*L’Egypte à la croisée des chemins.3

**Réclamant un vrai changement, les Egyptiens retournent à la Place Tahrir 

 

Les Egyptiens sont redescendus dans les rues vendredi pour une nouvelle «journée de la colère», afin de protester contre la lenteur du changement promis par l’armée, au pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak en février dernier. Des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées en début d’après-midi place Tahrir, dans le centre du Caire, pour réclamer «la fin de la corruption politique» et une nouvelle constitution «maintenant, pas plus tard». Les appels à manifester au Caire et dans le reste du pays ont été lancés principalement par des mouvements de jeunes actifs sur Internet, qui avaient contribué de manière décisive au soulèvement anti-régime de janvier et février. Ils appellent aujourd’hui à une nouvelle «journée de la colère», en référence à l’une des plus grandes manifestations anti-Moubarak le 28 janvier. A Charm el-Cheikh, sur la mer rouge, des centaines de personnes ont défilé devant l’hôpital où M.Moubarak se trouve depuis la mi-avril pour demander son transfert en prison, selon un correspondant de l’AFP. Le président déchu et ses deux fils Alaa et Gamal doivent être jugés à une date encore non décidée. L’ancien président est placé en détention provisoire dans cet hôpital en attendant que son état de santé permette son transfert en prison. Les manifestants réclament le retour rapide à un pouvoir civil, le renvoi des responsables de l’ancien régime toujours présents dans de nombreux secteurs de l’administration et des actions en justice plus fermes contre ceux accusés de corruption et de violences. «Nous voulons un procès public pour Moubarak et les voleurs», scandait la foule», doutant de la sincérité de l’annonce mardi d’un procès pour l’ancien raïs. «Nous voulons avoir une nouvelle constitution avant les élections. Des amendements ne sont pas suffisants», estime Randa Gohar, 33 ans, une employée à domicile, en faisant allusion à la révision limitée de la constitution en vigueur sous M.Moubarak adoptée en mars dernier. Les généraux qui dirigent le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir, «ont été avec Moubarak pendant des années. C’est nous qui l’avons renversé, pas eux» affirmait Mouhannad Galal, 27 ans. Le CSFA est dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, aujourd’hui chef d’Etat de fait, qui fut ministre de la Défense de l’ancien président pendant vingt ans. Les Frères musulmans, le mouvement hostile au régime déchu le mieux organisé d’Egypte, s’est en revanche déclaré «très préoccupé» par les appels à manifester, redoutant qu’il ne se traduisent par des divisions entre le peuple et l’armée qui seraient préjudiciables au succès de la transition. L’armée elle-même a indiqué qu’elle se tiendrait à l’écart des manifestations pour éviter toute violence. Dans un communiqué posté sur sa page Facebook, elle met en garde contre «les éléments suspects qui vont essayer d’opposer l’armée au peuple». Quatre personnes qui collaient des affiches appelant à manifester avaient été brièvement arrêtées jeudi au Caire. Des élections législatives, pour remplacer un Parlement actuellement dissous, sont prévues en septembre prochain, mais la suite de la séquence politique -nouvelle constitution, élection présidentielle- est encore floue. (L’Expression-28.05.2011.)

 

**Au Caire, la police se déchaîne sur les manifestants

 Des images choquantes montrant les heurts entre police et manifestants au Caire circulent en ce moment sur la toile. On y voit la police faire usage d’une violence disproportionnée, les femmes n’échappant pas aux coups de matraque, comme en témoigne les photos ci-dessous.

Violente arrestation d'une jeune femme par l'armée égyptienne place Tahrir, au Caire, le 17 décembre 2001.

voir vidéo:  la police se déchaîne sur les manifestants

Les affrontements se poursuivaient dimanche dans le centre du Caire pour la troisième journée consécutive entre forces de l’ordre et manifestants anti-armée. Ces heurts ont fait dix morts et près de 500 blessés depuis vendredi.

Les violences, à coups de pierres et de morceaux de métal, se déroulaient de part et d’autre d’un mur en béton érigé par les forces de l’ordre sur une grande avenue conduisant de la place Tahrir, haut lieu de la contestation, au siège du gouvernement, où la confrontation avait débuté vendredi matin.

Ces violences sont les plus graves depuis les affrontements similaires qui avaient fait 42 morts, principalement au Caire, quelques jours avant le début le 28 novembre des premières législatives depuis la chute de Hosni Moubarak en février, chassé sous la pression de la rue.

Le ministère de la Santé a annoncé samedi soir un bilan de dix morts et près de 500 blessés depuis vendredi. Le parquet a ordonné le maintien en détention pour quatre jours de 17 personnes arrêtées samedi. (belga/vt)-19.12.2011.

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**l’ex-ministre de l’Intérieur condamné à 12 ans de prison

 L’ex-ministre de l’Intérieur égyptien Habib el-Adli,  en poste une douzaine d’années sous le président Hosni Moubarak, et pilier du système répressif, a été condamné jeudi à douze ans de prison pour malversations financières par un tribunal du Caire.
Il s’agit de la première condamnation à une peine de prison prononcée contre un haut responsable du régime de M. Moubarak, renversé le 11 février par une révolte populaire.
M. el-Adli a été condamné pour blanchiment d’argent et enrichissement illicite. L’ancien ministre, qui a comparu enfermé dans une cage au milieu d’un important dispositif de sécurité, avait plaidé non coupable à l’ouverture de son procès.
L’ex-ministre de l’Intérieur, honni par une grande partie de la population, fait l’objet d’un autre
procès, pour des accusations selon lesquelles il aurait ordonné de tirer sur des manifestants durant la révolte anti-Moubarak. Ce deuxième procès, qui s’est ouvert le 26 avril, doit reprendre le 21 mai prochain. Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées et des milliers ont été blessées lors de la révolte populaire de janvier et février.
Les violences les plus meurtrières, dans lesquelles la police est très fréquemment mise en cause, ont eu lieu au début du soulèvement, quand M. el-Adli était en fonctions.
Nommé en 1998, M. el-Adli, dont le limogeage figurait en tête des revendications des manifestants, avait été remplacé à l’occasion d’un changement de gouvernement dans les derniers jours à la présidence de Hosni Moubarak. Son arrestation et son jugement s’inscrivent dans une vaste campagne judiciaire visant de nombreuses personnalités politiques et économiques de l’ancien régime.
M. Moubarak lui-même est en détention provisoire à l’hôpital international de Charm el-Cheikh, une station de la mer Rouge, après un accident cardiaque pendant un interrogatoire. Ses deux fils, Alaa et Gamal, sont pour leur part en détention préventive dans une prison du Caire.
L’ancien Premier ministre Ahmad Nazif, démis durant la révolte, est également en détention préventive pour des accusations de fraude. De nombreux autres hiérarques du régime déchu et hommes d’affaires proches de la famille Moubarak font aussi l’objet de poursuites. (AFP-05.05.2011.)


 

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*Après la révolution : « c’est le chaos »

 **Aujourd’hui, l’Egypte est laissée à l’abandon. Il n’y a plus de police, les prisonniers sont dans les rues, il n’y a pas de gouvernement et les touristes ne viennent plus. Le pays se meurt ! 

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**Economiquement, le pays est mort.**Amir, jeune Egyptien, a quitté son pays natal pour la France à l’âge de 4 ans. Une semaine avant la première manifestation du 25 janvier 2011 à laquelle il a participé place Tahir, il est retourné au Caire où de nombreux membres de sa famille résident encore.Pour Agents d’entretiens, Amir nous raconte cette révolution vue de l’intérieur, la vie sous le régime Moubarak, la violence des émeutes et sa crainte concernant l’avenir d’un pays qui, selon lui, aura bien du mal à se remettre d’un tel bouleversement.

Agents d’entretien : Tu es retourné en Egypte une semaine avant les émeutes. Simple coïncidence ?

Amir : Non ! A cette période, j’étais parti travailler à Dubaï. Mes oncles, dont certains font partie de l’armée égyptienne, commençaient à sentir que la situation pouvait basculer à tout moment. J’ai donc préféré rentrer afin de me trouver auprès des miens.

Bien sûr, personne ne pouvait imaginer que les tensions latentes allaient prendre une telle tournure. Je suis arrivé en Egypte le 18 janvier 2011, une semaine avant la première manifestation place Tahir. A l’aéroport, tout était calme et rien ne laissait présager un tel soulèvement.

Quand les choses ont-elles changé ?

Tout a vraiment débuté avec le premier rassemblement du 25 janvier place Tahir. C’est parti d’un jeune Egyptien qui a suivi le modus operandi qui avait fonctionné en Tunisie quelques semaines auparavant. Via Facebook, il a envoyé à tous ses contacts un mot afin d’appeler au soulèvement dans le pays. Il était bien évidemment loin de penser que son message aurait de telles répercussions.

Ce que l’on sait moins, c’est que cette personne qui avait appelé à s’insurger contre la mainmise de Moubarak sur le pays a été enlevée avant la première manifestation et cela, pendant douze jours. Tout le monde pensait qu’il était mort car lorsque les forces de Moubarak enlèvent une personne, il est rare de la revoir un jour.

La révolution égyptienne a été soudaine et a pris de court le peuple comme ses dirigeants. Pour toi qui te rends dans ton pays d’origine de nombreuses fois par an, cette gronde du peuple qui s’est transformée en révolution était-elle latente ?

L’Egypte est un pays très pauvre. Pour te donner une idée, dans le secteur du bâtiment par exemple, les gens sont payés à la journée et le salaire moyen quotidien est de 3 euros. Comment dans ces conditions pouvoir subvenir aux besoins de sa famille ?

Le ras-le-bol est venu du fait que seuls les puissants du pays avaient leur part du gâteau. C’est la jeune génération qui a tiré le signal d’alarme en dénonçant la corruption permanente de Moubarak et des siens. Des journalistes égyptiens ont parlé d’une fortune de 200 milliards pour Moubarak, sans compter ses divers comptes dans les paradis fiscaux. (Voir la vidéo)


Le président avait instauré un véritable régime de la peur…

En Egypte, si tu étais opposant au régime et que tu le faisais un peu trop savoir, tu étais enlevé. Du jour au lendemain, un homme, une femme pouvait disparaître sans laisser de traces. A la fin de la révolution, on a découvert que le ministère de l’Intérieur comptait sept étages en sous-sol dans lesquels on a retrouvé de nombreux cadavres, visiblement des opposants au régime !

Lorsque tu as participé à la première manifestation du 25 janvier place Tahir, tu as senti que le pays basculait vers la révolution ?

Non, pas vraiment. A l’issue de la première manifestation, Moubarak a annoncé publiquement à la télévision qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections du mois de septembre. Mais il était déjà trop tard ! Le mouvement était en marche et cette première manifestation a montré au peuple que la majorité des Egyptiens faisait front contre Moubarak et voulait que les choses changent tout de suite, pas dans six mois.

Cela a dégénéré ensuite. Avant la deuxième manifestation, l’armée a fait savoir qu’elle garderait une position de neutralité et ne tirerait pas sur le peuple. A ce moment, Moubarak a demandé à la police et à ses forces spéciales de se vêtir en civils pour défier les opposants au régime. Nous n’étions que de simples manifestants pas très bien organisés alors qu’en face, les soi-disants civils étaient trop bien préparés pour être des gens du peuple ! C’est là que les premiers échanges de tirs à balles réelles ont eu lieu.

Pendant cette seconde manifestation, j’ai vu des hommes à côté de moi tomber, une balle dans la tête. Moubarak a engagé des mercenaires venus du Tchad et leur a offert 50 000 dollars, des visas et des moyens de transport afin de venir lui prêter main-forte. On le sait car certains sont morts place Tahir et leurs passeports étaient tchadiens.

Pour semer le chaos dans tout le pays lorsqu’il a vu que les choses ne tournaient pas en sa faveur, Moubarak a ouvert les portes de toutes les prisons. Du jour au lendemain, des tueurs, des violeurs, des individus extrêmement dangereux se sont retrouvés dans les rues.

C’est à ce moment que la situation a viré à l’anarchie ?

Les détenus, soudain en liberté, se sont dirigés vers les quartiers riches du Caire et ont commencé à violer, piller… Comme la police fermait les yeux sur de tels agissements, les jeunes de chaque quartier, de chaque rue se sont organisés en milices pour protéger les habitants et les biens.

On a ramené de grosses pierres afin de construire des barrages, on demandait les papiers à toutes les personnes qui voulaient passer, on fouillait les véhicules et l’on avait instauré des tours de garde afin que chaque habitant participe à la protection de sa rue. C’était une situation de peur extrême où tout le monde épiait son voisin.

Vous aviez des armes ?

Certains jeunes avaient de la famille dans l’armée, alors ils prenaient le pistolet de leur père, la mitraillette de leur oncle… D’autres étaient armés de bâtons, de manches de pioche, de couteaux, de machettes.

Les journaux télévisés français nous montraient des images quelque peu aseptisées des émeutes. Je suppose que sur place, la violence était bien pire que les simples charges de chameaux que l’on a pu voir ?

Les images étaient bien évidemment filtrées. C’était une vraie guerre ! J’ai vu des gens avec la cervelle éclatée parce qu’ils avaient reçu une balle en pleine tête, des personnes battues à mort, des gens pris à parti en voiture et qui, pour s’échapper, roulaient sur les manifestants, des crânes ouverts en deux par des jets de pierres. C’était l’horreur !

Les gens avaient peur les uns des autres ?

Tout le monde s’épiait. Personne ne savait si son voisin d’hier n’allait pas vouloir lui tirer une balle dans le dos aujourd’hui ! Après le départ de Moubarak, lorsque la situation s’est un peu apaisée, la population en voulait énormément à la police. Une chasse aux sorcières s’est peu à peu instaurée.

Je me souviens d’un conducteur de bus qui a reconnu dans son quartier un policier. Il a fait exprès de percuter son rétroviseur afin de chercher des ennuis et l’insulter. Le policier sous tension a craqué, il a sorti son arme et a tiré dans le cou du conducteur de bus. Les gens du quartier qui avaient assisté à la scène se sont rués sur le policier pour le rouer de coups. Il serait mort si sa mère qui a vu cela de sa fenêtre ne s’était pas jetée sur le corps de son fils pour le protéger des coups. Nous étions dans une période de règlements de compte !

Aujourd’hui encore, les gens sont en insécurité permanente et se méfient de tout. On assiste actuellement à de nombreux enlèvements d’enfants issus de familles riches et dont les ravisseurs réclament des rançons. Après la révolution, c’est désormais la peur qui prime.

Tu crains que ce chaos se ne poursuive au moins jusqu’aux prochaines élections du mois de septembre ?

J’étais pour le départ de Moubarak et que la corruption qui rongeait l’Egypte cesse. Il faut pourtant comprendre que le changement ne va pas se faire en un jour, un mois ou même un an. On a supporté Moubarak trente ans et je crois que l’on n’était plus à six mois près afin de préparer une refonte du pays dans le calme.

La révolution a tout emporté sur son passage car la population voulait tout et tout de suite. Elle avait peur qu’en six mois, Moubarak ait le temps de placer un de ses sbires à la tête du pouvoir.

Aujourd’hui, l’Egypte est laissée à l’abandon. Il n’y a plus de police, les prisonniers sont dans les rues, il n’y a pas de gouvernement et les touristes ne viennent plus. Le pays se meurt !

La jeunesse avait-elle l’impression de participer à un événement historique, à un profond bouleversement du monde arabe ?

Je crois que personne, les Egyptiens comme les Tunisiens avant nous, ne pouvait se douter qu’un appel au changement via des réseaux sociaux du Net aurait de telles conséquences et modifierait en profondeur le monde arabe !

Tu es peu à peu pris dans un véritable tourbillon de violence. Tu penses à sauver ta vie, protéger celle de tes proches et tu n’as pas la distance nécessaire pour analyser la situation économique, sociale, politique des événements auxquels tu participes.

Ce n’est qu’aujourd’hui, de retour en France, que je regarde avec un peu plus de recul cette révolution à laquelle j’ai participé. Lorsque j’ai vu les manifestations en Tunisie, jamais je n’aurais pensé que cela ferait boule de neige en Egypte. Cela faisait trente ans que Moubarak tenait le pays avec une poigne de fer, en basant son pouvoir sur la peur et la répression. Comment imaginer un quelconque changement chez un peuple totalement muselé ? Et pourtant !

Comme en Tunisie, c’est la jeunesse qui a été à l’origine du soulèvement.

Place Tahir, lors des premières manifestations, il était étonnant de voir des jeunes issus de familles très riches du Caire discuter avec d’autres de milieux défavorisés. Il n’y avait plus de classes sociales, toutes les frontières avaient sauté et la jeunesse tout entière était unie dans le seul et unique but de renverser Moubarak. A ce moment-là, on s’est dit que tout devenait possible ! La jeunesse était solidaire.

Même après le départ de Moubarak, via les réseaux sociaux du Net, les jeunes se mobilisaient pour nettoyer la ville des stigmates des émeutes, organisaient des collectes de nourriture pour apporter aux pauvres…

Et quel est l’état de l’Egypte aujourd’hui ?

Economiquement, le pays est mort. Pendant les manifestations, un couvre-feu avait été instauré, ne permettant officiellement à la population de sortir que de 8 heures du matin à 14 heures. Jusqu’au mois de septembre prochain, le couvre-feu interdit à quiconque de sortir de chez lui après 22 heures. L’Egypte est un pays qui vit la nuit. Avec de telles mesures et l’arrêt brutal du tourisme, de nombreux magasins ou sociétés ont mis la clé sous la porte. La plupart des entreprises étrangères qui étaient implantées dans le pays sont parties. Tout tourne au ralenti.

Comment imagines-tu le pays après les élections du mois de septembre prochain ?

Je ne vois pas d’évolution positive de la situation avant cinq ans au moins. Avec la révolution, tout a volé en éclats et l’Egypte doit désormais repartir de zéro. Cela va prendre du temps, beaucoup de temps ! Les gens vivent au jour le jour, mais ne présagent en rien de l’avenir.

Ne crains-tu pas que cette période de transition, de troubles économiques et sociaux avant les élections soit propice à la montée de l’extrémisme ?

Bien sûr. Tout le monde a peur que les Frères musulmans profitent de cette situation d’instabilité pour imposer leurs idées. Pendant la révolution, tout le monde y allait de son pronostic en affirmant que l’Egypte libérée de Moubarak allait recouvrer sa gloire d’antan, que tout le monde aurait du travail…

Aujourd’hui, c’est le chaos le plus total et, malheureusement, on sait que le chaos est toujours une porte ouverte aux extrémistes pour imposer leurs idées à une population perdue. Ce serait alors la fin du pays !  (Rue89-03.04.2011.)

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*des comptes secrets en Suisse, des avions personnels et des biens immobiliers dans les plus grandes villes du monde pour Moubarak et sa famille..

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De nombreuses personnalités publiques ont présenté, mercredi, au procureur général, le Conseiller Abdelmadjid Mahmoud une requête à l’encontre de Hosni Moubarak, Suzanne Tabet, son épouse ainsi que ses deux fils, Gamal Moubarak et Alaâ Moubarak , en les accusant d’avoir exploité et abusé du pouvoir pour détourner des centaines de millions de dollars de deniers publics égyptiens. (Echorouk-09.02.2011.)

**plusieurs institutions officielles tombent entre les mains des manifestants

Les manifestants ont paralysé,mercredi, les institutions « vitales » en Égypte et ont pu imposer leur mainmise sur le Caire. Le chef du gouvernement, le général Ahmed Chafik, a été contraint de plier bagages et se réfugier au ministère de l’Aviation civile. Après que les manifestants l’eurent empêché d’accéder à son bureau au siège du gouvernement au Caire.Les employés du gouvernement et du Parlement en « congé forcé »Après les événements qu’a connus le 16e jour de protestations populaire en Égypte, l’armée a demandé aux employés du gouvernement et ceux des deux chambres du Parlement (Conseil du peuple et Conseil de consultation) de ne pas rejoindre leurs postes de travail pour qu’ils ne tombent pas entre les mains des manifestants en colère. Ces derniers, pour rappel, ont cerné plusieurs édifices publics. Les éléments de l’armée, soutenus par des chars et des véhicules blindés déployés dans différents quartiers, observent de près les développements de la situation au Caire et dans les grandes villes égyptiennes. Des centaines de personnes ont encerclé le Parlement et le siège du gouvernement, situés l’un en face de l’autre. Les deux bâtiments étaient protégés par des blindés et le Conseil des ministres a dû se tenir dans un autre lieu. « Nous sommes venus pour empêcher les membres du PND (parti de Hosni Moubarak) d’entrer. Nous resterons jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ou nous mourrons ici », a déclaré un autre manifestant, Mohamed Abdallah, 25 ans.Le chef du gouvernement change de bureauLa chaîne qatarie Al Jazeera a rapporté que le chef du gouvernement Ahmed Chafik a été contraint de changer de bureau après que le siège du gouvernement soit tombé entre les mains des milliers de manifestants. En effet, Ahmed Chafik a dû se réfugier au siège du ministère de l’Aviation civile pour gérer ce qui lui reste de dossiers. Ceci montre la gravité de la situation en Égypte. Il suffit juste de voir les slogans écrits sur de grandes banderoles devant le siège du gouvernement pour constater le courage et la volonté des manifestants à faire tomber le régime de Hosni Moubarak. On cite à ce propos une grande banderole sur laquelle on peut lire « le Conseil du peuple et le Conseil de consultations sont nuls ». Le siège du ministère de la Santé a été également « encerclé » par des centaines de manifestants qui ont bloqué son entrée.3 morts dans des affrontements entre manifestants et policiers

Le 16e  jour de la révolte en Égypte a été endeuillé par la mort de trois personnes lors de manifestations dans le Sud, plus précisément dans la région de Oued Gadid. Cette localité a connu de très violents affrontements qui ont fait trois  morts et plus de 100 blessés selon la chaîne qatarie Al Jazeera. Par ailleurs, des dizaines de milliers d’ Égyptiens ont manifesté à Port Saïd dans l’Est de l’ Égypte. À la contestation politique se sont ajoutés plusieurs mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail, dans plusieurs sociétés privées travaillant sur le canal de Suez (Est) ou encore à l’aéroport du Caire. Au Caire, sur la place Tahrir, des dizaines de milliers de protestataires étaient rassemblés pour réclamer le départ du chef de l’État, qui a gouverné l’Égypte d’une main de fer pendant près de 30 ans. « Je n’ai pas peur, j’ai déjà vu la mort », a assuré Ahmad Talal, un étudiant de 25 ans, parmi une foule dense agitant des drapeaux égyptiens.

Les USA demandent la levée de l’état d’urgence

Dans un entretien téléphonique, le vice-président américain Joe Biden a appelé son homologue égyptien, Omar Souleïmane, à lever immédiatement l’état d’urgence en vigueur depuis 30 ans et à mettre fin aux arrestations et harcèlements des militants politiques et des journalistes. Le vice-président a pris acte des mesures que le gouvernement égyptien s’est engagé à entreprendre en réponse à l’opposition et pressé le gouvernement de prendre des mesures immédiates pour honorer ses engagements », a précisé la présidence américaine dans un communiqué diffusé à l’issue de cet entretien. les deux responsables ont également discuté des mesures additionnelles que les États-Unis soutiennent, y compris l’arrêt des arrestations et harcèlements à l’encontre des journalistes et des activistes politiques et de la société civile, ainsi que la levée de l’état d’urgence décrété en Égypte depuis plusieurs décennies.. (Echorouk-09.02.2011.)

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*ALORS QUE 6000 OUVRIERS DU CANAL DE SUEZ DÉBRAIENT
Les prix du baril risquent «d’exploser»

Les experts n’excluent pas une flambée historique des prix du pétrole frôlant la barre des 200 dollars!

Une manifestation-grève, regroupant quelque 6000 ouvriers, a eu lieu, hier, dans les arsenaux de Port-Saïd, à l’entrée nord du canal de Suez, ainsi que chez plusieurs sociétés privées travaillant sur cet axe stratégique du commerce mondial. Cette contestation, première du genre, depuis le soulèvement des Egyptiens, risque fort bien de conduire sûrement à un blocage du canal de Suez, par lequel transite un million de barils de pétrole par jour, en provenance de la région du Golfe en direction de la Méditerranée. Certes, l’Egypte n’est pas un producteur essentiel de pétrole, mais représente un carrefour important pour son transport. «Si ces itinéraires de transport devaient être interrompus, cela affecterait environ 2 millions de barils par jour», ont expliqué les analystes de Commerzbank.
Une telle situation provoquera certainement une flambée notable des prix du pétrole. Par ailleurs, les affrontements entre les manifestants et la police de Moubarak ont fait, encore hier, 3 morts et une centaine de blessés, selon l’AFP. La police a tiré à balles réelles contre des protestataires dans une ville située au sud du Caire. La foule en colère a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND). Au Caire, les manifestants, se trouvant à la place Tahrir, ne semblent pas vouloir lâcher prise, au 16e jour de révolte et au lendemain d’une mobilisation monstre contre le président Hosni Moubarak. Ils ont même bloqué, hier, l’entrée du bâtiment du Parlement, alors que la réunion du Conseil des ministres a été transférée à un autre endroit. A ses marches géantes viennent s’ajouter plusieurs mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail. A l’aéroport du Caire également, des mouvements sociaux ont eu lieu dans certaines sociétés de services, ou parmi des employés des services de sécurité. Des fonctionnaires du département des statistiques gouvernementales ont, par ailleurs, manifesté dans la capitale. Des mouvements sociaux ont également été signalés dans des usines de textile de Mahallah, dans le delta du Nil, ou encore dans une société gazière du Fayyoum (sud du Caire), ainsi que dans la grande ville industrielle de Helwan, qui jouxte la capitale. Les concessions de Hosni Moubarak ne semblent pas refroidir les esprits des manifestants. Après avoir formé un nouveau gouvernement et déclaré qu’il ne se présentera pour la prochaine élection présidentielle, le Raïs vient, dans l’espoir d’essouffler et mystifier la révolte du peuple, d’ordonner la constitution d’une Commission nationale, chargée d’apporter les amendements nécessaires à la Constitution égyptienne, conçue, jusqu’ici, sur mesure pour lui et fait de lui une sorte de «pharaon». Pour les millions d’Egyptiens révoltés qui exigent, rien moins que le départ de Hosni Moubarak, ne voient en cette commission que de la poudre aux yeux. Selon eux, le Raïs s’accommode encore à ordonner une batterie de pseudo-réformes, qui ne reflètent pas les revendications du peuple. Affrontant le régime du président, sa police et ses hommes de main, les dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés, hier, place Tahrir au centre du Caire pour marquer le 16e jour du mouvement de contestation. Beaucoup de manifestants portaient des drapeaux égyptiens et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Le peuple veut faire tomber le régime.»
«Nous sommes le peuple, nous sommes le pouvoir», scandaient les opposants. C’est dire que l’accélération des événements en Egypte répond à la volonté des Egyptiens à parvenir à un changement démocratique, et qui demeure une revendication sur laquelle les manifestants ne peuvent transiger.
Aux manipulations du pouvoir, la réponse des protestataires sera intransigeante: «Moubarak dégage». (L’Expression-10.02.2011.)

 

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**L’EGYPTE DANS LA TOURMENTE
*révolte du pain et la faim de liberté
 

«L’affamé ne peut pas manger un bulletin de vote.»
Berthold Brecht

La révolution du «narguilé» a surpris comme celle de Tunis, les stratèges occidentaux pensaient que leur système d’intronisation des despotes à la tête des pays arabes, bien verrouillés, allait durer mille ans. Il n’en fut rien, le désespoir des jeunes a fait que la superstructure a volé en éclats, l’Europe a mis du temps à comprendre que ce n’était pas une révolte du pain classique, mais qu’il y avait un vent de liberté qui soufflait. Pendant longtemps les tyrans arabes avaient fait miroiter aux Occidentaux le spectre de l’islamisme

L’Egypte en coupe réglée par les vautours de la finance
Une lettre de lecteur publiée par le Financial Times d’aujourd’hui confirme le rôle de l’inflation des prix alimentaires en Egypte. La lettre de Vincent Truglia, intitulée, «C’est la nourriture et non pas la politique qui est au centre de la contestation en Egypte», affirme que l’alimentation est «la vraie raison» du soulèvement actuel. «Il ne s’agit pas d’un soudain désir de réforme. La question essentielle est plutôt le prix de la nourriture. (…) Le ministère de l’Agriculture égyptien rapporte que 40% de la consommation alimentaire, comprenant 60% de la consommation intérieure de blé, l’aliment de base du pays, furent importés. L’Égypte, dans le passé, un des greniers à blé du monde, est aujourd’hui humiliée par son statut de plus grand importateur de nourriture mondiale. De plus, le gouvernement annonça que 50% des approvisionnements en blé furent ravagés par des insectes. Un tel gouvernement jette des doutes sur sa compétence.(…) L’enjeu n’est pas un enjeu politique; il s’agit de nourriture.(1)
«Crise sociale en Égypte, écrit Michel Chossudovsky: une aubaine pour les investisseurs de Wall Street et les spéculateurs. Y a-t-il une intention cachée derrière la décision de Moubarak de ne pas se retirer? La décision de Moubarak de ne pas démissionner a été prise en collaboration étroite avec Washington. L’administration étasunienne, y compris les services de renseignement étasuniens, ont soigneusement identifié les scénarios probables. (…) Le pillage de la richesse monétaire du pays fait partie intégrante du programme macroéconomique. (…) Selon des sources officielles, la Banque centrale d’Égypte détenait 36 milliards de dollars en devises, ainsi que 21 milliards de dollars additionnels en dépôts dans des institutions financières internationales. La dette extérieure de l’Égypte, laquelle s’est accrue de plus de 50% dans les cinq dernières années, est de l’ordre de 34,1 milliards de dollars (2009). Cela signifie que ces réserves de la Banque centrale sont de facto basées sur de l’argent emprunté. (…) Dans les jours qui ont précédé le discours de Moubarak, l’évasion de capitaux roulait au rythme de plusieurs centaines de millions de dollars par jour. (…) Bouleversement financier, hausse de la dette, augmentation en flèche des prix des aliments: avant que l’on ait réclamé des élections «démocratiques», l’Égypte aura été soumise aux règles rigides d’une nouvelle série de conditions du FMI.(2)
En fait, le pain ne suffit plus, il faut aussi ajouter la liberté. Parlant de la révolte égyptienne, le professeur Steven Laurence Kaplan note que «les enjeux de cette «mystique» sont autrement explosifs en Egypte, où elle s’épanouit pleinement ces jours-ci. Comme en Tunisie, où, dans les manifestations de la révolution dite de jasmin, on brandissait des pains – toujours signe d’une sévère réprobation sociale -, en Egypte le pain est très présent dans le répertoire de l’action collective. Au pays des Pharaons, ce n’est pas un fait nouveau. En 1977, déjà, de façon spectaculaire, et encore en 2008, les émeutes du pain ont ébranlé le régime. Secouru par d’importantes subventions américaines, le Raïs a fait cuire et distribuer le pain par une armée déjà assez proche des soucis populaires. A l’heure actuelle, le pain resurgit en Egypte, avec une revendication au moins aussi aiguë et urgente: la liberté». Le Monde du 28 janvier rend compte des manifestants cairotes scandant «Du pain! De la liberté». Trois jours plus tard, le même journal raconte que, la nuit, sur la place Tahrir, dite de la Libération, épicentre de la révolte égyptienne, on improvise des matches de football: «Deux équipes ont été créées: celle du «Pain» et celle de la «Liberté». Dimanche, c’est l’équipe du «Pain» qui a gagné.» (…) «Le pauvre aime mieux le pain que la liberté», constatait Rousseau. (…) Dans le cas égyptien, où la misère pèse lourdement, mais où les pauvres et les exclus de toutes sortes sont rejoints par des diplômés, des salariés frustrés, des victimes de passe-droits et de la corruption, il paraît aujourd’hui que la liberté l’emporte. Le pain, c’est nécessaire, c’est la survie; l’exiger, c’est aussi protester contre des inégalités criantes (…). Mais le pain ne suffit plus, pas tout seul, car une fois qu’il redevient abondant et bon marché, il risque de masquer l’essentiel, la perpétuation des structures de l’injustice et de l’asservissement. D’où son lien désormais indivisible avec la liberté. (…) Sans conquérir cette liberté fondatrice, matrice, le pain ne sera jamais celui des Egyptiens eux-mêmes; et le pain d’autrui est toujours amer. (…) Le paradoxe est que trop de liberté, dans son éclosion prométhéenne, dans son ambition totalisante, prive le citoyen lambda de sa ration de pain et, à terme, de sa liberté.(…)» (3)
Soledad Gallego écrit dans le même sens:
«Personne ne peut s’arroger la gloire, ni même le plaisir d’avoir anticipé ce qui couvait au sein des jeunes sociétés arabes: pas la menace fondamentaliste tant rebattue, mais un ras-le-bol profond face aux régimes despotiques et dictatoriaux protégés par l’Occident. Des millions d’Arabes, dans leur immense majorité musulmans, ne sont pas descendus dans la rue pour demander qu’on ne critique pas certains aspects de leur religion, ou pour défendre leurs différences culturelles, moins encore pour exiger l’application de la loi islamique. Non, ils sont descendus pour quelque chose de bien plus direct, quelque chose d’exemplaire: que soit respecté, précisément, ce qu’ils ont de commun avec le reste de l’humanité, le droit de voter librement, le droit à la souveraineté et à la même dignité que tous les autres peuples et nations. Les Etats-Unis au moins pourront se rappeler que Barack Obama est allé en juin 2009 à l’université du Caire pour dire que, quelle que soit la religion dont on se proclame, il existe ce que l’on appelle les droits de l’homme, et que tous les peuples aspirent pour l’essentiel à une poignée identique de prétentions communes, «la possibilité de s’exprimer librement et d’avoir une voix dans la façon dont ils sont gouvernés, la confiance en l’Etat de droit, [...] un gouvernement [...] qui ne vole pas ce qui appartient à son peuple; la liberté de vivre selon leur choix»(4)

La succession de Moubarak: imprimatur des Etats-Unis
Justement on ne peut qu’être dubitatif en comparant le discours d’Obama au Caire et qui a fait date, rappelant celui du président Wilson après la boucherie de la Première Guerre mondiale proclamant que les pays colonisés devraient être maîtres de leur destin et même celui de Truman à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la realpolitik est plus amère. Pour Washington, il est fondamental de maintenir le contrôle de la structure portante des forces armées égyptiennes, que les États-Unis ont financées, équipées et entraînées, dépêché en vitesse au Caire le 31 janvier pour des rencontres de haut niveau avec Hosni Moubarak, qui a confirmé qu’il ne démissionnerait pas de la présidence avant la tenue d’élections prévues pour l’automne 2011. Dans une déclaration publique, M.Wisner a confirmé que Moubarak devrait avoir le droit de demeurer en poste.(5) Selon le plan de Washington, cette transition devrait débuter avec un gouvernement «transitoire» soutenu par les forces armées et si possible chapeautée par Omar Souleiman, un homme fort qui jouit de la plus grande estime à Washington et à Tel Aviv.
Que faire de Moubarak? Samedi 5 février, le New York Times révélait que le gouvernement américain négociait avec l’armée égyptienne un plan pour envoyer Moubarak en Allemagne (le président égyptien aurait un cancer) pour un «check-up médical prolongé» si besoin, lui fournissant une porte de sortie digne si les manifestations continuent. [Et maintenant] Der Spiegel rapporte que Hosni Moubarak a un plan pour quitter l’Egypte et faire un «séjour à l’hôpital» en Allemagne, et que ce plan est plus concret que ce que les responsables veulent bien le laisser entendre.

L’affaire des islamistes: la malhonnêteté de l’Occident et des médias aux ordres
Le spectre de l’islamisme a servi de bouclier aux tyrans de Ben Ali et Moubarak vis-à-vis de l’Europe prête à tout pardonner. L’ex-ministre de l’Intérieur égyptien, Habib El Adly, serait à l’origine de l’attentat du Nouvel An contre les Coptes d’Alexandrie. Le clan Moubarak, les médias français et Nicolas Sarkozy, se sont servis de cet attentat d’Alexandrie pour accuser les Palestiniens et/ou les «islamistes égyptiens» en parlant «d’épuration religieuse» pratiquée, selon eux, contre les chrétiens du Moyen-Orient. Oumma (site musulman d’information et de débats) et La Vie (journal catholique) avaient été les seuls médias à souligner un fait singulier: l’absence de toute revendication formelle pour l’attentat d’Alexandrie. Cet élément méconnu du grand public n’a guère empêché la plupart des journaux français de reprendre à leur compte la version officielle du gouvernement égyptien. De plus, rien sur les démonstrations multiples de fraternité entre Coptes et Musulmans. Rien non plus sur les accusations portées contre le ministre de l’Intérieur égyptien concernant l’attentat de l’église d’Alexandrie.
«Selon des sources diplomatiques britanniques, écrit Alain Gresh, l’ancien ministre de l’Intérieur a établi depuis six ans une organisation dirigée par 22 officiers qui employait d’anciens islamistes radicaux, des trafiquants de drogue et des sociétés de sécurité pour mener des actes de sabotage à travers le pays au cas où le régime serait en difficulté.» Il faut ajouter, concernant les Coptes, que le pouvoir voulait attiser les divisions entre musulmans et chrétiens pour pouvoir se présenter comme le garant de la stabilité. D’ailleurs, depuis le début des événements, et alors que la police a disparu des rues, aucun attentat contre un lieu de culte chrétien n’a eu lieu. Dans de nombreux cas, des prêtres et des imams ont prêché ensemble et des jeunes ont assuré la sécurité.(6)
«Dans cette situation ouverte, poursuit Alain Gresh, alors que la victoire des forces démocratiques n’est pas assurée, loin de là, nombre d’intellectuels et de politiques français et étrangers s’inquiètent des menaces qui pèseraient sur l’avenir de l’Egypte et pas sur le maintien de la dictature (lire Pascal Boniface, «Adler, BHL et Finkielkraut anxieux face à la perspective d’une Egypte démocratique», 7 février)! Pour ceux-là, qui ont rarement protesté contre la répression en Egypte ou en Tunisie (des milliers de personnes arrêtées, torturées, condamnées), qui sont bien silencieux sur le Maroc, le danger ne vient pas du maintien du régime, mais des Frères musulmans. Cette manière de décider pour les autres peuples est caractéristique d’une vision coloniale, d’une vision de grande puissance»(6)
De même, un article de Max LeVine, tente de sortir des clichés de diabolisation de l’Islam. Beaucoup de gens, écrit-il, y compris les dirigeants égyptiens, ont brandi la menace d’une mainmise des Frères musulmans pour justifier la dictature en citant l’Iran comme un exemple historique. Mais la comparaison souffre à cause de nombreuses différences historiques. Les Frères musulmans n’ont pas de dirigeant ayant la stature de Khomeïni et ça fait des dizaines d’années qu’ils ont renié la violence. Il n’y a pas non plus un culte du martyr prêt à surgir de hordes de jeunes, comme ce fut le cas au cours de la Révolution islamique. Mais il est clair aussi que la religion constitue une part importante de la dynamique qui se développe. En fait, la photo la plus représentative de la révolution est peut-être celle des gens sur la place de la Libération en train de prier, encerclant littéralement un groupe de tanks qui avaient été envoyés sur place pour asseoir l’autorité du gouvernement. (…)Il s’agit là d’une image de l’Islam radicalement différente de celle que la plupart des gens ont l’habitude de voir, aussi bien dans le monde musulman que dans le monde occidental: un Islam qui s’oppose pacifiquement à la violence d’Etat; une djihad pacifique et sans la présence des médias internationaux pour en parler.(7)
«Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi le président Obama et ses alliés européens ont eu tant de mal à se ranger aux côtés des forces de la démocratie, la raison est que la coalition des forces politiques et sociales derrière les révolutions en Tunisie et en Égypte – et peut-être ailleurs demain – constitue une menace bien plus grande au «système global», qu’Al Qaîda. Tout gouvernement «du peuple», islamique ou laïc, se détournera des politiques néolibérales qui ont enrichi les élites régionales tout en enfonçant la moitié ou plus de la population sous le seuil de pauvreté de 2 dollars par jour. (…) En bref, si les révolutions de 2011 réussissent, elles créeront un système régional et global totalement différent de celui qui a dominé la politique économique globale depuis des décennies, particulièrement depuis la chute du communisme».(7)
Il est vrai que les pays occidentaux se taisent, dans un silence complice avec les tyrans. Quand tout va bien «business a usual». Les pays occidentaux préfèrent regarder ailleurs, les affaires sont les affaires. De plus, les dictateurs sont aux petits soins avec les dirigeants pour leurs petites escapades ou vacances. Il n’est que de voir comment tout le monde se presse au Maroc pour profiter des largesses du roi, il en est de même avec l’affaire de la Tunisie et de l’Egypte, où on a vu les plus hautes autorités profiter de la sueur des Tunisiens et des Egyptiens, sans état d’âme. Ils vont même jusqu’à indirectement s’ingérer au nom des droits de l’homme qu’ils découvrent, n’hésitant pas à lâcher leurs protégés pour ne pas hypothéquer l’avenir et refaire le même scénario avec la nouvelle équipe. L’Islam politique ne sert plus d’épouvantail, et comme le dit élégamment Burhan Ghalioun professeur à la Sorbonne: «Les masses arabes ont moins besoin d’un parfum de paradis que d’un grand vent de liberté». Amen.(L’Expression-10.02.2011.)

1.http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middle east/8288555/Authoritarian-governments-start-stockpiling-food-to-fight-public-anger.html
2.M.Chossudovsky http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=
23108 6.02. 11
3.Steven Laurence Kaplan: Le pain reste le symbole de la contestation LeMonde.fr 07.02.11
4.Soledad Gallego: Van Rompuy et Ashton s’enlisent Díaz El País 08.02.2011
5.Michel Chossudovsky Égypte: l’opération clandestine du renseignement étasunien Mondialisation.ca, le 7 février 2011
6.Alain Gresh:En Egypte, rien n’est joué Le Monde Diplomatique mardi 8 février 2011
7.Max LeVine: http://www.legrandsoir. info/L-emergence d’un nouvel ordre mondial

Pr Chems Eddine CHITOUR (*) Ecole nationale polytechnique

 

 

 

 

 

3 réponses à “*L’Egypte à la croisée des chemins.3”

  1. 8 08 2011
    fieldrunners hd (06:12:32) :

    I agree with your *L’Egypte à la croisée des chemins.3 at ElAyam.5, fantastic post.

    Répondre

  2. 7 11 2011
    a3276297 (17:07:18) :

    I’ve said that least 3276297 times. The problem this like that is they are just too compilcated for the average bird, if you know what I mean

    Répondre

  3. 9 08 2015
    Site Web (14:03:03) :

    Génial article ! Une aparté pour vous renvoyer le site d’un commerce en France à Vincennes de bijoux fantaisie.

    https://bijouxtutti.wordpress.com

    Répondre

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