Pour une réforme de notre système politique

**Karim Tabbou : «L’Etat doit d’abord restituer la confiance au citoyen»

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Le pouvoir cherche juste à donner l’impression que les choses bougent. En fait, la mascarade, qui s’est déroulée à Alger, vise à gagner du temps.

Il n’y a aucune volonté de changement, parce que la révision des lois n’est pas en mesure de ramener les citoyens à la vie normale et assurer un changement radical», a déclaré le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, lors d’un meeting animé dans la localité de Draâ Ben Khedda, à 15 km à l’est de Tizi Ouzou. Devant une assistance nombreuse qui s’est déplacée à la salle El Hoggar, le numéro deux du parti de Hocine Aït Ahmed a expliqué qu’«à chaque fois que le pouvoir veut étouffer un problème, il crée une commission. Ce n’est pas avec ça qu’ils parviendront à convaincre les Algériens». Et de citer l’exemple de la commission d’enquête sur l’assassinat de Boudiaf, celle mise en place pour enquêter sur la fuite des sujets du bac à Sidi Bel Abbès et la commission parlementaire créée après les «élections frauduleuse» de 1997 ; «le rapport qui a été établi par cette dernière a été tout simplement volé à l’APN ; il a disparu».

Critiquant les consultations engagées par les pouvoirs publics, à travers la commission des réformes politique de Bensalah, le conférencier dira : «La méthode qui est utilisée dans ces concertations est un procédé policier.» «On ne convoque pas les gens, puis les écouter et transmettre à la fin un interrogatoire à qui de droit.» Ces rencontres, précise-t-il, «n’obéissent pas aux règles de la concertation à la base. D’autant plus, aucun climat de confiance n’a été installé, au préalable, vis-à-vis du citoyen, qui a vécu les mensonges et les supercheries d’un pouvoir aux exercices politiques qui poussent à la méfiance». Dans le même contexte, il s’est interrogé : «Quel est cet Algérien qui croit aux changements des lois ? Il existe déjà des lois. Mais ce sont toujours eux qui doivent les faire respecter et ceux qui les ont rédigés qui les violent en premier !» Sur le plan social, M. Tabbou a jugé de «graves» les propos tenus par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à l’encontre des grévistes du secteur de la santé qui prêtent, selon lui, à monter la population contre le personnel de la santé. Les mêmes responsables, en niant le caractère politique de la crise algérienne, «sont en train de réamorcer la bombe sociale avec des mesures à court terme et qu’on tente de régler à coups de milliards».(El Watan-26.06.2011.) 

 

 **Boudjemaa Ghechir :

« Seulement ceux qui portent allégeance au système disposent de droits »

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Des défenseurs des Droits de l’Homme ainsi que des académiciens participant à une rencontre sur la situation des droits de l’homme en Algérie, se sont accordés à dire que si les droits de l’homme ne sont pas garantis, il ne serait pas possible que la situation socio-économique du pays s’améliore. « On ne peut pas extraire du jus d’orange à partir d’un oignon », a affirmé le président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), Me Boudjemaa Ghechir, dans son intervention. Dans ce sens, Me Ghechir a exprimé son stupéfaction après avoir été invité par la direction des Scouts algériens, pour prendre part à cette conférence  « droits de l’homme, réalité et défis », ajoutant qu’il ne comprend pas la conduite d’une institution officielle qui invite un défenseur des droits de l’homme connu pour ses positions et ses critiques des droits de l’homme en Algérie. Selon M. Ghechir, les droits de l’homme sont tributaires du régime de gouvernance et du développement. « On ne peut pas faire du jus d’orange à partir d’une oignon », relève-t-il, soulignant que le système politique en Algérie ne reconnaît pas les droits. « Seulement ceux qui portent allégeance à ce système disposent de droits », a-t-il dis. Avant d’ajouter que le droit à la vie en Algérie signifie ne pas être tué et touché par une balle perdue, alors que les droits les plus élémentaires, comme la nourriture, le logement et la santé, sont bafoués. Commentant les réformes politiques évoquées par le président de la République dans son dernier discours, qui a déclaré que « nous sommes ni en France ni en Angleterre », le même interlocuteur a répondu ainsi : « oui, effectivement, mais nous demandons seulement une constitution égale à celle adoptée en Angleterre depuis plusieurs décennies ». (El Khabar-25.12.2011.)

 

 

**Louisa Hanoune et les réforles politiques en Algérie

 «Maintenant, avant qu’il ne soit trop tard…»

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Citant la Tunisie, l’Egypte et la Libye, Mme Hanoune a longuement insisté sur la nécessité de tirer des leçons des expériences des autres.

«Ou accepter le changement par des voies pacifiques ou faire face à la révolte populaire», ont averti hier, les invités du groupe parlementaire du Parti des travailleurs au siège de l’APN. Dans son allocution d’ouverture de la journée parlementaire, Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, a affirmé que «la réussite des consultations engagées par la commission Bensalah, commence par l’élargissement des consultations politiques, économiques avec l’ensemble des forces politiques et des personnalités capables d’engager l’avenir du pays sur la bonne voie». Le pouvoir a deux choix devant lui pour amorcer une nouvelle dynamique du changement politique dans le pays. Citant la Tunisie, l’Egypte, la Libye et d’autres pays qui n’arrivent toujours pas à assurer la stabilité et leur développement, Mme Hanoune a longuement insisté sur la nécessité de tirer des leçons et des expériences d’autres avant que ce ne soit trop tard. Le Parti des travailleurs a saisi l’opportunité de revenir sur les propositions qui ont été soumises à la commission nationale des consultations. Fidèle à sa position de donner la paroles aux étudiants et aux autres personnalités de la société civile, le Parti des travailleurs a rassemblé un nombres important de professeurs et de personnalités de différentes tendances politiques. dont le Professeur Mohand Arezki Ferrad.
Très pertinent dans son intervention, le professeur Boudjemaâ Guechir a parlé de l’obligation de rétablir la confiance entre le peuple et les pouvoirs et publics. «L’indépendance de la justice qui garantit les droits de chaque Algérien au-dessus de toute considération gouverneur/gouverné est fondamentale a estimé M.Guechir. Le peuple n’a pas participé à l’élaboration de la Constitution de 1989, ni d’ailleurs à d’autres Constitutions. Chaque gouvernement qui vient depuis l’ouverture démocratique a ficelé la Constitution en fonction de ses intérêts et du contexte, a regretté M.Guechir. Plus explicite, le professeur a plaidé ouvertement pour la nécessaire clarification du rapport de la religion avec la politique. «L’Etat utilise la religion dans l’article 2 de la Constitution pour sauvegarder le régime. De leur côté, les partis islamistes font de même pour accéder au pouvoir», a déploré le professeur Guechir. S’agissant de la question de l’ identité nationale, le même intervenant a déploré la négligence de l’identité du peuple algérien. «On ne cache pas le soleil avec un tamis. Même les stations régionales des radios locales, essaient de développer des idéologies au détriment de la réalité algérienne. Il faut avoir le courage de dire la vérité en face», dit-il. Par ailleurs, Louisa Hanoune animera un meeting le vendredi 1er juillet à la salle Atlas à 10h pour célébrer le 21e anniversaire de la création de son parti. (L’Expression-30.06.2011.)

 

**Laskri :

 « les artisans des putchs de 1962, de 1965 et  1999… ne peuvent pas instaurer la démocratie »

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Le Front des Forces Socialistes, FFS, a annoncé la création d’une commission nationale qui sera chargée d’évaluer la situation en Algérie et de mener un débat avec la base militante ainsi qu’avec les amis du parti, avant de trancher sur la participation du FFS aux prochaines législatives.

 

Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), M. Ali Laskri, a affirmé samedi que la participation de son parti aux prochaines élections législatives dépendait des résultats du débat en cours au sein du parti. M. Laskri, a indiqué qu’une commission a été mise en place et chargée de procéder à une évaluation globale de la situation politique en Algérie soulignant qu’à la lumière des résultats de cette évaluation le conseil national du FFS décidera de participer ou non aux prochaines législatives. S’agissant des réformes politiques, M. Laskri a estimé que « l’absence d’une volonté politique sincère compromettrait l’avenir de ces réformes » soulignant que son parti poursuivra le combat pour opérer « un changement qui consacre une véritable pratique démocratique ». Il a ajouté que le FFS n’avait pas participé aux consultations politiques car, a-t-il précisé, les personnes investies de la mission de mener ces consultations ne jouissent pas de l’indépendance nécessaire ». Laskri considère que les personnes qui gouvernent le pays n’ont pas changé depuis l’indépendance et « nous sommes convaincus que les auteurs et artisans des putchs de 1962, de 1965 et de 1999 ne peuvent nous conduire à la démocratie ». il a, également qualifié les réformes de Bouteflika d’échec et ne donnent aucun signe que l’Algérie se dirige vers la démocratie ou le changement. L’Algérien endure la répression et c’est pour cette raison qu’il se suicide et que les jeunes continuent à quitter clandestinement l’Algérie dans les barques de la mort.

Laskri n’a pas manqué de critiquer la déclaration du ministre des Affaires Etrangères, M. Mourad Medelci, qui a qualifié le peuple algérien d’Indigène, comme il a refusé de répondre aux déclarations de l’ex président de l’Algérie Ahmed Ben Bella. Il a, enfin, déclaré qu’Ait Ahmed est un militant connu pour son militantisme pour l’Algérie indépendante et pour l’Afrique du Nord. (El Khabar-25.12.2011.)

 

 

 

***Seule la démocratie mettra fin à la prédominance du militaire

L’histoire des rapports «conflictuels» entre le civil et le militaire est passée en revue. Le modérateur des débats,  le directeur d’El Watan, Omar Belhouchet, souligna le caractère «irrévérencieux» de la thématique. «En Algérie, dit-il, certains acteurs et observateurs de la scène politique ont émis, dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne,  le souhait de voir le rôle de l’armée codifié. Ils se sont inspirés en la matière de l’expérience turque». 

Les rapports entre le politique et le militaire sont-ils condamnés à être toujours négatifs, opposés ? Peuvent-ils être, dans certaine situation, positifs, complémentaires ? Il ne peut y avoir de réponse «absolue» ou «définitive» à ces questions, estime Abdelhamid Mehri , l’ancien secrétaire général du FLN et signataire du contrat de Rome en 1994.
Le 20 août 1956, le «centraliste» Abdelhamid Mehri était déjà membre de la délégation extérieure du FLN, établie au Caire. A l’issue du Congrès de la Soummam, il sera désigné membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) et siégera ensuite dans le Comité de coordination et d’exécution (CCE). «Primauté du politique sur le militaire», «l’intérieur sur l’extérieur» : deux principes cardinaux de la Révolution, entérinés à la Soummam, qui ne résisteront pas à l’épreuve du temps et des hommes… assoiffés de pouvoir. «Au Congrès de la Soummam, je n’y étais pas. Je n’avais aucune qualité pour y être. Mais pour ce qui est du principe de la primauté du politique sur le militaire, je suis ‘’pour’’ sans aucune réserve. Ce n’est pas le cas de l’autre principe, à savoir : la primauté de l’intérieur sur l’extérieur qui, à mon avis, visait à écarter certaines figures du mouvement national.» Le Caire, août 1957. La réunion du CNRA «abroge» ces deux principes fondateurs de la plateforme de la Soummam.

Dans son analyse, circonspecte et prudente, – qualifiée par certains débatteurs d’anecdotique –, Abdelhamid Mehri fait peu cas des luttes d’appareils au sein du FLN-ALN, de la guerre de leadership qui minait le commandement de la Révolution.
Si les principes énoncés par le Congrès de la Soummam avaient suscité autant de polémique et de divergence profonde, c’est d’abord la conséquence d’une «absence de débat», d’un manque d’ «information », « un  malentendu » né d’une « mauvaise interprétation » des énoncés de la Soummam. «Certains ont interprété le principe de la primauté du politique sur le militaire comme étant la prééminence des politiques sur les militaires.»

Une interprétation pourtant démentie, selon lui, par l’esprit et la lettre de l’ensemble des décisions du Congrès. «Les colonels, chefs des Wilayas instituées par le Congrès de la Soummam, étaient des commandants politico-militaires». Cette culture de la «double casquette» remonte à la création, en 1947, de l’organisation paramilitaire, l’Organisation secrète (OS), chargée de préparer la lutte armée. La genèse des rapports conflictuels entre politique et militaire, est «à situer» précisément à cette période, «bien avant la Soummam». «Les membres de l’OS, explique le conférencier, avaient une double formation militaire et politique très poussée et bien qu’on avai,t à l’époque, pris soin de cloisonner, de couper l’organisation paramilitaire de l’organisation politique, cela n’a pas empêché l’émergence d’oppositions qui ont éclaté après le démantèlement de l’organisation début des années 1950 et cristallisées à la veille du déclenchement de la lutte armée, le 1er Novembre 1954.» Mehri rappelle, à ce titre, que le «groupe de Six», les «déclencheurs» de la Révolution, «tous membres de l’OS», avait produit, en la proclamation du 1er Novembre, un texte «éminemment politique». Autre événement, sujet à «interprétation» erronée : la création de l’état-major général de l’Armée de libération nationale (ALN), en janvier 1960.
La décision de créer l’EMG et d’unifier le commandement de l’ALN, affirme Mehri, doit être «replacée dans son contexte historique». «Les décisions prises à cette époque constituaient les premiers jalons de l’Etat indépendant.

Elles ont été décidées pour répondre à un projet national. Bien sûr, à ce moment-là, on avait dit qu’on a créé l’état-major pour faire une place à Boumediène, pour contrer le GPRA dominé par les 3 B. Bien sûr, chaque décision prise à cette époque était interprétée par des gens qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez.» A propos de la conduite et la conclusion des Accords d’Evian, le conférencier mettra en évidence l’opposition frontale de l’EMG au GPRA. «L’EMG refusera de prendre part à la délégation, de signer les accords et remettra en cause ses dispositions.»
Il a fallu, toutefois, attendre le coup d’Etat du 19 juin 1965 pour voir les «militaires» propulsés au-devant de la scène. Boumediène, alors ministre de la Défense et auteur du coup d’Etat contre Ben Bella, s’arrogera la totalité des pouvoirs. Il les gardera jusqu’à sa mort en 1978. «S’il y a une leçon à tirer, soulignera Mehri, ce n’est pas que les politiques ont toujours raison et que les militaires ont toujours tort.
Entre les deux, il n’y pas de débat ni de dialogue. Et transposer le schéma de la guerre de Libération à aujourd’hui, nous amène forcément à commettre des erreurs.» Mehri citera, pour exemple, les réformes post-révolte d’Octobre 1988, proposées par Chadli : une nouvelle Constitution, une nouvelle Assemblée… «Ces réformes n’ont pas été suffisamment maturées. Et pour cause. Certains officiers supérieurs pensaient que le changement se bornait à changer de président de la République.» Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur !  (El Watan-26.06.2011.)

 

 

 

**Hugh Roberts : «L’armée est source de pouvoir en Algérie»

          ***Et qui sont derrière les milliardaires?  ***

 L’armée est source du pouvoir politique en Algérie. C’est le militaire qui donne mandat aux civils et non pas les citoyens. Tous les gouvernements successifs tiennent leurs mandats des militaires.

Un ministre doit sa nomination à un militaire et par voie de conséquence, il n’est pas comptable devant le peuple. Il n’a de compte à rendre qu’à celui à qui il doit sa nomination.» C’est l’analyse avancée par le politologue britannique, Hugh Roberts, du International Crisis Group, lors de son intervention, avant-hier, aux Débats d’El Watan.
Le pouvoir hégémonique de l’armée «empêche l’exercice politique», estime Hugh Roberts. Une situation qui résume l’antagonisme entre le pouvoir formel et fragile du civil face à celui informel prééminent du militaire. La problématique du rapport entre le politique et le militaire, qui trouve ses origines durant la guerre de Libération nationale, est incontestablement le trait marquant de la vie nationale. «Elle se pose de manière constante depuis l’indépendance de l’Algérie», estime M. Roberts. Si le congrès de la Soummam a tranché la question en affirmant la primauté du politique sur le militaire, le militaire l’emporte toujours sur le politique. Le théoricien du principe de primauté du politique sur le militaire, Abane Ramdane, en a fait les frais. «Son destin tragique est dû au manque de soutien, à son point de vue», soutient le politologue britannique. Cet état de fait est la conséquence de «la faiblesse des élites politiques par rapport aux militaires.

Il faut remonter à la fameuse réunion des colonels, lors de la crise du GPRA en 1958, où la faiblesse des forces politiques du GPRA a vu ces derniers obligés de faire appel aux militaires pour arbitrer une crise interne», analyse le directeur du bureau Afrique du Nord de l’International Crisis Group. Depuis, le destin de l’Algérie se trouve tributaire de ce conflit aux conséquences souvent dramatiques. «Tous les présidents (Ben Bella, Boumediène, Chadli) ont essayé de solutionner ce problème, mais toutes les tentatives se sont soldées par des échecs», souligne Hugh Roberts. Pour que les élites civiles puissent exercer leurs fonctions, devenues plus exigeantes, «il faut qu’elles ne souffrent plus de l’infériorité par rapport aux militaires», préconise le politologue britannique. «Les civils ont tendance, et ce, depuis l’indépendance de l’Algérie, à être cantonnés dans des rôles secondaires alors que les militaires jouent un rôle central», précise-t-il. D’où l’urgence d’en finir définitivement avec cet élément de mépris du militaire vis-à-vis du civil qui remonte jusqu’à la guerre de Libération.

Hugh Roberts estime que le rapport entre les deux groupes (politique–militaire), dans l’absolu, n’est pas fatalement conflictuel. «Il est urgent de renégocier la nature de ce rapport en le posant en fonction de la faiblesse des forces politiques, plutôt que de dénoncer le pouvoir exagéré des militaires», propose-t-il. Cette démarche permettrait, selon lui, de soulever le problème des institutions et du rôle qu’elles doivent censer jouer, et la question de la représentation politique que ses institutions devraient incarner.  Le directeur du bureau Afrique du Nord de l’International Crisis Group, Hugh Roberts, préconise de «doter les institutions de réels pouvoirs». Un vrai Parlement doit être l’acteur central da la vie politique. «Un vrai Parlement est capable de prendre les grandes décisions, aux lieu et place d’une existence symbolique de l’actuel Parlement qui a un rôle de légitimation des décisions prises ailleurs», recommande le conférencier. Il juge venu «le moment où les citoyens doivent donner le mandat au gouvernement. Pour ce faire, M. Roberts invite à une démarche créatrice qui consiste à renforcer les institutions pouvant permettre aux élites politiques d’être capables de prendre les grandes décisions. Le législateur doit tenir son pouvoir de la population et en finir avec le déséquilibre qui caractérise les pouvoirs, où l’Exécutif est surdéveloppé par rapport au législatif et le judiciaire fait office de pouvoir subordonné», exhorte Hugh Roberts. «Cela ne pourrait que renforcer l’Etat et améliorerait son rapport à la société», assure-t-il. 

Le choix de la légitimité démocratique

L’armée qui occupe une position hégémonique dans la vie politique nationale renvoie, par ailleurs, à la question de légitimité où la participation à la guerre de Libération a, depuis tout le temps, constitué l’argument central dans la justification de l’accaparement du pouvoir politique. «Les discours politiques restent préoccupés par cette question qui divise, alors qu’il est plus important de poser la question centrale qui consiste à dire comment gouverner les Algériens», reproche Hugh Roberts. «La proclamation de Bouteflika sur la fin de la légitimité révolutionnaire qui vient de la participation à la guerre de Libération était importante, mais quelle est la solution de rechange ?» s’interroge l’orateur. L’alternative réside dans la légitimité démocratique. «Il est impératif pour l’Algérie, en tant qu’Etat, de faire le choix de la légitimité démocratique aux lieu et place de courir le risque de chercher une légitimité internationale qui figure, de plus en plus, dans les discours des puissances occidentales», prévient le politologue en évoquant l’exemple égyptien d’avant la révolution où le fils du raïs, Gamal Moubarak, est allé chercher l’approbation chez les autres forces extérieures pour être intronisé président.

Il fait savoir que «les élites politiques se tournent vers des forces extérieures de légitimation et c’est valable aussi pour l’Algérie, d’où la nécessité de renégocier les rapports militaires-politiques». Pour lui, l’armée algérienne fait face à un choix stratégique. Elle doit faciliter l’avènement des forces politiques démocratiques réellement représentatives et laisser faire la volonté populaire à travers des élections sérieuses. «Il convient de ne pas fournir des prétextes aux puissances étrangères d’intervenir. Car dans le système international actuel, les puissances internationales s’arrogent le droit d’ingérence d’où la nécessité de faire le choix d’une légitimité nationale basée sur la démocratie», prône Hugh Roberts. Un Etat démocratique où seuls les citoyens donnent le mandat et le retirent à travers des élections réellement démocratiques, est la condition sine qua non pour rendre l’Etat à la société.  Le politologue Hugh Roberts, en fin connaisseur de l’Algérie, conclut son intervention sur une touche d’espoir, en estimant que le monde arabe «vit, en ce moment, la fin d’un cycle historique et  le début difficile de quelque chose». (El Watan-26.06.2011.)
 

* Hugh Roberts est directeur du bureau Afrique du Nord de l’International Crisis Group

**La nature oligarchique du régime algérien :

La nature oligarchique du régime a rendu difficile la contamination de l’Algérie par les révolutions arabes, analyse Hugh Roberts.
Les Tunisiens et les Egyptiens ont pu chasser Ben Ali et Moubarak du pouvoir parce qu’ils incarnent le pouvoir.
«La nature oligarchique du régime explique le fait que l’Algérie n’est pas contaminée par les révolutions arabes.»
Il ajoute aussi que «l’expérience tragique algérienne des années 1990 fait que le pays hésite à se lancer dans cette dynamique» qui s’empare du monde arabe.
M. Roberts propose de favoriser «la réflexion collective et nationale», trouvant «positif» le «débat engagé en ce moment à travers les consultations politiques».
Il ne manque pas de souligner également qu’une bonne partie des élites politiques au pouvoir «ne connaissent que l’auteur du Prince, Nicolas Machiavel, alors qu’il y a d’autres pensées politiques» dans lesquelles il faut puiser les bonnes idées.
Par ailleurs, le politologue britannique insiste sur le caractère non violent des mouvements tunisien et égyptien qui leur a donné une force morale.
 

**La violence est-elle au coeur de tout nationalisme ?

Hugh Roberts qui dit son penchant pour l’Etat-nation, «alors que les Britanniques ont du mal à comprendre les nationalismes des autres pays», pense que l’objectif de la guerre d’Algérie était d’ériger un Etat-nation souverain. «Il ne faut pas négliger le potentiel démocratique du projet national», répond le politologue à la question de savoir «si le rapport entre le politique et le militaire n’est pas déterminé par la violence qui est au cœur de tout nationalisme».

 

 

**Bouteflika promet à la Société Civile » un nouveau système de gouvernance »

 Abdelaziz Bouteflika multiplie les promesses et les annonces politiques. Mardi, à l’ouverture des premiers états généraux  de la société civile algérienne, il a transmis une lettre à l’ensemble des participants. Dans cette lettre, le premier magistrat du pays s’est engagé à « libérer la parole de la société civile dans l’ordre d’un nouveau système de gouvernance ». 

« Le président de la République m’a demandé de transmettre à l’ensemble  des participants son sentiment intime de soutien et d’écoute. Il entend, en  particulier, libérer la parole de la société civile dans l’ordre d’un nouveau  système de gouvernance pour dire que nous sommes dans une approche de la base  vers le sommet », a expliqué à ce sujet le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babes.  

Babès a ensuite assuré que les recommandations qui seront issues  de cette réunion de trois jours seraient soumises au président de la République.

Auparavant, le vice-président du Conseil  national économique et social (CNES), Mustapha Mekidèche a fait savoir sur les ondes de la radio nationale que ces premiers états généraux de la société civile n’ambitionnent pas d’arriver à un « compromis politique ».  »L’objectif de ces premiers états généraux de la société civile est  de restituer la parole aux associations et aux syndicats, reconnus, formels  ou non formels, et leur donner un espace de discussion, un espace de libération  de la parole », a-t-il encore relevé.     

« Le compromis politique n’est pas notre couloir. Ce n’est ni le lieu  ni l’endroit », tente-t-il de rassurer. Cependant, ce discours est loin convaincre tous les mouvements et acteurs de la Société Civile. Pour preuve, la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), le Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap), le Rassemblement action jeunesse (RAJ), l’Association Tharwa n’Fadhma n’Soumer, SOS disparus et le Syndicat autonome de l’éducation et de la formation (Satef), ont exprimé lundi leur désaccord avec la démarche initiée par Bouteflika et dirigée par le CNES. 

Dans ce contexte, ils ont refusé de participer aux ateliers de ces assises organisées au Palais des Nations à Alger arguant qu’il s’agit là  de  »rencontres‑alibis de salons » préparées par le régime afin d’absorber « la contestation pour contourner l’exigence de changement exprimée par la société », ont-ils souligné dans un communiqué rendu public lundi. (El Watan-14.06.2011.)

 

 

**Abdelhamid Mehri présente sa vision sur le projet politique.

 

 L’ancien patron du FLN refuse la marginalisation de toute partie de la société

L’ancien patron du FLN a insisté sur un consensus et refuse que la majorité impose sa position au détriment de la minorité.

Aucune réforme politique ne serait efficace sans l´association de toutes les forces politiques du pays. Tel est l´avis de l´ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri. S´expri-mant hier à la fin de l´audience avec la commission Bensalah, Mehri a été très clair dans sa vision sur le projet politique.
«Une réelle réforme qui touche aux institutions de l´Etat et à la méthode de fonctionnement a besoin d´une large consultation et d´une participation de toutes les forces politiques du pays sans exception», a-t-il déclaré en préambule. Pour lui, cette opération politique ne peut pas être gérée comme une affaire de l´Etat.
«Il est impératif d´organiser une conférence nationale et de faire associer toutes les forces politiques au projet pour en sortir avec un consensus», a-t-il précisé.
M.Mehri explique que c´est à travers ce consensus qu´un mémorandum qui définit la nature et les objectifs des réformes sera élaboré.
L´ancien patron du FLN refuse l´exclusion ou la marginalisation de toutes parties de la société. Il est même favorable pour l´association des islamistes à ce projet d´Etat. «Je ne suis pas d´accord avec ceux qui appellent à la violence et qui veulent instaurer un Etat théocratique, mais je suis contre le fait d´interdire à quelqu´un d´exprimer son avis sur les réformes politiques», a-t-il martelé devant la presse.
Et d´ajouter: «L´Algérie a besoin de tous ses enfants pour sortir de la crise». Pour lui, tout avis peut être utile. L´ancien patron du FLN insiste sur un consensus et refuse que la majorité impose sa position au détriment de la minorité.
Revenant sur la Constitution, M. Mehri reproche au régime actuel la non-application des lois. «Les pratiques actuelles sont loin des textes de lois», a-t-il relevé. En clair, le problème ne se pose pas dans les textes mais c´est l´application qui fait défaut. Un avis exprimé par plusieurs personnalités politiques passées par la même tribune, entre autres, l´ancien chef de gouvernement Ahmed Ghozali. Sur le travail de la commission, l´invité a émis une remarque de taille. M. Mehri pense que le recueil des avis sur la révision des textes et leur adaptation, une mission confiée à la commission de consultation, doit intervenir en dernière étape.
«Limiter les réformes en la révision des textes va les réduire et les vider de leurs sens», a-t-il précisé sans ambages. M. Mehri a confirmé qu´il est toujours en contact avec le leader du FFS, Hocine Aït Ahmed. «Oui, je suis régulièrement en contact avec Aït Ahmed», a-t-il affirmé en écartant toute prise de position commune sur ce sujet. ‘l’Expression-13.06.2011.)

   «Tout le monde a fait partie du système»

 Après avoir répondu présent à l´invitation de la Commission de consultations politiques, l´ex-secrétaire général de l´ex-parti unique, Abdelhamid Mehri passe à la critique. A ceux qui reprochent au système de vouloir gagner du temps à travers ces consultations, M.Mehri répond en reprochant au même système de vouloir, au contraire, perdre le temps et retarder les vraies réformes.
M.Mehri, qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, estime que la commission de Bensalah n´est pas le cadre idoine pour sortir le pays de la crise.
Il suggère l´organisation d´un débat national profond et général au titre d´une Conférence nationale où seront présentes toutes les forces vives de la nation, y compris les islamistes, pour aboutir à un consensus autour de la sortie de crise. Une Constituante?
L´invité de la radio ne répond ni par la positive ni par la négative. Il ne fait aucune proposition non plus sur la question. «Ça peut s´avérer nécessaire et ça dépendra de l´accord politique qui résulterait des consultations», s´est-il contenté de dire.
Remontant dans son argumentaire jusqu´à l´Indépendance du pays, l´ex-ambassadeur d´Algérie en France a estimé que le système en vigueur depuis l´Indépendance, n´est plus opérationnel. Selon lui, ce système ne peut pas répondre aux exigences de l´heure et celles à venir, d´où la nécessité de le changer.
Plaidant pour l´implication de tous dans le débat pour changer ce système, en faveur d´un autre plus démocratique, plus opérationnel et plus efficace, Mehri a surpris beaucoup de monde en déclarant que «tout le monde a fait partie du système même ceux qui avaient été silencieux». Il expliquera que la solution n´est pas dans la révision des textes, puisque les textes déjà existants ne sont pas appliqués. «Il y a une partie occulte (au pouvoir) qui est l´inverse des textes et des fois c´est cette partie qui gère et qui décide», a-t-il noté, sans préciser de quelle partie il parle.
Interrogé sur le rôle de l´armée, l´invité de la radio a soutenu que le problème de cette institution garante de la République doit se poser dans le cadre du dialogue national.
Etant d´actualité, la question du boycott par le président du FFS, Hocine Aït Ahmed de la Commission de consultations a été abordée par Mehri.
D´autant plus que depuis plusieurs années, l´ex-secrétaire général du FLN et le FFS sont devenue des alliés stratégiques.
Comment se fait-il donc que Aït Ahmed, qui a qualifié la Commission de «peu crédible», a décidé de la bouder alors que Mehri a répondu à l´appel?
Pour Mehri, la position d´Aït Ahmed, qui a soutenu sa lettre du 17 février au chef de l´Etat, «ne diminue en rien sa valeur», lui qui peut «donner beaucoup à l´Algérie».
Il ne s´agit, a-t-il expliqué, que d´une différence dans l´approche de chacun vis-à-vis de la Commission de consultations. «Je suis heureux de continuer de travailler avec lui même si on a des divergences», a-t-il martelé. Interrogé par l´animatrice de la radio sur une rencontre avec le chef de l´Etat après sa lettre, Mehri a répondu par la négative, ajoutant qu´il n´y a aucun projet dans ce sens.(L’Expression-14.06.2011.)

 

**Le régime « ne peut plus répondre aux exigences du présent et de l’avenir »

 Reçu dimanche par la commission Bensalah, Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du parti du Front de  libération nationale (FLN), est revenu lundi matin à la charge en demandant sur les ondes de la radio nationale un « changement du régime pour un autre  système plus démocratique, plus opérationnel et plus efficace, capable de résoudre  les problèmes de l’Algérie et de faire face aux défis d’avenir », a-t-il affirmé.  

Lors de l’émission  « l’invité de la rédaction » de la radio nationale francophone Chaîne III, Abdelhamid Mehri a relevé que le système  politique en place depuis l’indépendance « n’est plus opérationnel ».   »Le problème qui se pose, c’est que le système de gouvernement, en vigueur  depuis l’indépendance, n’est plus opérationnel, (car) il ne peut plus répondre  aux exigences du présent et de l’avenir », a-t-il analysé. 

Ce système « bâti et construit pour nous tous, y compris ceux qui étaient  silencieux, doit changer avec l’implication de tout le monde », a-t-il encore souligné en appelant à dépersonnaliser les « problèmes politiques » en Algérie car « il y a un système qui dépasse de loin les agissements et les  responsabilités d’une personne », fait-il remarquer. 

« On a beau changé les présidents en maintenant le même système », argue-t-il à ce propos en indiquant que la mise en place d’une constituante peut « s’avérer nécessaire » afin de conduire les réformes indispensables pour la réussite des consultations politiques.

 » 50 ans après l’indépendance, il est temps qu’on s’arrête pour travailler ensemble quelles ques soient nos divergences pour préseter aux Algériens un autre visage de l’Etat Algérien né de la révolution Algérienne », a fait savoir encore l’ancien ministre du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA), Abdelhamid Mehri.  (El Watan-13.06.2011.)

 

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**Les consultations sur les réformes politiques

*Aït Ahmed: Une opération de diversion

 

Dans une note adressée au parti, le président du FFS, Hocine Aït Ahmed met en alerte l’opinion publique sur «les opérations de diversion, de dépècement et du bradage du pays» qui s’effectuent à l’aune «d’une situation de crise nationale continue». «Comment peut-on choisir ce moment pour, dans l’opacité absolue, conclure un train d’accords commerciaux et financiers avec des partenaires étrangers ? Quelles sont les fonctions véritables assignées à l’Instance de consultations sur les réformes politiques ? Ne profite-t-on pas du contexte national et régional pour dépecer le pays ? ». Cette panoplie de questionnements émane du premier secrétaire du Front des Forces Socialistes (FFS), Karim Tabbou qui s’exprime, lors d’une conférence de presse, tenue hier à Alger, et à la faveur de laquelle le plus vieux parti de l’opposition à tenu à mettre en alerte l’opinion publique sur ce qu’il appelle « opérations de diversion », « de dépècement et du bradage du pays », qui s’effectuent actuellement en tapinois qui mettent en gage aussi bien l’avenir des générations futures que la souveraineté et la sécurité nationale. S’appuyant sur une note adressée au parti par le président, Hocine Aït Ahmed, le conférencier a indiqué que pour le FFS, le tsunami politique économique et social provoqué par la décennie de sang suivie par une décennie de prédation de grande ampleur ne pourra aucunement être corrigé par un simulacre de processus de réformes qui s’arcboute sur des propositions peu crédibles du chef de l’État. « La commission de consultation sur les réformes politiques n’a de mission que de faire gagner du temps, mais surtout, à faire diversion ». Des consultations qui, aux dires du premier secrétaire du FFS, « souffrent de discrédit qui ne peuvent pas être considérées comme un processus politique, mais juste une série de consultations qui jusqu’à présent, n’ont pas marqué d’une manière extraordinaire le citoyen et l’opinion publique de manière générale. Une mascarade. Sinon comment expliquer l’invitation du président de la Laddh, Mustapha Bouchachi, à y prendre part et au même moment lui interdire ses activités? Ils veulent tout geler et figer au moment où le monde et l’histoire se mettent à bouger ». Plus grave encore, selon la missive de Aït Ahmed, « la sécurité nationale, voire même, la souveraineté du pays peuvent être compromises, à l’aune de la conclusion d’une série d’accords commerciaux et financiers avec des partenaires étrangers dans une globale opacité », et ce, au moment où le pays vit sur le rythme d’une crise nationale. « Certes ce pays ne peut pas s’arrêter de vivre, mais de telles décisions qui ont été prises dans la précipitation et l’opacité, alors qu’elles engagent le destin de tout le pays, exigent un débat transparent, sérieux et un consensus de la Nation», a-t-il déploré. À cet égard, l’omerta et la politique de l’autruche n’est pas dans les coutumes du FFS qui se dit avoir des vérités à faire éclater au moment opportun. «Nous dirons la vérité, toute la vérité à l’opinion publique et nationale et en temps voulu. Nous proposerons les mesures nécessaires pour empêcher le bradage du pays», a-t-il fait savoir soulignant que «le problème de la gouvernance est en train de détruire les relations entre les institutions elles-mêmes, après avoir réussi à déstructurer les rapports entre état et citoyens et entre citoyens euxmêmes ». Ceci, avertit Aït Ahmed, «risque de faire muter la crise de gouvernance en crise d’État défaillant. Ce qui peut connecter l’Algérie de la manière la plus dangereuse qui soit sur la crise globale». Interrogé sur la décision de Abdelhamid Mehri de répondre favorablement à l’invitation de la commission Bensalah, Karim Tabbou fera savoir «qu’en dépit de la présence de convergences politiques importantes entre Aït Ahmed et ce dernier, sur le plan des démarches à suivre chacun est libre et autonome». Le premier secrétaire a, par ailleurs, refusé de répliquer sur les déclarations de l’ancien président de la République, Ahmed Ben Bella qui s’est attaqué violemment dans une interview à Hocine Aït Ahmed. Sur le plan organique, le FFS, sur la proposition de son président Aït Ahmed, a d é t e r m i n é quatre chantiers à ouvrir en priorité, à savoir les jeunes, les travailleurs, les femmes et la feuille de route d’étape de restructuration du parti. Afin de mener à bout ces chantiers qui ont pour mission « d’accélérer le processus d’ouverture sur la société et d’amorcer le processus d’évaluation, la direction du parti a opéré un réaménagement au sein du secrétariat national et a mis en place un cabinet conseil chargé du suivi et de l’orientation des élus locaux.  (Le Courrier d’Algérie-12.06.2011.)

 

***L’Algérie veut accueillir tous ses enfants, déclare l’ancien archevêque d’Alger

1L’ancien archevêque d’Alger, Mgr Henri Teissier, a indiqué lundi après-midi à Alger que son invitation par l’Instance de consultations sur les réformes politiques était un «signe que l’Algérie veut accueillir tous ses enfants».Dans une déclaration à la presse à l’issue de sa rencontre avec les membres de l’Instance de consultations, Mgr Teissier a « remercié l’Instance » de l’avoir invité, soulignant que cette « volonté » de l’insérer dans les consultations était «un signe que l’Algérie veut accueillir tous ses enfants, quelles que soient leurs croyances et cultures, dans la mesure où ils oeuvrent pour le bien commun du pays et de la région».«Notre majorité est formée de chrétiens étrangers (en Algérie), mais nous avons aussi des chrétiens algériens. C’est une question d’engagement ensemble, entre chrétiens et musulmans, pour le bien commun de l’Algérie et de toute la région», a affirmé Mgr Teissier qui a été convié en tant que personnalité nationale. «Nous ne sommes pas prêts à retourner à l’ère des rivalités, car nous sommes à l’époque de la cohabitation qui requiert entraide et compréhension, comme l’a fait et le fait encore l’Algérie à chaque occasion», a ajouté l’ancien archevêque d’Alger. (L’Expression-14.06.2011.)***La commission Bensalah a reçu, hier, l’ancien archevêque d’Alger, Mgr Henri Tessier, en sa qualité de personnalité nationale. L’invité du jour n’a pas dérogé à la règle qu’il s’est imposée depuis toujours : le très grand respect pour l’Algérie et les Algériens. Mais, pour lui, cette invitation de la part de la commission Bensalah “est le signe que l’Algérie veut accueillir tous ses enfants”.
Fidèle à son engagement de toujours, il dira : “Nous devons établir des relations fraternelles avec la population algérienne. En tant que minorité chrétienne, nous encourageons les valeurs de coexistence et de dialogue”, avant de préciser que “l’Algérie s’est engagée, depuis longtemps, dans cette voie”. Mgr Tessier a évoqué avec la commission “le grave problème social que représente le chômage de beaucoup de jeunes. J’ai aussi évoqué la question des pauvretés dont souffrent beaucoup de familles en zones rurales et dans les périphéries des grandes villes”. En ce qui concerne la révision de la Constitution, il a souligné, devant la commission, qu’“il s’agissait surtout de mettre en œuvre fidèlement les textes. Pour donner un exemple, j’ai pris l’article 41 de la Constitution de 1996 qui garantit aux citoyens la liberté d’expression, d’association et de réunion”.
J’ai souligné que, “par exemple, en ce qui concerne la liberté d’expression, elle avait été ouverte à partir de 1989 par le pluralisme, de la presse écrite, mais qu’elle restait encore à ouvrir pour les médias audiovisuels, soit en permettant une expression plurielle dans les médias de l’État, soit en autorisant le pluralisme des structures audiovisuelles. J’ai souligné ensuite que la liberté des associations était limitée par l’absence d’octroi d’un récépissé, ce qui laissait ces associations dans une situation précaire. J’ai parlé ensuite des entraves à la liberté de réunion”. L’ancien archevêque d’Alger a insisté sur les cas de non-application de l’actuelle Constitution.
“J’ai pris l’article 36 qui établit que la liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables.” J’ai donné des exemples des difficultés qui étaient les nôtres depuis la publication du décret du 28 février 2006 “fixant les conditions et les règles d’exercice des cultes autres que musulmans”. “J’ai donné quelques exemples des difficultés qui nous étaient faites depuis la publication de ce décret, en soulignant que ces difficultés pourraient même finir par mettre en péril l’avenir de notre existence dans la nation algérienne”. (Liberté-14.06.2011.)
 

*************************  ** Les oubliés de Bensalah L’équilibre est difficile à trouver pour Bensalah

Bensalah a clos ces rencontres en laissant un sentiment d’amertume chez les associations, les organisations et les personnalités qui n’ont pas été sollicitées pour émettre leur avis sur les réformes politiques.

 

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Les consultations politiques qui ont démarré il y a quelques semaines, s´achèvent hélas, sans le consentement de toutes les composantes de la société.
De nombreuses associations, organisations et personnalités ont soit, décliné l´invitation ou n´ont pas été sollicitées pour donner leur avis sur les réformes politiques.
Comédiens et sportifs ont bel et bien obtenu un ticket d´accès à la Présidence pour être reçus par Abdelkader Bensalah qui préside l´instance de consultations, mais celle-ci est loin d´avoir épuisé toutes les composantes de la société civile et de la société politique.
On peut citer à cet égard l´association des anciens condamnés à mort présidée par Mustapha Boudina qui s´interroge sur les raisons qui ont présidé à son exclusion des consultations. Les associations de zaouïas, les Hauts Commissariats à l´amazighité et à l´arabité sont aussi les grands oubliés de Bensalah.
En plus de Mustapha Boudina, il s´en est même trouvé des personnalités qui ont manifesté leur désaccord suite à leur mise à l´écart comme c´est le cas de Loth Bonatero qui préside une association dédiée à la recherche scientifique. Dans ce long chapelet de parties non invitées, on peut aussi citer les associations des personnes atteintes du sida ou de protection de l´environnement.
En somme, si toutes les associations devaient être invitées, la liste aurait été trop longue. Au tout début des consultations, il a aussi été relevé l´absence des représentants de la communauté algérienne à l´étranger. Presque tous les oubliés de la commission Bensalah ont par contre, été invités pendant trois jours aux Assises nationales de la société civile organisées récemment par le Conseil national économique et social. Mais cela n´est pas de nature à ôter à ces franges de la population, les raisons d´exprimer leur amertume.
Cette attitude de la commission Bensalah à leur égard pourrait même être assimilée à de la méfiance.
D´autres auraient vu, dans le cas où tout ce beau monde aurait été invité, une manière de diluer les questions politiques dans le social.
Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, l´avait exprimé sans ambages lors d´une émission à la télévision en s´insurgeant contre l´invitation de personnalités qui n´auraient pas, selon lui, un poids dans la société.
Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, est quant à lui, opposé à un grand show, à l´instar de la démarche adoptée par Sid-Ahmed Ghozali, ancien chef de gouvernement, au début des années 1990.
L´équilibre était difficile à trouver pour Bensalah. Il ne lui était accordé que peu de temps pour mettre en route les consultations et aucune préparation sérieuse n´était imprimée à cette initiative. Les invitations étaient lancées au jour le jour. Conséquence: des personnalités peu influentes ont été sondées et d´autres, à l´aura plus importante, n´ont pas eu la chance d´être écoutées, à leur grand regret. Mais peut-être qu´on n´a pas voulu entendre des voix trop discordantes. Ou bien pensait-on simplement que l´échantillon concerné, composé de personnalités de divers horizons, ayant été sollicité, était représentatif de la société et qu´il était superfétatoire d´en faire plus? Cependant, l´attitude de ceux qui n´ont pas eu l´opportunité d´exposer leurs points de vue tranche avec le camp qui a tout bonnement décliné l´offre. C´est dire que dans pareilles circonstances, il n´est pas facile de rallier l´opinion à une vision unitaire.
La diversité de la société est telle que les différends ne peuvent pas être aplanis dans ces consultations.
D´ailleurs, il est frappant de voir qu´au moment où des consultations avec des partis, des syndicats, des personnalités et des associations se tiennent dans des salons feutrés, la rue n´a pas cessé de gronder et les immolations de réapparaître.
Tout compte fait, la majorité silencieuse a-t-elle le droit de considérer qu´il faut plus que des consultations et des assises pour trouver des remèdes aux maux de la société? Election et amendement de la Constitution n´ont jamais été des recettes magiques pour réconcilier peuple et dirigeants. Mustapha Boudina pense que s´il avait été auditionné, il aurait exposé ses propositions sur la Constitution, la loi électorale, celle sur les partis ou encore sur les associations.
Que reste-t-il alors aux exclus pour faire passer leurs messages? Certains croient avoir trouvé des canaux appropriés. Mais sont-ils accessibles à tout le monde? (L’Expression-22.06.2011.)

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*L’Algérie face aux rendez-vous de l’Histoire  

**Le nécessaire changement

 

Le Président de la République a non seulement souligné l’importance et la gravité du problème mais signifié, également, l’urgente nécessité de renouveler les approches et les politiques vis-à-vis des jeunes.

L’Algérie doit impérativement sortir de sa bulle schizophrénique, du climat d’arrogance, de cooptation, d’opportunisme, d’incompétence et de comportements négativistes, sous peine de vivre encore des situations terribles et insoupçonnées. L’Algérie, sa jeunesse, les Algériennes et les Algériens, dans leur ensemble, excepté une infime minorité, ne peuvent continuer à subir leur enfermement dans un cycle infernal qui grève tout espoir de développement durable, d’épanouissement et de justice, en un mot, de se sentir citoyen d’un Etat de droit. En janvier 2008, dans un article publié dans le quotidien L’Expression nous avons insisté sur les risques «pour les prochaines années, d’une dynamique de tempête dans certaines régions du monde et prévu une période de mutations sans précédent au niveau de l’Ordre international. Concernant l’Algérie, nous avons précisé: «L’Algérie et sa jeunesse ne pourront rester étrangères à ces mutations et bouleversements… L’anxiété, le désarroi, le manque de perspectives conduisent souvent un grand nombre de jeunes au découragement et à la perte d’espoir, à la frustration et à la violence. La tentation d’échapper à leur souffrance, à leur écrasante et trop pénible quotidienneté, les conduit vers un comportement asocial, à l’utilisation de drogues ou, depuis quelque temps, à la tentation de fuir leur désespoir en côtoyant la mort «toutes voiles dehors».
Lorsque l’on se penche sur l’état de la jeunesse en Algérie, ces dernières années, ce qui retient l’attention, c’est l’absence, malgré la gravité de la situation, d’une stratégie concernant cette catégorie de la population pour, d’une part, appréhender sérieusement les problèmes liés à sa vie, ses comportements et ses aspirations et, d’autre part, l’associer plus directement à la réalisation des grands chantiers nationaux tant aux niveaux éducatif, culturel, économique que politique. La vulnérabilité de la jeunesse est, en partie, amplifiée par la position toute particulière qu’elle occupe au sein d’une société qui n’arrive pas à sortir d’une crise multidimensionnelle. Les jeunes sont au coeur d’enjeux politiques, de grands défis et de tensions sur lesquels ils n’ont, bien souvent, aucune prise. Une jeunesse désabusée dont la frustration est accentuée par l’influence quotidienne des nouveaux moyens de communication.
Ce sont les jeunes qui affrontent, peut-être, plus que tout autre groupe social, les bouleversements, les incertitudes et les risques générés par le processus de mondialisation économique et culturelle. Qui pourra prétendre à l’ère des SMS, de Facebook ou de Twitter, qu’il ne savait pas?
En soulignant devant les walis, en novembre 2006, que la jeunesse «met en jeu l’avenir de la nation tout entière et nous interpelle sur notre capacité à valoriser le potentiel d’espérance qu’elle incarne» et que «nous avons aujourd’hui besoin de renouveler notre regard sur la jeunesse, de modifier notre attitude à son égard et d’adopter de nouvelles approches et de nouvelles méthodes dans la prise en charge de ses attentes», le président de la République a non seulement souligné l’importance et la gravité du problème mais signifié, également, l’urgente nécessité de renouveler les approches et les politiques vis-à-vis des jeunes.
Le succès d’une opération aussi vitale pour le pays suppose, en premier lieu, la fin des habituelles actions conjoncturelles orchestrées par des apparatchiks dont la qualité première est de veiller, d’abord, non pas aux attentes de la jeunesse, mais au sens «des vents dominants».
Pour l’Algérie, la jeunesse est une richesse et une chance. Elle sera le levain des changements inéluctables et indispensables: qu’il faut souhaiter pacifiques. Comme nous l’avons souligné dans plusieurs articles, à vouloir ignorer la gravité du fossé actuel avec les forces vives de la nation, c’est opter, non pas pour l’avenir, le développement durable et le progrès, mais pour la stagnation et la résignation ponctuellement nourries par «une agit-prop» stérile, ayant pour fondements l’opportunisme, des valeurs désuètes et une authenticité «soporifique». Les Algériens ne peuvent continuer à supporter des discours éculés, des slogans périmés, infantilisants et démagogiques. Tous les scénaristes doivent prendre conscience des dégâts politiques, économiques, sociaux et culturels qu’un certain mode de gouvernance a infligés au pays et de l’urgente nécessité à mettre l’Algérie au diapason du troisième millénaire. Comment garder le silence face aux cycles de violences multiples, aux menaces extrêmes qui pèsent sur son avenir et à la balkanisation du champ politique?
Un militant historique et témoin de la Révolution, qui a occupé d’importantes responsabilités, durant la guerre de Libération et au lendemain de l’Indépendance, a récemment tenu à sonner l’alarme face aux dangers qui guettent l’Algérie. Si Abdelhamid Mehri a, en quelques phrases, mis le doigt sur les maux qui rongent le pays: «L’exclusion est devenue le trait dominant de la gestion politique et de la manière de traiter les divergences d’opinion…; Ces pratiques, qui ont contaminé même certains partis d’opposition, ont eu pour effet de pousser des milliers de militants à renoncer à l’action politique, de réduire la base sociale du régime et de réduire le cercle de décision à son sommet…Il s’est nourri également d’emprunts et d’adaptations qui n’ont pas été façonnées par le libre débat, ni affinées, durant leurs évolutions, par une évaluation objective qui a été le grand absent dans l’expérience du pouvoir en Algérie. Plutôt qu’une évaluation critique objective du régime politique, on a préféré les campagnes de glorification et de dénonciation taillées sur mesure pour des personnes et par l’attribution de couleurs à des décennies, de sorte à masquer la nature du régime, ses pratiques et sa vraie couleur qui ne change pas malgré le changement d’hommes. Les voix, qui revendiquent le changement de ce régime et qui sont soucieuses qu’il advienne dans un climat de paix et de libre débat, sont nombreuses. Les signes, qui alertent sur le caractère impératif d’un tel changement, sont visibles depuis des années. Ils se sont encore accumulés ces derniers mois d’une manière telle qu’il est impossible de les ignorer ou de reporter la réponse.»
Un demi-siècle après l’Indépendance et face aux rendez-vous historiques, il est désespérant de constater l’incapacité des forces politiques et sociales à se rencontrer, à dialoguer, à s’écouter… sans exclusive, ni invectives ou improvisation. Les professionnels de l’opportunisme, des débats biaisés et les apprentis sorciers aux ambitions masquées et démesurées, ne peuvent plus méconnaître la gravité de la situation et leur responsabilité devant l’Histoire et le Peuple algérien.
L’avenir de l’Algérie et les dangers qui la guettent imposent à toutes et à tous, sans exception, d’écouter la voix de la sagesse et de bannir la surenchère et les discours dilatoires. L’on ne peut, également, continuer à ignorer la désespérance ni à s’opposer impunément aux espoirs d’une jeunesse marginalisée et désabusée qui «étouffe» au sein d’une société marquée par une crise multidimensionnelle. Il est temps que le peuple algérien et sa jeunesse soient écoutés et associés concrètement et démocratiquement à la vie politique et au développement du pays.
Un régime démocratique en mesure de libérer les initiatives populaires dans le cadre d’une citoyenneté responsable et active évitera à l’Algérie, qui a tant souffert, des dérives aux conséquences extrêmement dangereuses.
Pour cela, il revient à toutes les Algériennes et à tous les Algériens de s’impliquer solidairement et pacifiquement pour transformer la peur, la méfiance, le népotisme, le régionalisme, le désespoir voire la haine en une nouvelle page de paix, de dignité, de solidarité, de citoyenneté, de justice et d’espoirs.
Loin de toute exclusion, exclusive ou intolérance, il revient à toutes les forces politiques et sociales de «bâtir» un véritable pacte républicain et d’impulser l’indispensable volonté politique qui doit porter ce choix patriotique: avant qu’il ne soit trop tard…pour bannir les brasiers! (L’Expression-23.02.2011.) 

 

*Le boycott de l’opposition décrédibilise les consultations politiques

 Les consultations politiques en cours risquent d’être réduites à un réajustement des équilibres internes des différentes factions du pouvoir sur le dos de la société et de ses revendications démocratiques.

Ala traditionnelle opposition, s’ajoutent des personnalités politiques, dont la quasi-totalité est issue pourtant des entrailles du régime et qui ont occupé de hautes fonctions au sommet de l’Etat. La démarche du pouvoir prônant des «consultations politiques» avec les différentes forces politiques et sociales représentatives semble promise à un échec certain. Si, toutefois, il est tenté de croire à une réelle volonté chez les décideurs d’opérer un changement à la mesure de celui revendiqué par la société. Il est difficile de ne pas voir dans l’initiative du pouvoir une volonté d’exclure l’opposition, quand bien même la démarche est parée d’intentions de rassemblement. L’opposition politique a toutes les raisons de douter de la conviction des décideurs d’engager le pays sur la voie démocratique, dès lors qu’aucune mesure permettant d’instaurer un climat de sérénité et de confiance n’est prise.

Les promesses d’ouverture des champs politique et médiatique sont vite contredites par une pratique politique caractérisée par la répression policière des mouvements sociaux et l’arrogance à l’égard de toutes les voix discordantes. Le régime et ses relais politiques s’installent dans une schizophrénie qui consiste à être le pouvoir et l’opposition à la fois. Il s’offre ses propres contradicteurs. C’est le pouvoir qui dialogue avec lui-même. Les propositions du général à la retraite, Khaled Nezzar, et celles de l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sont à ce titre emblématiques d’un dialogue auquel ne sont conviés que ceux ne remettant pas fondamentalement en cause la nature du pouvoir.
Tout le monde sait que le pouvoir lui-même est loin d’être uniforme. Les consultations politiques en cours risquent d’être réduites à un réajustement des équilibres internes des différentes factions du pouvoir sur le dos de la société et de ses revendications démocratiques. Le pouvoir impose la démarche, fixe les conditions et décide d’avance des objectifs à atteindre. De ce fait, il y a peu de crédit à voir aboutir ces consultations étriquées, dont les acteurs semblent ne représenter que des forces de l’ombre loin de tout ancrage dans la société. Pour Abdeslam Ali Rachedi, un des initiateurs du «manifeste pour des droits et des libertés», ces consultations politiques «ne sont qu’un leurre destiné à gagner du temps et à tenter de convaincre la communauté internationale que le régime est sur la voie de la démocratisation. Le pouvoir est de mauvaise foi, car il sait très bien que le changement passe par des révisions déchirantes. Le changement ne nécessite pas de nouveaux textes, comme il tente de le faire croire, mais l’abrogation des dispositions liberticides sur lesquelles repose le pouvoir ainsi que le changement des pratiques politiques qui ne pourra se concrétiser que par le départ de l’ensemble des dirigeants et de leurs sous-traitants».

Cependant, il serait naïf de croire qu’un régime, de surcroît autoritaire, pourrait céder une parcelle de son pouvoir ou courir le risque de sa disparition sans que les forces politiques d’opposition ne créent les conditions nécessaires à la décadence de ce régime politique putride et de permettre ainsi l’avènement d’une ère nouvelle. C’est là tout le défi que doit relever l’opposition politique. Mais, force est de constater que l’opposition est minée par des tiraillements qui rendent difficile toute tentative de s’organiser autour d’un contrat politique pour le changement. Certes, la vie politique est plombée par le fait d’un pouvoir hostile, mais ça ne saurait cacher les limites des forces politiques qui n’arrivent toujours pas à se défaire «des rancœurs du passé».

La société a eu à constater cet état de fait à l’occasion des évènements de janvier dernier. De nombreuses initiatives politiques ont butté sur des clivages pourtant surmontables. La CNCD n’a pas fait long feu et le congrès de l’opposition auquel a appelé Djamel Zenati ne semble pas emballer l’opposition. «La mobilisation par le bas qui doit rencontrer l’expression d’une disponibilité par le haut» qu’a préconisée M. Zenati n’est pas pour l’heure et ce n’est sans doute pas de la responsabilité exclusive du pouvoir. Il est cependant de la responsabilité historique de l’opposition de se hisser à la hauteur des enjeux et créer un rapport de forces dans la société capable de changer le régime sans passer par des consultations. (ElWatan-05/06/2011
 

*Ahmed Rouadjia : «Les consultations visent à perpétuer fallacieusement le régime»

- Le pouvoir a engagé des «consultations en vue d’une réforme politique», mais de nombreux acteurs politiques doutent de la sincérité de la démarche. Selon vous, quel est l’objectif qui fait courir le pouvoir ?
C’est la peur des incertitudes qui fait chanceler désormais la confiance habituelle du pouvoir. En un mot, c’est l’ébranlement de cette confiance de maintenir solidement et indéfiniment les rênes du pouvoir ainsi que la manne pétrolière en sus entre ses mains, qui l’a incité à orchestrer cette consultation aux allures d’une véritable mascarade. Les régimes tunisien et égyptien qui viennent de s’écrouler comme un château de cartes, y sont pour beaucoup dans l’affolement et la panique qui se sont emparés des «décideurs politiques» qui ne savent que dire ni que faire que d’en appeler à «la consultation» dont l’unique but, semble-t-il, n’est pas de se résigner au changement radical de l’ordre politique et social, changement ardemment souhaité, mais pour reconduire en le perpétuant sous une forme fallacieuse le régime actuel. Les soulèvements en masse en Libye, au Yémen, en Syrie et au Maroc expliquent en grande partie les raisons de cette «consultation» en trompe-l’œil, et ses motifs sous-jacents. Sauver par tous les moyens licites ou illicites la «peau du régime», rien que le régime crispé, constipé et raidi dans ses imbéciles «vérités et certitudes», quitte à sacrifier le pays sur l’autel de l’instabilité, de l’anarchie et du chaos, tel est l’objectif premier visé par cette consultation imaginée à la hâte.
- Des partis de l’opposition et de nombreuses personnalités nationales ont rejeté la démarche du pouvoir, mais ce «front de refus» reste éparpillé. L’opposition refuse le dialogue même en son sein. Pourquoi ?
Qu’elle soit fabriquée de toutes pièces par le pouvoir en guise de façade «démocratique» à l’usage du monde extérieur, qui n’est d’ailleurs ni dupe ni sot pour croire en de telles balivernes, ou qu’elle soit plus ou moins «indépendante», cette opposition s’avère être à l’examen des faits une coquille vide, une substance neutre au sens négatif du mot. Car elle se complaît autant dans la critique que dans l’approfondissement de ses propres divisions internes et de défense au nom des «identités» politiques propres à chacune de ses composantes constitutives. Le RCD contre le FFS, et celui-ci ne partage pas les valeurs portées par son concurrent le RCD. Ils se tournent mutuellement le dos et se dénigrent au lieu de dialoguer et de débattre. C’est que la culture du dialogue, de l’écoute, du respect de la différence et de l’identité de l’autre ne trouve pas de prise chez ces partis qui demeurent tributaires de l’idée patriarcale de l’autorité, toute chose qu’ils reprochent au pouvoir, mais qu’ils reproduisent et appliquent eux-mêmes sans état d’âme dans la sphère de leur activité publique. Tel est le drame ou l’aporie dans lesquels se trouve confrontée cette opposition face au pouvoir. Restent les personnalités politiques opposées à l’inertie du pouvoir. Celles-ci comprennent d’anciens politiques démissionnaires ou congédiés poliment par le pouvoir, puis des «intellectuels» non «organiques» qui tentent chacun à sa façon, et souvent dans un ordre dispersé, d’insuffler du courage à toutes les âmes qui brûlent du feu du changement radical du système politique et social. Ces intellectuels «inorganiques» sont atomisés ou dispersés. Leurs actions ne sont ni reliés entre elles ni concertées pour aboutir à l’élaboration d’une stratégie commune susceptible de jouer un rôle de substitution aux partis politiques sclérosés.
- La société gronde de partout sans que la classe politique ne lui ouvre des perspectives à un mouvement social qui réclame un changement de régime, va-t-on assister à une éruption violente ?
Cette irruption violente est inévitable. Ce n’est pas «l’opposition» qui la provoquera, mais ce sera le fait du pouvoir lui-même. Il la suscitera par son refus obstiné d’admettre que les temps et les hommes ont changé, et que l’environnement régional et international ne sont plus ceux des décennies écoulées, mais ceux du présent fait d’ébullition d’idées, de moyens de communication formidables et d’images satellitaires qui diffusent des informations instantanées à travers les quatre coins du globe. Ils captent aussi les effets des soubresauts politiques dans le monde. La démographie algérienne elle-même a changé de manière qualitative par rapport aux générations vieillissantes, et dont la docilité leur faisait accepter l’inacceptable. Aujourd’hui, la jeunesse n’accepte plus de courber l’échine. Elle relève la tête, sans crainte d’affronter, les épaules nues, les dangers qui pourraient poindre. Par son entêtement, son autisme congénital, ses certitudes absolues de détenir la raison, la vérité et la «force des armes» pour se prémunir des dangers qui le guettent et qui guettent la société tout entière, ce régime favorise tous les ingrédients de la violence. Il est producteur de violence. Il y a quantité de signes avant-coureurs qui annoncent, chez nous, la tempête, et qui sera bien plus violente et meurtrière que celle qui a frappé avec la soudaineté de l’éclair la Tunisie et l’Egypte.(El Watan-05/06/2011

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Elle plaide pour un projet de société moderne

La LADH rejoint le camp de la Constituante

Reçus hier par la commission Bensalah, les membres de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) ont plaidé pour un projet de société moderne et démocratique et une sortie de crise à travers des mesures pour le moins audacieuses, en rupture avec les pratiques actuelles.

 

 

La couleur est annoncée dans le préambule d’un document intitulé «Plateforme pour un changement démocratique pacifique», dans lequel les rédacteurs se disent convaincus que le mal de notre pays ne réside ni dans la Constitution ni dans les lois que le président de la République veut changer. «L’Algérie est malade de son système politique, enchaîné par ses gouvernants», écrivent les quatre juristes consultés par la commission. Dans son approche, la LADH considère que la révision des lois, avant l’adoption d’une nouvelle Constitution, risque de porter atteinte aux acquis et aux principes même de la Constitution et aux normes universellement admises. Face à un état des lieux dépeint par les membres de la LADH comme un tableau noir, «le pouvoir est en décalage par rapport à la réalité sur le terrain et ne semble pas avoir suffisamment saisi le besoin pressant de changement», lit-on encore. Pour la LADH, un changement démocratique réussi passe nécessairement par le désarmement des esprits et la conciliation de l’Etat avec la société d’abord et,  ensuite, par la restitution de la souveraineté au peuple.
Le premier préalable est conditionné par l’ouverture d’un débat national axé sur les perspectives d’avenir, la dissolution de l’Alliance présidentielle (dont la création, estime la Ligue, a constitué un autre facteur de dysfonctionnement du système politique et un blocage au processus de démocratisation dans notre pays), le retrait effectif de l’armée du champ politique, la traduction en justice des auteurs présumés des violations et abus des droits de l’homme, ainsi que les dirigeants cupides et véreux. Le document propose aussi de revoir la place de la femme dans la société en lui permettant une participation effective au processus décisionnel, tout en interdisant dans les lois le recours inapproprié à la religion et les pratiques traditionnelles comme prétextes pour commettre des violations massives et flagrantes contre les femmes. L’organisation de maître Boudjemaâ Ghechir avertit aussi sur les effets toujours menaçants d’une réconciliation mal assumée : «Si l’on veut éviter que notre avenir ne connaisse la barbarie qui a marqué notre passé proche, pour qu’à l’horreur du terrorisme ne s’ajoute pas l’impunité (…), il faut traduire les criminels en justice», lit-on à ce sujet.
Le second préalable, rendre la souveraineté au peuple, passe, selon la Ligue, par la création d’une Assemblée constituante. «Seule une Assemblée constituante réellement représentative du peuple algérien, dont les membres seront élus au suffrage universel, a la légitimité pour répondre à la grave crise politique actuelle», soutiennent encore les animateurs de la Ligue. Me Ghechir a affirmé, hier à El Watan, qu’en réaction à cette proposition, Abdelkader Bensalah a fait comprendre que le président de la République n’était pas contre cette option qui, par contre, pourrait être envisagée sous une autre appellation. Par ailleurs, des réformes constitutionnelles, institutionnelles ainsi que la redéfinition des fondements culturels de la société algérienne sont nécessaires pour mener à bien cette entreprise. Entre autres, la plateforme propose de revoir la relation entre la religion et la politique, jusque-là ambiguë et source de problèmes politiques.Comme solution aussi, la Ligue propose un découpage administratif du territoire en grandes régions, estimant que «la décentralisation tire sa justification des carences de l’action étatique et des difficultés que connaît le pouvoir central dans sa démarche pour assurer une bonne couverture du territoire national et répondre aux besoins exprimés par la population».(ElWatan-05/06/2011   

 

**La République des plantons

Daho Ould Kablia en avait donc gros sur le coeur qui fulmina contre une administration et surtout une «République des plantons» dont il ne sait plus par quel bout les prendre. Mais, mon bon Monsieur, n´y voyez là aucune offense, l´Administration est à l´image de ses administrateurs. C´est évidemment Vous, premier concerné en tant que représentant de l´Exécutif, en second lieu ce sont les walis, les chefs de daïra, les maires qui reçoivent leurs orientations et autre «feuille de route» de vos services. Si une administration de l´Etat ne fonctionne pas comme il se devait, c´est que, quelque part, il y a dysfonctionnement tant par l´inobservance des directives données par vos services, par zèle sinon par incompétence, ou, ce qui est plus vraisemblable, par la bureaucratie de fonctionnaires chargés de veiller à la bonne marche des affaires des administrations. Il est dès lors vain de s´en prendre aux plantons dont, on ne vous apprendra rien, l´une des fonctions est justement d´écarter les importuns de la route des «Hauts commis» sur strictes consignes des walis, chefs de daïra et autres maires. Il ne vous échappe pas que ces «Hauts commis» de l´Etat sont plus difficiles à approcher que ne l´est le ministre de l´Intérieur que vous êtes, le Premier ministre ou même le chef de l´Etat. De fait, il suffit de parcourir le courrier des lecteurs de la presse nationale pour constater que les Algériens, dans l´impossibilité d´avoir accès à ces «Hauts commis» – dont la raison d´être est évidemment d´être à l´écoute des citoyens – s´en remettent au chef de l´Etat pour trouver une issue à leurs problèmes, problèmes qu´un simple agent d´APC, de daïra, de wilaya devait, aurait dû solutionner. Cela dit, on est absolument d´accord avec vous sur le fait que les «plantons» font effectivement la loi. Il faut bien le relever cependant, ils disposent d´un pouvoir que l´administrateur (wali, chef de daïra, maire) leur a délégué. Il faut donc admettre que ce pouvoir, ils le détiennent d´abord de ceux-là qui ne veulent pas avoir de rapports directs avec leurs administrés. Il faut donc reconnaître que, de ce point de vue, les «plantons» font leur «boulot» avec une redoutable efficacité qu´on aurait aimé qu´elle soit celle du maire, du chef de daïra et du wali. Il est patent que l´on compatit avec le ministre de l´Intérieur et des Collectivités locales qui ne cache pas qu´il «en a marre de la République des plantons». Mais, à qui la faute? Après tout, c´est bien l´Administration qui a donné au «bouwab» ce pouvoir en faisant de l´agent communal un personnage incontournable et seul interlocuteur (approchable) des citoyens. Il faut passer par lui pour avoir audience avec l´inaccessible patron des lieux. Ce sont donc bien les plantons qui détiennent la clé de ce phénomène que l´on nomme «bureaucratie». Aussi, vous ne pouvez savoir combien vous êtes dans le vrai en pestant contre des agents (cette République des plantons) qui, au demeurant, ne font que le travail (trop bien) qui leur a été assigné. Or, le remède existe: il suffit de changer les instructions et orientations (nous allions écrire de changer leur programmation) qui les font agir. C´est aussi simple que ça! La bureaucratie qui a figé l´Administration algérienne, qui a transformé toute demande de documents, en un véritable parcours du combattant n´est pas une fatalité. Il suffit que les notions d´intérêt public reprennent leur sens premier, que les édiles et autres walis rétablissent les passerelles rompues avec les citoyens. Il s´agit en l´occurrence d´efficacité administrative, d´autant que le maire et le chef de daïra, par leur proximité avec la population, sont les plus à même de traiter les affaires de la commune et de la daïra que ne peut le faire un ministre qui n´aura jamais la légitimité dont jouit, ou doit jouir, un maire auprès de ses administrés. Encore faut-il supprimer ces barrières que sont les plantons qui neutralisent l´administration. (L’Expression-05/06/2011******************** ** pour une réforme de notre système politique*La République algérienne démocratique et populaire (RADP) a connu autant de Constitutions que de Présidents. Tous illégitimes et quasiment tous ayant accouché d’une Constitution.

Tous ont essayé d’apprendre la coiffure sur nos têtes d’orphelins. Nos princes ont fait leur principe premier de ce proverbe de chez nous. Une donnée majeure et permanente : l’emprise du chef de l’Etat sur toutes les institutions, titulaire d’impressionnants pouvoirs, alors qu’il a été promis au pays un Etat sérieux et régi par une morale (proclamation du 19 juin 1965) ; en fait, nous avons eu droit à une triple dépendance, technologique, alimentaire et culturelle.La Constitution et le président Ben Bella, civil appuyé par le FLN (alors parti unique) et la direction de l’Armée, a essayé le monocratisme partisan et l’autogestion pour quelques mois, sans lendemain. Il fut déposé par un coup de force, un certain 19 juin 1965, à raison du culte de la personnalité.

De la prétention à la légitimité du pouvoir à l’institutionnalisation d’un pouvoir central avec, comme bras séculier, l’Armée instrumentalisée et l’Administration hypertrophiée par la bureaucratie, de la stratégie de développement industrialiste à l’endettement excessif et la triple dépendance sus-évoquée ; il se caractérise à tout le moins par son autoritarisme.
La Constitution de 1963, plutôt qu’un texte supra-légal organisant les pouvoirs publics, reflétait davantage une volonté politique dont la philosophie d’angle fut l’autogestion. L’institutionnalisation du parti unique (monocratisme partisan) et la personnalisation du pouvoir ont eu raison du projet de société véhiculé par ce texte dont les dispositions essentielles furent arrêtées par le B. P. du FLN d’alors et confirmées par une conférence des cadres du parti, faisant ainsi un pied de nez à l’Assemblée nationale constituante pourtant titulaire de la mission d’élaboration de ce texte.

La Constitution de 1976 et le président Houari

Boumediène, colonel à la tête d’un Conseil de la Révolution qui a tenté le socialisme spécifique ayant abouti à un capitalisme d’Etat périphérique. Une forme de bonapartisme militaro-bureaucratique qui a verrouillé tout droit à l’expression à l’opposition dont certaines têtes notoires, figures de proue du nationalisme algérien, furent retrouvées inertes sur leurs lits de sommeil à l’étranger. Au plan politique, des officiers supérieurs occupent (ont occupé) depuis des postes importants : président de la République, ministres, walis, PDG de sociétés nationales… La même situation a été suscitée dans l’Egypte du temps de Nasser dont nous continuons de cultiver le complexe. Le texte fondamental de 1976 fait pourtant de l’armée «le bouclier de la révolution» et participant, à ce titre, «au développement du pays et à l’édification du socialisme». Désormais, sa seule mission est donc la défense nationale. Elle ne manqua pas, toutefois, d’assurer à plusieurs reprises une mission de sauvegarde de l’ordre public, tâche classique dévolue aux services de police  (cf. octobre 88).

La Constitution de 1989 et le président Chadli

Bendjedid, colonel successeur à la présidence et candidat unique du FLN élu à plus de 99% des voix ; ce primus inter pares a mis en place une forme de multipartisme ayant abouti in fine à un système de parti dominant et à un libéralisme débridé ayant contribué à la constitution de fortunes diverses (financière, immobilière et foncière). Nonobstant l’abolition de l’autorisation de sortie et l’importation des bananes, son règne se termina par une destitution présentée comme une démission en live. Parmi les points nouveaux, dans ladite loi, figurent la consécration du principe de la séparation du pouvoir, d’une part, et l’absence de référence à l’option socialiste, d’autre part.

Pour mémoire, la Constitution de 1976 organisait le pouvoir en six fonctions : politique, exécutive, législative, judiciaire, constituante et de contrôle. L’Algérie de 1989 devait s’acheminer vers une nouvelle logique politique : la construction d’un Etat qui reconnaît le caractère pluraliste de la société. En effet, l’article 40 de la Constitution 1989, en son alinéa 1er, stipule que «le droit de créer des associations à caractère politique est reconnu» avec pour corollaire l’économie du marché en Algérie, s’inscrivant ainsi en faux par rapport à l’unanimisme en vogue jusque-là et à l’économie dirigée par une techno-bureaucratie. En effet, l’article 1er de la même Constitution ne fait plus référence au socialisme, quoique l’article 8 fait état de «la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme». l’Armée nationale populaire (ANP) n’est plus associée au projet de développement économique algérien. Elle se trouverait donc cantonnée, à la lettre constitutionnelle, à une mission de «sauvegarde de l’indépendance nationale» et de «défense de la souveraineté nationale».

Cette Constitution consacre un chapitre aux droits et libertés pour parler de «Droits de l’homme et du citoyen». De la même manière, l’article 53 prévoit la création d’un Conseil constitutionnel chargé de veiller au respect de la Constitution, tandis que l’article 129 stipule que «le pouvoir judiciaire est indépendant». S’agissant du président de la République – rééligible -, l’article 71 indique que «la durée du mandat présidentiel est de cinq ans». Toutefois, cette disposition constitutionnelle a fait l’impasse sur le nombre de mandats à assumer par celui-ci, d’une part, et du nombre des candidatures à la présidence de la République, d’autre part.

En effet, la logique de l’ouverture du système politique vers le multipartisme alors devait déboucher sur la résolution de ces deux questions. La pratique politique n’a pas suivi cette volonté affichée du constituant algérien. Il est à noter que l’article 85, en son alinéa 2, prévoit la possibilité pour le chef du gouvernement d’être candidat à la présidence de la République, alors même que cette faculté n’est pas ouverte au président de l’Assemblée nationale (article 84, alinéa 7).

Ainsi, il apparaît bien que le président de la République est bien le centre du pouvoir, comme il le fut dans le cadre de la Constitution de 1976. Premier magistrat du pays, il nomme et démet le chef du gouvernement (article 111) qui est responsable devant lui (article 115) ; il légifère concurremment au Parlement par voie d’ordonnances pendant les périodes d’intersessions de l’Assemblée. La confusion des pouvoirs était alors à son comble ; le président de la République est le secrétaire général du parti unique et ministre de la Défense nationale, où il lui est loisible de placer ses hommes aux postes de commande et, notamment, l’affectation de ses partisans aux postes importants de l’ANP (à la tête des Régions militaires) et la mise à la retraite de certains officiers gênants, le rattachement de la sécurité militaire à la Présidence et le remplacement au gouvernement des «politiques» par des technocrates lors de différents remaniements ministériels. Un véritable Etat d’exception.

Sans rupture déterminante, la Constitution de 1995 a eu tout de même le mérite de consacrer sur le texte l’alternance au pouvoir par la limitation des mandats présidentiels (deux quinquennats suffisent). En ce sens, l’Histoire devra gré au président Liamine Zeroual d’avoir tenté d’inscrire ce principe essentiel à la démocratie.  La Constitution de 2008, tout en confirmant le président de la République dans ses impressionnants pouvoirs, a effacé d’un trait de plume ce principe.   

Stratocratie et cercle des décideurs

La stratocratie semble être la définition qui convient le mieux pour qualifier le système politique algérien car dominé par l’armée et les «Services» et, dans une moindre mesure, comme une oligarchie dès lors qu’on a affaire à un pouvoir politique fondé sur la prééminence de quelques personnes (le cercle des décideurs).

Depuis 1999, force est d’observer que notre système politique a plus que jamais besoin d’être réaménagé. Ainsi, après avoir laissé présager une vie politique sous-tendue par le multipartisme — certes insuffisamment structuré —, l’élection présidentielle (avril 1999) n’a pas permis de consacrer des traditions politiques durables inspirées de la démocratie en tant que nouveau concept soumis à l’épreuve des faits. L’on se rappelle qu’après une campagne électorale qui a vu plusieurs candidats se disputer la magistrature suprême du pays, quasiment tous se sont tous retirés de la compétition, estimant qu’elle était biaisée par le fait majeur que leur challenger était le candidat de l’armée (en tous cas, de la frange de sa direction, la plus influente dans la sphère des décisions de la chose politique). Ce que l’on pourrait appeler le syndrome du candidat unique.

En tout état de cause, le quinquennat de 1999 à 2004 a été, pour l’essentiel, consacré aux problèmes de la sécurité du pays ; suite à l’élection présidentielle d’avril 2004, le second mandat a vu une politique dite de la réconciliation nationale ; mandat au cours duquel le Président a annoncé des réformes économiques, ce qui n’a pas empêché l’apparition d’affaires politico-judiciaires : Bouricha, ex-wali de Blida, Khalifa, Banque commerciale et industrielle d’Algérie (BCIA), et tant de scandales financiers liés tantôt au secteur des hydrocarbures comme principale valeur du pays, tantôt au secteur de l’immobilier et du foncier…

Le Trésor public étant géré comme une tirelire personnelle, selon les caprices des princes du moment, il est souvent mis à contribution pour effacer en catimini l’ardoise.ln fine, il est vrai que l’assassinat de Boudiaf a mis fin à une expérience politique dont beaucoup de citoyens attendaient un certain renouveau dans un climat de confiance réelle ; la société civile a sans doute perdu là une occasion de se structurer durablement face à toutes les dérives du pouvoir qui demeure plus que jamais jaloux de son autoritarisme constitutionnalisé.

Et pour cause, les principaux rouages de l’Etat (gouvernement, assemblée, armée, partis…) sont exclusivement aux mains de la gérontocratie, ce qui est suicidaire. Lacheraf a pu dire : «On s’obstine à relancer sur le marché politique les vieilles élites corrompues, usées et discréditées.» Une partie de cette dernière serait bien inspirée si elle faisait valoir son droit à la retraite, sans attendre son congédiement, signifié au demeurant par la jeunesse du pays depuis au moins octobre 88.

La ritournelle opposée, selon laquelle les jeunes n’auraient aucune expérience, est largement dépassée car, d’une part, cette même jeunesse (après dix à quinze années de pratique universitaire, administrative, judiciaire, politique, journalistique) s’est largement affranchie de cette critique utilisée comme ruse factice et, d’autre part, une partie du personnel politique n’a plus rien à dire ni à apporter à l’Algérie, si ce n’est en toute probabilité répondre de ses actes délictueux – voire criminels – ayant mené l’Algérie à des situations inextricables, tant au plan sécuritaire que politique.

Que faire ? Réformer sérieusement et d’urgence le système politique

Réformer pour mettre un terme au système politique dominé par l’institution de la présidence de la République et la direction de l’armée – souvent son alliée principale – et une pensée unique imposée jusqu’au 5 octobre 1988, jusqu’au système actuel de parti dominant (conglomérat à plusieurs actionnaires politiques).  Face à la quasi absence de l’opposition sur la scène confirmant le déficit démocratique en Algérie, il faut avoir l’audace de s’engager dans la voie de la réforme du système politique pour redessiner le profil des institutions politiques algériennes et redéfinir les prérogatives de celles-ci, en vue d’asseoir un équilibre des pouvoirs ; ainsi, il y a lieu de mettre un terme à un exécutif inutilement bicéphale, d’autant qu’il est manifeste que de la Constitution de 1963 à celle de 2008, les prérogatives dévolues à la fonction présidentielle sont exorbitantes (les pouvoirs législatif et judiciaire étant des parents pauvres de la répartition du pouvoir d’Etat entre les principaux acteurs politiques, et surtout inféodées au chef de l’exécutif).

L’équilibre des pouvoirs est une nécessité vitale pour éviter de s’enfermer dans un schéma d’autoritarisme caractérisé et de mépris affiché à l’endroit des autres institutions et du personnel politique, judiciaire et administratif ; ce, d’autant plus qu’il y a irresponsabilité politique du chef de l’Etat. Ainsi, il y aura lieu de réfléchir à l’institutionnalisation d’un réel contre-pouvoir au sein de l’Etat pour permettre une émulation institutionnelle, synonyme d’une bonne santé de la gestion du pouvoir (d’aucuns diraient gouvernance) et de saines décisions démocratiques pour éviter au pays de sombrer dans l’immobilisme parlementaire, voire dans la dictature présidentielle.

Pour le contre-pouvoir, la meilleure antidote ne peut être constituée que par des organisations non gouvernementales gérées par des personnalités issues de la société civile, en ce qui concerne la veille quant aux droits de l’homme, la construction de l’Etat de droit, la liberté d’expression (presse et culture)… En ce sens, le Premier ministre (souvent désigné selon des critères de connivence politique, voire par compromis) n’est, somme toute, qu’un grand commis de l’Etat chargé d’une mission par le président de la République sans aucune volonté politique et prérogatives autonomes. Peut-il en être autrement, dès lors, notamment, que les titulaires des principaux départements ministériels (Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Economie, Justice) sont souvent des hommes liges du président de la République qu’il nomme pour leur allégeance à sa personne, en vue d’appliquer sa politique qui, faute d’opposition crédible, se révèle souvent contestable ?  En la matière, la réforme serait purement et simplement de gommer l’institution du Premier ministère.

Il me semble qu’il y a une dyarchie inutile. La présence soutenue du président de la République lors des Conseils des ministres, en vue d’asseoir des décisions d’obédience nationale, démontre l’inutilité de cette institution que l’on peut juger inefficace. En contrepartie, en qualité d’expression de la légitimité démocratique, le Parlement doit pouvoir bénéficier de prérogatives à même de lui permettre de contrôler de façon efficiente la politique du gouvernement franchement dirigé par le président de la République. Il s’agit-là d’un élément structurant de la vie politique et constitutionnelle du pays, les ministres devant bénéficier d’une autonomie indépendante de la volonté présidentielle, pour pouvoir mieux apprécier les solutions à apporter aux secteurs dont ils ont la charge sous la vigilance du Président, en sa qualité de chef de l’Exécutif.

Là aussi, on peut s’interroger légitimement sur l’existence d’une seconde chambre. Pourquoi un bicaméralisme là où une seule chambre n’arrive pas à exercer le peu de ses prérogatives constitutionnelles (la mise en place de commissions d’enquêtes par exemple) ?La vie politique et constitutionnelle actuelle du pays s’apparente, par son caractère récidivant, à du présidentialisme où le président de la République croit avoir droit de vie et de mort sur la nation. Dans cette perspective, il paraît évident qu’il existe en Algérie un déficit chronique en matière d’équilibre des pouvoirs, dans la mesure où ce présidentialisme, sorte de technologie constitutionnelle artisanale de pays encore rivés au sous-développement politique, et ce, par la grâce d’une gérontocratie qui n’a de grand qu’une rhétorique démesurée et une attitude arrogante dont le populisme est le moindre mal.

En effet, le système politique algérien qui repose sur un déséquilibre institutionnel établi au profit du président de la République, sans contrepoids réel (si ce n’est en coulisses par les «décideurs politiques» qui demeurent ses bailleurs de pouvoir), doit pouvoir évoluer par l’existence d’un Parlement qui reflète un pluralisme politique authentique, une magistrature indépendante, une presse libre et une société civile structurée. Il y a là une déviation et une dégénérescence du régime présidentiel. Aussi, pour prévenir des risques certains de l’autoritarisme et de l’arbitraire, les éléments sus-évoqués constituent le meilleur rempart afin de tempérer les abus d’un Exécutif envahissant. Il est vrai, à cet égard, que la société civile a été longtemps privée de son droit légitime à l’expression sous toutes ses formes, alors même qu’elle constitue par essence le vivier naturel pourvoyeur du personnel politique à même de décider du sort de l’Algérie.Des réformes politiques dépend notre devenir. (El Watan-31.10.2010.)  Par Ammar Koroghli

 

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**Ahmed Benbitour : « L’alliance présidentielle est responsable du statu quo politique en Algérie »

L’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, a critique le “Statu quo” qui caractérise la vie politique du pays à cause de la prédominance des partis de l’alliance présidentielle. Il a indiqué que l’absence d’indices clairs quant à l’imminence à outrepasser cette étape, compliquera davantage la situation.

Benbitour a révélé que l’alliance présidentielle, composée par le FLN, le RND et le MSP, est responsable du freinage de la démocratie et de l’absence de l’exercice de la politique et ce, au vu de sa façon de faire avec plusieurs questions sensibles et décisives qui concernent le pays.

L’ancien chef du gouvernement a déclaré, lors d’une conférence qu’il a tenue au siège de l’association algérienne appartenant à l’Organisation d’Amnistie Internationale intitulée « la pauvreté n’est pas une évidence », que les trois partis de l’alliance présidentielle dominent la majorité absolue dans les institutions législatives, mais tout de même, et avec tout cela, elle demeure incapable de légiférer. Elle approuve tout ce qui émane du gouvernement, et en contrepartie elle barre la route aux initiatives posées par d’autres acteurs dans la vie politiques. »

L’orateur a fait un lien entre la propagation du phénomène de la pauvreté en Algérie et la manière avec laquelle se gèrent les rouages de l’Etat, refusant la thèse selon laquelle ce phénomène soit une résultante inévitable pour tous les algériens et aux autres peuples du monde. Benbitour a estimé que les systèmes de développement adoptés par les gouvernements qui se sont succédés, n’ont pas réalisé les objectifs escomptés parce qu’ils n’ont pas respecté les vérités scientifiques et les particularités de la situation au niveau local.

Benbitour a, dans ce contexte, indiqué que les anciennes et actuelles politiques se sont basées sur le changement de personnes dans le souci d’une relance évolutive considérée comme un facteur pour régler le problème de la pauvreté. Mais, ce choix a démontré ses limites, et cela exige de revoir aussi les mécanismes et systèmes permettant de réaliser le développement.

Quant à la situation économique du jour, l’ancien ministre de l’énergie et des mines a révélé que l’Algérie est considérée comme étant l’un des rares pays à se nourrir de l’exportation de bruts, tel que les ressources énergétiques à la recherche des rentes.

Pour Benbitour, le problème de l’Algérie c’est qu’elle consomme beaucoup plus que ce qu’elle produise, et c’est une situation qu’il faudra régler avant de penser à la période post-pétrolière parce que tous les projets d’aujourd’hui sont financés par les ressources suivantes, en l’occurrence l’exportation parolière et gazière…Et tant que cette situation est telle, alors on ne peut parler d’une vraie économie. Pis encore, il s’agit d’une économie rentière vulnérable, qui prévient l’absorption  des richesses du pays, a ajouté l’orateur.

Parmi les solutions proposées par l’expert en économie pour régler le problème de pauvreté en Algérie, le travail pour créer un équilibre entre le nord et le sud, puisque le nord monopolise la richesse du pays, même si la source de cette richesse provient réellement du sud. (Echorouk-30.10.2010.)  

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*Mettre fin à l’état d’urgence : La révolution pacifique en marche

 

Désormais, aucun pays arabe ou africain (latino-américain ?) ne  saurait s’affranchir de la tutelle de ses gouvernants que par des soulèvements pacifiques. La rue s’est enrichie d’un nouveau concept : «Dégage», pour dire à ses tyranneaux «Démissionnez».

La marche et la manifestation se révèlent des leviers essentiels, elles remplacent d’autres moyens de résistance telle la non-violence prônée par Gandhi et mise en pratique en Inde. La Tunisie, petite par la superficie et la démographie, a montré l’exemple. Le clan au pouvoir et sa clique, véritables gargantuas, ont saigné l’économie de leur pays dont ils ont fait leur monopole. L’Egypte, géant de l’Afrique par sa population et son histoire pharaonique, est en train de lui emboîter le pas. Sans changement de système politique, il est à craindre que ces pays pérenniseront la gérontocratie et sa crasse au pouvoir.

Demain, cependant, il est à souhaiter que les monarchies du tourisme et des pétrodollars suivront l’exemple par une réforme substantielle de leurs systèmes politiques et économiques. Les Républiques, dont les Présidents sont soutenus par les bras séculiers de leurs armées qu’ils instrumentalisent, finiront par mordre la poussière au profit d’un changement durable. Car enfin, est-il encore concevable, quelque cinquante ans après les indépendances, de vivre sous la férule d’autocraties avérées ayant fécondé des kleptocrates gloutons ? Leur idéologie obsolète, enrobée de «légitimité» pseudo-révolutionnaire, n’est plus à l’ordre du jour tant nos pays ont été sévèrement malmenés par nos tyranneaux. Dans le cas de notre pays, comment en est-on arrivé là ?

Etat d’urgence non conforme au droit

L’actualité continue de nous servir l’état d’urgence comme un véritable casse-tête en Algérie et freine singulièrement la marche du pays vers sa démocratisation. Qu’en est-il ? Défini le plus souvent comme la décision d’un gouvernement en cas de péril imminent dans un pays, l’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU de 1966 dispose que «dans le cas où un danger public exceptionnel menace l’existence de la nation et est proclamé par un acte officiel, les Etats parties au présent Pacte peuvent prendre, dans la stricte mesure où la situation l’exige, des mesures dérogeant aux obligations prévues dans le présent Pacte, sous réserve que ces mesures ne soient pas incompatibles avec les autres obligations que leur impose le droit international et qu’elles n’entraînent pas une discrimination fondée uniquement sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou l’origine sociale(…)».

Lesdits Etats (dont l’Algérie) ont notamment pour obligation de signaler aux autres Etats parties les dispositions auxquelles ils ont dérogé ainsi que les motifs qui ont provoqué cette exception de l’exercice normal du droit. Il y a rupture avec l’Etat de droit et marche forcée vers l’Etat policier. C’est ainsi que le Comité des droits de l’homme de l’ONU peut examiner les éléments constitutifs du danger public invoqué par l’Etat candidat à l’état d’urgence, étant précisé que cet état d’urgence n’exonère pas l’Etat de veiller aux droits fondamentaux des citoyens dont celui essentiel : le droit à la vie, ainsi que ceux de la liberté de penser, de conscience et de religion ; de même, il y a interdiction absolue de la torture et des traitements inhumains et dégradants, de l’esclavage et de la servitude. Cela étant, il est vrai qu’historiquement, l’état d’urgence a été institué en France par une loi datant d’avril 1955 ; il fut justement motivé par la situation qui prévalait en Algérie insurgée contre l’ordre colonial, l’autorité administrative ayant vu ses pouvoirs renforcés.

Tel que défini, il peut être déclaré sur la totalité ou sur une partie du territoire en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public ; prévu pour douze jours, il peut être prorogé par une loi qui en fixe la durée. C’est ainsi que les préfets peuvent instaurer par arrêté un couvre-feu pour interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans certains lieux et à des heures précises ; le ministre de l’Intérieur pouvant quant à lui assigner à résidence toute personne «dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics». Les préfets et le ministre de l’Intérieur peuvent également ordonner des perquisitions à domicile de jour comme de nuit, prendre «toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et de la radio» ; ce, sans contrôle du juge.

Plus récemment, afin de mettre fin aux émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, le président de la République française, Jacques Chirac, a décrété l’état d’urgence. Et l’Assemblée nationale française a voté un projet de loi du gouvernement afin de proroger l’état d’urgence pour une durée maximale de trois mois. A cet égard, même la presse algérienne n’a pas manqué de railler cette situation ; ainsi, on peut y lire : «Exhumer une loi de 1955, c’est envoyer aux jeunes des banlieues un message d’une sidérante brutalité : à cinquante ans de distance, la France entend les traiter comme leurs grands-parents.» Et d’ajouter : «En quelques jours d’émeutes, qui ont ébranlé les banlieues françaises, l’Hexagone occupe l’actualité internationale et fait courir les grands networks de la planète, à leur tête les chaînes de télévision américaines.» (El Watan, 9 novembre 2005).

S’agissant de l’Algérie, l’on se rappelle que suite à la révolte de la jeunesse en octobre 88, la  Constitution octroyée du 23 février 1989 mit en principe fin au règne du parti unique et à l’immixtion de l’armée dans la sphère politique, le peuple devenant un acteur politique pouvant faire l’histoire par le choix libre de ses gouvernants. Suite aux élections locales et législatives et à une grève déclenchée par le FIS, parti dissous depuis, l’état de siège est proclamé et reconduit à ce jour. Quoique, en principe, cette situation ne doit nullement justifier une suspension des droits de l’homme et des garanties reconnues constitutionnellement aux  citoyens, le gouvernement algérien limita les libertés publiques (libertés individuelles, droits politiques et droits sociaux et économiques) ; ce, notamment par le maintien de son monopole sur les imprimeries, l’importation de papier et la publicité, ainsi d’ailleurs jusqu’à ce jour, le monopole sur les radios et la télévision.

Etat d’urgence non justifié

Pour mémoire, l’Etat algérien proclama l’état de siège en juin 1991 et plus tard l’état d’urgence en 1992. C’est ainsi que, courant février 1992, conformément à l’article 4 § 3 du Pacte international portant sur les droits civils et politiques, l’Algérie porta à la connaissance des Etats parties au dit pacte précité l’état d’urgence en déclarant notamment : «Devant les graves atteintes à l’ordre public et à la sécurité des personnes enregistrées depuis plusieurs semaines, leur recrudescence au cours du mois de février 1992 et les dangers d’aggravation de la situation, le président du Haut Comité d’Etat, Mohamed Boudiaf, par décret présidentiel no 92-44 du 9 février 1992, a décrété l’état d’urgence, à compter du 9 février 1992 à 20 h pour une durée de douze mois sur l’étendue du territoire national (…). L’instauration de l’état d’urgence (…), n’interrompt pas la poursuite du processus démocratique de même que continue à être garanti l’exercice des droits et libertés fondamentaux (…).»

D’évidence, cette situation n’est pas de nature à dispenser l’Algérie du respect de la légalité ; ainsi, selon ce même pacte relatif aux droits civils et politiques (article 4, alinéa 3) : «Les Etats parties au présent pacte qui usent du droit de dérogation doivent, par l’entremise du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, signaler aussitôt aux autres Etats parties les dispositions auxquelles ils ont dérogé ainsi que les motifs qui ont provoqué cette dérogation. Une nouvelle communication sera faite par la même entremise, à la date à laquelle ils ont mis fin à ces dérogations.» La note d’information transmise par l’Etat algérien ne précise pas les droits auxquels le gouvernement algérien entendait déroger, et à fortiori, les motifs qui l’ont conduit à proclamer l’état d’urgence ; ce, alors même que le Pacte définit les droits civils et politiques de l’homme en son article 5 alinéa 2 : «Il ne peut être admis aucune restriction ou dérogation aux droits fondamentaux de l’homme reconnus ou en vigueur dans tout Etat partie au présent Pacte en application des lois, de conventions, de règlements ou de coutumes, sous prétexte que le présent Pacte ne les reconnaît pas ou les reconnaît à un moindre degré.»

La question se pose donc de savoir si l’état d’urgence pouvait se justifier par le gouvernement algérien ?

Il est vrai que pour les tenants du pouvoir, le risque du non-respect de l’alternance au pouvoir par le FIS constituait un motif suffisant. Si risque il y avait, pouvait-il constituer à lui seul un péril imminent sur la nation, en sachant que par hypothèse l’Etat a les moyens légaux pour éventuellement y faire face relativement au maintien de l’ordre public ; ce, sans recours à l’état d’urgence ? Fallait-il donc stopper le processus électoral pour maîtriser la situation et déroger ainsi aux droits fondamentaux de l’homme ? La question mérite d’être posée. Il est vrai que l’Etat dispose de la police et de l’armée, ainsi que de l’administration et de la justice (voire de la radio et de la télévision) pour maintenir l’ordre public sans avoir recours  à l’état d’urgence et la mise en veilleuse des libertés.

De même, l’Etat dispose de moyens d’action légaux ; ainsi, la Constitution de 1989 (et les Constitutions subséquentes) attribue suffisamment de prérogatives au président de la République pour éviter tout péril imminent de la nation ; ainsi, il peut par exemple dissoudre l’Assemblée nationale élue. Objectivement, d’un strict point de vue de la légalité, il s’avère qu’il n’était pas nécessaire proclamer l’état d’urgence. Or, en Algérie depuis 1992 à ce jour, des éléments exposés par divers acteurs de la vie politique nationale et internationale montrent qu’en bafouant les droits fondamentaux du citoyen algérien, force est de constater une pratique caractérisée par des arrestations illégales et des enlèvements, de la torture, des exécutions sommaires…

D’aucuns évoquent des sévices comparables à ceux pratiqués en octobre 88 et que la morale la plus élémentaire réprouve. Toujours est-il que l’état d’urgence, instauré le 9 février 1992 en Algérie pour un an, fut reconduit l’année suivante pour une durée indéterminée. A ce jour, il n’a jamais été levé. Il avait été instauré le 9 février 1992 afin de combattre le terrorisme. Or, si le gouvernement ne cesse de répéter depuis une dizaine d’années que le terrorisme est devenu «résiduel», de dire que l’heure est à la réconciliation nationale et que les caisses de l’Etat sont pleines (la dette étant quasiment soldée), pourquoi avoir maintenu l’état d’urgence ? Ce dernier est devenu permanent comme en Egypte où un soulèvement populaire sans précédent a littéralement chassé le raïs. Il s’agit d’une violation de la Constitution et de l’Etat de droit.

En conséquence, traduit en pratique, l’état d’urgence signifie qu’il ne peut y avoir de réunions publiques, de marches syndicales ou de création d’associations sans l’aval des autorités. Par ailleurs, sachant que la population algérienne riche de 36 millions d’âmes est constituée de 70% de jeunes ayant moins de 30 ans, il est clair que ceux nés en 1992 ont plus de dix-huit ans aujourd’hui ; c’est dire qu’ils n’ont connu que cette situation devenue «normale» pour reprendre l’une de leurs expressions favorites. Il est temps que l’Etat mette fin à cette situation injustifiée et de penser sérieusement à réformer démocratiquement le pays en le dotant d’institutions viables et de remercier la gérontocratie gouvernante dans tous les sens du terme ; ce, pour un développement politique durable.
 **Ammar Koroghli (Avocat-auteur algérien)–el Watan-21.02.2011.

 

 

 

4 réponses à “Pour une réforme de notre système politique”

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