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*construire l’Algérie ou consolider le régime?
La raison du peuple doit primer sur la raison du pouvoir
La révolution pacifique du 22 février, portée par tout le peuple, a restitué la dignité et la fierté d’être Algérien et a sonné le glas du système des clans et de la prédation, instauré depuis l’été 1962.
Ce système politique a pu, tout au long de ces 57 dernières années, se reconstituer, après chaque crise, pour se maintenir au mépris de toute légitimité et légalité. Un système auquel les artisans et les partisans continuent à s’agripper, en dépit du bon sens et de l’éthique morale et politique, à l’utopie d’une énième restauration d’un régime condamné par l’histoire et honni par le peuple, moyennant une présidentielle décriée partout et par tous.
Pourtant, l’ampleur de la mobilisation durant ces quarante semaines, exprimant un ras-le-bol général, une volonté et un espoir dans un nouveau départ pour notre pays, est significative d’une irréversibilité du mouvement et donc d’une impossibilité au renoncement à l’exercice de la souveraineté populaire pour se donner un nouveau système politique.
A contre-courant des aspirations du peuple, un personnel politique, ayant perdu la raison, incapable de comprendre que son seul rôle est d’avoir une vision à long terme pour le pays, continue à jouer le maintien et une participation au pouvoir.
Le manque d’ambition pour le pays et l’entêtement maladif des dirigeants à accaparer le pouvoir ou à y prendre part, à n’importe quel prix, ont été à l’origine de la spoliation du peuple de sa liberté et de son droit à se donner une Constitution de son choix et bâtir un meilleur avenir.
La révolution populaire et pacifique en cours a révélé une détermination insoupçonnée du peuple algérien à recouvrer le droit de se donner des institutions modernes et de vivre dans la liberté, la dignité et la démocratie. Une Constitution qui organise notre vivre-ensemble, qui garantit la pluralité et qui articule notre diversité à l’unité de la nation. Une nation au passé à la fois millénaire, riche et complexe, partageant avec ses voisins immédiats un même processus historique.
Les errements politiques du commandement militaire, qui a accaparé tous les pouvoirs depuis que l’ancien chef de l’Etat a été contraint à la démission sous la pression de la rue et son lâchage par ses obligés qu’il a lui-même portés à la responsabilité, ont mis en évidence, de façon flagrante, les priorités à prendre en charge pour un nouveau départ pour notre pays. Il s’agit de la séparation des différents pouvoirs qui fondent les Etats modernes. Les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire doivent se compléter et se contrôler mutuellement.
La dérive originelle est celle du pouvoir législatif réduit, depuis l’Assemblée constituante de septembre 1962, en chambre d’enregistrement. Une Assemblée constituante résultat d’une liste unique choisie par Ahmed Ben Bella autoproclamé chef du bureau politique du FLN et plébiscité par un simulacre de vote populaire. Une Assemblée dessaisie de l’objet de son institution, qui est de concevoir une Constitution et l’adopter.
C’est encore le même Ahmed Ben Bella qui a proposé la première Constitution de l’Algérie indépendante, à une réunion de délégués du FLN, dans une salle de cinéma, avant de la faire adopter, en dépit d’une forte opposition, par un coup de force à l’Assemblée et plus tard par un référendum.
La dérive est aussi celle du pouvoir exécutif dont les titulaires, acquis à la conception autoritaire du pouvoir, se recrutent dans les clans qui ont confisqué l’indépendance nationale. Des sociétaires à l’incompétence politique avérée, inadaptés à gérer les problèmes, incapables de faire des choix et de concevoir des stratégies et, surtout, corruptibles. Des dirigeants semant les graines de la division, de la haine et de la fitna. Des dirigeants ressassant la même vieille rengaine, que l’on ressort à chaque crise, de réformes politiques, sociales, économiques mais à chaque fois les libertés et les droits régressent, la misère sociale s’accentue et la dépendance aux hydrocarbures s’accroît.*elwatan/ mardi 26 novembre 2019
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*Algérie: Une Révolution pleine de promesses
Le 22 février 2019 est une date fondatrice : elle signe l’avènement du retour du Peuple sur la scène historique. Le peuple algérien, dans son soulèvement exemplaire, ce vendredi 22 février 2019, écrit la page la plus glorieuse de l’histoire des peuples en révolte de ce troisième millénaire.
**Quelle est la vérité philosophique de ce soulèvement ?
Si c’était un Hirak (mouvement), le peuple algérien se serait contenté de la destitution de Bouteflika et serait rentré chez lui. Comment se fait-il que, depuis 9 mois, un peuple, dans un silence médiatique assourdissant, face à l’arbitraire d’un régime despotique continue avec la même exemplarité et détermination à battre le pavé ? Le 22 février 2019, le peuple algérien a répondu à l’Appel de l’Algérie. D’où venait cet Appel ? Quelle était sa source ? Des entrailles de l’histoire de cette terre bénie par son histoire et le sang de ses martyrs, mais profondément souillée par ce système politique prédateur fondé par les putschistes de l’Armée des frontières. La vérité philosophique de cet appel s’est dévoilée le mois de juillet à Alger, quand la population a scandé, pour la première fois de son histoire post-coloniale : Chaab youridou Al Istiqlal (Le Peuple veut l’indépendance).
L’indépendance. Ce n’est pas un mot. Dans la voix d’un peuple, l’indépendance est grosse d’un nouveau monde. Le soulèvement du 22 février se déploie en Révolution populaire et celle-ci réclame l’indépendance du peuple.
**L’Indépendance du peuple contre qui et contre quoi ?
La première fois que le peuple algérien a utilisé ce mot c’était pour détruire le système colonial. Le colonialisme fondé au XIX siècle était planétaire et englobait l’Occident-Monde. Au premier les privilèges et l’humanité et au second la misère et la sous-humanité.
Utilisé une seconde fois en 2019 ce mot enveloppe toute l’Algérie, convoque son histoire et s’impose comme le seul mot d’ordre, comme le seul programme : accomplir l’indépendance inachevée en 1962. Purifier l’Algérie du crime commis en 1962 : l’Indépendance confisquée par l’Armée des frontières. Mais, de même que l’indépendance d’hier se révoltait contre un système colonial mondial, l’Indépendance proclamée en 2019 porte elle aussi la volonté de s’affranchir du système des oligarchies de la criminalité financière mondiale.
Le peuple algérien est seul. Seul face à la mafia militaro-politico-financière et à leurs complices protecteurs, les oligarchies française, européenne, états-unienne, russe, chinoise et les despotes arabes. Ce peuple, considéré comme un peuple enfant, un peuple domestiqué, une abstraction, une foule, un peuple émeutier, force l’admiration du monde par son exemplarité et son pacifisme (Silmia). Ce pacifisme érigé en philosophie de lutte et de résistance met un terme définitif à sa propre histoire pleine de violence et de terreur (1830-2019). Avec cette philosophie l’Algérien renoue avec son passé historique, avec ses valeurs ancestrales. Le vendredi n’est pas seulement l’image de l’Algérie de demain sans Alisabates (les gangs du pouvoir), mais aussi celle de l’Algérien avant la contamination coloniale. La personnalité et la probité de l’Emir Abdelkader est là pour témoigner de cette réalité. L’Emir est le premier Algérien à se revendiquer comme tel en se soulevant contre le colon usurpateur. Les autres jours de semaine en Algérie (samedi, dimanche, lundi, mercredi, jeudi), hélas, sont encore le règne et le résidu de la culture coloniale et de ses héritiers AL ISABATES.
Mais ce peuple porté par son serment de fidélité aux martyrs se sent investi d’une mission sacrée ; il se sent digne de l’accomplir et se soulève contre ceux qui n’ont plus de dignité (Al Isabates et les cahéristes-les ventrus et les privilégiés du système). Le Peuple est mûr pour la moisson : une Algérie libre, juste et démocratique.
Une seule digue le sépare de ce grand dessein, de ce nouveau monde : les élections du 12 décembre.
**De quoi les élections du 12 décembre sont-elles le nom ?
Elles portent le nom de la contre révolution.
Qui appelle aux élections présidentielles ? La junte militaire et les oligarchies occidentales. Dire oui aux élections du 12 décembre c’est dire oui à plus d’injustice, de corruption, de dilapidation des richesses, de despotisme, d’arbitraire et de misère.
Dire oui aux élections du 12 décembre c’est plus de harragas, plus de morts en mer. Dire oui aux élections c’est sonner le glas de l’Algérie, trahir l’esprit du premier novembre et se porter complice des malheurs et des crimes qui seront hélas inévitables. Car s’il est une constante dans la vie politique algérienne, c’est que le pire n’est jamais à exclure (José Garçon : Algérie, l’impossible restauration-Politique Etrangère 2/1999). Et ce pire est toujours le produit des Elections. Chaque élection apporte son lot de malheur aux Algériens. Les élections en Algérie sont synonymes de catastrophe. Dire oui aux élections c’est trahir l’avenir. Le déficit de légitimité est abyssal et chaque élection en Algérie le creuse davantage. Des distances astronomiques séparent le peuple de cette caste mafieuse qui le gouverne.
**Qu’est ce qui a changé pour les Algériens depuis 1830 ?
De 1830 à 1962 c’est la minorité coloniale qui s’appropriait les richesses et de 1962 à 2019 c’est la minorité nationale qui les dilapide. A la culture coloniale s’est substituée la culture militaire. Le système colonial ainsi que le système totalitaire pratiquent un apartheid politique : ils excluent le peuple du pouvoir. Deux Algérie ont toujours coexisté : l’Algérie des colons et des indigènes et l’Algérie des Généraux et du peuple. Les élections du 12 décembre mettent le sceau définitif sur l’existence de deux Algérie.
La France et l’Europe sont complices de ce pouvoir. Une fois de plus, L’Europe des Lumières, dans son rapport à l’Autre est au service des intérêts de l’Oligarchie financière et souillent ses propres valeurs de liberté et de justice. L’Occident trahit les valeurs qu’il entend défendre et desserve son propre peuple. Comme par le passé, à l’image des Justes tels Maurice Audin et Mayot qui se sont révoltés contre le système colonial, à Vous, députés européens, de dénoncer la politique de vos Etats et des multinationales. Les justes ne peuvent rester indifférents à cette réalité politique en Algérie, profondément marquée par l’injustice, la corruption, l’arbitraire de l’Etat, la violation des libertés, le viol permanent de la Constitution, la négation de la volonté populaire et le mépris du Peuple. Le Parlement, l’agora des peuples, s’expose à la face du monde et celle de l’histoire. Nous vivons un moment historique car il questionne l’Etat du monde. C’est aussi le moment de Votre vérité : êtes-vous du côté des opprimés, des déshérités-le peuple, ou du côté de la criminalité financière mondiale représentée par Al Isabates (les gangs) en Algérie ?
Dans les années 90, la France et l’Europe ont failli à leur devoir de vérité et se sont alignés sur les thèses des Généraux criminels ; l’Algérie de 2019 vous offre la chance ultime de sauver votre honneur et de vous racheter. Si vous manquiez ce rendez-vous historique, vous signez l’affaissement de l’Occident. Vous ne serez plus jamais audible, même auprès de vos propres citoyens.
Le Peuple s’est exprimé : Pas d’élections avec Al Isabates. L’annulation des Elections sacre son Indépendance effective. La question de la libération de l’Algérie de cette colonisation intérieure est primordiale. L’obstacle fondamental qui se dresse contre l’avènement d’une Algérie libre et démocratique est l’Algérie des Généraux avec sa police politique et la complicité des Etats européens. Le 12 décembre sera l’heure de vérité. Ce jour- là, l’Algérie sera le centre du monde. De ce jour dépendra aussi le devenir monde des luttes des peuples. *par Mahmoud Senadji - oumma.com- mercredi 27 novembre 2019
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*vidéo: Algérie : que demande le peuple ?
***Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po (historien et arabisant, auteur de l’ouvrage Algérie, une nouvelle indépendance publié aux Ed. du Seuil.)- donne une analyse pertinente du Hirak
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*Construire l’Algérie ou consolider le régime?
«Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas une victime, il est leur complice.»
George Orwell
Être au service de la nation est une expression-ritournelle qui revient souvent dans la bouche des dirigeants algériens et pourtant, hélas, elle n’est pas uniquement galvaudée ; elle est emblématique d’une vieille imposture, imposture des mots et de méthodes sournoises.
Les Algériens voient, en effet, comment le service public est assez bureaucratique et clanique, le service public est devenu une peau de banane dont les pots de vins sont une monnaie de secours. La nation est un mot vidé de son sens et dont on a violé la conscience jusqu’à nier son existence historique et son devenir que d’aucuns voyaient jadis mirifique.
Le mal, qui érode l’Algérie jusqu’à la mettre à genoux, est assez profond, et ancien, et ce ne sont point des élections à la va-comme-je-te-pousse qui changeront quoi que ce soit. C’est que ce théâtre de godillots n’a pas servi à améliorer le sort du citoyen qui constate, jour après jour, que, en un clin d’œil, les promesses se transforment en désillusions non par magie mais tout simplement sous l’effet de la mauvaise foi et cette forfaiture algérienne qui consiste en l’emprise du militaire sur le destin de la nation jusqu’à vouloir astreindre l’individu à la pensée unique.
Le fleuve détourné en 1962 rugit et cherche son lit naturel afin de mieux caresser un destin douillet et construire un avenir au diapason des exigences de la modernité. Cumul des injustices et des frustrations subies depuis longtemps, le Mouvement populaire vient de confirmer son long souffle et un désir ardent pour en finir avec une citoyenneté au rabais que résume son slogan phare : Etat civil et non militaire, revivification et continuité de l’auguste principe de la Soummam.
Il est désormais inutile pour le régime de se voiler la face ; son vœu grinçant de phagocyter la rue est un échec cuisant ; les élections qu’il défend désespérément bec et ongles ne servent qu’à lui donner cette devanture politique qui lui manque tant depuis l’abdication de son jockey Bouteflika.
Qu’à donc fait le régime pour qu’on arrive à ce point ?
Le tsunami humain qui déferle vers les grandes villes pour réclamer à cor et à cri une vraie indépendance montre que l’intérêt général est battu en brèche depuis les aurores de 1962 quand le pays est tombé dans l’escarcelle d’esprits maléfiques. Le mur de la peur enfin démoli, le régime se découvre nu et ses subterfuges ne font plus recette.
En tournant le dos au bon sens : mépris des droits de l’homme, étouffement des libertés, absence de la justice sociale et le gel de l’alternance au pouvoir, le régime récolte un rejet viscéral, synonyme d’un divorce acté et ressassé, semaine après semaine, aux quatre coins du pays. Dépourvu de ressources, le régime se confine dans l’hystérie, flirtant avec le stalinisme, en allant jusqu’à jeter dans ses geôles des hommes et des femmes de valeur, qui sont à la fois piliers et espoirs de l’Algérie de demain.
Sans volonté de revanche mais mu par le devoir de sauver l’Algérie, le Mouvement populaire se moque des candidats et de leurs discours insanes, trop démagogiques pour susciter un quelconque intérêt, assez populiste pour être pris au sérieux et résolument au service de l’agenda de l’état-major. La position des candidats est claire : ils sont aux antipodes des promoteurs de l’Algérie démocratique et plurielle. Cette franche adhésion au processus de la remise en selle d’un régime aux abois, confère à ces élections un caractère immoral, qui n’est pas sans rappeler les élections de 1995 dont nous mesurons, de nos jours, la gravité du désastre entre les dénis démocratiques et les dérives maffieuses et claniques.
A l’écoute de ses espoirs et de son courage, le Mouvement populaire résiste et avance, la tête haute, le verbe tonitruant et la conviction chevillée à l’âme. Il a l’espoir de retrouver ses valeurs, s’abriter sous le toit de la solidarité et reconstruire l’Algérie nouvelle à l’aune d’un monde en mouvement, dont la souveraineté confisquée depuis des lustres représente le sésame du changement, une cure d’hygiène politique, un coup de pied symbolique pour une honteuse fiction des élections.
Les faussaires sont là, l’urne en place d’attrape-nigauds. Et cependant, Dieu merci, le Mouvement populaire garde son énergie fondatrice, en décidant d’accomplir sa mission en beauté et honneur ; c’est-à-dire dans l’unité et avec le sourire !
Par Tarik Djerroud -Auteur et éditeur
***elwatan- dimanche 08 décembre 2019
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Des personnalités, des partis, des syndicats et la société civile lancent un appel :
Pour le rejet pacifique de la présidentiell
Des partis politiques (FFS, RCD, MDS, PT, PST, UCP), des organisations syndicales, des associations de divers horizons, des universitaires, des hommes de loi et défenseurs des droits de l’homme, des artistes, des collectifs de citoyens et personnalités nationales en Algérie et au sein de la diaspora – tels Omar Aktouf, Abdelmadjid Azzi, Abdelghani Baddi, Mostefa Bouchachi, Madjid Benchikh, Khaled Benaissa, Ferrad Arrezki, Omar Belhouchet, Bouzid Kamel, Zohra Drif-Bitat… – ont lancé un appel pour rejeter pacifiquement l’élection du 12 décembre qu’ils qualifient de «mascarade électorale».
Pour eux, il s’agit d’une parodie projetée dans l’unique but d’imposer la reconduction de ce système antinational. Les auteurs de cet appel demandent aux Algériens de rester vigilants contre toutes les provocations contre-révolutionnaires et de continuer d’exiger, dans l’union, le départ du système «policier» à travers une transition démocratique qui poser les jalons d’une «nouvelle République». En appelant à une forte mobilisation pour dire «non» au scrutin du 12 décembre, les signataires de cette pétition rappellent que depuis plus de 9 mois, le pouvoir «illégal» et «illégitime» s’évertue à parachever les séquences d’un vrai coup de force en voulant récupérer le soulèvement populaire qui a déposé Abdelaziz Bouteflika.
«L’opposition explicite et déterminée de millions de citoyens à cette nouvelle forfaiture contre la souveraineté populaire est gérée par la répression, la diversion, la division, le chantage et le verrouillage de l’espace public. La volonté d’acheter le silence des puissances étrangères est étalée sans vergogne à travers des sollicitations directes et des réaménagements juridiques et économiques qui hypothèquent jusque l’avenir lointain», fustige l’appel signé par la LADDH, RAJ, SOS Disparus, le Snapap et le Satef. Ces derniers pensent que le vrai objectif des tenants du système, à travers ce simulacre d’élection présidentielle, est le maintien du système autoritaire et corrompu. Pour les animateurs de cet appel, l’heure est grave !
Forts de leur mainmise sur la puissance sécuritaire du pays, les tenants du pouvoir, selon l’appel, s’obstinent à imposer, par un violent passage en force, un Président de leur choix, au risque de porter atteinte à la pérennité de l’Etat, voire d’entraîner le pays vers le chaos. «Les tenants du pouvoir entendent également perpétuer l’autoritarisme et la prédation. Ils sont décidés à étouffer la révolution citoyenne et démocratique. Face à ce brutal déni de souveraineté, la résistance pacifique du peuple est un droit légitime et un devoir.» Les signataires ont rappelé, à juste titre, qu’ils sont des dizaines de millions à exiger la levée des entraves aux libertés individuelles et collectives, la libération des détenus politiques et un changement de système politique. Ils ont conclu l’appel par «Makanche intikhabate maâ el îssabate !»
* NABILA AMIR- elwatan- mardi 10 décembre 2019
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De larges couches du peuple algérien continuent de refuser le déroulement d’élections dans les circonstances actuelles marquées par de vives tensions. Les grandioses marches hebdomadaires des mardis et vendredis en sont la démonstration, tout comme elles portent de façon réitérée des messages contre la monopolisation du pouvoir et l’autoritarisme imposés à la vie politique.
La démarche du pouvoir, marquée par la fermeture d’espaces de libre expression, les entraves à l’exercice des libertés, l’arrestation et l’incarcération d’activistes politiques et de manifestants pacifiques, la dénaturation des réalités et des évidences, n’a pas suscité d’adhésion populaire à cette politique.
Dans notre déclaration du 15 octobre 2019, nous avions exposé notre vision de l’approche de la solution politique consensuelle. Celle-ci, faut-il le rappeler, doit impérativement passer par des mesures d’apaisement de nature à favoriser un dialogue national, sérieux et global afin d’aboutir à un consensus de nature à mettre fin à l’ère des désignations et des cooptations. Il est regrettable de constater que notre déclaration, tout comme les initiatives précédentes de personnalités nationales, de forces politiques et sociales, n’a pas trouvé d’écho auprès des tenants du pouvoir. En dépit de tout cela, notre sens patriotique et notre attachement profond à notre grand peuple nous appellent à rester engagés à ses côtés dans l’expression de nos positions de soutien à ses aspirations et à ses préoccupations.
Nous avons œuvré et milité pour que l’élection présidentielle constitue un espace rassembleur et la base de départ pour la construction d’une nouvelle vie politique qui consolidera l’unité nationale, rempart contre toute forme d’immixtion étrangère. C’est d’ailleurs l’esprit même de cette révolution populaire pacifique tout au long des neuf mois, malgré les tentatives de son dénigrement par des déclarations irresponsables de certains hauts représentants de l’Etat, ce qui a d’ailleurs favorisé et accentué le climat de polarisation qui règne à travers le pays.
En dépit de toutes les entraves qui empêchent notre peuple de recouvrer sa pleine souveraineté, nous appelons les partisans de la révolution du 22 Février :
1- à considérer le rendez-vous du 12 décembre comme une étape parmi d’autres que le hirak populaire traversera avec succès pour préserver son pacifisme après cette date, grâce à son degré de conscience et à son comportement civilisé.
2– Ne pas empêcher l’exercice par d’autres citoyens de leur droit à s’exprimer librement malgré les divergences d’approche et des positions politiques. De même, le devoir de tout un chacun implique d’éviter tout dépassement et de ne pas répondre aux provocations d’où qu’elles viennent.
3- Faire preuve d’un haut niveau de retenue pour préserver la communion dans cette épopée rassembleuse par son pacifisme et son prestige large et avéré. Elle doit rester le symbole de l’unité et de la résistance face à toute forme de division, de falsification et aux tentatives de semer les germes de la fitna et de la haine entre les enfants du même peuple.
4- Nous appelons les tenants du pouvoir à renoncer aux discours provocateurs, à l’usage du langage de la menace et à cesser d’accuser de trahison tout citoyen porteur d’opinion contraire à celle du pouvoir, dans la recherche d’une sortie de crise. Nous le rendons responsable de tout dérapage éventuel dans les jours à venir.
Enfin, les signataires du présent texte renouvellent leur soutien plein et entier au hirak populaire et pacifique jusqu’à la concrétisation de toutes ses légitimes revendications.
Signataires :
• Ali Yahia Abdenour • Ahmed Taleb Ibrahimi
• Ali Benmohamed • Abdelaziz Rahabi • Mustapha Bouchachi • Noureddine Benisaad • Arezki Ferrad
• Hedi Hassani • Nacer Djabi • Louisa Aït Hamadouche
• Farida Benferrag • Abdelghani Badi • Elhadj Moussa Ben Amor • Nacer Yahia • Seif El Islam Benattia • Mouslem Babaarbi • Hachem Saci • Dris Cherif.
* elwatan- jeudi 12 décembre 2019
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Une féroce répression s’est abattue, mardi soir, sur les hirakistes d’Oran. Une cinquantaine de personnes ont été interpellées sans ménagement, et la place du 1er Novembre, pourtant réputée abriter, depuis le début du hirak, l’agora politique quotidienne, a été quadrillée par les forces de l’ordre.
D’abord, le demi-millier de marcheurs qui manifestent en nocturne tous les jours depuis le 23 novembre dernier, et qui a démarré sa marche d’avant-hier depuis Sidi Senouci à M’dina J’dida, a été réprimé par la police, et beaucoup d’entre eux ont été interpellés. L’autre lot de personnes arrêtées se trouvait à Cité Djamel, alors qu’elles organisaient un sit-in de solidarité avec Kaddour Chouicha, qui était passé, pour rappel, en comparution immédiate devant le juge pour être condamné à un an de prison ferme.
Là encore, dès l’énoncé du verdict, la police a dispersé violemment les manifestants et beaucoup d’entre eux ont été arrêtés, notamment le fils de Kaddour Chouicha. D’après les estimations, ce sont 52 personnes qui ont été interpellées dans la soirée de mardi dernier à Oran. Tous ont été néanmoins relâchés le jour-même vers de 23h, sauf l’un d’eux, qui a été gardé en cellule et poursuivi pour «attroupement et incitation à attroupement ayant causé des troubles à l’ordre public». Hier, il a été remis en liberté provisoire à 16h30 et son procès reporté à mardi prochain.
* elwatan- jeudi 12 décembre 2019
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«Le principe fondamental du régime démocratique, c’est la liberté ; une des marques de la liberté, c’est d’être tour à tour gouverné et gouvernant (Aristote)
Les khotbas du pouvoir, la Présidence inconstitutionnelle, la justice instrumentalisée et les médias publics aux ordres ne sauraient faire illusion face à la revendication populaire «Yetnahaw ga3». Que pourrait changer l’élection présidentielle imposée pour le 12 décembre 2019 ? Fondamentalement, rien en ce qui concerne l’illégitimité du pouvoir et davantage relativement à la situation politique et économique de l’Algérie qui perdure depuis l’indépendance ? Plus que jamais donc pour un nouveau système politique avec refondation de l’Etat et souveraineté populaire à partir d’élections par la base et des états généraux pour un pouvoir constituant autonome. Ci-après, analyse et propositions pour contribuer à la résolution de l’équation de la crise politique devenue quasi-inamovible.
Un système politique dominé par la Direction de l’Armée
Comment s’est constitué l’actuel et obsolète système ? Après la guerre d’indépendance nationale initiée par les enfants de Novembre 1954, le pouvoir a été investi par l’Armée (plus précisément sa fraction dirigeante) ; celle-ci a ensuite entrepris l’édification d’un appareil d’Etat en vue d’asseoir son régime. D’instrument révolutionnaire, l’Armée algérienne a opéré sa mutation pour ériger son système politique avec un Etat à son allégeance. La direction de l’Armée devient une véritable structure gouvernante. Ainsi, composé dans sa quasi-totalité de militaires, le «Conseil de la Révolution» s’est attribué les postes importants au sein de l’Etat, outre des postes de responsabilité à la tête d’entreprises publiques et l’accession à des prêts importants pour la création d’entreprises privées.
A la primauté du parti unique (aile civile du système politique), a succédé la suprématie de l’institution de l’Armée (régime militaire). La question d’une Armée apolitique contrôlée par les civils continue d’agiter à ce jour la société algérienne, dont le hirak : «Dawla madanya machi 3askarya». L’Armée (plus particulièrement sa direction) a acquis un statut social élevé, eu égard notamment à la part importante du revenu national qu’elle s’octroie en contrepartie de la partie visible des régimes d’apparence civile (dont celui du Président déchu via l’article 102 de la Constitution qui a subi maints viols). L’Armée apparaît ainsi comme le groupe le mieux organisé ayant des intérêts spécifiques.
Certes, les contributions d’anciens gradés de celle-ci ont permis d’ouvrir le débat sur la dépolitisation de celle-ci par sa professionnalisation. Elle reste cependant l’arbitre des conflits d’ordre politique entre leaders issus souvent da la matrice du système dès lors qu’elle appert encore comme un passage obligé et incontournable afin d’asseoir un régime. A ce jour, seule la voix du hirak demande un changement pacifique («Silmya») vers un système politique expurgé de ses scories, d’autant que la participation des citoyens au pouvoir est des plus réduites, tant les assemblées locales comme le Parlement sont liées au régime en place.
Et, constitutionnellement, la concentration des pouvoirs est au seul bénéfice du président de la République, ministre de la Défense nationale s’il en est, sans contrepartie réelle à la société civile pour pouvoir contrôler un tant soit peu les institutions politiques, administratives et judiciaires. Ce qui gomme toute chance sérieuse d’accès à la citoyenneté des Algériens en les faisant participer, par voie référendaire par exemple, tant à l’organisation qu’au fonctionnement des institutions appelées à prendre en charge leur devenir. Ce qui explique sans doute que le hirak puisse demander la fin du présidentialisme, c’est-à-dire un régime dans lequel la Constitution accorde au président de la République des pouvoirs exorbitants, sous le seul contrôle de la direction de l’Armée qui constitue son bailleur de pouvoir.
Stratocratie, gérontocratie et oligarchie
Il paraît évident qu’il existe en Algérie un déficit chronique en matière d’équilibre des pouvoirs dans la mesure où on est en présence d’un présidentialisme, sorte de technologie constitutionnelle artisanale de pays encore rivés au sous-développement politique par la grâce d’une gérontocratie qui n’a de grand qu’une rhétorique démesurée et une attitude arrogante dont le populisme est le moindre mal. De fait, la caractéristique essentielle du système politique algérien repose sur un déséquilibre institutionnel établi au profit du président de la République soumis à ses bailleurs de pouvoir («décideurs»), sans contrepoids réel, à savoir : un Parlement qui reflète un pluralisme politique authentique, une magistrature indépendante, une presse libre et une société civile structurée.
Il y a là une déviation et une dégénérescence du régime présidentiel avec des risques certains d’autoritarisme et d’arbitraire. Ainsi, toutes les Constitutions algériennes consacrent le président de la République comme chef réel du gouvernement (le Premier ministre étant souvent un homme-lige), chef suprême des Armées (comme titre sans réel pouvoir sur l’institution et encore moins sur sa direction l’ayant coopté) et de l’administration (devenue une bureaucratie au service du chef, notamment lors des élections consacrant la fraude au service de celui-ci).
La pratique politique depuis Octobre 88 n’a pas modifié cette donnée, cette situation ayant perduré sous forme d’aménagement du monopartisme en système de parti dominant avec à sa tête une gérontocratie (chefs du parti du FLN, de la direction de l’Armée, du Conseil de la Nation…). Et sous couvert de collégialité, le même édifice s’est régulièrement reconstruit, le pluripartisme de façade n’ayant permis que des coalitions à base d’intérêts politiques révélées par l’affairisme d’Etat à travers la corruption à son sommet et en son sein. Que de responsables politiques impliqués dont certains continuent de bénéficier de l’impunité !
Désormais, dans cette perspective, la stratocratie semble être la définition qui convient le mieux pour qualifier le système politique algérien car dominé par l’Armée et, dans une moindre mesure, comme une oligarchie dès lors qu’on a affaire à un pouvoir politique fondé sur la prééminence de quelques individus n’ayant ni l’étoffe ni le gabarit nécessaires pour féconder une génération d’authentiques entrepreneurs au service d’une industrialisation pérenne du pays et de l’emploi des jeunes aux lieu et place d’une oligarchie ploutocrate. Et, durant le long règne de vingt ans du Président déchu, l’Algérie a payé un lourd tribut à la démocratie : près de 1000 milliards de dollars (outre les pertes en vies humaines et en infrastructures économiques durant la «décennie noire»).
Quels qu’en soient les tenants et les aboutissants, le hirak démontre que le «chahut de gamins» n’a pas cessé. Il a même redoublé pacifiquement d’intensité pour signifier la fin de la ruse pour le maintien au pouvoir du régime et de ses affidés – dont les oligarques constituent le noyau dur – à travers le principe galvaudé de la «continuité» du… régime.
Il est vrai que les politologues et les constitutionnalistes évoquent plutôt la continuité de l’Etat avec un personnel politique renouvelé, dans le cadre de l’alternance au pouvoir. Le hirak, peuple des jeunes, le réclame pacifiquement chaque vendredi dans la rue (la rue comme seul espace de communication). Sans doute là aussi, le meilleur antidote au pouvoir prévaricateur (corrompu autant que corrupteur) ne peut être constitué que par des organisations non gouvernementales gérées par des citoyens algériens issus du hirak comme pierre angulaire de la société civile, en ce qui concerne la veille quant aux droits de l’homme, la construction de l’Etat de droit, l’alternance au pouvoir, la liberté d’expression (presse et culture).
L’élection présidentielle, solution idoine ?
C’est dans ce contexte que le pouvoir de fait impose une élection présidentielle. Or, les candidats potentiels à cette élection, fixée au 12 décembre 2019, ont figuré dans l’ancien système dont le changement est justement demandé. Ainsi, parmi eux des candidats chapeautant de micro-partis comme émanations du vieux système qui, de parti unique avec langue de bois et pensée unique, s’est métamorphosé en parti dominant sous forme d’«alliance présidentielle». Parmi ces candidats également, ceux qui ont plus que collaboré au système en leurs anciennes qualités de ministres (voire de Premiers ministres).
Ici, une observation : l’expression inappropriée et galvaudée ici et là de «personnalités nationales» me semble inopérante pouvant encore rappeler celle d’«hommes providentiels». «Harkis du système» (la formule revient à un ancien Premier ministre) serait sans doute l’expression la plus appropriée car enfin de quoi ces «personnalités» sont-elles le nom ? Si nous avons fait le deuil des «chefs historiques», pourquoi devrions-nous galvauder des «hommes providentiels», «sauveurs de la nation» et… autres «personnalités nationales ?» Gageons qu’en Algérie, nous sommes quelque quarante millions de personnalités nationales qui ne veulent plus de la personnalisation du pouvoir.
Foin donc des pseudo «personnalités nationales» ayant été souvent dans le système qu’ils prétendent combattre aujourd’hui ! Le peuple des jeunes peut désormais constituer, sans intermédiaire, une force politique autonome en dehors même des partis politiques (les appendices du pouvoir comme ceux de l’opposition), des syndicats classiques, des éventuelles ONG préfabriquées et des associations sans canaux de communication avec les citoyens. A cet égard, il est dommageable que la télévision algérienne demeure plus que jamais le dernier bastion de la pensée unique (retransmission de discours officiels du pouvoir de fait actuel, hors contradiction). A-t-elle vocation à devenir un véritable service public ouvert à tous et à toute forme de communication, y compris celle parfois impertinente ? A ce jour, nous sommes au degré zéro de la communication.
Or, le système politique doit être réaménagé en profondeur si l’on veut éviter que le hirak ne devienne définitivement une autre explosion populaire comme seul mode d’expression. Car à force d’étouffer les révolutions pacifiques, la violence risque de s’installer durablement comme elle l’a été dans un passé récent de notre pays. Qui y a intérêt si ce n’est ceux-là mêmes qui, par tous moyens, veulent perpétuer le pouvoir personnel et l’ancien régime qui leur a procuré, à travers l’économie rentière, des privilèges financiers, immobiliers et fonciers ? L’élection présidentielle, cheval de bataille de l’actuel pouvoir agissant hors Constitution et sans légitimité, est-elle la solution idoine ? L’interrogation est d’autant plus légitime que les Constitutions de 1989, de 1995 et de 2008 n’ont pas modifié, de façon notable, les données de la problématique du présidentialisme algérien, l’illégitimité en étant le principal caractère.
Le risque est de perpétuer un état de démocratie résiduelle. A ce jour, hormis la déchéance du Président et de l’opération contre les corrompus présumés (quid des corrupteurs ?), peu de résultats tangibles ont été enregistrés, d’autant que les jeunes (et moins jeunes) payent leurs convictions de leurs personnes en prison. Que feront désormais les magistrats devenus les agents instrumentalisés du pouvoir politique ? Quant à l’opposition actuelle toutes tendances confondues, elle a montré qu’elle n’est pas suffisamment structurée pour servir de réel contrepoids politique pour rendre crédible, effective et irréversible l’alternance au pouvoir comme élément substantiel et structurant de la pratique du pouvoir. Et l’économie du pays, se délabrant de jour en jour, que pourra le Président de l’après 12 décembre qui continuera, nonobstant l’élection contestée, d’être frappé du sceau infamant de l’illégitimité, sachant que l’Algérie recèle de potentialités lui permettant d’assumer un statut de sous-continent et de pays émergent à vocation de puissance régionale dans le concert des nations ?
De même, la technocratie illégitimement au pouvoir (hors Constitution) et au service exclusif de la direction militaire (principale structure gouvernante qui se sert de l’Armée) ne peut procurer de résultats sérieux. Du personnel administratif (en l’espèce, de hauts fonctionnaires délégués à des fonctions politiques) ne peut au mieux que gérer des décisions prises en dehors des sphères classiques du pouvoir et favoriser les «oligarques» enrichis notamment par la généralisation abusive du «gré à gré». La privatisation de l’Etat a conduit à la généralisation de la corruption comme vecteur important de la gouvernance. Le big bang politique tant attendu depuis l’indépendance de l’Algérie tarde encore. Le hirak réussira-t-il enfin cet exploit pour instaurer un nouveau système politique en achevant définitivement l’ancien régime, en s’émancipant de toute tentative de manipulation et de récupération ? C’est essentiellement au peuple des jeunes (Ahl El Hirak) de répondre à son destin et celui d’El Djazaïr. Il doit pouvoir en devenir la colonne vertébrale. Ya Ahl El Hirak, yes you can !
Et, afin de permettre l’émergence d’un nouveau système politique, force est de chercher à résoudre l’équation fondamentale de la légitimité à travers une sérieuse révision constitutionnelle par un pouvoir constituant élu dans le cadre d’une transition : comment réconcilier les Algériens avec les impératifs de développement politique (la démocratie), le développement économique (impulser une politique efficace de l’investissement et rentabiliser le parc industriel existant, dans le cadre d’une économie forte), le développement social (l’émancipation des travailleurs avec la mise en place d’une nouvelle législation sociale), le développement culturel (renouveau linguistique et remise à flots des créateurs dans l’ensemble des domaines artistiques) et la justice sociale conçue comme pierre d’angle de tout projet cohérent dont la légitimité doit reposer sur la capacité du gouvernement à régler les problèmes des citoyens et à tolérer l’esprit critique – voire simplement caustique – de la presse ?
Une solution possible : élections par la base et états généraux du Hirak
Parmi les solutions qui peuvent être préconisées, celle pour le hirak de constituer des états généraux au niveau de chaque wilaya (voire de chaque commune) à même de permettre l’émergence de représentants élus parmi les plus jeunes et les plus aptes à prendre les rênes du pouvoir. Et de proposer des élections à partir de la base pour rajeunir le personnel politique de l’échelon local à l’échelle nationale, en préconisant de nouvelles règles d’organisation et de fonctionnement des instances politiques et économiques. Ainsi, nous aurons une nouvelle élite jeune, de nouveaux dirigeants non impliqués dans les affaires sordides de corruption. Cette même nouvelle élite sera issue non seulement d’universitaires avérés et de praticiens de l’économie, du droit, du médical…, mais également du peuple d’en bas : paysans, ouvriers, fonctionnaires, instituteurs, infirmiers… Tous peuvent participer aux gouvernements locaux et au Parlement futur comme contre-pouvoir à la technostructure, par une règle de l’alternance au pouvoir et par l’élaboration d’une Constitution réglant enfin la question de la légitimité.
Cette solution a été historiquement éprouvée et a permis, à tout le moins, de voir l’émergence sur la scène mondiale d’Etats structurés et d’économies compétitives par leur production et par l’esprit scientifique et culturel le plus proche possible des citoyens (scène mondiale dont nous sommes de plus en plus écartés par les attitudes serviles de l’actuel pouvoir de fait – exemple à Sotchi – qui tente même de vendre l’une des principales richesses de la patrie jusqu’alors garante de la souveraineté de la Nation). Ainsi, une nouvelle Constitution à respecter comme Loi fondamentale davantage que comme un fait du prince… Pour rappel, historiquement, la plus vieille Constitution écrite connue dans le monde est celle de Cyrène vers 320 avant l’ère actuelle (elle a été gravée dans la pierre, autant dire dans le marbre).
Et c’est avec Athènes que naît la démocratie directe, un système où le pouvoir (notamment celui de légiférer) était exercé par les citoyens. Et les magistrats, dont les plus importants étaient élus, étaient sous leur surveillance. De cela, il y a quelques siècles déjà… Ainsi, dans Politique, Aristote explique : «Le principe fondamental du régime démocratique, c’est la liberté ; une des marques de la liberté, c’est d’être tour à tour gouverné et gouvernant.» Tout était organisé de sorte qu’il n’y ait pas de pouvoir personnel. Et, nous dit-on, «les Athéniens n’avaient aucune envie de combattre sous les ordres d’un général tiré dans un chapeau» (Hansen).
Plus de 2000 ans après l’expérience démocratique grecque, l’idée de la démocratie a resurgi en Amérique et en France.
Les idées en sont simples, le pouvoir ne vient plus d’en haut, mais d’en bas. Et le pouvoir vient du peuple. Le peuple choisit ses gouvernants au moyen d’élections. En Amérique, la démocratie fait suite à la libération de l’emprise du pouvoir colonial exercé par la monarchie anglaise. En France, le peuple succède aux rois de France qui ont incarné l’Etat (Louis XIV disait : «L’Etat c’est moi» !). Le Président algérien déchu pouvait dire à loisir qu’il ne voulait pas être 3/4 président, souhaitant sans doute être l’Etat à lui seul, faisant fi du peuple. Et ces deux révolutions, en Amérique et en France, ont introduit et affirmé le principe de la souveraineté du peuple. A titre illustratif, en Amérique : «Tout pouvoir vient de l’investiture populaire et, par conséquent, émane du peuple» (Déclaration de l’Etat de Virginie, 1776).
De même, «tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur (Déclaration d’indépendance des treize Etats-Unis d’Amérique, 1776). En France, selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) : «La souveraineté est une, indivisible, nationale et imprescriptible. Elle appartient à la nation ; aucune section du peuple, ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice». La Constitution française de 1793 va plus loin en déclarant : «La souveraineté réside dans le peuple». Avec le hirak, nous y sommes.
Ainsi, «les hommes étant par nature tous libres, égaux et indépendants, nul ne peut être tiré de cet état et soumis au pouvoir politique d’un autre sans son propre consentement» (Locke, 1690). Le hirak consent-il à brader sa souveraineté ? Il est permis d’en douter dès lors que les citoyens sont descendus dans la rue (y compris hors du pays) par centaines de milliers (la presse évoque même des millions) pour dire à «la poignée» de gouvernants illégitimes de «dégager». L’actuel pouvoir de fait, érigé en structure gouvernante et s’appuyant sur une technocratie honnie par le hirak en sa qualité de fraction importante du peuple, ne peut d’évidence se substituer à sa souveraineté en imposant une élection. L’expérience ayant montré que l’élection en Algérie est souvent entachée par la fraude et l’indignité des candidats retenus (aujourd’hui au nombre de cinq par une instance, créée ex nihilo, prétendument indépendante, après un faux débat, non contradictoire et non médiatisé par ce qui devrait être le service public radiophonique et télévisuel).
Tout au plus, on risque d’avoir une nouvelle «îssaba» et la reconduction d’une oligarchie renouvelée avec tentative de bradage des ressources du pays tant minières (hydrocarbures notamment) qu’humaines (plus de 10 000 médecins algériens exerceraient en France). Au demeurant, telle a été l’attitude de l’ancienne «îssaba» composée pour l’essentiel du Président déchu et de son obséquieuse équipe. Toute honte bue, certains membres de cette équipe osent se présenter comme candidats à l’élection présidentielle controversée dont l’inefficacité sera, en toute vraisemblance, actée par l’Histoire. Et pour cause, l’Algérie vit à ce jour un vide constitutionnel.
Or, la Constitution a pour principale vertu de limiter l’autoritarisme et l’arbitraire dès lors que la séparation des pouvoirs est appliquée et signifie essentiellement que tous les pouvoirs ne doivent pas être réunis entre les mêmes mains. Ce qui n’est point le cas en Algérie du fait notable de la concentration du pouvoir (particulièrement de coercition) et l’instrumentalisation des autres pouvoirs : Présidence, gouvernement, justice, médias publics… Un antidote ? Le référendum comme moyen de donner la parole aux citoyens car expression du peuple comme pouvoir constituant.
Le pouvoir actuel devrait avoir l’audace de permettre un référendum demandant au peuple s’il consent à des élections (et pas seulement présidentielles). Le peuple entier, et Ahl El Hirak en particulier, pourront se réapproprier leurs droits politiques pour être les acteurs du destin de l’Algérie, notamment en se dotant de représentants à l’occasion d’élections à partir de la base. Ainsi, des maires et des députés (jeunes, pour éviter la reconstitution à la fois de la gérontocratie gouvernante et la renaissance de toute oligarchie) pourront s’organiser en états généraux.
Et ce, en vue de devenir un pouvoir constituant et libérer le pays de toutes les «îssabate», organiser le pouvoir et le distribuer selon le principe de la séparation des pouvoirs pour que nulle institution ne s’érige à elle seule en pouvoir qui s’apparenterait à une quasi-dictature, et ce, au moyen d’une personnalisation visible du pouvoir qui devient de plus en plus absolu.
Que naisse enfin le peuple-Etat ! Et, comme n’a pas manqué de l’observer Kelsen en son temps (1988) : «La démocratie n’est pas la dictature de la majorité, mais un compromis entre majorité et minorité qui se réalise dans un cadre parlementaire.»
**Par Ammar Koroghli - Dr en droit – Avocat au Barreau de Paris- Auteur algérien (koroghli.online.fr)
** elwatan- jeudi 12 décembre 2019
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Soufiane Djilali. Président de Jil Jadid
«Aller à l’élection présidentielle dans ce climat aggravera la crise»
-– La campagne électorale tire à sa fin dans un climat politique des plus tendus. Le pouvoir tient à ces élections contestées et les manifestations anti-vote s’amplifient. Comment imaginez-vous le développement de la situation et le déroulement du scrutin ?
Dès lors que le pouvoir avait annoncé ces élections, il était décidé à aller jusqu’au bout de sa logique malgré la forte opposition du hirak. Les deux volontés sont alors entrées en confrontation. La grande crainte est qu’il y ait des dérapages le jour du scrutin, ce qui n’est pas à exclure.
On peut se retrouver dans un désordre chaotique. Le pouvoir a montré une grande incompétence politique, à tel point que l’on se demande parfois s’il n’aggrave pas la situation volontairement ! Alors que les Algériens exigeaient des changements politiques profonds, la préoccupation de l’institution militaire est de rester maîtresse du jeu.
Dans sa posture, elle avait, de son point de vue, quelques arguments à faire valoir : l’effondrement du régime politique ne devait pas entraîner l’affaiblissement de l’Etat algérien ; le passage à un nouveau système politique devant être «managé» car le spectre des années 1990 est toujours là.
Malheureusement, le pouvoir s’est révélé incapable d’opérer de telles mutations. Il n’a pas su communiquer ni être convaincant dans ses intentions. Il a lancé, sans cesse, des signaux contradictoires aux citoyens. Pourtant, la question de la confiance est au cœur de la crise.
Aller à l’élection présidentielle dans ce climat aggravera la crise. En plus, si l’on devait se fier aux rumeurs persistantes sur le choix du futur Président, il faudrait s’attendre à une immense désapprobation populaire. Après près d’une année de manifestation, l’armée n’aurait pas trouvé mieux que de remettre en selle le RND et le FLN, symboles du régime honni ! Sincèrement, tout cela ne présage rien de bon.
On ne peut pas prendre la responsabilité de gérer une situation aussi délicate en ayant comme seule méthode l’entêtement.
-– Vous avez appelé à l’annulation de cette élection pour «sauvegarder l’unité nationale et l’avenir du pays». Pouvez-vous être plus clair ?
Dans notre système politique ainsi que dans la conscience collective, le président de la République est le symbole de l’unité du pays.
Après la mésaventure des 20 dernières années, l’élection présidentielle aurait dû être le moment pour rétablir la confiance, réinventer l’espoir et surtout conforter le sentiment d’unité nationale. Dans les faits, nous constatons l’inverse.
Les citoyens boudent, pour le moins, cette campagne, maintiennent plus que jamais le hirak et certaines franges populaires s’apprêtent à faire entendre leur refus le jour du scrutin.
Par ailleurs, le pouvoir a tenté de diviser et d’affaiblir le hirak en introduisant le virus idéologique et ethnique. Ceux qui ont inventé et manipulé le concept de «zouave», auquel ils ont opposé la «badissia», ont commis un crime contre la nation.
La Kabylie a été stigmatisée par des apprentis sorciers, auxquels quelques esprits échauffés ont répondu en se réfugiant dans une prison identitaire. Quelle autorité morale aurait un Président, lui-même refusé par plusieurs régions du pays ?
De plus, les manifestations artificielles en soutien à l’armée créent le même malaise. Cela introduit l’idée que des citoyens sont contre l’armée. Celle-ci devient ainsi l’un des objets du conflit politique.
Enfin, les médias publics et privés sont outrageusement instrumentalisés. Cela génère un sentiment d’exclusion et sape la confiance.
Tout cela n’est vraiment pas bon. Si l’élection se tient, nous aurons un Président très mal élu, avec une participation très faible (même si comme à son habitude le pouvoir gonfle les chiffres), mais surtout une population divisée, démoralisée et frustrée.
Ce n’est pas ainsi que l’on construit une nation forte. Voilà pourquoi il ne fallait pas engager cette élection dans ces conditions. Elle aggravera les problèmes et compliquera la sortie de crise.
-– Pourquoi, selon vous, ce processus électoral est maintenu malgré les risques et les dangers auxquels le pays est exposé ?
Devant une série de données, parfois objectives, les décideurs ont fait des choix. Mais au final, la subjectivité n’est pas absente de leurs calculs. Il y a dans l’équation des termes personnels. J’ai bien peur que des éléments «culturels» aient joué également plus qu’il ne le fallait.
L’entêtement que j’évoquai plus haut est souvent la traduction d’un trait culturel. Dans la société traditionnelle, l’autorité se traduit dans le rapport de forces qui détermine le dominant et le dominé. Cette mentalité est très prégnante dans l’ancienne génération, paternaliste et réfractaire aux concessions.
Dans nos sociétés, la légitimité de l’autorité ne provient pas de la compétence mais généralement de l’âge, de la position familiale ou hiérarchique. Vous connaissez ce phénomène où un jeune homme éduqué et instruit se soumet à l’autorité d’un père analphabète qui fait les choix à sa place.
Notre système de valeur, inconscient, est en cause. Ce type d’autorité unidirectionnelle, sans dialogue, est l’archétype du militaire. C’est exactement l’inverse de ce que doit être un politique. L’un donne des ordres sans discussion, quand l’autre dialogue et fait des concessions. Dans les moments de crise, la rigidité devient un handicap.
-– Dans une récente tribune publiée dans nos colonnes, vous considériez que structurer le hirak, qui représente le peuple, en un mouvement unique est une aberration conceptuelle, et vous pensez que la solution émanerait de la structuration politique et la construction de véritables partis. Comment ?
Eh bien, en libérant l’action politique. La démocratie doit se conjuguer avec la pluralité des idées. Les partis politiques ont souffert du manque d’engagement des concitoyens.
En dehors d’une élite jeune, consciente et engagée qui porte le combat, seule, une petite frange populaire, souvent ambitieuse et intéressée, s’adresse aux partis lors des élections. Sinon, la majeure partie de la population a été indifférente.
En fait, l’action politique a été démonétisée, discréditée et même salie par le pouvoir lui-même, qui voulait éloigner le peuple de la démocratie.
Depuis le 22 février, il y a un vent nouveau. Les Algériens, en particulier ceux de la nouvelle génération, découvrent la politique et ont envie de s’impliquer dans la vie citoyenne. A mon avis, c’est le plus grand acquis du hirak.
C’est donc le moment de favoriser l’éclosion de nouveaux mouvements, de renforcer les partis politiques et de renouveler la classe politique depuis les assemblées de communes jusqu’au plus haut de la pyramide de l’Etat. Il est essentiel que les Algériens réfléchissent à leur destin et transforment leur conviction en programme et en action politique.
Des projets de société doivent cristalliser les courants de pensée qui animent la société. La démocratie est efficace lorsque l’on sort de la pensée unique et que l’on va vers l’innovation et la pluralité dans le respect, bien entendu, de ce qui fait le socle de notre nation.
Il faut également sortir de l’action individuelle, bruyante mais inefficace, et aller vers le collectif. Le pouvoir aurait dû comprendre ce mouvement de fond et l’encourager. Malheureusement, il agit à contresens. Je tiens d’ailleurs à évoquer ici le cas de l’association culturelle d’Oum El Bouaghi, Macomades, qui s’est vue réprimer pour m’avoir invité à un débat public.
Non seulement ce débat a été interdit, mais depuis, cette association est harcelée et s’est vue retirer son agrément. Et je viens d’apprendre que Mounir Hafid, son président, a été renvoyé par son administration. Je condamne ces faits et je lui exprime ma solidarité. Voilà des agissements qui vous démontrent que ce pouvoir est en décalage par rapport aux besoins de la société.
-– Vous avez critiqué la résolution du Parlement européen sur l’Algérie et accusé des députés de l’UE d’avoir utilisé le hirak algérien pour flatter leur propre électorat. Est-ce que vous considérez cela comme une ingérence dans les affaires internes ?
Je n’ai accusé personne, mais je fais un constat. J’ai le sentiment qu’un certain paternalisme flotte encore dans l’esprit de quelques politiques européens qui ne cessent de donner des leçons de vertu aux autres. Je ne peux pas accepter qu’un député du RN utilise le débat sur l’Algérie pour mieux conforter ses thèses auprès de son électorat.
La résolution est au mieux inutile, mais moralement elle met l’Algérie dans le champ de compétence européen. En réalité, certains pensent contraindre le pouvoir actuel à des concessions sous l’effet de la pression étrangère. Ils obtiendront l’effet inverse.
Ceux qui défendent cette résolution ont-ils pensé aux conséquences sur les détenus eux-mêmes ? Provoquer le pouvoir avec une résolution qui n’est pas contraignante est illogique, en plus de justifier en soi une reddition de souveraineté.
Les élus du Parlement européen représentent leurs peuples et ne sont pas habilités à être les tuteurs du peuple algérien. Je suis outré par la légèreté de certaines approches qui, au final, reproduisent ce que l’on reproche au pouvoir.
Soyons clairs. Je suis très favorable à une coopération étendue avec l’Union européenne, mais la souveraineté nationale doit être une limite inaliénable.
Nos relations internationales doivent être entretenues en prenant en compte les équilibres géopolitiques. Nos intérêts sont dans la bonne entente avec tous les pays, notre objectif stratégique étant au final le développement de l’Algérie.
Il nous faut la plus grande marge de manœuvre possible dans nos choix, tout en respectant les intérêts de nos partenaires. Et je pense que ces derniers ne demandent qu’à être rassurés par un pouvoir compétent et légitime. La stabilité de la région sera assurée par un pouvoir fort en interne.
Voyez ce qui se passe dans certains pays divisés en communautés, chacune dépendant de la volonté d’un pays tiers. L’Etat s’effrite et les conflits des parrains extérieurs s’y installent. A l’avantage de qui ?
-– Que pensez-vous de la réaction des autorités algériennes quant à cette résolution qui n’a rien de contraignant ?
En la matière, le pouvoir algérien n’a pas beaucoup de leçons à donner. A ce sujet, j’ai condamné fermement le pouvoir à chaque fois qu’il a eu recours à l’étranger pour régler un problème interne. Après 20 ans de gabegie, le pouvoir de Bouteflika a affaibli le pays, ouvert la voie aux intérêts étrangers occultes et était prêt à aller plus loin si ce n’était le fort patriotisme des Algériens. Le reste, ce sont des discours démagogiques.
-– Comment voyez-vous l’après-élection ?
Le pays traverse une phase très délicate. J’ai de très fortes craintes que l’on se retrouve dans l’œil du cyclone. D’un côté, nous avons un pouvoir illégitime et incompétent et qui projette son propre maintien, et de l’autre, une volonté populaire, légitime mais impatiente, désorganisée et souvent excédée.
Cela donne un cocktail instable. Pour le moment, je suis toujours sur la même analyse : soit il y a une élection avec une aggravation du climat politique et un futur Président très faible, soit l’arrêt brutal de ce processus et le passage vers une autre transition, décidée de toutes les façons par l’armée, qui restera, pour longtemps encore, l’ultime recours.
Dans tous les cas de figure, l’opposition doit rester calme et travailler à faire émerger, malgré les obstacles, un consensus politique.
Tôt ou tard le pouvoir devra retrouver sa lucidité et faire les concessions impérieuses pour assurer au pays un avenir serein. L’Algérie a besoin de tous ses enfants, sans exclusion. Chacun doit être libre tout en respectant la liberté des autres. Pour conclure, j’insiste pour que la sagesse l’emporte.
*elwatan- jeudi 05 décembre 2019
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Le Front de la justice et le développement (FJD) d’Abdellah Djaballah a confirmé, samedi 7 décembre, son boycott de la présidentielle du 12 décembre, affirmant que cette position découle de son soutien au Hirak populaire.
Le FJD considère que les conditions de la tenue d’une présidentielle ne sont pas garanties. Il dénonce « la poursuite des restrictions contre les jeunes du Hirak ainsi que contre les activistes et les politiciens » et condamne les « restrictions contre la liberté d’expression et de la presse ».
Dans un communiqué, le parti islamiste affiche sa disponibilité « à travailler avec toutes les forces actives de la société (partis, personnalités et jeunes du Hirak) afin d’adopter un projet commun pour la prochaine étape susceptible d’assurer les garanties et les conditions nécessaires pour l’avènement de la démocratie ».
Le FJD salue « la conscience du peuple » quant à ses droits et appelle « les décideurs du pays à valoriser cela et à traiter avec (le peuple et ses revendications) en toute sincérité et avec sérieux ».
Le parti de Djaballah demande au pouvoir politique à ne « pas tourner le dos aux revendications légitimes du peuple » et à « mettre un terme à la politique d’indifférence à l’égard de sa révolution pacifique».
Le FJD regrette que les différentes initiatives lancées par des acteurs de la société civile et des élites « n’aient pas été prises en considération », à commencer par l’initiative des Forces du changement et la résolution de la réunion du 6 juillet à Ain Benian.
*tsa- 07 décembre 2019
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*La LADDH exige la cessation des arrestations des manifestants du Hirak
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) appelle les autorités à mettre un terme à la campagne d’arrestations et de poursuites menée à l’encontre des activistes du hirak. «Ces activistes n’ont fait qu’exercer leurs droits constitutionnels consacrés également par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifiés par notre pays. Exercer les droits de manifester, de se réunir, d’exprimer une opinion et de militer pacifiquement n’est ni un délit ni un crime», souligne l’organisation dans un communiqué signé par son président, Noureddine Benissad. Selon la LADDH, «on ne peut parler d’élections libres et démocratiques dans un climat d’atteintes répétées aux libertés collectives et individuelles». «La fermeture des médias à l’expression plurielle, y compris ceux qui s’opposent aux élections du 12 décembre, est une ultime restriction à la liberté d’expression. C’est un état d’urgence qui ne dit pas son nom», souligne l’organisation dans son document rendu public hier. Pour la LADDH, «aucune mesure, aucune restriction des libertés fondamentales ne peut être justifiée du fait du caractère pacifique du mouvement populaire depuis son début». «La campagne des arrestations et des poursuites contre les activistes doit cesser et les détenus d’opinion doivent être libérés», exige encore la LADDH.
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LA PRÉSIDENTIELLE LARGEMENT BOYCOTTÉE EN FRANCE
Le premier jour de l’élection présidentielle à l’étranger s’avère être un camouflet. En effet, les Algériens établis à l’étranger se sont mobilisés ce samedi 7 décembre dès le matin pour rejeter cette échéance. Ils ont été très nombreux dans les manifestations devant plusieurs consulats d’Algérie à l’étranger, notamment en France.
Ainsi, les manifestants se sont rassemblés dans plusieurs villes en France. Des sit-in ont été organisés devant le consulat général de Paris, à Lyon, Montpellier, Saint-Etienne, Reims ou encore Bobigny. Les personnes qui pénètrent dans ces bâtiments pour participer au scrutin ont été conspuées par les manifestants qui les traitent de « traîtres », « assassins » ou « voyous ».
Les manifestants présents sur place n’ont pas hésité à filmer les rares électeurs venus voter, majoritairement des personnes âgées, comme le montrent des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux.
Les manifestants ne comptent pas baisser les bras. Ils ont brandi des pancartes pour affirmer leur opposition au système. « Les cinq candidats qu’on nous propose ont été mis en place par le gouvernement actuel qui est illégitime. Avant d’organiser des élections, il faut l’installation par l’armée d’un gouvernement de transition qui permette au Hirak de s’organiser », a affirmé un des manifestants.
**Faible participation et perspective de tension pour les prochains jours
Il faut noter que pour l’instant la participation à ce scrutin est très faible. Les manifestants sont largement plus nombreux que ceux qui viennent voter. Les bureaux sont sous étroite surveillance de la police française qui empêche les militants de s’y approcher.
Ce climat risque de perdurer pendant toute la période de vote étant donné que plusieurs organisations et collectifs de la diaspora algérienne ont appelé à des rassemblements quotidiens devant les consulats.*observalgerie.com/ samedi 07 décembre 2019
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QUELLES ALTERNATIVES AUX ÉLECTIONS ILLÉGITIMES DU 12 DÉCEMBRE ?
Le vendredi 42 restera gravé dans les annales de la révolution. Il aura été un véritable référendum populaire contre des élections illégitimes et vides de sens. Jamais la distance entre le régime et le peuple n’aura été aussi grande, aussi franche. Car à moins de deux semaines du rendez-vous du 12 décembre, les Algériens sont plus que jamais prêts à monter la cadence de la mobilisation par l’appel à la grève et les marches de nuit.
Le régime, quant à lui, vit dans une sphère étrangère au peuple. Il organise un simulacre de débat entre ses figurants politiques, ronronne un discours honteux à l’égard des manifestants, et suggère que les Algériens seraient « divisés » entre les « pro » et les « anti»-élections, tentant de mettre les citoyens les uns contre les autres. Heureusement, les Algériens sont lucides et savent parfaitement déjouer les manœuvres du régime.
En disant cela, il est important aussi de ne pas nier une réalité. Une minorité de concitoyens qui approuve le besoin de changement n’entrevoit pas de sortie crise en dehors du cadre des élections présidentielles.
Peut-on encore les convaincre que le 12 décembre est une mascarade électorale ? Il semble pourtant difficile de ne pas réaliser que les conditions politiques, juridiques, médiatiques et administratives pour organiser un tel rendez-vous politique ne sont pas réunies.
L’emprisonnement des citoyens engagés dans le Hirak, la répression et l’arbitraire qui frappent toutes les voix discordantes au régime, l’unanimisme des médias publics et privés, les profils des candidats qui participent aux élections du régime, la préparation et la validation de l’instance de surveillance des élections et des lois qui s’y réfèrent, la mainmise sur les appareils judiciaires et policiers sont des faits évidents qui confortent le choix du rejet.
Le vendredi 42 a confirmé que c’est la majorité des Algériens, autrefois contestataire par le silence abstentionniste, qui écrit l’Histoire. Elle sait qu’elle ne sera pas en mesure de recouvrer sa souveraineté en déposant un bulletin de vote dans l’urne.
Le régime veut duper les Algériens par les faux clivages « pro »-« anti » élections, car sa première inquiétude, c’est l’amenuisement de sa clientèle d’électeurs. Les fameux 10 à 15% de votants qui, à chaque processus électoral, « blanchissent » et régénèrent la domination du régime depuis au moins deux décennies.
Reste que cela ne justifie pas tout. Certains Algériens qui hésitent par rapport à la participation ou non au processus électoral posent des questions légitimes. Ils nous disent : quelle « alternative » proposez-vous aux élections du 12 décembre ? Comment un changement politique peut se mettre en œuvre sans aller voter ? Pourquoi n’avez-vous pas encore clairement formulé une alternative aux élections ?
Depuis 10 mois, le peuple algérien s’est engagé dans un formidable mouvement populaire pour exiger une nouvelle « indépendance » qui consacre la souveraineté populaire, l’État de droit et la démocratie.
La seule alternative à la mascarade du 12 décembre, c’est le départ dans les plus brefs délais du régime au pouvoir. La seule voie vertueuse à prendre, c’est l’engagement d’un processus politique de transformation démocratique qui remplace le régime actuel par un nouveau régime politique, à même de réaliser les exigences du Hirak.
Ce processus n’est rien d’autre que la transition démocratique.
La transition démocratique est un processus d’ajustement politique, régulé par la loi et limité dans le temps, qui permet l’assainissement et la mise en place des institutions, des lois et des règles nécessaires à l’émergence d’une vie politique démocratique.
La transition peut prendre plusieurs formes. Les institutions et les mécanismes sont multiples, néanmoins l’objectif final demeure le même : jeter les bases de l’État de droit et permettre aux citoyens, à la fin de la période de transition, d’élire leurs gouvernants de manière démocratique.
La réflexion sur le contenu de la transition doit se faire de manière collégiale, entre les citoyens et les forces du Hirak. Celle-ci est déjà entamée au sein de la société civile. Mais pour paraphraser Mostefa Bouchachi, les Algériens ont besoin de temps pour s’organiser et échanger sur ce qu’ils veulent comme institutions. Cette phase de la révolution populaire viendra au moment opportun, lorsque le régime sera définitivement vaincu.
Certains concitoyens se questionnent sur la faisabilité de la passation de pouvoir, si le régime venait à être vaincu. Ici aussi, les voies sont multiples, mais la finalité est la même. Le régime pourrait annoncer dans un message télévisé par un représentant officiel (chef de l’État) sa propre fin, et surtout, sa volonté d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de l’Algérie.
Ce qui est le plus important, c’est d’organiser le départ du régime d’une manière ordonnée et pacifique. Pour donner du crédit à la démarche, il doit acter la libération immédiate des détenus d’opinion comme condition sine qua none à toute volonté d’engager un dialogue sérieux avec les forces du Hirak.
Concomitamment, ces forces vives doivent se réunir lors d’une rencontre historique pour travailler sur le contenu de la transition démocratique, notamment le déroulement du départ du régime, et la concertation sur les institutions, les mécanismes et les règles qui régulent la transition. Ce programme doit être le fruit de larges consultations et accessible à tous les Algériens. La préparation de la transition de manière collégiale va enrichir, dès son lancement, la culture du dialogue et de la cohabitation politique. Ce travail de préparation peut prendre à peine quelques mois, beaucoup moins que le temps perdu à cause du régime.
Aussi, la transition démocratique n’ouvre pas la voie à une période d’extra-légalité, car la mise en place d’une « Petite constitution », un texte juridique qui fait office de Loi suprême durant la transition, va réguler la distribution des pouvoirs publics. Ce texte peut être écrit dans un temps très court.
L’intelligence et la maturité politique du mouvement populaire ont montré que, loin de tous les fantasmes sur le manque d’alternative ou le « vide » de la transition, de riches perspectives s’ouvriront au peuple algérien dès lors qu’il aura gagné son bras de fer contre le régime. Cette dynamique vertueuse est déjà en cours. Elle émergera lorsque le régime cessera de faire perdre un temps précieux au pays et aux Algériens dans une bataille perdue d’avance.
**Raouf Farrah
– vendredi 6 décembre 2019 - lequotidienalgerie
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APPEL AU REJET PACIFIQUE, MASSIF ET ACTIF DE LA MASCARADE ÉLECTORALE DU 12 DÉCEMBRE
![Elections-Issabat](https://lequotidienalgerie.org/wp-content/uploads/2019/12/Elections-Issabat.jpg)
Observons des sit-in citoyens devant les bureaux de vote en France et ailleurs (du 7 au 12 décembre)
MAKANCHE INTIKHABETT M3A EL 3ISSABAT !
Depuis plus de neuf mois, le pouvoir illégitime algérien tente de perpétuer son coup de force en organisant un simulacre électoral le 12 décembre, dans le seul but de se maintenir aux commandes du pays, contre la volonté populaire.
La cooptation de candidats complaisants, l’absence de conditions de transparence et de concurrence loyale, la mainmise du pouvoir sur les moyens d’information et de communication, le parti pris de l’administration, l’interdiction de toute campagne publique opposée à ce projet de parodie électorale, une répression systématique contre les manifestants à travers tout le pays, la détention de militants politiques et d’opinion, mettent un terme à toute illusion de renouveau politique même chez les plus crédules de nos concitoyens.
Le commandement militaire, vrai détenteur du pouvoir, persiste dans sa logique à vouloir imposer coûte que coûte un président de son choix et à recomposer la façade politique du système avec le même personnel responsable des dérives que nous vivons aujourd’hui, au risque de porter atteinte à la pérennité de l’Etat, voire d’entraîner le pays vers le chaos dont il sera l’unique coupable devant l’histoire, la mémoire et les générations à venir.
Nous sommes des dizaines de millions à exiger, à juste titre, la levée des entraves aux libertés individuelles et collectives, à l’expression libre et plurielle des Algériennes et des Algériens, ainsi que la libération sans conditions des détenus politiques et d’opinion.
Nous revendiquons, légitimement, un changement radical du régime politique, seul à même de garantir une transition démocratique et un processus constituant souverain, hors du contrôle des figures et institutions policières du système autoritaire imposé au peuple depuis 1962.
Aussi :
– Nous appelons solennellement nos concitoyennes et concitoyens, en Algérie et dans la diaspora, à rejeter, par tout moyen pacifique, la mascarade électorale du 12 décembre et à observer des sit-in quotidiens devant les centres de vote durant toute la période du scrutin, à savoir du 7 au 12 décembre ;
– Nous les exhortons également à se mobiliser pour faire échec à cette farce électorale, et nous appuyons toute action pacifique, citoyenne et révolutionnaire qui va dans le sens de la volonté populaire, en demeurant vigilants et en déjouant toutes les manœuvres et les provocations.
Continuons ensemble, dans l’union, à exiger le départ du système policier et à agir pour amorcer une transition démocratique dont a besoin notre pays afin de jeter les fondements d’un Etat de droit et d’une nouvelle République.
Paris le 5 décembre 2019.
Les organisations signataires:
– Action Citoyenne pour l’Algérie (ACA),
– Agir pour le Changement et la Démocratie en Algérie (ACDA),
– Alliance des Démocrates de la Diaspora Algérienne (ADDA),
– Association Communauté Algérienne à l’Etranger (ALCAEE),
– Collectif des Amis du Manifeste pour une Algérie Nouvelle (CAMAN-FRANCE),
– Collectif Algérien pour la Deuxième République (CA2R),
– Collectif Arts Visuels,
– Collectif Debout l’Algérie,
– Collectif Libérons l’Algérie,
– Comité de Citoyens Algériens en France _ pour une Assemblée Constituante Souveraine (CCAF-PACS),
– Dzayer 2.0,
– Étudiants Nord-Africains en France (ENAF),
– FFS France Nord,
– Humanistes DZ,
– Inter Collectif pour la Transition Démocratique,
– Jeunes Engagés,
– Jil Jadid Europe,
– Les Amis de l’Académie Berbère,
– Les Progressistes,
– Ligue de la Défense Algérie (LDA),
– Mouvement pour la Jeunesse et le Changement (MJC),
– Mouvement Ibtykar, section France,
– Propositions Citoyennes Algérie (PCA),
– Pour une Nouvelle Algérie (PUNA),
– Révolution du Sourire : du Rejet au Projet,
– Réseau Algérien Contre la Répression et pour la Libération de Détenus ,
– Riposte Internationale,
– Sawt E’Chaab,
– Union pour le Changement et le Progrès, section France (UCP),
– Union des Etudiants Algériens de France (UEAF).
Avec le soutien de :
– APEL-Egalité,
– Collectif Pour une Algérie Libre et Plurielle (Belgique),
– Collectif Roubaisien de soutien et de solidarité à la révolution algérienne,
– Collectif “pour une Algérie Libre, Unie et Démocratique (PALUD),
– Collectif Solidarité Algérie (Rennes), Collectif du soutien à la Lutte du Peuple Algérien (Lille).
* lequotidienalgerie - – vendredi 6 décembre 2019
****************************Opinion
Pourquoi je ne voterai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre
Monsieur le chef d’état-major, monsieur le chef de l’État de fait, monsieur le Premier ministre de fait,
Il y a quelques années, j’avais écrit une lettre ouverte au chef de l’Etat de l’époque, Chadli Bendjedid, expliquant pourquoi je n’avais pas voté lors de l’élection présidentielle du 3 novembre 1988. Dans ce texte publié dans la presse algérienne, je développais l’argument que vivre en République imposait un contrat minimal de confiance entre le pouvoir et le citoyen et que l’application effective de ce contrat se mesurait au degré de contrainte que la Constitution exerçait sur toutes les activités de l’Etat, en particulier dans le domaine extrêmement sensible du face-à-face entre le simple individu et l’appareil judiciaire et répressif du pays.
A l’époque, la raison essentielle de mon geste était la constatation, insupportable, que les appareils de répression tant militaires que policiers avaient pu, lors des événements d’Octobre 1988, tuer et torturer des citoyens, sans qu’aucun des coupables nommément mis en cause ne soit le moins du monde inquiété ni par les autorités politiques ni, encore moins, par les juges, pourtant défenseurs en dernier recours du droit et de la justice.
Quelque trente ans après, les choses donnent l’impression d’avoir empiré : les autorités de fait, illégitimes du point de vue constitutionnel, emprisonnent à tour de bras des manifestants simplement coupables d’avoir clamé haut et fort leur soif de dignité, invoquant contre eux des accusations surréalistes d’atteinte à l’unité du pays, au moral des forces armées, d’appels à attroupement et autres fariboles. Il s’est trouvé malheureusement de trop nombreux juges dont la main et la conscience n’ont pas tremblé de honte à l’instant de ratifier ces atteintes scandaleuses au droit des gens par des peines fermes !
Jamais le mépris pour l’intelligence des Algériens n’est allé aussi loin : il suffit, par exemple, d’allumer la télévision officielle algérienne pour voir s’afficher sans la moindre vergogne le mensonge d’Etat dans sa hideur la plus détestable : toute l’effervescence admirable du peuple algérien qui, depuis le mois de février dernier, entend recouvrer pacifiquement son indépendance politique est purement et simplement niée. Le culte de la personnalité qui s’y installe envers le patron de fait des centres de décision atteint des sommets caricaturaux de larbinisme et de lâcheté, faisant naître en chaque Algérien un profond sentiment de dégoût devant une telle déchéance du métier d’informer dans notre pays !
En ce qui me concerne personnellement, je ne saurais me résoudre à aller voter le 12 décembre dans ces conditions absolument contradictoires avec le principe même de déposer librement un bulletin pour un candidat librement choisi : ce serait accepter l’argument insultant pour les descendants de ceux qui se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie que la liberté de penser et de manifester, pourtant inscrite dans la Constitution, ne serait qu’une mascarade pour un pays comme le nôtre, qu’une «décoration» textuelle destinée uniquement à la propagande extérieure, que les Algériens ne seraient que des «indigènes» encore colonisés, incapables par nature de bénéficier des droits et des devoirs politiques des citoyens des pays dits «civilisés» !
Voilà pourquoi je ne participerai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre : voter dans ces conditions serait trahir ceux qui croupissent injustement en prison et un acquiescement résigné à l’humiliation.
Il est encore temps, peut-être, pour le pouvoir de fait – «les puissants du moment»… – de revenir à la raison et de respecter enfin la volonté souveraine de son propre peuple. Je l’espère de tout cœur : trop de temps, en effet, a été perdu, douloureusement le plus souvent, depuis le 5 juillet 1962.
Par Anouar Benmalek -Ecrivain
**elwatan- dimanche 08 décembre 2019
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Le rejet de l’élection par le peuple face à l’insistance du pouvoir
La semaine en cours s’annonce décisive pour ce qui est du processus électoral. Face aux très nombreux Algériens qui réclament l’annulation de cette présidentielle, le pouvoir en place semble décidé à aller jusqu’au bout de sa logique. Les appels à la grève générale se sont donc multipliés, notamment lors du 42e vendredi. D’autres veulent «avancer» la marche de vendredi prochain à jeudi, jour de l’élection. A l’étranger, des Algériens se sont rassemblés devant les consulats où a commencé l’opération de vote.
La campagne électorale pour l’élection présidentielle du 12 décembre s’achève aujourd’hui. Le vote de la communauté algérienne à l’étranger a commencé, par contre, hier. Comme attendu, cela ne s’est pas déroulé dans un climat serein. Des rassemblements ont été organisés par nombre d’Algériens au niveau des différents centres de vote, notamment en France. Dans certains cas, des manifestants ont même réussi à s’y introduire.
Des informations font état de l’annulation de l’élection, du moins pour la journée d’hier, à Lausanne, en Suisse. En Algérie, vendredi dernier, le 42e et dernier avant ce scrutin prévu jeudi prochain, la mobilisation a été encore plus forte que lors de la manifestation précédente, et ce, dans plusieurs villes du pays, pas seulement à Alger. Les manifestants ont réitéré leur rejet de cette élection. Un slogan appelant à faire grève à partir du 8 décembre (aujourd’hui) a même été scandé plus d’une fois.
Bien évidemment, l’ampleur du rejet ne semble pas fléchir la détermination du pouvoir en place de maintenir le rendez-vous. Vendredi, peu après la fin des manifestations, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a organisé un «débat» entre les cinq candidats retransmis en direct sur plusieurs chaînes de télévision, voulant donner ainsi l’impression que le processus électoral se déroule normalement. Le président de cette autorité, Mohamed Charfi, a même affirmé il y a quelques jours que «les manifestants pro-élection étaient plus nombreux que ceux qui s’y opposent».
Or, dans les faits, la contestation ne fait que s’intensifier depuis plusieurs jours, avec en plus les marches du mardi et du vendredi, dans plusieurs villes, où des manifestants occupent la rue en soirée de manière régulière. Une contestation qui pourrait même monter d’un cran dans les quelques jours à venir.
En plus des appels à la grève générale lancés durant les marches de vendredi dernier, d’autres, relatifs à des manifestations durant les trois jours précédents le jour de l’élection, circulent sur les réseaux sociaux. Certains veulent par contre qu’il y ait des marches le 12 décembre, jour du scrutin. Le message «Vendredi prochain a été avancé à jeudi» a été largement relayé sur Facebook. Que feront les autorités si les manifestants sortaient en masse jeudi prochain ? Et si ces derniers se décidaient à tenter d’empêcher l’élection ?
Il est clair que malgré l’assurance affichée du gouvernement, dont le porte-parole, Hassan Rabehi, a affirmé jeudi dernier que l’élection présidentielle «se déroulera normalement et dans de bonnes conditions», la situation sera probablement tendue, notamment dans certaines villes du pays où le hirak n’a pas baissé d’intensité depuis le début. Si à l’étranger les consulats ont été cernés par des manifestants «anti-vote», qui, dans certains cas, ont pu même perturber son déroulement à l’intérieur, qu’en sera-t-il en Algérie le jour du vote ?
En tout cas, l’évolution de la situation à partir d’aujourd’hui donnera des indications sur la suite des événements. Mais au vu de ce qui s’est passé hier dans plusieurs villes européennes, il est clair que les quelques jours à venir seront très chauds…* elwatan- dimanche 12 décembre 2019
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LE RÉGIME ALGÉRIEN EST-IL UNE DICTATURE MILITAIRE ?
**La dictature militaire est un régime où le pouvoir est exercé au nom de l’armée qui, dans les exemples de l’Amérique Latine, défend une classe sociale privilégiée. Dans le gouvernement, les principaux ministères sont dirigés par des officiers supérieurs en tenue. Régime autoritaire, l’Algérie n’est pas une dictature militaire dans le sens décrit ci-dessus. A l’indépendance, la hiérarchie militaire a confisqué le pouvoir au nom du peuple, affirmant qu’elle est issue du FLN historique et qu’elle a la mission de réaliser son programme. Le colonel Houari Boumédiène qui, en devenant ministre de la défense et ensuite Chef de gouvernement, a enlevé la tenue militaire pour prétendre être un militant du FLN. Il avait lancé une politique économique et sociale qui lui avait valu le soutien d’une grande partie de la population : nationalisation des hydrocarbures, industrialisation, réforme agraire, médecine gratuite, etc. Quelques années après, ce projet n’a pas tenu ses promesses, menant le pays vers des difficultés financières et vers l’appauvrissement de la société. Il y a été mis fin avec la réforme constitutionnelle qui a suivi les manifestations d’Octobre 1988. Théoriquement, un nouveau régime devait naître, avec comme conséquence le retrait des officiers supérieurs du comité central du FLN. Mais la hiérarchie militaire n’a pas pour autant renoncé à être source de pouvoir à la place de l’électorat. C’est pour sauver la nation (contre l’électorat ?) que la hiérarchie militaire a annulé les élections en janvier 1992. Le paradoxe du régime est qu’il prétend parler au nom du peuple contre le peuple. Tous les discours de Gaid Salah depuis mars 2019 reproduisent chaque semaine ce paradoxe.
Le régime n’a pas la cohérence de la dictature militaire où l’armée arrête les opposants et réprime les manifestations. Pour s’assurer la fidélité des magistrats, Gaid Salah n’a fusillé aucun juge comme cela se fait dans les dictatures militaires ; il a par contre a décidé d’augmenter les traitements des magistrats, utilisant ainsi le budget de l’Etat pour les corrompre, alors que, théoriquement, ils doivent rendre la justice au nom du peuple. Si demain, les juges prennent conscience et refusent de condamner arbitrairement les manifestants, les policiers cesseront d’arrêter les citoyens et Gaid Salah sera obligé de partir pour laisser l’Etat-Major négocier une transition pacifique avec le hirak.
En Algérie, la hiérarchie militaire utilise la justice et la police pour réprimer. Autrement dit, la hiérarchie militaire soumet à sa volonté des institutions de l’Etat pour s’imposer comme source de pouvoir. Sans la police et la justice, l’Etat-Major n’aurait aucun moyen d’exister politiquement. C’est ce qu’ont compris les manifestants qui scandent les vendredis « les généraux à la poubelle et l’Algérie teddi l’istiqlal ». Ils veulent dire que les institutions de l’Etat (présidence, assemblée nationale, ministères, justice, police) sont colonisées par la hiérarchie militaire qui nomme les civils à la tête de ces institutions. Ils veulent dire que l’Etat n’est pas indépendant. Face au hirak, qui a montré une maturité politique indéniable, le régime est faible parce qu’il repose sur une fiction à laquelle plus personne ne croit. L’Algérie n’est pas une dictature militaire ; c’est un régime populiste autoritaire qui a épuisé sa dynamique politique et qui n’a plus de pertinence historique. C’est un fruit mûr qui préfère pourrir dans l’arbre et tomber sur le sol avec fracas.*par Addi Lahouari.- lequotidienalgerie - – 03 décembre 2019
* Addi Lahouari
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Le collectif de la société civile appelle à un congrès
Il s’agit d’aller vers un conclave qui puisse réunir toutes les figures émergentes du hirak ainsi que toutes les forces de diverses sensibilités politiques et autres personnalités.
Maintenant que la décantation s’est opérée sur l’échiquier politique, entre les partisans de la tenue de l’élection présidentielle, composés pour l’essentiel des “résidus” du régime de Bouteflika, et ceux qui épousent les thèses du hirak, l’heure est au regroupement de toutes les “sensibilités politiques” et de “toutes les personnalités” rejetant le scrutin dans un “congrès” pour une synthèse de toutes les propositions formulées jusque-là. C’est là la substance de l’appel lancé à l’adresse des Algériens par le collectif de la société civile pour une transition démocratique, composé d’une quarantaine d’associations.
“Tout en restant attachés au processus et aux résolutions de la société civile du 15 juin 2019 et avec les partis politiques et les personnalités nationales du 24 août 2019, nous appelons le peuple algérien et l’ensemble des forces du changement de notre pays à maintenir le caractère pacifique, unitaire et résolu de leur lutte et à s’inscrire dans la perspective d’un congrès national inclusif pour l’avènement d’une authentique république démocratique, sociale et civile en Algérie”, écrit le collectif dans cet appel rendu public.
Réunies une première fois le 15 juin dernier, les dynamiques de la société civile, composées, outre le collectif, du forum civil pour le changement et de la coordination des syndicats autonomes, ont adopté une feuille de route de sortie de crise articulée autour de la nécessité d’une période de transition conduite par une “instance présidentielle” consensuelle, la mise en place d’un gouvernement de compétences, l’institution d’une commission indépendante des élections et l’ouverture d’un dialogue inclusif.
Une seconde réunion élargie aux partis politiques, dont ceux du PAD (Pacte de l’alternative démocratique) et du Forum des forces du changement, a eu lieu en août ponctuée par un appel à la tenue d’une conférence. Reste qu’au fil des mois, le contexte politique évoluant, des signes de divergences apparaissent, à commencer par le détachement du forum civil pour le changement d’Abderrahmane Arrar, qui a choisi d’appuyer la démarche de “dialogue” de Karim Younès, sans compter les tergiversations de certains partis politiques et autres syndicats par rapport à l’échéance du 12 décembre.
“En dépit de l’opposition claire et massive du peuple souverain à une parodie d’élection, le pouvoir de fait entend l’imposer et proclamer un président qui ne sera que le représentant du système. Nous, collectif de la société civile pour la transition démocratique, exprimons notre solidarité avec celles et ceux qui luttent pour faire barrage à cette pitoyable mascarade qui, comme le cinquième mandat, est une insulte à la nation”, souligne le texte.
Il s’agit donc pour le collectif, convaincu que l’élection vise à reconduire le système et ne changera pas le rapport de force, d’aller vers un congrès qui puisse réunir toutes les figures émergentes du hirak ainsi que toutes les forces de diverses sensibilités politiques et autres personnalités à l’effet d’aboutir à une “négociation pour une transition”.
“Il s’agit d’un espace ouvert pour une offre politique, maintenant que le mouvement a atteint sa maturité et que la décantation s’est opérée”, résume Saïd Salhi, vice-président de la Laddh. Le pouvoir concédera-t-il à cette négociation ? Le collectif en est presque convaincu. “La volonté démocratique et pacifique du peuple algérien triomphera”, conclut le texte. *Liberté/ mercredi 04 décembre 2019
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*Le discours belliqueux et provocateur entretenu des hommes au pouvoir a atteint le seuil de l’insupportable
Et ce qui devait arriver arriva. Le discours belliqueux et à la limite de la provocation entretenu par les hommes au pouvoir, depuis plusieurs mois déjà, à l’égard du mouvement populaire, a franchi hier le seuil du supportable. Un ministre de la République, celui à la tête de l’Intérieur pour ne pas le nommer, a proféré hier une abominable charge, autant insoutenable qu’inexplicable, contre les citoyens qui continuent de manifester pour réclamer le départ des résidus du système Bouteflika et un État de droit. Avant d’être un sacrilège contre la citoyenneté représentée par le mouvement populaire dont le caractère pacifique, organisé et civilisé est loué même au-delà de nos frontières, les propos du ministre de l’Intérieur sont un flagrant outrage à l’endroit de l’État et de ses institutions. Certes, ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement ou quelque clientèle du système se laisse aller à des propos insultants à l’endroit de citoyens.
Mais jamais de mémoire d’Algérien un haut responsable n’a osé pousser le bouchon jusqu’à presque épuiser tout le lexique de l’insulte envers eux, comme l’a fait hier M. Dahmoune. Pourquoi ce ministre, qui prenait part à une séance de travail au Conseil de la nation consacrée à la présentation du projet de création de nouvelles wilayas, a-t-il éprouvé le besoin de sortir complètement de l’ordre du jour pour se livrer à une telle diatribe contre des Algériens, dont le seul tort est de continuer à revendiquer une meilleure gouvernance pour leur pays ?
Sa déclaration a-t-elle été inspirée par quelque partie animée d’une volonté d’aller dans la provocation pour des visées qu’il est facile de deviner, maintenant que toutes les tentatives de briser la révolution pacifique se sont révélées vaines devant la tenace résistance des Algériens ? En tout cas, il paraît difficile de trouver une explication raisonnable aux déclarations pour le moins gravissimes du membre du gouvernement. L’émoi a gagné hier soir la Toile, et les internautes, choqués par le chapelet d’insultes proférées par le responsable en question, ont été nombreux à dénoncer, à raison, une provocation ou un dérapage inédit dans la pratique gouvernementale.
Cette façon de faire du ministre de l’Intérieur est en réalité autant révélatrice d’une irrécusable incompétence que d’une certaine propension des hommes du système à pousser le zèle juste pour être dans les bonnes grâces du maître du moment.
*par Hamid SAIDANI - Liberté/ mercredi 04 décembre 2019
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*Les slogans récusant l’élection présidentielle ont dominé la 41e marche de la communauté universitaire qui a renouvelé son rejet catégorique de ce scrutin, sous l’égide du même régime politique. Aussi appellent-ils au départ de toutes les figures du système, à la libération des détenus d’opinion et des activistes du hirak emprisonnés.
*Les dynamiques universitaires se cristallisent :
Rejet total de l’élection et soutien sans réserve au hirak
Le mouvement universitaire se cristallise autour des revendications nationales du hirak. Les initiatives, jusque-là éparses, prennent forme dans le sens de la création d’un mouvement national unifié.
La rencontre, tenue samedi à Alger, participe de cette volonté et de la conjugaison des efforts émanant des universités les plus impliquées depuis le 22 février. D’ailleurs, la déclaration finale, signée par l’ensemble des participants, exprime une adhésion sans réserve aux aspirations du peuple du hirak, notamment au sujet de l’élection présidentielle.
«Nous, universitaires engagés dans le hirak, réunis à Alger le 30 novembre 2019 (…) saluons le mouvement populaire qui a délégitimé ce pouvoir et exprimé le besoin de dépasser le système pour une nouvelle Algérie libre, démocratique et de justice sociale», écrivent-ils pour se démarquer d’emblée des positions hésitantes.
Plus loin, les participants tranchent dans le vif et s’alignent sur le rejet catégorique du simulacre d’élection organisée par le pouvoir. «Nous considérons que dans ces conditions, l’élection du 12/12 est une menace pour la cohésion nationale, porteuse de tous les dangers et risquera de consacrer la rupture de la société avec les institutions du pays», est-il souligné dans le cinquième et dernier point de la déclaration.
Des représentants de la Coordination des universitaires du Centre, la Coordination des universitaires algériens pour le hirak, composée d’une dizaine d’universités de l’est du pays, ainsi que des activistes de l’université de Mostaganem se sont réunis, samedi, en présence de membres du Collectif des médecins Amana et de la Coordination des étudiants du Centre, présents en tant qu’observateurs.
Ces dynamiques universitaires ont émergé sur le champ de ruines qui caractérise l’université algérienne, en déficit handicapant d’organisations engagées et autonomes représentant les enseignants et les étudiants. Comme d’ailleurs dans plusieurs autres secteurs, le mouvement du 22 Février a libéré les énergies et quelques synergies prennent forme, avancent lentement mais montrent des signes de solidité.
Ce qui amène les participants à dénoncer «les prétendus représentants du CNES et du SNE qui appellent au soutien à l’élection du 12 décembre organisée par un pouvoir qui s’est imposé de fait à la société».
En neuf mois de manifestations, c’est la première fois qu’une rencontre de coordination rassemble autant d’universités. Ces enseignants impliqués pleinement dans le hirak réitèrent également leur souci de préserver le caractère pacifique des manifestations. «Au regard de quelques provocations observées dans certaines régions du pays, nous appelons le peuple à redoubler de vigilance, de retenue et de veiller constamment au caractère pacifique de son mouvement», écrivent-ils encore.
Passant en revue les préoccupations du hirak et les sujets prioritaires, les signataires de la déclaration considèrent aussi que «sans liberté d’organisation, sans liberté de la presse, sans débat démocratique et avec l’emprisonnement des militants du mouvement populaire pour délit d’opinion, il est impossible d’organiser des élections démocratiques et crédibles, encore moins avec des candidats issus du régime et où le peuple est exclu des débats».
Pour ces dynamiques, l’étape suivante est celle de la création d’une coordination nationale la plus représentative possible. Les efforts sont déployés sans précipitation pour donner naissance à une organisation universitaire autonome, mais avec beaucoup de précautions afin d’éviter les erreurs du passé. Une organisation qui, aujourd’hui, manque cruellement à la société.
*elwatan- mercredi 04 décembre 2019
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*des milliers d’Algériens de la diaspora ont marché à Paris et à Bruxelles pour exprimer leur rejet de la présidentielle du 12 décembre 2019
En Belgique, la procession des marcheurs s’est arrêtée à la place Schuman, dans le quartier européen de Bruxelles où se trouve le siège de la Commission européenne.
Le temps maussade et froid contrastait hier avec les retrouvailles chaleureuses de milliers d’Algériens de la diaspora qui ont marché à Paris et à Bruxelles pour exprimer leur rejet de la présidentielle du 12 décembre, dénoncer la répression des manifestations en Algérie et réclamer le départ du système. à Bruxelles, une procession colorée et déterminée s’est dirigée en début d’après-midi, vers le quartier européen, où se trouvent les locaux de la Commission de l’UE, en scandant des slogans hostiles au régime.
“Dawla madania, machi âaskaria”, “Makanch intikhabat mâa l’îssabat”, ont tonné de nombreux compatriotes, qui ont pris part au défilé. Beaucoup ont fait le voyage en bus depuis Paris, Strasbourg, Lille, Nice et plusieurs villes belges comme Liège et Charleroi, ainsi que du Luxembourg. Des particuliers ont mis à la disposition des manifestants venus de loin des moyens de transport dont des cars.
Le Collectif des Algériens libres de Belgique, qui a initié la marche, s’est également mobilisé pour assurer une participation massive des expatriés, avec l’objectif de “porter haut la voix du peuple algérien” et de “transmettre un message fort” aux institutions et à l’opinion publique européennes. “Arrêtez de soutenir la dictature”, “Rendez-nous l’argent du peuple”, ont réclamé les manifestants en arrivant au rond-point Schuman, que surplombent les bâtiments de la Commission européenne. Des pancartes critiquant la position de l’Europe ont été, par ailleurs, mises en évidence.
“Silence contre pétrole”, “L’Algérie n’est pas à vendre”, pouvait-on lire sur certains écriteaux, qui ont été brandis au milieu de drapeaux algériens et d’emblèmes amazighs. Les deux emblèmes ont accompagné les manifestants qui ont marché quasiment au même moment entre la place de la République et la place de la Nation, à Paris. Là aussi, les organisateurs ont mis en place une énorme logistique pour assurer la réussite du défilé.
Un camion a ouvert le cortège, avec à son bord une sono d’où s’élevaient de nombreux chants patriotiques Les mêmes slogans entendus à Bruxelles ont été aussi scandés par les marcheurs à Paris, donnant aux deux manifestations l’image d’une grande communion. Certains collectifs de la diaspora en France, comme Debout l’Algérie, ont d’ailleurs pris part au défilé bruxellois, avec le désir de montrer que la solidarité des expatriés avec le hirak n’a pas de frontières.
À Paris, les manifestants ont exprimé un large soutien aux détenus d’opinion dont les portraits ont été accrochés symboliquement sur les barreaux d’une cage ambulante. “Ma profonde gratitude au moudjahid Lakhdar Bouregâa qui, en dépit de son âge et de ses problèmes de santé, continue à porter les aspirations de la jeunesse”, a souligné Ouardia, une habituée des manifestations parisiennes.
Très remontée contre le régime, la vieille dame a fustigé la propagande utilisée par le pouvoir afin de pousser les Algériens à aller aux urnes le 12 décembre prochain. “Ils font peur au peuple en espérant le berner. Mais une chose est sûre, cette élection sera un fiasco. Il n’y aura pas de vote ni en Algérie ni ici”, a-t-elle assuré. En France, l’opération électorale commencera samedi prochain. Mais les collectifs de la diaspora ont d’ores et déjà prévu d’organiser des sit-in devant les consulats pour manifester leur rejet et discréditer le vote.
Des actions identiques seront menées dans d’autres villes d’Europe, notamment à Bruxelles, à Rome, à Vienne et à Londres. “Le pouvoir actuel n’a d’autre préoccupation que de tenter de se régénérer en organisant un simulacre d’élection présidentielle”, précisent les organisateurs de la marche parisienne.
Dans un appel, ils demandent aux Algériens de la diaspora de rester mobilisés pour soutenir leurs compatriotes qui ont montré depuis neuf mois en Algérie “une capacité de résilience infaillible”. Il faut savoir qu’outre les marches de Paris et de Bruxelles, des rassemblements contre l’élection présidentielle et pour le changement du système ont été tenus hier à Marseille et à Lyon.
**De Paris : Samia Lokmane-Khelil – Liberté/ lundi 2 décembre 2019
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Crise politique et campagne électorale : Le forcing médiatique du pouvoir
Le hirak 2.0 et son iconographie du «contre-champ» et du «hors-champ» sont l’un des segments où les anti-élection sont les plus actifs. Ils s’amusent à démentir avec beaucoup de doigté la communication officielle.
Depuis le début de la campagne électorale, l’armada audiovisuelle, publique et privée, a jeté toutes ses forces dans la bataille pour rendre sexy la campagne du «12/12» et entretenir la fiction d’une élection normale.
Les équipes de télévision s’échinent ainsi à réanimer à l’écran un événement qui a tout le mal du monde à «prendre» sur le terrain. Que ce soit dans les JT ou sur les plateaux de télévision, le bouquet DZ se démène comme il peut, en effet, pour faire vivre la campagne électorale, à défaut de la voir enflammer l’espace public et soulever les passions dans les chaumières et les cafés et sur les lieux de travail.
En parallèle, pas un mot sur les manifs anti-élection. Alors que les Algériens sortent massivement tous les vendredis crier à travers quasiment les 48 wilayas «Makache intikhabate maâ el îssabate !» (Pas d’élections avec la bande), «Dégage Gaïd Salah, had el âm makache el vote !» (Dégage Gaïd Salah, pas de vote cette année), en zappant d’une chaîne à l’autre, l’impression qui se dégage est qu’on ne vit pas du tout dans la même Algérie.
Nul besoin de faire un long travail de veille, de monitoring, pour comprendre que la tendance lourde est à l’absence de toute nuance dans le traitement des faits. Depuis plusieurs mois maintenant, un black-out total frappe le hirak. La contestation populaire a tout bonnement disparu des écrans.
On se souvient qu’aux premières semaines du soulèvement du 22 Février, les chaînes TV, notamment Echorouk, El Bilad et Ennahar, retransmettaient les marches en direct, surtout après avoir acquis la certitude que le clan Boutef allait tomber. Mais à peine la reprise en main du pouvoir au profit de Gaïd Salah actée, les images des manifs sont passées à la trappe. Même la Chaîne III, qui a résisté comme elle a pu à la censure, a été sévèrement rappelée à l’ordre et se trouve aujourd’hui muselée depuis l’installation de la nouvelle direction. Plus question de faire la moindre mention des actions de protestation.
Incorrigible JT
Dans les talk-shows et les débats télévisés, aucune figure pro-hirak n’a voix au chapitre. Aucun avis contradictoire n’est toléré. On assiste dès lors à des pensums vantant à longueur de diatribes les mérites de la solution électorale, fut-elle de façade, et des monologues à sens unique où les intervenants, triés sur le volet, servent la même soupe, le même discours, en accablant le hirak. Pour ces contempteurs unanimes, le mouvement populaire mène droit vers l’impasse, la «rue» est «manipulée», et les manifestants sont à la solde d’un complot ourdi par des officines étrangères…
Au JT de 20h de la Télévision nationale, un rituel inamovible s’est installé depuis plusieurs éditions maintenant : ouverture obligatoire sur Gaïd Salah et les sorties du chef d’état-major de l’ANP.*elwatan/ mardi 26 novembre 2019
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«Pour l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs»
Les robes noires ont réaffirmé leur rejet des «élections de recyclage».
Les avocats ont observé, hier, un important rassemblement au niveau de la cour de justice de Tizi Ouzou. Les participants à cette action ont réitéré l’engagement des robes noires d’être aux côtés du peuple dans le sillage de la révolution enclenchée, à l’échelle nationale, le 22 février dernier, pour le départ du système. Les intervenants lors de ce rassemblement ont, d’ailleurs, mis l’accent sur le rôle des avocats dans l’accompagnement du mouvement populaire, et ce, à travers de nombreuses actions allant dans le sens, notamment de plaider pour la libération des détenus du hirak.
Les participants à cette action de terrain ont aussi réaffirmé leur rejet des «élections de recyclage» et réclamé, par la même, l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs. «Il faut une rupture radicale avec le système actuel qui a ruiné le pays. Le rassemblement d’aujourd’hui est une occasion pour exhorter nos confrères des autres wilayas d’Algérie à se joindre au mouvement populaire.
Nous demandons aussi l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs», a souligné Me Kaci Rahem, qui estime que la révolution du Sourire a démontré que les multiples manœuvres utilisées par le pouvoir pour semer la division entre Algériens sont vouées à l’échec puisque même dans d’autres régions du pays, le peuple a réussi à déjouer les méthodes machiavéliques du système dont le départ est revendiqué.
«Le peuple a tout compris. Nous avons eu des moments de révolution extraordinaires depuis le 22 février dernier et les avocats ne doivent pas être en marge de l’histoire», a-t-il ajouté. Les autres avocats qui ont pris la parole ont également insisté sur la nécessité de maintenir la mobilisation pour aboutir à la satisfaction des revendications du mouvement populaire.
«Nous avons un seul peuple qui mérite respect et considération pour le civisme et la persévérance dans son mouvement pour le changement. Les dérives du système ne font qu’accroître le rattachement de tout un peuple à sa révolution et sa maturité d’aller vers une période de transition, seule capable de trouver une solution idoine et définitive pour arracher les conditions nécessaires d’un vrai changement démocratique», a souligné Me Salah Brahim, bâtonnier de Tizi Ouzou.
Par ailleurs, rappelons que le conseil de l’Ordre du barreau de Tizi Ouzou a décidé, à l’issue de sa réunion ordinaire tenue samedi, d’arrêter une batterie d’actions de terrain, dont la marche des avocats prévue pour le 10 décembre.*HAFID AZZOUZI-
*elwatan/ mardi 26 novembre 2019
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*Des journalistes de la radio nationale dénoncent la censure et les pressions
Des journalistes et des professionnels de la radio nationale ont observé un sit-in, aujourd’hui mercredi, devant le siège de la radio, pour dénoncer le harcèlement dont ils font l’objet de la part de la direction. Ils réclament « un véritable service public ». Pour rappel, ce rassemblement intervient suite aux derniers suspensions et démissions de plusieurs journalistes, notamment au sein de la radio Chaîne 3.*Liberté/ mercredi 27 novembre 2019
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