La Libye.Quel avenir? 2
**les Libyens continuent toujours de mourir …un an après l’assassinat de Gueddafi
113 morts et 241 blessées dans des combats fratricides
Un an après le début du soulèvement contre l’ex-leader Mouamar El Gueddafi, les Libyens continuent toujours de mourir dans des combats fratricides entre tribus rivales.
. Hier, c’étaient plus de 100 personnes qui ont été tuées et des dizaines blessées dans des combats opposant depuis une dizaine de jours des tribus du sud-est de la Libye. Depuis le début des combats, 113 personnes ont été tuées et 241 blessées, a indiqué le chef de la tribu des Toubous, Issa Abdelmajid, tandis que la tribu des Zouwaya a fait état de 20 morts et 40 blessés parmi ses membres. Ces affrontements, qui ont éclaté entre les deux tribus, avaient commencé le 12 février dans la ville de Koufra au sud-est de la Libye, frontalier du Tchad, du Soudan et de l’Egypte. Certains évoquent des plans d’extermination de tribus appelant la communauté internationale à intervenir pour arrêter les combats. Le porte-parole du Conseil local de Koufra, Younes Zwei, de la tribu des Zouwaya, a indiqué que la ville combattait des Tchadiens et des Soudanais, dont plusieurs d’entre eux ont été tués ou arrêtés.
Et si ce n’était là qu’un nouveau pas franchi par la Libye sur la voie de la guerre civile? La menace n’est pas nouvelle. Au début de l’année, le président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, avait déjà indiqué que son pays risque de sombrer dans la guerre civile si les milices révolutionnaires qui ont contribué à la chute d’El Gueddafi ne rentrent pas dans le rang. Des affrontements armés entre une milice de Tripoli et des combattants originaires de la ville de Misrata ont fait quatre morts et au moins cinq blessés.
A l’époque, la tension était telle dans la capitale que plusieurs quartiers ont été fermés à la circulation.
Mais cette fois-ci, les combats dépassent le cadre d’une simple rivalité entre milices qui cherchent à imposer leur pouvoir.
C’est tout le pays qui peine à trouver une unité nationale. C’est un climat explosif à quelques mois des élections qui sont prévues. Le pouvoir échappe presque entièrement aux autorités officielles. Plusieurs milices se sont installées dans des bâtiments officiels ou encore dans des résidences et fermes appartenant à des responsables de l’ancien régime. D’autres tiennent des barrages dans des points stratégiques de Tripoli et d’autres villes.
Ces milices disposent d’importants stocks d’armes légères et lourdes. Devant cette situation, le CNT s’est retrouvé face à un dilemme. Dès janvier dernier, Abdeljalil a déclaré qu’il avait le choix entre une réponse sans faiblesse à des événements qui entraînent les Libyens dans une confrontation militaire, une sécession et la guerre civile. L’insécurité fait planer des doutes sur la possibilité de l’instauration de la démocratie, car dans ce climat de guerre sans fin, il ne peut y avoir d’élections. C’est un territoire où chacun veut faire sa propre loi. Jusqu’à présent, les combattants refusent de rendre les armes. Hormis les plans qui viseraient certaines tribus en particulier, il ne faut pas sous- estimer le combat pour le pouvoir et les nominations au sein du gouvernement ou dans des postes stratégiques.
Lorsque Mustapha Abdeljalil avait nommé un commandant en chef des forces armées en la personne de Youssef Al-Mankouch, un général originaire de Misrata, la décision a été rejetée par une coalition de brigades d’anciens rebelles, accusant le Conseil national de transition d’avoir ignoré leurs candidats à ce poste.
Les milices rivales continuent de s’affronter après la mort de l’ancien guide. En décembre dernier, ce sont des soldats de l’armée régulière qui avaient dû affronter des miliciens pour reprendre le contrôle de l’aéroport international de Tripoli.
La situation en Libye est aussi source de vulnérabilité pour ses voisins comme l’Algérie et la Tunisie. Des informations ont fait état de la découverte, par les services de sécurité algériens, d’un arsenal de guerre, dont 43 missiles capables d’abattre des avions en plein vol, enterrés dans le sable dans le Sud-Est près de la frontière libyenne, à In Aménas. L’Algérie a exprimé à plusieurs reprises, tout comme la Tunisie, la crainte que des armes de Libye ne finissent entre les mains d’Al Qaîda au Maghreb islamique présent dans cette région du Sahel. Les chefs de la diplomatie des pays du Maghreb se sont réunis samedi à Rabat pour évoquer la coopération contre le terrorisme.L’Algérie va accueillir, dans les prochaines semaines, les ministres des Affaires étrangères du Maghreb pour définir leurs objectifs pour la stabilité de la région, et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. (L’Expression-22.02.2012.)
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*Les pro-El Gueddafi s’emparent de Bani Walid et promettent l’enfer au CNT
Le CNT aux abois
L’ex-Jamahiriya y est presque. En plus du fait que les milices rebelles se livrent, depuis des semaines, une guerre sans merci pour assurer à leurs tribus respectives une place au soleil dans la Libye post-El Gueddafi, les partisans de l’ancien régime viennent de passer à l’action dans l’optique de reconquérir le terrain perdu.
Alors que personne ne donnait cher de leur peau il y a peu de temps encore, les pro-Gueddafi ont surpris tout le monde, hier, en menant une offensive meurtrière contre des positions des Thouar de la brigades du 28 Mai, à l’issue de laquelle ils ont repris le contrôle de Bani Walid, une localité située à 170 km au sud-ouest de Tripoli et connue pour être un ancien bastion de Mouammar El Gueddafi. «Les partisans d’El Gueddafi contrôlent toute la ville de Bani Walid. Cinq Thouar, dont le commandant de la brigade attaquée par les pro-Gueddafi, ont été tués dans l’assaut et une trentaine ont été blessés», a affirmé à la presse par téléphone M’Barek Al Fotmani, qui se trouvait dans une base d’anciens rebelles encerclée par les pro-Gueddafi.
Armés de mitrailleuses lourdes et de RPG, les partisans du défunt colonel El Gueddafi ont attaqué, en plein jour, la brigade du 28 Mai. Après leur offensive, ils ont planté sur la plupart des édifices de la ville l’étendard vert de l’ancien régime. Cette attaque fait suite à l’arrestation, la veille, par les éléments du bataillon du 28 Mai de Mohammed Ghaith Chlibta, un membre de la tribu Telmene qui se trouve être un sympathisant des anciennes forces loyalistes. C’est ce qui, selon certaines sources, aurait mis le feu aux poudres et précipité l’assaut contre Beni Walid, surtout que les forces du CNT ont refusé de libérer le prisonnier à l’issue de l’ultimatum qui leur avait été fixé.
Dérapages incontrôlés
Parallèlement à cette opération-éclair, la «résistance» libyenne structurée au sein de Front pour la libération de la Libye (FLL) révèle, dans un communiqué posté hier sur internet, qu’elle a enlevé il y a deux jours, à la sortie de la base militaire de Maetika, le colonel Ahmed Zawi qui fait partie du commandement de l’armée du CNT. Dans le même communiqué, les pro-Gueddafi ont appelé les Libyens à se soulever contre le CNT non sans avoir au préalable promis de «revenir bientôt mettre les rats dehors».
Face à cette attaque-surprise, le CNT est resté groggy et a même paru dépassé. Un de ses membres a indiqué, sans plus de détails, que les autorités «discutent de la question de Bani Walid». L’on a évoqué même l’envoi de troupes sur place. Mais à Bani Walid, ces renforts se faisaient toujours attendre hier.
Devant l’évolution de la situation, le porte-parole du conseil local, Mahmoud El Werfelli, a dit à la presse craindre «un massacre». «Nous avons demandé l’intervention de l’armée mais le ministère de la Défense et le Conseil national de transition nous ont trahis, ils nous ont laissés entre le marteau et l’enclume. Cela fait deux mois que nous leur demandons de trouver une solution.»
Ces violences interviennent au moment où le CNT fait face à la plus grave crise depuis sa création. Outre son incapacité à faire régner l’ordre, la composante du CNT ne fait plus l’unanimité au sein de la population qui réclame son départ. Particulièrement honni par la population qui voit en lui un «opportuniste», son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a dû démissionner en direct à la télévision en début de semaine.
En revanche, le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a exclu toute idée de jeter l’éponge et a mis en garde contre «une guerre civile». Comme il fallait s’y attendre, la démission de Ghoga n’a pas contribué à calmer la rue qui accuse le CNT de faire cavalier seul et, surtout, de baliser à son profit le jeu politique libyen.
Devant le poids de la menace qui pèse sur ses membres, le CNT a d’ailleurs dû se résoudre à se réunir en secret, avant de reporter l’adoption de la loi électorale qui régira l’élection d’une Assemblée constituante en juin.
Bref, il suffit d’une étincelle pour voir la Libye s’embraser de nouveau. Le risque est d’autant plus grand que les armes y prolifèrent, que les différends politiques y sont légion et que les conditions sociales des Libyens vont chaque jour de mal en pis. Dans cette équation libyenne à plusieurs inconnues, il serait intéressant de savoir ce que pèsent réellement les pro-Gueddafi car, apparemment, ils semblent bien décidés à jouer aux trouble-fête.
A préciser que la Cour pénale internationale a démenti, hier, avoir pris une décision sur la tenue d’un procès de Seïf El Islam El Gueddafi en Libye devant un tribunal libyen, contrairement à ce qu’avait annoncé le ministre libyen de la Justice. (El Watan-24.01.2012.)
*******La Libye au bord de la guerre civile
*ça va mal en Libye:
Le siège du CNT à Benghazi sacagé par des manifestants
**Bani Walid tomde aux mains de pro-Kadhafi …5 morts dans l’assaut
Des partisans lourdement armés du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi ont pris lundi le contrôle de la ville symbolique de Bani Walid, tuant cinq ex-rebelles, au moment où les nouvelles autorités font face à la crise politique la plus grave depuis leur prise du pouvoir.
Des fidèles au défunt colonel Kadhafi, armés de mitraillettes et de RPG, ont attaqué en plein jour la base de « la brigade du 28-Mai, la plus importante à Bani Walid et la seule qui dépende du ministère de la Défense », a affirmé à l’AFP un responsable local sur place, M’Barek al-Fotmani.
Ils ont ensuite « pris le contrôle de toute la ville », à 170 km au sud-ouest de Tripoli, après l’attaque contre la base, encerclée par des pro-Kadhafi brandissant les drapeaux verts de l’ex-régime, selon lui. Cinq ex-rebelles, dont le commandant de la brigade, y ont péri et une trentaine ont été blessés.
Il s’agit des violences les plus graves à Bani Walid depuis la « libération » en octobre 2011 de la Libye après huit mois d’un conflit meurtrier. La ville n’était tombée que quelques jours avant la mort dans la ville de Syrte de l’ancien dirigeant, capturé par les révolutionnaires ou thowars.
« Les assaillants crient ‘Allah, Mouammar, la Libye et c’est tout’! La veille, ils avaient distribué des tracts disant: ‘Nous reviendrons bientôt, nous allons mettre les rats dehors’ », a affirmé M. al-Fotmani.
« J’appelle les thowars de Libye à sauver d’urgence les thowars de Bani Walid. Leurs munitions sont bientôt terminées », a-t-il dit.
D’après lui, les blessés n’ont pas pu être évacués car les ambulances n’ont pas été en mesure de les approcher, « des snipers étant positionnés sur l’école et la mosquée » situées à proximité.
Selon un membre du Conseil national de transition (CNT), au pouvoir en Libye, les autorités « discutent de la question de Bani Walid ».
Des forces de l’armée sont en route pour la ville, a indiqué une source militaire.
Le porte-parole du conseil local de Bani Walid, Mahmoud el-Werfelli, a dit à l’AFP craindre « un massacre ». « Nous avons demandé l’intervention de l’armée mais le ministère de la Défense et le Conseil national de transition nous ont trahis, ils nous ont laissés entre le marteau et l’enclume. Cela fait deux mois que nous leur demandons de trouver une solution ».
Ces violences interviennent au moment où le CNT fait face à la crise politique la plus grave depuis son arrivée au pouvoir. Dimanche, son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a dû démissionner sous la pression de la rue.
Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a exclu une démission du Conseil en mettant en garde contre « une guerre civile ».
Le CNT a dû se résoudre à se réunir en secret et à reporter l’adoption de la loi électorale qui régira l’élection d’une assemblée constituante en juin après le saccage samedi de son siège à Benghazi, le berceau de la révolution dans l’est du pays.
Les armes prolifèrent en Libye depuis la fin du conflit, et des incidents banals se transforment régulièrement en affrontements armés. Au moins une personne a ainsi été tuée dans la nuit de dimanche à lundi dans des heurts à Tripoli ..Par ailleurs, la Cour pénale internationale a démenti avoir pris une décision sur la tenue d’un procès de Seif al-Islam Kadhafi en Libye devant un tribunal libyen, contrairement à ce qu’avait annoncé le ministre libyen de la Justice. Fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam a été arrêté le 19 novembre 2011 (AFP-23.01.2012)
**affrontements à Tripoli : un mort et 5 blessés
Les protestataires étaient armés de pierres et de barres de fer
Le siège du Conseil national de transition libyen (CNT) à Benghazi, capitale de la Cyrénaïque dans l’est de la Libye , a été occupée et saccagé samedi (21.01.2012.) par des manifestants en colère qui assiégeaient le bâtiment depuis plusieurs heures , a constaté un journaliste de Reuters présent sur place. «Les manifestants ont pris d’assaut le siège et ont saccagé ses bureaux». Les habitants de Benghazi manifestent depuis des semaines pour réclamer la révocation de responsables du régime déchu et plus de transparence dans la manière dont le CNT gère les ressources de la Libye. Selon des témoins, une brigade d’ex-rebelles a sécurisé un passage pour permettre au président du CNT Moustapha Abdeljalil et à d’autres membres du Conseil de quitter le bâtiment. Les protestataires, armés de pierres et de barres de fer, ont investi les lieux et ils ont par la suite saccagé les locaux, selon la même source. Auparavant, des manifestants avaient jeté plusieurs grenades artisanales sur le siège du CNT sans faire de victimes, ont indiqué des témoins à l’AFP. Le chef du CNT est sorti pour tenter de les calmer mais des manifestants l’ont conspué et lui ont jeté des bouteilles en plastique, selon des témoins. Ces incidents interviennent à la veille de l’annonce de la loi électorale élaborée par le CNT en prévision de l’élection en juin d’une assemblée constituante et de la composition de la commission électorale. (AFPet reuters-21.01.2012.)
affrontements à Tripoli ….Au moins une personne a été tuée et cinq blessées dans la nuit de dimanche à lundi dans des affrontements à Tripoli entre un ex-prisonnier et d’anciens rebelles, ont indiqué une source hospitalière et des témoins.
« Un homme a été tué et cinq autres ont été blessés, dont l’un se trouve dans le coma », a déclaré à l’AFP un responsable de l’hôpital central de Tripoli.
Excédés par les agissements d’un ex-détenu condamné dans une affaire de meurtre et libéré au début de l’insurrection , les thowars (ex-rebelles) du quartier de Fachloum ont tenté de l’arrêter mais se sont heurtés à une résistance farouche, selon des témoins.
L’ex-prisonnier et son frère se sont réfugiés dans leur maison et ont tiré avec différents types d’armes, dont des roquettes RPG, des armes automatiques et des grenades, selon des habitants du quartier.
Les deux hommes ainsi qu’un ex-rebelle auraient été tués, selon les témoins.
« Les thowars ont repris le contrôle au bout de deux heures de combats. Ils ont même refusé l’aide de l’armée parce qu’ils ont préféré s’en occuper eux-mêmes », a affirmé à l’AFP le beau-frère de l’un des blessés, atteint par une roquette et opéré dans la matinée.
Des violences ont régulièrement lieu entre groupes armés depuis la fin du conflit qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi. En raison de la prolifération des armes, des incidents banals peuvent prendre de grandes proportions. (AFP-23.01.2012.)
**le vice-président du CNT Abdelhafidh Ghoga démissionne
Le vice-président du Conseil national de transition (CNT), Abdelhafidh Ghoga, a annoncé dimanche sur la chaîne qatarie Al-Jazira qu’il démissionnait « dans l’intérêt de la nation », après des appels à son départ.
« J’ai choisi de démissionner (…) dans l’intérêt de la nation », a déclaré M. Ghoga à la chaîne par téléphone.
Des membres du CNT contactés par l’AFP ont indiqué ne pas être au courant de la démission de M. Ghoga, précisant toutefois que ce dernier n’avait pas participé aux réunions du CNT samedi et dimanche.
M. Ghoga a expliqué qu’il n’y avait plus le même consensus autour du CNT et qu’il ne voulait pas que le conflit autour de sa personne ait un « impact négatif » sur le Conseil.
« Nous ne savons pas vraiment ce qui se passe », a-t-il dit, en faisant état d’ »attaques contre les personnes (…), de campagnes contre certains » membres du CNT.
M. Ghoga, qui est aussi le porte-parole du CNT, est régulièrement accusé par des manifestants qui réclament sa démission d’être un « opportuniste » … (AFP-22.01.2012.)
**rumeurs alarmistes sur les risques de guerre civile
Libye…envoyé spécial d’El Watan
La ville de Tripoli dégage une étrange impression pour le voyageur qui y débarque pour la première fois. Les scènes de vie quotidienne bien ordinaire contrastent fortement avec les rumeurs alarmistes sur les risques de guerre civile que font peser sur le pays les rapports de force au sein du CNT et les dissensions entre milices tribales et régionales.
De maydane El Djazaïr à maydane Qatar
Dans tous les quartiers de Tripoli, la vie a repris ses droits depuis quelques temps déjà. Les écoles et les commerces ont rouvert leurs portes et il y a bien longtemps que les Tripolitains ont demandé aux Thouar de vider les lieux. En l’absence d’une autorité digne de ce nom, quelques souks de fruits et légumes anarchiques ont déjà fait leur apparition au bord de certaines routes. La ville est aussi sale qu’Alger mais partout, sur tous les murs, explosion de couleurs et floraison de slogans, de tags et de caricatures. C’est le premier journal libre du pays. Les Libyens s’en donnent à cœur joie, même si El Gueddafi et sa famille restent encore la principale cible des nouveaux francs-tireurs de la liberté d’expression. Un slogan revient assez souvent pour attirer notre attention : «Arfaâ rassek, anta Libi horr !» (Relève la tête Libyen, tu es un homme libre). Nous avons cherché à comprendre le pourquoi de ce cri du cœur. Et voici l’explication que nous donnent nos accompagnateurs ; c’est une réponse à cet autre slogan : «Habat rassek ya Libi bach n’choufou wach rahoum idirou redjala» (Libyens baissez la tête qu’on puisse voir ce que font les hommes). Ce sarcasme cruel, lancé par les Tunisiens au lendemain de l’éclatement de la révolution égyptienne, résonne encore dans les oreilles de beaucoup de Libyens. Il résonne encore dans les oreilles de Youcef, 47 ans, militant de la cause amazighe, qui nous le rapporte : «Cela nous faisait très mal de l’entendre.» Alors que les Egyptiens venaient de hisser le drapeau de révolte et que les Tunisiens s’étaient libérés du joug de leur despote, les Libyens donnaient encore l’image d’un peuple castré et résigné à son sort.
Peuple blessé
Ces railleries d’un peuple frère et les insultes du lunatique Gueddafi, traitant les Libyens de «rats» lorsque les premiers troubles ont éclaté à Benghazi, ont fini par réveiller l’orgueil d’un peuple blessé qui ne tardera pas à verser son sang à gros bouillons pour libérer son pays.
Jeudi 19 janvier, dans un grand hôtel au cœur de Tripoli. Mohamed Youcef El Megrief, opposant historique, donne sa première conférence de presse depuis sa rentrée au pays après un exil de plus de trente années. Ancien ministre et ambassadeur, il rejoint l’opposition en 1980 avant de s’installer à l’étranger où il fera l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat de la part des barbouzes de l’ex-«guide». Aujourd’hui, il lance un nouveau mouvement du nom de Conférence nationale de Tripoli.
La grande salle de réception de l’hôtel Al Wuddan est pleine à craquer. Il y a là un aréopage de personnalités et de ministres du gouvernement provisoire venus souhaiter la bienvenue à El Megrief. Il y a également des représentants de tribus et de régions qui défilent devant le micro pour se prêter à ce qui s’apparente à un véritable jeu d’allégeance. C’est une image vivante de la recomposition du paysage politique libyen, fait d’alliances tribales et politiques, qui se déroule sous nos yeux.
C’est le libéral Mahmoud Djibril que notre voisin de table, Izem El Ghawi, journaliste de profession, voit en véritable outsider pour les prochaines élections : «C’est le seul qui possède aussi bien les compétences que le charisme indispensables pour fédérer les forces libyennes.»
Pour cet observateur averti de la scène politique locale, les Frères musulmans ne peuvent, pour le moment, constituer une force politique étant donné que le peuple libyen est très conservateur. Ils ne peuvent donc jouer la carte de la dissolution des mœurs. Quant aux salafistes, ils se sont discrédités en ratant le tournant de la révolution. Lorsque les Libyens ont commencé à prendre les armes, ces intégristes fidèles à leurs principes prônaient l’obéissance au gouvernant (taât wali el amr) pour éviter la «fitna» préjudiciable à la «oumma». Reste à trouver un équilibre des forces entre les anciennes provinces libyennes (la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan), intégrer les nouvelles donnes constituées par l’émergence du fait amazigh et des islamistes avec leurs différentes tendances.
Tout le monde est armé !
Le CNT et son aile exécutive restent aussi fragiles que minés par des dissensions internes. Personne ne peut se prévaloir de la force des armes car tout le monde est armé en Libye. Petit exemple du degré d’armement libyen : Samir, la trentaine, a fait la révolution. C’est un Amazigh de Djebel Nefoussa, chargé de nous mener d’un point A à un point B. Il possède à lui seul 2 PA, 8 kalachnikovs et une mitrailleuse 14,5 mm appelée couramment «larabaâtache ounoss». Il nous raconte la présente anecdote qui illustre on ne peut mieux les dissensions qui minent le fragile équilibre des pouvoirs au niveau des nouvelles autorités libyennes. Après avoir appris que le ministre des Blessés a octroyé deux avions aux gens de Misrata pour aller se faire soigner à l’étranger, les révolutionnaires de Djado sont descendus en force au siège du CNT. Ils ont sorti le ministre de la réunion à laquelle il assistait et l’ont mené littéralement en le tirant par l’oreille jusqu’à son bureau où il a signé pour Djado des dérogations qui autorisent les mêmes privilèges que ceux octroyés à Misrata.
Depuis la fin de la révolution, des charters de blessés sont envoyés en Turquie ou dans les pays du Golfe où ils sont soignés tous frais payés. Ce repos du guerrier s’accompagne d’un solide pécule pour permettre à ceux qui ont pris les armes de panser les plaies de la guerre et les bleus de leur âme. Aussi insignifiant soit-il, il donne lieu à des jalousies entre régions, tribus et groupes armés ainsi qu’à des dissensions internes au sein du CNT.
Un CNT sous influence
Discussion à bâtons rompus avec un ex-membre du CNT, dans un appartement d’une cité tripolitaine. Le CNT a toujours souffert d’un déficit de crédibilité et de représentativité. Du temps de la révolution, certaines régions présentes au CNT ou à son bureau exécutif restaient loyales à El Gueddafi alors que d’autres étaient représentées par des Frères musulmans. Aux premiers mois de la révolution, les premiers différends entre l’est et l’ouest du pays apparaissaient au grand jour, tandis que des puissances étrangères traitaient directement avec des responsables de certaines régions sans en référer au CNT. Des cargaisons d’armes atterrissaient à Benghazi puis prenaient le chemin de fermes privées avant d’être distribuées à certains groupes de façon occulte. «Quand on demandait des armes au premier responsable du CNT, il nous renvoyait vers X ou Y pour traiter la question», se rappelle cet ancien membre du CNT. «Certaines de ces personnes nous disaient ‘si tu te ranges sous ma bannière, je te donne toutes les armes que tu désires’», ajoute-t-il. Certaines régions comme Misrata ou Djebel El Gharbi, qui avaient un urgent besoin en armes, étaient contraintes de les acheter sur fonds privés.
En fournissant l’argent, les armes, les munitions tout en disposant d’un outil de guerre surpuissant appelé Al Jazeera, les Qataris tiraient toutes les ficelles en coulisses. «Les scènes filmées où le drapeau amazigh apparaissait de façon trop voyante étaient expurgées des programmes d’Al Jazeera», dit encore l’ex-membre du CNT.
Alors que nous étions dans cet appartement, une information tombe au téléphone : des membres actifs du Congrès amazigh libyen sont conviés à une prise de contact et à une discussion informelle, à Alger, par l’intermédiaire d’un diplomate algérien. Alger chercherait-elle à connaître jusqu’où sont prêts à aller les Amazighs libyens dans leur revendication de la question amazighe ? Il est vrai que leur entêtement à revendiquer un statut de langue officielle pour tamazight va considérablement gêner Alger aux entournures.
Cela risque de pousser les Kabyles, endormis par de faux acquis, à élever désormais le niveau de leur revendication.
Une autre information se confirme : l’islamiste Belhadj recrute pour le front syrien. Il a sollicité des combattants des régions berbères. Réponse des intéressés : pas question d’envoyer nos enfants se faire tuer en Syrie.
Il y a quelques jours, les nouvelles autorités libyennes ont annoncé le retrait des billets de 50 dinars. Des indiscrétions recueillies auprès de nos hôtes nous ont appris que de très grosses fuites de capitaux se font tous les jours que Dieu fait.
Fuite de capitaux
Le pays est encore aux mains des régions et des groupes armés. Zenten contrôle l’aéroport de Tripoli et la frontière au dessous de Ghadamès Misrata contrôle le port ; Djado garde la main sur la cité touristique de Regatta que le gouvernement provisoire voudrait bien récupérer pour y loger ses ministres. Les postes frontaliers, à l’ouest, sont contrôlés par les factions amazighes. Dans les milieux avertis, il se murmure que Zenten vend la mitrailleuse de type «larbaâtache ounoss» à un prix oscillant entre 40 et 45 000 dinars libyens. Entre la rébellion touareg et les chefs d’AQMI, les clients ne manquent pas.
Au sortir de Tripoli où les stigmates de la guerre ne sont pas vraiment légion si l’on excepte Bab El Azizia et quelques bastions gueddafistes, c’est un autre monde qui s’offre au visiteur. A l’évidence, en dehors des grands centres urbains, la Libye est un pays en jachère. Son immense richesse n’a servi qu’à la famille Gueddafi et à sa cour. Il n’y a pas de bus, pas de train et même si tout le monde possède une voiture, les routes ne sont pas toujours bonnes. La Libye est un pays vierge, où tout doit être construit ou reconstruit, à commencer par les institutions du futur Etat.
S’il est évident que les Libyens ont relevé la tête depuis que celle d’El Gueddafi est tombée, il leur reste à relever de grands défis : construire un Etat et apprendre à vivre ensemble. (El Watan-24.01.2012.)
*Suite à un crime, les Tunisiens réclament l’expulsion des Libyens
Des centaines de Tunisiens se sont réunis devant le siège de l’hôtel international « Hana » à Tunis, réclamant l’expulsion des ressortissants Libyens du territoire tunisien suite aux troubles survenus récemment auprès des frontières, ainsi que le meurtre d’une jeune fille dont probablement des Libyens sont les auteurs.
Les manifestants rassemblés dans la rue où se situe le ministère de l’Intérieur, ont revendiqué l’expulsion des blessés libyens résidant dans l’hôtel international « Hana » où le crime s’est produit.
Les premières investigations n’ont rien dévoilé sur son identité sauf la nationalité tunisienne de la victime, alors que certains ont déduit que certains Libyens sont impliqués dans le meurtre, en la poussant depuis un balcon de l’hôtel à 12 étages, au motif que l’hôtel ait été réservé seulement pour des Libyens depuis septembre dernier jusqu’au mars par le CNT libyen. D’autres indiquent que les causes de la mort sont inconnues, mais en n’excluant pas l’hypothèse du suicide.
Par ailleurs, les protestataires ont traités les Libyens résidant à l’hôtel de «rats» et d’«arriérés» scandant au même temps « Dieu, Mouammar et la Libye… »
En outre, la zone entourant l’hôtel a été renforcée ce matin par des forces de réaction rapide et de sécurité intérieure, ainsi qu’une tentative d’apaiser les esprits conseillant les Libyens de ne pas sortir en dehors de l’hôtel seulement dans un cas de nécessité afin d’éviter toute autre escarmouche.
Il est à noter qu’un accrochage a été enregistré hier entre l’Armée nationale tunisienne et les rebelles du CNT libyen à la frontière séparant les deux pays. (Echorouk-04.12.2011.)
**C’est le chaos qui règne en Libye
*Situation catastrophique et absence d’institutions crédibles
Le chaos qui règne en Libye, engendré par la difficulté de répondre aux exigences de chaque tribu, communauté ou groupe d’intérêt, a mis les nouveaux dirigeants libyens devant la réalité de la situation, dans laquelle une mentalité s’est enraciné depuis 40 ans dans le comportement des libyens qui sont arrogants et très imbus d’eux-mêmes.
Le défunt colonel octroyait des salaires et des logements à tous- même si la majorité préférait rester dans des tentes- et leur tenait à longueur de temps un discours surréaliste. Parfois il s’en prenait aux dirigeants arabes, d’autres fois aux dirigeants occidentaux. Il déversait ensuite sa colère sur ses voisins comme les deux présidents défunts Djaafar El Noumeiri et Anouar Sadate. Le peuple libyen scandait alors son nom et entonnait l’hymne de « la grande Djamahirya » qui pourrait gouverner le monde et être une alternative aux blocs en place à cette époque, le communisme et le capitalisme. La mascarade a ainsi continué jusqu’à la frappe aérienne américaine qui a ciblé sa maison de Bab El Azizya, puis l’affaire Lockerbie qui a isolé la Libye du monde. Kadhafi s’est alors dirigé vers le sud, vers les vastes espaces africains. La dernière fois que je me suis rendu en Libye c’était en 1997, lorsqu’une délégation parlementaire algérienne avait participé à une conférence de l’union du Maghreb, et j’ai trouvé un pays vivant hors du temps. Les comités révolutionnaires dominaient la société libyenne et avaient une autorité absolue sur elle. En résumé le leader donnait des discours et orientait le peuple et les comités géraient, de manière traditionnelle comme disait le colonel. Le colonel chargeait les tribus de préserver la sécurité. Créer un parti était alors un blasphème, l’alcool était interdit, l’Islam surveillé…. (source: El Khabar-04.12.2011.)
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