Salon international du livre*Alger
***********************Le roi livre
Il faut d’abord tirer le chapeau, faire plusieurs courbettes répétées devant ceux qui ont maîtrisé la parole, la formule et le mot pour exprimer d’une manière originale la pensée profonde d’une foule de gens qui ne prennent même pas la peine d’y penser. Quand on pense à la force du mot qui charge le message d’une intensité qu’on ne lui soupçonnait pas, on ne peut qu’exprimer son admiration devant l’accouplement de deux vocables qui provoquent l’étincelle qui fera briller le regard du lecteur ou de l’auditeur ou qui dessinera un début de sourire et effacera le froncement de sourcils…
Il y a des formules qui changent le cours des choses: l’exemple le plus probant et qui a fait la bonne fortune d’un publiciste est bien: «La force tranquille!» alliage de deux concepts d’apparence antinomique. Cela n’est pas nouveau sous le soleil puisque le poète, le grand spécialiste des mariages contre nature, a produit «une humide étincelle» qui laisse encore rêveurs ceux que «les mots ont pris par la main».
Jean-Claude Chabrol, l’enfant terrible de la nouvelle vague, racontait dans l’une de ses innombrables interviews qu’il avait commencé à travailler avec un de ses camarades de promotion (Truffaut ou Godard) dans une société de distribution de films et que leur principale tâche était de trouver un titre français aux innombrables films américains que les accords Blum-Byrnes avaient imposés à une France en difficulté. C’est pourquoi il faut saluer le titre dont le dernier Salon du livre est couronné «Le Roi Livre.» S’il est vrai que lui, préfère la formule inscrite au bas de la fresque qui orne l’entrée du lycée Hassiba Ben Bouali: «L’univers est gouverné par les livres», il n’en demeure pas moins que «Le Roi Livre» est un titre imaginatif, à mi-chemin entre l’épopée du Roi Lear et celle du Roi Lion. Mais cela implique, bien sûr, que le Salon doit mériter son titre. On ne devient pas roi, comme cela, par simple hérédité. Il faut le mériter.
L’une des premières qualités du roi est la combativité: seul le battant arrive à ce siège envié et y demeure. Il doit triompher de tous les obstacles et de toutes les difficultés trouvées sur le chemin. Il doit être intelligent, c’est-à-dire clairvoyant sur les alliances qu’il doit tisser, tout au long de son règne, choisir avec distinction ses conseillers et avec éclectisme ses courtisans. Il doit s’ouvrir à tous les horizons que la modernité lui présente sans cesser de jeter un regard nostalgique sur un passé récent ou lointain embelli par les professionnels de la reliure ou de l’enluminure. Il doit être auguste et magnanime: il doit savoir oublier les petites fautes passées des uns et fermer présentement les yeux sur celles des autres. Il faut qu’il ait de l’élévation: accepter la louange avec autant de plaisir que la critique: «Sans la liberté de blâmer, il n’y a point d’éloge flatteur», disait Beaumarchais à quelques encablures de la Révolution française.
Il faut enfin que le Roi Livre soit à la portée de tous: des humbles comme des grands, des adultes comme des enfants, des pauvres comme des riches. Son degré d’accessibilité atténuera peut-être les effets néfastes de sa censure. Mais le titre de «Roi Livre» suppose aussi, qu’il n’y a rien ni personne au-dessus de lui.(L’Expression-01.11.09.)
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**Osvaldo Rodríguez. Un littéraire chilien à Alger
«Jorge Borges et Gabriel Marquez sont imprégnés de culture arabe»
Osvaldo Rodríguez Perez est un écrivain chilien et docteur en littérature hispanique au département de philologie espagnole, classique et arabe à l’université de Las Palmas des îles Canaries (Espagne). Au dernier Salon international du livre d’Alger (SILA), il a animé deux conférences sur des thèmes qu’il maîtrise excellemment, à savoir Pablo Neruda (poète chilien) et La présence arabe dans la littérature latino-américaine.
-Alger semble vous avoir plu…
Je vous avoue qu’Alger m’a ensorcelé. J’ai vu des choses que j’adore comme la vieille ville, La Casbah, les artisans. Ce qui est merveilleux est que ce n’est pas du superficiel, c’est-à-dire une visite pure qui n’est pas faite sous un angle touristique et maquillée. C’est beau, vraiment beau.
-Maintenant, parlez-nous de vos conférences…
La première conférence portait sur «La poésie posthume de Pablo Neruda, un voyage à l’intérieur de lui même». La seconde sur «La présence arabe dans la littérature latino-américaine». J’ai senti un intérêt très grand des Algériens pour la littérature latino-américaine. Aussi, il y a lieu de souligner que le second thème n’a pas été suffisamment étudié, ni en Amérique latine ni dans les pays arabe. Il était donc très intéressant pour l’auditoire. J’avoue que je regrette que la communauté universitaire n’ait pas été avisée pour assister à mes conférences au SILA et particulièrement les Hispanistes. Toutefois, je suis disposé à travailler avec des chercheurs algériens de la faculté des langues sur le thème de la littérature arabe en Amérique latine
-Vous semblez être un amoureux de l’œuvre de Pablo Neruda…
Chez moi, tout est Neruda, partout Neruda. On trouve dans les œuvres de ce prix Nobel de littérature trois axes : la politique, l’amour et la mort. Mais, la politique est diffuse par rapport au sentiment de la mort, aspect dominant dans l’œuvre posthume de Neruda. En 1971, il reçoit le prix Nobel, et on lui annonce, aussi, un cancer de la prostate. L’espoir perdu d’être guéri en ex-URSS l’a contraint à s’isoler à la Isla Negra (l’île Noire) au Chili. Il y laissera 8 livres posthumes sur la mort, sa propre mort. Colossal comme contenu.
-Comment se présente la littérature arabe en Amérique latine ?
Vous savez, la littérature arabe en Amérique latine se présente sous trois étapes. On sait que la présence arabe remonte au temps de la conquête de l’Amérique latine, mais la littérature arabe commence concrètement en 1860, après la vague migratoire venant du Moyen-Orient, fuyant l’empire ottoman. Leur littérature était purement arabe, écrite dans leur langue. On l’appelait, en espagnol, la littérature «del mayar», c’est-à-dire «el mahdjar» ou l’exil. Des récits marqués par la perte de la patrie et de témoignages de détresse. Cette littérature a eu un grand succès au Moyen-Orient.
Quant à la seconde étape, elle correspond aux enfants de ces émigrés qui sont bilingues. Ils ont écrit dans les deux langues, sans sentir la douleur du dépaysement de leurs parents, ni du sentiment de la terre perdue. La troisième génération d’écrivains ou de littéraires, qui a totalement perdu la notion de ses racines, écrit seulement en espagnol.
Leur thème d’évocation du monde arabe est lié aux problèmes actuels de la Palestine. Par ailleurs, il existe plusieurs écrivains qui n’ont rien d’Arabe et qui se sont imprégnés de la culture arabe, tel Jorge Borges ou Garcia Marquez, jusqu’à prétendre qu’il est de descendance arabe. (El Watan-04.10.2011.)
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**PATRICK POIVRE D’ARVOR AU SILA 2010
«L’étranger est devenu un bouc émissaire en France»
C’est beaucoup plus la star de la télévision française qui a intéressé les journalistes.
A la veille de sa conférence, prévue pour hier dans le cadre de la 15e édition du Salon international du livre d’Alger, Patrick Poivre d’Arvor a animé une conférence de presse devant les journalistes de la presse algérienne. C’est beaucoup plus la star de la télévision française qui a intéressé les journalistes, puisque la majorité des questions étaient centrées autour de l’audiovisuel. Interrogé au sujet des chaînes d’information arabes en continu qui se sont imposées depuis leur lancement, l’orateur n’a pas vu d’un mauvais oeil cette nouveauté. Au contraire, a-t-il précisé, la concurrence est bonne. Il a rappelé qu’elle crée la stimulation et de ce fait, il y a création.
PPDA a précisé que ces chaînes font preuve de professionnalisme. Elles constituent de véritables concurrentes pour les chaînes françaises, notamment dans les pays du Maghreb où elles sont très suivies, ajoute PPDA. En revanche, ce dernier a indiqué qu’en France, elles n’ont pas d’audience.
Abordant un autre sujet, PPDA a précisé que l’ensemble des médias appartiennent à des groupes industriels et ça a toujours été comme ça partout à travers le monde: «Les plus grosses fortunes ont intérêt à ce que leurs chaînes soient regardées par le maximum de téléspectateurs. Mais dans ce créneau, il ne faut pas oublier qu’il y a une âme. C’est l’âme du métier et ce sont les journalistes qui détiennent cette dernière.»
Un autre journaliste a demandé de savoir quel était l’avis de PPDA au sujet de la politique de l’Etat français vis-à-vis des étrangers qui y résident. Le conférencier a d’abord rappelé que la France a des aspects de terre d’accueil incontestables et ce, de tout temps.
C’est aussi la terre des droits de l’homme qui n’est pas un vain mot en France, a ajouté PPDA. Mais ce dernier explique qu’il se trouve que ces derniers temps, il y a une crise économique qui vient chambouler tout.
«Quand cette crise économique est née, on s’est mis en France à chercher des boucs émissaires. On a trouvé que c’était l’étranger qui est là sans être là. Il vit en France sans les droits d’un citoyen français. On assiste donc à des réactions xénophobes regrettables.»
Il a rappelé que si la France a, dans le passé, utilisé les travailleurs algériens, c’est qu’elle en avait besoin à une certaine époque: «Actuellement, nous vivons en France des moments économiques moins glorieux».
Ce sujet a été l’aubaine pour PPDA de parler de la relation qu’il entretient avec l’étranger et avec l’Algérie: «L’étranger est une belle source d’inspiration. Mon premier contact avec l’Algérie date de mes dix-huit ans. J’ai fait le tour de la Méditerranée.
C’était l’occasion de découvrir l’Algérie de l’intérieur. J’avoue que cette visite a été un moment magique. J’ai découvert qu’il n’y avait aucun rapport avec la perception qu’on avait en France, qui était faite de méfiance au sortir de la guerre d’Algérie. La méconnaissance de l’autre entraîne assez souvent la bêtise, mais quand on connaît l’autre, on apprend à l’aimer.»
En réponse à une autre question, PPDA a affirmé qu’il a été marqué par beaucoup d’Algériens qu’il a interviewés à l’instar de Rachid Mimouni qu’il qualifie d’admirable et de courageux, de Kateb Yacine plein d’intelligence et du flamboyant Matoub Lounès.
L’orateur a aussi indiqué qu’il a interviewé l’actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qu’il connaît depuis qu’il était ministre de la Jeunesse.
PPDA a précisé qu’il a eu des entretiens très fructueux avec le Président Bouteflika.
L’invité du 15e Sila a sévèrement critiqué la presse à scandale très en vogue en France et qui porte atteinte dangereusement à la vie privée des gens.
«Personnellement, il y a deux à trois rumeurs qui sortent à mon sujet chaque semaine. En arrivant ici à Alger, j’ai même appris que ma visite était annulée», illustre, avec une pointe d’humour, PPDA.
Enfin et au sujet de la situation du livre et de la lecture, l’orateur a regretté leur recul partout dans le monde. La disparition des émissions littéraires à la télévision, la faiblesse de leur audience et la baisse des tirages des livres sont autant de preuves de ce qu’il avance: «Il y a trente ans, pour être qualifié de best-seller, un livre devait vendre plus de 200.000 exemplaires. Aujourd’hui, on parle de best-seller à partir de 50.000 exemplaires». (L’Expression.04.11.2010.)
**RENCONTRE DE PATRICK POIVRE D’ARVOR AVEC LA PRESSE ALGÉRIENNE
“Je trouve magnifique qu’on célèbre le livre”
Il fait partie des invités d’honneur de la 15e édition du Salon international du livre d’Alger. Il n’est plus à présenter. Il a parlé de sujets qui sont d’actualité. Il a aussi annoncé le projet d’un livre sur sa carrière.
À 17 ans, il a écrit son premier livre. Son parcours professionnel est des plus enviés : près de 30 ans de présentation du 20h (10 000 journaux télévisés à son actif), officiant aussi sur les plus grandes chaînes de radio et de télévision (“Vol de nuit”, “Ex-Libris”)… À la veille de la conférence qu’il devait animée hier dans le cadre des activités littéraires du Sila, Patrick Poivre d’Arvor a tenu, mardi passé, en fin d’après-midi à rencontrer la presse algérienne.
Dans ce point de presse, l’ex-vedette de TF1 a abordé plusieurs sujets en réponse aux questions posées par les journalistes présents. Parmi les points évoqués, il y a celui de la prolifération de chaînes satellitaires d’information arabes et leur influence et/ou place dans le paysage médiatique français. “En France, ces chaînes sont relativement peu écoutées”, a-t-il répondu et d’ajouter que ce n’est pas le cas dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, où ces chaînes ont une bonne assise.
Il a toutefois reconnu le professionnalisme de ces chaînes, qui font entendre la voix du monde arabe dans toute la planète.
Par ailleurs et dans un registre un tantinet différent : le champ audiovisuel en Algérie, il a tenu à préciser qu’“il n’aime pas se mêler”. Mais il a quand même donné son avis en affirmant : “Je pense qu’il est toujours utile qu’il y ait de la concurrence !” Et de préciser qu’ “il faut des garde-fous” en relation avec les principes des médias : informer, cultiver et distraire.
Pour lui, “il faut que ce soit avec un cahier des charges bien précis”. Il se penchera sur le traitement du conflit israélo-palestinien, affirmant que quel que soit l’angle de traitement, les deux parties protestent. Et pour qu’il y ait un certain équilibre, il est nécessaire de maîtriser le sujet.
Il a aussi abordé la politique actuelle en France concernant la communauté étrangère. À cet effet, il a affirmé qu’“il y a, hélas, souvent dans les pays riches un raidissement quand il y a des crises économiques”. Et dans ces cas-là, c’est l’étranger qui en fait les frais. Il explique cet état de fait à la méconnaissance de l’autre. Il a entre autres parlé du président Sarkozy et sa relation particulière avec la presse française, de la censure durant sa carrière. Il estime qu’il n’a jamais été censuré, mais “sanctionné pour avoir dit des choses qui ne plaisaient pas”.
Sollicité pour donner un ou deux conseils aux journalistes, l’invité du Sila, en toute modestie, a déclaré : “Qui je suis pour donner des leçons !”
Pour lui, pour pratiquer ce métier, il faut de l’enthousiasme, beaucoup de générosité et ne pas avoir d’a priori. Il a aussi insisté sur le fait qu’une bonne culture générale est un acquis certain pour pratiquer le journalisme. Sila oblige, Patrick Poivre d’Arvor, a effectué un comparatif du livre de 1980 à 2010 : réduction du tirage et publication de livres fugaces (qui tiennent une courte période).
Concernant son avis sur ce rendez-vous livresque, il a affirmé : “Je trouve magnifique qu’on célèbre le livre(…) C’est une belle tradition !” Toujours dans le registre littérature, parmi les personnalités littéraires algériennes qui l’ont marqué : Rachid Mimouni qu’il qualifie d’admirable et de courageux, Kateb Yacine : un grand personnage “après l’avoir rencontré, vous en sortez plus intelligent”. Il a aussi été marqué par Abdelaziz Bouteflika. (Liberté-04.11.2010.)
Rendez-vous du 15e Sila
Aujourd’hui :
Conférences (pavillon A) 14h : “Football et mondialisation”, avec Pascale Boniface. 17h : “Le roman noir dans les pays scandinaves” avec Henning Mankell.
Demain :
Hommage à José Saramago, à 14h au pavillon B.
Table-ronde (pavillon C) 14h : “La critique littéraire” avec Abdou El Khal, Rachid Boudjedra, Merzak Begtache, Patrice Nganang et Abdallah Salem Malitan.
Conférence (pavillon A) : “Les acteurs de l’Ugema” avec Cklément Moore Henry
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LE BEST-SELLER SUÉDOIS, HENNING MANKELL, À “LIBERTÉ”
“L’Afrique m’a rendu un meilleur européen”
Invité par le Sila pour une conférence sur le crime dans le roman policier, Henning Mankell évoque dans cet entretien ses années africaines, son rapport au monde, à l’écriture et même à Albert Camus.
Liberté : Vous vivez entre la Suède et le Mozambique depuis une trentaine d’années. Comment est née votre passion pour l’Afrique ?
Henning Mankell : Quand j’étais un jeune écrivain, je voulais voir le monde à l’extérieur de l’Europe, pour prendre de la distance. J’avais dix-neuf ans et je voulais avoir un billet pour l’Afrique. Je l’ai eu, et dans l’avion, le voyage était pénible, car la moitié de l’appareil était endommagée. C’était un vol difficile, mais j’ai survécu. Et quand je suis retourné ce novembre en Afrique, c’était pour la même raison. Je crois que j’en sais davantage sur le monde avec deux perspectives. Je dirai également que je pense que l’Afrique m’a rendu un meilleur européen. Je peux voir ce qui marche en Europe, mais je peux surtout constater les problèmes. C’est comme le peintre, en fait, dont la perspective change dès qu’il change d’angle de vue. C’est ce même mouvement que j’ai avec l’Europe et l’Afrique.
Grâce au personnage de vos polars, le célèbre Kurt Wallander (un policier sombre avec beaucoup de problèmes familiaux et dont le travail constitue une bouée de sauvetage), duquel se dégage une infinie tristesse et beaucoup de compassion, vous avez réussi à parler de la crise traversée par la Suède dans les années 1990. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre pays ?
La Suède est une société très décente. Et l’une des raisons qui la rend décente, c’est la possibilité de pouvoir critiquer librement. Je peux critiquer le roi ou le Premier ministre. Je pense que c’est l’une des choses importantes qui la rend décente. Je crois également qu’il est nécessaire de critiquer certaines choses parce qu’on a aussi des problèmes. Aujourd’hui, en Suède, la relation aux immigrés est problématique ; elle n’est pas vraiment bonne. Il y a des tendances de xénophobie et de racisme aussi, ce qui est évidemment très moche. Donc, il y a beaucoup de choses dont on doit parler, et c’est ce que j’essaie de faire. J’ai écrit quarante romans, dont 25% seulement sont des polars, et je crois que dans tout ce que j’écris, j’essaie de parler du monde dans lequel je vis.
Votre rapport au monde est donc caractérisé par un sentiment d’inadéquation ?
Je pense que nous vivons dans un monde terrible et injuste, et je peux dire pourquoi nous vivons dans ce monde. Nous parlons depuis dix minutes, et durant ces minutes qui se sont écoulées, cent enfants en Afrique meurent de malaria. Alors qu’aucun enfant ne devrait mourir de malaria, et les plus grandes compagnies pharmaceutiques du monde s’en fichent et ne font rien pour y remédier. Ça, c’est le monde dans lequel nous vivons, et je ne crois pas que tout cela soit nécessaire. Et ça me met en colère chaque jour.
Vous êtes donc un écrivain en colère ?
Je l’espère.
Votre conférence au Sila a pour thème générique “Le roman noir dans les pays scandinaves”. Ces polars qui viennent du froid connaissent un boom dans toute l’Europe. D’après vous, pourquoi ? On parle de modernisme, d’originalité, mais aussi et surtout de marxisme…
À la base, je suis un marxiste parce que je crois que la base théorique du marxisme est correcte. Nous vivons dans un contexte impérialiste assez alarmant et inquiétant, mais ce qui est intéressant, c’est de voir également la montée de l’impérialisme chinois, qui est surtout très évident en Afrique.
Vous écrivez d’ailleurs un livre sur les Chinois et l’Afrique…
Oui, je suis en train d’écrire un livre sur les Chinois. Dans ce livre, j’essaie de savoir comment les Chinois se comportent envers les Africains. Je vous donne un exemple : les Chinois achètent des terres en Afrique pour semer et récolter du blé et l’envoyer en Chine, alors que les populations africaines sont démunies et meurent de faim. Je trouve cela effrayant, et c’est ce sur quoi je travaille actuellement. C’est n’est certes qu’un exemple, mais nous devons êtres très vigilants. J’ai également remarqué que les Chinois avaient parfois un comportement raciste. J’ai été à Shanghai avec deux comédiens de la troupe théâtrale avec laquelle je travaille au Mozambique, et ce n’était pas une expérience très amusante. Certains ont eu une attitude raciste. J’étais avec une actrice dans un centre commercial, et une personne est venue et l’a tirée par les cheveux. J’ai évidemment réagi instantanément. C’était vraiment affreux. Nous devons donc faire très attention. D’un autre côté, la Chine a également fait de très bonnes choses, mais il faut tout de même être vigilant.
Dans vos romans, outre la morale sociale, vous avez un rapport particulier au temps…
Le temps est très important dans la vie. Quand je mourrai, je voudrais savoir pourquoi j’ai vécu. Et la notion du temps est très importante ; on a toujours peu de temps. On n’a pas assez de temps. Je voudrais rester ici [ndlr : à Alger] deux semaines de plus, mais ce n’est pas possible, faute de temps. Dans ma vie, je décide de ce que je ne dois pas faire pour avoir plus de temps pour faire autre chose. Par exemple, si je regarde moins la télévision, une heure de moins chaque jour, c’est huit semaines par an. Et en huit semaines, on peut faire beaucoup de choses. C’est mon combat contre le temps. Je pense que les gens parlent de deux choses : le temps (la météo) et le temps (l’heure), et c’est pour ça que je parle beaucoup du temps dans mes livres. Car la plus grande différence entre les Africains et les Européens, c’est le climat. Les Européens font des choses à l’intérieur alors que les Africains les font à l’extérieur. Voilà la plus grande différence entre les deux.
Vous êtes également un auteur de théâtre et d’ailleurs, vous dirigez au Mozambique la compagnie Theatro Avenido. Sur quoi vous travaillez au juste ?
Je ne suis pas à la tête de ce théâtre, c’est une femme mozambicaine qui le dirige. J’en suis le directeur artistique. Pour ce qui est du répertoire, on joue de tout, notamment du classique. On est en train de préparer une adaptation africaine de Tartuffe, de Molière. On fait également beaucoup d’auteurs africains. Mais la différence entre le théâtre au Mozambique et ailleurs ne se fait pas sentir sur scène. En fait, c’est l’assistance qui fait la différence, parce que beaucoup de personnes au Mozambique ne savent ni lire ni écrire. Et pour ces gens-là, le théâtre est très important.
Vous cultivez une grande passion pour Albert Camus et, tout comme lui, vous êtes un homme révolté. Qu’elle a été son influence sur vous et sur votre œuvre ?
En venant à Alger, j’ai ramené avec moi le roman la Peste. J’en ai lu une partie dans l’avion. Evidemment, je l’ai lu il y a longtemps, mais j’avais envie de le relire. Je pense que Camus est un écrivain très important pour moi. Je crois que j’ai lu toute son œuvre et qu’il est mort beaucoup trop tôt. Quant à son influence sur moi, c’est beaucoup de choses, mais une seule chose : c’est un excellent écrivain de la solitude. Il l’a très bien décrite. C’est l’un des meilleurs écrivains qui a écrit sur la solitude. Dans ses écrits, il a superbement décrit la relation entre l’individu et la société.
Revenons à vous : Comment écrivez-vous ? Est-ce que c’est vous qui dirigez vos personnages ou alors ce sont eux qui mènent la danse ?
Je dirige tout. Les personnages sur lesquels j’écris dépendent totalement de moi. Si un écrivain vous dit que ses personnages lui échappent, ne croyez pas ça, ce n’est pas vrai. C’est toujours l’écrivain qui décide. Si je compare l’écriture avec la musique, c’est Charlie Parker qui joue au saxophone, jamais le saxophone qui joue Charlie Parker.
Mais les musiciens improvisent…
Mais l’improvisation est fondée. Charlie Parker sait exactement où il va, même lorsqu’il improvise ; voilà pourquoi il peut improviser et donc évoluer, pour aller là où il veut aller.
Diriez-vous que votre œuvre est un miroir du monde ?
Je l’espère. C’est ce que je veux. Je m’intéresse au monde dans lequel je vis. C’est ce que j’écris, mais avec une perspective historique. La dernière chose que j’ai écrite, c’est une pièce de théâtre sur Charles Darwin. Je travaille sur différentes choses en même temps. Je travaille beaucoup. D’ailleurs, ce matin [ndlr : jeudi matin], j’écrivains dans ma chambre ici à l’hôtel. Je suis sur un projet de roman.
À lire de Mankell : Comedia Infantil (éditions Socrate, Algérie, 2009, 300 DA). Dans le polar, lire également : les Morts de la Saint-Jean et Meurtriers sans visage.Bio express
Né en 1948 à Härjedalen (Suède), Henning Mankell est un auteur prolixe, traduit en 42 langues. Auteur d’une trentaine de pièces de théâtre et d’une quarantaine de romans, Henning Mankell est devenu un auteur classique de polar, mondialement connu grâce à la saga de Kurt Wallander, qui a inspiré trois séries et plusieurs téléfilms. Mélancolique, taciturne, empathique et triste, Wallander n’est certes pas le double littéraire d’Henning Mankell, mais l’auteur s’en sert pour parler de la grave crise économique traversée par la Suède avec l’effondrement du modèle suédois, après la chute du mur de Berlin. Il est également auteur de théâtre et de romans “littéraires”, ancrés dans une réalité plus africaine. (Liberté-07.11.2010.)
**Pascal Boniface. Géopolitologue français
«Les enjeux sécuritaires masquent les enjeux sociaux»
Pascal Boniface estime que «la menace terroriste» est surdimensionnée en Occident.
Le chercheur français Pascal Boniface partage l’opinion de l’universitaire libanais Georges Corm. «Les enjeux sécuritaires masquent les enjeux sociaux», a-t-il déclaré jeudi, lors d’une conférence au Salon international du livre d’Alger (SILA) sur «le football et la mondialisation». Il répondait à une question relative à la relance de la machine de la peur à la veille de chaque rendez-vous international important. Dernier exemple : l’affaire des «colis piégés» à trois jours des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
Une mécanique qui semble avoir partiellement réussi avec la remise sur les rails des Républicains américains, les plus sensibles à la thèse néo-conservatrice. «On se demande si Ben Laden n’avait pas voulu faire réélire Bush W. en 2004 après avoir fait des menaces à la veille des élections présidentielles. Je ne nie pas que le terrorisme soit important. Mais, en dix ans, le monde occidental n’a connu que trois attentats : New York, Londres et Madrid. On se rend compte qu’on meurt plus en écrivant des SMS au volant qu’avec les attentats à l’explosif », a-t-il ajouté.
Il a souligné que le terrorisme aujourd’hui apparaît comme une «menace permanente, invisible et totale». «Cela crée un climat d’insécurité différent d’une guerre classique où le front est défini. Là, le front antiterroriste n’est pas défini à l’avance. Je pense que dans les pays occidentaux on a surdimensionné la menace terroriste par rapport à la réalité. Sans la nier, il faut relativiser cette réalité en terme d’impact stratégique», a expliqué l’auteur de Les Leçons du 11 Septembre. Pour combattre le terrorisme, il faut, selon lui, s’intéresser aux effets et aux causes.
Revenant au sport, Pascal Boniface, qui a publié au début de l’année Football et mondialisation, ne pense pas que le jeu de la balle ronde soit un facteur «d’endormissement» des sociétés. «Cette thèse est défendue par les sociologues antisportifs. Selon eux, le football est l’opium des peuples. Lorsque les équipes nationales gagnent, comme ce fut le cas pour l’équipe algérienne, les manifestations populaires de joie sont importantes. En Algérie, cela ne s’est pas vu depuis l’indépendance du pays», a observé le conférencier. La foule du football n’est, selon lui, pas contrôlable. «Les moments de joie qui peuvent booster la popularité du pouvoir sont éphémères. Les amateurs de football restent des citoyens», a-t-il dit.
Il a relevé que même dans les pays où les manifestations de rue sont interdites (comme c’est encore le cas en Algérie), les stades sont épargnés. Il a cité l’exemple du dictateur espagnol Franco qui, une fois au pouvoir, s’est attaqué, entre autres, à la Fédération anarchiste et au Football club de Barcelone. «Pendant longtemps, on ne parlait catalan que dans les travées de la Barça. Endroit où on pouvait huer le général Franco», a-t-il noté. Pascal Boniface n’est pas gêné par le fait que des Français d’origine algérienne supportent l’équipe nationale de football.
«Je sais qu’ils supportent également l’équipe de France sauf dans le cas d’une rencontre avec la sélection algérienne. J’ai constaté lors d’un match entre la France et l’Espagne que des Français supportaient l’équipe espagnole. Idem lors d’une rencontre entre la France et le Portugal. Les gens ont une double identité. Parfois, l’origine revient. Alors pour le cas des Maghrébins, on voit un attachement à la patrie d’origine, mais on a trouvé tout à fait normal que les Espagnols ou les Portugais supportent les équipes de leurs pays d’origine», a-t-il remarqué. Ce type de réflexion en dit long, selon lui, sur le racisme antimaghrébin en France. (El Watan-06.11.2010.)
**Stand américain…..3000 ouvrages offerts
60 titres, soit 3000 ouvrages américains traduits en langue arabe, sont offerts aux visiteurs du Salon international du livre d’Alger (SILA), qui se tient du 27 octobre au 6 novembre.
Une action de mécénat initiée par l’ambassade des Etats-Unis à Alger, dont c’est la toute première participation au SILA, et ce, en collaboration avec les éditions Nouveaux Horizons présentant des livres américains traduits en français.
Ainsi, au stand américain, l’on présente des œuvres littéraires comme The grapes of wrath (Les Raisins de la colère) de John Steinbeck ou autobiographiques, telles que Dreams from my father (Rêves de mon père) du Président des Etats-Unis, Barak Obama, ou encore des ouvrages spécialisés, notamment en matière de business (économie), signés par Linda Pinson and Jerry Jinnett, Thomas Field, Bryan Ziegler, Constance Pinney ou Jack Bishop.
La majorité des visiteurs, qui se sont vus remettre ces livres à titre gracieux, sont des étudiants, des enseignants, des médecins et des journalistes.
«Nous avons préféré offrir des livres américains traduits en arabe, spécialement pour les étudiants et les chercheurs. (El Watan-03.11.2010.)
**Parution…. Al Qaïda au Maghreb islamique
Contrebande au nom de l’Islam
Le livre révèle pour la première fois la véritable identité de l’instigateur des enlèvements dans la région du Sahel, Abdelhamid Abou Zeid, et plonge dans sa vie et son parcours depuis sa naissance à ce jour, à travers le témoignage de sa mère, de ses proches parents et de ses voisins – mais aussi de militants qui étaient avec lui dans la lutte armée.
Le livre met un terme à l’information populaire sur son identité dans une certaine mesure aujourd’hui, même chez la police internationale Interpol. Il livre révèle pour la première fois les circonstances de la mort de l’otage français Michel Germaneau, que l’organisation AI Qaïda au Maghreb islamique dit avoir exécuté. Pour la première fois, les victimes d’Al Qaïda au Maghreb islamique s’expriment sur les circonstances de leur enlèvement par Abdelhamid Abou Zeid et comment ils ont vécu pendant des semaines et des mois avec les membres de l’organisation terroriste dans le désert.
A propos de l’auteur
Mohamed Mokeddem est le premier journaliste reporter algérien à avoir contacté les dirigeants des organisations islamistes dans les maquis et les interviewer. Il enquête sur le dossier sécuritaire depuis 20 ans, notamment sur les groupes islamistes armés. Il a créé son propre journal Ennahar en 2007, après avoir assuré la direction de rédaction de plusieurs quotidiens algériens en étant simultanément le correspondant du journal Al Hayat installé à Londres depuis 1999 dont il était chargé du suivi de la situation sécuritaire en Algérie A 31 ans, Mohamed Mokeddem publie son fameux livre Des Afghans algériens, du groupe à Al Qaïda, édition de l’Agence nationale des éditions et publicité ANEP à Alger en 2002 Son rapprochement des plus grands dirigeants des groupes armés qui étaient dans les maquis, les enquêtes et entretiens qu’il menait avec eux étaient appropriés pour lui pour avoir un réseau de relations importantes parmi les islamistes, qui lui a permis plus tard de devenir le journaliste le mieux informé sur la situation des groupes islamistes armés en Algérie
Résumé du livre
Le livre a paru en quatre chapitres, environ 200 pages, traitant, avec des documents et des images à l’appui, les événements importants connus dans le Sahel. L’auteur révèle pour la première fois une l’identité officielle du leader de la phalange «Tarik ibn Ziyad», l’homme qui est derrière la plupart des enlèvements dans le Sahara, et décrit son parcours et les événements qui ont façonné sa personnalité depuis sa naissance. Dans le deuxième chapitre, il est question de témoignages de personnes enlevées ; après avoir été libérées, elles ont livré des témoignages sur leur vie de détentions à Al Qaïda au Maghreb islamique, des témoignages émouvants qui donnent une idée sur la philosophie des kidnappeurs et leur vie quotidienne. Le troisième chapitre concerne les aspects du déplacement des éléments d’Al Qaïda au Maghreb islamique, au Sahara, les circonstances de ce pénible déplacement qui a duré plusieurs années et la façon dont les réseaux de contrebande sont devenus des alliés-clés de l’organisation terroriste.
Le quatrième chapitre traite de l’évolution de la relation entre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat et la contribution d’Abou Moussab Al Zarqaoui, ancien chef d’Al Qaïda en Mésopotamie dans l’accès du groupe algérien à soutenir Oussama Ben Laden et le rôle de l’envoyé yéménite en l’Algérie et la tâche accomplie. Le dernier chapitre traite de la guerre déclarée par Al Qaïda au Maghreb islamique contre les étrangers, en particulier les Américains et les Français par son retour au réseau principal qui a planifié d’attaquer les intérêts français, dont les chefs étaient des Algériens. Le livre de 200 pages allie le style journalistique et la narration dans la présentation de la vie quotidienne des otages détenus par Al Qaïda au Maghreb islamique. (El Watan-03.11.2010.)
**Image et place de la femme dans la littérature
De nos jours, les cris de femmes fusent de partout. Ils envahissent la scène littéraire, en apportant des témoignages divers.
Atravers une table ronde ayant pour thème : «Image et place de la femme dans la littérature», animée dimanche après-midi, au niveau du pavillon C, quatre auteurs se sont relayés afin de tenter díélaborer des pistes de réflexions. Ce sujet vaste en lui même n’a pas pu être débattu dans sa profondeur. Cependant, quelques lignes ont été esquissées devant une assistance nombreuse. Après avoir cité quelques grands noms de la littérature féminine, l’essayiste congolais Boniface Mongo-Mboussa affirme que l’Afrique, il la pense au féminin. La femme est présente en force dans la littérature africaine. Elle a été souvent mise en scène par les hommes.
Le champ de l’écrit était, en effet, réservé aux seuls hommes alors que la femme croulait sous le poids des interdits de tous genres et des traditions les plus archaïques. «Les hommes avaient une vision plutôt romantique de la femme. Souvent, c’était l’image de la mère qui était idéalisée et sublimée par les hommes. Les années 50 marqueront l’émergence d’une littérature négro-africaine où des romancières se plaisaient à dénoncer l’oppression que les femmes subissent à l’image des hommes». D’une manière générale, la femme africaine continue encore aujourd’hui de lutter surtout par son écriture qui s’avère être, pour elle, un miroir où elle tente de se projeter et de refléter les maux de la société dans laquelle elle vit. Si la femme a toujours eu une place d’honneur dans la littérature, ses représentations sont encore plus perceptibles dans les écrits des femmes. Pour Eugène Ebodé, la bible est un livre littéraire. «Nous apprenons que la femme est issue d’une côte de l’homme. Un rôle secondaire qui est contesté.
La femme a toujours occupé un rôle important dans la littérature.» Dans son ouvrage Shilane, il rend un vibrant hommage à sa mère. Sa mère est également sublimée dans son dernier roman Madame l’Afrique, sorti aux éditions Apic. Selon lui, les écrivains qui vivent dans la diaspora ne peuvent pas se permettre de décevoir leurs lecteurs d’Afrique. «La femme demeure un acteur primordial. On ne peut imaginer une société sans la femme», lance-t-il. L’essayiste et critique Denise Brahimi argue que les femmes écrivaines sont des battantes, avec une énergie surprenante.
Autour de cette idée générale, en rapport avec la littérature, il y a un an, Denise Brahimi a préfacé un livre intitulé Les Milianaises du XIIIe siècle, écrit en 1900 par une Française, Hubertni Oclair, sur des femmes algériennes. Mariée à un juge, cette dernière a pu assister à des séances au tribunal où des femmes racontaient des scènes poignantes de leur quotidien. S’appuyant sur d’autres images de certaines femmes ayant jalonné la production littéraire algérienne, à l’image de Taous Amrouche, Isabelle Eberhart ou encore de la Kahina, Denise Brahimi estime que ce sont des figures emblématiques qui permettent de tirer des conclusions sur la femme algérienne.
«Une des forces de la femme algérienne, c’est cette continuité dans la chaîne de la transmission. En plus de ce phénomène de transmission chez les Amrouche, il y a la tradition ancestrale de ce qu’elle a de plus moderne», explique-t-elle.
Fadhila M’Rabet est revenue dans son intervention sur son dernier roman intitulé Alger, un théâtre de fantômes, sorti en janvier dernier. Un livre écrit à la suite d’un voyage en Algérie. C’est toujours suite à une émotion que cette écrivaine écrit. Fadhila M’Rabet est convaincue que la littérature est toujours née dans la souffrance, donnant une expression universelle. «Je suis, dit-elle, féministe car je suis démocrate. Je veux avoir les mêmes droits que les hommes. J’écris pour transmettre mes expériences. Ma vie est un véritable roman. J’écris pour que les hommes et les femmes de mon enfance ne meurent jamais.» (El Watan-02.11.2010.)
**Le livre et la lecture en Algérie
Les données du paysage du livre sont connues de tous les spécialistes, mais mériteraient d’être davantage débattues.
Pour l’Algérie, quelques données (encore partielles) sont essentielles pour configurer complètement le cadre général du propos (en dehors de l’édition proprement dite qui mérite à elle seule une étude particulière). Il s’agit de prendre en ligne de compte tout d’abord le poids du réseau public des bibliothèques, des librairies générales et des éditeurs publics et privés. En 2008, le ministère de la Culture recensait 331 salles de lecture et 182 bibliothèques communales en Algérie. Depuis, 120 bibliothèques ont été construites et 22 bibliobus acquis.
Ce décompte ne comprend pas les bibliothèques universitaires, celles des établissements scolaires, des entreprises et des associations et institutions privées). Ces chiffres sont à considérer comme purement indicatifs, de nombreuses bibliothèques publiques ayant été construites dans le cadre des nouvelles structures urbaines édifiées ces deux dernières années.
Cette identification générale pose néanmoins le problème de la nature de ces salles de lecture et du type des ouvrages proposés. À la même période, le ministère de la Culture répertoriait 67 libraires (au sens d’établissement dédié uniquement à la vente des livres) présents sur 23 wilayas (une moyenne de 1 à 5 dans ces wilayas, exception faite d’Alger). Enfin, 75 éditeurs sont listés également en 2008 par le ministère de la Culture, dont 14 seulement hors de la wilaya d’Alger. Cependant, en 2010, on recense 165 éditeurs déclarés au registre de commerce, ce qui signifierait que leur nombre aurait plus que doublé en deux ans. Il faut ajouter à ce panorama que des opérations exceptionnelles ont permis de «booster» le monde de l’édition par une certaine politique volontariste.
Ainsi, 1000 titres d’ouvrages ont été édités en 2007 dans le cadre de l’évènement « Alger, capitale de la culture arabe », par des éditeurs et des institutions de recherche) avec un soutien financier du ministère de la Culture. De même, en 2009, le Festival culturel panafricain a été l’occasion de mettre sur le marché plusieurs dizaines de titres (265). Enfin, de 2007 à 2009, le ministère de la Culture a fait éditer près de 800 titres en littérature de jeunesse qui ont été distribués aux bibliothèques à travers le pays pour créer des espaces de lecture pour enfants. Si l’on retient la période 2008-2009, un soutien a été accordé à 140 éditeurs pour la publication de 1045 titres, tous genres confondus, totalisant plus de 2 millions d’exemplaires.
Ces aides concernent essentiellement la littérature (roman, nouvelles, poésie), les essais et les beaux livres, notamment ceux relatifs à l’histoire et au patrimoine culturel national. Mais il convient cependant de noter que le livre scolaire représente plus de 75% du marché national. On peut relever, sans aucun doute, une réelle dynamique de structuration des institutions dédiées à la lecture, à la fois par la mise en place d’un réseau de bibliothèques, dont la multiplication a été particulièrement significative entre 2005 et 2010, que par une politique volontariste de soutien à l’édition générale et celle pour enfants.
Depuis 2003, une série de manifestations internationales de grande envergure a relayé cette dynamique institutionnelle. L’Année de l’Algérie en France en 2003, Alger, capitale de la culture arabe en 2007, le deuxième Festival culturel panafricain en 2009, ont eu –en dehors des manifestations artistiques et rencontres scientifiques– pour effet principal de donner une impulsion à l’édition d’œuvres littéraires et documentaires algériennes.
Ces opérations ont privilégié la traduction de l’arabe au français, en 2003, et du français à l’arabe, en 2007. En 2009, l’édition a mis davantage l’accent sur l’Afrique dans ses divers aspects, avec une focalisation sur l’histoire et les arts, ainsi que sur le substrat africain du patrimoine culturel algérien. Cependant, la diversification d’un réseau de librairies, la diffusion et la promotion du livre et de la lecture posent encore problème pour soutenir et développer la lecture en Algérie, toutes langues confondues.
Une enquête en 2002, initiée par le ministère de la Jeunesse et des Sports autour des besoins et des aspirations des jeunes* et qui a touché 8325 jeunes et enfants, âgés de 10 à 35 ans, sur l’ensemble du territoire national, a mis en relief l’importance donnée à l’acte d’écrire, de lire et de compter. Cette enquête a surtout relevé une propension à développer «une culture de chambre», une culture du «chez soi», davantage que des cultures de groupes constitués et des pratiques culturelles collectives. Internet est passé par-là, et les usages des TIC sont en fort développement alors que l’on relève que les cybercafés, outre leur fonction d’espace de connexion collectif, favorisent la mixité.
Pour ce qui est des usages linguistiques proprement dits, 9 sur 10 des jeunes enquêtés parlent, lisent et écrivent en arabe tandis que 1 sur 2 parle français et que 2 sur 3 sont capables de lire et d’écrire en français. S’agissant de l’anglais, il est parlé par 1 sur 6, tandis qu’il est lu et écrit par 1 sur 3. Enfin, 3 sur 4 des enquêtés lisent à la fois des journaux, romans et magazines spécialisés. On le voit en particulier au travers d’une lecture que l’on peut qualifier de confort, plus axée sur l’actualité et l’information générale par la consultation de la presse quotidienne et les magazines. Mais le roman est évoqué sans trop de précisions. N’oublions pas au passage qu’une évaluation récente, établie par le Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (Ceneap), notait que le taux d’analphabètes se situe aujourd’hui à 22%, soit 6 millions d’Algériens. Le centre indique que sur ces six millions d’analphabètes en 2009, 60% sont de sexe féminin et 75 % des enfants âgés entre10 et 15 ans !
L’enquête de 2002 sur les aspirations des jeunes recoupe, par ailleurs, les conclusions de l’étude de Kamel Rarrbo*, menée dans un programme européen, qui estimait en ce qui concerne la culture et les jeunes en Algérie, que «la lecture (fait partie des choix), principalement les journaux, car la mise en circulation des livres reste problématique. Ces pratiques varient selon la classe sociale des jeunes. En effet, les habitudes des jeunes citadins privilégiés sont sans rapport avec celles des jeunes de condition modeste dans les zones rurales».
Une autre enquête*, menée en 2005, à l’occasion de la tenue du Salon international du livre d’Alger et qui a porté sur une population d’un peu plus de 1000 enquêtés, se proposait, quant à elle, d’identifier les pratiques de lecture et en particulier les modes d’acquisition et d’usages du livre. Dans les grandes lignes de cette solide étude, nous retiendrons quelques aspects assez significatifs. L’usage de la langue arabe vient en tête pour 50% des interrogés et le français pour 20% d’entre eux. Là encore, ce qui tend à occuper une position forte, ce sont les choix combinés : ainsi, l’arabe et le français sont choisis concurremment par 23% environ des enquêtés.
Mais lire préférentiellement en arabe ou en français ne signifie pas pour autant que les taux de lecture soient du même ordre. Rapportés à l’outil linguistique, on trouvera chez les grands lecteurs une très forte proportion de lecteurs lisant en français et de lecteurs lisant dans les deux langues. Dans le groupe de ces grands lecteurs, c’est la littérature qui vient en tête, suivie de l’histoire (13,04%). En termes de catégories sociales, ce sont les commerçants qui lisent le moins (53,58%), suivis des chômeurs (40,60%).
Enfin, on note que la lecture littéraire est préférentiellement développée chez ceux qui sont dans un processus de formation (ce qui peut paraître évident, même pour ceux qui déplorent l’absence de lecture chez les élèves et les étudiants). C’est le cas des lycéens et étudiants, à hauteur de 30,03%, ou de ceux qui possèdent un capital culturel important (40%) qui se recrutent chez les cadres. Pour les autres catégories, c’est la lecture des magazines et journaux qui vient en tête des choix : commerçants (53,85%), chômeurs (35,9%), cadres moyens (39,16%) et enfin cadres supérieurs (45,45%).
L’appréhension du développement du livre et, par conséquent, de celui de la lecture en Algérie est assez complexe. Cette complexité relève de déterminations externes qui sont liées à la diversification culturelle dans le monde et aux enjeux des échanges transnationaux en matière de biens culturels. Il va de même des conditions internes, propres à la structure et à la dynamique nationales du marché du livre. Outre les problèmes que posent ces échanges transnationaux en matière de diffusion des productions nationales, ainsi que peut le montrer le volume des traductions dans le monde, la question de la numérisation trace de nouvelles perspectives qui doivent être tempérées par les inégalités qu’elle projette (la fameuse «fracture numérique») et les nouvelles conduites et situations juridiques qu’elle ne manquera pas de mettre au jour.
Enfin, au niveau national, les données essentielles du paysage du livre sont connues de tous les spécialistes, mais mériteraient d’être davantage débattues. Ainsi, les salons du livre, qui sont avant tout la manifestation des activités des producteurs (auteurs et éditeurs), ne doivent pas, par l’afflux de lecteurs qu’ils suscitent, masquer le fait que le développement de la lecture est avant tout le fruit d’une politique de la lecture publique et de celle du livre en général. Celles-ci doivent être initiées par des institutions, inscrites dans des stratégies intersectorielles (Culture, Éducation, Enseignement supérieur…) et prises en charge par les différents acteurs de la chaîne du livre (auteurs, éditeurs, imprimeurs, importateurs, libraires et bibliothécaires). Cette double synergie – intersectorielle et intraprofessionnelle –, est la seule voie en mesure de propulser durablement la lecture publique et le développement à terme de l’édition et du livre dans notre pays. (El Watan-06.11.2010.)
Professeur à l’Université de Mostaganem. Directeur de recherche associé, CRASC Oran. Projet «Champs culturels en Algérie et mondialisation». Une partie de ces réflexions a été présentée par l’auteur en mars 2010 à l’Université des Affaires étrangères de Pékin.
*Réferences des enquêtes :
Résultats de l’enquête nationale sur les besoins et les aspirations de jeunes. Rapport remis au ministre de la Jeunesse et des Sports par Tariq Ragi, chercheur en sociologie et en sciences politiques, 2002.
Enquête dirigée par Kamel Rarrbo dans le cadre du Programme Euro-Med Jeunesse III sur les Politiques Jeunesse des pays partenaires méditerranéens, 2008.
Les Algériens et le livre à travers les visiteurs du Xe SILA, Ipsofim (filiale ANEP), Alger, Editions ANEP, 2006.
En 2008, le ministère de la Culture répertoriait 67 libraires (au sens d’établissement dédié uniquement à la vente des livres) présents sur 23 wilayas (une moyenne de 1 à 5 dans ces wilayas, exception faite d’Alger).
Une évaluation récente, établie par le Ceneap, notait que le taux d’analphabètes se situe aujourd’hui à 22%, soit 6 millions d’Algériens. Il indique que sur ces six millions d’analphabètes, 60% sont de sexe féminin et 75 % des enfants âgés entre 10 et 15 ans !
Dans le groupe des grands lecteurs, c’est la littérature qui vient en tête, suivie de l’histoire (13,04%). En termes de catégories sociales, ce sont les commerçants qui lisent le moins (53,58%), suivis des chômeurs (40,60%).
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**Khalida Toumi au salon international du livre d’Alger
Elle a évoqué «les améliorations» introduites cette année au Sila
L’Egypte et l’Algérie «appartiennent aux espaces arabe et africain. Ils n’ont pas l’intention de déménager», a déclaré hier Khalida Toumi, ministre de la Culture, lors d’une conférence de presse au Salon international du livre d’Alger (SILA).
La ministre répondait à une question sur l’absence de l’Egypte à l’actuelle édition du SILA qui se tient sur l’esplanade du complexe olympique Mohamed Boudiaf, à Alger.
«Il y a toujours eu des relations culturelles entre l’Algérie et l’Egypte depuis l’époque du roi Chachnak. Et il y aura encore des relations. Il serait faux que ces relations s’arrêtent», a-t-elle ajouté, rappelant sa participation, la semaine écoulée à Doha, à la Conférence arabe des ministres de la Culture. «Nous avons tracé la stratégie commune de la culture arabe. L’Algérie et l’Egypte participent à cette stratégie. Nous avons décidé aussi d’organiser, pour la première fois, un sommet des chefs d’Etat arabes sur la culture», a-t-elle annoncé.
L’Egypte sera-t-elle présente au Sila 2011 ? «Certainement», nous a répondu Khalida Toumi en marge de la conférence de presse. La ministre s’est dite «satisfaite» de l’organisation du Sila 2010, comme elle a qualifié de «positif» le bilan de l’édition de 2009. «Je parle de ces deux éditions parce qu’elles sont mises sous l’égide du ministère de la Culture. Auparavant, le salon du livre n’était pas organisé par ce ministère», a-t-elle précisé. Elle a évoqué «les améliorations» introduites cette année au Sila comme l’élargissement des allées pour rendre plus aisée la circulation des visiteurs et le règlement du problème de l’humidité sous le chapiteau qui abrite le Salon.
La ministre a également parlé de l’augmentation du nombre de participants, passé de 24 à 32 pays. «Le nombre d’exposants algériens est passé de 121 en 2009 à 140 cette année», a-t-elle indiqué. Selon elle, le nombre d’exposants étrangers est passé de 134 en 2009 à 320 cette année, dont 210 représentant le monde arabe et 11O l’Europe et les Amériques. Elle a souligné la présence de la Turquie et de l’Inde et a précisé que l’espace d’exposition a augmenté de 30% par rapport à 2009.
Revenant sur la politique nationale du livre lancée par le ministère de la Culture en 2005, Mme Toumi a annoncé que 234 bibliothèques de lecture publique (PLB) sont en cours de réalisation actuellement. «En 2014, l’Algérie disposera de 48 bibliothèques principales de wilayas et de 400 bibliothèques de lecture publique locale relevant du ministère de la Culture», a-t-elle souligné.
Elle a indiqué que ces bibliothèques disposent d’un statut, inspiré des normes de l’Unesco, ce qui n’est pas le cas de celles qui relèvent du ministère de l’Intérieur à travers les collectivités locales. Ce statut a fait l’objet de trois décrets exécutifs et de deux arrêtés interministériels. «Notre but est d’imposer un standard de rigueur à ces bibilothèques. Les communes qui veulent adopter le label de l’UNESCO doivent construire des bibliothèques qui correspondent à des normes. Il ne s’agit pas donc de récupérer ces structures», a-t-elle précisé. D’après elle, 24 wilayas disposent déjà de bibliobus, 22 autres vont en avoir d’ici fin décembre prochain.
Evoquant le soutien à l’édition et à la création littéraire, la ministre a rappelé qu’à partir de 2011, le Fonds national de développement et de promotion des arts et des lettres (FDAL) sera alimenté par une taxe qui représente 0,5% du chiffre d’affaires sur la téléphonie mobile. Le papier destiné «exclusivement» à la production du livre sera exempté de la TVA. Idem pour la création, la production et l’édition d’œuvres et de travaux sur support numérique. D’après la ministre, ces mesures ont été publiées dans la loi de finances complémentaire 2010 et entreront en vigueur dès la signature des textes d’application. Selon elle, 150 maisons d’édition ont été soutenues par l’Etat en 2009. Pour 2010-2011, le programme en cours concerne environ 1400 titres.
Khalida Toumi a relevé que la liberté éditoriale est préservée. «Cette liberté est garantie par la Constitution. Le soutien se fait à travers le principe de l’Etat-client. L’Etat achète les livres pour les mettre dans les espaces de lecture publique. Et le client est roi. L’Etat achète ce qui va dans l’intérêt de la lecture publique. Il y aura un cahier des charges. Nous n’achèterons que les livres faits et nous n’achèterons plus sans catalogue. Les maisons d’édition devront faire un catalogue», a-t-elle annoncé, indiquant que le cahier de charges labellisé par l’Unesco etsera élaboré en concertation avec les professionnels.
Ces maisons d’édition doivent, selon elle, faire la promotion de leurs auteurs. «En Algérie, on doit montrer qu’on est capable de qualité sur le plan éditorial et des services. Nous savons qu’il y a des maisons d’édition qui ne publient que les livres achetés par le ministère de la Culture, ça ne se passera plus comme cela», a-t-elle dit. (El Watan-31.10.2010.)
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**EN VADROUILLE DANS LES ALLÉES DU SILA
Patrick Poivre d’Arvor et d’autres stars
Ce qui fait un Salon international du livre, c’est incontestablement ses stars et cette année, il y en a plus comparé aux éditions passées.
Cette 15e édition connaît la participation d’invités qui ne manqueront pas d’attirer un grand public. Incontestablement, Patrick Poivre d’Arvor, l’ex-présentateur vedette du JT de 20 heures de la chaîne de télévision française TF1, sera la guest-star de ce Salon. Il est vrai que Patrick Poivre d’Arvor est de loin célèbre en tant que journaliste qu’il ne l’est en tant qu’écrivain. Pourtant, il est un auteur de fiction talentueux et prolifique. Il a publié plus de soixante livres dont une partie est constituée de romans. Certains sont inspirés de sa propre vie comme Lettres à l’absente, écrit sur sa fille qui s’était suicidée après une crise d’anorexie à l’âge de 17 ans. Patrick Poivre d’Arvor a écrit son premier roman, Les enfants de l’aube, à l’âge de 17 ans. Et depuis, il n’a pas cessé d’abreuver ses lecteurs de romans et d’essais, qu’il signe parfois avec son frère Olivier. Son dernier roman s’intitule Fragments d’une femme perdue. Son roman L’Irrésolu a reçu le prix Interallié en 2000. Actuellement, il dirige avec son frère une collection chez Points-Seuil «Mots pour mots». Patrick Poivre d’Arvor a mis en scène Carmen pour trente représentations de l’Opéra en plein air tout au long de l’été 2010 et travaille sur l’adaptation d’un livre de Pierre Loti: Mon frère Yves. Patrick Poivre d’Arvor sera au Salon en compagnie de l’animateur radio Youssef Saïah et ce, le mercredi 3 novembre au pavillon A. En plus de Patrick Poivre d’Arvor, le Salon accueillera d’autres célébrités mondiales à l’image du réputé et «sulfureux» Jacques Vergès, avocat et auteur de plusieurs livres dont Beauté du crime, La justice est un jeu, Intelligence avec l’ennemi, Le Salaud lumineux, Les Sanguinaires, Omar m’a tué, Avocat du diable, Avocat de Dieu, Dictionnaire amoureux de la justice, La Démocratie à visage obscène, Les Crimes d’Etat, Malheur aux pauvres et Que mes guerres étaient belles ainsi que d’un journal, La Passion de défendre. Jacques Vergès sera accompagné de Miloud Brahimi, qui sera modérateur, au Pavillon A, le lundi 1er novembre. Georges Corm, Azmi Bishara, Benjamin Stora, Jean Ziegler, Pascal Boniface, Henning Mankell sont, entre autres, les auteurs célèbres que les organisateurs du Sila ont conviés pour enrichir l’événement. En plus des personnalités qui prendront part à ce Salon pour la première fois, les habitués du Sila sont au rendez-vous, comme Rachid Boudjedra, Waciny Laredj, Zineb Laoudj, Tassadit Yassine, Hamid Grine, Fatema Bakhaï, Youcef Merahi, Mohamed Sari et la liste est encore très longue. Abdellah Benadouda, responsable de la communication du Salon international du livre d’Alger nous a confié, juste après l’inauguration effectuée par le Président de la République, que tous les invités figurant sur le programme officiel ont confirmé leur participation à 100%. «Nous avons retardé l’impression du catalogue du Sila, justement pour éviter d’annoncer des noms d’écrivains dont la confirmation à la participation n’a pas été acquise», nous a affirmé Abdellah Benadouda qui confirme qu’il a été paré à toutes les insuffisances techniques relevées lors de la précédente édition. (L’Expression-28.10.2010.)
**la Suisse invité d’honneur du Salon
Le choix de la Suisse comme invité d’honneur du Salon n’est pas fortuit. C’est un geste de gratitude que rend ainsi l’Algérie à ce pays d’Europe qui avait fait le même honneur à l’Algérie. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a entamé sa visite par le stand de la Suisse. C’est dire l’importance accordée par les officiels à la participation suisse, laquelle permettra aux visiteurs de découvrir une Suisse dans toute sa richesse et sa diversité, à travers sa production éditoriale de langue française. Sur un stand de 200 mètres carrés, original et conçu spécialement pour cette manifestation, vingt éditeurs présenteront leur vaste sélection de livres avec plus de 800 titres, indique Abdellah Benadouda, responsable de la communication du Sila. Tous les domaines sont représentés: le roman, l’essai, les manuels, les études, les livres de poche. De la littérature aux sciences exactes, en passant par l’histoire, la politique, la sociologie, les sciences humaines, la religion, les arts, le tourisme, la vie pratique, l’économie, l’architecture, les mathématiques, la physique, la chimie, etc. Les organisateurs précisent que les éditeurs suisses présents au Salon sont: L’âge d’Homme, L’Aire, Antipodes, Bernard Campiche, Eclectica, En Bas, Favre, Infolio, JPM Publications, Labor et Fides, Markus Haller, Noir sur Blanc, Olizane, Fondation Patino, Presses polytechniques et universitaires Romandes, Saint-Augustin et Xenia et Zoé. Aussi, une importante délégation d’écrivains et d’éditeurs s’est déplacée à Alger afin d’assurer plusieurs animations, comme les tables rondes, les conférences-débats et les ventes-dédicaces.
Les écrivains suisses présents à Alger sont: Christian Lecomte, Catherine Lovey, Janine Massard, Jean-Michel Olivier, René Schwork, Jacques Sesiano, Jean François Sonnay, Ernest Weibel et Jean Ziegler.
Dans le cadre de la participation suisse, les visiteurs auront droit à une exposition photographique qui pose un regard inhabituel sur 25 chercheurs et scientifiques de nationalités différentes travaillant en Suisse. L’astrophysique, la géologie, la médecine, la robotique mais aussi l’histoire de l’art et la philosophie, à travers les portraits du photographe Andri Pol.
L’exposition est accompagnée d’un film présentant les 25 personnalités du monde de la science suisse qui sera projeté régulièrement au stand. (L’Expression-28.10.2010.)
**Azouz Begag. Homme politique, sociologue, scénariste et écrivain, sera au salon du livre d’Alger, stand des éditions Sedia, samedi 30 à 15h pour une dédicace de son dernier livre, Dites-moi bonjour, paru en 2009.
De la liberté, des crispations identitaires, de ses projets politiques : Azouz Begag, ancien ministre français à la Promotion de l’égalité des chances, a confié à El Watan Week-end ses espoirs pour l’Algérie et ses inquiétudes pour la France. Il sera au salon du livre d’Alger, stand des éditions Sedia, samedi 30 à 15h pour une dédicace de son dernier livre, Dites-moi bonjour, paru en 2009.
- Vous voilà au Salon du livre d’Alger… Dans le pays d’où vos parents sont originaires où, à un moment de votre vie, vous auriez aimé revenir, mais où il vous manquerait quelque chose de fondamental à vos yeux, la «liberté individuelle». D’après vous, cette absence de liberté est-elle plutôt le fait de la société ou du politique ?
C’est en fait surtout le concept d’individu auquel je suis attaché. J’aime me revendiquer comme une «personne» à part entière, responsable de son destin. En Algérie, comme dans beaucoup de pays du Sud, c’est la notion d’appartenance à une communauté qui est le socle sociologique. En Algérie, ce qui me manquait, au temps où je désirais m’y établir, c’était ce sentiment de liberté individuelle sur lequel je m’étais construit en France, dans ce pays où les présidents sont souvent élus avec 51% ou 53% des voix, c’est-à-dire avec des majorités relatives… donc des oppositions féroces, ce qui fait l’énergie des démocraties. En France, la possibilité qui est donnée de se mouvoir librement en Europe, mais aussi à travers le monde est un immense privilège, surtout quand on est jeune. Comme toutes les sociétés, la société algérienne est en devenir, les générations se succèdent, la politique évoluera avec elles. La liberté est un combat permanent, quel que soit le pays où l’on habite. J’ai appris, en démissionnant du gouvernement français en 2007, qu’il faut accepter d’en payer le prix.
- Lundi, ce sera le 1er novembre, nouvel anniversaire de la révolution. Et alors que l’Algérie fêtera dans deux ans le cinquantenaire de son indépendance, il est aujourd’hui beaucoup question de cette «identité algérienne». Pourquoi est-elle si complexe à définir ?
Je viens de relire l’histoire de l’émir Abdelkader de Bruno Etienne et l’on voit dans ce livre combien au XIXe siècle l’Algérie des tribus était déjà d’une complexité redoutable, pour les envahisseurs français comme pour l’Emir qui leur résistait et tentait de construire une homogéneïté dans la résistance. Une identité, par nature, est un concept en mouvement, qui évolue dans le temps. Il vaut mieux d’ailleurs parler de processus identitaire plutôt que d’identité. En France, depuis une quinzaine d’années, on voit apparaître dans toutes les manifestations, sportives, mariages, circoncisions… de la communauté algérienne, des drapeaux algériens. Ce drapeau en France soulève bien des polémiques. A croire que les descendants d’immigrés algériens de l’après-guerre se sentent pleinement algérien aujourd’hui, même s’ils ne sont jamais allés dans ce pays. Ils se revendiquent comme tels. C’est la preuve que des identifications sont à l’œuvre des deux côtés de la Méditerranée et qui rendent complexes la question de l’identité nationale. Récemment, avec le président Jacques Chirac, nous parlions de cette mémorable visite à Alger où des voix criaient «des visas, des visas» au chef de l’Etat français. Il est intéressant de noter que pendant qu’à Alger, les jeunes Algériens disaient leur désir de France, en France, les jeunes d’origine algérienne appellent une Algérie qu’ils mythifient.
- Vous avez écrit, après la qualification des Verts pour la Coupe du monde, que la victoire contre l’Egypte avait cassé un mythe : celui de la communauté arabo-musulmane. Dans ce contexte particulier, quel nouveau constat le sociologue que vous êtes fait-il sur l’expression de cette identité ?
Quand il est question de se qualifier pour la Coupe du monde en Afrique du Sud, en effet, il n’est plus question de «frères» arabes ou musulmans : c’est chacun pour soi et Dieu pour tous. La violence dans le football se joue des communautés fraternelles. Le monde du sport montre bien comment s’opèrent les identifications et comment elles construisent à un moment donné les identités. En juin dernier, l’Algérie, à travers son équipe nationale, avait un énorme besoin de reconnaissance et de prouver au monde entier qu’elle pouvait se remettre de dix années de plomb, qu’elle était encore debout sur la scène mondiale. La fierté algérienne, ce n’est pas rien ! On m’en fait souvent le reproche quand mon sang sétifien monte en pression. Elle est un élément constitutif de l’histoire de la formation de la nation. L’Emir Abdelkader l’a bien montré, trahi si souvent par les responsables militaires et politiques français, alors qu’il donnait sa parole sacrée en échange de sa reddition.
- Parmi les raisons avancées par les immigrés qui choisissent de revenir en Algérie après leurs études ou après une expérience professionnelle, le «racisme ordinaire» est une de celles qui revient le plus souvent. Avez-vous l’impression que les discriminations en France (ou en Europe) soient aujourd’hui plus importantes que dans les années 1980 ?
Sans aucun doute ! Toutes les études montrent que les Arabes et en particulier les Algériens subissent de plein fouet les discriminations à l’embauche. En France, la guerre d’Algérie a laissé des traces indélébiles. Le racisme anti-arabe et surtout l’islamophobie font des bonds considérables ces derniers mois. Regardez ce qui se passe dans la région de Strasbourg avec la construction de la grande mosquée prévue en 2011. Une véritable guerre identitaire est engagée. Je suis très inquiet pour l’avenir des relations intercommunautaires en France. Il y a une espèce de guerre ouverte entre «le halal et le cochon», que l’on retrouve dans l’apparition des restaurants QUICK halal, qui est porteuse de grande inquiétude. De plus, l’année 2009, qui était celle des élections régionales en France, importantes pour le pouvoir en place, a vu un déferlement de dérapages islamophobes de la part des responsables politiques, Brice Hortefeux en tête, condamné pour injures raciales et toujours en poste. Ce qui a vraiment de quoi inquiéter. Incontestablement, le Front National sera le grand gagnant de la présidentielle de 2012. Le pays est au seuil de graves conflits intercommunautaires, j’en ai l’intime conviction. Et l’année 2011, pré-électorale, sera critique en provocations.
- Malgré l’échec des régionales, on imagine que vous n’avez pas abandonné vos ambitions politiques… Toujours au centre ? Dans quoi se projette l’ancien ministre pour la Promotion à l’égalité des chances ?
Je travaille avec Dominique de Villepin dans le cadre de son parti République Solidaire, mais j’ai aussi beaucoup d’amitié pour François Bayrou du Modem. Les deux hommes incarnent une France dans laquelle je me retrouve. Le centre va être très courtisé dans les mois à venir, notamment par le président Sarkozy qui s’apprête à offrir Matignon au ministre Jean-Louis Borloo. Quant aux régionales, c’était la première fois dans l’histoire de France qu’un Français d’origine algérienne soit tête de liste pour un parti. J’ai ouvert une porte pour marquer l’avenir. Elle ne se refermera plus. C’est une victoire, non pas une défaite.
- Avez-vous des projets d’écriture ?
Tout ce dont je vous parle ici fait l’objet d’un livre que j’ai écrit, La France identitaire, pour lequel je cherche un éditeur. Pour la première fois en vingt-cinq ans de publication, j’éprouve des difficultés à publier pareil ouvrage sur la montée de l’islamophobie en France. Je ne sais pas pourquoi. Il paraît que c’est la crise…
*Bio express :
Azouz Begag, 53 ans, est né à Lyon, dans une famille d’immigrés algériens arrivée en France en 1949. Ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances de 2005 à 2007 sous le gouvernement De Villepin, il s’est ensuite engagé dans plusieurs batailles électorales aux côtés de François Bayrou. Aussi chercheur en économie et sociologie, chargé de recherches du Centre national pour la recherche scientifique à l’université de Paris IV, il a écrit une trentaine de livres, la plupart sur les problématiques liées à l’identité, l’immigration et les phénomènes urbains. Il est régulièrement invité dans les plus grandes universités américaines en qualité de visiting professor. (El Watan-29.10.2010.)
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*460 éditeurs, un chapiteau plus important que celui de l’année dernière. Tout le monde était présent à l’ouverture officielle sauf l’Égypte.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé, hier, à l’inauguration de la 15e édition du Salon international du livre d’Alger, en présence de tout le gouvernement. Avec plus de dix minutes d’avance sur l’horaire prévu (11h), M. Bouteflika n’a pas visité tous les stands des éditeurs participants. Il a marqué, entouré de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et du commissaire du Sila, Smaïn Améziane, juste cinq haltes au niveau de l’espace dédié aux éditeurs et auteurs africains, Esprit Panaf, du stand de l’hôte d’honneur de l’Algérie, à savoir la Suisse, celui de l’Anep, de Casbah Éditions et enfin celui d’El-Maktaba Echrqia du Liban. Prenant juste le temps de voir ce qu’on lui présentait, le premier magistrat du pays a fait remarquer que “le marché algérien du livre s’est développé par rapport aux années précédentes”. Et d’ajouter : “On œuvrera à son développement encore.” C’est sur ces propos que le président de la République a quitté précipitamment les lieux, montrant son étonnement de voir la visite déjà terminée : une visite éclair, expéditive.
De son côté, la ministre de la Culture, qui dans un premier temps n’a pas voulu faire de déclarations à la presse, et après “une course-poursuite”, a fini par déclarer que cette 15e édition du Salon international du livre d’Alger, comparé à l’année dernière, connaît quelques améliorations et changements. “Par rapport à l’an dernier, l’espace est plus grand, le nombre des maisons d’éditions est plus important, 30% de plus. Les maisons d’éditions qui sont venues en 2009 ont demandé, cette année, plus d’espace, au moins 30% de plus”, a-t-elle déclaré, tout en précisant que la participation des éditeurs algériens et étrangers a connu une hausse sensible. Et de préciser : “Évidemment, un événement est toujours plus perfectible et on l’améliore ensemble, c’est-à-dire avec les professionnels, les auteurs, les utilisateurs donc les consommateurs de livres, les lecteurs (…).” Par ailleurs, elle a aussi abordé le problème de la lecture et de la promotion du livre en Algérie. Elle a indiqué que dans la solution du problème, “il n’y pas que le gouvernement ou le ministère de la Culture à impliquer”. Selon elle, d’autres ministères et institutions doivent s’impliquer davantage afin de promouvoir le livre dans notre pays.
Pour rappel, le livre en Algérie a bénéficié de la création d’un Centre national du livre, dont la principale tâche est de le valoriser. Il y aussi la loi de finances 2010 qui facilite la tâche en exonérant de taxe l’importation du papier servant à l’édition de livres.
Défection égyptienne !
Aucune trace de stand ou de représentant égyptien sous le chapiteau du Sila. Ni l’Union des éditeurs arabes, ni la bibliothèque d’Alexandrie. Pour cette dernière, Rachid Hadj-Naceur — directeur du livre et de la lecture publique, qui a rédigé l’éditorial du catalogue du Sila, alors qu’habituellement, c’est la ministre de la Culture qui le fait —, “la Bibliothèque d’Alexandrie s’est excusée pour sa non-venue. Ses responsables nous ont écrit pour nous présenter leurs plates excuses, car ils ont reçu un prix important à Echariqa ; je crois celui des éditeurs arabes”. Une excuse très fragile, puisque cette même bibliothèque, qui a reçu une invitation de la part de notre ministère de la Culture, aurait pu dépêcher un représentant si son ou ses responsables sont retenus pour une quelconque affaire. Concernant la proposition du commissaire du Sila d’un stand à l’Union des éditeurs arabes, notre interlocuteur déclare : “Il était prévu qu’il y ait un stand qui regrouperait les éditeurs arabes, mais comme ils sont là, cela n’était pas nécessaire.”
L’on se rappelle bien toute la polémique qui a vu le jour, l’été dernier, suite aux déclarations du commissaire du Sila sur la non-participation de l’Égypte à ce 15e Salon international du livre d’Alger. Une décision qui a soulevé un tollé de protestations de la part des éditeurs égyptiens, à travers l’Union des éditeurs arabes, qui a menacé de boycotter le Salon d’Alger si l’Égypte n’y participait pas. Si la raison du commissaire sur la non-participation égyptienne était due aux incidents qui ont eu lieu lors du match de qualification pour la Coupe du monde (Algérie-Égypte), hier, dans une émission de la radio Chaîne III, il a avancé un autre prétexte. Celui de la réciprocité. Selon lui, l’Algérie n’a pas été conviée au Salon du Caire en 2009. Une contradiction.
À ce sujet, quelques éditeurs nationaux se sont prononcés en affirmant que “cette décision nous dépasse !”. Pour l’un d’eux qui a requis l’anonymat : “Mis à part deux ou trois maisons d’édition égyptiennes valables, le reste ce n’est pas une grosse perte !” Et à un autre de renchérir : “C’est dommage que la culture subisse la politique. La source de tous ces conflits, le football, qui a repris son cours. Mais maintenant, c’est la culture qui en fait les frais.”
Par ailleurs, quelques stands étaient vides, dans l’attente de la réception des livres. Avec 30 pays participant, un chapiteau de
20 000 m2, des commodités, le Sila s’annonce bien. Ce qui manque c’est juste un peu de chaleur et d’âme ! (Liberté-27.10.2010.)
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*Salon international du livre.2009 -Alger
*Le Salon du livre, malgré des perturbations de toutes sortes, a tenu ses promesses…..
Le Salon du livre, malgré des perturbations de toutes sortes, a tenu ses promesses: on peut remercier les organisateurs d’avoir tenu tête et d’avoir concrétisé cette belle utopie. Il s’est tenu: le rituel est sauf. L’Algérie, à l’instar des autres capitales, a son Salon du livre comme elle a son Salon de l’automobile, comme elle aura, si Dieu veut et si les promesses sont tenues, son métro, un vrai métro.
Pour ce qui est du contenu et de l’intensité de cet apport aux Algériens, c’est une autre histoire. J’ai constaté une absence de flammes. Il me semble que les éditeurs ont assuré le minimum syndical sans état d’âme. J’ai vu des gens déambuler et des stands vides; bref ce n’est pas la grande foule, notamment chez les éditeurs à production majoritairement francophone. J’ai vu beaucoup de jeunes s’intéresser aux fascicules pour enfants, mais généralement sans acheter d’ouvrages. Par contre, les stands qui font dans le «Livre religieux» ne désemplissaient pas! Faut-il s’en réjouir ou s’en affliger. Cet engouement apparent pour le sacré sera t-il durablement structurel ou est-il un phénomène passager? Il existe comme une frontière invisible entre le sacré et le profane, entre le livre en langue arabe et le livre en français. La frontière n’est pas entre ceux qui lisent et les autres, elle est entre deux idéologies, deux modes de vie. A tort ou à raison c’est selon, les livres en français rappellent pour les arabisants la colonisation de la France, l’ennemi et, par voie de conséquence, l’adversaire de l’intérieur représenté par les francophones.
Un clivage entretenu
Force est de constater que près de cinquante ans après l’Indépendance, le clivage est savamment entretenu pour le plus grand malheur de la nation algérienne qui se cherche encore. Il n’est que de voir comment chaque camp mobilise -sans le dire- ses troupes constituées d’un côté par les francophones qui ont choisi -et on les comprend de le faire- de vivre en France mais d’exister en Algérie à travers justement cette doxa qui veut que tout ce qui vient de l’extérieur est meilleur que ce qui existe ici. Du côté des arabophones, c’est la même chose: on s’accroche à une métropole moyen-orientale dont on se sent plus proche que de ses propres concitoyens. L’Algérie de 2009 ne s’est pas encore réconciliée avec elle-même et le thème de l’identité nationale exploité pour des manoeuvres électoralistes en France, devrait chez nous, être une préoccupation de nos dirigeants…
On continue encore à les encenser outre mesure au détriment de ceux qui, à demeure, entretiennent fébrilement la flamme du savoir mais n’ont pas les relais médiatiques pour exister. C’est un fait, la réputation d’un auteur en Algérie n’est pas dans l’absolu, indexé sur son apport, sa singularité, bref son génie, mais en grande partie sur ses relais. Le fait de vivre en France, par exemple, confère à son auteur une aura réelle ou supposée qui brouille la valeur intrinsèque de l’individu. On en vient alors à publier en Algérie – c’est pas cher mais à vivre en France. Quant au fil des Salons on fait l’apologie des mêmes sans qu’il n’y ait réellement du nouveau, il y a danger de sclérose et surtout de découragement.
La désaffection pour la lecture est due en grande partie à l’inaccessibilité du livre du fait de son prix. En fait, il n’y a pas, au sens où nous l’entendons, de politique du livre. Il est vrai qu’un Algérien est plus d’accord pour acheter une carte téléphonique que pour acheter un livre. Nous devons cela naturellement à l’éducation, ceci est un autre débat. Pour en revenir au Livre, il n’y a pas d’après nous cette soif de lecture qui fait qu’on lit partout. L’Irak, un pays cultivé et qui a été démoli, est un exemple pour le monde arabe. On dit que les «Livres sont conçus en Egypte, édités au Liban et lus en Irak».
Dans notre pays, il n’y a pas une volonté réelle de faire bouger les choses. Il n’y a pas de politiques d’encouragement des éditeurs et des auteurs, au contraire, n’importe quel livre -surtout dans le domaine scientifique- promis au pilon dans le pays d’origine, est vendu en Algérie avec le label «Made in…». Pendant ce temps-là, les éditeurs galèrent pour créer de leur propre main un Livre avec le maquis des taxes lourdes dont sont dispensés, curieusement, les importateurs. Comment voulons-nous encourager la production intellectuelle si on ne donne pas les moyens aux éditeurs qui produisent in situ? Nous produisons environ 1000 titres par an. C’est dérisoire! Dans les pays culturellement développés, ce sont des dizaines de milliers de titres produits à des dizaines de milliers d’exemplaires. Ici l’édition ne dépasse rarement pas les 2000 à 3000 exemplaires. Imaginons pour fixer les idées que les 800 milliards dépensés pour le Festival panafricain l’aient été pour booster le livre. Nous avons plus de 1500 communes. L’Etat peut décider à fond perdu de doter chaque commune d’une grande bibliothèque en lui attribuant 10 exemplaires de chaque ouvrage édité. Imaginez le poumon que cela sera pour l’édition algérienne! La politique de diffusion de la connaissance est naturellement aussi du ressort des communes qui se doivent d’avoir un plan d’épanouissement culturel multiforme. Avec l’argent du Panaf, nous augmenterons la capacité culturelle du pays de dizaines de millions d’ouvrages chaque année, on parlera alors de société cultivée. Il faut naturellement que l’école fasse aimer le livre à l’enfant. La responsabilité de l’Education est totale.
Dany Boone, interrogé un jour sur la lecture, affirmait que personne ne l’avait informé qu’il fallait aller à la ligne quand la ligne était terminée, il s’étonnait alors de ne pas comprendre le sens du texte puisqu’il lisait sur la page suivante à la même ligne…Plus sérieusement, on peut définir la lecture comme l’activité de déchiffrement et de compréhension d’une information écrite. C’est aussi et surtout une porte d’accès privilégiée à la culture. La meilleure façon de partager le bonheur de lire dit-on, est de faire la lecture aux élèves, non comme une récompense mais comme un rituel. Un livre renferme, une fois lu, trois histoires: l’histoire de l’auteur, celle du prescripteur, et celle du lecteur. Ces trois histoires peuvent se ressembler, jamais se confondre. La lecture nous permet de nous évader, nous autorise le «partout» et le «toujours» alors que notre existence est soumise au «ici» et au «maintenant». Les enfants sont capables de lire des choses difficiles qu’ils ne comprennent pas immédiatement. Si on les prive de cet effort-là, en leur donnant seulement des choses faciles, très «sucrées», on les coupe de ce matériau qui travaille sur la longue distance. La littérature ouvre à l’infini cette possibilité d’interaction avec les autres et nous enrichit donc infiniment.
Qu’est-ce que la lecture?
Pour Milan Kundera, le roman n’examine pas la réalité mais l’existence. Et l’existence n’est pas ce qui s’est passé, l’existence est le champ des possibilités humaines. Au fond, s’interroge Jorge Luis Borges: qu’est-ce qu’un livre si nous ne l’ouvrons pas? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d’étrange, je crois qu’il change à chaque fois. Mieux encore, pour Hubert Nyssen, il y a une musique à entendre en lisant. (1) Pour [...] on a beau le saisir par les yeux, un texte reste lettre morte «si on ne l’entend pas». Lire, c’est d’abord [...] donner – ou plutôt restituer – au texte sa dimension musicale. [...] toute littérature est traduction. Et traduction à son tour, la lecture que l’on en fait…D’où cet autre sentiment selon lequel on n’en aura jamais fini avec les textes que l’on aime, car ils rebondissent d’interprétation en interprétation…(2)
«Rappelez-vous tout simplement, écrit Paul Valéry, comme les Lettres s’introduisent dans notre Vie. Dans l’âge le plus tendre, à peine cesse-t-on de nous chanter la chanson qui fait le nouveau-né sourire et s’endormir, l’ère des contes s’ouvre. L’enfant les boit comme il buvait son lait. Il exige la suite et la répétition des merveille; il est un public impitoyable et excellent. Dieu sait que d’heures j’ai perdues pour abreuver de magiciens, de monstres, de pirates et de fées, des petits qui criaient: Encore! à leur père épuisé!… Mais enfin, le temps vient que l’on sait lire, – événement capital -, le troisième événement capital de notre vie. Le premier fut d’apprendre à voir; le second, d’apprendre à marcher; le troisième est celui-ci, la lecture, et nous voici en possession du trésor de l’esprit universel.»(3)
«Bientôt nous sommes captifs de la lecture, enchaînés par la facilité qu’elle nous offre de connaître, d’épouser sans effort quantité de destins extraordinaires, d’éprouver des sensations puissantes par l’esprit, de courir des aventures prodigieuses et sans conséquence, d’agir sans agir, de former enfin des pensées plus belles et plus profondes que les nôtres et qui ne nous coûtent presque rien; – et, en somme, d’ajouter une infinité d’émotions, d’expériences fictives, de remarques qui ne sont pas de nous, à ce que nous sommes et à ce que nous pouvons être…»(3)
«De même que, sous le sommeil, il arrive, dit-on, que nous croyons vivre toute une existence, cependant que l’horloge ne compte que quelques secondes, – ainsi, par l’artifice de la lecture, il se peut qu’une heure nous fasse épuiser toute une vie; ou bien, par l’opération mystérieuse d’un poème, quelques instants qui eussent été sans lui des instants sans valeur, tout insignifiants, se changent en une durée merveilleusement mesurée et ornée, qui devient un joyau de notre âme; et parfois, une sorte de formule magique, un talisman -, que conserve en soi notre coeur, et qu’il représente à notre pensée dans les moments d’émotion ou d’enchantement où elle ne se trouve pas d’expression assez pure ou assez puissante de ce qui l’élève ou l’emporte.»(3)
Ce beau texte me rappelle une obligation que nous avions à «l’Ecole», c’est de lire un livre par mois que nous devions résumer et lire à nos camarades dans la séance de lecture. Il est vrai que nos instituteurs avaient le goût des livres. J’ai le souvenir d’un maître qui nous lisait des histoires aussi incompréhensibles que merveilleuses, nous tenait en haleine et c’était pour lui un moyen radical de ramener le calme dans la classe. Nous étions tellement transportés par l’imagination, que nous prenions part dans le récit. Le lecteur idéal ne reconstruit pas une histoire; il la recrée. Le lecteur idéal ne suit pas une histoire: il y participe. Pr Chems Eddine CHITOUR (*)–(L’Expression-05.11.09.)
(*) Ecole nationale polytechnique
(*) Ecole d´ingénieurs Toulouse
1.Jorge Luis Borges, Conférences, Ed. Gallimard, Folio Essais, 1985
2. Hubert Nyssen: http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?P=n&au=374
3.Paul Valéry, Discours prononcé à la maison d’éducation de la Légion d’Honneur de Saint-Denis (1932), in Oeuvres, t. 1, Gallimard, Pléiade, p. 1421-1422
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*de véritables marées humaines….Des foules à l’infini, des flots ininterrompus, des familles au grand complet, de l’ouverture jusqu’à la fermeture, en créant une rivière de véhicules comme si toutes les voitures d’Alger et des environs n’avaient plus qu’une seule destination, le 14ème Salon international du livre d’Alger (SILA). Tous les paradoxes algériens se sont effacés, quelques jours, certes provisoirement et pour la seule capitale pour que réellement le livre soit le roi pour tous ceux qui sont allés lui faire allégeance, en faire provision, quitte à se serrer la ceinture après avoir satisfait les jeunes, les enfants et les lecteurs.
Réputés incultes, et ils peuvent l’être, n’aimant pas la lecture, parait-il, préférant les violences ou les subissant, cela arrive, recherchant à la loupe «le train qui n’arrive pas à l’heure», c’est un sport national, des dizaines et des dizaines de milliers de citoyens sont passés à autre chose durant quelques jours. Le livre a imposé une pause à une foultitude de dérives où il y a à l’évidence des parts de vérité et de ras-le-bol. Et au complexe sportif Mohamed Boudiaf, c’était la fête.
Les salons du livre ont pour vocation essentielle et première d’exposer, de faire acheter des livres dans tous les genres, de tous horizons, pour tous les publics, selon l’âge, les goûts et les besoins de chaque «cochon payeur». C’est ce dernier, en fin de course, qui fait vivre une filière complexe où cohabitent le bizness, le talent, le papier, le management, la publicité qui justifient la nécessité vitale pour une société d’avoir des femmes et des hommes qui écrivent. Ils donnent du rêve, des émotions, des histoires, de l’histoire, des analyses, des courbes et des statistiques… Et c’est pour cela qu’ils doivent être aimés, protégés envers et contre tout. Régulièrement, depuis 1962, ceux qui écrivent ont vécu la censure, tellement détestable, la prison ou l’exil.
D’autres sont morts, presque clandestinement, juste avant qu’il ne leur soit demandé de s’excuser d’avoir trempé leur plume au sein de leur histoire, de leur peuple. Pour certains, on a été cracher sur leur tombe. Et toutes ces choses qui font partie de l’Algérie, il faut sans cesse les redire pour mieux les éradiquer. Si des cas avérés de censure en Algérie existent, en les dénonçant, il faut aussi reconnaître qu’ils ne sont pas nombreux, ce qui n’excuse en rien les censeurs, et que des dizaines de talents éclatent chaque année, impertinents, irrespectueux et jouissifs. Et c’est tant mieux !
Au 14ème SILA, les stands ont fait des affaires et le plein de recettes, du jamais vu.
Les éditeurs, quelles que soient leur taille et leur réputation ont été littéralement submergés par de véritables marées humaines.
Et à ce niveau, celui d’une manifestation et d’un marché culturel populaires, l’objectif majeur et le succès espèré ont été atteints. Il suffisait de tendre la caméra, le micro ou le stylo en direction de milliers d’anonymes pour s’en rendre compte.
Bien entendu, comme pour toutes les aventures humaines, il y a eu certains dysfonctionnements, certains réglages en cours de route, des désagréments pour les exposants qui l’ont fait savoir aux organisateurs et aux journalistes. Ces derniers l’ont rapporté à leurs lecteurs, parce que c’est leur travail, en leur âme et conscience.
Et il n’y a rien d’anormal, pourvu que l’éthique soit aux commandes et que les milliers de Lambda venus au SILA soient audibles et visibles. Des organisateurs, n’importe où, les visiteurs et les médias recherchent la perfection «contractualisée» comme dirait un intello, parce que cette recherche est une pulsion humaine, salutaire, un ouvrage sur lequel il faut revenir sans répit.
Au 14ème SILA, les médias lourds avaient de la matière pour constituer un consistant «frigo» pour des émissions, pour alimenter les J.T. et les J.P. en interviews d’écrivains, d’éditeurs et de «grands visiteurs». Il y avait, pour consolider avec intelligence le reflux du terrorisme qui frappe encore, les images de ces milliers d’enfants, de femmes, d’hommes, jeunes et âgés qui, de la manière la plus pacifique, ont posé des problèmes aux organisateurs, à la circulation, à la police, simplement parce que leur nombre était impressionnant. Et en plus, des heures d’archives pour chaque SILA, ce sont des briques pour bâtir la mémoire culturelle du pays.
Pour un modeste participant, il est à espérer que ces images, mémoire de demain ont été faites. Et parmi elles, un étonnant morceau : la présentation de l’oeuvre et du dernier roman à paraître de R. Boudjedra par la ministre de la Culture. Pour l’égratigner régulièrement, il est permis de témoigner de sa boulimie de lectures et de son talent pour dire le livre. Six ou huit de ce calibre dans le gouvernement et l’Algérie aura une fabuleuse industrie du livre.(Quotidien d’Oran-05.11.09.) par Abdou B.
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*Affluence remarquée du public
Le livre restera toujours ce produit culturel tant convoité, quelles que soient les appréciations portées sur son prix, en témoigne la bonne affluence que connaît la 14e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila), ouvert depuis mercredi dernier au grand public.
Un «rush» encore «plus important» a été enregistré par le public ce week-end, attiré notamment par les réductions des prix, habituellement proposées dans ce genre de rendez-vous culturel, considéré comme «incontournable» pour les amateurs du livre.
Des réductions allant de 10 à 50% sur les prix des livres sont proposées à l’occasion de cette édition du Sila, selon des exposants.
En dépit de ces remises, des visiteurs se sont plaints estimant «toujours trop cher» pour les bourses algériennes.
«Je suis venue pour acheter un dictionnaire Robert, mais à la vue du prix affiché, soit près de 6000 DA, je me suis vite rétractée», a confié Amel, étudiante en 2e année d’interprétariat. «N’ayant plus le choix, je vais me contenter du dictionnaire de poche, cédé à 600 DA», a-t-elle ajouté avec regret. Lui emboîtant le pas, Nassim, ingénieur en informatique, qui affirme ne rater aucun rendez-vous du Sila, estime lui aussi, les prix des ouvrages «quasiment inaccessibles» pour la plupart des Algériens. «C’est vrai que lorsqu’on compare les prix des différents livres avec le pouvoir d’achat du citoyen, on constate qu’ils sont excessivement chers», a-t-il estimé. «Mais, les prix proposés, lors du Salon, sont de loin plus bas par rapport à ceux affichés dans les librairies au long de l’année», a-t-il lancé en s’apprêtant à passer à la caisse pour payer deux livres en informatique qu’il a achetés et pour lesquels il a déboursé plus de 4000 dinars.
De leur côté, et même s’ils estiment eux aussi que les livres sont «plutôt chers», des responsables de maisons d’édition s’accordent, néanmoins, à affirmer que les prix proposés à l’occasion de ce Salon «restent une aubaine» pour les amateurs du livre, tous genres confondus. M.Mohamed Boilattabi, de la maison d’édition Edif 2000, qui représente aussi les maisons d’édition Gallimard et le Robert, a souligné, qu’en en plus de la vente des ouvrages en hors taxe, son entreprise propose des réductions allant jusqu’à 15% sur le prix réel du livre.
Interrogé sur l’intérêt que porte le public au Salon, au troisième jour de cette manifestation, il a tenu à relever la bonne affluence constatée et l’intérêt manifeste des amoureux du livre pour les publications exposées.
A la maison d’édition Alpha, un responsable affirme que les remises sur les ouvrages peuvent atteindre jusqu’à 50%. «Malgré ces réductions, les prix des livres restent chers par rapport au pouvoir d’achat du citoyen algérien», a-t-il cependant relevé. «Le papier à lui seul représente 80% du prix du livre», a-t-il expliqué appelant les pouvoirs publics à réduire, à un niveau symbolique, la taxe du papier destiné au livre pour faire baisser les prix et encourager le plaisir de la lecture chez les citoyens. Par ailleurs, plusieurs exposants n’ont trouvé aucun inconvénient à la délocalisation de la 14e édition du Sila, de la Safex au complexe olympique Mohamed-Boudiaf, même s’ils se plaignent, toutefois, de l’humidité qui y prévaut et qui, ont-ils dit, «peut altérer l’état des livres exposés». La 14e édition du Sila, qui abritera quelque 120.000 titres, s’étalera jusqu’au 6 novembre et verra la participation de 343 éditeurs représentant 25 pays.
Parallèlement aux livres exposés, des conférences et des communications portant sur des sujets littéraires et politiques liés à l’Algérie, au Maghreb, au monde arabe et à l’Afrique, seront également organisées.(L’Expression-02.11.09.)
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*La problématique de la critique littéraire et celle de sa spécificité ont été posées au cours d’une table ronde organisée samedi soir dans le cadre du 14e Salon international du livre d’Alger (Sila), qui se tient du 27 octobre au 6 novembre. «Y a-t-il une critique littéraire maghrébine?», s’est interrogé, dans son intervention, le professeur Abdelkader Bouzida, de l’université d’Alger, estimant que «cette critique existe», mais qu’elle a «une certaine spécificité par rapport à la critique littéraire du Proche-Orient».
«Cette spécificité se remarque dans la réalité de la production littéraire en arabe, en français et en tamazight», a-t-il expliqué, ajoutant que «cette spécificité n’est pas nouvelle mais qu’elle nous vient de l’histoire».
«D’une manière générale, le Maghreb s’est développé indépendamment du reste de l’empire musulman, jusqu’à un certain point», a indiqué le conférencier, soulignant qu’«une certaine spécificité caractérise depuis longtemps la culture, au sens général, produite dans cette région».
Le professeur Abdeljalil El Azadi du Maroc, a posé, quant à lui, la problématique de «l’adaptation des courants critiques littéraires occidentaux à la réalité littéraire et culturelle du monde arabe».
Il a déploré que les critiques du monde arabe reprennent les méthodes d’analyse de la littérature mises au point en Occident telles quelles. «Cela ne permet pas de faire ressortir les spécificités littéraires des pays maghrébins», a-t-il dit.
«On a l’impression que ces discours critiques parlent d’une réalité autre que la nôtre», a relevé Abdeljalil El Azadi, ajoutant qu’«une bonne partie de ces critiques donne l’impression de ne pas connaître les soubassements philosophiques et épistémologiques de ces courants critiques occidentaux».
Le Dr Ahmed Menour, de l’université d’Alger, a estimé, pour sa part, qu’il n’y a pas de frontière dans le domaine des connaissances humaines et que les critiques du Maghreb «doivent tirer profit» des courants critiques et des méthodes d’analyse moderne à l’ère de la mondialisation. «Toute la question est de savoir comment mettre à profit ces acquis de la pensée humaine pour étudier la réalité de notre littérature», a-t-il estimé.(L’Expression-02.11.09.)
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La prochaine édition du Salon international du livre se tiendra du 27 octobre au 3 novembre 2009 au Stade du 5-Juillet, nous a appris son commissaire Smaïl Ameziane, directeur aussi des éditions Casbah. Le 14e Sila accueillera 328 participants dont 43 maisons d’édition en provenance du Liban, 55 d’Egypte, 34 de Syrie, 11 de Jordanie, 8 de l’Arabie saoudite, 2 de Tunisie et des Pays Bas, de Oman, 1 de la Grande Bretagne, de Belgique, de Suisse, du Koweït, Abu Dhabi, Charjah et Maroc et 22 de France, en plus de 21 stands gratuits. L’Algérie prend part à la 14e édition du Sila avec 120 maisons d’édition sur une superficie de 3378 m². Le nombre de participants attendu est de l’ordre de 469 dont 274 participants étrangers avec 11 pays différents qui se départageront un espace de 8500 m² de surface du salon. Parmi les invités prestigieux du Sila on peut citer, le polémique avocat Jaques Verges, le directeur de l’Institut du Monde arabe, Dominique Baudis, le célèbre physicien, Jean Bricmont, l’historien d’art français et traducteur en arabe, André Michel. Parmi les écrivains arabes on peut citer le fameux palestinien Hassen Balaoui, le journaliste Alain Gresh, spécialiste du conflit au Moyen-Orient, le Tunisien Monsef Ghashem etc. Les écrivains algériens ne sont pas en reste puisqu’il est attendu Anouar Benmalek avec son récent et puissant livre Le Rapt qui fera sans doute du bruit, Mohamed Kacimy, Rachid Boudjedra, Waciny Laâredj et bien d’autres. La liste des invités sera close cette semaine. (L’Expression-26.09.09.)
*****Quel avenir pour le prochain SILA ?
La nouvelle a surpris les acteurs de la manifestation internationale du livre. Le Salon International du Livre d’Alger SILA aura lieu cette année durant la période habituelle; du 27 octobre au 6 novembre, sauf qu’il déménage de la Safex pour s’installer au stade du 5Juillet. Cette décision a suscité la désapprobation, voire la colère des éditeurs algériens et entraînera un éventuel boycott des éditeurs étrangers, d’après leurs représentants en Algérie. Cette affaire risque d’hypothéquer cette année la réussite du SILA.
Le commissaire de la 14ième édition du salon international du livre, Smail Ameziane, a révélé à Echorouk le déménagement officiel de l’évènement de la Safex vers le stade du 5 Juillet, décision prise par la ministre de la culture. Après les démarches administratives concernant les participants et les partenaires, réglées à la fin du mois d’Août, les préparatifs se poursuivent frénétiquement. Au sujet du lieu, à sa capacité d’accueil des amoureux du livre et en prévision d’un afflux redoublé, notre interlocuteur a assuré que le salon ne se tiendra pas à la coupole, mais sur le stade même du 5 juillet dont la surface est estimée à 14 mille mètres carrés. Selon Ameziane, elle suffirait à accueillir 170 maisons d’édition nationales et internationales. Le site est doté d’un parking, sa situation est idéale pour les étudiants des universités de Bouzaréah et Ben-Aknoun et les moyens de transport ne manquent pas. Sur les motifs du changement de l’espace auquel les algériens sont habitués et qui est devenu leur pôle culturel annuel, Ameziane déclare qu’ils sont nombreux, mais que le plus important demeure le piétinement des pourparlers engagés avec le directeur commercial. «En ce qui concerne nos invités, a-t-il ajouté, nous leur assurerons toutes les facilités d’hébergement et de transport et tout ce qui peut contribuer au succès de la manifestation». (Echorouk-26.09.09.)
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