Le Sahel,haut lieu de tension
**Instabilité dans la région du Sahel…les ressources minières et énergétique attisent les convoitises
De l’avis de beaucoup de politologues, l’Algérie «n’a jamais connu une telle instabilité à ses frontières Sud». Coup d’Etat au Mali, insécurité au Niger, scission au Soudan… les poches de conflit se multiplient dans la région sur fond de menaces d’ingérence étrangère.
Mais au-delà des aspects sécuritaires et politiques, cette instabilité pose des interrogations sur les véritables enjeux économiques que représente la région et qui dessinent les stratégies adoptées par les puissances occidentales vis-à-vis d’elle.
Les richesses énergétiques et minières ne manquent pas dans la région, connue pourtant pour être l’une des plus pauvres au monde.
Pétrole, gaz, or, uranium, diamant, phosphate, bauxite, plutonium, manganèse, cobalt… sont autant de bonnes raisons qui font de la région «un espace de convoitises» qui «attise les appétits des grands groupes internationaux», a écrit le journal l’Humanité (10 janvier 2011).
Outre le français Areva, premier producteur mondial d’uranium, American Corporation, BHP, CNCP et d’autres sont présents au Sénégal, au Soudan, au Mali, au Niger…
La rivalité franco-américaine s’active autour d’une région instable, emprise avec toutes sortes de fléaux : trafic de drogue, traite d’êtres humains, immigration clandestine et le terrorisme qui, «malgré de réelles menaces, sert d’alibi pour légitimer le discours et la stratégie sécuritaires occidentaux», qui cherchent à «sécuriser leurs approvisionnements en matières énergétiques et minérales», selon le journal français. Pour certains observateurs, la recherche d’une mainmise sur les richesses naturelles que recèle la région par les puissances mondiales est ce qui suscite leur intérêt et aussi leur inquiétude vis-à-vis de la région et de son instabilité.
Mahdi Taje expert du Sahel, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire de Paris, estime, dans un entretien accordé à la presse mauritanienne, que «la réalité géographique de cette zone permettrait à certains Etats, s’ils se positionnent économiquement et militairement de mieux contrôler les richesses des Etats du Maghreb et les richesses d’Afrique de l’Ouest». Leur objectif est de «se positionner au sein de ce couloir stratégique pour sécuriser leurs approvisionnements en matières sensibles, énergétiques et minérales, vers le golfe de Guinée pour les débouchées américains, vers le Sahara et la Méditerranée pour l’Europe enfin vers la Mer Rouge pour l’Asie».
Importance économique croissante
Il faut dire que l’importance économique de la région n’a cessé de s’étendre ces dernières années, suite «aux découvertes énergétiques au Tchad et en Mauritanie», souligne le politologue M’hand Berkouk (dans un entretien à El Watan). Selon lui, «c’est l’enjeu énergétique qui peut expliquer cet engouement de la France, de la Chine et des USA». Récemment encore, le pétrolier français Total annonçait avoir signé deux permis d’exploration avec les autorités mauritaniennes sur le bassin de Taoudéni, jugé très «prometteur».
Selon l’agence internationale de l’énergie, la demande mondiale en pétrole et en gaz naturel devrait doubler dans les vingt prochaines années. Les Etats-Unis qui importent 15% de leurs besoins d’Afrique devraient en importer 25% en 2015».
De ce point de vue, «le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie», notamment avec l’entrée du Tchad et de la Mauritanie dans le cercle des pays producteurs de pétrole, pense Mohamed Saleck, directeur du Centre mauritanien de recherches sur le développement et le futur dans une contribution intitulée «Sahel : une géopolitique de l’invisible !», publié sur son site web.
Côté ressources minières, la tendance est similaire. Le Mali est considéré comme le troisième producteur d’or en Afrique, le Niger et le second producteur mondial d’uranium, ce qui le place au centre des intérêts français au vu de son important programme nucléaire. Selon Mhand Berkouk, «avant de conclure les accords d’indépendance (1960) avec le Niger, la France s’est assurée du droit exclusif à l’exploitation des mines d’uranium». Areva, la compagnie chargée de l’exploitation de ce minerai, «n’hésite pas à utiliser toutes les méthodes, y compris l’incitation à la violence, pour préserver ce privilège. En septembre 2007, elle avait financé le Mouvement de la jeunesse démocratique du Niger pour s’insurger contre l’Etat nigérien», explique-t-il.
Ancienne puissance coloniale dans la région, la France cherche donc à sécuriser ses approvisionnements.
A côté de la France, «les Etats-Unis ont un autre projet qui est déjà mis en place à travers d’un oléoduc qui désenclave le pétrole tchadien à travers le golfe de Guinée», selon Mahdi Taje. Enfin, la Chine «désenclave le pétrole sud-soudanais vers Port-Soudan et l’exporte à travers la mer Rouge». A travers sa compagnie pétrolière CNPN, la Chine est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Selon l’AIE, l’Asie, notamment la Chine et l’Inde, devrait être responsable de 65% environ de l’augmentation totale de la demande d’énergie de tous les pays en développement, d’ici 2030.
En clair, les atouts économiques du Sahel sont devenus objet d’antagonismes politico-économique entre les principales puissances mondiales pour «le contrôle de ses richesses». Un objectif qui va façonner en grande partie leur approche vis-à-vis de l’instabilité de la région. (El Watan-30.04.2012.)
**AU SAHEL, L’EMIR DE QATAR SE SUBSTITUE À SARKOZY
Les ingrédients d’une intervention étrangère
La défaite de Sarkozy a brouillé les plans américains dans la région.
L’onde de choc du «syndrome libyen» va toucher plusieurs pays du champ sahélien. Elle n’épargnera pas le Mali dont la situation sécuritaire s’y prête bien. Des spécialistes des questions géostratégique sont catégoriques: «Au Sahel, les jeux sont visiblement faits pour monter de toutes pièces une intervention étrangère.» Cette nouvelle forme de balkanisation de la région sahélo-saharienne est vue par des observateurs avertis comme une porte ouverte au terrorisme international, justifiant des ingérences et interventions étrangères directes dans la région. Une nouvelle technique américaine légitimant ses interventions de par le monde. Chaque heure compte, le risque donc est imminent.
Les mêmes spécialistes soutiennent que la défaite de l’architecte de «l’afghanisation de la Libye», Nicolas Sarkozy, durant la précédente élection présidentielle française, peut accorder un léger sursis à cette intervention. Ainsi, pour Bernard Lugan, spécialiste de l’Afrique, «le Sahel est devenu une terre où prendre ses matières premières (uranium, fer, pétrole, etc.) y attirant outre les acteurs traditionnels, en l’occurrence la France et les Etats-Unis, de nouveaux acteurs comme la Chine». Relevant que l’anarchie qui y règne est voulue, si elle n’est pas provoquée. Cela explique, dit-il,par ailleurs, la position des Américains surveillant la région du Sahel comme du lait sur le feu. Toutefois, la défaite de Sarkozy a brouillé les calculs américains pour mener une opération militaire, touts azimuts, au nord du Mali, soit une deuxième étape pour l’Otan après la Libye.
Par ailleurs, il est aussi signalé que les informations circulant à propos du Qatar qui vient de mettre sa «patte dans le brasier sahélien» renseigne sur son rôle de substitution à la France, plus ou moins pour le moment, pour prêter main forte aux groupes djihadistes au Sahel. Ce petit sultanat du Machrek est d’autant plus connu pour nager dans des eaux troubles et répandre le feu sur son passage pour le compte de l’Oncle Sam et consorts. Le rôle joué par le Qatar dans la guerre de l’Otan en Libye confirme, à plus d’un titre, les informations rapportés par le quotidien français le Parisien, accusant ce pays de subventionner les groupes terroristes.
D’autant que, tous les ingrédients pour justifier une intervention au nord du Mali sont réunis après l’effondrement de l’armée malienne et l’implantation d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a renforcé et étendu sa zone d’action dans le nord du Mali, région qui est le bastion du mouvement séparatiste (Mnla), désormais décidé à recouvrer son indépendance. Notons à ce sujet que dans son dernier rapport sur Al Qaîda au Maghreb islamique, le conseiller principal du président Barack Obama, en matière de sécurité internationale et de lutte contre le terrorisme, John Brennan, a noté que cette organisation criminelle (Aqmi) s’est redéployée en nouant des liens avec le Shebab somalien et Boko Haram nigérian, lequel, semble bien structuré. Plusieurs de ses groupuscules ont tenté de franchir les frontières algériennes.
Néanmoins, ces tentatives demeurent vaines, étant confrontés, un dispositif sécuritaire pratiquement hermétique dressé par les éléments de services de sécurité algériens, tous corps confondus. C’est dire que l’oeil de l’Oncle Sam est braqué sur le Sahel en général, et en particulier sur les frontières Sud algériennes.
Et quoique le rapport américain ne constitue pas une grande nouveauté, il révèle néanmoins qu’au Mali le chaos se conjugue avec une crise politique sans issue. Cela suffit pour ouvrir grandement les portes d’une intervention étrangère au Sahel. D’où, les appels de l’opinion internationale à l’adresse de l’Algérie se multiplient pour qu’elle sorte de son retrait de la crise malienne et y intervenir militairement. «Dans le nord du Mali, il faut que les Algériens sortent de leur attitude de retrait et d’expectative, il faut qu’ils se réveillent!», a déclaré Mohamed Bazoum, le ministre nigérien des Affaires étrangères, lundi 4 juin sur les antennes de RFI, à propos de la position algérienne sur la crise au nord du Mali et les solutions pour la résoudre.
Un appel suivi, avant-hier, par les déclarations des présidents guinéen, Alpha Condé, et son homologue nigérien, Mahmoudou Issoufou, qui, à demi-mot s’adressaient à Alger. «Il faut intervenir militairement au Mali pour chasser les islamistes et étouffer les voix séparatistes», s’accordent à dire Conakry et Niamey. A ce sujet, le spécialiste des questions sécuritaires, le colonel à la retraite, Ben Djana Ben Amoueur a indiqué que l’Algérie connaît bien le dossier de la rébellion touarègue et a su faire la part des choses entre la lutte antiterroriste proprement dite et un conflit interne au Mali. Un conflit que les Maliens ont la charge de régler. Donc, l’évolution de la situation explique la prudence de l’Algérie. Bien que l’Algérie était prête à aider les Maliens en proposant sa médiation pour peu que les conditions d’un dialogue sérieux soient réunies.(L’Expression-12.06.2012.)
****à qui profite le crime?
«la grenouille qui voulait devenir aussi grande qu’un boeuf»
**Sous couvert de révoltes arabes et de bonne gouvernance…
Comment le Qatar exécute le plan israélien
Ceux auxquels il est arrivé de jouer, ne serait-ce qu’une fois, au puzzle, le savent. Tout ne va pas partout. Chaque pièce va exactement à sa place et aucune ne peut être mise ailleurs que là où elle doit être.
Il est tout à fait possible qu’un pays, «pas plus grand que la daïra de Draâ El
Mizan et pas plus peuplé que la wilaya d’Oum El Bouaghi», se mette à jouer à des
jeux de grands. Et nous avons eu la mauvaise surprise de le constater dans
plusieurs cas puants, récents et actuels. Mais de là à dire que ce pays-là agit
de la sorte pour réaliser sa stratégie, une stratégie qu’il aurait élaborée
comme un grand, c’est un pas qui me semble difficile à franchir pour plusieurs
raisons dont les trois plus importantes sont les suivantes.
La première de ces raisons est simple. Parce que «la grenouille qui voulait devenir
aussi grande qu’un boeuf» n’est qu’une fable et non une réalité, la stature de
ce pays ne lui permet pas d’avoir des visées aussi grandes que celles qui lui
sont attribuées par certains analystes. La seconde raison est que ce pays, même
si – pour les besoins de la spéculation – on lui accordait l’autonomie de
décisions aussi graves et aussi cruciales que celle de sonner la charge contre
des pays, comme cela s’est passé en Libye par exemple, ceci ne se justifierait
certainement pas par une supériorité militaire ou stratégique quelconque. Loin
de là! La troisième raison que j’invoquerais est que la richesse actuelle de ce
pays ne plaide pas en faveur de l’argumentation qui lui prêterait l’intention de
mettre la main sur des richesses à certains endroits du monde tels la Libye et
le Sahel. Il reste alors à expliquer le comportement de ce petit pays. En termes
policiers, on aurait dit qu’il faut chercher à savoir à qui profite le crime car
crime il y a effectivement. Et ce n’est pas un crime désintéressé, accidentel,
non plus parce qu’il est à répétition. Il ne fait pas de doute que les peuples
arabes ont beaucoup de choses à dire sur la manière dont ils ont été gouvernés
jusque-là, mais cela ne justifie aucunement qu’une partie étrangère intervienne
pour changer le monde dans ces pays-là. La première hypothèse est que ce qui se
passe dans certains pays arabes, et aux frontières de certains autres, vise la rupture d’avec le mode de gouvernance existant. Mais en quoi cette gouvernance dérange et qui dérangerait elle?
La gouvernance en soi, bonne ou mauvaise, ne dérange personne, il faut cesser de se
leurrer. Il se trouve simplement que ceux qui pratiquent cette gouvernance, du
moins certains d’entre eux, ont refusé et continuent de refuser toute
normalisation des relations avec Israël tant que le problème palestinien n’est
pas résolu. Ce refus de normalisation a fini, à la longue, par poser un réel
problème aux Israéliens. La perturbation des pays arabes (que certains appellent
printemps arabe) entrerait donc dans une stratégie qui viserait, selon cette
première hypothèse, à préparer une amélioration des relations
arabo-israéliennes. Le bénéficiaire est tout désigné, reste à trouver
l’exécutant de cette stratégie car il ne peut être question qu’Israël s’en
occupe, cela mènerait aux conséquences contraires. Il semblerait, si l’on reste
dans le cadre de l’hypothèse, que ce petit pays – qui est très lié avec Israël,
se serait occupé de l’exécution à un moment où la présidence tournante de la
Ligue arabe lui soit revenue. La seconde hypothèse que nous pouvons émettre
aussi est celle qui stipule que toutes ces gesticulations ont pour objectif un
accaparement des richesses du sol arabe. Le crime profiterait dans ce cas à
plusieurs parties et pas à une seule. Tous les pays industrialisés ont besoin
d’énergie et ils en auront encore plus besoin à l’avenir. Or à voir les besoins
gargantuesques de la Chine en hydrocarbures et la manière dont ce géant s’arroge
des contrats d’exploration ici et là, il devient impératif pour ces pays
d’assurer leur approvisionnement pour les années à venir et quel meilleur moyen
que de mettre carrément la main dessus? Ceci explique la coalition occidentale
contre la Libye dont les ressources sont déjà spoliées, du moins hypothéquées,
et dont la reconstruction est monopolisée par certaines entreprises venues
d’ailleurs. Et là encore, il est besoin d’exécutant pour les besoins de la
discrétion. Il se trouve, dans cette hypothèse aussi, que le petit pays en
question est ami et très lié avec tous les concernés et que pour la «bonne
cause» il reçoit la présidence tournante de la Ligue arabe, ce qui lui
permettrait de faire adopter des «trucs» pas très arabes. Ce qui fut fait!
Quelle que soit l’hypothèse dans laquelle on se place, il ressort à chaque fois
que le petit pays en question n’agit pas pour son compte. Cette explication par
l’arbre qui cacherait la forêt ne fonctionne pas dans le puzzle de la normalité.
C’est une pièce qui vient d’un autre jeu, d’une autre stratégie, plus grande et
plus forte. Ce pays-là ne fait, en fait, que sous-traiter la sale besogne pour
le compte de commanditaires beaucoup plus forts et beaucoup plus concernés par
ce qui nous arrive et ce qui risque de nous arriver dans l’avenir. La question
qui se pose alors est simple: quels sont ces partenaires de l’Algérie qui
s’opposeraient aux agissements de ce petit pays? On ne peut pas être au four et
au moulin à la fois.
Et il ne faut pas compter sur «l’amitié» de certains car les intérêts de leurs pays
respectifs dépasse de loin ceux de leur prétendue amitié. Comme quoi, lorsque
les choses sont sérieuses, il ne faut compter que sur soi-même.
(L’Expression-10.06.2012.)
***Le jeu trouble du Qatar
Petit pays, vivant dans l’anonymat total jusqu’à
il y a une vingtaine d’année, le Qatar émerge grâce à sa chaine de télévision
satellitaire El Jazzera et quelques actions diplomatiques financées, sous table,
à coups de dollars. C’est devenu un pays qui crée l’événement, résout les
conflits, s’ingère même dans les affaires intérieures de certains pays et se
joue d’autres pays..Sans rentrer dans les détails de ce
difficile et lugubre chapitre du jeu diplomatique qatari, arrêtons-nous,
seulement, au cas de l’opposition arabe en général et maghrébine en particulier
tel qu’il est traité à Doha. Un traitement caractérisé par un double jeu des
plus énigmatiques.D’un côté, les autorités qataries accueillent sur leur sol les
figures emblématiques de ce qui pourrait constituer une opposition aux régimes
maghrébins, en les inondant de dollars et multiples privilèges dont ils n’ont
jamais rêvé pour mieux les éloigner des réalités populaires de leurs pays.
De l’autre côté, il est donné libre cours à des
figures insignifiantes et aigries pour déverser à travers la chaîne de
télévision Al-Jazeera un discours virulent contre les régimes maghrébins mais
dénué de tout argument susceptible de lui donner un minimum de
crédibilité.Depuis quelques temps, Doha est devenue la Mecque de tous les
fuyards et recherchés de leurs pays. Qatar est l’unique pays arabe qui reçoit
sur son territoire les recherchés par leur pays via Interpol et c’est le pays du
Golf qui fait exception aux règles qui régissent les relations internationales,
en permettant à tout « opposant » d’où qu’il vienne de circuler librement
combien même celui-ci peut être impliqué dans des affaires de droit commun ou de
terrorisme.Parmi les hommes politiques en rupture de ban avec leurs pays,
l’algérien Abbassi Madani, l’ex- leader du Front Islamique du Salut dissous, a
trouvé dans le petit émirat du golfe le petit paradis terrestre tant rêvé. Parti
d’Algérie pour des soins à l’étranger, il est l’invité de la famille princière
pour quelques jours Une invitation qui s’est transformée avec le temps en exil
doré.Dans un premier temps, il a été hébergé, deux années durant, dans une
suite dans le luxueux hôtel Sheraton où le prix d’une simple nuitée, en chambre
« single », avoisine les 1500 $. On imagine, alors, aisément les coûts
d’hébergement et de prise en charge de toute sa famille dans une suite aménagée
en pavillon spécifique rien que pour lui et les siens. Le prix d’une nuitée est
de l’ordre de 2500$ sans compter les repas et autres frais supplémentaires comme
le téléphone ou la blanchisserie.Abbassi Madani recevait, dans ce pavillon, ses
invités et autres personnalités de passage dans la capitale qatarie. Après avoir
séjourné dans ce pavillon de l’hôtel Sheraton, il installé dans un luxueux
palais situé dans un quartier chic occupé par la nomenklatura de l’émirat, les
professionnels des médias et les dirigeants de l’Etat qatari.Ce palais se
subdivise en deux parties et se présente comme un ensemble de deux imposantes
villas, dont une à usage d’habitation et l’autre réservée aux hôtes et invités.
Cette dernière comporte une salle de réception large de 100 m².Abassi Madani vit
dans ce luxueux espace avec sa smala composée de ses fils et leurs épouses, de
ses filles et leurs maris et de ses petits enfants. Pour subvenir aux besoins
de sa famille.il perçoit un don mensuel de la famille régnante d’un montant de
14000 $. Ses fils et ses gendres ont obtenu la citoyenneté qatari, qui cela dit
n’est pas à la porté du commun des mortels.Ils se sont, depuis, convertis dans
les affaires et ont investi le domaine du commerce international. Avec des
comptes bancaires bien garnis, ils roulent tous dans de luxueuses voitures et
partagent le monde en quatre à la quête de contrats juteux, bénéficiant de
l’appui et le soutien de la famille dirigeante du Qatar.
*Le baisemain une attitude indigne..
Abassi Madani est invité au palais royal à chaque
fête nationale et de ce fait, embrasse publiquement à chaque invitation la main
de son bienfaiteur, le souverain Qatari. Cette même main qui a serré celle des
dirigeants israéliens que pourfendait l’ex-leader du FIS quand il était en
Algérie. On ne l’a pas entendu une seule fois dénoncer la politique israélienne
ou exprimer sa solidarité aux populations de Ghaza. Pis encore, il est resté
muet comme une carpe quand son ancien compagnon Ali Benhadj se faisait
interpeller par la police à Alger durant les manifestations de soutien à la
population palestinienne de Ghaza.Son silence, Abbassi Madani l’a vendu pour une
poignée de dollars et une luxueuse résidence à Doha. Plus d’Etat islamique, plus
de révolution ni de peuple à défendre. A un émir qatari dont la mission
principale est de briser les forces d’opposition dans le monde arabe. Abbassi
Madani a vendu sa parole et son âme.
Abassi Madani ne s’est jamais prononcé une seule
fois sur les relations qu’entretient l’Etat du Qatar avec l’entité sioniste ni
sur les facilités qu’il offre aux USA pour en faire de ses terre une base
d’agression contre les arabes. Il ne s’offusque pas du drapeau israélien qui
flotte au dessus de sa tête à Doha. Aujourd’hui, alors que ses enfants roulent
carrosse et font du bizness aux quatre coins du monde, Abbassi Madani n’exprime
pas la moindre pensée à ses milliers de jeunes qu’il a enflammés par ses
harangues qui les ont dressés contre leurs propres frères. Des milliers de ces
jeunes sont morts sans qu’on ne leur connaisse une tombe, d’autres sont en
prisons et dans le meilleur des cas sont exilés et vivent des maigres aides
sociales des pays qu’ils qualifiaient de mécréants. Il n’a pas le moindre mot de
compassion pour eux.Par contre, il a brillé par sa grève de la faim qu’il avait
menée, le mois de septembre 2004 dans le hall de l’hôtel Sheraton en signe de
protestation et de solidarité avec les otages français et italiens enlevées en
Iraq, alors qu’il n’a même pas daigné faire la moindre déclaration sur le
massacres des deux diplomates algériens enlevés puis égorgés dans ce même Irak
en 2005 par El -Qaida..
*Si d’un côté l’Emir, pour s’attirer la sympathie
de ses pairs arabes, ne lésine guère sur les moyens (financiers s’entend) pour
briser les forces d’opposition, il cherche à les substituer par des marionnettes
en quête de notoriété et sans rétribution financière. Pour cela, il se sert de
sa célèbre chaîne de télévision Al-Jazzera qui sert de tribune à des figures
inconnues ou incapable de se faire entendre dans leur propre famille pour en
faire des « opposants » politiques..Ainsi, le chômeur qui vit du RMI en France
est présenté comme chercheur, faute de titre à lui accoler. Le boulanger est
présenté comme ancien diplomate alors qu’il n’était qu’un simple scribouillard
dans une ambassade. Des inconnus sont présentés plus d’une fois comme écrivains
alors qu’on ne leur connaît pas un seul titre en vente dans les librairies ni
même en ligne. Al-Jazzera, qui a acquis une certaine crédibilité en investissant
des sommes colossales dans le recrutement de journalistes de renom et dans
l’acquisition d’un matériel sophistiqué, s’est vue attribuer, par ses bailleurs
de fonds, le rôle ingrat de mentor de sombres personnages qui n’ont pas la
moindre crédibilité dans leur propre milieu.etc..(Repères Maghrébins-7, décembre
2010).
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*le consul d’Algérie et six diplomates algériens ont été enlevés à Gao, au nord-est du Mali
Hier, le consul d’Algérie et six diplomates algériens ont été enlevés à Gao, au nord-est du Mali, par un groupe armé. La junte et le MNLA, qui accuse AQMI, condamnent cet enlèvement. Les reporters d’El Watan sur la route de Gao et à Bamako ont vécu l’événement en direct.
Le consul d’Algérie, Boualem Sias, et six diplomates algériens ont été kidnappés hier lors d’une attaque du consulat à Gao, dans le nord-est du Mali. D’après des témoins, l’assaut aurait été mené par des islamistes armés qui ont brûlé le drapeau algérien et hissé le leur. Hier soir, l’enlèvement n’était pas encore revendiqué. Alors que pour des sources maliennes, il serait signé Ançar Eddine, les combattants du MNLA accusent AQMI et l’AFP souligne que le contrôle de la ville est revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Considéré comme une dissidence d’AQMI, le Mujao a revendiqué l’attentat de Tamanrasset en mars dernier et l’enlèvement des humanitaires occidentaux à Rabouni en octobre 2011.
Mourad Medelci, le ministre algérien des Affaires étrangères, a précisé dans la journée d’hier que les diplomates étaient «actuellement sous la responsabilité de parties que nous ne connaissons pas». «Ils ont été conduits vers une destination inconnue. Une cellule de crise a été mise en place pour suivre l’évolution de cette affaire et afin que tout soit mis en œuvre pour le retour sain et sauf de nos nationaux. Le gouvernement algérien est totalement mobilisé pour assurer dans les plus brefs délais leur libération», a-t-il ajouté en condamnant «cet acte avec fermeté».
Déclaration de guerre
Tarik Mira, membre de la commission des Affaires étrangères au Parlement algérien, qui parle de «déclaration de guerre à l’Etat algérien», estime que les groupes armés «anticipent éventuellement un rôle d’intermédiation de l’Etat algérien au Mali. Les Occidentaux, pour des raisons évidentes, ne voudront pas s’impliquer militairement. Ils pousseront l’Algérie, qui a la plus grande frontière terrestre avec le Mali et une expérience éprouvée en matière antiterroriste, à s’impliquer dans la gestion de la crise malienne.» Pour rappel, cette semaine, deux hauts responsables américains, le haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), Carter Ham, et le sous-secrétaire d’Etat adjoint chargé de l’Afrique, Johnnie Carson, ont fait un déplacement hors agenda à Alger pour rencontrer Abdelkader Messahel, le ministre algérien délégué aux Affaires africaines et maghrébines, et parler de la situation de crise au Sahel.
Une visite qui confirme le rôle de médiateur que Washington veut donner à Alger, seul pays de la région à avoir une armée organisée et formée et une expérience dans la lutte antiterroriste. «Les islamistes armés lancent un message clair pour que l’Etat algérien ne se mêle par de leur entreprise d’affaiblissement du pouvoir central de Bamako, poursuit Tarik Mira. Car c’est tout bénéfice pour eux si le Mali reste dans cette situation.»
D’après notre reporter à Bamako, citant des sources algériennes, «une telle attaque était prévisible. D’autant que le consul avait reçu des menaces et des informations selon lesquelles une attaque était prévue. Mais il est très difficile d’évacuer Gao, car l’armée ne contrôle plus la situation et il est quasiment impossible d’entrer ou de sortir de la ville sans tomber dans une embuscade». Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui a décidé unilatéralement de proclamer la fin des opérations militaires à compter de jeudi minuit, a condamné cet enlèvement de diplomates algériens à Gao «et tous les actes de vandalisme et d’agression contre les populations civiles dans les villes libérées». «Le Mouvement national de libération de l’Azawad se désolidarise de toutes les organisations mafieuses s’étant introduite ces jours-ci dans l’Azawad, contribuant à instaurer un climat de chaos et de désordre, après la libération du territoire», ajoute Bakaye Ag Hamed Ahmed, chargé de la communication.
Le dernier enlèvement de diplomates algériens remonte à juillet 2005 : Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi avaient été enlevés le 21 juillet 2005 en Irak puis assassinés le 28 juillet. Le groupe armé Al Qaîda de l’organisation du djihad au pays des deux fleuves, dirigé par le Jordanien Abu Musab Al Zarqawi, avait revendiqué l’enlèvement et l’assassinat des deux diplomates qu’il considérait comme «deux émissaires de l’Etat algérien qui n’applique pas la charia et s’est allié aux juifs et aux chrétiens». (El Watan-06.04.2012.)
**L’attaque du Consulat d’Algérie à Gao (Mali) confirmée par le ministère des Affaire étrangère. Le Consulat d’Algérie à Gao en République du Mali a fait l’objet jeudi matin d’une attaque par un « groupe non identifié », a indiqué le ministère des Affaires étrangères.« Le consul et six (06) éléments de la représentation consulaire algérienne ont été conduits vers une destination inconnue », a précisé le ministère. « A la suite de cet acte que l’Algérie condamne avec fermeté, une cellule de crise a été mise en place pour suivre l’évolution de cette affaire et afin que tout soit mis en oeuvre pour le retour sain et sauf de nos nationaux », a conclu le ministère dans un communiqué. Ce matin des témoins interrogés par l’AFP ont indiqué que le consulat d’Algérie à Gao a été occupé jeudi par des islamistes armés qui y ont hissé le drapeau salafiste noir et ont arrêté des diplomates algériens. Les islamistes armés sont entrés dans le consulat, ont arrêté les diplomates et le personnel, descendu le drapeau algérien pour mettre le leur », a affirmé l’un des ces témoins interrogé par téléphone depuis Bamako. Selon lui, les islamistes « sont aussi autour du consulat, armés. La plupart ont la peau noire ». (El Watan-05.04.2012.)
***Sur la route de Gao, notre reporter obligée de faire demi-tour !
Alors que nous quittions Achebrache, localité située non loin de Tin Zaouatine, en direction de Gao, une nouvelle fait reculer le premier véhicule des combattants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui nous escortent.
De notre envoyée à Achebrache (nord du Mali).
Les visages se crispent. Le responsable de la sécurité s’avance vers nous, la mine atterrée. «Désolé, nous devons revenir sur nos positions. AQMI vient de prendre en otage le consul d’Algérie à Gao. Nous devons emmener des renforts pour y aller», déclare le commandant Moussa Ag Ahmed, membre du bureau national du MNLA et responsable de la région d’Achebrache. C’est le choc. Il reste collé à son téléphone Thuraya. Des contacts avec le responsable militaires du MNLA se succèdent. Nous rebroussons chemin. «Il faut revoir notre plan. Il n’est pas question de prendre de risque. Ils sont nombreux et armés, ils peuvent surgir à n’importe quel moment dans le désert, d’autant que nous allons passer par des endroits désertiques considérés comme des zones de passage», explique le commandant Moussa.
Pour l’instant, il se dit formel sur l’identité des auteurs du rapt : des membres d’Al Qaîda. «Nous avons des informations avérées sur leur identité. Nos combattants sont en train de les chercher, parce que nous avons perdu leur trace…», relève l’officier. «Nous sommes très peinés par cet enlèvement que nous dénonçons avec force. Nous n’avons aucun problème avec l’Algérie que nous respectons beaucoup. Nous ferons tout pour que ces groupes qui portent atteinte à notre combat ne puissent plus sévir sur notre territoire. Il n’est pas question de taire ce genre d’acte qui salit notre combat…», déclare le commandant Moussa. Tous les combattants que nous côtoyons depuis trois jours se déclarent choqués et se sentent terriblement gênés. «Ils viennent de commettre l’irréparable. Ils ont signé leur arrêt de mort. Le peuple de l’Azawad n’oubliera jamais cette trahison.»(El Watan-06.04.2012.) Salima Tlemçani
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*Etats du Sahel… la menace d’implosion
Le Sahel contient en son sein les ingrédients de son propre éclatement. Il est du ressort des politiques de chaque pays de s’ériger en démineurs.
Avant les événements qui secouent actuellement le Mali, il m’a été donné l’occasion au Centre de recherche sécuritaire et stratégique, de dire qu’une menace du Sud guette le pays à court terme. Cette menace résulte de plusieurs éléments conjugués, à savoir: la gestion de l’entité targuie dans la mesure où aucune étude dissolvante dans la masse populaire n’a été faite.
*Ensuite, la situation socioéconomique des populations du Sud, notamment en matière de chômage (40% à Ouargla, 70% à Béchar pour ne citer que ces capitales régionales aux sensibilités et spécificités particulières),
*la distribution de logements au détriment des autochtones,
*l’investiture par certains partis, sur des bases tribales, qui n’est pas de nature à rapprocher les habitants d’une même contrée dans une République censée les réunir et non les diviser comme au temps de la période coloniale,
*des partisans, peu soucieux des intérêts de tous où la puissance de l’argent nargue les militants authentiques et sincères. A ces paramètres internes est venue se greffer la nouvelle donne des relations internationales résultant du déplacement du centre d’intérêt vers l’Asie, laissant la partie Atlantique aux mains de l’Otan dont la suprématie militaire et technologique n’a pas besoin d’être démontrée. Ceci dit, voyons en détail l’analyse des éléments impliqués:
Le processus évolutif des éléments dans le tracé historique
Le déclenchement de la lutte de Libération nationale le 1er-Novembre 1954 en Algérie, a précipité la décolonisation des pays africains. En accordant l’indépendance à certains pays «non préparés», la France voulait faire de la terre algérienne, une colonie de peuplement, en raison des caractéristiques géographiques de proximité et des éléments historiques favorables, sur l’exemple de ce qu’a été l’Apartheid en Afrique du Sud, mais c’était sans compter sur la détermination du peuple algérien à se libérer du joug colonial et de l’entrée ravageuse sur la scène intérieure de l’OAS qui a fait fuir la communauté «pieds-noirs», (Européens arrivés dans le cadre de la politique coloniale de peuplement) et juive (d’origine algérienne puisque présente avant la colonisation mais qui avait acquis à partir de 1871 la nationalité française par le décret Crémieux, ministre français de la Justice, d’origine juive).
Après une résistance farouche de plus de sept ans et demi, la France reconnaîtra finalement la souveraineté algérienne du nord au sud un 3 juillet 1962 et l’instance révolutionnaire algérienne consacrera l’indépendance le 5 Juillet 1962 pour commémorer la sortie coloniale à l’occupation française de l’Algérie, un 5 juillet 1830. La naissance de l’Organisation de l’Unité africaine en 1963, (devenue depuis 2002, Union africaine), a rassemblé l’ensemble des pays africains, nés de la décolonisation. Les leaders des pays africains d’avant-garde se sont regroupés autour de deux principes fondamentaux, le principe de l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes pour les territoires qui restaient encore sous le joug colonial et l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme pour éviter toute remise en cause du tracé des frontières qui engendrera une déstabilisation des Etats naissants et fragiles encore dépendants de la «pitié» économique de l’ancienne puissance. Seul le Royaume chérifien a fait des réserves vis-à-vis des principes énoncés. Après cette naissance, beaucoup de pays africains ont connu tour à tour, des coups d’Etat militaires où, dans la plupart des situations, ont été dirigés par les responsables des forces armées excédés du comportement d’un personnel civil souvent à la solde de lancienne puissance coloniale. Il faut préciser que l’Institution militaire était la seule «cellule de base» de l’Etat à être organisée et disciplinée. Les militaires étaient excédés par le comportement douteux de civils à la recherche d’un enrichissement personnel et sans vergogne pour basculer finalement, pour la majorité des Etats, vers des dictatures souvent sanguinaires sous une peinture de façade démocratique où certains civils jouant les marionnettes du pouvoir réel des militaires sous le regard désabusé d’un peuple sans défense, avec la complicité du monde occidental. Quelques pays africains, qui avaient abandonné le côté économique à la gestion totale à l’ancienne puissance coloniale, ont connu une certaine stabilité de façade où les responsables civils ont accumulé des fortunes colossales au détriment de la pauvreté toujours grandissante de leurs peuples. D’autres, n’auront de choix que de s’aligner sur un bloc, (l’époque des deux blocs), en fonction de leur position géostratégique et de l’offre octroyée sous l’angle d’une aide parfois dérisoire mais qui profitait en totalité aux tenants du pouvoir. La démantèlement de l’empire soviétique, la destruction du mur de Berlin, donnaient naissance à un nouvel ordre mondial qui se bâtissait sur la mondialisation du marché aux mains d’un capitalisme sans vergogne, ravageur et anarchique, qui continue jusqu’à l’heure actuelle son bout de chemin en appauvrissant les plus faibles et en enrichissant la minorité détentrice de fortunes y compris dans les pays capitalistes dont les peuples n’ont pas échappé au rouleau compresseur des tenants du marché. Les tenants du pouvoir politique en Occident, prisonniers dans leur propre engrenage qu’ils ont eux-mêmes construit, les pays occidentaux se sont retrouvés comme résultat inattendu devant une crise financière sans précédent aux multiples facettes. La seule issue qu’ils entrevoient, c’est une nouvelle mainmise sur les ressources naturelles, qui se traduit par une déstabilisation des pays détenteurs de ces richesses en favorisant l’arrivée au pouvoir d’éléments obscurantistes issus de siècles lointains pour permettre à partir d’un élément interne qu’ils ont eux-mêmes fait germer, de déclencher une intervention, une ingérence basée sur des règles et des arguments qu’ils ont également eux-mêmes dictés.
Le destin calamiteux et humiliant qui se dessine
Il y a quelques mois, sur l’invitation d’une institution, un ex-ministre européen des Affaires étrangères a fait un exposé sur cet avenir qui attend les pays, notamment arabes. En évoquant les tenants et les aboutissants de cette dégradante feuille de route que les Occidentaux nous imposent de suivre, c’est de quoi souhaiter une mort immédiate pour être enseveli à jamais pour éviter de se ronger intérieurement quant à l’avenir qui attend nos arrières-petits-enfants, déjà que l’horizon des nôtres n’est pas reluisant. Grosso modo, deux paramètres ont retenu mon attention:
*le déplacement du centre d’intérêt de la grande puissance américaine vers l’Asie et le second, *céder l’Atlantique à la gestion de l’Otan comme nouveau gendarme pour cette région occidentale de la planète. Pour ce qui est du premier, il est vrai que les questions éminemment cruciales imposent une présence et une surveillance permanentes lorsqu’on sait les intérêts en jeu dans cette partie du globe asiatique: l’Afghanistan, les ressources en pétrole et en gaz des pays musulmans de l’ex-Urss, la Corée du Nord, l’économie émergeante de la Chine qui lui octroie une nouvelle puissance politique qui s’expose de plus en plus, l’affaire nucléaire de l’Iran, la puissance économique de l’allié japonais qui va falloir contenir. Quant au second point, les Américains, leurs fidèles alliés incontournables, l’Angleterre et Israël veillent au grain.
*Pour le premier pays, il est complètement sous influence totale de l’Amérique et si les Anglais pouvaient entrer en liaison avec les dieux des cieux et des mers, ils solliciteront la poussée de l’ile vers une frontière maritime commune avec les Amériques pour mieux gérer les Malouines. Leur fidélité et leur attachement aux USA témoignent de leur politique européenne, du rejet de l’Euro, de leur décision toujours en décalage avec les mesures prises par l’Union européenne quand elles ne sont pas totalement irrecevables. *Pour le second, il est sur orbite américain à qui il doit l’impunité et l’arrogance de son comportement au vu et au su d’une opinion internationale complice. Ce déplacement du centre d’intérêt vers l’Asie impose à l’Otan de prendre totalement en charge les intérêts occidentaux, de frapper sans merci là où ils sont remis en cause. La liberté d’action de l’Otan résulte des moyens dont elle dispose: la suprématie du ciel et de la technologie la met à l’abri d’une riposte qui échappe à la victime agressée. Elle peut aisément et sans se justifier, imposer une exclusion aérienne, armer l’élément interne déstabilisant, et l’aider à réaliser son objectif par des frappes chirurgicales dont les frais financiers engagés sont par la suite prélevés sur l’apport pécuniaire provenant des ressources naturelles de la victime.
L’affaire des Touareg maliens et sa répercussion sur le Sahel
Il est connu de tous que cette «entité» chevauche sur plusieurs Etats africains liés entre eux par des frontières communes, la Libye, l’Algérie, le Mali et le Niger, (la Maurétanie et le Burkina Faso également). Comme par hasard, dans les quatre premiers pays désignés, la gestion est pratiquement la même à quelques nuances près. Aucun d’entre eux n’a initié une politique «dissolvante» dans la masse au sein des populations nationales, elles mêmes, résultat d’une «famille recomposée». Une attitude, quelque peu paradoxale par rapport au reste du pays, régissant cette entité qui n’a cessé de renforcer son lien tribal à telle enseigne qu’il a engendré «un sentiment national targui émergent» qui a vu le jour au nord du Mali. La contestation targuie, dirigée, orientée et guidée par son aile politique, le Mouvement national de libération de l’Azawed ou Mnla, revendique la libération de l’Azawed, (partie située au nord du Mali). Il parle d’indépendance. La rapidité avec laquelle le Mnla a conquis le Nord et la déclaration de ses principaux dirigeants de s’arrêter à cette conquête territoriale et de ne pas aller au-delà, n’a pas besoin d’une identification de ses intentions. L’impuissance des militaires maliens à faire régner l’ordre au nord du pays, faute de moyens adéquats, le ressentiment séculaire d’un Nord aux relents esclavagistes au détriment de la population noire, pauvre et cantonnée au Sud, terre stérile et désolante, divisée en plusieurs ethnies, (Bambaras, Foulbés, Sarakolés, Malinkés, Dogons, Touareg et Maures), n’arrangent pas les liens qui doivent être les leurs dans un pays dit «République». La déconfiture de la Libye, l’allié d’hier d’un régime qui favorisait leur «spécificité» dans un but inavoué de déstabilisation de son voisin algérien sur les instructions de ceux qui furent hier son allié et qui ont décidé son anéantissement inattendu à la faveur de la distribution des nouvelles cartes dans le Bassin méditerranéen, a vu en provenance du territoire libyen, un déferlement de Touareg puissamment armés au secours des frères de la partie malienne. Le Niger, (aux diverses ethnies, Haoussas, Songhaïs, Djermas, Peuls et Touareg) qui survit des rentrées émanant d’une ressource prisée et très recherchée dans son époque, à l’instar de son voisin malien, probablement faute de moyens, n’a jamais réussi à contrebalancer cette entité face au reste de la masse composante de la société nigérienne, en raison de l’esclavagisme régissant les rapports avec le voisinage noir. En plus de ce point commun relatif au comportement étatique gestionnaire de l’entité targuie, les Etats du Sahel se regroupent aussi autour d’un second point: il s’agit de la misère et le laissé-pour-compte du reste des populations vivant dans le même espace territorial que les Touareg. Ces populations désespérées face à un horizon bouché ne sachant sur quel pied danser vis-à-vis de leur jeunesse qui simmole, situation qu’ignorent les us et coutumes ancestrales, au bord de l’explosion sociale, n’hésiteront sûrement pas, dans un sursaut révélateur à balancer dans les bras de Satan. C’est pour toutes ces considérations, qu’il est peut-être encore temps, à travers des mesures immédiates et économiques, de pouvoir relever le défi de l’implosion. Toute attente ne peut être que fatale à l’unité et l’intégrité territoriale de chaque pays du Sahel. Le spectre de l’implosion frappe à la porte. Il peut largement la défoncer pour pénétrer. Comme dirait l’autre, un homme averti en vaut deux. Le Sahel contient en son sein les ingrédients de son propre éclatement. Il est du ressort des politiques de chaque pays de s’ériger en démineurs. Eviter que ça éclate sur la face, leur propre survie en dépend. Quant aux masses populaires, elles ont pris le pli de la misère, l’habitude de la hogra et même de l’humiliation. Avec ce qu’elles ont enduré, elles sont aguerries. Enfin, les quatre pays du Sahel ont l’Islam comme religion commune mais ce qui n’arrange pas les choses, c’est la présence d’Aqmi et sa relation avérée avec El Qaîda. Aqmi poursuit une feuille de route à la stratégie étudiée sur toutes ces facettes. Ses éléments ont une profonde conviction de la portée du combat à mener. Ils ont une maitrise du maniement des armes. Ils sont aguerris aux conditions de vie les plus dures et ne craignent pas la mort. Tous les spécialistes militaires diront que pour affronter ce genre de situation, il faut mener le combat dans les mêmes conditions. L’armée classique n’est pas préparée à ce genre d’affrontement guerrier. Il faut attendre comment les deux parties, toutes deux targuies, vont s’entendre sur la gestion d’un territoire, (l’Azawed), auquel elles ont participé à «libérer» et qu’elles considèrent «terre targuie». Dans ce genre de situation, les contacts sont en cours pour expliquer à chaque partie la position de l’autre et essayer de trouver une possible entente. Les intermédiaires ne manquent pas. Peut-être, une partie de la famille targuie située en dehors du conflit s’active à trouver une entente aux deux antagonistes pour éviter un déchirement fratricide. Par ailleurs, le putsch des officiers maliens démontre en tout cas dans une des facettes et pas la moindre, l’exaspération militaire due à un certain nombre de facteurs internes et l’inaptitude à pouvoir sauver l’intégrité territoriale de leur pays. Le point de vue convergeant algéro-français est qu’Aqmi constitue l’ennemi commun à combattre, cependant, la manière d’y faire face ne peut être partagée de part et d’autre. La préoccupation majeure de la France est les intérêts économiques et mêmes linguistiques qui risquent de prendre un coup sévère à quoi il faut ajouter la présence d’otages aux mains d’islamistes, un élément à ne pas négliger. D’autre part, cette situation tombe en pleine campagne présidentielle et à quelques jours de son épilogue. Les arrestations opérées dans les milieux islamistes en France n’arrangent pas la position française en tout cas vis-à-vis d’une partie en conflit. Quant à la Cédéao, sa position n’est pas aussi brillante qu’elle le laisse entendre. Les moyens financiers et militaires ne sont pas faciles à trouver et à mettre en oeuvre. En outre, il s’agit d’affronter plusieurs belligérants. Enfin, les quatre pays du Sahel renferment des ressources qui favorisent la convoitise. Les deux pays arabes, l’Algérie et la Libye, sont de gros producteurs de pétrole. Ils ont en commun la même dénomination de leur monnaie, le dinar et l’arabe, comme langue officielle. Les deux autres, le Mali et le Niger ont également le franc CFA comme monnaie commune et le français comme langue officielle. Ces éléments d’intérêts communs ne pèsent pas lourds dans la balance lorsqu’il s’agira de converger vers une possible issue qui satisferait tous les antagonistes. C’est toute la géographie qu’il va falloir revoir.
Qui a les compétences pour la redessiner? Là est la véritable interrogation!
Par Ahmed LAGRAA * ancien diplomate (L’Expression-07.04.2012.)
***La confusion est totale au Nord du Mali
Tiraillé entre les indépendantistes, la junte au pouvoir à Bamako et des groupes islamistes violents, le Mali se retrouve dans une situation de poudrière.
En moins d’un mois, le Mali vient de vivre une situation qui sort de l’ordinaire: putsch militaire, sécession du Nord. Les putschistes ont effectivement, dès le 22 mars, ouvert la voie aux rebelles séparatistes touareg avides de liberté et ce, en créant un vide institutionnel et un handicap sécuritaire. Mais la situation n’est pas aussi simple. Sur le terrain, et plus précisément, au nord du Mali, les rebelles touareg et des groupes islamistes ont pris en fin de semaine le contrôle des trois villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, coupant de fait le pays en deux. Les islamistes radicaux d’Ansar Eddine, les terroristes d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), les rebelles touareg du Mnla et d’autres groupes armés règnent en fait en maîtres sur le nord du pays. Les islamistes d’Ansar Eddine, dirigés par le Targui Iyad Ag Ghaly, et des éléments d’Al Qaîda au Maghreb islamique ont depuis lors pris le dessus à Tombouctou sur la composante laïque et indépendantiste de la rébellion touarègue, incarnée par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla). Le chef militaire du groupe islamiste Ansar Eddine, qui a pris le contrôle de la ville de Tombouctou, a affirmé mener une guerre «contre l’indépendance» et «pour l’Islam». «Notre guerre, c’est une guerre sainte, c’est une guerre légale, au nom de l’Islam. Nous sommes contre les rebellions. Nous sommes contre les indépendances. Toutes les révolutions qui ne sont pas au nom de l’Islam, nous sommes contre. On est venus pour pratiquer l’Islam au nom d’Allah», a expliqué Omar Hamaha. «L’indépendance c’est l’Islam. C’est ça la vraie indépendance. C’est la pratique de la chari’â, du lever du soleil jusqu’au coucher du soleil (…). Nous, notre combat, c’est au nom de l’Islam. Ce n’est pas arabe ou touareg, noir ou blanc. C’est au nom de l’Islam», a-t-il ajouté. Selon Amnesty International, les islamistes auraient clairement pris le dessus sur les Touareg. «À Gao, tous les bars ont été détruits. À Tombouctou, des membres d’Ansar Eddine ont arrêté des personnes accusées de vols et de pillages qui pourraient subir des châtiments basés sur la chari’â. À Kidal, ils ont demandé aux femmes de porter le voile et ils ont détruit un night-club dont le gérant est en fuite», témoigne ainsi l’ONG. Qui parle aussi de l’enlèvement et du viol de jeunes filles dans la région. Pour sa part, le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) serait, selon un de ses porte-parole à Paris, prêt à combattre Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le cadre de la mise en place «d’un partenariat international». «Aujourd’hui, nous tendons la main aux pays concernés par cette menace terroriste pour leur demander d’établir, avec le Mnla, un partenariat dans la lutte contre le terrorisme», a déclaré à l’AFP, Mossa Ag Attaher, porte-parole du mouvement touareg. «Le terrorisme a profité de l’inaction de l’Etat malien et de l’absence d’espoir du peuple du Nord, maltraité ou abandonné par le pouvoir pendant des décennies. Il faut engager désormais une vraie action», a-t-il expliqué. «Le Mnla a clairement exprimé sa démarcation avec Aqmi et notre disposition à agir dans le cadre d’une mobilisation de tous les pays concernés par ce fléau», a-t-il poursuivi. Sur le plan humanitaire, Amnesty International, relève, «Toute la nourriture et les médicaments stockés par les grandes agences humanitaires ont été pillés et la plupart des travailleurs humanitaires ont fui. Les populations font face à un risque imminent de graves pénuries alimentaire et médicale qui pourraient entraîner de nouvelles pertes humaines». En conséquence de quoi, l’organisation demande un accès immédiat des agences humanitaires à ces zones… Mais à qui s’adresse l’ONG internationale? (L’Expression-07.04.2012.)
**Alors que la pays est livré au chaos, Les Touareg proclament l’état Azawad
Unanime, le monde a condamné hier ce coup de force et refuse de reconnaître un précédent dangereux pour l’Afrique.
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), composante de la rébellion touarègue malienne, a proclamé hier «l’indépendance de l’Azawad» dans une déclaration sur son site Internet et via un de ses porte-parole sur la chaîne France 24. «Nous proclamons solennellement l’indépendance de l’Azawad à compter de ce jour», a déclaré Mossa Ag Attaher, qui a clairement affirmé la responsabilité de son mouvement dans la sécurisation de la région du Nord. «Nous venons de terminer un combat très important, celui de la libération», a-t-il ajouté. Dans une «Déclaration d’indépendance de l’Azawad» publiée hier sur leur site, les rebelles déclarent: «Nous, peuple de l’Azawad, rappelant les principes du droit international et les principaux instruments juridiques internationaux régissant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment, la Charte des Nations unies en ses articles 1 et 55, les dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des peuples autochtones proclamons irrévocablement l’Etat indépendant de l’Azawad à compter de ce jour vendredi 6 avril 2012.»
Le texte proclame la «reconnaissance des frontières en vigueur avec les Etats limitrophes et leur inviolabilité», «l’adhésion totale à la Charte des Nations unies» et «l’engagement ferme du Mnla à créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels de l’Etat basés sur une Constitution démocratique de l’Azawad indépendant». Tout en invitant l’ensemble de la Communauté internationale dans «un élan de justice et de paix à reconnaître sans délai» l’Etat de l’Azawad indépendant. Le Comité exécutif du Mnla, proclame également qu’il continuera, jusqu’à la mise en place de l’Autorité du Territoire de l’Azawad, à assurer la gestion de l’ensemble du territoire. La déclaration est signée par le secrétaire général du Mnla, Billal Ag Acherif. Aussi, le Mnla a annoncé jeudi soir la fin de ses «opérations militaires». Mise devant le fait accompli, l’Union africaine (UA) a annoncé hier qu’elle «rejetait totalement la prétendue déclaration d’indépendance» du Nord-Mali proclamée par un groupe touareg. Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a ajouté dans un communiqué qu’il «condamnait fermement cette annonce, qui est nulle et sans aucune valeur», et qu’il «appelait toute la communauté internationale à soutenir pleinement cette position de principe de l’Afrique». La France, quant à elle, rejette la déclaration d’indépendance qu’elle considère comme «nulle et non avenue», selon la déclaration du ministère français des Affaires étrangères. Cette «Déclaration d’indépendance unilatérale» du Nord-Mali, «n’aurait pas de sens» si elle n’était pas reconnue par les Etats africains, a aussi déclaré le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, lors d’une conférence de presse devant l’association de la presse anglo-américaine. Mardi, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, avait exprimé l’opposition de la France à la revendication indépendantiste du Mnla. Cependant, «cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d’un dialogue national, à une forme d’autonomie assortie d’une politique ambitieuse de développement. Le Nord n’a pas assez bénéficié pour l’instant d’efforts de développement aussi importants que le sud du pays», avait-il indiqué. De son côté, l’Union européenne refuse toute remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali, a averti hier la porte-parole de la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, après la proclamation d’indépendance de la rébellion touarègue. «Tant que l’ordre constitutionnel n’aura pas été restauré, aucune solution ne pourra être trouvée», a averti Maja Kocijancic. Une mission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui ont imposé un embargo diplomatique et économique total au Mali quelques jours après le coup d’Etat, ont aussi clamé leur attachement à l’intégrité territoriale de ce pays membre de l’organisation. La Cédéao se trouvait toujours à Bamako, hier, pour des pourparlers avec la junte dirigée par le capitaine Amadou Sanogo à qui il est demandé un retour à l’ordre constitutionnel en échange de la levée de l’embargo. Pour sa part, la Tunisie a, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, réaffirmé, hier, son attachement absolu au principe du respect de la légitimité constitutionnelle et à la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, ainsi qu’à sa sécurité et sa stabilité. (L’Expression-07.04.2012.)
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*Mali: la rébellion touareg poursuit l’offensive, les putschistes isolés
Au lendemain du coup d’Etat militaire qui a renversé le régime du président malien Amadou Toumani Touré, la rébellion touareg a annoncé vendredi la poursuite de son « offensive », tandis que les appels au retour à l’ordre constitutionnel se sont multipliés en Afrique et dans le monde.
Dans le même temps, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a pris le pouvoir jeudi, a affirmé à la presse que les dirigeants du régime renversé étaient « sains et saufs » et seraient « prochainement remis à la justice malienne ».
« Pour l’instant, je ne vous dirai pas » où se trouve le président Touré. « Il va très bien, il est en sécurité », a déclaré le capitaine Sanogo.
La rébellion touareg, qui a indirectement provoqué le coup d’Etat de soldats excédés par le manque de moyens, a indiqué qu’elle entendait poursuivre « son offensive » dans une zone où sévissent également des groupes islamistes.
Dans un communiqué publié sur son site Internet, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) dit vouloir continuer à agir « pour déloger l’armée malienne et son administration de toutes les villes de l’Azawad » (nord), le berceau des Touareg.
La rébellion, qui contrôle avec d’autres groupes plusieurs localités du nord-est du Mali, affirme avoir pris le contrôle d’une nouvelle localité du nord malien, « la ville d’Anéfis, située sur l’axe de la route nationale Gao-Kidal ».
L’Union européenne (UE) a « fermement » condamné « les tentatives de prise de pouvoir par la force au Mali » et appelé « à la fin immédiate des violences et à la libération des responsables de l’Etat », au « retour d’un gouvernement civil et à la tenue d’élections démocratiques comme prévu ».
Plusieurs scrutins étaient programmés en 2012 au Mali, dont une présidentielle et un référendum constitutionnel le 29 avril.
L’UE, un des principaux partenaires du Mali, a également décidé « de suspendre temporairement les opérations de développement », sauf l’aide humanitaire.
Cette prise de position s’ajoute aux condamnations unanimes déjà exprimées à l’étranger, dont celles des voisins du Mali: Algérie Niger et Mauritanie, où les répercussions de la crise sont fortement ressenties.
La guerre dans le nord malien a provoqué le déplacement de plus de 200.000 personnes, dont la moitié environ dans ces pays et le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) « surveille de près la situation ».
Promesse des putschistes
Les voisins du Mali sont en outre impliqués dans la lutte contre les activités d’Al-Qaïda au Maghreb islamiques (Aqmi), qui a des bases dans le nord malien d’où elle opère dans la bande sahélo-saharienne. La Mauritanie mène régulièrement en territoire malien des opérations anti-Aqmi.
L’UE a fait part de « sa forte inquiétude quant à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel » et affirmé « sa détermination à aider les pays » de la zone « dans leurs efforts pour lutter contre la pauvreté, le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé ».
Le Mali est confronté depuis mi-janvier à des attaques du MNLA et d’autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi en Libye.
Des soldats du rang dirigés par le capitaine Sanogo ont annoncé jeudi avoir renversé le régime du président Touré, après des affrontements avec des loyalistes à Bamako où au moins trois personnes ont été tuées par des balles perdues, selon Amnesty International.
Ils ont accusé le président Touré, ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques, d’incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes, dont Aqmi.
Le chef des putschistes, le capitaine Sanogo a affirmé vendredi que « ces gens (les anciens dirigeants) sont sains et saufs. On ne touchera pas à un cheveu de quelqu’un. Je les remettrai à la justice pour que le peuple malien sache la vérité ».
La France, ancienne puissance coloniale, a déclaré vendredi n’avoir pas réussi à joindre le dirigeant déchu et a réclamé le respect de son intégrité physique.
L’activité restait ralentie vendredi à Bamako. Dans la cour de l’Office de la radio-télévision du Mali (ORTM, public), transformé en quartier général officieux des mutins qui l’occupent depuis mercredi, toutes sortes d’objets récemment volés ou pillés étaient entassés: télévisions, ordinateurs, meubles.
Leurs propriétaires ont été invités par les militaires putschistes à venir les récupérer.
Les soldats se sont livrés mercredi et jeudi à des pillages, ont réquisitionné des véhicules particuliers. Les sièges de certaines administrations, dont la Douane, ont été pillés. Ces pillages ont été condamnés par le capitaine Sanogo. (AFP-23.03.2012.)
**Une organisation targuie annonce l’application de la charia sur les principales régions du nord Mali
L’AFP a rapporté un communiqué publié par l’organisation que « le souhait du cheikh Ibad Ag Ghali allait bientôt se réaliser avec l’application de la charia islamique dans toute la région d’Adrar ». Ghali est considéré comme des plus importants dirigeants touaregs dans les années 90 ». La même organisation avait annoncé son contrôle sur les régions d’Aghelhouk, Tessalit et Tin Zaouatene. « Ansar eddine » avait combattu avec d’autres organisations contre le pouvoir centrale à Bamako, principalement « le mouvement de libération de l’Azawad » qui porte une touche religieuse. Des sources suivant le dossier sécuritaire dans le nord du Mali ont dans le même contexte assuré que des centaines de soldats de l’armée malienne ont déserté les bases et les nouveaux sites militaires et sont retournés au sud vers Gao et Bamako. Des hommes armés de l’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique sont au même moment apparu pour la première fois de manière publique à « Tilemsi »à l’ouest de la ville d’Anefis. Des militaires de l’armée malienne ont déserté il y a deux jours plusieurs bases militaires dans le nord du Mali et se sont déplacés dans des voitures et des camions vers les villes de Gao Boyim et Bamako. Une source proche de la question sécuritaire au sahel a indiqué à « El Khabar » qu’un important nombre de militaires maliens d’origine targuie ont décidé de rendre les armes et de rejoindre les mouvements séparatistes Azawad particulièrement sur l’axe Kidal-Tessalit, ou « l’armée malienne a déserté la dernière base militaire sur la route stratégique » à savoir « In Masgen ».Une source a assuré que les forces de l’armée malienne qui se sont retirés, avaient reçu des ordres de commandants de l’armée leur demandant leur demandant de déserter les sites pour rassembler les forces dans les villes importantes, ce qui est un repli tactique seulement, des sources concordantes ont rapporté des informations sur des forces militaires qui étaient sous le commandement Hadji Camou et qui ont rejoint le mouvement de libération de l’Azawad » dans la région d’Isseng. Des éléments de l’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ont saisi l’opportunité de la situation sécuritaire catastrophique dans le nord du Mali pour apparaître de manière publique avant-hier après midi selon des témoins oculaires dans la région de Talemsi à l’ouest de la ville d’Anefis, un notable de la tribu arabe ,Ben Tokha, Sano Maaradj, dans un entretien, que des hommes armés à bord de 7 véhicules 4×4 et portant des drapeaux noirs avec écrit dessus « La Ilah Ila Ellah », se sont rendus prés de la ville de Djirbil près de la oued Tilemsi. Un groupe targui a annoncé hier être sur le point de contrôler le Kidal une des principales régions du nord du Mali. Un communiqué de l’organisation « Ansar eddine » fait savoir que les terres du Kidal dans la région d’Adrar « Ifoghas » allaient être prise avec l’aide de dieu tout puissant. (El Khabar-24.03.2012.)
**11.000 Maliens fuient les zones de combat vers l’ Algérie
Des coups de feu. Puis, quelques secondes plus tard, un petit bruit de métal. Le silence est tel que l’on entend même les douilles tomber au sol. Il est 21h30 et la nuit est tombée depuis longtemps à In Khalil. Je suis passée au Mali. A exactement 18 km de Bordj Badji Mokhtar.
Ce n’est pas une ville. Ni un village. Juste un «non-endroit», un carrefour de transit sur la route de la contrebande, où une centaine de cases font office de garage. Ici, on ne vit pas en famille. On s’y retrouve pour acheter et vendre tout ce qui arrive à passer par cette frontière imaginaire : du sel, de l’essence, du shit, des pièces détachées, de l’eau minérale, du café, de l’alcool frelaté, des Bimo algériens, des cigarettes… et parfois même des prostituées d’Afrique de l’Ouest. On m’explique que les coups de feu sont tirés chaque soir pour effrayer les bandits qui rôdent autour d’In Khalil ou les rebelles qui essaieraient de déstabiliser l’ordre établi.
A l’abri dans une Toyota déglinguée, malgré la mlahfa dans laquelle je me suis enroulée, j’essaie de me protéger des morsures du froid et du vent. Depuis le début des combats, à la mi-janvier, In Khalil est aussi devenu un point de rendez-vous pour les familles maliennes qui fuient les combats entre les rebelles et l’armée. Des centaines de réfugiés et leur bétail rentrent chaque jour par cette cour des miracles. Selon le dernier rapport de l’ONU, il y aurait déjà plus de 126 400 réfugiés en Mauritanie, au Niger, au Tchad, au Burkina-Faso et en Algérie, où ils dépasseraient les 6000. Et ce nombre grandit tous les jours. «J’attends mon beau-frère et ses enfants qui sont encore coincés à Aguelhok (un village dans la région de Kidal où une centaine de soldats maliens ont récemment été exécutés, ndlr) avant de reprendre la route pour Bordj Badji Mokhtar puis Tamanrasset», raconte Oumar Ag Assai.
Pour protéger sa famille, cet employé de l’administration a préféré fuir vers l’Algérie en s’assurant de mettre tous ses proches en sécurité au Niger d’abord, plus facile d’accès et mieux desservi par les ONG. Nous attendons avec lui, voilà plus de cinq heures. Oumar se montre de plus en plus agité. «Je viens de recevoir un appel d’un ami qui m’apprend que mon beau-frère a fait une chute dans le désert, ça ralentit les autres, alors ils vont le confier à une autre famille qui se déplace en voiture. Ses enfants arriveront demain. L’essentiel est qu’ils arrivent sains et saufs.» Les lumières de Bordj Badji Mokhtar sont visibles d’In Khalil. Oumar se hâte pour prendre le dernier taxi vers Bordj. «A partir d’une certaine heure, les militaires algériens nous interdisent l’accès à la ville.»
«Tout le monde est au courant de cette restriction, il faut faire vite. Même ceux qui viennent de Tamanrasset vers Bordj ont interdiction d’approcher à plus de 100 km sous peine de se voir mitraillés. Moi, je ne passe jamais la nuit à In Khalil à cause des tirs qui n’arrêtent pas, ou rarement, pendant la nuit !» Le taxi embarque ses trois derniers clients et Oumar en direction de Bordj. Le Touareg s’éloigne sans se retourner. Il sait qu’il a peu de temps pour arriver à destination.
Quatre murs
Quelques jours auparavant, j’étais à Bordj, dernière grande ville du Sud algérien avant le Mali. Là, la solidarité s’organise pour les réfugiés. Certaines familles leur confient un couffin modestement garni en guise de dîner. «Je cuisine ce que je peux, avec ce dont on dispose au marché : des tomates, quelques poivrons, des carottes et des oignons. Les réfugiés sont nos familles ou nos amis, on est tous liés», confie Shadya, la cinquantaine. Ces derniers temps, elle ne sort presque plus de sa cuisine. «Nos chefs de famille nous rapportent tout ce qu’ils peuvent pour nourrir plus de cent personnes par jour. Alors, je prépare une grande sauce que je mélange avec du riz. Le plat principal pour tout le monde !» Aminata – elle ne connaît pas son âge – est très fatiguée par le voyage. Elle est arrivée de Kidal, avec Saia et Yossef, ses deux enfants et son mari Bassri, ferrailleur. «Nous avons quitté Kidal le lendemain de la fête du Mawlid, sans rien prendre avec nous, c’est une chance d’avoir été conduits jusqu’à Bordj Badji Mokhtar en voiture.
La plupart d’entre nous ont dû faire ce pénible voyage à pied. Nous allons rester là jusqu’à ce que la situation s’améliore, même si ça me semble improbable. Dès notre arrivée, nous avons été accueillis par une famille de Bordj que connaissait mon mari. Nous étions trois familles de réfugiés sous le même toit. Quelques semaines plus tard, mon mari nous a trouvé une pièce à louer pour 5000 DA par mois. Mais il n’y a ni eau, ni charbon, ni électricité, juste quatre murs en briques de terre pour s’abriter.» En regardant ses enfants jouer dans la cour, pieds nus, sous le soleil de midi qui n’épargne personne, elle poursuit : «Ce qui me fait mal, au-delà du fait d’avoir laissé ma maison que nous avons passé toute notre vie à construire, c’est de penser que mes enfants n’iront plus à l’école, alors que c’était de bons élèves, leur avenir est sérieusement compromis.»
Comme Aminata, Nasser Ag Beyli est désemparé par sa situation et son nouveau statut de réfugié. «Il y a des jours où j’ai du mal à situer la zone dans laquelle je me trouve tant les choses vont vite quand le danger se rapproche. Je ne voulais pas fuir ma maison ni laisser derrière moi ma vie et mes amis. Mon père m’a supplié de le suivre. On l’informait tous les jours, de Bamako, de la situation entre l’armée malienne et les rebelles du MNLA. Je suis arrivée à Bordj Baji Mokhtar dans la nuit du 21 février.»
Tomate en conserve
Les autorités algériennes les ont ensuite invités à rejoindre le camp de Timiaouine, afin qu’ils soient regroupés tous dans un même endroit. «Les Algériens craignent que la situation au Nord-Mali dégénère et que les choses deviennent incontrôlables.» A Timiaouine, à 160 km de BBM, la vie commence à s’organiser dans le camp. Le seul camp ouvert par les Algériens où ont été installées une centaine de tentes identifiées Croissant-Rouge. Dans chaque tente, six à dix réfugiés s’entassent. Des denrées alimentaires, principalement du riz, de la tomate en conserve et du thé, ont été acheminées la semaine dernière. Que ce soit à Bordj, Timiaouine ou In Khalil, rares sont les réfugiés qui ont assisté aux affrontements entre les rebelles et l’armée. Ils étaient en fait prévenus par des milices – commerçants, cadres, etc., armés, mais indépendants qui protègent leur bétail ou leur famille – de l’approche des rebelles et/ou de l’armée malienne.
2000 DA, un salaire
«J’ai donné tout mon argent à un transporteur pour qu’il emmène ma femme et mes enfants en Algérie. Je savais que les combats allaient s’intensifier et que la sécurité des civils était compromise», raconte Assine, qui a fui Kidal. Je l’ai rencontré à Bordj où il venait de rejoindre sa famille. Un véritable business s’est mis en place ces dernières semaines : des particuliers propriétaires de 4×4 se sont ainsi improvisés transporteurs jusque dans un pays voisin. Le prix de la course – 12 500 francs CFA, soit 2000 DA minimum – est évidemment très élevé pour les populations locales. Au Mali, 2000 DA, c’est un salaire. Et plus le chargement est important – enfants, linge, affaires… – plus le prix est élevé. Les yeux d’Assine laissent entrevoir une profonde angoisse. «Ma fille n’arrive plus à parler depuis quelques jours, s’inquiète le taleb qui a fait des études à Tombouctou.
On a tout essayé pour l’aider, mais elle pleure souvent. Je sais qu’elle est traumatisée par les tirs et le bourdonnement des engins de guerre. Ce bruit vous paralyse, c’est le bruit que fait la mort.» Naffisatou, la cinquantaine, est venu de Gao avec son plus jeune fils. Hébergée par une famille d’Algériens, elle ne dort plus depuis des semaines. Son fils et son mari n’ont plus donné signe de vie, alors qu’ils devaient récupérer une tante à Aguelhok. «La ville est totalement ravagée, les habitations détruites et les voitures brûlées, je suis si inquiète pour mon fils et son père. Je me sens coupable d’être à l’abri alors qu’eux errent dans la brousse», se désespère la jeune femme.
Grand sacrifice
Piégée par le feu des combats entre militaires et rebelles, la ville d’Aguelhok a déjà beaucoup souffert. Seul le maire et quelques partisans sont restés sur place pour aider la population et tenter de trouver un moyen d’accéder aux frontières. A Bordj, je rencontre justement toute la famille du maire. «Mon père nous a envoyés à Bordj Badji Mokhtar pour notre sécurité. A notre arrivée, il n’y avait personne pour nous prendre en charge, affirme l’une de ses filles. Je suis lycéenne comme mes autres frères et sœurs. Nous avons pris le minimum, un peu de linge et des couvertures, pour ne pas alourdir la voiture. Notre ville est méconnaissable, j’ai vu des photos qui m’ont bouleversée, car j’ai reconnu des maisons et des commerces dans lesquels on se rendait. Je ne comprends pas pourquoi, au nom de la guerre, on détruit les maisons des gens et leurs biens.» Ne plus revoir son père ? Elle préfère ne pas y penser. Sa mère, Baketa, la cinquantaine, assure que son mari donne de ses nouvelles dès qu’il le peut. «Les communications passent très mal dans notre village. Les hommes ont fait un grand sacrifice pour nous tous.»
En l’espace d’une semaine, la famille du maire d’Aguelhok a construit une petite pièce en parpaings. Il y a beaucoup d’humidité car le ciment est encore frais. «Nous attendons de retourner dans nos foyers, du moins ce qu’il en reste, nous dit Baketa, un peu perdue, assise, accrochée à son sac à main. Nous reconstruirons le village petit à petit, qu’importe les années que ça prendra.» Toutes ces histoires ont poussé Ihssan à multiplier les allers-retours vers le Mali pour aider gratuitement les réfugiés qui se trouvent dans le désert, hors pistes, dans des campements installés dans la brousse. Les sortir à la fois des combats, des balles perdues et des bandits, et les amener sur le sol algérien. Ihssan a 60 ans, mais il en paraît 20 de moins. Ancien diplomate, puis enseignant, il a sillonné l’Europe et une bonne partie du continent africain pour finalement revenir à Kidal, sa ville natale. «J’ai tellement vu de choses dans ma longue vie que plus rien ne me fait peur ! Je suis médiateur indépendant entre les réfugiés et les ONG. J’essaie de récupérer des dons de particuliers, surtout des médicaments. Je suis sur le terrain, j’observe et je connais tout le monde. Mon smartphone me sert à communiquer avec le monde et organiser les secours pour mes frères qui ont tout perdu en une seule nuit…»
Où qu’ils soient, les réfugiés cherchent aussi des soins. Les plus nantis prennent un taxi de Bordj vers Tamanrasset, pour 2500 DA la place. Ihssan doit accompagner un petit garçon de 3 ans à la polyclinique la plus proche. «Le petit Nab souffre de maux de ventre depuis son arrivée, témoigne-t-il. Un infirmier de Bordj m’a conseillé d’aller voir son cousin à Tamanrasset, on se débrouille comme on peut !» Je prends place avec eux dans le pick-up qui s’enfonce dans le désert de Silet, vers Tamanrasset. Au total, nous nous retrouvons à dix personnes à bord. De quoi rendre l’atmosphère encore plus insupportable. Le chauffeur a permis à Nab de rester avec Ihssan sur le siège passager. Malgré les risques qu’ils encourent sur… 700 km !
Pilule pour mal de tête
Le risque de croiser des militaires algériens, susceptibles de leur demander des papiers et de les refouler à Timiaouine. Ou de tomber en panne, de perdre du temps et de rendre Nab plus malade encore. «Le désert de Silet est très dangereux, il ne faut pas s’y aventurer pour le plaisir. La route est impraticable et les mauvaises surprises sont nombreuses», promet le chauffeur. Un tel voyage, c’est la garantie de manger du sable et de sortir courbaturé par les secousses qui vous obligent à vous tenir au siège et vous projettent presque dans le ciel brûlant. Un convoi passe à toute allure près de nous. Le chauffeur fait un signe de la main pour avertir que tout est normal sur la route. Le sentier tantôt escarpé, tantôt ensablé rend le voyage très pénible. Encore deux bonnes heures de route avant la pause. Une courte délivrance. Sous une dune, le chauffeur installe son matériel désuet pour préparer du thé. Ihssan s’impatiente.
Heureusement, une source se trouve à proximité, pour rafraîchir Nab. «Cette source alimente la mine d’or qui se trouve près d’ici, explique Ihssan qui connaît les lieux par cœur. Je serai rassuré dès que nous nous rapprocherons de Iglen, Abalessa et Outoul. J’ai des amis qui peuvent prendre Nab à Tamanrasset, je sens qu’il est encore plus malade qu’hier.» Si Ihssan a quitté Bordj pour Tamanrasset, c’est, dit-il, «parce que je n’ai vu aucun bénévole du Croissant-Rouge algérien à Timiaouine. Les réfugiés n’ont reçu ni vaccins, ni soins. J’ai demandé autour de moi et personne n’a, ne serait-ce, qu’une pilule pour un mal de tête.»
Cas de typhoïde
Je réussis à rentrer dans le camp malgré la surveillance. Les tentes sont serrées les unes aux autres. Les sanitaires préfabriqués ne suffisent plus. Les réfugiés sont obligés de s’éloigner du camp pour faire leurs besoins. Je croise une femme chargée d’un fardeau de six bouteilles d’eau. A l’aide d’un réchaud alimenté au charbon, elle réchauffe tant bien que mal l’eau pour laver son bébé. «Le Croissant-Rouge algérien a tardé pour apporter les aides dont ont besoin les réfugiés qui, dans leur fuite, ont tout laissé, affirme une bénévole dans une ONG internationale, jointe par téléphone. Nos informateurs sur place nous ont confirmé avoir vu des camions de denrées et de bâches, dont ils n’ont pas bénéficié. Ils accusent même des élus algériens de détourner ce que l’Etat algérien a prévu pour les réfugiés. Nous ne pouvons rien faire sans les autorisations de l’Algérie qui, pour l’instant, refuse que des ONG se déplacent et organisent avec elle la situation sanitaire.»
Hadessa Ag Sanbou, élu malien nouvellement réfugié, a, lui aussi, conduit quelques familles au camp de Timiaouine. «Les familles reçoivent cinq kilos de riz par semaine et disposent d’une tente. Les réfugiés ne sont pas tous des nomades, mais la plupart se sont déplacés avec leur bétail (dromadaires, chèvres et moutons, ndlr) pour le vendre et subvenir aux besoins de leur famille.» Le froid des nuits et les courants d’air provoquent des rhumes. Mais c’est loin d’être le plus grave. Infections urinaires, rougeole, infection de blessures mal soignées s’ajoutent au drame de la fuite. Des cas de typhoïde auraient même déjà été relevés. En plus de la situation sanitaire critique, que l’arrivée incessante de nouveaux Maliens aggrave, l’Etat algérien devra aussi faire face à… l’évaporation des réfugiés dans la nature. Car comme le souligne Hadessa Ag Sanbou, «la plupart d’entre eux ne supportent pas l’enfermement. Ils quittent donc Timiaouine pour rejoindre Bordj Badji Mokhtar ou Tin Zaouatine…»
Les chiffres :
La version officielle
Le 27 février, selon le président du Croissant-Rouge algérien, Hadj Hamou Benzeguire, «l’Algérie a accueilli 126 familles dont chacune est composée en moyenne de 3 personnes. Ce qui donne l’équivalent d’environ 500 à 600 personnes». Il a également précisé que cette situation «n’est absolument pas inquiétante et très gérable». Pour devancer les événements, le CRA a décidé de mettre en réserve 150 tonnes de produits alimentaires de base à BBM.
Notre version
D’après les dernières estimations (mercredi) d’une ONG internationale, 11 000 personnes tenteraient d’entrer en Algérie. A Kidal, 10 000 Maliens sont partis, dont la moitié a fui à Gao, l’autre moitié en Algérie. Sur place, les Algériens de Bordj Badji Mokhtar et de Timiaouine, qui aident les réfugiés à passer la frontière, les orientent vers un lieu d’hébergement et les recensent, estiment aussi que le nombre de Maliens dépassera les 10 000 dans la semaine à venir.
L’actu :
Des combats «très violents» ont opposé mercredi, vers la localité de Tessalit, dans le nord-est du Mali, des militaires maliens et des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a appris l’AFP de sources militaires et rebelles. Ces informations ont ensuite été confirmées par des sources au sein de la rébellion et proches de l’armée malienne. «C’est le contrôle de la ville qui est en jeu.
De part et d’autre, de très nombreux moyens militaires ont été mobilisés», a ajouté la source militaire étrangère. Aucune des sources interrogées n’a fourni de bilan. Les renforts de l’armée malienne comptent quelque 300 personnes armées. Des blindés sont également présents sur place. Les rebelles, de leur côté, ont mobilisé plusieurs unités et un armement qualifié de «sophistiqué» par une source sécuritaire indépendante.
Comprendre :
Le Mali est confronté depuis le 17 janvier 2012 à des attaques de membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et d’autres rebelles, dont des hommes lourdement armés rentrés de Libye où ils avaient combattu pour le régime de Mouammar El Gueddafi.
Les combats ont fait de nombreuses victimes – morts et blessés – des deux côtés, sans qu’il soit possible d’établir, de sources indépendantes, un bilan précis des pertes. Ils ont également poussé des dizaines de milliers d’habitants à fuir ces zones pour des campements de déplacés en territoire malien et dans des pays voisins, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Algérie.
L’Algérie envoie de l’aide aujourd’hui :
L’Algérie a donné son accord pour permettre à ses aéronefs de transporter, à partir d’aujourd’hui, des aides humanitaires en direction de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Niger qui ont accueilli la population malienne ayant fui le conflit armé au nord du Mali, a annoncé, lundi, le président du Croissant-Rouge algérien, Hadj Hamou Benzeguire. «Cette aide est composée de produits alimentaires de base, à savoir du riz, des pâtes, de l’huile, du concentré de tomates, ainsi que du thé et du sucre.
Il y aura aussi des bâches et des médicaments», a-t-il fait remarquer. «Comme vous le savez, ces pays souffrent déjà de la sécheresse et d’un déficit alimentaire, d’où l’appel à venir en aide à ces populations touareg qui ont fui les zones de combats», a-t-il indiqué. D’après nos sources sur place, l’armée algérienne aurait envoyé mercredi, suite aux combats à Tessalit, 800 militaires pour renforcer la frontière algéro-malienne. (El Watan-02.03.2012.)
**L’Algérie achemine de l’aide aux populations maliennes fuyant le conflit
Les autorités algériennes vont acheminer de l’aide humanitaire à partir de début mars aux populations ayant fui le conflit armé au nord du Mali.
L’Algérie a en effet donné son accord pour permettre à ses aéronefs de transporter, les 2 et 3 mars 2012, des aides humanitaires en direction de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Niger qui ont accueilli la population malienne ayant fui le conflit armé au nord du Mali. Telle est la révélation faite dans la nuit de dimanche à Smara (camps des réfugiés sahraouis), par le président du Croissant-Rouge algérien (CRA), Hadj Hamou Benzeguire, précisant que chaque pays recevra deux aéronefs munis de 60 à 70 tonnes d’aide chacun.
Cette aide sera composée de produits alimentaires de base (riz, pâtes, huile, concentré de tomates, thé, sucre…) mais aussi de tentes et des médicaments. Tout en précisant que cette aide est intervenue suite à un appel des pays ayant accueilli ces Maliens, M. Benzeguire a fait savoir que deux autres avions seront acheminés vers le Mali pour porter assistance à tous les Touareg qui n’ont pas pu fuir leur pays.
L’Algérie abrite actuellement 126 familles dont chacune compte en moyenne 3 personnes, selon notre interlocuteur.
Cette situation «n’est absolument pas inquiétante et très gérable», estime M. Benzeguire. Cependant, le CRA a décidé de mettre en réserve 150 tonnes de produits alimentaires de base à Bordj Badji Mokhtar, pour faire face à la situation de cette population. Depuis le début du conflit armé au nord du Mali, les populations de la région nord, au-dessus du Kidal, ont commencé à affluer vers l’Algérie. «Leurs accès sont principalement Timiaouine et Bordj Badji Mokhtar mais aussi Tin Zaouatine», a enfin déclaré le président du CRA.(E, Watan-)
**Recrudescence du phénomène de l’émigration mixte en Algérie suite aux tueries au Mali
Le président de la commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH), M. Mustapha Farouk Ksentini, a annoncé samedi que son instance comptait formuler avant fin 2012 des propositions au président de la République sur le phénomène de l’émigration mixte en Algérie.
M. Ksentini a indiqué dans un entretien à l’APS, que ces propositions « seront contenues dans un rapport global et exhaustif sur les différents aspects liés à l’émigration mixte dans notre pays ». Il a précisé à ce propos, que la commission formulera au président de la République, des propositions sur les dispositions législatives et réglementaires susceptibles de « renforcer les capacités nationales permettant une maîtrise optimale de l’émigration mixte dans le cadre des principes fondamentaux des droits de l’homme, de la préservation de la dignité des personnes et de la protection du pays des différents dangers engendrés par ce phénomène ». Le cadre législatif régissant ce domaine en Algérie, a-t-il dit, « a besoin d’être renforcé par une vision globale et claire sur la situation de l’émigration mixte notamment après les évènements et conflits que connaissent plusieurs pays voisins ». (El Khabar-24.03.2012.)
**Bamako prépare la plus grande offensive contre les insurgés Azawad près les frontières avec l’Algérie
Des sources bien informées du dossier de la sécurité au Sahel ont indiqué que l’Armée Malienne a mobilisé plus de 4 mille soldats pour mener une contre attaque, visant à réprimer les combattants de l’Azawad et les chasser des bases militaires qu’ils ont pris d’assaut et afin de recouvrir le contrôle sur les routes principales dans le Nord Malien. Ministère de la défense malien a décidé de mobiliser la moitié de son dispositif, pour lancer des attaques dans le Nord, à l’Est et à l’Ouest du Mali, afin de maitriser de nouveau la situation dans ces régions. Le ministre de la défense Malien, le général Sadio Gassama a mobilisé plus de 4 mille combattants et des centaines de voitures à quatre roues motrices et des chars pour mener une contre offensive qualifié de grande envergure, contre plusieurs axes. Il compte, notamment, mener une pression militaire contre les mouvements de rébellion dans l’Azawad et le mouvement armé Targui « Azewagh ». Le périmètre de l’Azawad Malien représente plus de la moitié de la superficie de la République du Mali et est réparti en deux départements principaux, notamment, Tombouctou et Gao. Il compte également plusieurs villes principales, notamment, Taouedni, Maneka, Gao, Tasslit, Kidal et Anifis. Les renseignements dont nous disposons font état que le gouvernement malien a acheté de nouvelles voitures 4×4, blindées et du matériel militaire de pays africains pour récupérer les pertes qu’il a endurées dès le début des confrontations, estimées à plus de 100 voitures et des centaines d’armes.(El Khabar-29.02.2012.)
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*Les ravisseurs des 3 travailleurs humanitaires arrêtés en Mauritanie
Les auteurs présumés du rapt des trois travailleurs humanitaires (2 Espagnols et une Italienne) ont été maîtrisés, lundi, dans un hôtel de Nouadhibou (capitale économique de Mauritanie).
La cavale aura duré 43 jours. Repérés par les policiers mauritaniens, ils ont été mis hors d’état de nuire. Ils étaient deux: Maminna Alaaguir Ahmed Baba, présenté comme le cerveau de cette «audacieuse» opération, et son complice Maminna Alaaguir Ahmed Baba. «Les deux hommes qui avaient pris en otage les ressortissants espagnols et italien dans un camp de réfugiés sahraouis (en Algérie) ont été arrêtés dans leur hôtel, au coeur de la ville de Nouadhibou grâce à une opération policière réussie», a rapporté dans une dépêche datée du 5 décembre l’AFP qui cite une source policère mauritanienne qui s’est exprimée sous le couvert de l’anonymat.
Entrés clandestinement en Mauritanie ils résidaient «déguisés», l’auteur principal du rapt s’est rasé la barbe, depuis onze jours dans un hôtel de Nouadhibou (nord-ouest de la Mauritanie), a indiqué cette même source qui a fourni de nombreux détails de l’enlèvement.
Maminna Alaaguir Ahmed Baba né en 1982 a directement pris d’assaut le camp et procédé à l’enlèvement des trois Occidentaux, son compère, Aghdafna Hamady Ahmed Baba, né en 1979, lui a apporté «une aide précieuse», précise l’informateur anonyme qui s’est confié à l’AFP.
La parenté entre les deux hommes n’a cependant pas été établie bien qu’ils portent le même nom. Il faut rappeler que cette affaire a fait couler beaucoup d’encre et a failli affecter, notamment, des relations algéro-marocaines sur la voie de la normalisation. «Il s’agit de la responsabilité d’un État et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable», avait déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Taïb Fassi Fihri, lors d’un point de presse qu’il avait conjointement animé avec son homologue de l’ex-gouvernement espagnol, Trinidad Jimenez, à l’occasion d’une visite effectuée au mois d’octobre par cette dernière au Maroc.
Alger s’est abstenue de répliquer à cette attaque et a prudemment répondu à cet enlèvement. «Je confirme l’information et bien entendu, nous condamnons avec la plus extrême vigueur cet acte criminel. Bien qu’il semble que ce soit l’oeuvre d’un groupe terroriste, pour le moment, je préfère réserver mon commentaire en attendant de disposer d’éléments d’information vérifiés sur les ravisseurs ainsi que sur leurs motivations», avait indiqué Amar Belani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères. Certaines rumeurs colportées par des agences de presse étrangères ont même fait croire que les ravisseurs ont bénéficié de complicités sahraouies.
Laissant entendre que le Front Polisario serait infiltré par la branche d’Al Qaîda au Maghreb. «Les combattants d’Aqmi, qui sont allés dans les camps de réfugiés du Polisario pour participer à l’opération d’enlèvement, n’étaient pas armés. Ils avaient des complices sur place dans les camps, membres et sympathisants d’Aqmi, qui ont fourni les armes et repéré les otages pour leur enlèvement», avait confié un mystérieux médiateur, anonyme, basé dans un pays d’Afrique de l’Ouest cité par une dépêche de l’AFP datée du 30 octobre. «Depuis son bureau de Bamako, l’AFP n’a cessé de propager, toujours sous couvert de l’anonymat, de l’intox et de fausses informations dans le seul but de discréditer le Front Polisario et lier le combat de libération nationale du peuple sahraoui au terrorisme et au crime organisé», a sèchement répliqué une source gouvernementale sahraouie citée par une dépêche de l’agence de presse sahraouie, SPS, datée du 31 octobre.
Il faut préciser qu’Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique) n’a jamais revendiqué cet enlèvement. L’arrestation de ses deux auteurs présumés permettra certainement de lever le voile sur cette affaire et surtout d’espérer une libération imminente des trois humanitaires qui travaillaient dans le camp de réfugiés sahraoui de Hassi Rabouni à 30 km de Tindouf… (L’Expression-07.12.2011.)
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*AQMI responsable de l’enlèvement des trois membres d’ONG européennes
Le gouvernement sahraoui a imputé mercredi 26 octobre l’enlèvement de trois membres d’ONG européennes dans les camps de réfugiés sahraouis à l’organisation terroriste Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
« Les informations et les données dont disposent les autorités sahraouies concordent pour désigner AQMI comme auteur de l’attaque terroriste et l’enlèvement des trois coopérants européens dans la nuit du samedi à dimanche, 22 octobre », a indiqué le gouvernement sahraoui dans un communiqué diffusé par l’agence d’information sahraouie (SPS).
L’exécutif sahraoui a affirmé qu’il « continue ses efforts pour la libération sains et saufs de ces trois victimes du terrorisme et déploie les démarches auprès des pays de la région afin de conjuguer et coordonner les efforts pour atteindre cet objectif ». « Le peuple sahraoui, son gouvernement et le Front Polisario renouvellent leur condamnation énergique de cet acte terroriste barbare qui les vise au même titre que les trois coopérants venus alléger leurs souffrances dans le cadre d’une noble mission humanitaire », ajoute le communiqué.
Les trois otages, Aino Fernadez Coin, de nationalité espagnole, membre de l’association des amis du peuple sahraoui d’Estrémadure (Espagne), Enrico Gonyalons, de nationalité espagnole, membre de l’ONG espagnole MUNDUBAT, et Rossella Urru, une italienne, membre de l’ONG italienne CCISPP, travaillaient tous trois sur des projets humanitaires dans les camps de réfugiés sahraouis.
Les ravisseurs avaient attaqué les sièges des deux ONG et enlevé les trois ressortissants européens en utilisant une voiture tout-terrain et des armes à feu. L’un des otages, l’Espagnol Enrico Gonyalons serait blessé, ainsi que l’un des gardes sahraouis, Omar Ahmed Mohamed, rappelle SPS. (El Watan avec APS-26.10.2011.)
*Al-Qaida prépare une offensive d’envergure contre les intérêts de la France
Selon des renseignements des services secrets des pays du Sahel
L’AQMI prépare une offensive d’une grande envergure contre les intérêts et les ressortissants français au Sahel et plus particulièrement en Libye, ont révélé des rapports de renseignements remis par des agents secrets au sein des tributs de la région.
Selon les mêmes sources, l’AQMI a renforcé ses effectifs et a crée des groupes armés en tenues de civils, ajoutant que lesdits groupes sillonnent cinq axes différents traversant la Tunisie, la Libye et le Niger. Ils ne se cachent pas dans des endroits bien précis et ils sont équipés d’armes légères et des rockets. Au moins 250 terroristes sillonnent l’axe de 100 à 300 km traversant les frontières égypto-libyennes. Le nombre de groupe ne cesse d’augmenter, selon des sources fiables. Un autre groupe composé de 80 fugitifs islamistes qui se sont montés contre El Guedafi. Ils appartiennent à une milice des rebelles libyens. Equipés de missile SAM-7 et des mitrailleurs, ils se déplacent par des véhicules de type Toyota.
Dans ce sens, un autre groupe de 150 éléments d’AQMI et de rebelles libyens qui ont rejoint cet organisme terroriste prend refuge à Djbel Nafoussa, près des frontières tuniso-libyennes. Les éléments de ce groupe se réfugient non loin d’un campement des forces françaises, selon la déclaration de Seif El Islam El Guedafi lors d’un entretien qu’il nous a accordé.
Par ailleurs, l’éventuelle chute du régime d’El Guedafi risquerait de ne pas mettre fin à la guerre en Libye, car AQMI prépare déjà sa nouvelle guerre contre les intérêts et les ressortissants français en Libye et dans d’autres pays du Sahel. Certains observateurs français ont mis en garde contre les conséquences de l’intervention de la France dans le conflit libyen. (El Khabar-20.08.2011.)
Tunisie: accrochage entre l’armée et un groupe de rebelles libyens
Un accrochage a opposé dans la nuit l’armée tunisienne à un groupe armé dans le sud-ouest de la Tunisie, aux confins des frontières libyenne et algérienne, a-t-on appris auprès de la sécurité tunisienne ce samedi. D’après une source militaire tunisienne, il s’agit de Libyens. La source proche de la sécurité avait auparavant indiqué que ce groupe était équipé de véhicules transportant des armes. Il a été intercepté dans le désert vendredi soir. Les combats, qui se poursuivaient ce samedi, ont fait des victimes. (Reuters-20.08.2011.)
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*Paiement de rançons aux terroristes…La trahison française !
L’argent des rançons amassé par les terroristes va servir à l’achat des armes.
Détenus depuis la mi-septembre dans une région désertique au nord du Mali, trois otages, une Française, un Togolais et un Malgache des sept enlevés à Arlit dans le nord du Niger dont cinq Français, viennent d´être libérés contre une rançon, auraient déclaré des sources proches de la médiation malienne et nigérienne, lesquelles, selon toujours cet organe de presse, auraient participé aux négociations.
A propos du sort des quatre autres otages français et notamment, la victime italienne enlevée au sud de l´Algérie, dont la libération serait imminente, rien ne filtre pour l´instant. Les trois otages ont été libérés jeudi dernier. Encore une fois le décret relatif à la criminalisation de la remise de rançon aux réseaux terroristes, initié par l´Algérie et approuvé par l´ONU, a été violé, et ce qu´on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique a eu gain de cause. L´argent des rançons amassé par la nébuleuse va encore servir à l´achat des armes et avec tout ce qui se passe en Libye, la tâche sera aisée. La France officielle ne cesse de porter des coups sévères à la lutte antiterroriste dans la région du Sahel, d´une part, de l’autre, elle n´hésite pas à se dire solidaire des efforts consentis par les pays de la région dans cette même lutte. Quand cessera-t-elle ce double langage et cette duplicité?
Al Qaîda a bien choisi le moment pour faire aboutir les pourparlers à la faveur de ses objectifs en profitant de la situation douloureuse d´un pays dont des trafiquants d´armes ont toujours constitué une source d´approvisionnement en armement. Et le moment, bien entendu, est décisif. Si la chute du régime El Gueddafi venait à se confirmer, les milices tchadiennes et nigériennes, soutenues par El Gueddafi et qui alimentent Al Qaîda sur le plan matériel, ne seraient plus en mesure de satisfaire les besoins de la nébuleuse, autant profiter du contexte actuel.
Les Occidentaux et à leur tête les USA ne vont certainement pas rester les bras ballants! Dans cette conjoncture serait-il raisonnable de prévoir une intervention militaire des USA dans la région? Peu probable, mais ce n´est pas impossible. Les Etats-Unis d´Amérique projettent de faire intervenir leurs troupes sur un territoire des pays que les Occidentaux qualifient de tiers-monde, comme cela a été le cas pour l´Afghanistan ou l´Irak.
Néanmoins, M.Robert Gates, le ministre américain de la Défense, a anticipé la question pour dire que le risque est faible, soulignant: «Il y a peu de risque de voir à nouveau à l´avenir les Etats-Unis intervenir dans un pays étranger comme ils l´ont fait en Irak et en Afghanistan». Et d´insister: » Le risque d´un nouvel Afghanistan ou d´un nouvel Irak, à savoir envahir, pacifier et administrer un vaste pays du tiers-monde, est probablement faible. «M.Gates est l´un des rares républicains de la Maison-Blanche, qui a été installé par l´ex-président, à s´être penché sur l´avenir des conflits auxquels risque d´être confrontée l´armée américaine, lors d´un discours prononcé devant les cadets de l´Ecole militaire de West Point.
Le conférencier, qui doit céder son poste dans les quelques mois à venir ne manquera pas de dire: «Tout futur secrétaire à la Défense qui conseillerait au président d´envoyer à nouveau une vaste force terrestre américaine en Asie, au Moyen-Orient ou en Afrique, ferait mieux de se faire soigner le cerveau.» Et de préciser toujours dans ce contexte: «L´avenir des interventions militaires américaines à l´étranger prendrait plutôt la forme d´expéditions rapides destinées à répondre à la menace du terrorisme ou d´une catastrophe.»
Ces déclarations prononcées à tort ou à raison, ne pourront être vérifiées qu´à l´avenir, sachant que l´actuel président des Etats-Unis ne partage pas la même vision que son prédécesseur, cependant beaucoup d´observateurs n´écartent pas l´éventualité que le Pentagone débarque en Libye ou au Sahel. (L’Expression-27.02.2011.)
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*300 terroristes activent au sein d’aqmi
Les pays voisins n’ont pas pris au sérieux les avertissements lancés par l’Algérie sur les menaces d’Al Qaîda.
Selon une étude de l’Observatoire sahélo-saharien de géopolitique et de stratégie, dirigé par l’ancien ministre malien des Forces armées et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, le nombre de terroristes activant au profit de ce qu’on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique oscille entre 200 et 300 éléments. Selon cette étude d’évaluation qui entre dans le cadre des préventions des risques et enjeux sécuritaires dans cette zone, la composante humaine de ce réseau terroriste provient de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie, du Nigeria et du Burkina Faso.
Le Niger, le Maroc, la Tunisie et la Libye sont les autres pays qui n’ont pas été cités par l’observatoire non gouvernemental basé à Bamako, mais nos sources précisent que leurs ressortissants font partie de l’organisation. Des sources sécuritaires précisent que le plus grand nombre des terroristes sont natifs de l’Algérie, du Mali et de la Mauritanie.
L’étude menée par cet observatoire ne traduit rien de nouveau dans ses recherches et ne fait que confirmer ce qui a été confié par des sources sécuritaires aux organes médiatiques nationaux et internationaux. Sachant bien que les attentats suicides, un mode opératoire adopté par la nébuleuse pour semer davantage de désolation, ont été abandonnés aussi bien en Algérie qu’au Maroc, l’Osgs, s’est quand même basé sur ces faits pour faire aboutir son étude tout en soulignant qu’Al Qaîda au Maghreb Islamique a élargi ses cibles aux intérêts occidentaux par le rapt des ressortissants étrangers.
De même, cette étude rapporte que cette zone, qui va de la Mauritanie au Tchad en passant par l’Algérie, le Mali et le Niger, est devenue une «base logistique» servant de camps d’entraînement et de repli pour différents mouvements islamistes de la région. Mais ce qui est certain pour les services de sécurité algériens, la nébuleuse n’opère pas sur le sol algérien. L’Algérie compte certes, des terroristes sur son territoire mais tous affiliés au Gspc, prétendu branche d’Al Qaîda au Maghreb.
La publication de cette étude basée sur des informations de presse intervient au moment où les Occidentaux par le biais de leurs représentants diplomatiques et militaires, notamment les USA et la Grande-Bretagne, saluent la stratégie de lutte antiterroriste adoptée par l’Algérie. C’est dire que la nébuleuse jouit des complicités avec les réseaux du crime organisé qui s’adonnent à tout genre de trafic, et notamment celles tissées avec la population de la zone sahélo-saharienne. L’Algérie, dans ses rapports sur le contexte sécuritaire adressés à ses voisins, n’a jamais manqué de prévenir contre ce risque de complicité, revendiquant une coopération de lutte commune et soulignant que sans une paix sociale et politique, la région demeurera dans le tout-sécuritaire.
L’Algérie a de tout temps oeuvré pour des résolutions d’apaisement entre le gouvernement malien et la force d’opposition qui réclame une égalité sociale; une approche, cependant, qui menace certains intérêts qui ont fait que le processus de paix initié par l’Algérie n’aboutisse pas. Aujourd’hui et au-delà des frontières algériennes, la zone est plus que jamais menacée et la nébuleuse, confirme cette étude, a réussi à séduire la classe sociale la plus démunie par des offres d’argent et l’apport des solutions à certains problèmes fondamentaux.
Les manoeuvres de la nébuleuse, indique encore cette étude, ne sont pas limitées aux seules populations démunies mais elles ont, par la corruption, atteint certains services des Etats du Sahel devenus complices, mais sans pour autant identifier de quels Etats il s’agit. Soulignant que grâce à l’argent sale tiré des trafics et les rançons payées, Al Qaîda au Maghreb a créé de nouveaux riches.
Cette nouvelle donne va permettre, selon toujours cette étude, au réseau terroriste d’augmenter ses capacités de nuisance dans la région avec l’objectif de faire de cette zone un territoire de violence.
Si la nébuleuse a recentré ses activités au Sahel c’est certainement suite à la pression des forces de sécurité algériens, mais cela, confient des sources sûres, aurait pu être évité si les pays voisins avaient pris la peine de prendre avec plus de considération les avertissements de l’Algérie sur les menaces, bien avant qu’Al Qaîda ne fasse de cette zone son terrain de prédilection. (L’Expression-26.12.2010.)
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*Lutte contre le terrorisme d’Aqmi
Le ventre mou du Sahel
Depuis la récente découverte de grands gisements de pétrole, d’uranium et de fer dans le bassin de Taoudéni, d’importants intérêts économiques cherchent à se servir d’AQMI comme alibi pour légitimer une présence militaire étrangère au Sahel. Bien entendu, l’objectif final recherché par ces intérêts est de s’assurer une part appréciable de ce nouvel eldorado minier.Autrement dit, le Sahel est pris dans l’engrenage infernal d’une géopolitique compliquée qui risque à tout moment de précipiter toute la région dans le chaos. Une géopolitique dont les enjeux, ressort-il, sont perçus
différemment dans la région.
Toumbouctou (Mali).
De l’envoyé spécial d’El Watan.
Depuis l’enlèvement par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) de 7 employés d’Areva, dans le nord du Niger, le 15 septembre dernier, plus personne n’ose s’aventurer au Sahel. Même les humanitaires les plus téméraires ont décidé — sous la pression de la peur et de leur gouvernement — de plier bagages et de mettre une croix sur la région. Cela le temps, du moins, que la situation se décante. Mais avant qui que ce soit d’autre, ce sont d’abord les populations autochtones qui sont les premières victimes de la terreur que tente d’y asseoir AQMI. Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar, deux chefs terroristes tristement célèbres pour avoir exécuté de sang-froid deux Occidentaux en l’espace de deux années — le Britannique Edwin Dyers et le Français Michel Germaneau — semblent parvenus à leurs fins, à savoir isoler le Sahel du reste du monde et en faire un des principaux sanctuaires du terrorisme islamiste.
La multiplication des opérations terroristes sur le terrain a déjà contraint, en tout les cas, les agences de voyages à revoir de fond en comble leurs circuits, portant un coup sévère à la fragile industrie touristique dont dépend la survie de villes comme Tombouctou. Habituée à voir déferler à longueur d’année d’importantes vagues de touristes occidentaux, cette magnifique citée, fondée par les Touareg au XIIe siècle, devenue en l’espace d’un siècle le centre intellectuel le plus prestigieux du Moyen- Age africain, est aujourd’hui au bord de la crise de nerfs. La raison ? Malgré l’ouverture de la saison touristique depuis déjà plusieurs jours, aucun étranger n’a encore montré son nez. Aucune réservation n’a également été faite dans les nombreux petits hôtels que compte la ville. Faute de clients, les artisans tout comme les restaurateurs se tournent les pouces et se regardent en chiens de faïence à longueur de journée. Ils ruminent leur colère en silence. Démoralisée et inquiète, toute la ville tourne au ralenti depuis trop longtemps. Tout le monde sait que si la machine touristique ne redémarre pas dans un mois ou deux, des dizaines de familles, déjà durement touchées par la pauvreté, seront obligées de quitter la région pour tenter de trouver de quoi subsister ailleurs. Et pour l’heure, la situation ne prête pas à l’optimisme.
La perle du désert n’a pourtant rien perdu de son éclat. Au contraire, grâce aux financements importants consentis par le gouvernement sud-africain, sous la présidence de Thabo Mbeki, pour sauvegarder son inestimable patrimoine culturel, Tombouctou a pour ainsi dire connu une véritable renaissance. Ses principaux sites touristiques ainsi que ses mosquées historiques si atypiques sont sur le point d’être complètement rénovés. Toujours avec l’aide des Sud-Africains, les autorités tombouctoises ont réalisé le pari fou de réunir et de restaurer près de 40 000 manuscrits historiques datant du XIIe siècle et éparpillés aux quatre vents il y a encore peu de temps. Trésor inestimable, ces documents, qui sont pour la plupart écrits en arabe ou en peul par des savants musulmans, contiennent un savoir qui couvre plusieurs domaines (astronomie, botanique, géographie, mathématiques, musique, etc.). Jalousement conservés depuis des siècles comme des secrets de famille, ces manuscrits méritent à eux seuls le déplacement. Toutefois, tous ces efforts risquent, à terme, d’être réduits à néant si rien n’est entrepris pour redonner confiance aux touristes et, surtout, faire en sorte que AQMI n’impose pas sa loi dans la région.
L’émergence d’AQMI paraît avoir assombri, pour un temps, le ciel du Sahel. Le véritable test pour le Sahel sera toutefois le Festival du désert organisé chaque mois de janvier aux alentours de Tombouctou. Si à ce moment-là, les touristes ne viennent pas, la région ne s’en remettra pas avant longtemps.
«Il faut absolument faire quelque chose. La population ne peut pas être abandonnée à son sort de la sorte. Tout le monde vit ici du tourisme. Si les Occidentaux ne viennent pas, ce sera une catastrophe. La paupérisation a déjà atteint des proportions inquiétantes ici. Sans les revenus du tourisme, je ne sais ce qu’il adviendra d’eux», lance sur un ton de désespoir Devon Reid, probablement la seule Occidentale à avoir pris la résolution de rester vivre dans le nord du Mali, après l’enlèvement des employés d’Areva. Arrivée, il y a peu, tout droit des Pays-Bas, pour aider les habitants de la région à lancer des micro-entreprises, elle soutient à cor et à cri que Tombouctou est une ville sûre et se dit convaincue que la menace d’Al Qaîda est exagérée. «Cela fait plusieurs jours que je vis ici. Je ne comprends pas pourquoi on s’empresse de présenter la région comme un coupe-gorge, alors que ce n’est pas du tout le cas. La population est chaleureuse et accueillante. Je me sens en confiance», ajoute, la gorge nouée par l’émotion, cette Canadienne qui découvre pour la première fois le Sahel.
Les médias étrangers décriés
Les habitants de Tombouctou sont ainsi particulièrement remontés contre les autorités françaises, auxquelles il est reproché de faire fuir les touristes en présentant, régulièrement, les villes du nord du Mali comme étant à haut risque. «Pourquoi cet acharnement contre nous ? Ils oublient qu’il ne s’est jamais rien produit ici, à Tombouctou. Les étrangers qui y séjournent sont sous notre protection. Nous sommes responsables de leur sécurité. Nous n’avons aucun intérêt à ce qu’il leur arrive quelque chose», s’insurge Mahamane, un artisan bijoutier d’une quarantaine d’années rencontré non loin de la célèbre mosquée Djingareyber, mémoire encore vivante de l’âge d’or de Tombouctou.
Les Touareg se joignent également aux mécontent pour dénoncer l’amalgame aussi «insupportable» que «dangereux» qui revient de plus en plus souvent dans les articles de la presse française consacrés au Sahel et qui établissent un parallèle «inique» entre leurs tribus et les groupes d’AQMI. La tête et le visage entièrement couverts d’un chèche couleur sable, un vieux Targui au regard d’aigle, adossé au mur de terre cuite d’une baraque improvisée en épicerie, se dit «outré» par la représentation qui est faite d’eux en Occident depuis peu. Le doigt pointé vers le ciel, le sexagénaire jure d’une voix grave par les 333 saints que compte Tombouctou, que les siens n’ont rien à voir avec les terroristes d’AQMI. «Comment peut-on penser et dire une chose pareille ? Nous ne sommes ni des criminels ni des voleurs de poules. Si les Touareg avaient été du côté des terroristes, la région aurait plongé dans le chaos depuis longtemps», fulmine notre interlocuteur.
Contrairement à certaines idées reçues, les activités d’Abou Zeïd et sa bande ont aussi commencé à nuire aux affaires d’une certaine catégorie de contrebandiers. Il s’agit surtout de celle dont le «travail» consiste essentiellement à acheminer depuis la ville algérienne de Tamanrasset des produits de première nécessité (lait, café, thé, semoule, farine, etc.) et des médicaments. Des denrées pratiquement inexistantes sur les marchés maliens. Depuis l’attaque meurtrière menée contre un poste de garde-frontières, en septembre dernier, à Tin Zaouatine, par le groupe d’Abou Zeïd, l’armée algérienne a pratiquement verrouillé la frontière algéro-malienne. Plus rien n’entre ni ne sort aussi facilement qu’avant d’Algérie. «Avant que ces histoires de terrorisme ne commencent, j’avais l’habitude de faire la navette plusieurs fois par mois entre Tombouctou et Tamanrasset. Presque tout ce qu’on mange ici provient d’Algérie. Mais depuis peu, il est devenu très risqué de s’aventurer près de la frontière. D’un côté tu as l’armée algérienne qui est constamment sur le qui-vive et, de l’autre, tu risques de tomber sur des terroristes capables de tout pour te soutirer de l’argent. Cela devient trop risqué», témoigne Hammodan, un transporteur clandestin malien, rencontré à l’auberge du Désert de Tombouctou. A l’aise dans plusieurs langues, notre interlocuteur explique d’un ton grave mais néanmoins dans un bon français que «la situation risque d’être catastrophique pour les 32 000 habitants que compte Tombouctou si les affaires ne reprennent pas». «Cela surtout, poursuit-il, que les autorités centrales à Bamako ne se préoccupent pas trop de ce qui se passe ici.»
Le constat vaut malheureusement pour plusieurs autres villes. C’est le cas de Gao, Kidal et Abeibara qui ont déjà été secouées par de violentes rebellions de Touareg, par le passé. «Si ça continue, il n’y aura bientôt plus rien à manger. Voyez par vous-même, même pour les cours de nos enfants, c’est nous qui devons les financer», fait remarquer Hammodan, l’air soucieux. Le Nord est-il à ce point coupé du sud du Mali ? Notre transporteur n’a pas besoin de trop disserter pour montrer le déséquilibre qui caractérise les deux régions. Mais comme si la misère ne suffisait pas, il a fallu encore que le nord du Mali soit au centre des visées du terrorisme international et d’importants intérêts économiques. (El Watan-24.10.2010.)
***La région fait l’objet de fortes convoitises
Le Sahel otage d’une géopolitique du chaos
Vu de Bamako, le problème posé par AQMI à Tombouctou paraît insignifiant ou, du moins, on ne lui accorde pas du tout le même intérêt que lui porte le voisin algérien.
Bamako (Mali).
* envoyé spécial
Le président malien, Amadou Toumani Touré, n’est même pas d’avis à parler de terrorisme. Dans une allocution prononcée à Bamako, le 14 octobre dernier, devant les participants à la conférence biannuelle du Forum des éditeurs africains (TAEF), il laisse même entendre que cette question ne le concerne pas au premier chef dans la mesure où son pays n’est pas responsable de la situation. En décodé, cela voudrait dire que c’est à l’Algérie qu’il revient de «faire le ménage» puisque les terroristes viennent de chez elle. Si le chef de l’Etat malien ne rate plus aucune occasion pour se dédouaner de l’évolution prise par la situation au Sahel, il n’hésite plus également à déclarer ouvertement son désaccord avec Alger concernant la démarche mise en place pour contrer AQMI.
La tenue, le 14 octobre dernier, à Bamako même, d’une rencontre du G8 appuyée par Paris, consacrée au terrorisme au Sahel, à laquelle ont été conviés le Maroc et les pays de la région — l’Algérie n’y a pas participé — en est la meilleure preuve. A ceux, d’ailleurs, qui accusent le Mali d’être le «maillon faible» de la lutte antiterroriste au Sahel, ATT répond avec un certain amusement qu’«il n’y a même pas de chaîne». Une déclaration qui n’ira certainement pas sans provoquer des grincements de dents à Alger, surtout que les autorités algériennes ont investi beaucoup d’efforts et de moyens pour mettre sur pied une coordination régionale en matière de lutte antiterroriste et restent opposées à l’idée d’une intervention militaire étrangère au Sahel. L’Algérie redoute, en effet, que les étrangers, que Bamako veut appeler à la rescousse, trouvent là un prétexte pour s’y implanter durablement. L’avis d’ATT sur la question du Sahel n’est toutefois pas partagé par certains médias maliens qui attirent régulièrement l’attention sur les dangers que présente AQMI. C’est le cas, par exemple, du quotidien privé Nouvel Horizon qui a publié, dans son édition du 15 octobre dernier, une étude à faire dresser les cheveux sur la tête et qui prête l’intention à AQMI d’établir un émirat islamique dans le nord du Mali. Le journal le Monde-Duniya évoque, pour sa part, dans son édition parue le même jour, une volonté des Américains et des Français de créer un «Afghanistan africain» pour mettre la main sur les richesses souterraines de la région. Et la mise en place de ce scénario passerait, selon ce titre, par une manipulation d’AQMI. Les journaux maliens ne sont pas les seuls à avancer de telles analyses.
Les spécialistes de la région sont aussi de plus en plus nombreux à admettre le fait que depuis la récente découverte de grands gisements de pétrole, d’uranium et de fer dans le bassin de Taoudéni (une zone de 1,5 million de kilomètres carrés allant de la Mauritanie au Niger en passant par le Mali et l’Algérie), d’importants intérêts économiques cherchent à se servir d’AQMI comme alibi pour légitimer une présence militaire étrangère au Sahel. Bien entendu, l’objectif final recherché par ces intérêts est de s’assurer une part appréciable de ce nouvel eldorado minier. Autrement dit, le Sahel est pris dans l’engrenage infernal d’une géopolitique compliquée qui risque, à tout moment, de le précipiter dans le chaos. Une géopolitique dont les enjeux, ressort-il, sont perçus différemment dans la région. Et c’est probablement de là que pourraient découler les divergences constatées actuellement entre Alger et Bamako sur la question d’AQMI. Et comme toujours, les populations de la région paraissent, encore une fois, bien loin de s’imaginer de ce qui se trame derrière leur dos. (El Watan-24.10.2010.)
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