un successeur à tout prix-2

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**le peuple attend exemplarité, vertu et respect des valeurs. Ce peuple ne peut concevoir, encore moins tolérer, son Etat national atrophié, personnel, corrompu, défaillant ou absent. 

*Notre Patrie a besoin d’un souffle nouveau, de sang nouveau, d’alternatives courageuses que les anciennes recettes ne peuvent lui procurer. Elles ont montré leurs limites. Elles ont anémié la nation et mené le pays à l’impasse.

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      **Vidéo:

*La cause principale de la décadence:

elfassad essayassy- le pouvoir corrompu

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*Quand la raison est absente, la force règne !

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un militaire sans formation politique,

n’est qu’un criminel en puissance

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*Luttes et tractations à huis clos

*Loin des aspirations du peuple pour une vraie démocratie

**articles similaires- cliquer ici:   un successeur à tout prix-1

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Zoubida Assoul estime que le 4e mandat a bloqué l’Algérie :

   «Le 5e mandat serait une catastrophe pour notre pays»

Zoubida Assoul, ancienne magistrate et actuellement avocate et porte-parole du mouvement Mouwatana, est catégorique : un 5e mandat pour Bouteflika serait une catastrophe pour l’Algérie et même un danger pour notre pays. «Ceux qui veulent un autre mandat pour Bouteflika commettent deux crimes : ils portent atteinte d’abord au Président malade, ensuite il y a la déliquescence à laquelle nous sommes arrivés avec en somme l’absence de débouchés et de perspectives», observe Mme Assoul lors de son passage, hier, au forum de Liberté pour débattre de la présidentielle de 2019 et les moyens dont dispose l’opposition pour peser dans la balance.

Mme Assoul, qui déplore déjà le 4e mandat, qu’elle qualifie d’un mandat à blanc, pour avoir bloqué le pays, demande à l’institution militaire, qui a eu à cautionner ce dernier mandat, d’assainir ce qu’elle a fait et d’assumer ses responsabilités : «Nous ne demandons pas à l’armée d’être partie prenante du scrutin, mais de garantir le processus», précise Zoubida Assoul. Interrogée justement sur l’incursion de l’armée dans le débat politique et notamment les mises en garde du premier responsable de cette institution, la porte-parole de Mouwatane se dit presque choquée par le ton utilisé par Gaïd Salah.

«La violence de la réponse de ce responsable n’est pas rassurante. Nous n’arrivons pas à décoder le message, mais ces déclarations nous rappellent le dernier discours qu’aurait adressé le président Bouteflika aux walis et les attaques contre l’opposition. Nous sommes dans un délire collectif et celui qui a un avis contradictoire est immédiatement ciblé», s’inquiète Zoubida Assoul, déplorant cette façon de faire de l’institution miliaire qui, selon elle, n’a pas à s’exposer à ce genre de déclarations politiques.

Mme Assoul pense qu’il s’agit là de la clochardisation du débat politique, puisque dans les propos de Gaïd Salah il y a beaucoup de dilation et de dénigrement. Et de s’interroger comment peut-on décrier un officier auquel on a donné le grade de général-major ? «Vous êtes en train d’insulter ces généraux gradés qui ont travaillé au sein de l’institution», lance-t-elle à l’adresse de Gaïd Salah.

Pour cette avocate, Gaïd Salah, en l’effacement du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, occupe le devant de la scène, ce qui brûle les cartes et fait que le débat n’est pas serein, mais porteur de préjudices.
Sur un autre dossier qu’elle maîtrise parfaitement, la porte-parole de Mouwatana estime qu’en Algérie, le pouvoir exécutif ne croit pas en l’indépendance de la justice, sinon comment expliquer que des ministres et de hauts responsables de la nation refusent de répondre aux convocations des juges, car se considérant au-dessus de la loi.

Violentes déclarations de l’armée

L’Algérie, dit-elle, a beaucoup régressé. Elle explique que par le passé, les juges avaient la capacité de dire «non», aujourd’hui un juge qui refuse d’appliquer une décision venant d’en haut est muté ou relevé de ses fonctions. «Des scandales ont éclaté en Algérie, de l’affaire Khalifa à celle l’autoroute Est-Ouest, et ce qui est hallucinant, c’est qu’aucun ministre ni responsable n’ont été touchés. Nous avons de bons juges, mais le pouvoir ne veut pas croire en une justice indépendante», regrette l’ancienne magistrate.

Le régime, qui a de tout temps été obnubilé par le pouvoir, a, d’après elle, une grande responsabilité dans la régression de notre pays. «Le pouvoir est supposé être le catalyseur de l’émergence de la société civile et de l’intelligentsia, mais il a tout fait et continue de marginaliser et d’écarter toute voix émergente ou personne dérangeante. L’Algérie est devenue pratiquement le dernier de la classe en termes de gouvernance», se désole Mme Assoul.

L’intervenante affirme faire des propositions de sortie de crise depuis la création de son parti politique en 2012 et le mouvement Mouwatana. «En tant que parti de l’opposition, nous avons une feuille de route alors que le pouvoir n’a ni feuille de route ni vision», note Mme Assoul qui accuse le pouvoir d’empêcher, par tous les moyens, l’opposition d’activer et d’émerger.

Ce n’est pas, selon elle, l’engagement qui manque, mais plutôt le système de gouvernance qui ne permet pas la moindre émergence et empêche l’opposition d’être visible sur le terrain. Mouwatana, précise sa leader, est un mouvement qui s’inscrit au-delà de la présidentielle de 2019, il s’agit d’un projet d’avenir et non d’un projet conjoncturel. «Nous avons un projet, une vision, un rêve collectif qui nous rendra notre dignité d’être Algérien.  Nous n’avons ni l’appui de l’armée ni celui des hommes d’affaires, notre appui reste le citoyen. Nos politiques ont échoué, car le citoyen a été mis à l’écart, alors qu’il doit être au cœur de tous les projets», affirme Mme Assoul.

A la question de savoir si elle se portera candidate à la présidentielle de 2019, Zoubida Assoul ambitionne de le devenir, c’est pour elle un honneur, mais elle sait pertinemment qu’elle n’a aucune chance face notamment, comme elle le précise, à une administration aux ordres, à la corruption et au baltaguia, seulement elle croit en le génie du peuple…*NABILA AMIR - elwatan / lundi 14 janvier 2019

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Ali Ghederi se lance dans la bataille présidentielle :

        «Candidat de la rupture»

Il saute le pas et décide de mener la bataille présidentielle. Le général-major à la retraite Ali Ghederi a officiellement acté sa candidature à l’élection présidentielle du 18 avril prochain. Il est ainsi la première personnalité nationale à s’être engagée juste au lendemain de la convocation du corps électoral qui met un terme au «faux suspense» autour de la tenue du scrutin présidentiel dans ses délais.

Loin d’être une surprise, la candidature de Ali Ghederi est l’aboutissement d’une construction politique qui a pris forme dans une série d’interventions médiatiques, toutes portées sur l’élection présidentielle, l’espoir qu’elle pourrait susciter tout comme le péril qu’elle pourrait provoquer pour le pays.

Et c’est ainsi que le désormais candidat s’est fait une place dans le débat public alors que le contexte politique national est paralysé par l’incertitude doublée d’une inquiétude qui plane sur le pays. Changeant le paradigme, Ali Ghederi prend tout le monde de vitesse en s’adressant, dans un premier temps, directement au chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour l’inviter à passer le relais.

Ensuite, il interpelle le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah lui demandant de ne pas permettre aux «aventuriers de violer d’une manière aussi outrageuse la Constitution». Alors que pesaient de sérieux doutes sur la tenue de l’élection présidentielle dans ses délais en agitant le scénario d’un «report», le général-major Ali Ghederi avait ouvertement demandé, le 25 décembre passé, à Ahmed Gaïd Salah «d’assumer ses responsabilités historiques» en faisant respecter la Constitution.

La démarche est inédite. Jamais un haut gradé de l’armée fraîchement parti à la retraite n’a franchement interpellé de la sorte son ancienne hiérarchie. C’était osé. Son appel a provoqué une levée de boucliers au sommet de l’Etat. Il a également semé le doute dans les rangs, déjà largement gagnés par la méfiance. D’évidence, la sortie de Ali Ghederi a eu l’effet d’une bombe dans un champ politique national aussi hésitant qu’amorphe et qui a eu son effet immédiatement.

Cinq jours après et au lendemain d’un Conseil des ministres, le ministère de la Défense nationale «pilonne» son ancien serviteur en des termes violents. Signe d’une nervosité manifeste au sein du pouvoir. Le communiqué du MDN, qui restera dans les annales, menace carrément Ali Ghederi de poursuites judiciaires.

Et c’est ensuite au tour de l’organe central de l’ANP, la revue El Djeïch, de poursuivre le pilonnage en lui consacrant un éditorial de la même teneur, suivi d’une «salve» tirée par le chef d’état-major en personne à l’occasion d’une tournée dans la 2e Région militaire.

C’est une lourde artillerie qu’ont utilisée le ministère de la Défense et l’état-major de l’armée contre un officier général. Une contre-offensive qui va définitivement et confortablement installer Ali Ghederi dans le paysage politique national. Il est propulsé au centre du débat-polémique.

Ce qui a fait dire au politologue Hasni Abidi que le général-major à la retraite «est désormais un homme politique en devenir». Sa déclaration de candidature annoncée hier vient le sceller assurément. Elle bouscule à gauche comme à droite, sa candidature va sans nul doute brouiller les cartes du régime, mais également chambouler le jeu politique traditionnel.

«la résignation n’est pas une fatalité»

L’homme au long parcours militaire, marqué de distinctions majeures, est aussi bardé de diplômes universitaires. Magistère en relations internationales et docteur d’Etat en sciences politiques, dont le thème traite de sécurité nationale. Une formation universitaire poussée qui complète celle du militaire. Cet ancien major de promo et médaillé d’or de l’Ecole de guerre de Moscou est suffisamment rodé au discours politique. Dans sa déclaration de candidature, il affiche la couleur et esquisse l’esprit de son projet politique.

Saignant. Il dresse un tableau de bord national des plus sombres. «L’Algérie traverse une phase décisive de son histoire. Au désespoir que vit notre peuple, notamment sa jeunesse, s’ajoute la déliquescence de l’Etat et de ses institutions. Le constat est amer : Etat de non-droit, vieillissement de sa composante humaine, injustice sociale, rente érigée en système de gouvernance, népotisme et corruption gangrènent notre société.

L’insécurité qui menace quotidiennement les Algériens est aggravée par le trafic et la consommation de drogues de plus en plus dures», réprimande-t-il sévèrement. La charge est dure mais confirmée quotidiennement par la réalité que vivent le pays et les Algériens.

Il point du doigt la principale raison du grand échec national, lorsqu’il assure que «l’autoritarisme empêche l’émergence d’une réelle démocratie. Le clanisme et la prédation ont érigé le régime politique en oligarchie». Son défi est de vaincre «la résignation» qui plombe le moral de la société. «Face à cette situation qui menace l’existence et la cohésion nationales, la résignation n’est pas une fatalité en soi.

Un sursaut salutaire est possible», ambitionne le candidat. Il se donne comme mot d’ordre à sa candidature : «La rupture sans reniement». Une ligne de démarcation avec la classe politique aux commandes des affaires qui «ne doit pas faire peur», mais qui doit aboutir à l’émergence de la «deuxième République». «La rupture s’impose à nous, si nous voulons aller de l’avant.

La question se pose en termes existentiels pour la nation, pour renouveler le serment avec ceux de Novembre et sauver l’Algérie pour laquelle tant de sacrifices ont été consentis. Cette rupture, je la perçois comme démarche salvatrice (…)», garantit-il.

Puisant dans l’esprit révolutionnaire des «pères fondateurs», mais sans pour autant en faire un marqueur, Ali Ghederi prend le pari de la modernité et de la démocratie. Il affiche clairement son choix pour un projet de société «moderniste, dont le peuple aurait participé à la définition de la philosophie autant qu’à la mise en œuvre».

Il ambitionne de faire «jonction entre le peuple et son élite» indispensable pour la réalisation de son projet. Maintenant qu’il acte sa candidature à la magistrature suprême, il lui reste l’épreuve du terrain dans un champ politique en jachère afin de mobiliser les forces nécessaires pour forcer le destin. * HACEN OUALI - elwatan- dimanche 20 janvier 2019

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*Ali Ghederi – à gauche de la photo puis Hamrouche à droite

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Mokrane Aït Larbi apporte son soutien à la candidature de Ali Ghediri

L’avocat et militant politique Mokrane Aït-Larbi a dévoilé, aujourd’hui dimanche, sa position concernant l’élection présidentielle du 18 avril prochain. Il annonce une « participation active » en faveur du candidat Ali Ghediri. Voici le texte intégral de la déclaration de Me Aït-Larbi :

« M. Ali GHEDIRI, général-major à la retraite, vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 18 avril prochain.

Dans un climat d’angoisse, de tension et d’incertitude sur l’avenir immédiat du pays, cette candidature, à contre-courant des codes du système, ouvre le jeu politique et impose une redistribution des cartes par le recours à la volonté populaire comme unique source de légitimité..

Si les conditions d’un scrutin loyal, transparent et régulier sont, pour l’instant, loin d’être réunies, la conjoncture impose de sortir des luttes d’appareils, des confrontations claniques et des débats entre initiés, pour impliquer le citoyen dans les choix qui engagent son avenir et celui de ses enfants. C’est par la seule voie démocratique et pacifique, que le pays pourra éviter le fait accompli des coups de force autoritaires, et les dérives aventurières qui risquent d’engendrer des conséquences tragiques.

Dans cette situation grosse de risques pour la cohésion nationale et la paix civile, la conscience de tous les citoyens, dans le respect des convictions de chacun, est interpellée pour prendre part au sursaut solidaire qui permettra de restaurer l’espoir autour d’un nouveau contrat social.

Après plusieurs échanges avec M. Ali GHEDIRI sur les grandes lignes de son projet, j’ai décidé d’apporter mon soutien à sa candidature, et de participer activement à sa campagne électorale.

Alger, le 20 janvier 2019.- Mokrane AÏT-LARBI

** elwatan- dimanche 20 janvier 2019

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Les dates-clés de la présidence de Bouteflika, au pouvoir depuis 1999

19 JANVIER 2019 – elwatan
  • Le 15 avril 1999, M. Bouteflika, adoubé par l’armée, est élu à la Présidence (73,79%) en pleine guerre civile. Son élection est contestée par ses six adversaires qui s’étaient retirés la veille du scrutin en affirmant que les «jeux étaient faits». Le 16 septembre, il obtient un «oui» massif au référendum sur l’amnistie des islamistes n’ayant pas commis de crime de sang et de viol et se soumettant à l’autorité de l’Etat.
  • Après sa réélection en 2004, un nouveau référendum, en septembre 2005, permet l’adoption d’une «charte pour la paix et la réconciliation», offrant le «pardon» aux islamistes encore dans le maquis en échange de leur reddition. Le terrorisme islamiste a fait 200 000 morts depuis 1992 (officiel). Près de 15 000 islamistes ont déposé les armes depuis 1999.
  • Le 11 avril 2007, deux attentats quasi simultanés à Alger, dont l’un visant le palais du gouvernement, sont revendiqués par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien. Le 6 septembre, le cortège de Bouteflika est la cible d’un attentat-suicide, et le 11 décembre deux attaques visent le siège du Conseil constitutionnel et deux sièges d’agences de l’ONU, également revendiquées par Aqmi. En janvier 2013, une prise d’otages spectaculaire sur le site gazier d’In Amenas (1300 km au sud-est d’Alger) est menée par un commando islamiste. Elle prend fin après un assaut des forces spéciales : 40 salariés et 29 assaillants tués.
  • Le 9 avril 2009, M. Bouteflika est élu (90,24%) pour un 3e mandat. En 2008, le Parlement avait adopté une révision de la Constitution supprimant la limitation à deux le nombre de mandats présidentiels. En janvier 2011, des émeutes contre le coût de la vie font cinq morts et plus de 800 blessés, dans le sillage de la révolte populaire en Tunisie voisine. Pour contenir le mouvement, M. Bouteflika annonce des réformes, jugées cependant insuffisantes par l’opposition. Le 10 mai 2012 puis en mai 2017, l’alliance soutenant M. Bouteflika, composée du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et du Rassemblement pour la démocratie (RND), conserve la majorité absolue au Parlement.
  • En avril-juillet 2013, après un accident vasculaire cérébral (AVC), Bouteflika est hospitalisé durant 80 jours à Paris, où il avait déjà été hospitalisé en 2005 pour un ulcère hémorragique à l’estomac. L’AVC le laisse affaibli et souffrant d’importantes séquelles. En septembre, il marque pourtant son autorité avec un important remaniement ministériel et réduit l’influence des services secrets. Le 17 avril 2014, il est réélu (81,49%) pour un 4e mandat. Il prête serment en fauteuil roulant et sera de nouveau hospitalisé à plusieurs reprises en Europe.
  • Le 30 janvier 2016, la Présidence s’affirme comme centre du pouvoir avec la dissolution du DRS (Département du renseignement et de la sécurité), considéré comme un «Etat dans l’Etat» et dont le patron, le puissant général Mohamed Mediene, dit «Toufik», avait été limogé en septembre. Le 15 août 2017, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est limogé, trois mois à peine après sa nomination, sur fond de sourdes luttes de clans à la tête de l’Etat. Il est remplacé par Ahmed Ouyahia, jusqu’ici chef de cabinet du chef de l’Etat et déjà chef de gouvernement à trois reprises auparavant. Début novembre 2018, plusieurs journaux ont fait état de la mise en liberté de cinq généraux, en détention préventive depuis mi-octobre dans le cadre d’une enquête sur de présumées malversations. Ces généraux avaient été mis à la retraite durant l’été dans le cadre d’une vague de limogeages dans la haute hiérarchie militaire.
  • Le 28 octobre 2018, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, affirme que le président Bouteflika sera le candidat de ce parti à la présidentielle prévue en avril 2019. Le chef de l’Etat est pressé depuis six mois par son camp de briguer un 5e mandat mais il garde le silence sur ses intentions, suscitant toutes sortes de spéculations. L’élection présidentielle aura lieu le 18 avril 2019, selon la présidence de la République.

*source: elwatan- samedi 19 janvier 2019

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*L’économie nationale n’arrive toujours pas à décoller

          L’échec en chiffres

Les chiffres publiés avant-hier par l’Office national des statistiques sur l’industrie nationale donnent froid dans le dos. A part quelques secteurs, qu’on peut compter sur les doigts d’une seule main, l’agroalimentaire, les mines et les industries chimiques, l’économie nationale n’arrive toujours pas à décoller.

Bien au contraire, si elle ne stagne pas, elle recule. Au grand dam des thuriféraires qui s’égosillent à vanter «les réalisations» des 20 dernières années. Plus que ce démenti formel et sans appel apporté, qui plus est par un organisme public, les données de l’ONS démontrent pour la énième fois que l’avenir de la collectivité nationale dépend quasi totalement des revenus provenant des hydrocarbures.

Une rente aléatoire dont on n’a pas la maîtrise et qui fluctue selon les conjonctures édictées par l’économie mondiale et la géopolitique. Tous les facteurs qui pouvaient nous épargner cette dangereuse dépendance et que maîtrisent toutes les nations développées, ainsi que les nouvelles puissances économiques qui émergent, nous échappent.

Ce sont des facteurs dans lesquels il n’y a pas eu d’investissement : la connaissance, la bonne gouvernance, la liberté et la transparence. Les Algériens, ou précisément ceux qui s’imposent à eux, à la tête du pays, n’ont rien fait pour que l’Algérie ait emprise sur son destin. Si les prix du pétrole resteraient en l’état et les dépenses à leur niveau actuel, on serait une nouvelle fois obligé de recourir à l’endettement extérieur, avec tout ce que cela comporte comme sacrifices sociaux et risque d’instabilité

Le pays a déjà eu à expérimenter les exigences du FMI et de la Banque mondiale. Qu’est-ce qui a fait que nous en soyons là aujourd’hui, nous débattant dans une inextricable crise économique ? En 2017, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’avouait : nous n’avions pas de quoi payer les salaires, car il n’y avait dans les caisses que 50 milliards de dinars. En 2018, ce sont les pensions de retraite que la CNR était incapable de verser.

En un mot : on était au bord de la banqueroute. Alors qu’avons-nous produit, réellement, durant 20 ans ? Rien qui pouvait mettre le pays à l’abri des turbulences que connaît le monde d’aujourd’hui. Contrairement à l’espoir qu’il a suscité à ses débuts, le système mis en place par le chef de l’Etat en exercice n’a été capable en réalité de réformer ni l’économie ni la politique.

Il a enfanté d’une entité opaque, non identifiable, mais ayant le monopole sur le levier financier et économique. Une entité n’obéissant qu’à ses propres règles, confondant entre la prospérité de l’oligarchie au pouvoir et le développement du pays. Aucun expert en économie ne peut aujourd’hui mettre un nom ou un concept sur les politiques économiques poursuivies depuis 1999.

Quel crédit peut avoir aujourd’hui un «pouvoir» qui empêche les investissements, un gouvernement qui prétend lancer pas moins de 7 usines de construction automobile pratiquement avec tous les concessionnaires de véhicules présents en Algérie ?

Quelle confiance peut susciter vis-à-vis des partenaires étrangers un pays qui connaît une incroyable instabilité du dispositif de loi qui encadre l’économie nationale ? Ce n’est pas pour rien que l’Algérie figure parmi les pays où il n’est pas bon entreprendre, où le climat des affaires est l’un des plus mauvais au monde.*SAID RABIA - elwatan / lundi 14 janvier 2019

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**doutes, incertitudes et inquiétudes

*Débat autour de l’élection présidentielle

*Mouloud Hamrouche : la solution à l’impasse du pays dépasse de loin celle d’un homme

Le timing est tout aussi décisif que le texte. Après un long et lourd silence politique, l’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, reprend la parole dans un moment national particulièrement chargé de doutes, cerné d’incertitudes et sur lequel planent des inquiétudes.

A seulement quelques semaines d’une élection présidentielle des plus imprévisibles. A une étape charnière dans l’histoire du pays.

Il est évident que si le chef de file des réformateurs sort de sa «retraite» c’est parce que le péril qui pèse sur l’Algérie est plus que jamais sérieux. C’est sans doute cela qui l’a amené à intervenir pour mieux situer les grandes failles nationales, préciser les priorités stratégiques pour la nation et vite sortir des batailles d’arrière-gardes.

C’est le sens de sa tribune sévèrement lucide qui prend la distance avec le bavardage politique immédiat. «Face à ce qui s’apparente à des débuts d’échec dans l’édification de l’Etat et dans la mise en place des conditions de l’exercice de la gouvernance, le déficit en élites politiques et en de vraies forces d’adhésion, notre pays a besoin plus que jamais de discernement pour faire face aux diverses menaces, peurs, désespoirs et résignations», prévient-il.

Venant d’un Mouloud Hamrouche connu pour sa pondération, l’interpellation est lourde. Elle invite à reconsidérer le champ des priorités, à prendre la mesure de l’urgence nationale, mais surtout elle appelle à des révisions déchirantes. Il recentre ainsi le débat national sur la question de fond. Celle de parachever l’édification de l’Etat, car celui embryonnaire naissant dans la douleur de la Guerre de Libération nationale a été vite escamoté.

«La crise de l’été 1962, qui changera des priorités opérées durant la guerre, a été un tournant dramatique qui causera un retard préjudiciable pour le projet de l’Etat au profit d’un système de pouvoir (…)», assure-t-il dans le diagnostic rigoureux qu’il fait de l’état du pays.

C’est l’origine d’une crise historique dont les effets et méfaits ne cessent de contaminer la nation. La principale raison de l’impasse nationale. C’est la promesse non tenue de la lutte de Libération nationale. Perdues dans les féroces et interminables luttes de pouvoir, les différentes classes dirigeantes, qui ont eu à présider aux destinées du pays, ont lamentablement échoué. Une faillite historique.

Plus d’un demi-siècle après le recouvrement de la souveraineté nationale, la situation de l’Algérie n’est guère rassurante. Les fragilités nationales ne cessent de se renforcer. Les luttes violentes pour le pouvoir affectent dangereusement la bataille pour la construction de l’Etat. Une œuvre existentielle pour le pays indéfiniment ajournée. Le moment n’est-il pas venu justement pour la remettre au cœur des préoccupations nationales ? C’est le moment ou jamais.

Mais force est de constater que pour l’heure cette question est évacuée du débat qui doit structurer l’élection présidentielle, qui est elle-même évacuée. Mouloud Hamrouche évite soigneusement d’en parler également. Est-ce sa manière à lui d’en parler justement ? Fort probablement.

En s’adressant, en filigrane, aux détenteurs de la décision politique, les alerter sur les vrais périls, les rappeler à l’ordre et à leurs devoirs dans un exercice de pédagogie politique, M. Hamrouche apparaît comme l’homme qui transcende.
Il va sans dire que sa sortie sera beaucoup analysée et diversement interprétée. Le système de pouvoir en fin de parcours est en panne de solutions et en crise d’hommes.

L’ancien chef de gouvernement sous Chadli cherche-t-il seulement à ouvrir des pistes de réflexions stratégiques, à aider à distance à trouver des solutions aux multiples crises qui plombent le pays ?

A la lecture de son texte, on conclut que Mouloud Hamrouche n’est candidat à rien. Mais rien n’autorise non plus à affirmer qu’il ferme toutes les portes. Lui dira sans doute la solution à l’impasse du pays dépasse de loin celle d’un homme.

Cependant, le contexte politique plongé dans le brouillard peut dicter d’autres conduites. L’histoire n’est jamais écrite à l’avance, sa part de l’imprévisible est importante.

L’homme reste l’une des rares figures nationales à avoir encore de l’influence politique et morale. Avec sa tribune, ce réformateur revient et avec force dans le débat national au moment même où le pays se cherche et cherche des hommes et des femmes à la hauteur de ses ambitions. Il est attendu. Lui reste-t-il une ultime mission ? - HACEN OUALI - elwatan – dimanche 13 janvier 2019

***De l’État et de la Gouvernance

Aucune réponse ne peut contenir toute la vérité. Aucune démarche n’est exempte de faille.

Beaucoup n’avaient jamais noté et d’autres, de ma génération, avaient simplement oublié que la Proclamation de Novembre 1954 avait posé comme objectif la restauration de l’État national souverain comme finalité du combat libérateur et comme garantie de l’indépendance nationale.

Or, l’État algérien du XVIe siècle, dépourvu de leadership national, faiblement structuré, pauvrement armé et défendu, a été phagocyté puis détruit. Il est vrai que depuis, l’absence de l’État a été cruellement ressentie à la défaite de chaque résistance et à l’échec de chaque révolte contre une colonisation de peuplement ou une perte d’un droit. Cet Etat était quêté pendant toutes les nuits de la soumission.

Un État qui cristalliserait la volonté de tous les Algériens et leur prodiguerait défense, sécurité et dignité. Cet espoir avait rendu une survie miraculeusement possible pour tout un peuple livré à la déchéance et promis à l’errance et l’extinction. Ces implorations de populations meurtries et humiliées ont été convoquées, de nouveau, après les massacres du 8 Mai 1945. Elles seront saisies avec force et détermination par l’esprit incubateur de l’OS (Organisation spéciale du PPA – février 1947).

L’État algérien sera proclamé par la Déclaration de Novembre 1954, «texte constitutif» assumé par les fondateurs/acteurs du FLN/ALN. Cette quête de restauration de l’État national tenue est devenue, à la fois, l’expression d’un nationalisme identitaire algérien et sa finalité. Un nationalisme de refondation de l’identité, de l’Etat national et de la nation.

En clamant d’emblée ce droit à la restauration de l’État national souverain, les fondateurs avaient opté et ambitionné le modèle contemporain de l’État-nation européen (westphalien 1648, Allemagne). Les organes issus de la Soummam, CNRA et CCE (1956), la formation du GPRA (1958), la constitution des bataillons de l’ALN aux frontières par le mixage des unités de différentes wilayas, décidée par le trio Krim- Boussouf-Bentobal ainsi que la création de l’état-major général ont été des décisions et des actions déterminantes dans la poursuite de ce but et le façonnage futur de l’armée nationale et des contours de l’Etat souverain et de sa diplomatie.

Une activité diplomatique prodigue sur les cinq continents et l’établissement de relations avec tant d’Etats et de gouvernements, notamment avec les pays arabes, les pays du bloc communiste et la Chine, confortaient cette démarche révolutionnaire étatique inhabituelle.

Cette exigence a conduit à l’adhésion volontaire et unilatérale aux Conventions de Genève sur la guerre, à la Croix-Rouge et à d’autres organisations internationales et régionales, comme la Ligue arabe au Caire (ligue d’Etats), l’Organisation des pays non-alignés à Bandung et l’Organisation africaine à Monrovia, ainsi qu’à une présence intense aux Nations unies. Cette démarche conférait au combat des Algériens l’objectif de restaurer leur Etat national plus que celui de lutter pour une simple indépendance.

Ces actions menées par les dirigeants algériens de la Révolution avaient soulevé tant de considérations et de soutiens, en Europe, dans le monde arabe et en Amérique, comme en témoignent soutiens et aides qu’apportèrent concrètement de nombreux hommes politiques et penseurs, français, allemands, autrichiens, suédois, suisses, italiens, grecs, espagnols, américains et canadiens à la cause des Algériens. Certains sont devenus chefs d’Etat, chanceliers, Premiers ministres et ministres, notamment J. F. Kennedy, B. Kreisky, Olof Palme, Pierre Elliott Trudeau et Michel Rocard.

Il est utile de rappeler, pour plus de liens, de contextes et d’éclairages, que le modèle d’Etat westphalien du XVIIe siècle – contemporain de l’Etat algérien du XVIe siècle – avait pour objectif d’instituer définitivement et pacifiquement un lien charnel et indéfectible de la triptyque : population, territoire et volonté nationale souveraine. Et in fine, mettre un terme aux conflits et aux violences communautaires cycliques en interne, rompre avec la continuelle composition et recomposition des populations, des territoires et des modifications des frontières au gré des allégeances, des accessions aux trônes ou des guerres de souverains et de princes aux motivations souvent religieuses.

L’État est une souveraineté du pays et un consensus scellé de ses citoyens

En quoi la révolution anglaise (1688–1689) avait-elle réglé la problématique de la corrélation entre l’Etat, la souveraineté, le Pontife et les autres pouvoirs institutionnels, notamment celui de l’Exécutif ? Comment la révolution française (1789-1799), qui avait donné à l’humanité le texte le plus universel sur la liberté et les droits de l’homme, avait-elle manqué la question de la corrélation entre l’Etat et la religion, demeurée en suspens faute d’avoir rapatrié le Primat ?

En quoi la Grande réforme allemande de l’Eglise et de l’Etat du XVIe siècle avait-elle débouché sur un bornage subtil entre un Etat souverain solide, un Exécutif fort et contrôlé, une implication permanente des citoyens ?

Ces trois exemples ne se distinguent pas par la perception du rôle et de la mission de l’Etat, mais par l’organisation des pouvoirs constitutionnels séparés et par de subtiles articulations des champs et des compétences qu’exerce un Exécutif limité par une durée et un mandat libéré par des électeurs.

Certes, l’Exécutif gère un droit d’administration des attributs régaliens de l’Etat ainsi que des droits inaliénables des citoyens en tant que gouvernement national non en tant que gouvernement d’une majorité temporaire. Car, ces attributs ne sont pas sujets à interprétations, à modifications, à réductions ou à négociations, car ils sont hors de son champ et hors de sa compétence.

Néanmoins, il peut prendre des mesures en cas de menace pour préserver l’ordre constitutionnel, protéger le pays et défendre les intérêts nationaux, mais nullement pour exercer ses propres pouvoirs et ses mandats. C’est pour cela que l’Exécutif n’empiète jamais sur les champs de l’Etat, sauf si des événements graves et urgents l’y invitent selon des procédures constitutionnelles. Dans ce cas, l’Exécutif agit au nom de l’Etat par des procédures et des habilitations légales.

Ce modèle d’Etat-nation avait libéré les peuples d’Europe de l’acte d’allégeance à des monarchies divines, «monarques tenant prétendument leurs pouvoirs de Dieu ou gouvernant en son nom». Cette transmutation a permis aux citoyens de faire acte de fidélité à la communauté nationale, à l’Etat national de leur pays, à sa Constitution et non plus à ses dirigeants ou gouvernants.

Cette évolution a autorisé les citoyens à se défaire de leurs gouvernants par la voie des urnes ou de la contestation sans être inquiétés, accusés de trahison, d’intelligence avec l’ennemi ou de perdre leur citoyenneté, leurs droits et surtout leurs droits à la protection et à la sécurité. Mieux encore, cette évolution heureuse a mis l’armée nationale hors obligation d’allégeance aux princes et aux monarques ni aux gouvernants. L’armée ne devait plus sa fidélité qu’au pays, à son devoir envers la nation et à sa mission de défense du pays et de ses intérêts, y compris à l’extérieur.

La souveraineté nationale et l’Etat sont des formes d’expressions et d’organisations les plus achevées et les plus subtiles que l’homme ait inventé, après celles de divins monarques et empereurs. Quant au fait religieux, à cause de sa force émotionnelle, son lien identitaire et social fort, il pénétra la nation et l’Etat.

Mais l’Exécutif n’aura plus autorité sur le fait sacré et le religieux n’aura plus d’emprise sur l’exercice du pouvoir de gouvernement. La société et l’Etat avaient ainsi tissé et renforcé des liens et des attaches identitaires et religieux forts en rapatriant le Primat et en l’immunisant de toute influence ou interférence extérieures.

Le modèle d’Etat se fondera sur un pari et une promesse. Une homogénéisation des populations, des territoires et de la pratique religieuse, voire linguistique qui mettrait fin aux violences entre populations, entre populations et gouvernants. Comme elle préviendrait les agressions externes en les rendant injustifiées et illégitimes, et éviterait des guerres entre nations par une réciproque reconnaissance de la souveraineté absolue aux peuples, à leurs Etats et à leurs territoires par des traités, des conventions, et l’établissement de rapports diplomatiques et consulaires.

Il se dotera ainsi de multitudes de traités et de conventions qui permettent à des nations souveraines, quels que soient leurs tailles, leurs puissances et leurs types de gouvernement, de coexister, de vivre ensemble (entre nations-Etat) et d’avoir des rapports réciproquement fertiles et fructifiants.

Il donnera naissance successivement à deux grandes organisations mondiales : la Société des Nations et l’Organisation des Nations unies. Il nourrira et renforcera des sentiments et des cultures identitaires à fort ancrage. Comme il rendra presque impossible toute fusion farfelue entre deux Etats et empêchera toute désarticulation sociétale.

Car pour s’immuniser, durer et se stabiliser sur le plan interne, il s’est inventé un ordre institutionnel démocratique fort, des contre-pouvoirs puissants – outils qui servent à protéger l’Etat et la société – des processus constitutionnels, politiques et sociaux de compromis et de validation en lieu et place d’un droit divin ou d’un diktat de pouvoirs absolus et irresponsables. Chose que nos aïeuls n’ont pas su faire, malheureusement !

En international, le modèle n’atteindra jamais sa promesse et ne mettra pas un terme à la guerre. Pire, il subira deux grandes guerres mondiales des plus meurtrières et des plus dévastatrices.

Il provoquera également une course effrénée à des invasions et des expansions territoriales colonialistes des plus génocidaires et des plus appauvrissantes des zones et des pays riches en matières premières à piller.

Ainsi, il se jouera de toutes les frontières des plus faibles Etats et pays, dont l’Algérie, au nom d’un libéralisme économique d’accroissement, en combinant un nationalisme résolu et sans faille de dedans et une globalisation sans vergogne de dehors, au motif d’une fallacieuse mission civilisatrice.

Mais ces atroces et féroces guerres n’ont pas eu raison de l’idée de l’Etat national ni anéanti la volonté des peuples dominés de continuer à résister et à survivre. Ces échecs et désastres n’ont pas mis fin non plus aux convoitises et aux prétentions de domination et de destruction de l’autre.

Aucune stratégie de domination ou de destruction n’est explicite

Cette dernière cruelle leçon que le temps enseigne depuis le règne de Rome aux mauvais élèves, pour exaucer convoitises et velléités, des stratégies et des démarches sont, tout le temps, en action pour fragiliser et affaiblir élites et gouvernants d’autres pays pour les maintenir sous influence, sous pression et chantages.

Bloquer les conditions de l’émergence de l’Etat national ou empêcher ses institutions de pouvoirs politiques, sociaux, économiques et culturels de s’établir, de s’affirmer, de se responsabiliser et de se discipliner, procède de ce même axiome. Plus qu’une question de démocratie et de droits de l’homme, il est question d’Etat garant et protecteur du peuple souverain, de son territoire et de ses intérêts.

Car l’Etat et ses institutions obligent à ériger la vertu en emblème et en solution de toute question de gouvernance et de politique dont les corrélats sont l’incarnation identitaire et non des intérêts personnels qui évoquent la tentation de corruption.

Une telle vertu étatique n’avait-elle pas manqué et ces maux n’avaient-ils pas prospéré dans la régence Algérie ? Etat national dirigé par des étrangers à cause d’une pauvreté dans le leadership national et d’un manque d’évolutions positives et subtiles à temps dans les aptitudes et les instruments de la gouvernance algérienne de l’époque.

Cette profondeur historique revendiquée, à juste raison, par les fondateurs de l’OS et du FLN/ALN rappelait en fait un droit du sol, des droits et des acquis légaux en international. La quasi-totalité des tracés de nos frontières date de cette époque, comme en témoignent des traités, des reconnaissances mutuelles et des relations consulaires établis en leur temps avec des puissances de l’époque ou lors d’affrontements maritimes et de batailles navales.

Ces legs et ces fragilités de la gouvernance ont visiblement échappé ou étaient négligés par des gouvernants post-libération nationale. N’était-ce pas ce déficit en leadership national et en bonne gouvernance qui avait autorisé et suscité le recours à l’aide de la Sublime-Porte ?

Des expériences plus immédiates d’un demi-siècle dans notre voisinage, pays arabes et autres pays du Sud, ont démontré que tout régime qui ne s’accommode pas d’un ordre national institutionnel, de contre-pouvoirs et surtout de contrôles ne peut pas résister aux conjonctures et aux tempêtes ni lui, ni son armée, ni son peuple, faute de volonté souveraine exercée en interne et incarnée par l’Etat national et une gouvernance comptable.
état et Gouvernance

Ce sont toutes ces raisons qui font que l’Etat et la gouvernance nationale sont deux notions et deux problématiques distinctes. Pour l’Etat et les hommes d’Etat, il n’y a que des missions et des devoirs, point de pouvoir. Le pouvoir et son exercice relèvent d’un gouvernement soumis à contrôle.

Car l’Etat souverain est toujours dans une logique de constance, de continuité, de préservation, de défense, de protection et de sécurité. L’Etat ne peut s’établir ni fonctionner sur des promesses ou des illusions. Car il ne peut dépendre de scrutins ni compromettre ni transiger ni concéder. L’Etat national, par l’entremise de ses fondés, est le seul à même, du fait des principes qui le fondèrent et des misions qui l’animèrent, de protéger, d’accompagner, de sanctionner, de pardonner et de réhabiliter à travers des pouvoirs institutionnels.

L’Etat national sanctionne le crime d’Etat ou le crime constitutionnel, parce que ce sont des crimes contre l’Etat que ses fondés avaient commis ou n’avaient pas su éviter. L’Etat protège ses serviteurs et ses commis. Et c’est la raison pour laquelle aucun pouvoir et/ou aucune fonction d’autorité d’Etat ne s’exerce dans l’anonymat, sans habilitation, sans autorisation, sans vérification et sans contrôle a priori et a posteriori. C’est aussi, pour que l’Etat ne soit jamais privatisé au profit d’un groupe, un intérêt, une secte ou une influence extérieure.

L’Exécutif, quant à lui, est un pouvoir politique gouvernant, compétent pour engager et mettre en œuvre des politiques et des actions de régulation, des projets d’innovation, de développement, d’ajustement, de changement et de contrôle dans tous les champs d’activités politiques, sociales économiques et culturelles. Mais pour cela, il doit se prévaloir d’un mandat.

Et parce que ses choix, ses décisions et ses non-décisions impactent durablement la société, il doit les soumettre à débat et à approbation pour qu’ils soient toujours compatibles avec les intérêts de la collectivité nationale et qu’il demeure lui-même comptable et responsable constitutionnellement devant l’électorat national de ses faits, de ses méfaits et de ses résultats.

Cette règle permet de fonder et de légitimer le choix d’autres politiques, d’autres visions, d’autres projets, d’autres profils, d’autres équipes et alternatives.

C’est pourquoi, la Constitution est une constitution d’institutions nationales et de pouvoirs séparés qui s’imposent à tout responsable. Car elle transcrit et précise les devoirs, les tâches et les missions que des hommes et des femmes élus ou désignés assument et sur lesquels ils seront interpellés et interrogés de droit.

Toutes ces lacunes et anormalités ainsi que ces prismes déformants empêchent l’État national de transcender, le gouvernement d’agir, la démocratie de s’ancrer et de fonctionner. Ces flous et ces dysfonctionnements ne pouvaient se résorber et se corriger présentement que par des approches graduelles et séquentielles et par la pondération et la lucidité des élites nationales face à de responsables institutions constitutionnelles et de vrais partis de militants.

Face à ce qui s’apparente à des débuts d’échec dans l’édification de l’État et dans la mise en place des conditions de l’exercice de la gouvernance, le déficit en élites politiques et en de vraies forces d’adhésion, notre pays a besoin plus que jamais de discernement pour faire face aux diverses menaces, peurs, désespoirs et résignations.

Des Algériens forgés dans l’OS, mis à l’épreuve du combat par le FLN/ALN étaient capables de s’organiser, de se structurer et de mener une guerre en s’appuyant sur de libres consentements et participations des populations de toutes les régions, enclaves et autres réduits pour réussir. Ils ont vaincu.

La crise de l’été 1962, qui remettra en cause des acquis de cette épopée et changera des priorités opérées durant la guerre, a été un tournant dramatique qui causera un retard préjudiciable pour le projet de l’État au profit d’un système de pouvoir plutôt que de gouvernance. Et quand l’homme du 19 juin a repris ce combat là où il s’était arrêté, le souffle révolutionnaire reprenait ses droits. Beaucoup y avaient cru et s’étaient engagés.

Si la liberté et la sécurité constituent l’âme de l’État national et les fondements de l’indépendance, elles sont des assises légitimant pour tout gouvernement. C’est à l’État national de maintenir vivaces les pré-conditions de la valorisation de l’identité nationale, de la souveraineté, de la liberté et de l’indépendance plus qu’au gouvernement.

L’État veille sur l’exigence de la continuité des pouvoirs régaliens sans s’immiscer dans des décisions et des arbitrages gouvernementaux. Car ces questions se traitent et se règlent par des mécanismes politiques constitutionnels et législatifs.

In fine, c’est aux élites politiques dans des cadres institués et aux électeurs de le faire. Mais l’Etat demeure, dans certaines circonstances graves, l’adjudicateur de tout dysfonctionnement qui mettrait en danger les trois fondements de notre renaissance : la liberté, l’indépendance et la souveraineté. L’Etat ne laissera jamais la confiance nationale citoyenne en ces trois fondements se briser.

La suprématie de la solution nationale en interne demeure de mise. Tout pouvoir de secte, d’ombre ou d’influence non identifiée qui échappe à tout contrôle est une menace traîtresse contre l’Etat et ces trois fondements. Car, dans de tels cas de figure, même le recours à l’armée risque d’être inopérant.

Des forces comportementales émotionnelles antigouvernance, antisociales et antisociétales ont démontré par le passé qu’elles étaient en mesure de contrer les lois et les décisions de régulations et de redressements. Elles sont des survivances de la période soumission/insoumission.

L’Etat, à l’instar de l’armée, ne peut, du fait de sa nature et de la nature de ses missions, de son rôle et de sa finalité, structurer la société.

Ce qui structure une société ce sont les partis, le débat et l’intérêt. Mais le débat ne peut à lui seul avoir de sens et de contenus dans une situation délétère et de légèreté, sans engagement et sans militantisme politique, économique, social et culturel.

Ce sont la militance, la confrontation d’idées et l’affrontement des intérêts qui procurent adhésion, solidarité, dynamisme et vitalité à la société. Mais ceux-ci ne prospèrent que dans un environnement de liberté et de sécurité. Deux fondements qui relèvent de la mission de l’Etat et de la garantie constitutionnelle pour qu’elles soient et demeurent inviolables, inamovibles, illimitées et illimitables. La liberté est un droit inné de l’humain en tout lieu et en tout temps.

Cette liberté inclut la liberté de croyance, de conscience, d’expression et de création. C’est pourquoi, la sécurité et l’intégrité physiques, la sécurité des droits, tous les droits, la sécurité des biens ne doivent souffrir d’aucune faille ni exception. Dans ces champs de droits, on retrouve le droit de vote et l’acte de voter qui bénéficient de ces mêmes garanties de sécurité et de protection de l’Etat.

Ces perspectives n’étaient-elles pas dans le viseur des créateurs/fondateurs de l’OS et du FLN/ALN ? Premières structures et assises pour la restauration de l’Etat national. L’ANP est une création historique, singulière et précieuse du peuple qui ne vient pas d’un legs.

Car l’ADN de l’OS, de l’ALN et de l’ANP est le même et doit le demeurer. Cet ADN indique que les promoteurs de l’OS (1947) n’ont pas uniquement fait le pari de requalifier des Algériens aliénés en militants, conscients, lucides et prêts à se battre pour restaurer l’Etat national, changer la situation du pays, mettre un terme à la condition indigène mais également celui d’en faire des hommes et des femmes libres et responsables.

Aucune armée nationale au monde n’est apolitique, encore moins antipolitique. Toute armée est consciente et au fait des politiques publiques, des choix, des programmes projetés et des alternatives qui se projettent, et surtout des défis et des enjeux sous-jacents.

Le modèle de l’Etat contemporain avait, pour toutes ces raisons, dégagé l’armée de l’emprise des souverains, des hommes et des conjonctures pour qu’elle forme corps avec l’Etat et le peuple, la nation. L’armée avait cessé d’être un instrument entre les mains de souverains, empereurs et gouvernants ou un outil de répression. Les armées ont été et demeurent au cœur de la naissance et de la puissance des nations.

Elles ont profilé des alliances et des relations de leurs pays.
La guerre sous toutes ses formes ou la paix, factice ou durable, sont des appréciations et des choix politiques qui relèvent de la gouvernance, des élites et la hiérarchie militaire.

Car la guerre, comme expliquait Clausewitz, est la continuation de la politique par d’autres moyens. Si le choix de la guerre revient aux élites politiques gouvernantes et institutionnelles, la conduite de la guerre, elle, est l’affaire de militaires et autres experts.

L’histoire des guerres enseigne que déroutes, débâcles et défaites étaient souvent des inconséquences ou des suites de turpitudes, de fragilités ou d’absence d’entente entre élites et encadrements du pays, plutôt qu’un manque de courage ou de sacrifice chez le peuple et son armée. Une gouvernance ou une élite peut être la cause d’une défaite, jamais un peuple.

C’est pourquoi, il s’agit simplement de savoir quelle autorité politique constitutionnelle aurait le droit d’envoyer un djoundi (soldat) pour tuer et se faire tuer sur un théâtre d’opération. L’armée et son commandement ne peuvent à eux seuls se donner cet ordre souverain. Donc, seul un chef d’Etat légitime peut le faire en passant par le gouvernement et le Parlement selon des modes, des modalités et des procédures prévus par la Constitution.

L’ONU, qui est une organisation supranationale fondée et composée par des Etats souverains, est également chargée de préserver la paix et d’accompagner toutes les guerres, toutes les formes de solutions et d’ententes.

Si toute révolution est un bouleversement d’un ordre structuré et hiérarchisé, la Révolution algérienne avait ambitionné en plus la restauration d’un ordre étatique national, né de résistance pour conserver et préserver nos côtes maritimes des tentatives d’occupations espagnoles.

Cet ordre n’a pu être instauré ni immunisé faute d’une adhésion populaire unifiée, de la fragilité des élites et l’absence d’un leadership national capable d’exploiter ce succès, du fait des structures sociales trop enfermées et enclavées datant du XIVe siècle, que la conquête coloniale du XIXe a su exploiter, affaiblir et détruire, malgré de farouches résistances et de généreux sacrifices.

La restauration d’un Etat qui ne soit pas celui d’hier mais un Etat souverain démocratique et social dans le cadre des valeurs de l’islam. Un Etat à l’instar d’un Etat westphalien libéré au XVIIe siècle du droit divin et de souverains émotionnels, devenu un «monstre froid».

Depuis, aucun humain ne peut plus prétendre être cet Etat ni l’incarner par lui-même, encore moins pour lui-même, son groupe ou un groupe d’intérêt particulier. Même si le chef d’Etat légitime est fondé à l’incarner à l’étranger pour manifester une souveraineté nationale face aux autres souverainetés d’Etat et non face à d’autres pouvoirs.

Ce schéma a permis aux citoyens libres, aux gouvernements et aux politiques de jouer avec leurs émotions, ambitions, peurs, audaces, innovations, tolérances, interdits et coercitions, voire contestations en jouant aux chaises musicales ou en cherchant à établir d’autres rapports de force.

Quant à la problématique de la religion, ses dogmes non sujets à modération, à modification ou à remise en cause et ses fortes doses d’émotionnel, elle ne peut relever du jeu politique et de gouvernement, car elle relève de la liberté de la foi, de la liberté de conscience plus précisément. Là est le corrélat d’autrefois avec le droit divin des monarques et l’acte d’allégeance qui ne pouvaient être remis en cause sans déclencher les foudres de la répression ou de la guerre.

C’est pourquoi l’Etat se fonde sur une volonté nationale collective et une volonté individuelle libre, d’où la Charte des droits de l’homme, plus opposable aux gouvernements qu’aux Etats-nation. Cela explique pourquoi c’est l’Etat national qui bénéficie, non les hommes et les gouvernements, de la soumission et la fidélité de l’ensemble des citoyens, tandis que le gouvernement obtient des adhésions et des soutiens de moments et de conjonctures.

Là est le cœur de la question dynamique du gouvernement par le peuple et pour le peuple, qui doit demeurer en concordance totale avec l’Etat national et la nation. Il doit être et rester sous un contrôle constitutionnel et en harmonie avec les intérêts de la majorité des citoyens.

Équation état, Armée et gouvernance politique

Beaucoup d’auteurs, de chercheurs et d’essayistes placent la question de l’armée parmi des sujets de société ou de politique. Cette approche controversée est due à son implication parfois dans des champs de maintien de l’ordre et de pouvoir, ou de répression suite à un désordre social grave ou une faillite institutionnelle manifeste.

La composante humaine de l’armée fait partie des sujets de société. L’armée, elle, par sa nature et son organisation, est une sphère de l’Etat dont elle est la colonne vertébrale du fait de sa mission et sa finalité, qui se recoupent et se confondent latéralement avec celles de l’Etat.

Des expériences et des études, y compris dans de vieux pays structurés socialement et démocratiquement, où l’armée avait servi de base un temps pour gouverner, ont démontré que cela nuit à sa mission et à sa finalité.

De même que cela brouille ses rapports avec la société, menace ses articulations et son organisation, affaiblit sa cohésion et sa discipline. Bien plus, cela force ses composantes, particulièrement le corps des officiers, à adhérer à des idéologies et à devenir partie prenante des conflits internes.

Tous ces risques peuvent la faire chavirer d’une institution nationale à une institution anti-establishment. Un demi-siècle d’observations en Amérique latine, en Afrique et dans le monde arabe ainsi que les guerres coloniales indiquent qu’une armée nationale trop impliquée dans des conflits avec des civils ou des groupes armés perd de son agilité et de sa capacité opérationnelle. La nature de ces conflits et de ces confrontations ne procure pas de batailles décisives ni de victoire définitive.

Que nos failles, nos erreurs, douleurs et malheurs d’hier, que nos errances post-libération et que nos violences et crises du pouvoir nous aident à tirer le maximum d’enseignements pour le parachèvement de la mise en place de l’Etat national.

L’instauration d’une gouvernance fondée sur un exercice institutionnalisé des pouvoirs séparés, la garantie de l’existence des contre-pouvoirs, des contrôles et des voies de recours.

**Par Mouloud Hamrouche
Ancien chef de gouvernement
(6 septembre 1989-3 juin 1991)

*Parue dans elwatan – dimanche 13 janvier 2019

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Mais de quelle élection parlez-vous ?

Que pense le peuple de l’élection présidentielle ? Vaste question, vaste programme. Il faut le lui demander pour savoir… mais le moins que l’on puisse dire, à force d’être confronté avec un environnement social et politique qui nous est devenu tellement banal et tellement familier, c’est qu’il affiche dans une très large mesure une indifférence royale face à un événement qui aurait dû l’impliquer davantage et en priorité.

En l’absence d’organismes de sondage fiables pouvant déterminer avec une certaine exactitude les réactions des électeurs potentiels, leurs sentiments et leurs motivations, les prises d’opinions qui peuvent être effectuées, si elles ne sont pas le reflet réel des avis exprimés, constituent tout même d’utiles baromètres pour les évaluations des idées et des expressions quand elles sont libérées du poids de la censure. En tous cas de précieux indicateurs qui peuvent fournir des informations vérifiables et maîtrisables.

C’est donc sur la base de données plus ou moins subjectives, et pas scientifiques du tout, et à travers leurs réseaux et connaissances personnelles du terrain d’exploitation, à travers les recoupements et les indices populaires émanant des foyers familiaux, des quartiers, des lieux de travail, des cafés, de la rue…, que de nombreux observateurs de la scène politique nationale arrivent à la conclusion que si le sérail s’agite au sommet pour essayer de dénouer le nœud gordien de la présidentielle, le peuple demeure le grand absent de cette consultation qui semble, comme toutes les précédentes, se concevoir en vase clos.

Un acteur totalement absent puisque quand bien même d’aucuns n’hésitent pas à parler en son nom avec cette fâcheuse habitude de le présenter comme maître de son destin, tous les plans qui sont échafaudés pour le rendre plus visible, plus actif, plus compétitif, le sont finalement sans lui. C’est que dans la plupart de nos instances dirigeantes, grandes et petites, le fait d’associer au débat général les franges de la société toutes catégories confondues n’a jamais été ressenti comme une nécessité absolue pouvant être déterminante sur les résultats que l’on recherche.

Depuis toujours, en réalité, le peuple n’a jamais été sollicité pour participer, en amont, aux joutes électorales. C’est lorsque tous les canevas sont mis en place qu’on le fait intervenir pour donner… sa voix. Le radio-trottoir qui sert souvent d’excellent instrument d’évaluation empirique pour les sondages spontanés peut ici être édifiant sur l’incroyable décalage qui existe entre la vision populiste des gouvernants et celle qui vient des entrailles populaires respirant un réalisme époustouflant.

Plus la sphère d’en haut se veut savante et protectrice des intérêts du peuple, plus le détachement de celui-ci prend de l’ampleur et devient parfois insaisissable. On a donc affaire à deux mondes distincts. Celui qui appartient, d’une part, au Pouvoir, qui fait le Pouvoir et qui pense qu’il suffit de mobiliser les organes médiatiques de l’Etat et montrer des salles remplies pour populariser les discours et les messages. Et celui, d’autre part, qui appartient aux citoyens et qui ne croit plus aux mensonges, aux relents démagogiques qui sont devenus des réflexes instinctifs, voire balistiques. Entre les deux entités, le fossé se creuse pour devenir aujourd’hui une équation inconciliable.

La preuve, essayez dans votre entourage immédiat de savoir si l’élection présidentielle qui n’est plus qu’à quelques encablures suscite un quelconque intérêt pour le voisin, l’ami, le parent… Mis à part les gens de la nomenklatura, et les «militants» qui meublent les meetings des deux partis majoritaires dans l’espoir d’obtenir quelques gratifications pour leurs carrières, on arrive rarement à trouver des Algériens qui s’impliquent véritablement dans cette perspective, qui ont conscience des enjeux, et qui par conséquent se sentent concernés et veulent adhérer.

Mais comment peut-on sensibiliser les citoyens sur un événement capital alors qu’à moins de quatre mois de l’échéance, personne ne sait si d’abord cette élection aura lieu à la date fixée, si ensuite le Président sortant postulera de nouveau à sa propre succession, et enfin avec quelle liste de candidats le scrutin sera organisé. Rien ne sert de revenir sur les aspects incongrus de cette présidentielle qui reste dépendante de la mesure que prendra le Président dont le silence (calculé) a brouillé toutes les cartes. Rien aussi ne sert de spéculer sur sa nature puisque tout le monde est convaincu que de toute façon quels que soient les efforts qui seront consentis pour réussir techniquement le scrutin, l’heureux élu sera désigné et non proclamé librement par l’urne.

Autrement dit, les Algériens dont on craint un fort taux d’absentéisme le jour du vote ne peuvent s’empêcher de croire que la fraude sera déterminante, avec ou sans Bouteflika. Cette idée est ancrée dans les têtes et ce n’est pas en rendant l’élection encore plus opaque, encore plus propriétaire de ceux qui la conçoivent et la contrôlent qu’on pourra faire changer les mentalités. «Mais de quelle élection parlez-vous ?» ; «Pourquoi, il va y avoir une élection ?»

Il ne faut pas rêver… ça ne nous concerne pas ! Les Algériens lambdas ne se font guère d’illusion, ils savent que Bouteflika, même fortement diminué, la remportera haut la main s’il se représente. Ils savent que ça magouille dans les travées du sérail pour la rendre crédible alors qu’à l’international on en rigole. Ils savent qu’il y aura les indécrottables figurants qu’on appelle les lièvres de service pour vendre l’affiche.

Mais le spectacle est déjà désolant car tout se bricole en l’absence du principal concerné. Et puis, nous dit ce jeune du quartier qui de toute manière avoue ne croire en rien dans ce pays, quand c’est une personnalité politique comme Amar Ghoul qui déclare à la télé sans aucune honte que la présidentielle c’est avant tout l’affaire des instances dirigeantes, que reste-t-il ?

Alors il recommande à ces instances d’organiser l’élection à huis clos…comme pour nos matches de foot, avec un brin d’ironie qui traduit toute l’intelligence malicieuse de notre jeunesse qui comprend parfaitement ce qui se passe en Algérie, et l’exprime par dérision, à plus forte raison quand on veut l’entraîner dans un débat où elle se sent exclue d’avance. Alors les politiciens de tous bords peuvent développer les discours les plus paternalistes, les plus moralisateurs, et même les plus révolutionnaires, la greffe ne semble pas vouloir prendre.*La chronique de A. Merad - elwatan – jeudi 10 janvier 2019

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demain il sera trop tard. Notre pays est à la croisée des chemins.

    Lettre aux aînés

GHEDIRI ALI - 22 NOVEMBRE 2018 – elwatan
Mon introduction sera longue. Il ne s’agit point d’une option. La nature du sujet implique que l’on déroule le passé avant d’aborder l’avenir. Et, il est toujours difficile d’évoquer le passé sans heurter les sensibilités, notamment lorsqu’il s’agit d’énoncer des vérités, que d’aucuns ne manqueront pas de trouver blessantes

Il l’est autant d’affranchir les autres, a fortiori ses aînés, tant l’ancien, de tout temps, a incarné dans notre imaginaire la figure du sage, et, chez nous plus qu’ailleurs, celle du sauveur, du libérateur. En notre for intérieur, nous sommes convaincus que nous leur devons beaucoup, si ce n’est tout.

Peut-être est-ce pour cela que nous cultivons à leur égard tant de révérence et déférence. Telle est notre histoire. Nous l’assumons et nous en tirons l’indicible fierté. Est-ce pour autant une raison pour leur taire la vérité ? Ce serait, à mon sens, trahir les commandements et les valeurs qu’ils nous ont eux-mêmes inculqués et que nous avons fini par faire nôtres.

Si je m’adresse à vous, en ce moment précis de notre vie nationale, c’est parce que je considère que l’heure de se dire autrement les choses est venue et qu’il est impératif de le faire aujourd’hui, car demain il sera trop tard. Notre pays est à la croisée des chemins.

Ceci implique des postures dont chacun de nous sera comptable devant l’Histoire. Nous nous devons d’agir pour que l’Etat soit ! Pour que l’Algérie soit ! Pour que la flamme qui naguère avait éclairé le chemin de la liberté pour notre peuple et donné corps à notre nation puisse continuer à le faire pour toutes les générations d’Algériens, présentes et à venir !

Cet appel, qui se veut davantage un cri du cœur que je lance à votre attention, vous, la génération de Novembre, celle de nos aînés, celle des artisans de notre passé, commandeurs de notre présent et potentiels garants de notre avenir, j’en suis convaincu, vous le comprendrez !

Pères et frères aînés,

Votre génération était là lorsque l’histoire l’a interpellée. C’est tout à son honneur. Elle a arrosé de son sang les graines de liberté que d’autres générations avant elle, depuis 1830, avaient semées à tout vent. Le 8 Mai 1945 les a fait germer, la Révolution du 1er Novembre 1954 les a fait éclore.

Œuvre titanesque, que les Pères fondateurs, visionnaires, ont, d’emblée, refusé d’en faire supporter le poids qui allait être le sien à la poignée d’hommes qu’ils étaient et à leur génération. L’auraient-ils fait, elle aurait été assujettie à la temporalité…

En toute humilité, ils l’ont voulue impersonnelle et intemporelle, pour qu’elle leur survive et que son esprit imprègne les générations à venir. En toute conscience, ils l’ont fait endosser au peuple. «Un seul héros, le peuple !» ont-ils décrété et il en a été ainsi.

La foi, l’engagement, l’abnégation et l’esprit de sacrifice, tel a été leur credo. Ils ont cru en leur cause au point de tout mettre à son service, leur jeunesse, leur vie et leurs biens. Ils se sont érigés en exemples. Connaissant profondément leur peuple, de l’exemple ils ont fait une véritable stratégie, l’essence même de cette grande Révolution.

Pères et frères aînés,

Toute Révolution est par définition féconde par sa dynamique historique et l’espoir du meilleur dont elle est potentiellement porteuse. Les géniteurs de la Révolution du 1erNovembre 1954 en ont fait, dans l’élan nationaliste et l’engagement sincère qui étaient les leurs, une œuvre grandiose, d’un grand dessein, transcendant les époques, les générations et les hommes.

Une entreprise de longue haleine, un héritage éternellement inachevé, que chaque génération qui le reçoit en legs, dans l’impossibilité de la parachever, était dans l’obligation morale de le passer, tel un relais, à la suivante, pour qu’elle le marque de son sceau avant de le transmettre à celle qui lui succède, pour en perpétuer l’esprit et la lettre. Ils l’ont imaginée en modèle de lutte d’un peuple pour sa liberté.

Ils l’ont conçue libératrice, fondatrice d’une nation, d’un Etat, d’un Etat-nation, à la fois libre, prospère, social et fondamentalement démocratique. Elle a transcendé leur dessein premier, pour devenir un modèle d’émancipation, d’espérances et d’édification pour tous les peuples victimes d’oppression et de déni. Elle s’est désormais inscrite dans la trajectoire de l’universel… de la pérennité.

Ces valeurs avaient façonné la nation algérienne et l’Etat national naissant. Elles ont constitué le socle idéologique du système politique de l’Algérie indépendante et largement contribué au maintien de l’équilibre social au lendemain de l’indépendance. Ce marquage révolutionnaire a été relativement saillant et n’a pas été sans déteindre sur le fonctionnement de l’appareil de l’Etat, toutes institutions confondues, notamment pendant les toutes premières décennies.

La collégialité dans la prise de décision – qui n’exclut nullement l’existence de divergences et de tiraillements internes – était de mise. Le «nous» subrogeait alors le «je» du tenant du pouvoir du moment. Les «qararna !» (Nous avons décidé !) résonnent encore dans l’oreille de ceux qui ont vécu cette période.

Et, s’ils s’en délectent encore, c’est parce que, systématiquement, l’action n’était pas sans suivre la parole. L’«esprit pluriel» s’imposait en culture dans le discours politique de l’époque au point où l’usage du singulier devenait problématique, voire appréhendé comme une expression de déviationnisme de la trajectoire révolutionnaire.

Il s’agit d’appréhender cette posture dans le contexte de l’époque où, notamment en Afrique, en Asie et dans le monde arabe, des leaders étaient portés aux nues… divinisés, pourrait-on dire ! En Algérie, nous les raillions tant la Révolution avait cultivé en nous l’esprit de la collégialité …

Dans notre imaginaire politique collectif, il n’y avait pas de place pour l’homme, quel qu’il soit… Notre sujet était idéologiquement pluriel. Les «Six Immortels», conscients du poids de leur œuvre et soucieux de la pérennité de ses effets, en avaient décidé ainsi et les dirigeants et le peuple algérien de l’époque s’y sont conformés.

Peut-être était-ce là l’une des raisons de la réussite de nos gouvernants dans les premières décennies de l’indépendance. En effet, cette période difficile, où tout manquait, n’en était pas moins féconde en réalisations, tant l’engagement de l’élite politique, par-delà le caractère anti-démocratique de son avènement, était total et ses convictions sincères.

Elle a su rendre le peuple partie prenante dans tout ce qu’elle a entrepris. En l’associant à ses choix, elle a su insuffler en lui l’espoir, qu’il lui a rendu en l’investissant de sa confiance et de son soutien indéfectible dans l’effort collectif de l’édification nationale, caractéristique indélébile de ces années.

Cette période a indéniablement fortement déteint sur le rapport des Algériens envers le pouvoir et l’Etat. Et, peut-être, est-ce là l’une des raisons qui font, qu’à ce jour, le peuple algérien continue à percevoir le premier à travers sa pluralité, et le second à travers sa dimension de puissance publique et, peut-être plus qu’ailleurs, celle de régulateur social.

Et, parce que les Algériens vivent l’Etat comme une émanation de leur Révolution, leur marge de tolérance par rapport aux manquements de ceux qui sont censés le servir est réduite.

D’eux, le peuple attend exemplarité, vertu et respect des valeurs. Ce peuple ne peut concevoir, encore moins tolérer, son Etat national atrophié, personnel, corrompu, défaillant ou absent. Ce sont là les exigences de tout grand peuple. Et, c’est parce que les peuples sont par définition réactifs qu’un grand peuple est en droit d’exiger de son Etat d’être à la mesure de ses aspirations.

Pères et frères aînés,

Ce serait faire preuve d’une impardonnable ingratitude que de ne pas reconnaître les saines ambitions que vous avez nourries à l’égard de ce pays et les réalisations portées à l’actif de votre génération. Devrait-on pour autant taire les déviances que notre pays est en train de vivre sans s’inscrire en faux avec les fondamentaux de notre Révolution, ceux-là mêmes que vos propres compagnons chouhada vous ont laissés en legs ? Si tel devait être le cas, le silence relèverait de la pure trahison.

Pères et frères aînés,

Autant nos vaillants martyrs se sont inscrits dans la postérité par le sacrifice suprême, autant la majorité de ceux qui ont contribué à la libération de ce pays se sont investis avec dévouement et abnégation dans le processus de son édification, autant une minorité, se prévalant de leur appartenance à cette honorable génération, par leurs agissements, donnent l’impression qu’ils s’inscrivent charnellement dans l’anhistoricité.

Ils s’érigent en éternels gardiens du temple, propriétaires exclusifs d’un récit national que le Mouvement national avait pourtant entamé avant de le transmettre à leur génération, pour, qu’à leur tour, ils en fassent de même avec leurs descendants. De ce récit, ils se sont emparés, par-devers la majorité silencieuse au sein de leur propre génération, pour perpétuer leur règne, dussent-ils transcender les lois de la nature.

Séduits par le seul pouvoir et emportés par le tumulte que produit l’orchestre des thuriféraires à leur adresse et l’ivresse que leur procure leur discours dithyrambique, ils ne se sont pas rendu compte que leurs carrières, après avoir érodé celles de leurs propres enfants, emboîtent celles de leurs petits-enfants qui, de plus en plus, cultivent le sentiment de ne pouvoir les remplacer un jour…

La trajectoire de leurs parents, sexagénaires et septuagénaires, mis souvent prématurément au rebut, est là pour les pousser au désenchantement. Désorientés et désespérés, ils prennent le chemin de l’exil, qui, diplôme en main, par le vol régulier, qui, nourri par le désespoir, par la harga dans une felouque de fortune !

Au lieu d’insuffler en eux l’espoir en un avenir meilleur, ils persistent à leur tenir le même langage que celui dont ils ont abreuvé leurs parents, partis à la retraite, convaincus, de guerre lasse, qu’ils étaient encore trop «jeunes» et que la chefferie, en toute légitimité, revenait à ceux-là mêmes qui les ont recrutés. Dans tout ce magma générationnel, c’est la persistance dans l’erreur qui pose problème beaucoup plus que l’erreur en soi. Qu’on en juge !

Pères et frères aînés,

A l’orée du soixantième anniversaire de l’indépendance et dans la perspective des joutes électorales de 2019, jouant sans retenue aucune les codes de l’histoire, nous voilà, peuple algérien dans toute sa splendeur, faire figure de Diogène le Cynique, ce philosophe grec, qui, en plein jour, sa lanterne à la main, parcourait les rues d’Athènes à la recherche de l’homme-providence.

Cette minorité, qui par ses déclarations intempestives sonnant la fausseté et ses agissements frisant l’indécence n’est pas sans altérer l’image de cette génération d’exception qui est la vôtre, a transcendé le pari de la mort, déifiant l’homme et réifiant Dieu, au motif d’une fidélité affichée qui cache mal les desseins des uns et des autres.

Le peuple n’est pas dupe, encore moins amnésique. Il connaît les siens. Il sait qu’ils seront, le moment venu, les premiers à crier haro sur le baudet et user de leur talent de laudateurs pour fustiger celui qui n’est plus et porter aux nues le nouveau maître de céans, en faisant mine de n’être en rien responsable de quelque passif que ce soit.

Contrairement à ceux-là, les Algériens authentiquement nationalistes sont convaincus que la terre qui a enfanté Gaïa, Massinissa, Jugurtha, Takfarinas, El Kahina, Lalla Fatma N’soumer, Abdelkader, les «Six Immortels», le million et demi de martyrs et ceux qui ont suivi leur voie pour que ce pays ne tombe pas dans les ténèbres du Moyen Age, et tous ceux qui se sont sacrifiés et continuent chaque jour à le faire, pour que cette nation soit, ne saurait devenir subitement stérile et qu’elle est tout aussi féconde de patriotes intègres, compétents et chérissant ce pays par-dessus tout. Ils sauront le défendre et défendre ses acquis, si nécessaires, au prix de leur vie. Des Hommes, l’Algérie en a enfantés et elle en enfantera !

Pères et frères aînés,

Ailleurs, sous d’autres cieux, face à des situations similaires, on dresse les bilans pour situer les responsabilités. Pour ma part, je ne parlerai ni de l’érosion de nos valeurs, ni du désespoir de notre jeunesse, ni de la fragilisation des institutions, ni de l’état dans lequel se trouve l’école algérienne, ni de notre système de santé avec le surgissement de pathologies relevant d’autres âges, de l’insalubrité de notre environnement, ni de l’insécurité à laquelle sont exposés quotidiennement nos concitoyens, ni du trafic et de la consommation de drogues de plus en plus dures, ni du phénomène de la harga, ni de la dépréciation historique du dinar face aux monnaies nationales de nos voisins – encore moins face au dollar ou à l’euro –, ni du taux de chômage, ni de l’inflation galopante, ni de la fuite des cerveaux, ni du fléau endémique de la corruption qui ronge notre société et nos institutions, ni du népotisme, ni de la fraude électorale, ni des restrictions des libertés individuelles, ni de l’effilochement du lien social, ni du déphasage générationnel qui place dos à dos gouvernants et gouvernés ; ni de la crise économique, ni de, ni de… Ma génération n’étant pas fondée pour le faire. Vous en avez décrété l’immaturité. J’opte pour le silence.

Pour autant, s’il est admissible de vous avoir laissés seuls juges et acteurs de tout ce que vous avez entrepris, il ne l’est point, pour ce que certains, d’entre vous, comptent entreprendre.

Il y va de notre présent, de l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, autrement dit de celui de vos propres enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants qui risquent de payer les frais d’un choix qu’une minorité tente, si rien n’est fait pour l’en empêcher, de lui imposer, ouvrant les portes du pays à une crise dont on évalue mal l’ampleur.

Cette crise, dont nous vivons déjà les prémices, ne constitue pas une fatalité en soi. Et, qu’on se détrompe, elle n’est pas due à l’effondrement du système politique mis en place depuis l’indépendance. Elle est surtout due à l’incapacité – ou à la volonté – de ceux qui en ont été à l’origine, de lui avoir prévu un autre en substitution.

C’est le vide ainsi créé qui est en train de faire le lit de cette crise multidimensionnelle dont les contours, sans préjuger de ses retombées, se précisent chaque jour qui passe. C’est dire que la myopie politique, dont certains font preuve, est en soi dévastatrice !

Pères et frères aînés,

Les signes annonciateurs de l’épuisement de ce système sont pourtant là. Depuis plus de trois décennies, il n’a eu de cesse de donner les signes avant-coureurs de ses limites. Son sauvetage aurait été possible si votre génération avait pensé, à temps, à sa régénération intelligente et diligente en l’ouvrant à la jeunesse.

Il aurait été ainsi mis en phase avec son temps et adapté en conséquence, pour mieux répondre aux exigences de son environnement. L’option pour sa fermeture l’a mis hors temps et exposé à l’archaïsme qui a fini par le rogner. Entropique, incapable de se réformer et d’assurer sa propre régénérescence, il est mort de sa belle mort !

Cette minorité qui s’agite à tout vent est la seule à en ressentir encore le souffle et ce n’est certainement pas l’acharnement de ce qui lui fait office de vecteur idéologique, convaincu qu’il est que, parce qu’il a tenu, il tiendra, qui le ressuscitera. Arrivé désormais lui-même au terme de son histoire, il a perdu ses conditions de possibilité de quelque mobilisation que ce soit. Coupé de sa base et réduit à un appareil à la composante populairement contestée, il n’œuvre qu’à veiller un corps en totale décomposition.

Et, ce n’est pas la seule opacité qui caractérise ce système, qui entoure aussi bien ses acteurs que son mode de fonctionnement, qui conditionne le positionnement de ses défenseurs les plus zélés. C’est, fondamentalement, la rente dont il est le distributeur exclusif qui motive au premier degré ceux qui s’entêtent à vouloir le ressusciter.

La grande majorité considère, quant à elle, qu’il suffit d’identifier les acteurs de ce système, d’analyser les interactions qui s’y produisent, de déceler la nature et l’incohérence qui les caractérisent et d’apprécier les conditions dans lesquelles elles s’opèrent, pour se convaincre de sa finitude.

Pères et frères aînés,

Je reste fermement et intimement persuadé que tel n’était pas le dessein de votre génération. Néanmoins, bien que ce soit une infime minorité des vôtres qui en soit responsable, c’est à votre génération que l’histoire, dans son entêtement légendaire, fera endosser cet échec.

Si le mot est trop fort, vous êtes en droit légitime de le récuser. Si j’en use, c’est par défaut. Sinon, comment qualifier cette démarche suicidaire dont cette minorité, forte d’une logique dont elle est la seule à en apprécier le bien-fondé, est déterminée, non seulement à ne pas s’en départir mais, pire encore, à chercher à l’imposer au peuple ? Ses choix et ses points de vue font figure, elle les clame en axiomes que le peuple, à ses yeux, immature, est tenu d’accepter comme tels.

Ces égocentristes sont loin de se rendre compte qu’ils sont aux antipodes du courant éminemment nationaliste et qu’ils sont en train d’obérer les chances de l’Algérie d’être là où son histoire, sa géographie, ses ressources avérées et son potentiel stratégique la prédestinent.

Sont-ils conscients que, par ce qu’ils sont en train d’entreprendre, ils ne font rien d’autre que d’élargir, au point de le rendre infranchissable, le fossé entre l’Algérie et son environnement, accentuant dangereusement notre déphasage politique, social, culturel, scientifique, technologique et économique par rapport au reste du monde ?

La stratégie pour laquelle a opté cette minorité est celle du pouvoir et non celle de la gouvernance. Elle agit comme si les deux stratégies étaient inconciliables alors que, d’évidence, si la seconde est bien menée, elle n’est pas sans consolider ce qui la préoccupe en premier, le pouvoir.

En guise de gouvernance, elle use de la rente comme moyen privilégié de sa politique, corrompant délibérément les esprits et sapant par là même la valeur capitale sans laquelle aucun peuple ne peut se relever de sa condition première : l’effort. Elle a dispensé le peuple algérien du travail en contrepartie de ses applaudissements approbateurs et de sa prosternation devant le donateur.

Naguère rebelle, elle l’a asservi et perverti. Et, c’est non sans peine et serrement de cœur que nous le voyons verser dans le lyrisme pour déclamer les vertus du tenant des cordons de la bourse nourricière, lui naguère si fier. Ainsi, en se démenant à défendre son régime nourricier, elle a enfermé la société civile dans le carcan avilissant de l’approbation.

Ce faisant, elle a vidé la nation de sa substance créative et érodé ses capacités de réprobation et de résilience. Elle a inoculé au pays le conservatisme et l’immobilisme jusqu’à l’overdose. Plus est, par la marginalisation du peuple, elle en a fait un fardeau inerte dont l’Etat peine à supporter la charge. N’étant pas partenaire, il n’a de cesse de contribuer davantage à l’érosion de son autorité qu’à la raffermir.

Notre cohésion nationale est mise à rude épreuve. De notre patrimoine, nous en sommes dépossédés tant notre identité est happée par les forces centrifuges et nos valeurs, qui ont naguère fait notre force et tenu le pays debout contre vents et marées, vacillent. L’Algérie est sous l’emprise du doute.

Aucun domaine n’est épargné. La stagnation et le miasme, source de désespoir et de reniement, appréhendés comme fatalité, sont en train d’envahir notre imaginaire collectif. Et ce n’est pas sans angoisse, regret et amertume que nous assistons, impuissants, à des pays insignifiants nous tailler des croupières et jouer le rôle que le destin nous a pourtant si généreusement dévolu.

Pères et frères aînés,

Notre Patrie a besoin d’un souffle nouveau, de sang nouveau, d’alternatives courageuses que les anciennes recettes ne peuvent lui procurer. Elles ont montré leurs limites. Elles ont anémié la nation et mené le pays à l’impasse.

L’Algérie a besoin d’être mise en phase avec sa destinée et c’est en toute légitimité que son peuple aspire à un changement salvateur que seule une réelle rupture, sans reniement, est capable de lui apporter. Cette République a besoin d’une réelle refondation démocratique et d’une totale reconfiguration institutionnelle dans le moule d’un projet de société, dont le peuple aurait participé à la définition de la philosophie autant qu’à la mise en œuvre.

Il s’agit de refonder l’Etat national pour en rationaliser le rôle et rendre le fonctionnement de ses institutions authentiquement démocratique ; d’insuffler et de raffermir la culture citoyenne ; de placer le droit au centre des rapports entre citoyens et entre gouvernants et gouvernés ; d’élaborer et de mettre en œuvre une véritable politique territoriale équilibrée et inclusive ; de redresser, moderniser et transformer l’économie nationale pour la rendre réellement productive, compétitive, diversifiée et mettre fin à sa dépendance exclusive des hydrocarbures ; de réformer l’école pour en faire le véritable creuset de la citoyenneté et la rendre performante, moderne, ouverte sur la société et sur le monde ; de libérer les initiatives ; de rendre l’espoir à notre jeunesse et la réconcilier avec son «moi» national en encourageant sa promotion sociale et professionnelle et en lui facilitant l’accès aux postes de responsabilité, sans exclusive aucune, au vu des seuls critères de compétence et de performance ; de réformer le système national de santé ; de promouvoir la culture nationale ; de doter l’Algérie des attributs de sa puissance régionale pour qu’elle puisse assurer son intégrité et contribuer à la paix mondiale et, par-dessus tout, réhabiliter nos valeurs nationales sans lesquelles aucune action salvatrice ne saurait être envisagée. Telles sont les exigences du moment que seul un passage de flambeau entre générations dans un climat apaisé est à même de réaliser.

Car, dans un environnement aussi dangereux que volatil, où le danger mue en menace sans transition aucune, où la variable de l’incertitude s’impose comme constante, l’affronter avec pour seul viatique un passé, si glorieux soit-il, c’est exposer la nation à la disparition.

Pères et frères aînés,

Vous vous posez certainement la question sur les raisons de ma démarche et la rudesse du discours. Il s’agit d’un appel du cœur, que j’ai voulu direct, franc, sincère et loyal, en totale opposition avec ce dont vos thuriféraires vous ont habitué. J’espère, par son biais, éveiller en vous, à la veille de l’élection présidentielle de 2019 qui s’annonce d’une importance capitale, voire vitale, pour le pays, l’indispensable compréhension dont il vous appartient de faire preuve envers ce peuple que les feux du désespoir sont en train de consumer et, par là même, vous faire prendre conscience des retombées néfastes qu’un entêtement à vouloir lui imposer quelque choix que ce soit pourrait produire.

La construction ou la destruction d’un avenir désiré par les générations de vos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, car c’est de ceux-là qu’il s’agit, dépendent de cette échéance et restent, dans une large mesure, attelées à votre niveau de conscience. De votre aptitude, de votre sens de la responsabilité, de votre capacité à vous assumer en tant que génération, dépend l’avenir de notre pays. Votre responsabilité historique est encore une fois, et plus qu’auparavant, totalement engagée.

Je reste convaincu que vous êtes les seuls, tant qu’il est encore temps, à pouvoir changer le cours des choses avant que le feu ne prenne. Vous êtes les seuls à pouvoir prodiguer vos sages conseils à ceux, parmi les vôtres, qui, disposant encore des clés pour une douce solution à cette grave crise multidimensionnelle qui s’annonce, sont à même d’éviter le pire à ce pays. Vous êtes les seuls à pouvoir les faire sortir de cette posture d’entêtement génératrice de violence. Vous êtes les seuls à pouvoir les convaincre de transcender leurs egos respectifs au profit d’une transition générationnelle pacifique du pouvoir.

Vous avez été les maîtres d’œuvre d’une Révolution qui a fait école, l’opportunité historique se présente – une ultime fois – à votre génération pour apposer son sceau pour l’éternité sur le parchemin de l’histoire de cette nation. Faites que ce soit dans le bon sens. Certains pays amis nous ont montré la voie, nous pouvons l’emprunter pour le salut de notre nation et… pourquoi pas, ne pas leur ravir l’exemple.

Le naufrage de l’Algérie ne peut être conjuré que par l’effort et la volonté et tous ses enfants. Plaçons l’avenir de nos descendants et le destin de l’Algérie par-wdessus tout et, la main dans la main, amorçons l’indispensable refondation de cette Algérie, qui nous est à tous si chère.

Si vous êtes, en toute légitimité, en droit de vous prévaloir du monopole du combat libérateur, l’amour de cette Algérie, nous l’avons tous en partage ! Agissons ensemble pour la préserver !

Gloire à l’Algérie ! Gloire à nos martyrs !

**GHEDIRI ALI - 22 NOVEMBRE 2018 – elwatan

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Le système politique actuel agonise, lentement mais sûrement, en même temps que son architecte principal, Bouteflika, qui, pendant près de vingt ans, ne s’est fixé aucune limite, y compris constitutionnelle, pour régner d’une manière absolue.

Il a placé sa personne au-dessus de tout un peuple, voire d’une nation, mais aujourd’hui le Président est face à une tout autre réalité, réglée par la seule loi impossible à transgresser, la loi biologique. Quand la maladie dérègle le corps et l’esprit, il n’y a plus rien à faire, y compris le recours aux dernières avancées médicales, lesquelles possèdent leurs propres limites.

Ce fut également le cas de Boumediène qui, gravement atteint après 13 années de règne, s’était entouré des meilleurs spécialistes mondiaux, en vain. Il succomba en pleine apogée de son pouvoir autocratique dont il a été le noyau central, ne s’embarrassant ni des hommes, ni des institutions, ni des populations.

Persuadés d’être éternels, ces deux Présidents, issus du même sérail et du même bain politico-idéologique, n’avaient envisagé aucun mécanisme de succession, ce qui a ouvert la voie au choix hasardeux que fut, après Boumediène, le président Chadli Bendjedid, imposé par son bras séculier qu’était la Sécurité militaire secondée par le FLN, parti-Etat.

Le second, Bouteflika, se retrouve aujourd’hui sans successeur, ne pouvant pas, ou ne voulant pas, en désigner un, ce qui a contraint son entourage et ses alliés à chercher des solutions, l’objectif étant de garantir la survie du système une fois son architecte définitivement hors course.

Aussi, c’est une féroce compétition qui se joue entre les différents clans politiques et les multiples centres d’intérêts économiques gravitant autour de la présidence de la République. Chacun tente d’imposer sa solution ou de faire échouer celle de l’autre, souvent avec l’appui de partis politiques complaisants ou en quête d’ancrage.

En proposant une prolongation pure et simple du mandat présidentiel actuel, certains font le choix de bafouer ce socle de la légitimité légale qu’est la Constitution qui, bien qu’imparfaite, maintes fois malmenée par le Président dans le but de l’adapter à ses choix, reste une garantie d’un fonctionnement minimal du pays.

La Constitution ne prévoit le report d’une élection présidentielle qu’en cas de guerre, ce qui évidemment n’est pas le cas aujourd’hui. Et prévoir sa révision, autre proposition clanique, c’est une nouvelle fois la malmener et la plier aux calculs du pouvoir.

D’un autre côté, afin d’éviter le saut dans l’inconnu que constitue aux yeux des affidés du régime un vrai scrutin présidentiel, ils proposent une «entente» pour la désignation d’une personnalité en mesure de sauvegarder l’héritage Bouteflika, une personnalité qui aurait fait ses «preuves» même entachée de beaucoup de défauts.

Le nom prononcé ça et là d’Ahmed Ouyahia n’est pas le fait du hasard, il serait «l’homme du consensus» prompt à sauver le système par la volonté des décideurs, gommant leurs oppositions au profit d’une «cause commune».

Et parce qu’il serait désigné par les forces du système, il serait «automatiquement» élu, le gouvernement et l’Etat se chargeant, comme de tradition, de bloquer les autres candidatures, de les vider de leur sens par tous les moyens, y compris en recourant à l’arme fatale qu’est la fraude électorale massive.*Ali Bahmane- elwatan- samedi 22 décembre 2018

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Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, croit savoir que le président Bouteflika annoncera mercredi prochain d’importantes mesures concernant l’avenir du pays et surtout des décisions liées aux futures joutes électorales.

Lors d’un bref point de presse, au deuxième jour des travaux du 7e congrès ordinaire du parti, la première dame du PT, s’appuyant sur des sources sûres, affirme que le chef de l’Etat pourrait annoncer des décisions importantes à l’occasion peut-être de la signature mercredi de la loi de finances 2019.

Pour Mme Hanoune, cette fin de semaine sera décisive dans le processus politique du pays. «Ce 26 décembre, il y aura de nouveaux développements. Le Président annoncera, à l’occasion de la signature de la loi de finances 2019, des décisions importantes.

Des sources presque officielles, mais pas officielles à 100%, nous ont dit de nous attendre, ce mercredi, à du nouveau», a-t-elle précisé, en émettant le vœu qu’il y ait une «clarification»pour voir «où nous allons». Selon Louisa Hanoune, le congrès de son parti n’a pas eu à traiter de la question de la présidentielle et n’a pas tranché sur ce dossier.

«Tout le monde est conscient que la présidentielle d’avril 2019 comporte de nombreux risques pour la nation, et ce, à la lumière de la situation actuelle qui prévaut dans le pays.

Il existe des craintes de dérive», s’inquiète Mme Hanoune. «Le PT, qui milite à travers la campagne pour l’élection d’une Assemblée constituante afin de hâter le départ du système actuel périmé qui organise la faillite du pays, ne peut être indifférent à toute autre démarche au regard de la gravité de la crise politique sans précédent que traverse notre pays», tranche Mme Hanoune, précisant que son parti n’adhérera pas à une initiative dont les contours et les initiateurs demeurent inconnus, allusion à la proposition de Amar Ghoul relative à l’organisation d’une conférence nationale. «Quels sont les objectifs de cette conférence ?

Qui va la convoquer ? Qui y participera ?» s’est-elle encore une fois interrogée en signalant l’importance de toutes ces questions pour son parti. Et à la porte-parole du PT de lancer une autre série d’interrogations : «Si la conférence est chargée de la mission de révision de la Constitution, en se fiant aux explications des promoteurs de ces initiatives, sauvegardera-t-on les acquis de la Révolution et de l’indépendance, la nature sociale et républicaine de l’Etat ?

Les acquis démocratiques comme tamazight ou le droit à la grève seront-ils préservés ? La démocratie sera-t-elle libérée de toutes les barrières ? Le peuple algérien aura-t-il son mot à dire ?» Mme Hanoune espère une réponse à ses questionnements  mercredi prochain. *  NABILA AMIR - elwatan- dimanche 23 décembre 2018

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**Le temps des bonimenteurs…

 **20 DÉCEMBRE 2018

Pourquoi cette effervescence, ces innombrables extrapolations autour de la tenue ou non de l’élection présidentielle ? Une seule raison : l’incapacité physique et intellectuelle de Bouteflika à briguer un autre mandat.

C’est l’évidence même que tous les thuriféraires du régime veulent cacher sans réussir, et ce n’est pas faute d’avoir usité de subterfuges les plus extravagants pour essayer de tromper l’opinion publique. La question de savoir si le Président en exercice allait rempiler s’était déjà posée avec acuité lors de la précédente mandature.

Victime d’un AVC avant même de terminer son troisième mandat, le chef de l’Etat avait toutes les peines du monde à montrer qu’il pouvait encore prétendre à assumer d’aussi lourdes charges. L’image qu’il donnait de la fragilité de sa santé lors de la présentation de sa candidature devant le président du Conseil constitutionnel est encore vivace dans les mémoires.

Elle parlait d’elle-même. Bouteflika prononçait difficilement, à voix presque inaudible, son serment face à un Medelci très gêné mais qui visiblement ne pouvait absolument pas contredire cette pénible audience. Il avait devant lui un Président sortant malade, dont la santé paraissait très affectée, venu obtenir de plein droit le quitus officiel pour poursuivre l’aventure à la tête de l’Etat, alors que si les articles de la Constitution concernant les critères d’éligibilité pour l’élection présidentielle étaient appliqués à la lettre, le dossier de cette candidature n’aurait jamais dû être accepté.

Ce fut le coup de force médical qui a violé de manière flagrante la Loi fondamentale du pays et qui a permis à un Président impotent et ayant perdu considérablement l’usage de la parole d’être réélu au détriment de tout bon sens et de tout réalisme. Les conséquences de cette grave entorse à la Constitution durant le mandat qui a suivi sont catastrophiques. Bouteflika est devenu invisible pour le peuple algérien.

Il a de moins en moins la capacité de se déplacer, de s’adresser à la nation, ou de réunir le Conseil des ministres. Le constat est implacable : les activités les plus élémentaires d’un chef d’Etat sont réduites à leur plus simple expression. Plus son état de santé se dégradait, plus il disparaissait de l’espace public, ce qui réduisait fatalement à la portion congrue les missions protocolaires ou les affaires courantes de gestion sur les plans politique et économique. En somme, ce que les Algériens redoutaient était étalé devant leurs yeux au grand jour.

A défaut d’avoir un Président actif sur la scène aussi bien nationale qu’internationale, ils eurent droit à l’ombre d’un dirigeant accablé par le sort qui ne pouvait s’adresser à la nation que par le biais de communiqués lus par une tierce personne, ou imposer sa présence dans les événements marquants par des tableaux le représentant symboliquement. Le Président énergique et prolixe, qui avait marqué de son empreinte son passage avant de tomber malade, a laissé place à un autre personnage qui n’avait plus les mêmes facultés et les mêmes aptitudes pour agir.

Les lois biologiques ont tout changé. Mais cette certitude n’a jamais constitué pour les panégyristes et autres laudateurs du système un quelconque handicap pour un plébiscite intégral à la magistrature suprême, faisant en sorte que Bouteflika, bien que gravement malade, reste Bouteflika, même si son image doit servir symboliquement. Ils étaient nombreux, rappelons-nous, ces chefs de parti du pouvoir à défendre l’idée que ce dernier était bien en mesure de tenir le pays et que pour ce faire, il conservait intactes sa lucidité et ses aptitudes intellectuelles.

Pour anéantir la théorie de la vacance du pouvoir qui avait été largement soutenue par l’opposition, à juste titre d’ailleurs, ces leaders, qui voulaient absolument que le chef de l’Etat reste à son poste pour pouvoir conserver leurs positions au sein du sérail, ont sorti les argumentations les plus excentriques pour nous vendre cette projection. On retiendra la plus farfelue, à savoir celle émise par le chef du MPA qui avait dit que «Bouteflika dirigera avec sa tête et non avec ses pieds».

Il y eut d’autres assertions de ce genre venant du FLN, du RND ou de TAJ pour démontrer que la santé du Président n’était pas aussi grave pour réclamer sa mise à l’écart. Pourtant, tous ces chefs de parti savaient qu’ils étaient complètement dans l’erreur et que dans cette affaire qui allait engager l’avenir de l’Algérie pour les cinq prochaines années, c’était l’opposition qui était dans le vrai à travers son raisonnement.

L’histoire lui donnera raison puisque les Algériens ont assisté à une véritable faillite de la direction du pays à son niveau le plus haut, incarnée par un Président absent, à tel point que de graves suspicions se sont développées sur celui ou ceux qui détiennent véritablement le pouvoir de décision à sa place. La question a longtemps fait le tour dans les rares débats publics, au niveau des médias, au sein de la classe politique ou dans la société civile, mais a été à chaque fois pervertie par les affidés du pouvoir pour ne jamais se déjuger, quitte à mettre au plus bas les intérêts suprêmes de la nation.

C’est malheureusement encore avec cette logique suicidaire qu’ils s’apprêtaient à récidiver en préparant le 5e mandat. Faisant fi des énormes dégâts que le retrait forcé de Bouteflika a provoqués sur la marche institutionnelle du pays, ils ont continué à défendre aveuglément la représentation d’un homme capable d’accomplir sa mission en dépit d’un handicap trop flagrant pour être dissimulé… jusqu’au jour où ils se sont enfin rendus à l’évidence que la tromperie a une fin.

L’évidence d’un chef d’Etat malade qui aurait dû quitter à temps le pouvoir au lieu de servir de couverture à des prédateurs politiques. Le spectre de Bouteflika ne pouvait, assurément, faire illusion éternellement.

Et c’est la raison pour laquelle on assiste depuis quelque temps à des revirements spectaculaires dans les postures des mêmes chefs de parti du pouvoir. Exit encore le leader du MPA, qui a changé de tonalité pour rester évasif. On ne parle plus d’un 5e mandat, mais d’une «continuité» de règne pour s’adapter au mieux aux variations de l’état de santé du Président.

Quel est le fin fond de l’histoire ? L’Algérie se fera avec ou sans Bouteflika, mais elle aura toujours du mal à trouver sa boussole avec des politiciens sans foi ni loi qui n’hésitent pas à compromettre les intérêts du pays pour perdurer dans les arcanes du sérail. Ces adulateurs à la carte sont en fait un mal profond. De sordides bonimenteurs qui ne pourront jamais faire de vrais dirigeants auxquels on accorde la confiance.* chronique de ABDEREZAK MERAD - elwatan – jeudi 20 décembre 2018

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