La deuxième mort de Ben Laden
2052011
**Ben Laden, une fiction ?
Des doutes fondés sur Ben Laden, sont par exprimés sur le site très documenté Global Research/Mondialisation.ca , dirigé par le professeur Michel Chossudovsky : non seulement sur les circonstances de la mort, mais sur Oussama Ben Laden même. De collaborateur de la CIA dans la formation des moudjahiddines et dans la guerre contre l’URSS en Afghanistan, il devient en 2001, pour Washington, « l’ennemi obscur, qui se cache dans les coins les plus reculés de la terre ». Et, dans ces « coins reculés », la Cia et d’autres services secrets utilisent des organisations de moudjahiddines dans un but de déstabilisation dans les Balkans, en ex-URSS, au Maghreb et en Libye.
Et si Oussama Ben Laden était déjà mort depuis des années ?
Il est certain que son spectre avait jusqu’à présent été utile pour alimenter la psychose de menace terroriste. Jusqu’à ce qu’il soit politiquement plus utile d’orchestrer « la seconde mort de Ben Laden », comme la définit Paul Craig Roberts sur Global research/Mondialisation.ca. Sinon, pourquoi le corps, au lieu d’être conservé pour avoir la certitude de son identité, a-t-il été jeté à la mer ? Un fait analogue advint en 2001 : après l’effondrement des Tours jumelles, leurs travées métalliques furent immédiatement retirées et fondues dans des aciéries asiatiques. « La rapidité avec laquelle ont été détruites des preuves importantes est inquiétante », dénonça dans le New York Times (25-12-2001) le professeur d’ingénierie Frederick W. Mowrer. Maintenant aussi, des preuves n’ont-elles peut-être pas été détruites, en se débarrassant du corps de Ben Laden ?
Il manifesto, 4 mai 2011.
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio *******************************
** Barbarie et civilisation
par Djamel LABIDI
Manifestations de joie bruyante à Benghazi à l’annonce de la mort de l’un des fils d’ El Gueddafi et de trois de ses petits enfants, sous les bombes de l’OTAN. Indécent. Les généraux de l’OTAN ont le double résultat de tuer des libyens et de voir d’autres libyens les applaudir. Les medias occidentaux nous montrent ces scènes, demi sourire mi amusé et mi méprisant des présentateurs devant ces manifestations «barbares». Mais voilà, à New York et à Washington, mêmes scènes de joie à l’annonce de la mort (combien suspecte) de Ben Laden. On danse dans les rues, comme à Benghazi, en hurlant, dans une ronde échevelée et primitive autour du cadavre symbolique, immolé, de l’ennemi. Où est la barbarie, où est la civilisation ? Qui a contaminé l’autre ? Le président Obama (que nous aurions pourtant tant voulu aimer), prix Nobel de la paix, proclame que «Justice est faite» alors qu’il n’y a pas eu de jugement, et que lui, fils d’un noir, a rétabli, ainsi, la loi de Lynch . Le premier ministre français, François Fillon emboîte le pas au président Américain, et déclare que «Ben Laden est un monstre, que l’essentiel est qu’il ait été éliminé, et pas de quelle manière»(France 2, lundi 2 mai, JT du soir). On nous avait pourtant appris que même «un monstre» avait le droit d’être jugé, que nul n’avait le droit de se faire justice soi même, et que c’était là un des principes des droits de l’homme et de la civilisation. L’Etat de droit occidental est- il en train de sombrer, ou bien n’a t-il jamais vraiment existé, du moins envers les «barbares». Les nazis, monstres parmi les monstres, avaient eu droit à un procès, à Nuremberg et ailleurs. Est ce parce que, contre les nazis, l’Occident ne doutait pas alors de défendre des valeurs universelles ?
CONTRADICTIONS
Les versions américaines sur la mort de Ben Laden se succèdent, plus contradictoires les unes que les autres. Entre autres détails étranges, le porte parole de la Maison Blanche nous conte que «le corps a été immergé en haute mer». Et il insiste sur le fait qu’il l’a été dans « le respect du rite musulman». L’utilisation côte à côte des deux expressions, «immergé» et «respect du rite musulman», en fait ressortir immédiatement la contradiction et l’absurdité. Ce serait cocasse si ce n’était tragique. Depuis des siècles, les corps des marins ont été immergés dans la mer, en haute mer, parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions, mais là c’est un corps qui est transporté de la terre en haute mer, comme s’il n’y avait pas, pour les américains d’autres solutions.
Le porte- parole de la Maison Blanche précise en outre que «toutes les options ont été étudiées depuis des mois». Il n’y a pas eu donc eu place à l’improvisation. Quels aveux ! Comment peut- on affirmer mener une guerre juste contre le terrorisme et ne pas oser affronter clairement, franchement l’opinion arabe, musulmane et mondiale au sujet de celui qui est présenté comme «le chef du terrorisme mondial». Le corps a été immergé à la sauvette en haute mer, comme s’il y avait quelque chose à cacher, comme on enterre une mauvaise conscience. L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
Les Américains disent qu’ils ont procédé à un test d’ADN qui a confirmé qu’il s’agissait du corps de Ben Laden. On se souvient de cette fiole que brandissait le secrétaire d’Etat Colin Powel, en 2003, au Conseil de sécurité de l’ONU, comme preuve de la détention par l’Irak d’armes de destruction massive. Comme d’habitude, les USA ne laissent au monde d’autre choix, que de les croire sur parole. Il aurait été pourtant si simple de présenter le corps. Il y une monstrueuse machine de propagande qui s’est emballée, qui ne se soucie plus de vérité, de logique, de rationalité, d’humanité.
C’est cette journaliste «spécialiste des affaires américaines» sur le plateau d’une chaine française (France 2, émission «mots croisés», 2 mai 2011) qui dit sa satisfaction de la mort de Ben Laden et qui décrit longuement les attentats et les «morts innocentes dont il est responsable» sans se dire un instant que sa description s’applique exactement aussi aux victimes des bombardements américains, anglais, français, en Irak, en Afghanistan, en Lybie, en Côte d’Ivoire et ailleurs, et que tous ces gens n’avaient rien à voir avec les attentats et les victimes du 11 septembre, qui ont seules droit à son émotion.. C’est ce général commandant des opérations de l’OTAN en Lybie qui déclare le 1er mai, après la mort du fils de El Gueddafi que l’objectif n’est pas de tuer ce dernier. C’est la deuxième fois «qu’ils le manquent». S’ils l’atteignent ce sera donc par hasard. Déni total de la réalité devant le monde entier. La disparition de Ben Laden est célébrée contradictoirement, à la fois comme «la plus grande victoire sur le terrorisme» et comme un évènement qui va rendre encore plus grande la menace terroriste. Cette ligne éditoriale va être reprise d’une seule voix par tous les medias occidentaux. Les Etats Unis, l’Angleterre, la France, l’Espagne etc. déclarent tour à tour, le 2 mai, qu’elles mettent leurs bases militaires en état d’alerte, et en garde les populations de leurs pays contre le risque de représailles.
Partout, sur les plateaux de télévision, de CNN à France 24, le discours est à la fois que «le monde est plus sûr avec la disparition de Ben Laden» mais que «la guerre contre le terrorisme continue et qu’elle risque d’être plus dure». La seule perspective ne serait-elle que celle là ! Le monde ne serait il pas plus sûr si l’on faisait justice au peuple palestinien, si certaines puissances ne donnaient pas ce baiser qui tue, en agressant ou en occupant d’autres pays, en Afghanistan, en Irak, en Côte d’Ivoire, en Lybie sous prétexte d’y apporter la démocratie, si l’on arrêtait d’humilier d’autres peuples, et si l’on mettait fin à l’immense injustice mondiale. Et enfin, que le monde, tout le monde, devienne civilisé. On se prend parfois à rêver. (Le Quotidien d’Oran-12.05.2011.)
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Opération américaine contre Ben Laden
*Une élimination et des zones d’ombre
Traqué durant près de 10 ans suite aux attentats du 11 Septembre à New York, le chef d’Al Qaîda, Oussama Ben Laden, a été tué dimanche lors d’une opération menée par un commando américain à Abbottabad, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale pakistanaise Islamabad.
Cinq personnes ont péri avec lui. Le président américain, Barack Obama, qui a fait de la capture ou de l’élimination du chef d’Al Qaîda sa priorité, a annoncé, le même jour, la nouvelle non sans rappeler sa promesse de candidat à la Maison-Blanche quant au sort réservé à Ben Laden.
«Cela fait presque dix ans qu’un beau jour de septembre a été assombri par la pire attaque de notre histoire. Les images du 11 Septembre sont marquées au fer rouge dans notre mémoire nationale.» Il rappelle que peu après avoir pris ses fonctions, il a fait de l’«élimination ou de la capture de Ben Laden la priorité de notre guerre contre Al Qaîda, alors même que nous continuons à mener des opérations pour détruire, démanteler et vaincre son réseau». «Aujourd’hui (dimanche), les Etats-Unis ont lancé une opération ciblée contre ce complexe au Pakistan, à Abbottabad. Une petite équipe d’Américains l’a menée avec un courage et une habileté extraordinaires. Aucun Américain n’a été blessé.» Ainsi, «après un échange de coups de feu, ils ont tué Oussama Ben Laden et ont récupéré son corps». Pour le président américain, «la mort de Ben Laden constitue la réussite la plus importante jusqu’ici dans les opérations de notre pays pour vaincre Al Qaîda». Néanmoins, «sa mort ne marque pas la fin de nos efforts. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’Al Qaîda va continuer à essayer de s’en prendre à nous. Il nous faut rester vigilants dans notre pays et à l’étranger, et nous le resterons». Barack Obama a indiqué que «les Etats-Unis ne sont pas en guerre contre l’Islam et ne le seront jamais». Comme Ben Laden «n’était pas un dirigeant musulman. Il a tué énormément de musulmans».
Il a relevé que la coopération de Washington en matière de lutte contre le terrorisme avec le Pakistan «nous a aidés à parvenir à Ben Laden et au complexe dans lequel il se cachait».
Washington n’a pas prévenu Islamabad
Les Etats-Unis n’on pas informé au préalable les autorités pakistanaises de l’opération. Une attitude justifiée par «l’obligation légale et morale d’agir». C’est ce qu’a affirmé hier un haut responsable de l’Administration américaine. «Nous n’avons partagé les renseignements sur la résidence (où se trouvait le chef d’Al Qaîda) avec aucun autre pays, y compris le Pakistan», a déclaré ce haut responsable, rapporte l’AFP. Il a évoqué des «raisons opérationnelles». Et d’ajouter : «Depuis le 11 Septembre, les Etats-Unis ont été clairs avec le Pakistan qu’ils poursuivraient Ben Laden où qu’il se trouve. Le Pakistan a compris depuis longtemps que nous sommes en guerre contre Al Qaîda, les Etats-Unis avaient l’obligation légale et morale d’agir sur la base des informations dont ils disposaient.» Pour ce haut responsable, la mort de Ben Laden «marque la plus grande victoire dans la campagne conduite par les Etats-Unis pour désorganiser, démanteler et battre Al Qaîda». Il s’agit aussi d’«une étape majeure et essentielle vers la destruction finale» de l’organisation d’Oussama Ben Laden, même si celle-ci ne va pas «se fragmenter» du jour au lendemain. De son côté, le Pakistan a confirmé hier qu’Oussama Ben Laden a été tué au cours d’une opération menée «directement» par les forces américaines sur son sol.
Dans un communiqué, le ministère pakistanais des Affaires étrangères a reconnu que la mort du chef d’Al Qaîda constitue «un revers majeur infligé aux organisations terroristes à travers le monde» et «illustre la résolution de la communauté internationale, dont le Pakistan, à combattre et éliminer le terrorisme». Dans le même communiqué, il est indiqué qu’«au cours d’une opération menée sur la foi de renseignements, Oussama Ben Laden a été tué dans la périphérie d’Abbottabad tôt ce matin. Cette opération a été menée par les forces américaines en vertu de leur politique annoncée selon laquelle Oussama Ben Laden serait éliminé au cours d’une opération menée directement par les forces américaines où qu’il se trouve dans le monde». Al Qaîda «avait déclaré la guerre au Pakistan. D’innombrables attaques terroristes parrainées par Al Qaîda ont tué des milliers d’innocents Pakistanais, hommes, femmes et enfants», a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Le même ministère a observé que «le Pakistan a joué un rôle significatif dans l’effort pour éliminer le terrorisme, nous avons des accords extrêmement efficaces en termes de partage des informations avec plusieurs agences de renseignements, dont celles des Etats-Unis. Nous continuerons de soutenir l’effort international contre le terrorisme». (El Watan-03.05.2011.)
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**Ben Laden tués «de sang froid»
*Des responsables pakistanais affirment que le leader d’Al-Qaida a été tué «de sang froid»…
Quatre jours après la mort de Ben Laden, des zones d’ombre subsistent sur les conditions de sa mort. La haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme, Navi Pillay, a demandé ce jeudi la «divulgation complète des faits précis» sur l’opération américaine ayant conduit à la mort d’Al-Qaida.
De nombreuses rumeurs, dont diverses théories du complot, et des photomontages du cadavre de Ben Laden pullulent sur la Toile depuis lundi. Un phénomène lié aux différentes versions américaines du déroulement des événements.
Tués «de sang froid»
Ce jeudi, deux responsables pakistanais de la sécurité, sous couvert d’anonymat, ont affirmé que Ben Laden et ses compagnons n’ont offert aucune résistance lors de l’assaut américain, dans la nuit de dimanche à lundi, dans la résidence d’Abbottabad.
Ils ont déclaré qu’ils avaient déterminé après enquête qu’il n’y avait eu aucun échange de tirs au sein de la résidence, parce qu’aucun des habitants n’avait résisté. «Les gens à l’intérieur de la maison n’étaient pas armés. Il n’y a eu aucune résistance», a dit l’un d’entre eux. Ils ont été tués «de sang froid», a répondu l’autre responsable, prié de dire s’il y avait eu échange de tirs.
Les deux responsables n’ont pas voulu indiquer d’où ils tenaient leurs informations, mais les autorités avaient auparavant annoncé qu’elles détenaient des blessés. (20Minutes-avec reuters.05.05.2011.)
*******L’absence de transparence soulève en effet plusieurs questions
*Oussama ben Laden est mort. C’est ce qu’a annoncé Barack Obama dimanche soir. Cependant, comme pour les attentats du 11-Septembre, les adeptes de la théorie du complot ont d’ores et déjà commencé à remettre en doute la véracité de cette information, ainsi que de tous les éléments s’y rapportant.
Selon la «version officielle», Ben Laden a été tué par un commando des Navy Seals à Abbottabad, au Pakistan, puis son corps a été héliporté vers le porte-avions américain USS Carl Vinson, qui croisait en mer d’Arabie. Après son identification ADN, le corps a été inhumé en mer, car les États-Unis n’ont pu trouver un pays acceptant une inhumation sur son sol dans les vingt-quatre heures, comme le veut la tradition musulmane, mais aussi pour éviter que sa tombe ne devienne un lieu de pèlerinage pour ses admirateurs.
L’absence de transparence autour de cette opération et de ses suites soulève en effet plusieurs questions que n’ont pas manqué de souligner les internautes sur les forums, et qu’ont parodiées certains sites d’informations: pourquoi des Navy Seals surentraînés ont-ils tué et pas seulement neutralisé Ben Laden? Pourquoi n’a-t-on pas vu d’images de son cadavre à la télévision ou en photo? Pourquoi ses funérailles ont eu lieu si vite? Pourquoi les Américains ont-ils jeté le corps à la mer? Passage en revue des théories les plus répandues sur le Net.
Ben Laden est toujours en vie et au secret
Selon les conspirationnistes, Ben Laden était un bien trop gros poisson pour que les Américains le tuent. Les Navy Seals l’ont donc récupéré vivant, et les services secrets américains ont fait croire à sa mort pour l’interroger en toute quiétude, sans s’embarrasser du droit international et pouvoir obtenir toutes les informations en sa possession. Une thèse confortée par l’absence de photographie et l’escamotage du corps, mais qui risque aussi de prendre plus d’ampleur dans les prochains jours: des câbles diffusés par WikiLeaks révèlent que des forces américaines se trouvaient dans l’académie militaire d’Abbottabad en octobre 2008, à seulement quelques centaines de mètres de la résidence d’Oussama ben Laden.
Ben Laden était mort depuis longtemps, son décès a été maquillé et instrumentalisé
Pour beaucoup de théoriciens du complot, Ben Laden est décédé de mort naturelle depuis longtemps. Certains estiment qu’il est mort entre 2003 et 2007: le chef d’Al-Qaida était déjà malade en 2001 et devait être dialysé régulièrement. Ils ajoutent que, sur les vidéos, il n’apparaît plus après 2007, et la voix sur les messages ultérieursest radicalement différente de celle du fondateur d’Al-Qaida.
D’autres ajoutent que, en tant qu’homme de la CIA, Ben Laden était protégé et pris en charge par cette dernière jusqu’à son dernier soupir. L’administration américaine a donc maquillé le décès en assassinat, et choisi la date du 1er mai 2011 du fait de la prochaine élection présidentielle américaine, ou pour pouvoir se désengager d’Afghanistan et d’Irak «dans l’honneur».
Ce n’est pas Ben Laden qui a été tué
Si les Américains se sont débarrassés si vite du corps -en pleine mer- et n’ont pas diffusé de photo de Ben Laden mort, c’est parce que ce n’était pas lui. Les internautes estiment qu’il y a sans doute eu une bavure, et que les Seals ont tué la mauvaise personne. Cependant, vu la force de frappe déployée, l’administration américaine n’a pas pu dissimuler le fait qu’il y avait eu une opération dans la maison d’Abbottabad, et a donc dû réagir rapidement. Les internautes soulignent d’ailleurs que la crainte que la tombe de Ben Laden ne devienne un lieu de recueillement est infondée, puisque le pèlerinage sur les sépultures n’est pas une tradition du salafisme et du wahabbisme. Le leader d’Al-Qaida serait donc toujours en cavale.
Toutes ces théories auraient poussé Barack Obama à décider ce mardi de diffuser une seule et unique photo de la dépouille de l’ex-leader d’Al-Qaida. Une photo qui ne manquera pas de mener les adeptes du conspirationnisme à poser d’autres questions et à élaborer d’autres théories. (20Minutes)
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**La « joie » de Merkel après la mort de Ben Laden irrite l’Allemagne
« La mort brutale d’un homme ne doit jamais être un motif de réjouissance », condamne le théologien Eberhard Schockenhoff, membre du Conseil national d’éthique.
La « joie » exprimée par Angela Merkel à l’occasion de l’élimination d’Oussama Ben Laden a déclenché une vive polémique outre-Rhin. Plusieurs ténors au sein de sa coalition, ainsi que des responsables religieux chrétiens et musulmans jugent « déplacés » ou « inappropriés » les sentiments exprimés par la chancelière allemande après la mort de Ben Laden.
« Je me réjouis que Ben Laden ait été tué », avait déclaré la chancelière dans un message télévisé au lendemain de l’opération commando américaine au Pakistan. Ses déclarations ont provoqué un malaise au sein du parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel, qui reste très à cheval sur les valeurs chrétiennes. On s’y offusque d’autant plus que la chancelière ait pu se réjouir de la mort d’un homme qu’elle est fille de pasteur. « Je ne l’aurais pas formulé ainsi, a critiqué Siegfried Kauder, président de la Commission des Lois au Bundestag issu de la CDU de Merkel. On ne doit pas exprimer ses envies de vengeance. Nous ne sommes pas au Moyen Age ». De son côté, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, le libéral Werner Hoyer, juge que « la joie est dans le mauvais registre ».
La phrase de la chancelière passe en boucle sur les radios et chaîne de télévision, accentuant le malaise qu’éprouvent de nombreux Allemands. Alois Glück, président du Conseil central des Catholiques et responsable de la CSU (la branche bavaroise de la CDU), juge « incompréhensible et très irritant » l’emploi du mot « joie ». « La mort brutale d’un homme ne doit jamais être un motif de réjouissance », condamne le théologien Eberhard Schockenhoff, membre du Conseil national d’éthique. Le président du Conseil central des Musulmans, Aiman Mazyek, juge « déplacé » les propos exprimé par la « présidente d’un parti chrétien ». « Le terrorisme a introduit une grande perversité dans le monde. Nous ne devons pas nous laisser contaminer par sa logique de mort et s’opposer à lui avec fermeté et dignité et non en ripostant dans le même registre », affirme Mazyek.
La chancelière s’est justifié face à la vague d’indignation, affirmant qu’elle ne ferait pas le même choix de mots si elle pouvait refaire sa déclaration. « Le motif de sa joie était l’idée qu’aucun danger ne viendrait plus de cet homme. Nous espérons que le monde est plus en sécurité », a expliqué son porte parole, Steffen Seibert, pour tenter de limiter les dégâts. Cependant, le biographe Gerd Langguth, biographe de la chancelière, estime qu’elle n’a pas utilisé ce vocabulaire par hasard. « Elle savait exactement ce qu’elle disait, affirme Langguth. Elle voulait se rapprocher à moindre coût du peuple américain. Elle sait que la plupart des Américains sont satisfaits de la mort de Ben Laden ». L’abstention de l’Allemagne lors du vote du Conseil de sécurité de l’ONU pour l’intervention alliée en Libye avait choqué ses partenaires occidentaux, en premier lieu les Etats-Unis. La « joie » de Merkel après la mort de Ben Laden aura désarçonné et irrité ses concitoyens. (Blog.Figaro-05.05.2011.)
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*Est-ce la fin de l’histoire?
«Ce soir, je suis en mesure d’annoncer aux Américains et au monde que les Etats-Unis ont mené une opération qui a tué Oussama Ben Laden, le dirigeant d’Al Qaîda, un terroriste responsable du meurtre de milliers d’innocents. (…) Et en un soir comme celui-ci, nous pouvons dire aux familles qui ont perdu des êtres chers à cause du terrorisme d’Al Qaîda: justice est faite.» C’est par ces mots que le président Obama s’est adressé urbi et orbi. Cela nous rappelle la posture de Bush en mai 2003 sur le porte-avions pour annoncer la fin de la guerre en Irak ou encore celle de Paul Bremer le proconsul américain en Irak:«Nous l’avons eu» quand Saddam, aux abois, a été arrêté: Lorsque Barack Obama emploie le mot «justice», il pense d’une part aux familles des victimes du 11 septembre 2001, et d’autre part, peut-être, à une forme de justice divine.
De quoi s’agit-il en fait? Le soir du 1er mai 2011, vers 20h30 UTC, Oussama Ben Laden, qui n’était pas armé, est tué dans la ville d’Abbottabad au Pakistan lors d’une opération militaire au sol menée par une vingtaine de Seal (commandos de l’US Navy). Sa dépouille a été immergée en haute mer. Le corps aurait bien été recouvert d’un linceul blanc. Dans la tradition musulmane, l’inhumation doit avoir lieu dans les vingt-quatre heures suivant le décès. C’est d’ailleurs, ainsi que les Américains ont justifié leur décision de se séparer si vite du corps d’Oussama Ben Laden. Pourtant, en Irak, les corps de Uday and Qusay Hussein, les fils musulmans du dictateur irakien, ont été conservés onze jours par les autorités militaires américaines….Pour cet exploit, le président des Etats-Unis a salué la coopération des autorités pakistanaises à cette opération. Pourtant, le Pakistan a exprimé sa préoccupation estimant que de telles «actions unilatérales non autorisées» ne devraient pas se reproduire. Les Etats-Unis n’ont pas informé le Pakistan de l’opération contre Oussama Ben Laden, car ce pays «aurait pu alerter» le chef d’Al-Qaîda de l’imminence du raid, a déclaré le directeur de la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine américain Times.
La carrière de Ben Laden
Qui est ce personnage qui a déclaré, d’après les médias occidentaux, la guerre à l’Occident? Comment ce fils de milliardaire quitte le luxe et l’opulence familiale pour aller mener une vie, traqué à travers le monde, notamment dans les montagnes de Bora Bora? En 1979, à l’âge de 22 ans après ses études, ce riche fils d’un entrepreneur proche de la famille royale saoudienne est approché par le prince Turki Al Fayçal, alors chef des services secrets de l’Arabie Saoudite (de 1977 à 2001). À l’époque, le régime du shah d’Iran vient d’être renversé par une révolution qui porte à sa tête l’ayatollah Khomeini, tandis que l’Urss envahit l’Afghanistan quelques mois plus tard. L’islamisme commence à devenir une force géopolitique importante, remplaçant peu à peu le marxisme et le panarabisme comme principale idéologie populaire au Moyen-Orient. De nombreux moudjahidin viennent combattre en Afghanistan contre l’Urss, soutenus par l’Arabie Saoudite qui y voit une possibilité de diffusion du wahhabisme, le Pakistan via son Inter-Services Intelligence qui se verrait à terme à la tête d’une future internationale islamique.
Officiellement, la CIA a commencé à soutenir les moudjahidin en 1980. Selon Zbigniew Brzezinski, le président Carter aurait signé la première directive sur leur assistance clandestine le 3 juillet 1979, avec pour but d’entraîner une intervention militaire des Soviétiques, ce qui fut le cas. Le 24 décembre 1979, l’armée soviétique a envahi l’Afghanistan. Le prince saoudien Turki demande à Ben Laden d’organiser le départ des volontaires pour l’Afghanistan et leur installation à la frontière pakistanaise. En arrivant sur place, le jeune homme découvre des militants motivés, mais très peu organisés. L’amateurisme règne. Ben Laden aurait coordonné l’arrivée des militants à Peshawar via une organisation appelée «Bureau des services». Il aurait mis en place une véritable organisation et assuré la formation militaire et idéologique des combattants (camps d’entraînement, mosquées, écoles, etc.) ainsi que l’approvisionnement en armes. Peu à peu, il aurait pris en charge les familles. Il se serait occupé de veuves et de l’éducation religieuse d’enfants. D’après Noam Chomsky, les moudjahidin auraient en fait été entraînés, armés et organisés par la CIA, les services de renseignement français, l’Égypte, le Pakistan, etc. pour livrer une guerre sainte aux Soviétiques.
En 1989, Oussama Ben Laden se retrouve alors à la tête de l’organisation. Elle est la base d’Al Qaîda, qui se transforme bientôt en logistique du djihadisme international, certains vétérans d’Afghanistan partant ensuite combattre sur d’autres fronts (en Tchétchénie, en Yougoslavie, etc.). Durant toute cette décennie, Ben Laden rend régulièrement compte au prince Turki, effectuant de nombreux voyages en Arabie Saoudite. (…) En février 1989, les Soviétiques annoncent leur retrait d’Afghanistan. Les djihadistes veulent poursuivre le combat jusqu’à la prise du pouvoir à Kaboul. Cependant, les États-Unis qui ont atteint leur objectif, et l’Arabie Saoudite, stoppent le financement et le soutien logistique massif en 1990. Oussama Ben Laden se sent trahi, mais à son retour en Arabie Saoudite, il est considéré comme un héros. Lors de la guerre du Golfe (1990-1991), Oussama Ben Laden propose au roi Fahd d’utiliser sa milice pour défendre le pays contre une éventuelle invasion des troupes irakiennes. Ce dernier refuse et préfère ouvrir son territoire à l’armée américaine, prêtant ainsi le flanc à l’accusation selon laquelle il aurait autorisé les «infidèles» à «souiller le sol sacré» de l’Arabie Saoudite…Au début d’avril 1994, l’Arabie Saoudite le prive de sa nationalité. Il vit alors à Khartoum, au Soudan, de 1992 à 1996. Il reste en relations discrètes avec certains membres du régime saoudien (la famille royale est en effet peu unie). De même, il aurait gardé des relations avec la CIA; nom de code «Tim Osman». Selon Leonide Chebarchine, ancien directeur adjoint du KGB, Al Qaîda serait une création des États-Unis et Oussama Ben Laden n’aurait jamais cessé d’être un agent de la CIA.(1)
Ben Laden condamne l’évolution de la civilisation islamique depuis la disparition du califat (le dernier calife était le sultan ottoman jusqu’en 1924). Cet objectif passe par un renversement des gouvernements arabes «laïcs» et «impies» protégés par les États-Unis. Ce fut l’une des raisons principales de son rejet par la famille royale d’Arabie Saoudite. Lors de son interview par le journaliste Robert Fisk en 1996, il avait notamment déclaré: «Le peuple comprend maintenant les discours des ouléma dans les mosquées, selon lesquels notre pays est devenu une colonie de l’empire américain. [...] La solution à cette crise est le retrait des troupes américaines. Leur présence militaire est une insulte au peuple saoudien.»
Pour Oussama Ben Laden, les bases militaires présentes en Arabie Saoudite ne sont pas acceptables. Il souhaite que la présence américaine au Moyen-Orient disparaisse, afin, selon sa rhétorique, de retrouver la «liberté» du peuple musulman. À l’origine ces bases américaines devaient être provisoires, le temps de remporter la guerre contre Saddam Hussein. Lors de la dernière guerre en Irak, l’état-major américain n’a pas fait partir l’offensive américaine d’Arabie Saoudite,
Par la suite, le FBI, qui a Ben Laden placé depuis juin 1999 sur sa liste des dix criminels les plus recherchés suite aux attentats des ambassades américaines en Afrique, offrait 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant sa capture, somme portée par le Sénat à 50 millions de dollars en 2007.
Pour rappel, Ben Laden a été accusé des attentats du 11 septembre malgré ses protestations. Le 16 septembre 2001, dans un communiqué diffusé sur la chaîne d’information internationale Al Jazeera et relayé par plusieurs médias occidentaux (Associated Press, 16/09/01; CNN, 17/09/01; Washington Post, 17/09/01), il déclare: «Je voudrais dire au monde que je n’ai pas orchestré les récents attentats [...]». Ce même jour, l’agence Afghan-Islamic Press reçoit également un démenti dans lequel Ben Laden affirme: «Les Etats-Unis pointent le doigt sur nous, mais je déclare catégoriquement que je ne l’ai pas fait.» (Reuters, 16/09/01; Daily Telegraph, 16/09/01; The Independent, 16/09/01; BBC News, 16/09/01; CBS, 16/09/01; Guardian, 17/09/01; Le Monde, 18/09/01). Le 28 septembre 2001, dans une interview donnée au quotidien pakistanais Ummat, Ben Laden explique une nouvelle fois qu’il n’est «pas impliqué dans les attentats du 11 septembre». Il précise: «Les Etats-Unis devraient rechercher les auteurs de ces attentats en son sein» (Ummat, 28/09/01). La soi-disante revendication des attentats par Oussama Ben Laden repose exclusivement sur deux «vidéos-confession» régulièrement présentées comme preuve indiscutable de sa culpabilité alors qu’elles sont en réalité falsifiées ou fortement sujettes à caution.
L’homme aux plusieurs vies
De plus, et selon Alain Chouet, ancien chef du service de sécurité de la Direction générale de la Sécurité extérieure, Al Qaîda n’existe plus depuis 2002. Ce qui n’empêche pas le renseignement américain de placer l’organisation de Ben Laden en tête des menaces auxquelles doit faire face l’Amérique, Alain Chouet intervenait, le 29 janvier 2010, à la Commission des affaires étrangères du Sénat. Ses propos viennent mettre en pièces bon nombre d’idées reçues: «Comme bon nombre de mes collègues professionnels à travers le monde, j’estime, sur la base d’informations sérieuses, d’informations recoupées, que la Qaîda est morte sur le plan opérationnel dans les trous à rats de Tora-Bora en 2002.»(2)
A l’instar de highlander, le chef d’Al Qaîda a de nombreuses fois été annoncé mort. En janvier 2002, le président du Pakistan, Pervez Musharraf, estimait que l’islamiste serait mort de déficience rénale. En juillet 2002, le chef du FBI, Dale Watson, pensait qu’il n’était «probablement plus de ce monde». En décembre 2002, c’est le chef de la diplomatie pakistanaise, Khurshid Kasuri, qui affirme que Ben Laden avait succombé à la suite d’opérations militaires américaines. Le 23 septembre 2006, le quotidien français L’Est Républicain révèle l’existence d’une note classée «confidentiel-défense» de la Dgse qui indique que les services secrets saoudiens seraient convaincus qu’Oussama Ben Laden serait mort le 23 août 2006 d’une crise de fièvre typhoïde.
Le 2 novembre 2007, Benazir Bhutto, candidate à la présidence du Pakistan, mentionne dans une entrevue avec David Frost sur les ondes d’Al Jazeera English, le nom d’un homme «qui a tué Oussama Ben Laden». Enfin, le 21 décembre 2008, Dick Cheney, vice-président américain sortant, a indiqué ne pas être sûr qu’Oussama Ben Laden soit encore vivant, dans un entretien à la chaîne de télévision américaine Fox News Channel.(1)
Les explications seraient nombreuses. A-t-il terminé sa mission historique à la lumière des révolutions arabes, ou était-il encombrant? Robert Bibeau s’interroge quant à lui sur la légitimité de cet acte. Ecoutons-le: «De quoi avaient-ils peur? L’empressement marqué des assassins états-uniens à exécuter Ben Laden et à faire disparaître son cadavre laisse perplexe. Un escadron de paras, bardé d’armes sophistiquées, le casque à la Nintendo posé sur le nez, monté à la Zorro sur quelques hélicos, fond sur sa proie un jour de mai. La cible: un retraité, retiré dans sa datcha au nord d’Islamabad la mafieuse, peinard avec sa famille nombreuse, inactif depuis quelques années, regardant à la télé les franchisés légitimés de la soi-disant organisation Al Qaîda, s’exciter à la périphérie des combats que mène la résistance des peuples arabes opprimés, révoltés. L’exécution extra- judiciaire des «injusticiers» surarmés aura permis de faire taire un témoin gênant, c’est la seule conclusion que l’on puisse tirer de ce coup fourré à l’américaine. (…) Il résistait et il en savait trop pour être rapatrié et interrogé; de toute façon, tout ce qu’il aurait pu révéler, l’état-major américain le savait déjà. Alors, à quoi bon laisser parler ce ressuscité devant les caméras de la télé, à la face du public hébété; et lui donner l’occasion de raconter les malversations des puissants et les complots des malfaisants? Que nenni, il en savait trop ce «héros!»(…)
Pourquoi a-t-on fait taire Ben Laden maintenant?
Pouvait-il révéler des informations cachées, des complicités, l’origine de ses informateurs, la provenance des armes de son organisation, qui a entraîné ses satrapes (si ce sont bien eux qui ont fait le coup!), qui les a cachés, armés, payés, le nom de ses alliés? Autant de questions que l’on ne pourra jamais lui poser. (…)»(3)
Que peut-on dire de Ben Laden et de son héritage? Il faut comprendre que l’islamisme radical dont il était le porte-drapeau se mourait à la fin des années 1990: Ben Laden fut surtout la caution de tous ces gouvernements qui ont démesurément exagéré la menace terroriste pour faire voter des textes liberticides comme le Patriot Act aux Etats-Unis. Aussi condamnables que soient les actes de terrorisme, la loi du talion n’est pas censée régir les relations internationales…Sommes-nous dans la logique de «oeil pour oeil, dent pour dent»…Est-ce la fin de l’Histoire? pour paraphraser l’idéologue du Pentagone, Francis Fukuyama, ou est-ce un coup d’accélérateur de l’ouverture d’une nouvelle boîte de Pandore qui débouchera, à Dieu ne plaise, sur la guerre de tous contre tous et la mondialisation de l’insécurité? Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor, explique la deuxième mort de Ben Laden par la diversion. Ecoutons-le: «Sans doute le président Obama a désespérément besoin d’une victoire. Il a commis l’erreur de l’imbécile, de redémarrer la guerre en Afghanistan, et maintenant, après dix ans de combat, la Zunie est dans l’impasse, si ce n’est la défaite. Les guerres des régimes Bush et Obama ont mis la Zunie en faillite, laissant dans leur sillage de formidables déficits et la baisse de la roupie. Et le moment de réélection approche. (…) Souvenez-vous, dès le début, l’unique raison de l’invasion de l’Afghanistan était d’attraper Ben Laden. Maintenant que le président Obama a dit que Ben Laden a pris une balle dans la tête, il n’y a plus de raison de continuer la guerre.(4) Nous l’espérons. (L’Expression-05.05.2011.
1.Oussama Ben Laden Encyclopédie Wikipédia
2.http://nemesisnom.info/conspirations/al-qaida-n%E2%80%99existe-plus-selon-la-dgse/
3.Robert Bibeau: www.legrandsoir.info/L-assassinat-extra-judicaire de -Ben Laden.html
4.Paul Craig Roberts: La seconde mort d’Oussama Ben Laden. Alterinfo.net 2 mai 2011
Pr Chems Eddine CHITOUR
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*la mort de Ben Laden va renforcer l’insurrection
Les taliban afghans affirment que la mort d’Oussama ben Laden contribuera à revigorer l’insurrection contre les «occupants» en Afghanistan.
Preuve de la mort
Alors que la plupart des organisations extrémistes islamistes à travers le monde ont rapidement dénoncé la mort d’Oussama ben Laden, les taliban afghans, qui ont autrefois offert l’asile au chef d’Al Qaïda, ont été plus longs à réagir. Ils exigeaient auparavant une preuve de la mort du chef islamiste, tué dans la nuit de dimanche à lundi au Pakistan par un commando américain.
Le réseau Al Qaïda a confirmé vendredi la mort de son chef et les taliban afghans sont alors sortis de leur réserve.«Nous avons appris la nouvelle du martyre du cheikh Abou Abdoullah Oussama ben Mohamed ben Laden, qu’Allah lui accorde sa miséricorde, au cours d’une attaque surprise menée par les forces de l’agresseur américain», écrivent les taliban dans un communiqué transmis par courriel.Nouveau souffle
«L’Emirat islamique d’Afghanistan est persuadé que le martyre du cheikh Oussama (…) insufflera une nouvelle vigueur au djihad contre les occupants», ajoutent-ils.Les taliban avaient laissé Oussama ben Laden développer une base arrière dans le sud de l’Afghanistan jusqu’à leur renversement par une coalition sous commandement américain à la suite des attentats du 11 septembre 2001, orchestrés par Al Qaïda.Oussama ben Laden et la direction du mouvement taliban, dirigée par le mollah Omar, avaient alors fui au Pakistan voisin.Pour les observateurs, les liens entre Al Qaïda et les islamistes afghans se sont distendus avec le temps et les taliban d’Afghanistan tentent même de prendre leurs distances avec le réseau formé par Oussama ben Laden.
«Grande perte»
Dans leur communiqué, les taliban afghans qualifient la mort d’Oussama ben Laden de «grande perte». Les louanges qu’ils lui adressent portent toutefois essentiellement sur la période durant laquelle il a lutté contre les Soviétiques en Afghanistan aux côtés des moudjahidine, dans les années 1980.
Si les Etats-Unis et leurs alliés pensent que la mort du chef d’Al Qaïda sapera le moral des insurgés en Afghanistan, alors «c’est un signe de la naïveté des Américains», écrivent les taliban.«L’Amérique devrait savoir que le mouvement djihadiste présent en Afghanistan puise ses racines au coeur du peuple afghan et qu’il exprime les sentiments et les espoirs de ce peuple fier», ajoutent-ils.
La violence en Afghanistan a atteint en 2010 des niveaux inédits depuis le renversement des taliban. Ces derniers ont annoncé le 30 avril le lancement de leur «offensive de printemps» contre les responsables afghans et les militaires étrangers. (20Minutes avec Reuters-07.05.2011.)
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**La côte de confiance d’Obama bondit de 11 points
La cote de confiance du président Barack Obama a effectué un bond de 11 points après l’opération américaine lors de laquelle Oussama ben Laden a été tué, selon un sondage CBS/New York Times publié mercredi.
Selon cette enquête mensuelle effectuée après l’assaut donné dimanche par les forces spéciales contre la cache du chef d’Al-Qaïda au Pakistan, 57% des Américains interrogés disent approuver le travail du président américain, contre 46% début avril.
Sans surprise, M. Obama enregistre ses meilleurs résultats en matière de lutte contre le terrorisme: 72% des personnes interrogées disent lui faire confiance à ce sujet. Et 61% approuvent sa gestion de la situation en Afghanistan, une hausse de 17 points par rapport à janvier.
Les sondeurs avaient anticipé une telle embellie de la cote du président, mais mis en garde sur son caractère sans doute éphémère: la cote du prédécesseur de M. Obama, George W. Bush, avait ainsi augmenté en décembre 2003 lorsque Saddam Hussein avait été capturé, avant de baisser d’autant le mois suivant.
D’autres sondeurs ont confirmé la hausse de la cote de confiance de M. Obama, mais plus modeste: le Washington Post et l’institut Pew l’évaluent à 56%, en progression de neuf points sur un mois, tandis que selon CNN/Opinion Research, elle s’établit à 52% contre 48% début avril. Le sondage quotidien Gallup, dont les variations sont pondérées sur trois jours, ne l’évalue qu’à 47% (+1 point).
Gros bémol pour M. Obama, qui avant l’annonce de la mort d’Oussama ben Laden était à la peine dans les sondages sur les questions économiques, considérées comme capitales pour sa réélection en 2012: le sondage CBS/New York Times ne lui accorde qu’une cote de confiance de 34% à ce sujet, en baisse de quatre points par rapport à avril.
Ce sondage, effectué auprès de 532 personnes par téléphone lundi et mardi, s’est aussi intéressé aux vues des Américains sur la menace terroriste et la guerre en Afghanistan après la mort de Ben Laden.
62% des personnes interrogées estiment que l’élimination du chef d’Al-Qaïda va se traduire par une augmentation de la menace terroriste à court terme, et seulement 5% affirment qu’elle baissera.
Les Américains sont plus optimistes à long terme: 27% pensent que la menace terroriste augmentera encore et 26% qu’elle diminuera. Mais 41% disent qu’elle restera identique.
Près de la moitié des sondés (48%) assurent qu’il faut désormais réduire le contingent militaire américain en Afghanistan, une promesse de M. Obama censée commencer à se concrétiser en juillet. Seulement 6% disent qu’il faut envoyer davantage de troupes et 40% se prononcent pour une stabilité des effectifs.
Enfin, interrogés pour savoir s’ils considèrent que la mission principale en Afghanistan est désormais accomplie avec la mort de Ben Laden, 32% des sondés répondent par l’affirmative, et 64% affirment que ce n’est pas le cas.(AFP-04.05.2011.)
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** Une mort sans image ni vidéo du cadavre
Qu’ont vraiment fait les Américains de Ben Laden ?
L’absence de photo ou de vidéo de la dépouille d’Oussama Ben Laden, que les Américains affirment avoir tué dans la nuit de samedi à dimanche à Abbottabad au Pakistan, soulève moult interrogations sur cette manière d’agir, et laisse le mystère entier sur ce qui est réellement advenu du fondateur d’Al-Qaïda. Il y en a qui veulent voir pour croire !
Jusqu’à hier, les États-Unis n’ont diffusé aucune image ou vidéo attestant de la véracité des informations sur la mort d’Oussama ben Laden, laissant alors libre cours aux supputations sur cette histoire. Même si Washington est formelle sur le sort de l’ex-homme fort de la nébuleuse Al-Qaïda, nombreux sont ceux qui se posent des questions et veulent des réponses sur cette manière de faire des Américains.
Mythe depuis les attentats du 11 septembre 2001, ben Laden l’est devenu encore davantage depuis sa mort, annoncée dimanche en grande pompe par Barack Obama en personne. Le refus des Américains de lui accorder une inhumation ordinaire, sous prétexte que sa tombe pourrait devenir un lieu de pèlerinage pour ses fans, n’a pas convaincu grand monde.
Pis, le fait qu’il ait été jeté à la mer, après une prétendue cérémonie religieuse conforme au rite musulman, a accentué le doute sur les agissements des Américains. Outre la dénonciation de cet acte par la plus haute instance musulmane sunnite, El-Azhar, qui a affirmé que cela n’était guère en conformité avec l’islam, certains sont allés jusqu’à dire que ce décès n’est qu’une énième mort d’Oussama ben Laden qui vient s’ajouter aux précédentes. En effet, certains doutent carrément de ce décès. Ils n’écartent pas la possibilité que les États-Unis l’aient fait disparaître dans la nature sous une nouvelle identité, en remerciement pour services rendus, lui qui a servi le renseignement US comment agent de la CIA.
Par contre, d’autres ne remettent pas en cause la mort de ben Laden, mais pensent que son corps a été déchiqueté et est devenu méconnaissable après l’opération, d’où cette décision de Washington de ne pas en montrer les images. D’ailleurs, même le temps mis par les Américains pour le trouver, dix longues années, conforte l’idée qu’ils n’étaient vraiment pas pressés de le faire, alors qu’il représentait le plus grand danger pour les États-Unis en sa qualité d’ennemi public numéro un avec une mise à prix de vingt-cinq millions de dollars. C’est dire que cette affaire ben Laden est loin d’être aussi claire et simple qu’on veut le faire admettre.
D’ailleurs, pour croire que le fondateur de la nébuleuse terroriste El-Qaïda, qui a plongé le monde, notamment occidental, dans l’insécurité depuis une décennie, beaucoup veulent voir les preuves irréfutables de ce qu’avance la Maison-Blanche sur son sort.
Le contexte dans lequel disparaît ben Laden soulève également des interrogations, car cette disparition est considérée comme du pain béni pour le locataire du bureau ovale, qui voit ses chances d’accomplir un second mandat présidentiel décuplées, après qu’il eut annoncé bien à l’avance son désir d’y postuler à nouveau. Barack Obama s’est même cru obligé d’apporter publiquement la preuve de son américanité en rendant public son extrait d’acte de naissance prouvant qu’il était bel et bien venu au monde sur le sol américain, à Hawaï plus précisément. Tant que des images ou des vidéos n’auront pas été dévoilées sur cette nouvelle mort de ben Laden, le mystère demeurera entier. (Liberté-04.05.2011.)
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nombreux sont ceux qui affirment que Oussama ben Laden n’est pas mort
La seule photo de Ben Laden mort connue sera-t-elle une photo truquée? Sans doute, le président Barack Obama ayant décidé ce mercredi de ne pas diffuser les clichés véritables de son cadavre.La photo truquée est «sortie» dans la foulée de l’annonce de la mort du leader d’Al-Qaida, diffusée et largement relayée par les médias, jusqu’à ce que la supercherie soit mise au jour. Forcément, tout le monde attendait une preuve de l’information. L’administration Obama affirme posséder au moins une photo de Ben Laden mort, mais elle a hésité à la révéler. Cette initiative aurait pourtant pu mettre un frein aux théories conspirationnistes. ********************** *Il aurait été tué dans une résidence près d’Islamabad, au Pakistan Un responsable américain, ayant requis l’anonymat, confirme que le corps de Ben Laden a été immergé en mer.
Laurence Haïm, correspondante à la Maison blanche pour I-Télé, rapporte que le corps de Ben Laden aurait été jeté à la mer après avoir fait l’objet de tests ADN..! ? La photo présumée de Ben Laden mort pourrait être un photo-montage
«La mort de Ben Laden est-elle synonyme de la fin d’Al-Qaida? Malheureusement trop tôt pour répondre»
La menace terroriste reste élevée selon Interpol, l’organisation internationale de police
**Des centaines de New-Yorkais se sont rassemblés dans la nuit de dimanche à lundi pour manifester leur joie après la mort d’Oussama Ben Laden. La foule s’est rapidement regroupée aux cris de «Ben Laden est mort» autour de Ground Zero. Des centaines de personnes se sont aussi rassemblées à Times Square, où un attentat a été déjoué il y a un an.
***Les Etats-Unis ont procèdé à des tests ADN sur le corps d’Oussama ben Laden et ont utilisé des techniques de reconnaissance faciale pour identifier le chef d’Al-Qaida, a déclaré ce lundi un responsable américain. Ben Laden a été identifié par les commandos qui l’ont tué au cours d’une fusillade. Le chef d’Al-Qaida a résisté avant d’être atteint à la tête, a dit à Reuters ce responsable américain ayant requis l’anonymat. La Maison Blanche a précisé que deux hélicoptères, emmenant des forces spéciales américaines, ont volé jusqu’à la maison fortifiée de Ben Laden, près d’Islamabad, à Abbotabad. L’opération a duré moins de 40 minutes. Ces forces spéciales au sol, il y a eu des échanges de coup de feu entre la garde de Ben Laden et les soldats américains. Aucun soldat américain n’a été blessé.
Plusieurs personnes, dont Ben Laden, son épouse et un de ses fils, ont été tué. Un des deux hélicoptères en panne, a été détruit. Les forces spéciales sont reparties après l’opération dans le seul hélicoptère restant, emportant le corps de Ben Laden. Les Pakistanais n’ont jamais été mis au courant de cette opération par peur des fuites, dit la Maison Blanche
**Pour Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe, Ben Laden «était mis sur la touche et discrédité par les dernières révolutions arabes». Le professeur souligne que la présence de Ben Laden près d’Islamabad «n’a pas pu se faire sans complicité au Pakistan».
**Le secret a été gardé au plus haut niveau uniquement. Washington n’a informé aucun pays allié, pour éviter les fuites. L’hélicoptère des forces spéciales a apparemment eu un problème mécanique et les militaires l’ont détruit à la fin de l’opération…
Le président Obama a fourni quelques détails sur l’opération militaire. La CIA a obtenu une piste en août dernier sur la localisation de Ben Laden, au Pakistan. La semaine dernière, le président a estimé avoir obtenu suffisament de certitudes pour lancer une opération, ce dimanche pour capturer ou tuer Ben Laden, qui se trouvait dans une résidence à AbbottÄbad, à 100 km au nord d’Islamabad. Le leader d’Al-Qaïda a été tué dans une résidence près d’Islamabad, au Pakistan, selon CNN. Il se trouvait sur la liste des dix terroristes les plus recherchés depuis 1998 et son implication dans plusieurs attentats contre des ambassades américaines
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**Oussama Ben Laden, en 1998
PORTRAIT – Le leader d’Al Qaïda et Washington ont joué au chat et à la souris pendant près de 10 ans…Défiant la puissance de l’Amérique «infidèle», Oussama ben Laden, tué dimanche au Pakistan dans une opération militaire américaine, a organisé les attentats les plus meurtriers de l’histoire et que Washington ne parvenait pas à capturer.L’instigateur des opérations suicide du 11 septembre 2001 était devenu un objet d’obsession pour George W. Bush, qui avait juré de le prendre mort ou vif et dont les deux mandats ont été dominés par une «guerre contre le terrorisme» axée sur son réseau islamiste, Al Qaïda.Il s’était également posé en adversaire de Barack Obama, rejetant la branche d’olivier tendue aux musulmans par le nouveau président américain dans son discours du Caire en 2009.Most wanted terrorist On l’a dit terré dans des grottes afghanes, sans plus de contrôle sur son mouvement, mais Ben Laden en est resté la figure de proue alors qu’il se ramifiait de l’Irak à l’Afrique du Nord, pilotait ou inspirait des attaques de Bali à Londres.Avec sa longue barbe grise et son air mélancolique, il était devenu l’un des personnages les plus notoires de la planète. Son visage émacié surgissait périodiquement des vidéos de propagande d’Al Qaïda tandis que les Etats-Unis promettaient 25 puis 50 millions de dollars de récompense pour la capture de cet homme secret à qui d’autres trouvaient du charisme.Dimanche, l’ennemi public numéro un des Etats-Unis a été tué dans une opération conduite au Pakistan par les forces spéciales américaines, ce qui met fin à une chasse à l’homme sans équivalent.Des milliers de soldats américains auront participé à cette traque dans les monts et déserts d’Afghanistan, ainsi que des dizaines de milliers de soldats pakistanais dans les zones tribales frontalières. Exécré comme un terroriste incarnant les crimes de masse et le mal absolu ou traité en icône de musulmans dressés contre l’humiliation, Ben Laden a changé le cours de l’histoire.Les Etats-Unis et leurs alliés ont dû reformuler leurs principes en matière de sécurité, passant à grand-peine des affrontements entre Etats hérités de la guerre froide à une «guerre asymétrique» contre de petites cellules islamistes.Les armes de la mondialisationLes armes d’Al Qaïda n’étaient pas des chars, des sous-marins ni des porte-avions, mais les instruments quotidiens de la mondialisation et de la technologie du XXIe siècle – en particulier internet, avidement exploité à des fins de propagande, de recrutement et d’entraînement.Pourtant, de son propre aveu, Ben Laden n’avait pas entièrement pressenti l’impact d’une opération consistant à recruter 19 kamikazes pour détourner quatre avions de ligne américains et les projeter contre des édifices symbolisant la puissance financière et militaire des Etats-Unis.Près de 3.000 personnes ont péri dans les attentats du 11-Septembre, dont les cibles étaient les tours jumelles du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington. Le quatrième appareil, tombé en Pennsylvanie, visait sans doute une cible officielle.Un mois plus tard, alors que débutent les bombardements de l’aviation américaine en Afghanistan, Ben Laden apparaît sur une vidéo diffusée par Al Djazira. Entouré de trois de ses lieutenants, il y explique d’un ton calme le but de son djihad.«Voici l’Amérique frappée par Dieu Tout-Puissant à l’un de ses organes vitaux», dit-il sans revendiquer les attentats.Au fil des années suivantes, le chef d’Al Qaïda harcèlera Washington et ses alliés par messages audio ou vidéo, dénonçant la guerre d’Irak, la politique électorale américaine, la crise immobilière des subprimes et leur responsabilité dans le changement climatique.
Un trou de près de trois ans dans sa production vidéo relance des rumeurs qui le disent atteint d’une grave affection rénale, voire mort. Mais Ben Laden est de retour sur les écrans en septembre 2007, réaffirmant aux Américains que leur pays est vulnérable malgré sa puissance économique et militaire.
Fils de magnat des affaires
Pour cet héritier né en 1957 en Arabie saoudite, 17e des 57 enfants d’un millionnaire du BTP venu du Yémen, le «Mal» s’incarnait dans les «impies» américains arrivés dans son pays, gardien des lieux saints musulmans, pour la guerre du Golfe de 1991. Le «Bien» étant la guerre sainte (djihad) qu’il affirmait leur livrer au nom d’un milliard de musulmans.
Ben Laden, qui s’est d’abord marié avec une cousine syrienne à 17 ans, aurait eu au moins 23 enfants de cinq femmes ou plus. Il avait perdu son père Mohamed dans un accident d’avion après une erreur apparente de son pilote américain. Adolescent timide, étudiant, il obtiendra un diplôme de génie civil.
Après s’être rendu au Pakistan peu après l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979, il va collecter des fonds dans son pays et revient combattre aux côtés des moudjahidine afghans. Il se retournera contre ses alliés une fois évincée la puissante Armée rouge, qui aura perdu 13.000 hommes en dix ans.
Selon différents récits, Ben Laden participe à la création d’Al Qaïda (La Base) avec l’appui des USA et de l’Arabie séoudite, pendant l’occupation soviétique en Afghanistan. La mort en 1988 de son demi-frère Salem, lui aussi en avion, semble avoir contribué à la radicalisation d’Oussama.
Il condamne la présence en Arabie séoudite des troupes américaines , et restera persuadé que le monde musulman est victime d’un terrorisme international organisé par l’Amérique. Accueilli en 1991 par le Soudan islamiste qui l’expulsera cinq ans plus tard, Ben Laden refait surface en Afghanistan peu avant l’arrivée aux affaires des taliban, ses nouveaux alliés.
Il décrète son djihad contre les Etats-Unis, qui ont financé la résistance des talibans afghanes à laquelle il s’était joint, et tissera une toile mondiale de réseaux armés islamistes. Al Qaïda s’engage dans des actions spectaculaires dès 1993, année d’un premier attentat contre le Word Trade Center qui fait six morts.
Ben Laden est tenu pour le principal suspect lors des attentats à la bombe qui visent des soldats américains en Arabie en 1995 et 1996. Après le double attentat d’août 1998 contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie (plus de 200 morts), Washington le désigne comme le cerveau de l’opération.
L’entraînement des kamikazes
Les raids de représailles américains au Soudan et contre des camps d’entraînement en Afghanistan semblent des coups d’épée dans l’eau. L’homme reste insaisissable, mais on devine à nouveau sa main en octobre 2000 dans l’attentat contre l’USS Cole, navire américain lance-missiles, dans le port d’Aden, au Yémen. Dix-sept de ses membres d’équipage périssent.
En territoire afghan, où sa richesse et son islamisme radical lui ont donné accès au premier cercle du régime taliban, Ben Laden organise des camps d’entraînement où des activistes sont préparés à des opérations terroristes à travers le monde.
Luttant contre l’Occident, Israël et les dirigeants arabes « modérés », ces recrues prêtes à mourir viennent d’Asie centrale et du Sud-Est, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Europe.
Survient le 11-Septembre. Jamais attaqués sur leur sol, les Américains enregistrent près de 3.000 morts et sont durablement traumatisés. L’administration Bush parle d’acte de guerre, désigne Ben Laden et décrète une «croisade» contre ce qu’il incarne en se jurant de l’«enfumer dans son terrier».
Peu d’ennemis de la superpuissance américaine avaient comme Ben Laden les moyens d’une telle opération. Les taliban, évincés de Kaboul, paient le prix de l’hébergement qu’ils lui ont accordé. Des bombes américaines l’auraient manqué de peu quand il quittait avec son entourage la zone de Tora Bora, fin 2001.
Rôle symbolique
Par la suite, son rôle à la tête d’Al Qaïda devient sans doute plus symbolique que concret. Mais les attentats continuent, notamment avec la guerre d’Irak.
En 2002, des discothèques sont attaquées à Bali (Indonésie) par la Jemaah Islamiah, «filiale» d’Al Qaïda en Asie ; il y a 202 morts. Des attentats perpétrés dans des trains à Madrid le 11 mars 2004 font 191 morts. A Londres, des kamikazes font 52 morts en juillet 2005. D’autres activistes frappent en Irak, en Turquie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, en Arabie ou au Yémen.
Depuis 2001, son «adjoint» Ayman al Zaouahri et lui ont diffusé à eux deux une soixantaine de messages émaillés de menaces qui visent parfois à enfoncer un coin entre Washington et ses alliés. Après George Bush, Ben Laden accuse son successeur Barack Obama de pratiquer une politique analogue.
Soupçonné de se cacher dans les zones tribales pakistanaises proches de l’Afghanistan où continuait la guerre, il excluait de se laisser capturer dans un message audio en 2006. «Je jure de ne mourir qu’en homme libre», y affirmait-il. (source: 20Minuteset plus-02.05.2011.)
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La deuxième mort du fondateur d’Al-Qaida
L’homme qui a incarné le djihadisme international meurt au moment où le « printemps arabe » vient de porter un coup à ce fantasme totalitaire. Dès lors que les peuples arabes se révoltent au nom de la démocratie et non de l’islamisme ou du retour au califat prônés par Al-Qaida, Oussama Ben Laden était un moribond politique.C’est presque la deuxième mort du fondateur d’Al-Qaida qu’a annoncée dimanche soir 1er mai le président Barack Obama, en indiquant qu’un commando américain avait tué Ben Laden au Pakistan.Le premier avis de décès, politique celui-ci, du dissident saoudien, on pouvait le lire dans les slogans des manifestants de Tunis et du Caire. Y transparaissaient non pas la haine de l’Occident, « des croisés et des juifs », la haine de l’Amérique, cris de ralliement habituels de Ben Laden, mais un désir de liberté et de démocratie, deux « valeurs » abhorrées par le chef djihadiste.Dans le monde arabe, au moins, Ben Laden avait perdu la bataille : la révolte en cours ne célèbre pas l’islamisme, cette illusion mortelle que portait le chef d’Al-Qaida selon laquelle le retour au califat et à l’islam des origines est la réponse à tous les problèmes des pays musulmans – voire à ceux du monde entier.Ben Laden meurt au moment où la capacité de mobilisation et d’entraînement de l’islamisme est sur le déclin. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’attentats. Ni même qu’Al-Qaida et ses filiales maghrébine et sahélienne ne séviront plus. Il y aura toujours des groupes se réclamant de la marque pour tuer et enlever, ici et là. Le Maroc vient d’en faire l’expérience.Ce culte de la violence la plus aveugle n’est pas le seul héritage laissé par Ben Laden. L’homme qui disparaît a profondément marqué – pour le pire – ce début de XXIe siècle. Oussama Ben Laden, ce fils d’une riche famille saoudienne qui fit ses premières armes dans la lutte contre les Soviétiques en Afghanistan, a façonné le paysage stratégique qui est le nôtre.Parce qu’ils ont cru devoir répondre par la guerre aux attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis sont toujours empêtrés dans deux conflits : en Irak et, surtout, en Afghanistan. Ces aventures les ont épuisés militairement, budgétairement ; elles ont durablement terni leur image dans le monde arabo-musulman.M.Obama va pouvoir tirer profit aux Etats-Unis de l’élimination de Ben Laden; il n’en reste pas moins enlisé dans l’imbroglio afghan.L’héritage encore : Al-Qaida a prouvé qu’un petit groupe pouvait perpétrer un crime de masse. Si Ben Laden, doté d’une arme chimique ou biologique, avait pu tuer non pas 3 000 mais 3 millions de personnes à New York, il l’aurait fait.Cette perspective a posé la lutte contre le terrorisme en priorité absolue. Et, au nom de celle-ci, en Amérique, en Europe et ailleurs, l’obsession sécuritaire a conduit à limiter les libertés publiques.On n’en a pas tout à fait fini avec Ben Laden. (Le Monde-02.05.2011.) Article paru dans l’édition du 03.05.11************************** Les principales déclarations d’Oussama Ben Laden depuis 2001
Sélection de déclarations d’Oussama Ben Laden diffusées pour la plupart depuis le 7 octobre 2001, date du début des bombardements en Afghanistan consécutifs aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.2001
- Fin septembre : dans un entretien avec un journal pakistanais, Oussama Ben Laden déclare :« Le djihad continuera même si je ne suis pas là. »
- 7 octobre : dans une vidéo diffusée par la télévision qatarie Al-Jazira, il affirme : « Je jure par Dieu que l’Amérique ne connaîtra plus jamais la sécurité avant que la Palestine ne la connaisse et avant que toutes les armées occidentales athées ne quittent les terres saintes. »
- Novembre : dans une vidéo envoyée à Al-Jazira, il dit : « Ceux qui veulent résoudre nos problèmes aux Nations unies sont des hypocrites (…). Ceux qui affirment être des dirigeants arabes et dont les pays sont membres de l’ONU sont des infidèles. »
- 13 décembre 2001 : « Nous avons calculé à l’avance le nombre de victimes de l’ennemi qui seraient tuées, en fonction de la position des tours », dit-il dans une vidéo diffusée par le Pentagone.
Vidéo d’Oussama Ben Laden, le 26 décembre 2001.D.R./Al-Jazeera
2002
- 31 janvier : dans une interview enregistrée en octobre 2001 par Al-Jazira, il déclare : « La bataille s’est déplacée à l’intérieur de l’Amérique. Nous poursuivrons cette bataille jusqu’à la victoire ou jusqu’à ce que nous rencontrions Dieu. »
- Mai 2002 : « La guerre est entre nous et les juifs. Tout pays qui se place du côté des juifs n’a qu’à s’en prendre à lui-même », déclare-t-il dans une vidéo envoyée à plusieurs médias.
2003
- Février 2003 : « Nous mettons l’accent sur l’importance des opérations martyres contre l’ennemi. Ces attentats ont fait peur aux Américains et aux Israéliens comme jamais auparavant », lance-t-il dans une vidéo envoyée à Al-Jazira.
- Octobre 2003 : « Nous nous réservons le droit de répliquer (…) contre tous les pays qui participent à cette guerre injuste, à savoir la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Australie, la Pologne, le Japon et l’Italie », déclare-t-il dans une vidéo envoyée à Al-Jazira, dans laquelle il fait référence à la guerre en Irak.
Avril 2004 : « Je présente une initiative de réconciliation (…) dont les fondements sont notre engagement à cesser des opérations contre tous les pays [européens], s’ils promettent de ne pas être agressifs envers les musulmans et de ne plus intervenir dans nos affaires », déclare-t-il dans un message audio obtenu par la chaîne télévisée Al-Arabiya.
Janvier 2006 : dans une vidéo obtenue par Al-Jazira, dans laquelle il menace les Etats-Unis, il déclare : « Ces opérations sont en cours de préparation et vous les verrez au cœur de votre pays lorsqu’elles seront prêtes. ».
Avril 2006 : « Le rejet du Hamas après qu’il a remporté les élections (…) confirme qu’il y a une guerre unissant les croisés et les sionistes contre les musulmans », déclare-t-il dans une vidéo obtenue par Al-Jazira, qui fait référence aux réactions d’Israël et des Etats occidentaux après les élections palestiniennes. (Le Monde-02.05.2011.)
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Obama va tirer des bénéfices politiques de la mort de Ben Laden
La mort d’Oussama ben Laden lors d’une opération à laquelle Barack Obama a personnellement donné son feu vert devrait offrir des bénéfices politiques immédiats au président américain, qui vient de se lancer en campagne pour une réélection en 2012.
Au moment même où M. Obama confirmait en direct face aux caméras dimanche soir la mort du chef d’Al-Qaïda, des milliers de personnes, alertées par des informations ayant filtré quelques minutes auparavant, scandaient « USA, USA! » à 200 mètres de lui, devant les grilles de la Maison Blanche.
M. Obama a annoncé avoir donné lui-même l’ordre de lancer l’assaut contre une villa d’Abbottabad au Pakistan dans laquelle Ben Laden se cachait, une opération à très haut risque qui, si elle avait échoué ou s’était traduite par des morts côté américain, aurait pu se révéler coûteuse en terme d’image et d’autorité pour le président.
Jimmy Carter, le dernier démocrate en date à n’avoir pas réussi à se faire réélire président, en 1980, avait en particulier pâti de l’échec d’une opération destinée à libérer des otages américains en Iran à la fin de son mandat.
Au contraire, l’élimination de l’ennemi numéro un des Etats-Unis, près de 10 ans après le 11-Septembre, devrait renforcer la stature de M. Obama, même si elle ne lui garantit pas à elle seule un second mandat de quatre ans.
Lundi, alliés et adversaires de M. Obama ne ménageaient pas leurs louanges envers le président. Gary Ackerman, élu démocrate à la Chambre des représentants, a affirmé sur CNN que cette opération était l’instant « +mission accomplie+ dont le président (républicain George W.) Bush n’avait pu que rêver ».
« Je pense que cela met le président (Obama) dans une position politique qui fait de lui le commandant en chef d’une mission monumentale, quasiment sans accroc, et aux conséquences colossales », a-t-il ajouté.
Le représentant républicain Peter King, un spécialiste des affaires de sécurité nationale qui ménage rarement M. Obama, lui a accordé un satisfecit sans réserves.
« Beaucoup de choses auraient pu mal tourner, et pourtant, le président a eu les tripes de lancer » l’opération, a-t-il affirmé, également sur CNN. « Il s’agit d’une opération brillamment menée. Je salue le président des Etats-Unis pour avoir obtenu ce succès, l’un des plus importants de l’histoire américaine », a-t-il ajouté.
Même l’ancien vice-président républicain Dick Cheney, qui avait accusé M. Obama d’ »indécision » en Afghanistan fin 2009, a dit lundi « féliciter le président Obama et les membres de son équipe de sécurité nationale ».
L’opération de dimanche devrait retirer aux républicains l’un de leurs arguments les plus dangereux pour M. Obama en vue de 2012, l’idée qu’il serait faible sur la scène internationale; le futur adversaire républicain de M. Obama, qui qu’il soit, aura du mal à l’accuser de mollesse dans le dossier de la lutte contre le terrorisme.
« Il est évident qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour la campagne électorale de Barack Obama. Je ne peux pas imaginer une meilleure nouvelle pour le président », notait lundi le spécialiste des sondages Nate Silver dans son blog « Fivethirtyeight » sur le site du New York Times.
Toutefois, « l’élection de 2012 n’allait sans doute pas être dominée par les questions de sécurité nationale », mais « l’avenir de l’état-providence face à une dette de plus en plus lourde », selon M. Silver.
Et alors que 57% des Américains interrogés disaient récemment désapprouver la façon dont le président gère l’économie, l’équipe de campagne de M. Obama doit certainement méditer l’exemple de George Bush père, aisément battu par Bill Clinton en 1992 sur l’économie malgré la victoire de la guerre du Golfe l’année précédente.(AFP-02.05.2011.)
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