennes, les revendications ne cessaient de se multiplier, avec précision et génie, et au diapason des supercheries d’un régime jouant une prolongation anticonstitutionnelle.

Gouverner, c’est faire croire, avertissait Machiavel. Le régime algérien en a fait son ordre du jour permanent. En effet, depuis vingt ans, Bouteflika annonçait un océan de promesses, sans suite, comme des feuilles mortes qui tombent à l’automne. Avec ses affidés, ils se sont entêtés à construire un mur de mépris et à répondre aux demandes du peuple par la répression, la terreur policière, le harcèlement judiciaire, sinon avec la politique de l’autisme, obstinés comme jamais.

Malgré une manne financière en mesure de réaliser un miracle économique, un bond culturel, des avancées sociétales et consolider les acquis démocratiques, Bouteflika a réussi à réduire l’Algérie en un pays instable, zébré par un multipartisme de façade et maintenu en vie par la grâce d’une économie anémiée, suspendue aux puits de pétrole et de gaz. «Il n’y a de richesse que d’hommes», disait Jean Bodin, une richesse qui ne manque guère en Algérie, Dieu merci ! Or, la gestion de toute richesse requiert un minimum de bon sens.

A ce propos, la sagesse n’est pas, loin s’en faut, le caractère saillant du dictateur. Le pays est ainsi déserté par ses cadres, fui par sa jeunesse, à cause d’une politique sadique qui étrille les compétences et étrangle les esprits novateurs.

Un pays sans aura, en peine, en panne, voilà le résultat d’un règne autoritaire, où une garde prétorienne portant nombre de sales casquettes et tristes casseroles fait la loi, celle de la jungle s’entend, une nuée de prédateurs, de fraudeurs, d’embastilleurs, a sucé les richesses du pays et manqué de peu de l’achever par un 5e mandat aussi éhonté que broyeur d’une dignité acquise de haute lutte dans un passé pas si lointain. Ainsi, au regard des performances ternes d’un régime affabulateur, la rue a répondu avec un élan festif, mêlant l’honneur à la bonne humeur, afin de démanteler un agrégat de frelons nuisibles et destructeurs.

Venu en sauveur il y a vingt ans, Bouteflika est devenu un tyran, mû par une mégalomanie démesurée et encouragé par des contre-pouvoirs qu’il ne cessait de laminer jusqu’à les rendre squelettiques. Bref, c’est le règne de tous les excès, mais nul succès populaire n’a été au rendez-vous d’un régime qui ne cessait de répandre partout les toxines de la paralysie. Les blocages sont multiples, d’ordre politique d’abord, lesquels sont aggravés par des obstacles économiques ajoutés à l’asphyxie culturelle et un dilettantisme administratif rageant, pour faire de l’Algérie une prison à ciel ouvert, où nulle joie de vivre ne pouvait bourgeonner.

C’est ainsi que, au nom d’une vision autocentrée de la gestion politique et financière, que Bouteflika s’est transformé en caillou dans la chaussure de la société algérienne, l’empêchant d’avancer et de lorgner la sécurité économique, d’appréhender le jardin où fleurissent les droits de l’homme et de se prélasser dans les étendues du fruit de son labeur quotidien. La myopie politique a causé d’innombrables dommages à l’Algérie. Nonobstant ce nouveau souffle fait de liberté, avec cette nuance de prise de responsabilités, qui rendrait heureux même Jean-Paul Sartre, laisse présager un avenir rayonnant, notamment pour cette frange juvénile jusque-là abandonnée.

Plus de quarante millions d’âmes aspirent au changement, à vivre enfin heureux dans ce vaste pays. Néanmoins, quelques approches méritent d’être tirées au clair, en vue d’un divorce irréversible avec un temps ingrat et un régime toxique. Il s’agit d’engager le pays dans un contrat social où chacun trouve son honneur intact et son bonheur possible. Bref, notre pays est à la veille d’un choix crucial. Il faut opter pour le redressement démocratique, celui qui va enchanter les nobles idéaux de la population.

Nouer un dialogue intergénérationnel est une catharsis, endiguer le paternalisme est une obligation pour que chacun et chacune apportent leur pierre à l’édifice et se mettent en ordre pour la construction d’une démocratie participative. Comme préalable, il faut siffler la fin de la police politique et mettre la Sécurité d’Etat au service de la sécurité de la nation, exclusivement. Partant de là, l’armée doit impérativement rester dans les limites assignées par la Constitution.

Cette dernière, en tant que carte d’identité de la nation, fera en sorte de remettre le citoyen au centre des préoccupations politiques en mettant l’accent sur l’Etat de droit, par l’autonomie de la Justice. Naturellement, la décentralisation d’abord et le choix d’une Algérie fédérale ensuite, permettant une gouvernance locale, feront du citoyen un acteur à part entière, qu’il soit employé ou entrepreneur, d’où découlera un développement rapide des régions et des foyers. En même temps, le citoyen est enrichi par les liens de la solidarité nationale, par l’équité, en vue d’une cohésion permanente et fertile, en vue d’une Algérie debout !

Miser avec détermination sur l’égalité homme-femme au nom d’un Etat civil est un gage pour un épanouissement familial et une société apaisée dont l’école est appelée à constituer la première matrice pour la transmission d’un savoir multiforme, sans dogmatisme. Son but est de former un citoyen utile à la société par le travail, par le mérite, utile car libre et fier, utile car il est bien à la place qui lui revient de droit.

Il n’y a pas de grand pays sans la séparation des pouvoirs, sans le respect des contre-pouvoirs comme les partis d’opposition, les syndicats et la presse. A cet effet, il convient de doter les lois fondamentales du pays d’un arsenal juridique à même d’endiguer la corruption en toute transparence, en toute impunité, la limitation et le non-cumul des mandats, le plafonnement des salaires dans la Fonction publique, pour éviter toute gestion clanique et annihiler la prédation facile. Avoir foi en l’alternance permet d’éviter les énormes gâchis des précédentes mandatures.

La primauté est pour un Etat civil, où la religion reste une question personnelle et non une préoccupation politique. Former un gouvernement légitime comme une entité au service de la santé, du travail, de la sécurité alimentaire et physique, d’un logement décent, d’un meilleur niveau de vie. L’Etat de droit ne doit plus être un objet entre les mains d’une bande dont l’obsession est l’enrichissement, par l’arbitraire, par la terreur et l’arrogance. La bureaucratie doit reculer au bénéfice de l’égalité sociale et d’une gestion rationnelle des ressources et de la richesse nationale.

Combat d’avant-garde longtemps étouffé par les hommes d’un sérail abject, un rapide retour aux fondamentaux du vivre-ensemble, de la répartition équitable des richesses, suffisent à répondre le mieux à la situation de paupérisation qui gangrène actuellement et vaut aux ménages des fins de mois difficiles, et condamne le pays à la traîne malgré des richesses nationales multiples. En somme, il s’agit de s’éloigner du passé tumultueux, de divorcer avec les méthodes du parti unique, de remiser au placard les hommes de la déchéance nationale, d’ouvrir les portes aux hommes et aux femmes porteurs de réflexions structurantes à même de baliser le chemin pour une Algérie meilleure.

Embrasser la modernité : y a-t-il plus belle noce de couronnement ? 

*TARIK DJERROUD – elwatan-  samedi 13 avril 2019

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DÉMISSION DE TAYEB BELAIZ

Y aurait-il un effet domino ?

Le président du conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, a présenté ce matin sa démission.

Cette démission est surement la conséquence de la pression que la rue exerce sur les figures du régime qui sont demeurées en poste après la démission du président de la république mis surtout contre la volonté du peuple.

Tayeb Belaiz est, avec le chef de l’Etat et le premier ministre, les personnages les plus ciblés par les manifestants qui refusent que la transition vers une nouvelle république soit étrennée par les survivances du clan Bouteflika.

Car le désormais ex président du conseil constitutionnel est l’un des fidèles du président démissionnaire. Lorsqu’il a été promu au poste, il a juré fidélité à Bouteflika.  La  démission de Belaiz ne manquera pas de soulever des questionnements sur la suite des évènements, notamment de ce qu’il adviendra de la feuille de route tracée dans le cadre stricte de l’article 102 de la constitution.

La démission pourrait être suivie de celle du premier ministre, voire de l’ensemble du gouvernement, mais également de celle du chef de l’Etat. C’est ce que le peuple réclame depuis plusieurs semaines. Cette évolution de la situation n’est pas à exclure, tant est que la présidentielle du 4 juillet 2019 est sérieusement compromise après la décision des magistrats et de nombreux APC de ne pas s’impliquer dans le processus électoral.

Une échéance électorale d’autant plus hypothéquée qu’elle n’aura pas de candidats, étant donné qu’il sera impossible dans la situation actuelle de récolter les parrainages nécessaires pour valider une candidature. Ni les élus encore moins le peuple ne sont prêts à faire aboutir la feuille de route du régime. Faudrait-il cependant s’attendre aux démissions de Bensalah et de Bedoui ? L’éventualité n’est pas à écarter. Il faudra peut-être attendre le discours du chef d’état-major de l’ANP, attendu pour aujourd’hui à Ouargla, pour deviner la direction du vent.

C’est, jusqu’ici, le général de corps d’armée Ahmed Gaid Salah qui s’est érigé en porte-voix du pouvoir, en lieu et place, il faut le souligner, d’un premier ministre complètement absent de la scène publique  et d’un chef de l’Etat dont l’expression politique n’est pas le plus saillant de son caractère.*Par Sofiane Aït Iflis Liberté- mardi 16 avril 2019

***Kamel Feniche a été désigné mardi président du Conseil Constitutionnel en remplacement de M. Tayeb Belaïz, qui a présenté sa démission, le même jour, à M. Abdelkader Bensalah, indique un communiqué de la Présidence de la République. “Monsieur Tayeb Belaïz, président du Conseil Constitutionnel, a présenté sa démission, ce jour, mardi 16 avril 2019, “Monsieur le Chef de l’Etat a accepté la démission de M. Tayeb Belaïz et désigné M. Kamel Feniche à la fonction de président du Conseil Constitutionnel”, ajoute la même source.*mardi 16 avril 2019

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*Le gouvernement Bedoui va-t-il démissionner?

Le gouvernement de Noureddine Bedoui est partout rejeté. Des ministres sont empêchés de sortir sur le terrain tous les jours. L’Exécutif est devant une impasse. Un prélude à sa démission ? 

Depuis quelques jours, des ministres du gouvernement tentent des sorties sur le terrain. C’est raté. Chaque jour, un membre du gouvernement se voit dans l’obligation d’annuler une visite programmée dans une wilaya. Les citoyens, informés à l’avance de ces déplacements, protestent et obligent ainsi les représentants du pouvoir à rentrer chez eux. Hier encore, pas moins de trois visites ont été annulées à cause de ces manifestations citoyennes. Meriem Merdaci, ministre de la Culture, a été chahutée hier lors de sa sortie à Tipasa et a dû annuler sa sortie à Guelma, tandis que son collègue du Tourisme n’a pu se rendre à M’sila. La veille, trois ministres du nouveau gouvernement, dont l’emblématique ministre de l’Intérieur, ont essuyé la colère des Algériens. 
Le refus exprimé dans les slogans portés par des manifestants s’est ainsi concrétisé sur le terrain. Et il semble que cela ne va pas s’arrêter. À chaque tentative de sortie sur le terrain, des manifestants s’interposent, empêchant ainsi la traduction sur le terrain de cette décision politique, prise par Abdelaziz Bouteflika avant de démissionner le 2 avril dernier, de nommer un nouvel Exécutif. En plus des manifestations citoyennes qui empêchent les membres du gouvernement de sortir sur le terrain, la décision envoyée par le ministre de l’Intérieur aux collectivités locales, visant à organiser les élections présidentielles projetées pour le 4 juillet prochain, est rejetée par au moins une partie des présidents d’APC, des élus et fonctionnaires des communes du pays. 
Même des secrétaires généraux d’APC — nommés par l’administration — ont annoncé leur refus de ne pas organiser le scrutin du 4 juillet, rendant ainsi caduque toute décision émanant de ce département. Ces sorties ratées des ministres du gouvernement Bedoui imposent des interrogations sur les réelles intentions du pouvoir. Installée pour “gérer les affaires courantes”, cette équipe, logée au Sheraton d’Alger, faute de logements attribués par la présidence de la République —sans doute à cause du caractère temporaire de sa mission — semble vouloir tester la patience des Algériens qui réclament, chaque vendredi, la démission de Noureddine Bedoui et d’Abdelkader Bensalah. L’exercice est raté, puisque le rejet est devenu une pratique active et effective sur le terrain.
Face à ce refus systématique de la rue et des élus, le gouvernement de Noureddine Bedoui n’a pas trop de choix. 
Mise entre deux feux, celui de la résistance populaire et celui du pouvoir politico-militaire, l’équipe gouvernementale a deux issues. Ou elle reste confinée dans les bureaux des ministères en attendant des jours meilleurs. Ou elle rend son tablier à un chef de l’État qui est lui-même fortement contesté par les Algériens. Ce dernier scénario posera un vrai souci au pouvoir : l’application de la Constitution comme seule sortie de la crise actuelle est quasiment impossible. D’où la nécessité de rechercher des solutions politiques. *Par Ali Boukhlef -  Liberté- mardi 16 avril 2019

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LA MOBILISATION NE FAIBLIT PAS

Imposante manifestation des étudiants à Alger

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Photo : Imène Amokrane

Les étudiants se sont rassemblés une nouvelle fois, ce mardi, plus nombreux que d’habitude, à Alger pour demander le départ du système. Ils sont des milliers à manifester pacifiquement, alors qu’un impressionnant dispositif policier est déployé. 

Les étudiants, qui ont afflué de toutes les universités et facultés de la capitale, ont célébré avec forts slogans la démission annoncée à la mi-journée du président du conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz.

Comme lors des mardis précédents, les étudiants ne sont pas laissés intimider par les cordons de sécurité. Ils ont entamé leur rassemblement par une marche de la place Audin, occupant ensuite l’espace de la rue Didouche Mourad qui s’étend de la jusqu’au parvis de la Grande Poste. Face à la forte mobilisation, les policiers ont fini par quitter les lieux et céder le passage, ainsi, les étudiants ont réussi à occuper les marches de la Grande Poste.

« Libérez l’Algérie », « yetnahaw gue3 : ils partiront tous » «  dégage, dégage ! Le peuple a le courage », ont scandé, entre autres, les étudiants.

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*Sihem Benmalek - Liberté- mardi 16 avril 2019

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Le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah a accusé, aujourd’hui mardi, l’ancien directeur du DRS, le général à la retraite Mohamed Mediène dit Toufik, d’ « entraver les solutions de sortie de crise ». Gaïd Salah, qui s’exprimait depuis Ouargla, a abordé d’autres sujets liés aux affaires de corruption ainsi qu’ à l’emblème national.

« J’ai déjà évoqué, lors de mon intervention du 30 mars 2019, les réunions suspectes qui se tiennent dans l’ombre pour conspirer autour des revendications du peuple et afin d’entraver les solutions de l’ANP et les propositions de sortie de crise. Toutefois, ces parties, à leur tête l’ex-Chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, ont tenté, en vain, de nier leur présence dans ces réunions, et d’induire en erreur l’opinion publique, et ce, en dépit de l’existence de preuves irréfutables sur ces faits abjects. Nous avons affirmé, ce jour là, que nous allions dévoiler la vérité, et les voici continuer à s’agiter contre la volonté du peuple et œuvrer à attiser la situation, en approchant des parties suspectes, et inciter à entraver les solutions de sortie de crise », a déclaré Gaid Salah depuis Ouargla.

Le chef d’état-major de l’armée ne s’est pas contenter d’accuser l’ancien directeur du DRS. Il l’a menacé ouvertement en déclarant : « je lance à cette personne (Toufik ndlr) un dernier avertissement, et dans le cas où il persiste dans ses agissements, des mesures légales fermes seront prises à son encontre».

Gaid Salah, également vice-ministre de la Défense a réitéré l’attachement du haut commandement de l’armée à une solution basée sur les dispositions prévues par la Constitution.  « Nous respectons parfaitement les dispositions de la Constitution pour la conduite de la transition, et je voudrais réitérer que toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais (…) ».

Il a invité, par ailleurs, la justice  à engager des poursuites contre des individus impliqués dans des affaires de corruption et de détournement de fonds publics. « Nous attendons à ce que les instances judiciaires concernées accélèrent la cadence du traitement des différents dossiers concernant certaines personnes ayant bénéficié indûment de crédits estimés à des milliers de milliards, causant préjudice au Trésor public et dilapidant l’argent du peuple», a-t-il déclaré.* FAROUK DJOUADI- elwatan-  mardi 16 avril 2019

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MALGRÉ LES TENTATIVES DE RÉPRESSION

Grandiose mobilisation à Alger

L’usage sporadique de gaz lacrymogènes et de canons à eau n’ont pas émoussé la mobilisation. “Le peuple décide, système dégage”, ont scandé des centaines de milliers d’Algérois.

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Hier, c’était un vendredi particulier dans le processus du soulèvement populaire. Il survenait après la confirmation d’Abdelkader Bensalah à la fonction de chef d’État par intérim, la convocation du corps électoral le 4 juillet pour élire un président de la République, un discours menaçant envers le peuple et surtout la mise en place de lourds dispositifs de répression. Nullement dissuadés par les tentatives de phagocyter la désormais traditionnelle grande marche du vendredi, les Algérois ont commencé à accaparer la voie publique, principalement les mythiques places de la Grande-Poste et Maurice-Audin, dès les premières heures de la matinée. 

Les dizaines de Casques bleus qui quadrillaient les lieux n’ont pas résisté longtemps à une affluence poussive. Ils se sont retirés vers 10h, cédant la rue aux milliers de manifestants déjà sur place qui scandaient “Djeïch chaâb, khawa khawa”. La partie n’était pas gagnée. La journée sera émaillée d’escarmouches. Vers 13h30 à l’amorce de la rue Didouche-Mourad, des CRS arrosent avec des canons à eau des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants, qui avaient, pour seules armes, des pancartes et l’emblème national. La charge dure quelques instants. Les manifestants ne répliquent guère par la violence.Ils prennent des selfies sous les jets d’eau, comme pour narguer les forces de sécurité qui, soudainement, stoppent leur action. Ils évacuent l’endroit, passant par la transversale à la rue Hassiba Ben-Bouali, tantôt sous des sifflements, tantôt aux cris “Djazaïr houra démocratia” (Algérie libre et démocratique).La plupart des policiers baissent la tête, évitant de croiser les regards houspilleurs de leurs compatriotes. 
À 14h30, à 16h puis vers 18h, l’usage de bombes lacrymogènes à la sortie du Tunnel des facultés provoque un mouvement de panique dans la foule compacte.
De jeunes marcheurs offrent des compresses imbibées de vinaigre. D’autres libèrent des passages aux personnes prises de malaise, aux femmes et aux enfants. En quelques minutes, le rond-point est reconquis par les citoyens, déterminés à en découdre avec le régime. “Nous n’avons pas peur. Nous savions qu’ils utiliseraient contre nous des gaz lacrymogènes. Nous sommes venus équipés”, nous dit un manifestant en nous montrant un masque de protection respiratoire. Hier, l’ambiance était relativement tendue, exclusivement revendicatrice. “Nous sommes fâchés”, gronde une jeune femme. “Yatnahaw gaa”, “Bensalah dégage”, sont les slogans récurrents dans les bouches et sur les banderoles. Parfaitement édifiés sur les enjeux de l’heure, les Algérois ont répondu au dernier discours du général chef de corps d’armée par un chant contestataire innovant “Sorry Gaïd Salah, chaâb machi djayah” (Pardon Gaïd Salah, le peuple n’est pas crédule).

Sur des écriteaux aussi : “Le peuple ne s’ingère pas dans les affaires du djeïch. Le djeïch doit avoir confiance en la maturité du peuple”, “Gaïd est obnubilé par les complots extérieurs”, “Le peuple ordonne et djeïch exécute”, “Pas de Constitution, la voix du peuple est la loi”, “Urgent, bientôt, vous verrez la force du peuple”… Evidemment, le départ immédiat du chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, le président de l’APN, Moad Bouchareb, le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, et le Premier ministre, Nourredine Bedoui, est présenté, par les manifestants, comme une exigence et non pas une demande. “Nous ne voulons pas la disparition des institutions, mais il n’est pas question d’aller aux élections avec les symboles du régime pourri”, assènent des citoyens en contrebas de la Grande-Poste.*Par Hammadi Souhila - Liberté- samedi 13 avril 2019

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Des rassemblements empêchés à Alger : La tentation répressive

Plutôt tolérants depuis le 22 février, les services de la police ont empêché, hier, les actions de protestation prévues à Alger. Le rassemblement auquel ont appelé les syndicalistes «libres» de l’UGTA a été violemment réprimé. Rassemblés devant le siège de la centrale syndicale, rue Aïssat Idir, les manifestants ont été brutalement chargés.

Une dizaine d’entre eux ont été embarqués de force et transférés vers deux commissariats de Rouiba, à l’Est d’Alger. «Les manifestants étaient là à 9h30. La police les a d’abord repoussés vers la place mitoyenne de la Maison de la presse. Les syndicalistes ont alors essayé de négocier avec l’officier de police, qui a permis qu’ils se rassemblent sur le trottoir adjacent au siège de l’UGTA.

Mais, une fois à cet endroit, ils ont été chargés. 13 syndicalistes ont été violemment embarqués et leurs camarades dispersés», détaille Omar, militant syndicaliste. Les syndicalistes, dont beaucoup de travailleurs licenciés, ainsi que des militants des droits de l’homme s’étaient donné rendez-vous pour le 5e samedi de suite.

Les mots d’ordre étaient les mêmes : exiger le départ du secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, et «se réapproprier» la centrale par l’organisation d’un congrès extraordinaire.

Les syndicalistes étaient surpris par la réaction violente de la police, qui se contentait jusque-là de contenir les rassembleurs sur le trottoir du lycée El Idrissi.

La semaine dernière, un fait inédit s’est produit sous le regard de la police : des partisans de Sidi Saïd, retranchés derrière le portail de fer, ont riposté en utilisant toutes sortes d’objets contondants. Un des manifestants a été blessé au couteau. La décision de la police de réprimer le rassemblement des syndicalistes est interprétée comme une volonté d’interdire les manifestations en semaine, alors qu’elles sont «tolérées» depuis le 22 février.

Des actions catégorielles sont organisées presque quotidiennement sur deux places fortes du centre-ville : la Grande-Poste et Audin, le dispositif antiémeute se contenant jusque-là d’encadrer les manifestants. Hier, la police a empêché la tenue d’un autre rassemblement auquel a appelé un collectif «antigaloufa» (lutte contre la maltraitance des animaux) à la Grande-Poste.

Les policiers ont empêché l’activité et ont interpellé le journaliste d’El WatanMeziane Abane, et le militant du MDS Mohamed Salah Lounis.

Dans un communiqué rendu public, hier, la direction d’El Watan s’est interrogée sur les raisons de cette arrestation «qui bafoue les règles élémentaires du droit et dénonce cette grave atteinte à la liberté de la presse en Algérie»

Des artistes, qui s’étaient donné rendez-vous sur la place des Bouquinistes en face de la Grande-Poste ont, eux aussi, été empêchés d’installer leurs instruments de musique. «Un agent en civil, visiblement le chef des policiers, est venu nous dire que les choses vont désormais changer et qu’on ne peut plus tenir notre concert. Pourtant, on était déjà venus au même endroit pour la même activité.

L’agent nous dit qu’il n’y aura plus de rassemblements et autres activités à Alger, à part les vendredis. Pour lui, toute activité sera interdite et il y aura même des arrestations. L’agent nous a également dit que la police subit des pressions mais qu’il ne peut pas nous donner des détails», signale Aziz Hamdi, militant et un des organisateurs de l’activité artistique.

Maintenir la pression

Nouveau modus operandi. «Les policiers commencent par cibler les petites actions avant de toucher le grand rassemblement du vendredi. Je ne peux pas dire si c’est la DGSN qui a décidé de ce coup de vis ou si c’est l’Intérieur», poursuit Hamdi.

Les actions répressives s’étaient répétées ces derniers jours. D’aucuns s’interrogent sur ces actions musclées : la police a-t-elle reçu des instructions d’empêcher les rassemblements à Alger ? Vendredi, les éléments de la gendarmerie ont dressé des barrages filtrants plus visibles sur le tronçon de l’autoroute de l’Est allant de Réghaïa à Dar El Beïda.

Les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour contraindre les marcheurs à reculer, a-t-on constaté  sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Le député FFS Djamel Bahloul et l’ancien premier secrétaire du même parti, Ahmed Betatache, ont tenté de discuter avec les gendarmes. «C’est une provocation. J’ai parlé avec le colonel de la gendarmerie qui m’a expliqué qu’ils ont répondu à des instructions selon lesquelles chacun manifeste dans sa wilaya. Selon lui, la mesure a été prise pour ‘‘éviter l’infiltration du mouvement’’.

Cet argument ne tient pas la route, puisque les gens venant de la Kabylie et de l’est du pays ont participé aux précédentes marches et il n’y a eu aucun incident», croit savoir Bahloul, dans une déclaration à El Watan (édition du 6 avril 2019). Malgré les agissements des Services de sécurité, les Algériens décident de maintenir la pression.

Dans un communiqué rendu public, hier,  les unions des wilayas de Tlemcen, Saïda, Tizi Ouzou et Béjaïa de l’UGTA ont réclamé le départ immédiat de Sidi Saïd et appelé à un rassemblement national des travailleurs à l’intérieur du siège de la centrale syndicale. Dénonçant la répression du rassemblement d’hier, Smain Kouadria, syndicaliste et membre de la direction du PT, assure que les travailleurs sont mobilisés pour la réappropriation de l’organisation UGTA, dirigée jusqu’à ce jour par l’inamovible Sidi Saïd.

Pour les syndicalistes «libres», vendredi prochain sera celui de Sidi Saïd. Poursauvegarder les libertés arrachées depuis le 22 février, les artistes ont lancé un appel sur les réseaux sociaux pour un rassemblement à la Grande-Poste en fin d’après-midi d’hier.

Les personnes, qui s’étaient rassemblées, ont scandé des slogans antirégime et affirmé maintenir la protestation. «Ils nous disent que les rassemblements sont interdits. Nous leur disons : nous n’avons pas peur.

La rue appartient au peuple. Nous ne nous rassemblons pas seulement le vendredi pour nos droits. Nous nous rassemblons tous les jours…», a lancé Tinhinane Makaci, militante des droits de l’homme, devant ses camarades rassemblés sur les marches de la Grande-Poste.  * IDDIR NADIR – elwatan- dimanche 07 avril 2019

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*4 femmes déshabillées au commissariat de police de Baraki (Alger).

La police a arrêté, hier samedi, plusieurs militants du MDS et RAJ qui tentaient de tenir un rassemblement de contestation devant la grande poste à Alger. Parmi ces militants, figurent quatre femmes qui ont été contraintes à se déshabiller et à subir des actes dégradants au commissariat de police de Baraki (Alger). Témoignage.

« Nous étions quatre femmes, deux militantes du MDS et deux autres de RAJ. Les policiers nous ont fait entrer dans une pièce, l’une après l’autre. Quand je suis entrée, j’ai trouvé une femme en civil qui m’a demandé de me déshabiller. J’ai refusé et j’ai lui demandé sa carte professionnelle (de police). Elle m’a répondu : laissez-moi faire mon travail. Et quand j’ai résisté, elle m’a menacé d’appeler les autres policiers pour me dévêtir… lorsque j’ai enlevé mes habits, elle m’a demandé d’écarter les jambes, avant de commencer, sans gants, à fouiller mes parties intimes (…) », a confié l’une des victimes, Amel, dans une déclaration à Elwatan.com. Amel a fait part de son intention de porter plainte contre la police.*FAROUK DJOUADI- elwatan- dimanche 14 avril 2019

***L’association APEL-Égalité a rendu public un communiqué pour condamner « la fouille corporelle outrageant », dont ont été victimes des militants du RAJ et du MDS. Voici le texte intégral du communiqué :

« Le 13 avril, 4 militantes du RAJ (Rassemblement action jeunesse) et du MDS (Mouvement démocratique et social), ont été interpellées à la Grande poste d’Alger et ont subi une fouille corporelle outrageant leur intimité, dans un commissariat de Baraki. Nous saluons le courage de ces femmes d’avoir témoigné de cet outrage.

Nous dénonçons avec force ces pratiques humiliantes, attentatoires à la dignité des personnes. Ces derniers jours, la répression et les arrestations de militants.e.s se multiplient alors que le mouvement est pacifique : silmiya !

Les femmes subissent en outre des agressions et des incitations à la violence lors des manifestations et à travers les réseaux sociaux. Le but de ces pratiques est clair : il s’agit de décourager les femmes de manifester alors qu’elles participent activement au mouvement populaire depuis le 22 février pour une Algérie libre et démocratique. Ces pratiques répressives d’intimidation ne feront que conforter les Algériennes et les Algériens dans leur lutte pour les libertés collectives et l’État de droit.

Solidarité !

APEL-Égalité, le 15 avril 2019 »

**elwatan- lundi 15 avril 2019

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Indignation contre la répression et les «baltaguia» :

Qui cherche le pourrissement ?

Les manifestations de vendredi dernier à Alger ont été marquées par des actes de violence. La police a fait un usage intensif de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Le fait le plus saillant : les tirs de gaz lacrymogènes en direction du Tunnel des facultés.

Pourquoi cette soudaine crise de violence ? Pourquoi ces incidents ne sont-ils enregistrés qu’à Alger ? Qui a exigé de la police d’intervenir avec une telle violence, alors qu’elle est censée sécuriser les manifestations ? Et qui dirige en sous-main ces cohortes de «baltaguia» qui harcèlent la police et s’attaquent aux marcheurs ? «C’est le vendredi le plus violent de tous. Et ce n’est pas le fait des citoyens sortis exiger le départ du système, mais bien des policiers chargés de réprimer…

Une répression qui a commencé tôt dans l’après-midi de vendredi avec des camions munis de canons à eau postés à la montée du boulevard Mohammed V, des camions qui ont visé des familles avec enfants.

Effet d’enchaînement ou obéissance aux ordres, il y a eu des tirs de gaz lacrymogènes sur les marcheurs qui se trouvaient dans le tunnel ou en sortaient», déplore une manifestante qui a requis l’anonymat. 15h30.

Des policiers, postés au boulevard Mohammed V, ont utilisé d’abord les canons à eau et les sprays (gaz en aérosol) pour repousser des jeunes qui voulaient forcer le dispositif sécuritaire. «Il y avait de la joie. C’était festif. La police a utilisé les canons à eau. Les gens scandaient joyeusement : ‘‘Zidouna el shampoing’’ (Ajoutez-nous du shampoing)», raconte à El Watan Lynda Abbou, journaliste du site internet Maghrebemergent et à Radio M, qui filmait les scènes.

Soudain, une bombe lacrymogène est jetée en plein milieu de la place Audin. Elle sera suivie de plusieurs dizaines d’autres. C’est alors la panique parmi les milliers de manifestants qui sortaient du Tunnel des facultés, ou venaient de Didouche Mourad. De vieilles dames, des enfants, sont tombés. Certains ont eu des malaises, particulièrement les asthmatiques…

Entrée en scène des «baltaguia»

De jeunes, visiblement des «baltaguia», ont commencé à lancer des blocs de pierre en direction des policiers. Des gaz lacrymogènes sont lancés en direction du Tunnel des facultés : une épaisse fumée se dégageait du tunnel où l’air était devenu irrespirable. Les marcheurs s’enfuyaient dans toutes les directions : certains refluaient vers l’avenue Pasteur, d’autres s’engageaient sur la rue Didouche ou remontaient la rue René Dunant (ex-Mulhouse). «Je ne sais pas si les policiers ont visé intentionnellement le tunnel. Leur geste est intolérable. Les très nombreuses familles, dont des amis de la rédaction, étaient prises au piège à l’intérieur du tunnel.

Elles ne trouvaient pas où aller. Il faut savoir que les placettes d’Alger étaient encerclées par un important dispositif policier. Les manifestants se contentaient d’occuper le centre, ils ne marchaient pas. Ils ne savaient pas où aller», poursuit la journaliste. Une pause interviendra, les policiers se sont retirés vers le quartier du Télemly.

Des manifestants les ont suivis. Moins d’une heure après, ils reviendront réoccuper la place. Les quelques familles, qui sortaient du tunnel ou affluaient de la rue Didouche Mourad, ont subi une autre salve plus importante de tirs lacrymogènes. «Le hall du bâtiment du 7 rue René Dunant était plein de blessés. Des personnes étaient touchées au torse. Des secouristes sont intervenus en force. Ils ont secouru surtout les asthmatiques.

Un secouriste m’a dit qu’un des blessés avait un traumatisme crânien, ce qui a nécessité son évacuation par les pompiers. Il m’a dit qu’une personne a été touchée par une balle en caoutchouc», relève Lynda. Une manifestante se trouvant à cet endroit témoigne : «Au moins une quarantaine de blessés entre balles en caoutchouc, lacrymogène, victimes de bousculades, asthmatiques et drogués sont à déplorer… J’ai vu hier un homme pleurer après avoir reçu une balle en caoutchouc.

Il disait : ‘‘Je pleure, non pas parce que j’ai mal, je pleure parce que ‘hagrouni’ (méprisé). Ana djay silmiya ou howa ytiri aliya, yak hna khawa khawa (Moi, je suis pacifique, mais ils me tirent dessus, pourtant on est des frères).»

L’indignation était générale après la répression des manifestants de la place Audin. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a dénoncé, dans la soirée de vendredi, la partie «qui a ordonné d’utiliser des gaz lacrymogènes contre des manifestants». «Celui qui a ordonné d’utiliser des gaz lacrymogènes contre des manifestants à l’intérieur du Tunnel des facultés doit répondre devant la justice», a-t-il asséné sur sa page Facebook.

Même indignation de l’association RAJ qui a dénoncé, dans un communiqué, «la répression de la manifestation et interpelle le pouvoir sur le respect du droit de manifester et de se rassembler à Alger et à travers tout le territoire national».

La DGSN dément sans convaincre

Au moment de la diffusion des images de la répression sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) et les réactions d’indignation des organisations, à l’instar de la LADDH, la DGSN réagit. Dans un communiqué rendu public le soir des manifestants, la DGSN a «catégoriquement démenti» les informations relayées par certains médias au sujet du recours des éléments de la sûreté aux gaz lacrymogènes au niveau du Tunnel des facultés à Alger.

La DGSN a précisé que la «formation et le professionnalisme des éléments de la sûreté leur permettent d’avoir un contrôle parfait des moyens légaux de maintien de l’ordre», ajoutant que «les éléments de la sûreté n’ont ni par la passé ni à l’avenir, eu recours à l’utilisation des gaz lacrymogènes dans de pareils espaces confinés». Un bilan de la DGSN a fait état de 83 policiers blessés et de 180 individus interpellés lors des marches populaires.

Mais point de bilan des manifestants touchés. Des scènes de violence s’étaient poursuivies une bonne partie de la soirée dans les rues Didouche, Ben M’hidi, Asselah, Ben Boulaïd, etc. De jeunes «baltaguia», parfois cagoulés et certains munis de cutters, ont saccagé des véhicules, cassé des vitres d’appartements, d’administrations et de deux quotidiens (Le Jour et Les Débats).

Un véhicule de la police, mais sans policiers, en stationnement à la rue Sergent Addoun, a été incendié…

Qui a «pris en charge» les délinquants qui s’étaient attaqués aux manifestants pacifiques et aux policiers ? Un manifestant, dont on taira le nom, témoigne : «Un des jeunes blessés pris en charge par les secouristes était sous l’effet de la drogue. Il était touché à la tête et avait reçu une balle en caoutchouc au torse. Il avait toutes les apparences d’un ‘‘baltaguia’’. Il a dit en criant qu’il allait tout balancé. Il a lancé : ‘‘On m’a tout donné. Ils m’ont donné 3000 DA et m’ont dit ramène tes amis. Mon pays vaut plus que cette somme.’’

Je ne sais pas quel crédit accorder à ces paroles.» La DGSN qui a, elle-même, reconnu l’existence de jeunes «délinquants» parmi les manifestants, a mis en œuvre tous les moyens pour disperser les manifestants : barrages filtrants aux entrées de la capitale, importants dispositifs policiers sur les places publiques, fouille systématique de manifestants, en plus de l’usage intensif de gaz lacrymogènes.

Même son corps d’élite, le Groupement des opérations spéciales de la police (GOSP), a été déployé en fin de soirée. La répression contre les manifestants ne s’est pas arrêtée. Hier, des militants du MDS et de RAJ, participant à un rassemblement à la Grande-Poste, ont été interpellés…

Le choix de la manière forte contre les manifestants pacifiques sera-t-il maintenu par les pouvoirs publics ? Assiste-t-on à la remise en cause de l’un des acquis de la révolution du 22 février, c’est-à-dire, la réappropriation de l’espace public ?

* IDDIR NADIR- elwatan- dimanche 14 avril 2019

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Le temps d’une illusion, et l’homme a changé de ton et de posture vis-à-vis du mouvement populaire réclamant le changement. Lui, c’est le chef d’état-major de l’armée, le général Gaïd Salah, qui vient de dévoiler ses intentions et d’administrer la preuve qu’il ne veut pas d’une solution politique à la crise. Quand bien même il réitérerait son engagement à accompagner le peuple jusqu’à la réalisation de ses revendications, le patron de l’ANP s’en tient uniquement à l’issue qu’il a choisie lui-même : l’astreinte à l’article 102 de la Constitution. 

Une option rejetée par la rue qu’il invite à rester à l’écart, à patienter jusqu’à ce que ses rêves se réalisent, sans elle. Invite-t-il aussi à cette occasion l’arme de la main de l’étranger, dûment identifiée, qui agit pour déstabiliser le pays. Qu’attendent alors les services de sécurité pour appréhender ces trouble-fêtes ? 
Nous n’en saurons rien, tout comme des noms de cette bande de comploteurs qui tenait des réunions secrètes et qui planifiait un renversement extraconstitutionnel. 
Gaïd Salah, qui a gagné une manche, ne s’arrête pas à ce constat. Il sonne la fin de la révolution et invite le peuple à rentrer chez lui. Il menace de décréter l’état d’exception alors que le pays est de facto depuis bien des semaines sans un état d’exception devant appeler à une solution exceptionnelle. C’est-à-dire politique, telle que souhaitée par la majorité des Algériens. 
Le chef d’état-major semble peu ou pas du tout favorable à cette option. Et il doit avoir ses raisons. Une solution politique le mettrait, à terme, hors jeu de la transition. En revanche, en restant le chef d’orchestre du jeu politique, il aura tout à la fois à garder un pied dans le système qui pourrait se recomposer, et un autre dans le camp du peuple qu’il aura aidé à se débarrasser du régime de Bouteflika. Il n’est, cependant, pas dans sa culture, et dans la culture des militaires en général, de rester en marge du complexe jeu politique, sans manœuvrer. Il voudra plutôt en rester le maître. D’où la désillusion. * par Djilali Benyoub - Liberté- jeudi 11 avril 2019

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*L’avocat et défenseur des droits de l’homme, Salah Dabouz arrêté par des policiers à Alger

L’avocat et défenseur des droits de l’homme, Salah Dabouz, a été arrêté par des éléments de la police, aujourd’hui dimanche à Alger. Cette arrestation vient suite à un mandat d’arrêt émis par le procureur général de Ghardaia, selon des sources concordantes. Pour rappel, Me Dabouz assure la défense de Kameleddine Fekhar et Aouf Brahim, arrêtés récemment à Ghardaïa.

Les services de sécurité avaient interpellé, hier, plusieurs manifestants pacifiques à Alger.

* elwatan- dimanche 07 avril 2019

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  *Le clan est en train de s’écrouler»

Maître Mustapha Bouchachi :

«Que ceux qui disent que Bouteflika est bon disparaissent des regards»

Le clan est en train de s’écrouler», a soutenu Me Mustapha Bouchachi, hier, lors d’une conférence publique organisée à l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa, dans un auditorium plein à craquer.

Le clan formé autour de la personne du désormais ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, voit tomber progressivement ses symboles sous le poids du mouvement populaire qui ne fléchit pas.

Au-delà des figures connues d’el issaba (le clan), jusqu’où ira le déboulonnage du régime ? Me Bouchachi pose la question autrement : «Le clan partira avec la démission du Président, mais est-ce qu’il faut chercher plus que cela ?» Le député démissionnaire a amorcé le débat sur la lancinante question autour de la composante du régime que résume l’ordre populaire «Irouhou ga3» (Ils doivent tous partir). Qui est ce «tous» ? «Les hommes et les femmes qui ont soutenu le clan et le Président doivent partir», a assené Me Bouchachi, convaincu que la chute est en cours, voulant pour preuves les poursuites judiciaires, les interdictions de sortie du territoire national et le gel des avoirs décidés contre certaines personnalités du sérail. «C’est positif, mais est-ce que l’idée qu’ils partent tous doit toucher tout le monde ?» répète-t-il avant de décliner précautionneusement sa position. «Il y a de simples militants dans les partis politiques, dont ceux de l’allégeance, et des fonctionnaires qui sont des citoyens induits en erreur. Des jeunes ont pensé que la réussite sociale et matérielle passe en intégrant les partis du pouvoir.

Doivent-ils tous partir ?» lance-t-il, soulevant des réactions bruyantes de désapprobation dans la salle. «Nous voulons construire un pays.

Je dis non à l’exclusion. Dans cette période, nous avons besoin d’union, il faut que nous construisions l’Algérie ensemble.

Partout dans le monde, la transition démocratique est une étape fragile et le discours de l’exclusion permet d’avoir une armée opposée à la transition démocratique», soutient-il. Quel rôle donc pour l’ANP dans l’intermède transitionnel algérien ?

Le conférencier est pour que le mouvement s’appuie sur l’accompagnement de l’institution militaire sans qu’elle n’outrepasse ses prérogatives de garante de la volonté du peuple : «Nous avons besoin de l’institution militaire pour nous accompagner pendant la période de transition à condition qu’elle écoute le peuple et accède à sa volonté, sans qu’elle n’intervienne dans la politique.» «Nous voulons que désormais ce soit le peuple qui fasse les Présidents», revendique-t-il.

«Impossible de faire confiance à Bedoui»

Rassembler les enfants du pays pour réussir la transition ne suppose pas passer l’éponge sur tout. Mustapha Bouchachi a cependant une obsession : que le mouvement populaire reste au milieu du gué, ou qu’il foire. «Il ne faut pas rester au milieu de la route, il faut aller vers une véritable démocratie et celle-ci ne pourra se faire avec l’exclusion.

Il y a des cadres qui ont mal plus que vous et moi, des employés dans les institutions de sécurité et l’administration, des gens intègres, non corrompus», affirme-t-il, plaidant pour la sauvegarde du mouvement qui se doit de continuer tout en faisant preuve de discernement. «Il y a des hommes d’affaires qui payent leurs impôts et emploient des milliers de personnes. Ils sont une richesse nationale.

Même les entreprises qui symbolisent la corruption doivent continuer à fonctionner, parce que ce sont nos enfants qui y travaillent.» La sentence nationale de «Irouhou ga3» est destinée, selon l’orateur, aux «symboles de la corruption dans l’administration, en politique, chez les hommes d’affaires», soit à tous les niveaux qui ont fécondé sous l’aile du sérail et qui n’ont pas fini de s’exprimer au plus fort du mouvement de la rue. «Ceux qui disent encore que le Président est bon à l’heure du hirak, ceux-là doivent disparaître des regards. Laissons la justice, pas celle du téléphone et des règlements de comptes, faire son travail», déclare Me Bouchachi qui souhaite que l’on ne reproduise pas le scénario judiciaire de l’affaire Al Khalifa.

Pour la transition, il préconise une présidence collégiale, à former autour de trois personnalités intègres, qui aura le pouvoir de légiférer par décret pour mettre en place les mécanismes nécessaires à une élection propre. «Elle pourrait modifier un ensemble d’articles de la loi relative aux élections, et instituer la commission indépendante pour l’organisation des élections dont les membres doivent être en majorité de la société civile et y intégrer des personnalités intègres de l’administration»,détaille-t-il.

Des consultations devraient aboutir à la constitution d’un gouvernement de consensus national, qui sera l’antithèse des gouvernements du régime, dont celui décrié de Bedoui, qui entend organiser les prochaines élections. Me Bouchachi s’aligne sur le rejet populaire : «Impossible de faire confiance à Bedoui pour organiser les élections. Ça ne m’étonnerait pas, dans ces conditions, que quelqu’un parmi les symboles de l’allégeance devienne président de la République.

On ne peut pas accepter aussi ce que proposera Bensalah, parce que c’est le Président qui l’a ramené, il est au service du Président, et il a fait des déclarations dangereuses contre le mouvement.»

*KAMEL MEDJEDOUB - elwatan- dimanche 07 avril 2019

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Bensalah chef de l’Etat :

Le pouvoir menace la révolution pacifique des Algériens

Les Algériens n’ont pas d’autre choix que de continuer la lutte pacifique, pour imposer leur volonté : déboulonner le système en place et instaurer la démocratie.

Faisant fi de la grandiose mobilisation citoyenne qui dure depuis le 22 février dernier, le pouvoir en place a installé Abdelkader Bensalah dans le poste du chef de l’Etat pour une période de 90 jours, en remplacement du président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, conformément à l’article 102 de la Constitution.

La grotesque réunion des deux chambres du Parlement, tenue aujourd’hui, a donné le coup de grâce aux maigres espoirs nourris par de nombreux Algériens qui ont cru, par naïveté, en les paroles du chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah qui s’est engagé à veiller sur la concrétisation des revendication de millions d’Algériens qui sont sortis dans la rue pour exiger le « départ de tout le régime ».

Ainsi, en mettant en œuvre l’article 102 de sa constitution caduque, le régime emprunte une voie dangereuse. Il vient tout simplement de défier des millions de manifestants pacifiques qui pourraient désormais prêter l’oreille aux voix qui appelaient à des actions de contestation plus ou moins radicales, à l’exemple de la grève générale et la désobéissance civile. Des options jusqu’ici écartées par la plus grande partie des Algériens qui espèrent avec détermination, parvenir à un changement politique dans le calme et la sérénité.

Face à la décision (provocation) du pouvoir, les Algériens n’ont pas d’autre choix que de continuer la lutte pacifique pour imposer leur volonté : déboulonner le système en place et instaurer la démocratie. Accepter que la période de transition soit conduite par Bensalah ou ses semblables signifie le maintien du régime qui a anéanti les rêves de liberté et de justice pendant près de six décennies.Le vendredi prochain sera certainement une autre journée mémorable dans l’histoire de notre pays, qui devra marquer le long parcours du combat pacifique pour la libération définitive des Algériens.*FAROUK DJOUADI - elwatan- mardi 09 avril 2019

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Un Président pour entrer dans le cadre du cadre

9 avril 2019, c’est en ce jour glorieux que le Parlement se réunit pour décrocher définitivement le cadre dans lequel habitait Abdelaziz Bouteflika, le Président qui aura régné le plus longtemps. C’est donc aujourd’hui que toutes les administrations et institutions sont habilitées à décrocher le cadre qui trônait depuis 20 ans au-dessus de leurs têtes, avec l’œil menaçant et totalitaire.

Pour mettre qui à sa place dans le cadre ? En théorie Abdelkader Bensalah, enfant de la même région, tout aussi vieux, même si juste un peu moins malade, maniant la même langue de bois avec la même aversion pour les mécanismes démocratiques, mais avec une prédisposition naturelle à se soigner en Europe.

S’il ne démissionne pas de son poste de président du Sénat, un apparatchik du RND va donc remplacer un membre du FLN pour la première fois de l’histoire du pays, pendant qu’au même moment Ouyahia et Chiheb – les deux têtes de gondole de ce RND créé sous Zeroual et champion de la fraude – se déchirent en public pour savoir qui sera obligé de vendre sa maison.

Ces problèmes de représentativité renvoient à un autre, celui du mouvement populaire : faut-il des représentants ou non ? Faut-il désigner des porte-parole ou laisser le mouvement tel qu’il est, dans son horizontalité égalitaire ? Faut-il aller vite ou lentement ? Des présidentielles dans trois mois ou dans un an, après une Assemblée constituante ? Des questions que se pose chaque Algérien(ne) qui y répond à sa manière, avec naïveté ou acuité, avec l’angoisse individuelle des lendemains ou l’optimisme de la foule unie.

Ce qui est sûr, c’est que le prochain Président sera né en Algérie, probablement à l’Est ou au Centre, n’aura jamais connu la guerre d’indépendance et ne sera pas une femme ; il n’aura jamais importé de sucre, construit de routes ou monté des voitures. On espère qu’il sera le premier de la série à être au moins bachelier et, surtout, il est préférable que le prochain Président soit enfant unique. Ni frère ni sœur.*PAR CHAWKI AMMARI - elwatan- mardi 09 avril 2019

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Eviter le piège de la précipitation

Entre la fièvre de la rue, qui ne veut faire aucune concession, et l’impératif politique pour la gestion de la transition, il y a certainement une sacrée dose de réalisme et de rationalité à respecter pour ne pas avoir à le regretter plus tard. Dans le jargon sportif, on dit qu’«il ne faut pas confondre vitesse et précipitation».

C’est bien ce qui est exigé aujourd’hui du mouvement de contestation populaire, s’il veut maintenir la pression positive sur le système et atteindre in fine son noble objectif qui est la consécration de le IIe République. En voulant appliquer d’un bloc la doctrine du dégagisme, qui devrait emporter tout sur son passage, y compris Gaïd Salah, il risque de tomber dans le mauvais calcul.

Du moins dans le piège de la mauvaise projection. La passion aveuglante, alliée à une certaine idée de la «purification» ou de nettoyage intégral, qui mettrait tous les serviteurs – même ceux malgré eux – du système honni, dans un moule unique du «tous pourris», pourrait dans cette conjoncture très particulière s’avérer être une conseillère du diable, au moment où les esprits doivent se cristalliser sur la ligne de la raison et de l’efficience du combat. Ceci pour dire que demander avec autant de célérité la tête de Gaïd, à l’heure où il représente encore la seule autorité structurée du pays, et qui, de surcroît, semble par ses positions de principe et ses actes accéder aux revendications de fond du «hirak», pourrait relever non seulement d’une lecture erronée de l’équation de la crise constitutionnelle que les Algériens vivent avec un degré d’inquiétude porté à son paroxysme, mais constituer aussi et surtout un sérieux blocage pour la mise en place sereine de la phase transitoire.

Il est des moments dans le cheminement patriotique où il faut savoir garder la tête froide devant les événements pour mieux avancer. Les négociateurs politiques ou autres parmi les plus émérites savent que les grandes batailles se gagnent en restant lucides et en ayant cette capacité intelligente de savoir faire les concessions pour préserver les objectifs essentiels. Entre les desiderata bouillonnants et intempestifs de la rue, qui vont souvent dans tous les sens, nourris par un caractère de revanche incontestable, et le discours politique, qui doit filtrer le bon grain de l’ivraie, il ne faut pas rater l’opportunité du bon choix.

La nouvelle élite politique qui est en train d’émerger du mouvement, et qui, sans être dans la fonction de porte-parole, peut, à juste titre, se prévaloir d’une appréciable marque de confiance vis-à-vis des manifestants l’a compris. Elle donne la preuve par ses propos empreints de sérénité et une communication toujours braquée sur les fondamentaux de la transition que les choses peuvent aller vers la progression si les acteurs potentiels du combat libérateur ont cette conscience de ne pas se résoudre à aller plus vite que la marche de l’histoire.

Gaïd n’étant dans cette feuille de route qui a abouti jusque-là à des acquis inestimables qu’une parenthèse qui sera réglée en temps opportun, il est dans l’intérêt du «hirak» de ne pas se disperser dans les raccourcis émotionnels pour mieux maîtriser l’avenir. Car il faut se préparer à affronter le plus dur de l’aventure en évitant comme il est dit le redoutable écueil de… la précipitation. Il est évident que forger un consensus dans une atmosphère volontariste où chacun a sa version sur le mode d’emploi pour arriver le plus vite à la transformation du système sans autre logique que celle qui relève de l’application immédiate de la souveraineté populaire, reste un exercice très très difficile. La vox populi a ses raisons que parfois la politique a du mal à transcender, voire à convertir en discours cohérent, performant.

Mais, dans la foulée de la dynamique révolutionnaire, il est peu probable que cette même politique qui doit façonner une énorme clameur venue des entrailles en un message clair en faveur de la liberté, du droit et de la justice, puisse trouver l’équilibre nécessaire pour ne céder ni à la tentation d’une dérive populiste parfois inévitable, ni à la crainte de voir la révolution qui est menée avec beaucoup de générosité par le peuple algérien manquer de puissance, à l’orée de son aboutissement. C’est dans ces phases les plus tumultueuses de la révolution que l’on a le plus besoin de raisonner, d’être rationnel et méthodique.

Si on doit effectivement se montrer intransigeant sur le départ des symboles du régime déliquescent, à l’image de Bedoui et Bensalah, sur le refus catégorique de leur confier la conduite de la transition démocratique, il est tout aussi impératif de ne négliger aucun élément d’appréciation pouvant ouvrir aussi larges que possible les voies de cette même transition, surtout pas les acteurs de premier plan qui ont les capacités conjoncturelles à sa réalisation dans un climat serein et apaisé. Pour y parvenir, il faut conjuguer la volonté à l’intelligence.

Ce qui est cependant sûr, c’est que la vigilance reste de mise pour protéger la révolution du peuple de toutes sortes de déviances. Autrement dit, pour écarter de son chemin toutes les tentatives de récupération dans le seul but de lui confisquer sa véritable paternité. A commencer par celle très insidieuse du Président sortant qui, dans sa lettre d’adieu, a voulu dans un dernier geste de désespoir s’approprier une sorte de glorification sur le dos du mouvement populaire conquérant, alors que son règne despotique et féodal a été aboli par ce dernier. Bouteflika a raté son rendez-vous avec l’Histoire en laissant derrière lui un pays exsangue, et ce n’est certainement pas à l’aune de son abdication que les larmes de crocodile qu’il a versées pourraient lui valoir un quelconque rachat.

La confession qui a agi en direct sur l’une des présentatrices de la Télévision publique comme une grosse charge pathétique n’a pas eu le même effet sur les réseaux sociaux, ni sur la population, trop échaudée par tant de cynisme de sa part. Cela dit, on remarque que toute une cohorte d’affidés du système n’hésitent pas, tout comme le Président déchu, à se présenter devant les médias comme des serviteurs ayant toujours œuvré dans l’intérêt du peuple. Plus patriotes qu’eux on n’en trouverait pas… Mais là aussi, ils pensent leurrer qui ? Les figures récurrentes qui symbolisent le système dans toute son ignominie sont connues par les Algériens. Rien ne sert donc de changer de face à l’heure où le «hirak» s’est projeté dans une autre étape de son existence, plus déterminante que celle de s’attarder à régler des comptes à ceux qui ont perdu à jamais leur dignité.

*Par  A. MERAD - elwatan- samedi 06 avril 2019

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arrestation de 6 individus impliqués dans l’agression de citoyens à Alger

Les éléments de la police judiciaire de la Sûreté de wilaya d’Alger ont procédé à l’arrestation de six (06) suspects impliqués dans l’agression de citoyens à l’arme blanche, et ce au cours de la marche organisée vendredi dernier à Alger, a indiqué, dimanche, un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).

Cette opération policière intervient après l’exploitation, par les enquêteurs de la Sûreté nationale, de photos et vidéos relayées sur les différents réseaux sociaux, montrant des individus “agressant des citoyens avec des armes blanches au niveau du tunnel de la Faculté à la place Audin (Alger centre), et ce au cours de la marche de vendredi 05 avril”, a précisé le communiqué, ajoutant que les services techniques de la Sûreté nationale, “exploitant les moyens technologiques modernes de recherche et d’investigation ont réussi à identifier et arrêter les suspects”.

La DGSN rappelle, en outre, le numéro vert 15-48 mis à la disposition des citoyens 24h/24h et 7/7, afin de signaler “tout comportement négatif de nature à porter atteinte à la sécurité des citoyens et de leurs biens”, conclut la même source.

*APS- dimanche 07 avril 2019

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