Le Ramadhan des humbles
**Les Tables du Ramadan
pour le « partage, la solidarité et la fraternité ».
**Ces « Tables du Ramadan », sont organisées un peu partout dans le monde, lors du mois sacré des musulmans, pour les pauvres et les voyageurs, afin de concrétiser cet aspect hautement symbolique de « partage, de solidarité et de fraternité ».
*de belles initiatives pour
Permettre aux plus démunis, jeûneurs ou non, de pouvoir manger à leur faim.
** avec les bénévoles du Secours Islamique
***6 juin 2017
** pendant le mois de Ramadan, il faut redoubler d’actions pieuses, qui sont encore plus récompensées
Chaque année depuis 2008, l’ONG- Secours islamique- organise, les « Tables du Ramadan », un dispositif qui permet aux plus démunis, jeûneurs ou non, de pouvoir manger à leur faim. Récit… en immersion naturellement.
Quand Samira Alaoui, la responsable de la communication au sein de l’ONG Secours Islamique, m’envoie le communiqué de presse faisant état de l’organisation des « Tables du Ramadan », où des bénévoles cuisinent et servent des plats pour les plus démunis, j’estime que cela mérite d’être relayé.
J’appelle donc Samira Alaoui, voulant lui parler de mon idée d’écrire un article de tendance factuelle autour de cette belle initiative. La jeune femme me « suggére mieux » : participer pleinement, durant toute une soirée, à l’organisation et à la préparation des plats pour jeûneurs et non-jeûneurs. Lorsque je réponds, presque machinalement, que je ne sais pas cuisiner, Samira Alaoui me répond que cela importe peu et qu’il fallait « avoir la niaque ». Rendez-vous est donc pris au boulevard Anatole France, dans la cité populaire (à la basilique fort charmante) de Saint-Denis.
Le Stade de France, lieu de tant de liesses et de drames, surplombe cette petite commune de la banlieue parisienne. Sous un ciel gris qui menace de déverser sur la population une belle averse pour bien commencer le week-end, je me rends à l’adresse indiquée qui est située juste à côté du métro « Porte de Paris ». En longeant un peu le boulevard Anatole France, je tombe sur une grande tente portant le logo bleu clair du Secours Islamique. Après les salutations d’usage et la déclinaison de mon identité, deux hommes se chargent de m’inscrire au registre des bénévoles et de me donner un t-shirt bleu aux couleurs de l’ONG.
Pas le temps de me promener, le processus est bien rodé. D’un côté, un groupe de femmes et d’hommes s’occupent d’éplucher des pommes de terre, des pommes (tout court), et autres fruits et légumes pour les soupes, le dessert, le couscous (nous y reviendrons). De l’autre, quelques hommes (dont votre serviteur) s’échinent à assembler, autour de petites serviettes de papier, des cuillères, fourchettes et couteaux en plastique. Mes comparses de travail s’appellent Wyssem, Abdel ou encore Martial. Ils sont conducteur de trains, ingénieur dans le domaine des médicaments ou encore expert en marketing au sein d’un grand groupe d’agroalimentaire français (qu’on ne nommera pas).
L’atmosphère est bon enfant, les nouveaux bénévoles arrivent et se frottent aux anciens, contant leur expérience au sein d’une ONG créée en 1991 et particulièrement efficace dans ses missions de plaidoirie (interventions auprès d’institutions pour trouver des solutions à des problèmes humanitaires), en particulier sur la pénurie d’eau au Tchad. Un savoir-faire qui est parvenu jusqu’aux oreilles de l’ONU qui a invité le Secours Islamique à intervenir devant une prestigieuse séance plénière composée de pays européens et africains. « Nous avons beaucoup agi à l’international, nous le faisons dans 16 pays. Mais l’idée était de revenir à la France, où nous sommes nés. Nos anciens locaux sont basés à Saint-Denis (l’organisation est désormais basée à Massy, ndlr), il était logique d’organiser ces Tables du Ramadan ici », affirme Samira Alaoui, qui me saisit par le collet pour me demander si je ne manquais de rien et si j’avais « besoin d’informations ».
Rêveries en cuisine
Ces « Tables du Ramadan », organisées comme leur nom l’indique lors du mois sacré pour les musulmans, s’inscrivent en marge de toute une série d’actions que le Secours Islamique planifie toute l’année : maraudes, épiceries solidaires, des actions de « partage, de solidarité et de fraternité ». Une fois cette belle parole dite, Samira m’emmène visiter les cuisines, la salle à ne surtout pas fréquenter pour un jeûneur, c’est dire mon implication dans ce reportage. Dans ce petit tour du propriétaire gastronomique, Samira m’affirme que la nourriture provient de dons de particuliers, sauf pour la viande que l’organisation achète elle-même. On trouve de tout : céréales, lait, pâtes, fruits et légumes… habilement et méthodiquement rangés dans des étagères en ordre. En effet, il s’agit de ne pas se perdre lorsqu’on veut trouver un produit, car il faut faire vite : un premier service pour les non-jeûneurs démarre de 20H à 22H, les jeûneurs prenant ensuite le relais à partir de 22H. « Là tu vois, on rigole, on a un peu de temps, c’est tranquille, mais après, c’est beaucoup plus rythmé… tu ne vois pas le temps passer ! Il y a beaucoup de bouches à nourrir donc tout doit être carré », me confie un des bénévoles.
Au fur et à mesure que l’heure du premier service se rapprochait, une organisation à toute épreuve commençait à se mettre en marche. Ici, un bénévole disposait les tables, là, un autre faisait la vaisselle. Quant à moi, je rangeais des cartons de viande pour les mettre dans l’une des deux chambres froides, de cette grande tente. Il reste une bonne demi-heure avant de commencer à servir les premiers couverts. Ce fut le moment où Habiba, une petite dame à l’éblouissante énergie, arrive pour disposer les équipes selon les services : deux personnes au service des salades, deux autres pour le plat (pâtes, légumes et steak hâché), et deux autres personnes (dont votre serviteur) à la soupe… dont j’appris que c’était le service le plus « chaud ». Je n’ai pas duré longtemps, la soupe étant très chaude, il fallait être extrêmement réactif au service. C’est une « habituée » qui a pris ma place, sourire (narquois, j’en étais quasi-sûr) aux lèvres. J’ai été « mutée » au service des ustensiles en plastique et au pain, ce qui était moins risqué.
Un poème pour dire merci
Je n’ai même pas eu le temps de humer la senteur enivrante des plats succulents disposés tout autour de moi qu’il fallait se mettre en rang : les premières personnes arrivaient. Des visages si différents les uns des autres, je les scrutais un par un. « Bonjour, bon appétit, merci… » ces formules de politesse banales que j’enchaînais contredisaient l’émotion que j’avais dans mon rôle d’un soir : apporter ma pierre à un service qui vient directement en aide à l’autre. Malgré cela, je contenais mon émotion car il fallait faire vite. Passé le premier service, le deuxième arriva à une vitesse quelque peu déroutante. Nous prîmes quelques minutes pour rompre le jeûne ; au menu, dattes et lait caillé, nous faisant la promesse commune de manger plus conséquemment plus tard dans la nuit. Les jeûneurs démunis étaient notre priorité : nous servîmes des assiettes et des bols de soupes en rafale. En guise de remerciement, un homme est venu jusqu’à Noura, la bénévole qui m’accompagnait : « Je vous ai écrit un poème… ». Un poème écrit en couleurs et à la manière d’un enfant. Très touchant moment qui m’est resté. « C’est pour ce genre de petits instants que je viens ici, pour voir des visages différents, mais aussi me sentir utile », me confie Noura, qui m’ajoute aussi que « pendant le mois de Ramadan, il faut redoubler d’actions pieuses, qui sont encore plus récompensées ».
Il était un peu plus de 23H lorsque les ventres étaient soulagés. Nous distribuâmes les dernières assiettes. Avant de manger à notre tour, il fallait nettoyer la grande salle, récurer les casseroles, laver le sol, les tables et les couverts… Peu importait l’heure, nous ne connaissions pas la fatigue, trop heureux de la mission que nous avons mené à bien en cette soirée : venir en aide à notre prochain. Une fois la salle propre, nous nous sommes installés, nous avons fait connaissance. Je tendais l’oreille, j’écoutais des débats politiques animés improvisés, comme la politique au Proche-Orient, l’état des banlieues en France (« On a beaucoup plus à faire que les autres, c’est rageant mais c’est comme ça »)… mais j’entendais aussi des personnes parler d’amour (« Frère, le temps passe si vite, il faut se marier le plus vite possible sinon tu vas finir seul ») . Les langues se déliaient, dans une atmosphère très joviale et attendrissante.
C’est sur cette note que, dans le métro qui me ramenait chez moi, je m’étais promis de revenir un jour ou l’autre.
**par Mounir Belhidaoui / respectmag / 6 juin 2017
********************************
*Le Ramadhan chez les musulmans d’Inde
**Démunis, mais attachés à leur foi
Pour les musulmans d’Inde, le Ramadhan est l’occasion de se sentir moins démunis et moins seuls. Virée dans les quartiers habités par cette communauté minoritaire de la plus grande démocratie du monde. (Reportage)
New Delhi.
De la correspondante d’El Watan.
Pour bien s’imprégner de l’ambiance ramadanesque qui se respire dans la capitale indienne, rien de mieux que d’accomplir un pèlerinage vers deux endroits qui symbolisent l’Islam local par excellence. Durant le mois sacré, ces lieux exhalent des effluves de musc et de menthe et l’esprit du Ramadhan y est plus palpable que nul part ailleurs dans ce pays asiatique. Les artères grouillantes de visiteurs du vieux Delhi, zone de Chandni Chowk, vous transportent dans un voyage à travers le temps. La communauté musulmane indienne, très discrète en général, est plus visible en ce mois particulier, et on a l’impression que les hommes vêtus de qamis et de couvre-chef blancs et les femmes couvertes d’un niqab noir ou d’un voile coloré sont plus nombreux dans les rues, surtout en début de soirée, lorsque les fidèles se rendent dans les mosquées pour accomplir la prière des tarawih. Dans les ruelles étroites et toujours très fréquentées du vieux Delhi ou du quartier de Nizamuddine, point de voitures ou de taxis, seuls les rickshaws (touk-touk pour les Indiens), ces petits véhicules à trois roues caractéristiques de l’Asie, s’aventurent dans les couloirs exigus qui servent de bretelles urbaines.
On peut également opter pour un pousse-pousse, si on n’est pas trop attendri par la fatigue de ces forçats qui vous transportent par la force de leurs muscles en pédalant sur plusieurs kilomètres pour quelques centimes d’euros. En ce 21e jour du Ramadhan de l’an 1432 de l’Hégire, le marché Meena Bazar, qui s’étale comme un serpent gras et paresseux au pied du Jama Masjid, la grande mosquée de Delhi, offre tout ce que les échoppes des médinas arabes ou musulmanes proposent aux clients. Des tapis moelleux et colorés pour la prière, des chapelets multicolores, des foulards soyeux, des porte-khol et du henné pour les femmes coquettes, des chaussures et des habits pour les enfants que les mères musulmanes inspectent minutieusement avant d’en négocier le prix. La fête de l’Aïd El Fitr approche et il faut habiller les bambins de neuf. Plusieurs étals sont jonchés de nourriture prête à être consommée par les non-jeûneurs, surtout des fruits frais ou secs. Les dattes sont omniprésentes. En boîtes, dans des sachets, ou disposées en amas à ciel ouvert, qu’elles soient iraniennes, saoudiennes ou émiraties, toutes sont couvertes de mouches et d’abeilles.
Même les dattes soigneusement emballées ne font pas venir l’eau à la bouche. Le vendeur, un jeune musulman portant une chéchia blanche immaculée, tente d’appâter les passants, mais il ne réussit qu’à attirer plus de mouches. Husain remplace son père qui s’est éloigné un moment pour faire des emplettes. «Nous vendons beaucoup plus de dattes durant ce mois.» Des dattes algériennes ? La très convoitée Deglet Nour, un diplomate affirme en avoir vu dans le marché de Priya, dans le quartier huppé de Vasant Vihar. Mais ceux qui y ont accouru n’ont trouvé que les habituelles dattes tunisiennes disponibles dans tous les supermarchés à l’étranger. Peut-être a-t-il été victime d’un mirage ramadhanesque. Au sud de l’Inde, dans l’Etat du Kerala, la foire des dattes s’est ouverte au début de ce mois de Ramadhan.
Provenant de plusieurs pays, dont l’Irak et l’Egypte, vingt-deux variétés de ce fruit, appelé «khajoor», sont exposées, au grand bonheur des musulmans de la région, qui observent eux aussi la tradition de rompre le jeûne avec des dattes, avant de s’adonner à la dégustation de «pakodas» (beignets) et du savoureux thé cachemiri ou «shir tea», dont le goût sucré est relevé avec des épices comme la cannelle et des fruits secs comme les pistaches. Les Indiens ont aussi leur chorba qui s’appelle «changui», à base de farine, de riz et de morceaux de viande. Certains lui préfèrent la harir, faite de noix et de céréales écrasées. Mais le Ramadhan, c’est aussi le moment idéal pour organiser des événements culturels. Dans la ville de Rampur, au nord du pays (Uttar Pradesh), la librairie Raza a décidé de présenter au public une précieuse collection de manuscrits de Coran, dont certains remontent au VIIe siècle. De véritables chefs-d’œuve à la calligraphie authentique. L’organisateur de l’exposition, Atharullah Khan, explique que la date a été bien choisie, «car c’est durant le Ramadhan que le Coran a été révélé au Prophète Mohammed (QSSSl)».
Démunis, mais attachés à leur foi
Le Ramadhan 2011, an 1432 de l’hégire, a apporté un peu de joie dans le cœur de la petite minorité musulmane d’Inde, à peine 13% de la population totale, soit 160 millions d’habitants sur un milliard deux cent millions. Dès l’annonce du début du jeûne, les pratiquants se sont échangé les vœux de «happy Ramzan» ou «Ramzan Kareem» en ourdou. La langue ourdoue, l’une des langues officielles de l’Inde, est parlée par 50 millions de musulmans du nord du pays, soit le tiers de cette communauté. Grâce à cette langue, les fidèles peuvent apprendre le Coran et l’enseigner sans devoir le transcrire dans un autre alphabet. Outre les tarawih, il est de coutume dans les mosquées indiennes de suivre un «i’tikaaf», un isolement spirituel au sein du lieu de culte les dix derniers jours du Ramadhan. Les plus fervents parmi les pratiquants choisissent de ne plus quitter la mosquée pour se consacrer entièrement à la récitation du Saint Coran, avec l’autorisation du «meulana», l’imam. Il faut dire que la plupart des musulmans d’Inde sont les plus pauvres parmi les pauvres, et durant le mois sacré du Ramadhan, ils retrouvent la fierté de leur appartenance à la nation de l’Islam. La tolérance et le respect qu’ils manifestent envers les autres confessions sont tangibles aux abords de la mosquée de Delhi, la plus grande d’Asie.
De loin, l’effet d’optique produit par les milliers de marcheurs, qui descendent ou montent les marches menant au monument de grès rouge construit en 1644, est impressionnant. Ces marées humaines de touristes, fidèles, curieux, pères de famille… s’affairent autour des échoppes, regardent, discutent avec les marchands, avant de poursuivre leur virée. Les vendeurs de jus de fruits et d’eau glacée sont les plus sollicités. Le bruissement des voiles colorés qui couvrent les musulmanes pratiquantes et celui des saris portés avec nonchalance par les autres femmes indiennes, ventre et nombril à l’air, se mélange au froissement des jeans de touristes. L’air dans les rues aux alentours de Jama Masjid est saturé par les senteurs des épices, de la fumée et des mets cuisinés dans la rue même. Les vendeurs de biryani servent des clients qui s’attardent face à des montagnes d’oignon cru découpé en rondelles, jouxtant des terrines couvertes de brochettes d’agneau, de poulets…
Les jeûneurs détournent la tête quand ils passent tout près pour éviter d’aiguiser leur faim et leur soif. Plus loin, un autre quartier historique qui a résisté à la présence britannique et a conservé son cachet islamique. Nizamuddine, avec son élégante architecture islamique, porte le nom du maître soufi dont le mausolée attire des milliers de musulmans et d’hindous chaque jour. Tous ceux qui ont une requête à faire au grand maître, s’agenouillent devant sa tombe et prient dans leurs langue et religion pour que leurs vœux soient exaucés. Nizamuddine est l’un des visages les plus authentiques de la ville, du moins dans sa partie pauvre, habitée par les musulmans. Car l’autre partie, appelée Nizamuddine-Est, est un quartier huppé, où tous les étrangers aisés rêvent d’habiter, quitte à payer des loyers plus chers que ceux du centre de Rome. Le quartier musulman lui est une Casbah très délabrée, dont les ruelles exiguës, vous portent au cœur de la pauvreté la plus insoutenable. Pas loin de la mosquée, où des files d’hommes en qamis prient – aucun espace n’est réservé aux femmes – les commerçants étalent leurs produits. Des boucheries à donner la chair de poule, tant la saleté de l’endroit est frappante, offrent de la viande d’agneau, de chèvre et des poulets. Entre deux boutiques, une chèvre vivante attachée avec une grosse chaîne de fer à un pilier semble être une apparition magique.
Sur une autre vitrine à la propreté plus que douteuse, une pancarte annonce «clinique dentaire». A l’intérieur, la poussière et la vétusté du matériel dénotent l’absence totale d’asepsie et d’une quelconque hygiène et invitent à prendre son mal en patience et ses jambes à son cou. Au détour d’un couloir large d’à peine un mètre, une boulangerie attire les clients. Au fond de la pièce, un enfant, qui ne doit pas avoir plus de huit ans, pétrit énergiquement une grosse pâte. Un autre, à peine plus grand, jette à l’aide d’un fil de fer les galettes prêtes dans un four souterrain construit en argile, où le pain cuit grâce à la chaleur d’un feu placé à l’intérieur. C’est le tandoor, le four de terre cuite, hérité du règne musulman qui fait la fierté de la cuisine indienne. Plus loin, dans les quartiers résidentiels, une poignée de musulmans nantis vit son Ramadhan différemment. Les hommes politiques musulmans saisissent cette occasion pour faire connaître leur religion à leurs collègues. Le vice-président Hamid Ansari a offert un dîner de l’iftar, auquel plusieurs personnalités hindoues ont été conviées, en l’honneur du Premier ministre sikh, Manmohan Singh.
A Delhi, il n’y a pas beaucoup de restaurants arabes qui offrent une cuisine et un service de qualité. Le restaurant libanais Mashrabiya, logé dans le magnifique site historique de l’hôtel de luxe Ashok, dans l’enclave diplomatique de Chanakyapuri, attire des familles musulmanes aisées, résidentes ou de passage dans la capitale indienne. Lorsque le moment de l’iftar approche, le serveur baisse le volume du téléviseur qui trône au milieu de la salle. Une chaîne d’information arabe diffuse les dernières nouvelles provenant de Libye. Des clients arabophones qui suivaient le journal avec attention retournent à leur conversation. Une famille iranienne nombreuse fait son apparition et occupe une grande table réservée pour l’occasion. La forte chaleur oblige les consommateurs à renoncer à s’assoir dans la salle en plein air, préférant la partie couverte, où le mobilier et les tapisseries semblent vétustes comme le fort qui abrite le restaurant.
Le menu est alléchant, mais on découvre vite que quoi qu’on commande, on vous présente les mêmes plats. Même les baklawa indiqués au menu dessert sont finis. Après le thé à la menthe insipide, arrive l’addition, qui, elle, sera très salée. Plus de quatre mille roupies, soit 66 euros environs, pour deux personnes, à peu près la moitié du salaire d’un chauffeur indien à temps plein. C’est cela l’Inde, le pays des contrastes frappants. Dehors, des clients supportent le fort taux d’humidité régnant et les moustiques insistants, pour fumer tranquillement un narghilé qui exhale un parfum de pomme et dégage des volutes de fumée épaisse qui va rejoindre le brouillard nocif qui couvre le ciel de Delhi, l’une des dix villes les plus polluées au monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Happy Ramzan. (El Watan-22.08.2011.)
***********************
**Jeùner avec une température de 50° .
Le Ramadhan et les contraintes climatiques dans le sud
Adrar… 14h-17h par 50° …. le temps de l’enfer !
**La vie s’arrête à 13h pour reprendre vers 18h
Les habitants d’Adrar vivent ce mois de Ramadhan sous la contrainte du climat, un facteur naturel qui règle les mouvements et les gestes quotidiens, notamment durant la journée, d’une part, et d’autre part celle du couffin imposée par l’homme, et plus particulièrement l’acteur commercial qui, lui, joue un rôle important sur le volet psychologique des foyers à faible revenu.
Pour ne parler que du facteur climat, Adrar est une ville de 50 280 habitants, typiquement saharienne, implantée au cœur du Touat, à la lisière du grand erg occidental et située géographiquement à 1300 km du littoral oranais. Elle se caractérise par une nature aride et hostile, un climat très chaud et sec durant environ huit mois de l’année. D’ailleurs, il n’existe pratiquement que deux saisons : un hiver très froid la nuit et doux le jour, mais très court, environ deux mois au plus, et un été torride, où le mercure grimpe le jour à 50°C pour se stabiliser la nuit autour de 40°C. Cette spécificité climatique fait que les habitants d’Adrar adaptent leurs gestes quotidiens durant la période estivale en fonction de ce paramètre chaleur, en prenant plus de précautions durant la période du jeûne. Même le tissu et la couleur des vêtements (aâbaya et chech) sont conçus pour réfléchir les rayons solaires et ne pas conserver la chaleur. Adrar compte deux communes, à savoir Bouda et Timmi, qui, elles, sont composées d’une nuée de ksour où vivent 23 075 âmes. Ce qui donne à cette magnifique ville rouge au style néo soudanais un caractère semi-rural. Car en général, une grande partie de ces Oasiens arrivent le matin à Adrar pour écouler leurs produits maraîchers au souk, puis, en début de soirée, ils rejoignent leur domicile.
La vie s’arrête à 13h pour reprendre vers 18h
Pendant le mois de Ramadhan, la vie commence très tôt, dès 6h le matin, avec l’activité des achats sur le marché des fruits et légumes, et cela jusqu’aux environs de midi (soit 11h GMT). Là, les citoyens se retirent à la hâte et rejoignent leur demeure pour se mettre à l’abri de la chaleur. Tout mouvement du corps est mesuré durant le jour, car la soif est là à vous guetter. Puis c’est au tour des commerçants de baisser rideau. Dès cet instant, avec le passage du soleil au zénith, c’est un couvre-feu naturel qui s’installe progressivement dans la ville, pratiquement de 14h à 17h. Dans cet intervalle, appelé communément «ouaqt géhenama» (temps de l’enfer), toutes les artères sont vides. On peut apercevoir quelques véhicules, option air conditionné, qui circulent, mais pour la plupart, ils appartiennent aux administrations ou aux services de sécurité. Pour ce qui est des horaires de travail de certaines administrations, le citoyen, autant que le fonctionnaire, s’interrogent sur l’opportunité de leur uniformisation. Sachant que dans les régions du Grand Sud l’administré, sauf cas de force majeure, ne se rend jamais l’après-midi auprès de ces institutions.
Cette décision a pour conséquence un déficit économique énergétique non mesurable et inutile, qui engendre une surconsommation d’énergie électrique liée à l’utilisation massive et simultanée de plus d’un millier de climatiseurs dans les bureaux. Sans citer encore les contraintes de production et les dérangements causés aux services de Sonelgaz qui, déjà, éprouvent d’énormes difficultés pour stabiliser et réguler la distribution électrique aux foyers. Pour revenir au quotidien du citoyen, la vie reprend de manière assez timide et partielle vers 18h, soit deux heures avant le f’tour. Toutefois, seules quelques boutiques ouvrent pour écouler surtout le lait et ses dérivés, de même que les pâtisseries orientales. Ces dernières, il y a à peine quelques années, étaient encore une curiosité pour les autochtones. Adrar dispose actuellement de plusieurs établissements de ce type, tenus pour la plupart par des artisans pâtissiers venus d’Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa et même un Tunisien. On notera toutefois que le remarquable développement local de la wilaya lui a permis de passer de sa vocation exclusivement agricole et touristique à une vocation économique basée sur la diversité des commerces et services avec ses richesses naturelles en hydrocarbures. Sa capitale, Adrar, qui n’était qu’une oasis, un joyau du Sahara, n’a rien à envier à ses consœurs du Sud comme Béchar, Ghardaïa, Ouargla, etc. en matière d’activités et d’infrastructures socioéconomiques et culturelles et où toutes les commodités permettant au citoyen de mener un vie normale et équilibrée existent actuellement.
Le f’tour, l’hospitalité du Touati et l’animation dans les mosquées
Enfin, à l’approche du ftour, si vous êtes de passage à Adrar, ne soyez pas étonné si un inconnu vous aborde pour vous proposer de partager son repas. C’est un honorable geste qui fait partie de la culture et de l’hospitalité des Touatis. Ainsi, plusieurs notables de la ville ouvrent leurs portes aux pauvres, aux mendiants et aux voyageurs. Ils offrent gracieusement à manger durant tout ce mois.
Par ailleurs, dans les foyers des autochtones ou les ksour, on rompt le jeûne avec ce qu’il y a de plus simple comme repas. En règle générale c’est du lait ou du l’ben (petit lait) avec quelques dattes locales (takerbouch). Puis on effectue la prière du Maghreb à le la mosquée la plus proche avant de revenir à table et de continuer avec «el hassa» (une soupe à base de blé). Cependant, en début de soirée, c’est la phase spirituelle de la journée qui commence. Le premier quart de la nuit est consacré à la pratique religieuse. Les gens du Touat sont connus pour leur piété et leur attachement aux valeurs traditionnelles, à la religion et à la Sunna. Ainsi, la centaine de lieux de culte musulmans que compte la ville sont remplis de fidèles, femmes, hommes et même enfants venus accomplir les prières surérogatoires (tarawih). Au retour des mosquées, les fidèles rejoignent de nouveau leur meïda pour enfin continuer le reste du menu du repas. En effet, au Sud, il est de tradition que le repas du f’tour soit pris en deux phases, et ceci afin d’éviter d’alourdir l’estomac et de pouvoir exécuter les prières en toute souplesse.
Les sorties nocturnes malgré la chaleur intense et persistante
Après cette étape réservée à Dieu, les familles passent la soirée soit entre elles autour d’une table, soit chez des proches. Mais, pour plusieurs d’entre eux, c’est la sortie nocturne en ville qui est prisée. Malgré la température qui, même après le coucher du soleil persiste (le mercure refuse de descendre en dessous de 40°C), les gens déambulent avec nonchalance, surtout à travers les deux principales artères du centre, à savoir les rues Bouda et Salmi, où se concentrent la majorité des commerces avec leurs belles vitrines et les grands magasins de confection, de cosmétiques, de mobilier, d’électroménager, d’alimentation, etc.
Pour certaines mamans, c’est déjà l’heure des achats de vêtements pour l’Aïd, imposée par la limitation dans le choix et la qualité.
La sortie du soir est impérative à Adrar, même en dehors du Ramadhan. On remarquera que des fontaines fraîches sont installées partout dans la ville ; une grande partie appartiennent à des bienfaiteurs. Ce qui permet au citoyen de circuler sans stress, sans être obligé de porter sur lui ce précieux liquide.
La place des Martyrs est le lieu privilégié pour passer la soirée
La grand-place des Martyrs, située au cœur de la ville, face à l’hôtel étatique classé, Touat, qui s’étend sur plus de 5 hectares, reste le lieu privilégié pour tous les autochtones. En effet, c’est le lieu de rencontre de toutes les couches sociales originaires de la région et cela depuis très longtemps. Cette place offre, le temps d’un thé, à chaque famille ou groupe d’individus ou d’amis, un petit périmètre balisé par des de tapis, des palmes, des étoffes ou des couvertures posées à même le sol. Ces espaces sont gérés par des petits vendeurs occasionnels qui proposent à leur clientèle un verre de thé, des cacahuètes salées et des œufs à la coque. L’ambiance musicale est bon enfant, au rythme de l’ahellil ou des chansons du terroir. Ce sont ainsi plusieurs centaines de personnes des deux sexes qui se retrouvent assises par terre, côte à côte, à siroter du thé en discutant et cela jusqu’à une heure avancée de la nuit. Les plus jeunes ne se séparent qu’à l’heure du s’hor.
Cette grande place est mitoyenne du siège de l’APC et fait face aux institutions bancaires. Le spacieux trottoir, qui s’étend sur plus de 500 m ; d’innombrables lampadaires illuminent des bancs publics et des crémeries ambulantes. Ici, l’endroit est fréquenté par une autre catégorie de personnes de tous âges. Ceux qui s’y exhibent sont originaires d’ailleurs ; certains, accompagnés de leur progéniture, tiennent en laisse leur chien, d’autres font du vélo et d’autres encore jouent au ballon…Tous en profitent pour consommer glaces et citronnades, mais il faut se présenter tôt pour avoir une table.
Le civisme et la culture du Touati
Les filles sont généralement seules, elles sortent sans leurs parents. Ici la femme jouit d’une certaine liberté, elle peut rester dehors au-delà de minuit sans être inquiétée. On fera remarquer à l’occasion que le comportement du citoyen adrari est un exemple et un modèle de civilité et de civisme. En effet, Adrar est une ville où les mots famille et femme ont un sens ; celles-ci sont respectées et vénérées. Les étrangers qui viennent pour la première fois à Adrar sont toujours surpris de voir que des femmes et des jeunes filles circulent seules la nuit et ne sont pas dérangées ni agressées. Selon un sociologue, ce comportement durera tant que les zaouïas et les chouyoukh jouiront de leur influence dans la région. (El Watan-17.08.2011.)
**Farniente nocturne…Skikda: Hammam Salihine
Pour la première fois de son histoire, Hammam Salihine est resté ouvert au public durant le mois de Ramadhan. Juste après le f’tour et les prières des taraouih, des dizaines d’habitants de Biskra se rendent à la cafétéria de ce complexe touristique pour profiter d’un moment de repos en famille ou entre amis.
Surplombant la ville et donnant sur une esplanade de 2 000 m² entourée d’arbres, cette caféteria, nouvellement ouverte, semble attirer de plus en plus de monde, car l’ambiance y est agréable et le service impeccable. Cela change, témoignent plusieurs clients, des cafés du centre-ville, «bruyants, crasseux et surpeuplés.» Des groupes de musique locaux y présentent aussi, certains soirs, des spectacles et des concerts pour le plus grand plaisir des mélomanes. S’étendant sur une superficie totale de 27 ha et ayant la particularité d’être le seul et unique complexe thermal du pays à être situé en plein chef-lieu de wilaya, le complexe thermal Hammam Salihine de Biskra a paru, durant des années, abandonné à son triste sort.
Selon une enquête d’un organisme international, ses eaux thermales, découvertes par les Romains il y a plus de 2000 ans, jaillissant des entrailles de la terre naturellement à 43° C et avec une teneur de 9% en soufre sont des plus efficaces contre tout un éventail de maladies dermiques, ostéopathiques et musculaires. En plus du traitement thermal, les connaisseurs y convergeaient aussi pour des cures climatiques en toutes saisons. En dépit de ces atouts, on voyait ses bâtiments se ternir et ses terrains pentus être envahis de broussailles, de chiens errants et de détritus épars.
La désolation semblait y régner en maître. Bâti en 1974, il a connu son âge d’or dans les années 1980 avant de tomber en décrépitude. Il n’offrait plus à ses clients que de simples bains thermaux, et ses quelques bungalows ne payant pas de mine, étaient plus à la merci des scorpions et des serpents que des rares curistes et amateurs de balnéothérapie le fréquentant. Désormais, cette époque semble révolue. Tout un chacun peut le constater de l’extérieur, il reprend vie après des années de délaissement. Résultante d’un vaste programme national de réhabilitation et de modernisation des infrastructures touristiques et de la volonté du conseil d’administration de l’EGT Biskra, laquelle outre cette unité et l’hôtel des Zibans de Biskra, compte aussi le Souf et le Louss de Oued Souf, l’Oasis de Touggourt et le Qalaâ de M’Sila parmi les hôtels qu’elle gère, la résurrection de Hammam Salihine est, en effet, remarquable à plus d’un titre.
De bonnes performances
En 2010, il a reçu 110 000 curistes et «nous avons la volonté de doubler ce nombre.», a indiqué, Hussein Menaï, DG de l’EGT Biskra depuis 2009. Celui-ci a de grandes ambitions pour cette entreprise touristique. Précisant que «La datte et les eaux thermales sont les emblèmes de Biskra.» Notre interlocuteur souhaite «fidéliser les clients en leur offrant des prestations et des services de qualité pour faire sortir ces milliers de familles de leurs 60 m².», a-t-il dit. Des travaux sont en cours pour faire de Hammam Salihine, non seulement un centre de soins thermaux de pointe, mais aussi un espace de commerce, de loisirs, d’art et de culture.
Déjà, le reboisement de 10 ha irrigués au moyen d’un goutte-à-goutte, qui a donné naissance à une forêt de pins et de palmiers où il fait bon se promener, la rénovation de son hôtel de 52 chambres et celle des cabines de balnéothérapie et de la piscine, la réalisation d’une allée piétonne de 180 mètres, d’un petit parc de loisirs pour les enfants avec toboggan, balançoires et autre tourniquet, lui ont fait changer de physionomie. Les grues et autres engins de chantier sont à l’œuvre pour finaliser un plan de réhabilitation qui en fera le leader dans son créneau d’activité. Même le personnel, d’habitude prompt à médire les responsables et à dénoncer les conditions de travail, se dit «bien loti».
Les 140 employés de Hammam Salihine se sont partagé, dernièrement, 30 millions de dinars au titre d’un prorata leur revenant sur les bénéfices. Ceux-ci ont atteint, l’année écoulée, 110 millions de dinars. Qui a dit que le secteur public national était incapable de bonnes performances ? (El Watan-22.08.2011.)
******************************
I’ve said that least 1970248 times. The problem this like that is they are just too compilcated for the average bird, if you know what I mean
Thanks for your post. I also feel that laptop computers are getting to be more and more popular right now, and now tend to be the only form of computer utilised in a household. It is because at the same time that they’re becoming more and more economical, their computing power is growing to the point where they are as potent as desktop computers out of just a few in years past.
I have realized some new items from your web page about pcs. Another thing I have always assumed is that laptop computers have become a product that each home must have for many people reasons. They supply you with convenient ways in which to organize households, pay bills, shop, study, pay attention to music and in many cases watch tv programs. An innovative approach to complete most of these tasks is a notebook computer. These pcs are portable ones, small, robust and mobile.
This is definitely an fascinating time, but could also possibly be at instances bewildering. studying tips on tips on how to communicate boobs milk because nicely as other lactation challenges are unfamiliar to a lot of, specifically as boobs pumps is just not normally a habitual subject in common culture. This facts is important although in case you are to create the actual incredibly best informed evaluation on which is the incredibly best boobs feeding pump to the personal needs.
[url=http://www.uggsaustraliarea.com]uggs sverige barn[/url]
uggs sverige barn
Your website is ROCK!
bloons tower defense 5
Hello! I¡¯m at work browsing your blog from my new iphone 3gs! Just wanted to say I love reading through your blog and look forward to all your posts! Keep up the fantastic work!
My spouse and I stumbled over here coming from a different website and thought I might as well check things out. I like what I see so now i am following you. Look forward to looking over your web page for a second time.
I simply want to say I am newbie to blogging and site-building and definitely loved your web site. Likely I’m likely to bookmark your blog . You absolutely have incredible articles and reviews. Thanks a bunch for sharing with us your blog site.
Votre billet très instructif, bonne continuation !
http://fou.du.foot.free.fr/index.php/revue-des-meilleurs-chaussures-de-football/
Pour moi le sport est un médicaments ! Difficile de m’en passer. J’ai commencé par du tennis de table et avec le temps me suis ouvert à d’autres disciplines. Aujourd’hui le sport fait partie intégrante de ma vie, je ne pourrais m’en passer.