Une révolte en Europe est-elle possible?
*Aux cris de : «Paris debout, soulève-toi»
Les Français aussi manifestent contre le système sur la place de la Bastille à Paris !
** à l’instar des révolutions arabes, et des révoltes en Espagne, en Grèce et en Portugal
Des manifestants français ont occupé la place de la Bastille à Paris le 29 mai 2011 en échos des «Indignés» espagnols qui se révoltent contre les effets de la crise **Plusieurs centaines de jeunes se sont rassemblées dimanche place de la Bastille à Paris pour protester contre la précarité et le chômage, à l’instar du mouvement des «indignés» entamé il y a deux semaines en Espagne. Derrière une grande banderole proclamant en français et en espagnol «Réelle démocratie maintenant», les manifestants, qui étaient environ 400, se sont massés sur les marches de l’Opéra.
**Grecs, Français et Espagnols réunis
«Les Espagnols nous donnent l’exemple, il faut aussi qu’on soit là pour les renforcer», a dit une responsable du mouvement au micro, tandis que retentissait le slogan «Tous ensemble». Des jeunes de plusieurs pays étaient présents, notamment des étudiants grecs brandissant une pancarte disant «Grèce générale» pour protester contre le programme d’austérité appliqué dans leur pays très endetté et des Britanniques. «Join the green side» ou «Spanish revolution», pouvait-on lire sur des T-shirts.
Des organisateurs ont insisté sur le caractère pacifique du mouvement, que beaucoup considèrent en France inspiré par le best-seller du philosophe Stéphane Hessel, «Indignez-vous.» En Espagne, des milliers de personnes se sont rassemblées tous les jours depuis deux semaines sur la Puerta del Sol, la principale place de la capitale, Madrid. (20Minutes avec reuters-29.05.2011.)
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***Ils étaient un millier d’«Indignés» à avoir tenté d’imiter leurs camarades de Madrid dimanche à la Bastille à Paris, avant d’être contraints en début de soirée de quitter la place emblématique de la gauche française. Après une journée de contestation des institutions et de rêves de démocratie directe, ils ont laissé sans heurts la police évacuer la place vers 21h30, démonter les tentes et faire descendre les protestataires des marches de l’Opéra.
«Paris debout, soulève-toi»
Entamé le 19 mai à «la Bastoche» pour faire écho au mouvement de contestation spontané né le 15 mai à la Puerta del Sol à Madrid, ce regroupement quotidien, jusqu’alors confidentiel, a pris une ampleur inédite dimanche avec un millier de jeunes selon la police et les organisateurs. Le tout dans un ambiance bon enfant, en musique et sous l’oeil de forces de police longtemps discrètes, réunies à quelques mètres de la place.
Mais le goût de l’autogestion et le refus des structures établies n’empêchent pas un minimum d’organisation. Et entourés par un service d’ordre efficace, les orateurs prennent la parole de façon disciplinée pour dire leur rejet des élites poliques. Les cibles privilégiées des manifestants, ce sont le FMI, la Banque centrale européenne, la commission européenne et bien-sûr les dirigeants nationaux.
«Le souverain c’est vous, ce ne sont pas les élus qui adoptent des directives européennes sans se poser de questions. Encore moins les dirigeants de la BCE et du FMI que personne n’a élus», lance une jeune Espagnole Céline Meneses, venue soutenir les militants français. Les banderoles et les slogans sont autant d’appels à une révolte: «Démocratie réelle maintenant», «Paris, réveille-toi», «Paris debout, soulève-toi», «Mai 1968 demandait l’impossible, mai 2011 réalisera l’impossible».
«Notre mouvement est apolitique»
«Tous ces jeunes là réclament la démocratie réelle maintenant. On demande un renouvellement démocratique», assène Juliette, une des organisatrices qui refuse de donner son nom. «Il faut que les jeunes s’investissent davantage et exigent un Etat social contre la précarité et le chômage mais aussi pour les droits des femmes et le logement.»
«Vous avez ici l’expérience de la démocratie participative», renchérit Anastasia Kordomenidi, drapeau grec sur les épaules. «Tout le monde peut parler, donner son opinion, on n’est pas embrigadé par les partis politiques et c’est ce qui est intéressant car notre mouvement est apolitique.»
Militant associatif, Yannick Comenge espère que cette journée ne sera pas un feu de paille: «Nous devons suivre l’exemple des Espagnols, dénoncer la corruption sociale comme ils le font depuis plusieurs semaines.» Ce ne sera toutefois pas forcément place de la Bastille, vidée après quelques jets de gaz lacrymogène de ses occupants contestataires vers 21h30. (AFP-29.05.2011.)
***La justice refuse l’évacuation des « indignés » de Bayonne
(De Bayonne) Le droit de manifester existe en France, la justice vient de le rappeler de façon cinglante au député-maire UMP de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Jean Grenet.
Ce mardi matin, le tribunal administratif de Pau a rejeté la requête qu’il a déposée en référé. A leur grande surprise, la centaine d’« indignés » – en référence au mouvement espagnol –, qui occupent le quai Chaho depuis le 25 mai, ne seront pas évacués. Une décision qui pourrait faire jurisprudence et obliger les autorités à abandonner la fermeté ; dimanche, des gendarmes mobiles ont expulsé manu militari les indignés de La Bastille à Paris, et ceux de la place de la Comédie à Montpellier, ce mardi encore.
La veille de la décision, la mairie de Bayonne avait fait porter aux organisateurs de la manifestation une lettre de convocation à comparaître devant le tribunal administratif :
« Il s’agit d’un campement protestataire, qui, selon, s’il se développe, est de nature à troubler l’ordre public […] et porte atteinte à l’intégrité et à la conservation du domaine public. »
Le campement bayonnais est modeste mais compte une trentaine de tentes, une grande yourte, une cuisine, des toilettes sèches et tient des assemblées générales de 200 personnes.
L’ambiance y est bon enfant : si, comme ailleurs, il n’y a pas la moindre référence à une formation politique ou à un syndicat, on reconnaît un bon nombre de militants écologistes pacifistes, déjà actifs au Pays basque.
Leurs débats oscillent entre des enjeux globaux et locaux, comme par exemple les conséquences de la future ligne TGV ou « une vrai démocratie locale ».
Des voisins témoignent de la bonne tenue du campement
Ainsi, les indignés considèrent comme grotesque l’accusation d’entrave à l’ordre public de Jean Grenet : « L’alcool et la drogue sont interdits sur le campement », explique Yannick, jeune militant :
« Le site est nettoyé et nous veillons au bon déroulement des assemblées générales quotidiennes. Il n’y a eu jusqu’ici aucun incident. »
Lors de l’audience en référé, l’avocat Me Blanco a même fait valoir un courrier des voisins du camp des indignés, qui témoignent de la bonne tenue du site. Car les rues de Bayonne peuvent être bien plus chaotiques, pendant ses fêtes estivales bien sûr, mais aussi régulièrement lors de l’après-match de l’Aviron bayonnais.
« Un acte de censure qui bafoue la liberté de manifestation »
Le tribunal de Pau a donc rejeté la demande d’expulsion, considérant que « la commune de Bayonne n’établissait pas, sur le plan de l’hygiène et de la santé publique, que des nuisances seraient provoquées par l’occupation qui est faite de l’espace litigieux ».
Le juge a évoqué le caractère « rudimentaire » des mesures d’hygiène prévues par les indignés mais reconnaît que l’espace occupé n’a pas de « conséquences particulières en terme d’urgence ».
Me Blanco avait accepté de défendre les indignés dans l’urgence, la veille. Il considère que cette décision pourrait faire jurisprudence : « La motivation de la ville de Bayonne était d’empêcher le développement de ce mouvement contestataire. J’ai plaidé contre cet acte de censure qui bafoue la liberté d’expression et de manifestation. »
La démocratie participative n’est décidément pas la préoccupation du député-maire Jean Grenet. Un exemple, entre 2008 et 2010 : la mairie a été condamnée à six reprises par ce même tribunal, pour refus de communiquer des documents publics. (Rue89-31.05.2011.)
Photos : les indignés de Bayonne
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* A Athènes, les « Indignés » grecs montent leur campement place Syntagma
…ils veulent une « vraie démocratie »
Après Madrid, les « Indignés » grecs, qui réunissent des milliers de personnes depuis deux jours à Athènes via les réseaux sociaux, montent un campement place Syntagma, devant le Parlement, pour exiger une « vraie démocratie » ou un « référendum » contre l’austérité.
Vendredi, la place centrale d’Athènes, lieu de convergence de toutes les manifestations qui rythment le quotidien du pays depuis un an, est devenue une sorte de ruche, où se côtoient touristes flâneurs, députés pressés, et petits groupes de militants de tous bords qui disent vouloir « réveiller » la démocratie grecque.
Sous un arbre, une grande table sur des tréteaux porte l’inscription « une vraie démocratie maintenant » (realdemocratie.gr). Des listes y sont accrochées portant des en-têtes comme « secrétariat », « traduction juridique », « transport », ou encore « sécurité », et les passants sont invités à inscrire leurs noms.
Une pétition? non. « Nous collectons les adresses et contacts des gens qui peuvent nous aider à nous organiser selon leurs talents », explique à l’AFP un jeune homme barbu, qui s’affaire au-dessus d’un carton plein de fiches et préfère taire son identité.
« Nous dormons ici sous des tentes », ajoute-t-il, en montrant derrière lui plusieurs petites tentes rouges et vertes tassées les unes contre les autres.
« Ce que nous voulons? une vraie démocratie, c’est tout », se contente-t-il de dire, les yeux tournés vers le Parlement voisin. « Revenez à 21 heures », ajoute-t-il, « nous vous dirons exactement qui nous représentons car nous n’avons pas encore élu nos chefs ».
Plus loin, une bannière a été hissée sur le mur de l’entrée d’une station de métro portant, rédigée en français, l’inscription en lettres géantes: « Et vous combien de temps allez-vous dormir? », invitant les Français à se joindre aux mouvements de protestation pacifiques, à l’instar de ceux qui ont eu lieu en Espagne.
En Grèce, où la contestation était jusqu’à présent portée par des manifestations quasi-institutionnelles, ritualisées à l’extrême, et encadrées de près par les partis, tous les mouvements et groupuscules actifs sur internet, certains se disant apolitiques, d’autres ultra-engagés, se sont révélés au grand jour mardi.
Ce jour là a eu lieu le premier rassemblement « d’Indignés » sur la place Syntagma, lancé notamment via Facebook. Il a réuni spontanément 8.000 personnes, selon la police, mais plus probablement 20.000, selon la plupart des médias, venus sans slogan, sans étiquette, juste dire que la vie devient trop difficile en Grèce.
Le lendemain, plusieurs milliers de personnes ont à nouveau afflué.
De fait, après un an d’austérité draconienne, et surtout plus de deux ans de profonde récession, la population a du mal à digérer les nouvelles mesures de rigueur en préparation, censées stopper l’avancée de la crise de la dette qui fait trembler toute la zone euro.
Vendredi, les créanciers du pays, UE et FMI, étaient d’ailleurs engagés dans une partie de poker à trois avec le gouvernement grec et l’ensemble des partis politiques du pays pour exiger un consensus sur le renforcement de l’austérité et des privatisations en échange de leur soutien financier.
« Ce n’est que du théâtre, et ils sont de très mauvais comédiens », juge Panos Theodorides, un agent d’assurances présent depuis dimanche place Syntagma, après avoir lancé, sur internet également, le groupe « Les 300 Grecs » pour demander un référendum sur l’arrêt du mémorandum signé en 2010 par la Grèce avec l’Union européenne et le Fonds Monétaire international.
« Nous avons recueilli 5.000 signatures en quelques jours » dit-il. « Nous ne partirons pas d’ici avant qu’il n’y ait un référendum ». (AFP-27.05.2011.)
* Les Espagnols continuent de manifester sur la place Puerta del Sol à Madrid
ESPAGNE – Malgré l’interdiction de manifester avant les élections, des milliers de personnes occupent les places du pays…Des milliers d’«indignés» espagnols occupaient toujours les places de plus d’une centaines de villes du pays vendredi. A deux jours des élections municipales et régionales, le mouvement social qui a débuté le 15 mai dernier prend de l’ampleur, comme le relaye le quotidien hispanique El pais.Il pourrait durer au moins jusqu’aux élections municipales de dimanche, et ce malgré l’interdiction annoncée jeudi par la commission électorale espagnole de manifester samedi, journée «réservée à la réflexion» avant le vote. Mouvement multiformeLes autorités espagnoles ont d’ores et déjà annoncé qu’elles ne devraient pas déloger les éventuels manifestants. Elles semblent avoir été prises de cours par ce mouvement multiforme, sans leader ni véritable cause commune. Les pancartes brandies dénoncent en effet pêle-mêle le chômage, qui frappe 21% de la population active et 45% des 18-25 ans, l’austérité, mais aussi la corruption ou encore le système électoral espagnol qui favoriseraient trop les deux partis politiques historiques. Un manifeste rédigé à Madrid propose d’ailleurs une centaine de propositions de nature très différente.«J’ai assisté à beaucoup de manifestations en Espagne, notamment la grève générale en octobre, mais ce mouvement actuel n’a rien à voir avec les autres», témoigne Diane, 21 ans, étudiante à Madrid, qui s’est rendue trois fois à la à la Puerta del Sol, fameuse place de la capitale espagnole occupée en quasi permanence depuis le 15 mai dernier par les manifestants. «Ce qui frappe, c’est que les gens sont très calmes. Ils ne défilent pas, ne crient pas. Ils discutent entre eux et s’écoutent», raconte l’étudiante, qui dit avoir assisté à des débats entre des Madrilènes de toutes générations.Mouvement relayé sur InternetC’est sur Internet que le mouvement s’organise et s’étend toujours plus. La page facebook Democria Real Ya (Une véritable démocratie maintenant) réunissait près de 250.000 personnes vendredi à 17h. On peut également lire sur Twitter l’évolution du mouvement, où les termes les plus fréquemment employés sont #nolesvotes (Ne vote pas pour eux) #tomalaplaza (Occupe la place) #spanishrevolution (révolution espagnole).
Plusieurs journaux internationaux n’hésitent pas à comparer le mouvement espagnol, qui se caractérise donc par l’utilisation des réseaux sociaux et l’occupation des places, à la révolution égyptienne menée sur la place Tahrir.
Un terme que rejette Apolline, une Française de 24 ans qui vit à Murcia. Pour elle, on parle de «révolution» parce que l’Espagne connaît d’habitude peu de mouvements de protestation ou de grève. Diane, elle, reste également prudente mais note «un véritable effet boule de neige», «qui réunit plusieurs générations». Vendredi, plusieurs groupes tentaient d’emboîter le pas au mouvement grâce aux réseaux sociaux, notamment en Italie, en France et en Grande-Bretagne. (20Minutes-20.05.2011.)
*Les jeunes Espagnols manifestent à l’instar des révolutions arabes !
** Ils campent à la Puerta del Sol de Madrid **
À quelques jours des élections municipales, des milliers de jeunes occupent les rues des principales villes d’Espagne pour dénoncer le taux de chômage exorbitant et la cure d’austérité à venir.
Le Fonds monétaire international (FMI) les avait appelé récemment «la génération perdue». Les jeunes d’Espagne, premières victimes des difficultés financières que traverse le pays, sont ce mercredi dans la rue pour hurler leur colère aux dirigeants. Par dizaines ou par centaines, ils occupent depuis mardi soir les artères des grandes villes du pays, de Barcelone à Séville en passant par Valence, Saragosse, Saint-Jacques de Compostelle, les Baléares, Bilbao ou Grenade.À Madrid, des centaines d’entre eux ont campé pour la nuit à la Puerta del Sol. Les milliers de personnes qui avaient afflué sur cette place emblématique de la capitale dimanche et lundi ont été délogées par les forces de police dans la journée de mardi avant d’y retourner quelques heures plus tard. Ces jeunes ont d’ailleurs rebaptisé les lieux «Place de la Solution».
«Nous ne sommes pas idiots»
Ce vaste mouvement de mobilisation s’est en majeure partie organisé sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. À sa source, plusieurs collectifs comme Democracia Real Ya (Une vraie démocratie maintenant) ou tomalaplaza.net. «Nous voulons des hommes politiques qui se préoccupent de nos vies et non pas de leurs propres intérêts politiques et des seuls intérêts économiques», résume le porte-parole de ce site.
Des propos qui se retrouvent dans la bouche de tous les participants. «Nous sommes las du chômage, de la corruption des politiques. C’est toujours pareil. Je suis sans travail et je ne vois pas comment je vais en avoir un bientôt. Il faut qu’ils sachent comment nous nous sentons, ce sont toujours les mêmes qui gagnent», confie Jordi Perez, un chômeur de 25 ans. «Je ne sais pas si tout cela servira à quelque chose, mais il faut au moins que les politiciens sachent que nous ne sommes pas idiots», assure Lidia Garcia, une consultante de 31 ans.
«Que les coupables paient pour la crise», «ils appellent cela démocratie, mais cela ne l’est pas», peut-on d’ailleurs lire sur les slogans et pancartes qui envahissent les rues. «Nos partis politiques sont une illusion, ils promettent et ne font rien, affirme Jorge Santiago, un employé de station-service de 29 ans. ».
Ce mouvement de protestation de masse marque un tournant en Espagne où, jusqu’à présent, la population a rarement manifesté contre le chômage, qui touche pourtant 21,19% de la population active au premier trimestre, un record dans les pays industrialisés. L’Espagne, avec autour de 4,2 millions de chômeurs, compte aujourd’hui le taux de sans emploi le plus élevé de toute l’Union européenne. Les jeunes en particulier, en sont les principales victimes. Chez les moins de 25 ans, ce taux s’envole à 45%.
Par ces actions, ces derniers espèrent mettre la pression sur les partis politiques alors que se profilent les élections municipales dimanche. Les mesures d’austérité devraient coûter très cher aux socialistes, annoncés par tous les sondages comme les grands perdants, face à la droite conservatrice du Parti Populaire, aux élections régionales et municipales de dimanche. Plus radicaux, les manifestants appellent la population à ne pas voter ni pour les socialistes (PSOE) ni pour le Parti populaire (PP, droite) lors du scrutin qui aura lieu dans 8116 communes et 13 régions. «Il faut aller voter mais pas forcément pour les grands partis, il y en a d’autres. Il faut arrêter de penser seulement au vote utile», conclut Lidia Garcia. (Le Figaro-19.05.2011.)
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**Une révolte en Europe est-elle possible?
*oui, selon Éric Toussaint….
–Interview réalisée le 19 avril 2011 par David Muratore[1] à Rosario (Argentine), la cité natale de Che Guevara.
Eric Toussaint qui était à Rosario invité par différentes organisations sociales (entre autre la section de Rosario de la Centrale des travailleurs argentins –CTA-) s’est entretenu sur la question de l’économie mondiale et celle de l’Amérique du Sud. Il a aussi affirmé qu’ « une rébellion populaire dans certains pays d’Europe est possible ».
Il a également anticiper l’augmentation des taux d’intérêt au Nord, susceptible de causer de graves problèmes aux économies dépendantes. Il a ainsi recommandé à l’Amérique du Sud « d’auditer la dette illégitime, de ne pas la payer et d’investir dans des sources de financement endogènes comme la Banque du Sud ».
Economiste et historien, son premier travail pendant 10 mois en 1972 a été celui de journaliste sportif où il commentait des matchs de foot pour un journal belge[2], cela bien qu’il ne soit pas footballeur et déteste le business qui entoure le monde du foot.
La crise économique et financière mondiale va durer entre 10 et 15 ans de plus La crise économique et financière mondiale va durer entre 10 et 15 ans de plus dans les pays industrialisés annonce-il dans une discussion avec l’équipe de Communication de la CTA de Rosario et avec le journaliste Alvaro Torriglia du quotidienLa Capital. Il explique que la situation est différente pour les pays du Sud « qui bénéficient d’une conjoncture favorable grâce au prix élevé des matières premières et de la situation de
la Chine comme locomotive de l’économie mondiale ». Un autre facteur – actuellement – favorable pour les pays du Sud est le faible taux d’intérêt dans les pays du premier monde « qui permet aux pays émergents de rembourser leurs dettes sans que cela n’affecte trop fortement leurs économies car ils paient un taux relativement bas, un taux soutenable. » Mais ceci dit, il donne le premier avertissement : « cette situation favorable résulte de deux facteurs qui sont étrangers à l’Amérique latine, à l’Afrique et à une grande partie de l’Asie. Premier facteur : les décisions des banques centrales du Nord de maintenir des taux d’intérêt faibles. Deuxième facteur : le boom économique chinois ». Mais cela, selon Eric Toussaint, ne change pas la situation qui a provoqué la crise internationale. « Les faibles taux d’intérêt appliqués aux Etats-Unis depuis 2008 et en Europe depuis 2009 ont permis aux entreprises qui étaient au bord de la faillite ainsi qu’aux entreprises qui détenaient des actifs toxiques de se refinancer ; cela a diminué l’impact de la crise mais avec l’injection massive de dollars et d’euros dans le secteur financier nous avons une énorme quantité de liquidités dont une grande partie va à des activités spéculatives liées aux matières premières, aliments et titres de la dette publique de pays européens comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Irlande. Les Banques centrales devraient logiquement augmenter leurs taux, ce qui diminuerait la formation de nouvelles bulles mais qui en même temps ferait éclater les bulles existantes, ce qui entraînerait de nouvelles faillites. De plus, une fois que le taux d’intérêt augmente, le coût du remboursement de la dette publique augmente et c’est en train de se produire puisqu’ il y a quelques jours la Banque centrale européenne a augmenté son taux, passant de 1% à 1,25%. Si la hausse des taux d’intérêt se confirme et prend des proportions importantes, cela va avoir une incidence négative importante sur les économies du Sud. » L’alternative du non paiement de la dette pour les pays de la périphérie de l’Europe Eric Toussaint envisage la possibilité d’une entrée en défaut de plusieurs pays européens. Il assure que « l’exemple argentin[3] est en discussion en Europe ». « La suspension du paiement de la dette publique est une possibilité certaine des pays comme
la Grèce, le Portugal, l’Irlande ou même l’Espagne ». Pour que cela ne soit pas considéré comme une exagération, il souligne que « c’est une discussion qui va de soi étant donné la difficulté de la situation et cette question apparaît dans le quotidien financier de référence qu’est le « Financial Times » et on la retrouve également dans le dernier numéro de « The Economist ». Face à cette situation, les mouvements sociaux comme le nôtre, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde www.cadtm.org soutenons la perspective du défaut ». Eric Toussaint propose la suspension de paiements, la réalisation d’audits – « à la différence de ce qui s’est passé en Argentine » –pour détecter la partie illégitime et forcer les détenteurs de bons à accepter des annulations ou des restructurations avec une réduction du stock de la dette.La poursuite des vieilles recettes néolibérales En dépit de cette discussion sur la sortie de crise par plusieurs pays européens à travers la cessation de paiements, les politiques mises en œuvre par les gouvernements sont les mêmes recettes néolibérales de toujours explique Eric Toussaint. Il en donne comme exemple « Ia poursuite des privatisations comme en Grèce, un petit pays où ils cherchent à imposer des privatisations pour plus de 50 milliards d’euros mais où les mobilisations sociales demeurent importantes». Il se rapproche ainsi de l’idée qui a donné le titre de cette interview « on ne peut écarter qu’il puisse y avoir un virage à un moment donné, virage résultant de l’augmentation de ces protestations » mais encore « je dirais que nous sommes face à une situation du type du gouvernement De la Rúa, Domingo Cavallo en Europe, mais en Argentine il s’est passé ce que l’on sait en décembre 2001. » Le gouvernement de centre gauche de Fernando de la Rua et son ministre de l’économie Domingo Cavallo (ex ministre de la dictature argentine) ont appliqué de fortes mesures néolibérales dans un contexte où l’Argentine était en récession depuis plus de deux ans. Cela a provoqué une très forte rébellion sociale en décembre 2001. Cela a entraîné la chute du gouvernement (le président s’est « enfui » du palais présidentiel en hélicoptère) et a amené le nouveau président (Rodriguez Saa) à décréter, fin décembre 2001, la suspension du remboursement de la dette et à faire d’importantes concessions au mouvement social dont les mobilisations ont été très fortes en 2002-2003.Eric Toussaint voit ce type de « virage » comme une possibilité dans certains pays comme l’Irlande, le Portugal ou la Grèce. Mais il précise ensuite : « cela peut également durer des années parce qu’il est clair que les gauches traditionnelles européennes poursuivent, lorsqu’elles parviennent au pouvoir, les recettes néolibérales, il en résulte donc la nécessité d’une crise dans ce type d’orientation, la crise des partis traditionnels de la gauche européenne pour qu’un changement se produise. Nous le voyons avec les gouvernements socialistes du Portugal et de Grèce. En Europe, il peut y avoir une rébellion populaire de la dimension du soulèvement argentin ou de ceux contre les dictatures d’Afrique du Nord. » A la question de savoir si il voit des conditions objectives pour les soulèvements populaires dans les pays de la périphérie de l’Europe (Grèce, Irlande ou Portugal), Toussaint a répondu de manière affirmative « Oui tout à fait ! ». Jusqu’alors, les protestations ont suivi leur voie traditionnelle « grèves générales sans débordements sauf en Islande où il y a eu une rébellion dans les rues ». En dépit du fait que l’Islande est un pays d’à peine 350.000 habitants, les protestations contre les responsables de la crise ont marqué l’histoire de ce pays « et les Islandais ont au cours de deux référendum rejeté le paiement de la dette externe de l’Islande »[4].Eric Toussaint continue par l’allusion aux soulèvements en Afrique du Nord qui pourrait également avoir des répercussions sur certains pays d’Europe les plus affectés par la crise. La proximité avec la zone méditerranéenne de l’Europe en particulier en ce qui concerne
la Grèce et l’Espagne et l’existence dans ces pays de travailleurs originaires de ces pays africains vient en appui de cette possibilité. Sans aller jusqu’à dire que ces travailleurs seraient le sujet de la rébellion européenne, il explique que dans une partie de l’opinion publique européenne surgit l’idée selon laquelle « si les peuples se sont opposés en Afrique du Nord à des gouvernements absolutistes et violents pourquoi ne pas s’opposer à des gouvernements comme ceux de l’Europe qui ne respectent pas la volonté populaire. » Eric Toussaint voit dans le vote en Europe un ras-le-bol qui se reflète dans la recherche d’alternatives y compris d’extrême droite. Il s’agit d’une démonstration supplémentaire du ras-le-bol de la politique économique menée par les partis traditionnels européens, tant de centre gauche que de centre droit. Evidemment là ou l’électorat vire à droite la rébellion semble s’éloigner. La Hongrie et la Finlande sont l’exemple de ce virage à droite. Vers la fin de l’Euro ? Le Centre et la Périphérie européenne « L’Euro est en crise et dans différents pays plusieurs secteurs de l’opinion proposent la sortie de cette monnaie, c’est en tout cas une discussion qui est ouverte » affirme Eric Toussaint.Il propose ensuite un agenda avec les thèmes les plus importants : le thème principal étant celui de la dette et des audits de la dette, la décision de poursuivre ou non les paiements et le second thème étant la sortie ou non de l’Euro de la part de pays comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande. Il explique que dans les pays de la périphérie de l’Europe, l’Union Européenne jouissait d’un grand crédit à fin des années 1970 et au début des années 1980 car elle symbolisait l’éloignement des expériences totalitaires de l’Espagne, du Portugal et de Grèce. Aujourd’hui ce contexte n’existe plus. Il y avait également un transfert de capitaux de l’Allemagne, la France et le Benelux vers ces pays, qui n’existe plus non plus aujourd’hui. « Nous avons plutôt maintenant une relation Centre/Périphérie au sein de l’Union Européenne, relation défavorable à la périphérie. » « Qui sont les détenteurs des titres de la dette grecque » se demande t-il avant de répondre : « les banquiers allemands et français à hauteur de 50%, ensuite des banquiers belges, hollandais et britanniques ; il en est de même avec les dettes de l’Espagne, du Portugal et de l’Irlande », ce qui a pour conséquence que les pays les plus pauvres d’Europe effectuent un transfert de ressources vers les pays du Centre de l’Europe. Cela génère un sentiment de mécontentement dans ces pays périphériques. Dans les médias allemands, et même européens en général, on essaie de présenter l’Allemagne comme venant en aide aux pays de la périphérie de l’Europe alors que ça n’est pas le cas, cette « aide » allemande revient au secteur privé financier allemand. Les pays du Sud et la dette Le problème en Amérique latine par exemple est que les gouvernements ne tiennent pas compte de comment peut évoluer la situation, ils considèrent que le paiement de la dette est soutenable du fait des faibles taux d’intérêt actuels et donc ne prennent aucune mesure ou pire s’endettent rapidement affirme Eric Toussaint même si ce n’est pas le cas pour l’Argentine où l’on n’assiste pas à une nouvelle vague d’endettement mais c’est le cas pour les pays dont l’entrée de devises est due fondamentalement au pétrole. « Il s’agit d’une absence de prise en compte de la situation qui est très grave puisque ce qu’il faudrait faire c’est profiter de la situation au cours de laquelle les réserves sont élevées pour faire deux choses : auditer la dette, identifier la partie illégitime et suspendre son paiement pour réduire de manière radicale le stock de la dette et accélérer le rythme de l’intégration régionale ».
La Banque du Sud, un objectif nécessaire « Les pays d’Amérique latine devraient lancer l’activité de
la Banque du Sud, activité à la fois nécessaire et viable, mettre une partie de leurs réserves dans cette banque et ainsi financer des projets régionaux sans demander des financements à
la Banque interaméricaine de développement (BID), à la Banque mondiale, au FMI ou aux marchés financiers ». Il lance ainsi l’avertissement suivant destiné aux gouvernements des pays émergents : « ils perdent un temps précieux et la situation peut se dégrader rapidement par manque de prévision, raison pour laquelle je souhaite alerter l’opinion publique des dangers qui ne sont pas immédiats. On ne peut pas prévoir le rythme d’augmentation des taux d’intérêt dans le Nord mais il est clair que la tendance actuelle est à l’augmentation des taux et cela va affecter les pays du Sud. »Eric Toussaint termine son café au bar du petit centre où nous avons réalisé l’interview ; il demande au chroniqueur de La Capitale le tirage de ce journal, ce qui permet au journaliste de lui raconter la tentative d’attaque contre les travailleurs (journalistes, imprimeurs,…) de la part des patrons de cette entreprise et la réponse d’abord des travailleurs puis du peuple de Rosario ensuite. « Et comment cela s’est-il terminé ? » a-t-il alors demandé. Le journaliste lui a alors répondu que les travailleurs avaient gagné et il a alors esquissé un sourire et dit « très bien », davantage pour lui que pour ses interlocuteurs.( Mondialisation.ca-24.04.2011.) Traduit par Virgine de Romanet, CADTM***********************
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