Le foot c’est la guerre
**Drame en Egypte lors d’un match de foot
Au moins 74 personnes ont trouvé la mort et un millier d’autres ont été blessées mercredi 01.02.2012. lorsqu’un terrain de football de Port-Saïd a été envahi par des supporters. Les violences ont éclaté à la fin d’un match remporté 3-1 par l’équipe locale d’Al Masry contre le club d’Al Ahli, l’une des formations les plus titrées du football égyptien.La plupart des morts ont été piétinés dans la bousculade provoquée par la panique ou ont chuté des gradins, ont rapporté des témoins. Les services de sécurité ont assuré que les policiers anti-émeutes étaient présents en nombre suffisant, mais qu’ils n’ont pas voulu s’interposer en raison de consignes de modération diffusées après des manifestations meurtrières au Caire en novembre et décembre derniers..L’incapacité des forces de sécurité à maintenir le calme a cependant été pointée du doigt par des responsables politiques…Politiques et membres de la société civile dénoncent également derrière ce drame un complot pour déstabiliser la nouvelle Egypte.Le mouvement des Frères musulmans juge que le cycle de violences que vit l’Egypte a été alimenté par l’incapacité des autorités à arrêter et juger les auteurs des actes répétés de violences de ces derniers mois. «Nous mettons les autorités en garde contre toute tentative visant à détruire ou à brûler l’Egypte ou à détruire ses institutions. L’état de droit doit s’appliquer avec fermeté à tous, quelles que soient les pressions internes ou externes»…Le Mouvement du 6-Avril, qui a joué un rôle central dans la mobilisation du mouvement de contestation de l’hiver dernier, a affirmé pour sa part que les violences de Port-Saïd avaient été préparées par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui gouverne le pays depuis le renversement d’Hosni Moubarak le 11 février 2011. «Ceux qui ne peuvent assurer la sécurité et protéger un match de football ne peuvent protéger la nation tout entière», estime le collectif. Le parlement égyptien nouvellement élu doit tenir ce jeudi une session extraordinaire sur ces événements, ont rapporté les médias d’Etat. (source: 20Minutes-02.02.2012.)
** fotos:Emeutes après un match de foot en Egypte
Au moins 73 personnes sont mortes mercredi soir dans des violences qui ont éclaté après un match de football entre deux équipes égyptiennes dans la ville de Port Saïd.. (7s7…02.02.2012.)
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*incorrigibles supporters égyptiens contre les Algériens
HAINE ET ANIMOSITÉ ENVERS L’ALGÉRIE
Les Egyptiens remettent ça!
**Incidents lors du match Zamalek – Club Africain
**Des milliers de supporters du Zamalek ont envahi la pelouse pour attaquer l’arbitre algérien
regarder la vidéo: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=LsfBP4CdaR4
**Le Premier ministre égyptien présente ses excuses à l’Algérie et la Tunisie.
* Le Premier ministre égyptien, Essam Charaf, dans une intervention samedi soir à la télévision égyptienne, a tenu à présenter des excuses officielles à la Tunisie et à l’Algérie, suite aux incidents qui ont émaillé la rencontre de Coupe d’Afrique, Zamalek– Club Africain, en match retour des 16es de finale de la Ligue des champions africaine.
Une rencontre arbitrée par l’Algérien Bichari, qui avait arrêté la partie à trois minutes de la fin, alors qu’on jouait les arrêts de jeu, suite à l’envahissement du terrain du stade Caïro Stadium par les fans du Zamalek, en contestation de la décision de Bichari qui a refusé un but à leur équipe pour une position de hors-jeu. S’exprimant à la télévision d’Etat, Essam Charaf a déclaré : «Je présente mes excuses au peuple tunisien et à son gouvernement ainsi qu’aux joueurs tunisiens pour ces incidents regrettables.» «Je présente également à l’Algérie mes excuses pour l’intimidation subie par l’arbitre algérien», a ajouté le Premier ministre égyptien. Après lui, c’était au tour de Hassan Saqr et de Samir Zaher, respectivement président du Conseil national du sport et président de la Fédération égyptienne de football, de présenter à leur tour leurs excuses à l’Algérie et à la Tunisie après ces incidents, lors d’un point de presse animé conjointement hier matin.
Les deux responsables du football égyptien se sont, par ailleurs, rendus aux ambassades d’Algérie et de Tunisie au Caire pour présenter officiellement leurs excuses, suite aux incidents gravissimes qui avaient émaillé ladite rencontre. A ce propos, la Confédération africaine de football (CAF) a décidé de diligenter une commission d’enquête pour établir les faits et désigner les responsables avant toute éventuelle sanction. Par ailleurs, la Fédération égyptienne de football, en concertation avec les autorités du pays, a décidé de l’arrêt temporaire du championnat local avec proposition de l’annulation pure et simple de la compétition pour cette saison. (El Watan-04.04.2011.)
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Après les actes de violence des incorrigibles supporters égyptiens contre les arbitres algériens, on comprend immédiatement, que le mal est profond malgré toutes les réconciliations possibles.
Les supporters égyptiens viennent, une fois de plus, de démontrer toute leur haine contre les Algériens en agressant les arbitres algériens, Mohamed Bichari, Mohamed Meknouz et Mohamed Ben Arrous lors du match retour des 16es de finale de la Ligue des champions ayant eu lieu au Caire entre le Zamalek et le Club Africain de Tunisie (2-1). Cette rencontre n’est pas allée à son terme, bien évidemment, et le résultat technique est en faveur des Tunisiens qui ont ainsi décroché le billet qualificatif pour les 1/8es de finale (Aller: 4-2).
Des milliers de supporters du Zamalek ont envahi la pelouse pour attaquer l’arbitre algérien après le refus d’un but sur une position de hors-jeu évidente à la (90e +2). Heureusement pour Bichari et ses compatriotes assistants, ils ont été protégés par les services d’ordre égyptiens.
Ce n’est pas la première fois que les Egyptiens montrent toute leur haine et leur animosité à l’encontre de tout ce qui est algérien, car il suffit juste de se rappeler ces douloureux évènements du caillassage du bus de l’Equipe nationale algérienne en novembre 2009 avant le match qualificatif au Mondial 2010 contre la sélection égyptienne. Des joueurs algériens ont été blessés alors que la suite de ces incidents a clairement nui aux relations entre les deux pays et peuples. Mais, selon des révélations, des responsables égyptiens ont accusé le président de la Fédération égyptienne, Samir Zaher et les Moubarak d’avoir préparé ces agressions et cette campagne anti-algérienne.
Or, il s’avère qu’avant-hier, les Moubarak ne sont plus là et ne gouvernent plus. Ce qui prouve que les supporters égyptiens cherchent la moindre occasion pour «casser» et «agresser» de l’Algérien. Sinon, comment expliquer cette agression dont ont été victimes les arbitres algériens lors de ce match Zamalek-Club Africain d’avant hier?
L’entraîneur Hossam Hassan s’est révolté après que l’arbitre algérien ait refusé un but d’un joueur du Zamalek pour hors-jeu. Hossam, comme à ses habitudes, a commencé à se manifester d’une manière agressive avant de voir la répétition et se convaincre que le but de son joueur était bel et bien entaché d’hors-jeu.
Ces réactions de l’entraîneur du Zamalek Hossam Hassan et surtout ses déclarations incendiaires ont surchauffé les supporters égyptiens sous prétexte que le trio d’arbitres algérien était contre leur club et avantageait la formation tunisienne pour des considé-rations de voisinage. Or, le trio d’arbitres algérien s’est bel et bien acquitté de sa tâche convenablement. Mais, Hossam Hassan est le premier auteur de tout ce qui s’est passé durant et après la fin de ce match Zamalek-Club Africain de Tunis.
La preuve, c’est que le même Hossam Hassan n’a cessé de fustiger la Confédération africaine de football après la désignation du trio algérien pour ce match. Et la suite, on la connaît. Plusieurs joueurs et membres du Club Africain de Tunis ont été également agressés par des supporters égyptiens en folie. Ils n’ont d’ailleurs dû leur salut, tout comme le trio d’arbitres algériens, qu’après une fuite rapide vers les vestiaires. L’enceinte du stade a connu de grandes dégradations avec destruction des panneaux publicitaires et des bancs de remplaçants, entre autres.Les frères Hassan doivent être mis hors d’état de nuire
La cause principale de ce déchaînement est cet appel, avant le match, des incorrigibles jumeaux du staff technique du Zamalek, Hossam et Ibrahim Hassan, qui ont incité les supporters du Zamalek à user de tous les moyens pour faire peur aux Tunisiens. Et pour mieux rafraîchir les mémoires courtes de certains, il est utile de rappeler les mêmes agissements de cet ex-international égyptien Hossam Hassan lors du match JSM Béjaïa – Al Masry (2-0) en décembre 2008 lorsqu’en pleine crise de nerfs il a attaqué les arbitres en les agressant sauvagement.
De plus, il n’a cessé de provoquer les Algériens et surtout les supporters de Béjaïa lors de ce match retour de la coupe de la CAF pour faire sortir le match de son cadre sportif. Mais, cela n’a vraiment pas marché.
Concernant les Tunisiens, il est aussi utile de se rappeler ce match comptant pour la demi-finale de la Ligue des champions africaine, qui a opposé l’Espérance Sportive de Tunis au Ahly du Caire (2-1 pour Ahly) à l’issue duquel on notait les violences entre les supporters espérantistes et les forces de l’ordre égyptiennes. Selon Nilesport tout a commencé après le deuxième but marqué par les Cairotes.
Les supporters tunisiens allument alors une multitude de fumigènes, certes interdits par les grandes instances footballistiques, et les pompiers interviennent pour les éteindre. Ceci a provoqué une riposte violente du public tunisien envers les pompiers. S’ensuit alors l’intervention musclée et rapide des forces de l’ordre égyptiennes, faisant même usage de grenades lacrymogènes, ce qui engendre une bataille rangée entre policiers et supporters espérantistes, et des actes de vandalisme sur les infrastructures du stade.
Les escarmouches se sont poursuivies à la sortie du stade, mais cette fois-ci les Espérantistes n’étaient pas les seuls à semer le trouble. En effet, quelques supporters ahlaouis se sont mis de la partie, malgré la victoire de leur équipe, poussés par un malaise social, ou par d’autres raisons. Ces derniers ont saccagé quelques voitures, ainsi que des vitrines de boutiques.
Là, on citera également les déclarations incendiaires d’Ibrahim Hassen, ancienne gloire du football égyptien et actuel entraîneur du Zamalek, en parlant des supporters tunisiens: «Ces fous, ces boeufs, doivent être punis sévèrement pour leurs agressions sur des agents de la Protection civile qui ne faisaient que leur devoir, en intervenant avec des extincteurs, au milieu de la foule de supporters espérantistes, pour éteindre les fumigènes.»
Ces propos sont loin d’être passés sous silence cette fois-ci. Et la première réaction est donc venue du Premier ministre égyptien qui, dans une déclaration à la télévision égyptienne a dit: «Je présente mes excuses au peuple tunisien et à son gouvernement et aux joueurs tunisiens pour ces incidents regrettables. Je présente également à l’Algérie mes excuses pour l’intimidation subie par l’arbitre algérien.»
D’un autre côté, les responsables du sport en Egypte ne doivent en aucun cas laisser des «phénomènes nuisibles» tels les jumeaux Hassan sur les terrains de football.
Par ailleurs, la Confédération africaine de football, devrait, elle aussi, frapper d’une main de fer et ne plus laisser passer ce genre de comportement incitant à la violence à répétition du côté du Caire. L’équipe du Zamalek et les frères Hassan doivent être sanctionnés d’une manière «exemplaire». (L’Expression-04.04.2011.)********
Le Premier ministre égyptien présente ses excuses à l’Algérie et à la Tunisie
Le Premier ministre égyptien Essam Charaf a présenté, samedi, soir ses excuses à l’Algérie et la Tunisie suite aux incidents survenus sur la pelouse du Stade du Caire dans les dernières minutes de la rencontre Zamalek-Club Africain (Tunisie) comptant pour les 1/16es de finale retour de la Ligue des champions d’Afrique.
L’arbitre algérien M.Bichari a arrêté le match après l’envahissement de terrain par des supporters de l’équipe égyptienne. Son assistant, M.Houasnia, a été victime d’une tentative d’agression par les supporters de l’équipe du Zamalek.«Je présente mes excuses au peuple tunisien et à son gouvernement et aux joueurs tunisiens pour ces incidents regrettables. Je présente également à l’Algérie mes excuses pour l’intimidation subie par l’arbitre algérien», a déclaré le Premier ministre égyptien dans une déclaration à la télévision égyptienne.
La rencontre entre les deux équipes a été arrêtée sur le score de 2-1 pour Zamalek. A trois minutes de la fin du temps additionnel, les supporters du Zamalek ont envahi le terrain suite à un but refusé par l’arbitre pour hors-jeu. Il est à rappeler que le match aller s’était terminé par le score de 4 buts à 2 pour le Club Africain.
**Le match Zamalek-Club Africain se termine en bataille rangée
Après un match de Ligue des champions africaine, les supporteurs égyptiens s’en sont pris aux arbitres ainsi qu’aux joueurs tunisiens…
Pour l’anecdote, on retiendra que le Club Africain s’est qualifié pour les 16e de finale de la C1 africaine, malgré une défaite 2-1 au Caire. Mais de ce match entre les Egyptiens du Zamalek et les Tunisiens du CA, il restera surtout l’image d’une bataille rangée. A trois minutes de la fin de la partie, les supporteurs cairotes sont entrés sur la pelouse. L’objet de leur courroux? L’arbitre algérien de la rencontre, coupable d’avoir refusé un but pour hors-jeu. Par miracle, aucune blessure grave n’est à déplorer. Mais les poteaux de buts ont disparu… Dimanche matin, le premier ministre égyptien a présenté ses excuses à l’Algérie et à la Tunisie,
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**Un arbitre voit rouge et expulse 36 joueurs au cours du même match de foot …record mondial
Les titulaires et les remplaçants sont tous renvoyés au vestiaire…Damian Rubin, un arbitre argentin officiant en division n’est pas du genre à s’enquiquiner. Au lieu de rechercher les responsables d’une bagarre générale, il expulse tous les joueurs d’une rencontre entre Claypote et Victoriano Arenas. Le score est de 2-0 en faveur de Claypole lorsque l’incident éclate comme le montre cette vidéo dénichée par Panenka.fr. L’arbitre sort alors son carton rouge pour tous les titulaires et les remplaçants. 36 joueurs au total. Record mondial. Après cela, on ne peut plus rien reprocher à Tony Chapron. (20Minutes-03.03.2011.)La vidéo des buts et de la bagarre..*vidéo: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=TrHvzXK96GA************************************
*Le foot c’est la guerre
*La guerre n’est rien d’autre qu’un duel à plus vaste échelle.Carl Von Clausewitz
Le football constitue un bon exemple de ce que les sociologues appellent «phénomène social total.» Il est passible de traitements multiples. Il lui arrive de fonctionner comme une sorte de lapsus et permettre, la censure étant absente, de se dire des choses que les usages sociaux n’autorisent pas habituellement. Le soutien des Ghazaoui à l’équipe algérienne n’est qu’une manière de dire aux Egyptiens qu’ils n’oublient pas leur lâchage face à la barbarie israélienne. La sympathie exprimée par une majorité de Soudanais aux Fennecs a jeté les Egyptiens qui avant choisi ce pays dans la plus grande des perplexités. Ils n’ont pas compris que la réaction majoritaire soudanaise comme celle qui s’est exprimée dans d’autres pays arabes et au sein de la diaspora est la traduction du ras-le-bol et désormais du refus de la morgue des Egyptiens et de leur prétention. A l’intérieur d’une société, le foot peut fonctionner en tant qu’opium en vue d’anesthésier les foules des déshérités et paralyser, pour un temps, leurs capacités de lutte. Le foot peut être également lu comme le seul espace pour une expression démocratique autonome dans des régimes qui ont tout cadenassé. Mais la longue confrontation algéro-égyptienne pousse à privilégier l’analogie foot-guerre
LE FOOT ET LA GUERRE
On peut dire paraphrasant la célèbre formule du non moins célèbre théoricien Von Clausewitz que le foot c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens. On peut dire aussi que le foot se présente comme un substitut de la guerre et on peut dire enfin que le foot c’est la guerre. Le journaliste de France2 qui s’est déplacé pour couvrir le match du Caire et qui a échappé à la lapidation déclare qu’il n’avait pas eu l’impression de couvrir un match de foot mais une guerre. Le Président de la FAF, Mohamed Raouraoua déclare après le match du 14 Novembre : «Nous avons joué dans une situation de guerre.» Dans la presse des deux pays, le recours aux métaphores guerrières a été constant. Des Egyptiens affirment que le match en vue de la qualification au Mondial se présentait, pour eux, comme la plus grande bataille depuis la guerre d’Octobre 1973 et ils ont sorti, pour l’occasion, les chants guerriers qu’ils n’avaient même pas sortis lors de cette dernière confrontation avec les Israéliens. Un peu partout, les joueurs algériens sont qualifiés de «Combattants du désert». Un quotidien algérien de grand tirage se rappelle la fameuse formule de l’homme du 18 Juin et il en fait un titre sur toute la largeur de sa «Une» : «Nous avons perdu une bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre.» On parle de pont aérien pour acheminer les supporters à Khartoum et le Directeur-général d’Air Algérie fait remarquer que transporter autant de gens en si peu de temps est digne des grandes armées du monde.
Le foot peut même pousser au délire : Un journaliste égyptien affirme qu’à Khartoum il y a des avions militaires algériens prêts à s’attaquer aux Egyptiens. Le même journaliste nous apprend que les autorités égyptiennes ont avisé Khartoum : ou vous protégez nos ressortissants ou nous envoyons des troupes pour le faire.
Le foot présente en effet toutes les caractéristiques de la guerre, Il y a d’abord les nombreux termes qu’il lui a emprunté comme défense et attaque, victoire et défaite, stratégie et tactique. canonnier, guerrier, pont aérien…
Il y a ensuite l’organisation où le politique est aux postes de commande. Le niveau politique est symbolisé par le Chef de l’Etat, Chef suprême des forces armées. C’est lui qui s’occupe, en tant qu’élu du suffrage universel, de définir les orientations politiques de la guerre. Il y a ensuite le niveau de l’Etat-major général des armées qui détermine, en fonction des orientations politiques, la stratégie militaire à mettre en œuvre. Il y a enfin le troisième niveau, celui des commandants et des troupes engagées sur le terrain.
Et pour comprendre l’analogie guerre-foot que nous proposons ici, il est important d’apporter les deux précisions suivantes :
- On ne fait jamais la guerre pour la guerre, La guerre n’est jamais sa propre fin. Elle est toujours un moyen au service d’une fin. La guerre égyptienne du mondial, par exemple, est un moyen au service d’une fin qui est l’installation de la dynastie des Moubarak par l’»intronisation» du prince héritier, Jamal.
- Ce n’est pas une armée qui gagne la guerre mais la nation. L’armée peut gagner des batailles. L’armée US a eu facilement le dessus sur l’armée de Saddam Hussein et sur les talibans mais l’Amérique n’a pas gagné et ne gagnera pas ces deux guerres.
Dans cette grande guerre du football, il faut reconnaître en toute objectivité et en toute sportivité le coup magistral gagnant du Président Boutéflika, Chef suprême des Forces armées. Il faut rappeler que beaucoup ont vécu un moment de doute à la suite de l’agression de l’aéroport et du résultat du matche du 14 Novembre et ce doute pouvait, s’il perdurait, porter atteinte au moral des «troupes». C’est à ce moment crucial que le Président «drible» tout le monde, en particulier le conglomérat hétéroclite et intéressé qui se fait appeler majorité présidentielle et renoua avec une pratique qu’il affectionne particulièrement : se mettre en rapport direct avec les Algériens. Le «pont aérien» qu’il ordonna et qui s’organisa en un temps record permit de fournir aux «petits gars» qui venaient de vivre l’enfer ce qui leur manquait le plus : le soutien et la chaleur de leurs compatriotes supporters. Ce fut à la fois un renfort et un réconfort. Ce 12ème homme, à n’en point douter, a été pour beaucoup dans la victoire. Ce n’est pas pour rien que les premiers remerciements d’après match ont été pour lui.
LA GUERRE PERDUE DE LA FAMILLE MOUBARAK
La qualification au mondial était d’une importance vitale pour les deux parties mais plus pour la partie égyptienne. Contrairement aux apparences, la direction des opérations n’était pas aux mains du Colonel Zaher mais du Politique Jamal Moubarak qui était bien conscient que la qualification lui ouvrirait les portes de la succession. De ce fait, la défaite de l’équipe égyptienne c’est d’abord la défaite de Jamal et de la Famille. Il ne fait pas de doute que les Egyptiens ont préparé le match comme on prépare une guerre. Sans état d’âme. Pendant toute la période d’avant match, ils se sont attaqués aux «forces morales» des Algériens de manière continue est systématique. La guerre psychologique déclenchée voulait atteindre le moral de l’adversaire de manière à ce qu’il arrive sur le terrain diminué moralement et donc physiquement puisqu’il est bien connu que le foot se joue d’abord avec la tête. A l’aéroport, l’accueil fut correct en raison des nombreuses caméras surtout étrangères présentes. De plus il n’était pas inutile d’»endormir» les Algériens avec ce discours mielleux où ils excellent tant et de tromper leur vigilance. Quelques minutes après changement du tout au tout et puis c’est l’agression dans la zone de l’aéroport même. Cette agression est préméditée. Un témoin étranger raconte qu’à un certain moment, le bus de la délégation a ralenti sans raison objective. C’était, en fait, l’endroit et le signal convenus. La question qui se pose est : où était la sécurité ? Une voiture de police devant. Rien derrière et rien sur les côtés. Impossible de penser que la police a été surprise. D’abord parce que dans tout pays et plus particulièrement en Egypte soumise à la loi martiale depuis des décennies, l’aéroport international de la capitale est soumis à une sécurisation extrême. Certes l’Egypte est un pays du Tiers-monde comme notre pays mais s’il y a un secteur sur-développé c’est bien celui de la Sécurité. L’Egypte c’est probablement un des pays où l’on retrouve la plus forte densité de «flics» au km2. Si donc ces services n’ont pas vu le regroupement de plusieurs dizaines de hooligans réels ou supposés c’est non pas qu’ils ne voulaient pas voir mais que ce sont eux qui les ont placés. La version égyptienne selon laquelle ce sont les Algériens qui, de l’intérieur, ont brisé les vitres du bus et se sont infligé des blessures n’est pas seulement délirante ; c’est plus sérieusement la preuve de la préméditation en raison de sa rapide et générale diffusion. En effet cette «explication» est sortie très peu de temps après l’agression et elle a été colportée, en même temps, par un grand nombre de journalistes différents.
La guerre psychologique faite aux Algériens s’est poursuivie avec le stationnement de centaines de supporters égyptiens pendant toute la nuit d’avant match chantant à tue-tête et faisant fonctionner les klaxons de leur voiture dans le but de rendre difficile la récupération des joueurs Algériens.
La preuve aussi qu’il s’agit d’un coup prémédité est que dans cette guerre, la mobilisation égyptienne a été générale et le harcèlement de tous les instants. Tous les Egyptiens étaient, pour les Organisateurs, potentiellement des soldats et chacun était appelé à apporter sa contribution à «l’effort de guerre». Les policiers ont «oublié» leur mission et devoir pour soumettre les Algériens à d’indignes vexations ; les journalistes égyptiens évidemment plus nombreux au stade se sont attaqués physiquement à leurs homologues Algériens. Des commerçants, des fonctionnaires et de simples passants se sont mis de la partie par des propos insultants. Un journaliste algérien qui voulait profiter de son déplacement pour visiter le très riche Musée du Caire a dû se résoudre à abandonner l’Arabe pour l’Anglais.
La preuve qu’il s’agit d’une guerre coordonnée en haut lieu est que juste après la défaite les 3 chaines satellitaires sœurs mais néanmoins ennemies sont passées à autre chose, des feuilletons et lorsque les chefs réels, les Moubarak sont montés, à visage découvert, au créneau, ces chaines et l’impressionnant appareil égyptien d’information tout entier sont revenus à la charge en redoublant de férocité algérophobe.
Chaque peuple dispose d’un certain nombre de traits qui font la différence avec d’autres peuples. C’est ce que les psychologues appellent la personnalité de base. On se condamne à ne rien comprendre aux réactions algériennes si l’on ne prenait pas en considération deux traits particulièrement importants. Le premier est que rien n’est plus insupportable pour eux que la hogra. Le second est que les Algériens ne sont jamais meilleurs que dans des situations de défi. Victimes d’une hogra particulièrement dure (le traquenard du bus) et s’étant trouvés dans une situation de défi, ils se sont transfigurés et se sont surpassés. Et ils ont gagné.
Pour les Egyptiens l’hypothèse de la défaite n’existait pas et la preuve est qu’ils ont commis la fatale imprudence de fêter la victoire avant sa réalisation sur le terrain, ce qui a contribué à entraîner une moindre mobilisation et une certaine déconcentration de leurs joueurs à Khartoum.
Pour les Egyptiens, la victoire algérienne entame bien des certitudes bien ancrées. Ils considèrent que dans le monde arabe et dans tous les domaines, ils sont les premiers et que les autres leur doivent ce qu’ils ont de meilleurs. C’est le Big Brother à la fois paternaliste et hautain pour tous les Arabes. Et, en cette occasion, ils n’ont pas manqué de ressortir, encore une fois, des contre-vérités aussi grosses que les pyramides. A les écouter, nous leur devrions notre indépendance, la récupération de notre langue nationale etc. Par temps calme, ils nous perçoivent comme des montagnards frustes et dénués de toute culture. Par temps de tempête, nous devenons des «sauvages» ou des «bâtards» selon les mots de deux de leurs «intellectuels» et nos jeunes supporters sont qualifiés par Ala Moubarak de «terroristes» et de «mercenaires».
La folle colère des classes politique, intellectuelle et médiatique égyptienne a effacé d’un coup le vernis culturel habituellement en usage et il ne pouvait en être autrement parce que ce qui est posé, en vérité, c’est le problème crucial de la suprématie égyptienne dans le monde arabe. On ne peut pas ne pas faire le parallèle suivant : L’équipe égyptienne a une moyenne d’âge de 31 ans et elle est en fin de course ; l’équipe algérienne qui a une moyenne d’âge de 24 ans entame sa longue marche. Dans cette affaire, il n’est pas possible de ne pas faire entrer en ligne de compte la rivalité entre l’Algérie et l’Egypte, les deux principales puissances arabes, en vue de la suprématie comme il n’est pas possible de ne pas prendre en considération la spectaculaire montée d’autres pays. Il y a quelques années un différend a surgi entre le Qatar et l’Egypte et c’est le «petit» Emirat qui a fait plier «Oum Eddounia» obligeant le «grand» Raïs à faire le chemin de Doha devenu pour lui celui de Canossa. La vérité est que l’Egypte qui avait, pour des raisons historiques, plusieurs longueurs d’avance sur les autres pays arabes est en train d’être rattrapée et même dépassée y compris dans les domaines où elle exerçait un véritable monopole comme la chanson, le cinéma, le feuilleton télévisuel, et à un degré moindre, la littérature.
Cette rivalité est d’abord et avant tout politique. Il y a quelques années, l’Algérie a voulu corriger une anomalie. Tout le monde sait que dans une organisation régionale un pays ne peut pas disposer à la fois du siège et du secrétariat général et, pour la Ligue arabe, l’Egypte trustait les deux depuis le début exceptée la période Camp David. La tentative n’a pas été une réussite en raison –semble-t-il de la volte-face de certains Etats arabes «travaillés» par les Egyptiens.
ET MAINTENANT
A la fin du match de Khartoum, le Président Raouraoua et le Coatch Saadane, séparément, ont qualifié les joueurs algériens de «guerriers». Il est vrai que nos «petits gars» ont joué avec la rage de vaincre et ils ont vaincu et le but inscrit par Antar Yahia en est la parfaite démonstration. Des valeurs oubliées sont remises à l’honneur : le travail, l’effort, l’abnégation et le patriotisme des jeunes. Le soutien politique ferme dont dispose, dit-on, le Président Raouraoua, et les ressources financières (le nerf de la guerre) jamais vues dont il a bénéficié ont contribué, pour une part non négligeable, à cette magnifique réussite.
La «balle» est maintenant dans le camp politique. Non pas celui de l’élite du pouvoir, non pas celui des partis de la coalition, non pas celui du gouvernement mais celui du Président de la République seul. De Khartoum est sorti un peuple transfiguré, tout neuf qui a toutes les caractéristiques de la famille. La transfiguration était visible à l‘œil nu. On a vu des Algériens se sourire, se parler, se cotiser pour confectionner des drapeaux aux dimensions pharaoniques. On a vu des automobilistes renoncer à leur priorité, des jeunes se lever dans les bus pour laisser leur place aux dames et aux personnes âgées. Des termes oubliés comme «khouya» ou «khti» réapparaissent et beaucoup de citoyens disent retrouver l’atmosphère de l’indépendance. Mais la grande nouveauté, peut-être, c’est l’entrée en force des femmes, de toutes les générations y compris les «mammas» qui sont allées de leur prière et youyou. Jamais l’expression «comme un seul homme» n’a été aussi vraie.
J’ai évoqué plus haut la préférence du Président pour le contact direct avec ses compatriotes et en particulier les jeunes. Il faut se rendre compte que les jeunes qui ont réalisé l’épopée de Khartoum sont les mêmes que ceux qui ont déclenché la multitude de mini intifada de ces dernières années en réponse à la hogra et à ce que le Président a qualifié de «terrorisme administratif» et les mêmes que ceux qui, la mort dans l’âme, «désertent» leur pays pour d’autres cieux y compris au péril de leur vie. Il est sûr que cette qualification au mondial, par les effets immenses qu’elle a produits et les grandes perspectives qu’elle a ouvertes, peut être le prélude d’un recommencement. Le doute n’est pas permis, la relève existe. Ce recommencement a cependant pour condition une autre victoire, la plus difficile sans doute, la victoire que nous devrions remporter sur nous-mêmes. Un homme d’affaires algérien établi à l’étranger pose cette question: «Savez-vous pourquoi nous autres Algériens nous n’avons pas besoin d’ennemis ? Et il y répond de cette manière terrible : «Parce que nous sommes nos propres ennemis»
Dorénavant, il y a un avant et un après Khartoum. Toute stratégie qui ne se hisserait pas au niveau de l’exceptionnelle et grandiose réponse populaire rabaisserait «Khartoum» et l’instrumentaliserait au service d’une politique politicienne à courte vue dont la visée serait de gagner du temps et préserver le statu quo actuel, bref de revenir aux habitudes.
La vraie victoire c’est de triompher de l’ignominie romaine. C’est dans leur phase décadente, en effet, que les Romains qui ont tant donné à la civilisation universelle ont été réduits à réclamer dans un slogan infâme, «Panem et cercenses !» (Du pain et des jeux !)….Le Quotidien d’Oran-24.11.09.
par Djamel Guerid·* Professeur à l’Université d’Oran
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** sport spectacle football
Comment comprendre le phénomène « sport spectacle football » dans son insondable complexité ? Quelles sont ses significations spécifiques ? De quoi le match de football nous parle-t-il ? Pourquoi suscite-t-il un intérêt général et tant de passions collectives ?
A quoi est dû cet engouement chez les jeunes et les moins jeunes ? Pour certains, cet engouement n’a pas grand-chose à nous dire sur le fonctionnement réel d’une société et les valeurs qui la modélisent. Il détourne, dit-on, des grands problèmes de l’existence. Le sport spectacle foot, c’est la culture du pauvre, de celui qui n’a plus que le « score » pour mesure universelle de la valeur humaine. Avec ses règles opaques et ses magouilles, c’est une véritable institution où règnent l’hypocrisie généralisée et la mauvaise foi. Dans chaque pays, le système sport spectacle foot fonctionne comme un lobby opaque. Pour d’autres, au contraire, toutes ces passions collectives, loin d’écarter de l’essentiel, le révèlent brutalement. C’est un moyen non politique de populariser les valeurs de l’égalité et du mérite, deux idéaux de la société démocratique ; car il les fait agir en les enracinant dans la quotidienneté la plus banale, celle du divertissement. Par le truchement de ses héros, il nous fait voir que n’importe qui peut devenir quelqu’un. Le sport spectacle foot engendre, aussi, ce sentiment de communitas qui apparaît comme perdu ou défait dans la vie quotidienne. En cas de victoire, de domination, de suprématie, ce sentiment de communitas s’incarne et déborde dans l’espace urbain. Chaque peuple sort, alors, de ses maisons, se rassemble et fête sa gloire. C’est, du moins, ce que de nombreux courants d’analyse (ethnologie, sociologie, psychologie, journalisme, etc.) tentent de mettre en relief en faisant une distinction fondamentale et opératoire entre deux pratiques sociales radicalement différentes, pour ne pas dire presque opposées : le foot amateur et le foot professionnel ou sport spectacle. Dans le foot amateur, qui donne la vie au sport, l’exécution de la pratique est une fin en soi, c’est le jeu pour le jeu, le fair-play, la défaite honorable, la convivialité et le spectacle est secondaire. Dans le foot professionnel, qui donne le label sportif, la pratique se transforme en un spectacle du fait que le sportif est intégré à une organisation qui le dépasse et auquel il n’a d’autre choix que de se soumettre. Sa souveraineté n’a d’égale que sa docilité. Cette soumission du sportif aux exigences du spectacle n’est pas sans contrepartie : elle est achetée. Le sportif professionnel devient un professionnel du spectacle. Il vend ses mollets. De ce fait, il participe à un spectacle organisé, à une pratique sociale de spectacularisation différentes du monde sportif pur : qui est celui de la compétition. Aussi, pour mieux comprendre le monde spécifique par lequel la pratique sportive pure glisse vers le spectacle, il faut raisonner en termes de catégories ludiques : dans le sport spectacle, la compétition « ce temps de l’exceptionnel, de la prouesse corporelle, de la performance » devient théâtre et les athlètes des acteurs jouant des rôles devant un public. Dans cette dramaturgie collective, le spectateur est, lui aussi, actif. Il se met en scène en s’exprimant, notamment, par des slogans revendicatifs et des chants vengeurs. Il devient, à son insu, acteur. Quant au terrain où se déroule le sport spectacle, c’est le Grand stade où la pratique sportive de spectacle va se développer à deux niveaux : le premier niveau c’est le stade localisé avec ses spectateurs et ses supporters, et le deuxième niveau c’est le stade délocalisé, c’est-à-dire le stade qui se prolonge à l’extérieur en pénétrant chaque foyer. C’est ce que Umberto Eco appelle le « sport au carré ». Ainsi, il y a bien deux types de pratiques sportives qui se dégagent dans le sport spectacle : une pratique sportive pratiquante (ce sont les compétiteurs du terrain qui exercent une profession) et une pratique sportive non pratiquante (ce sont les spectateurs et les supporters qui sont venus pour assouvir une passion) Les pratiquants sportifs non pratiquants, dans le spectacle sportif, jouent un rôle qui n’est pas sans rappeler celui du chœur dans les formes primitives du théâtre. Dans les gradins, ils sont en communion et en ébullition. Dans sa finalité même le sport spectacle ne gagne la faveur populaire et ne devient un phénomène social que s’il arrive à intéresser une majorité de non pratiquants, ceux qu’on appelle communément les spectateurs.
L’incertitude dans le Sport Spectacle Foot
Le match de football puise sa force dramatique et philosophique dans les impondérables qui en pimentent le déroulement. En effet, s’il est aussi captivant à regarder, c’est précisément en raison de la place singulière qu’y tient l’incertitude. Dans le déroulement d’un match de foot, le hasard, l’aléatoire, la chance, la ruse, la duperie, la tricherie, tiennent une place déterminante. Un tel champ fournit un terrain de choix au simulacre et à la dissimulation. Pour gagner, il faut à la fois du mérite individuel et faire preuve de solidarité. Le match de foot est une mise en scène d’une élite de sportifs égaux qui se donnent en représentation d’une collectivité au travers d’une compétition incertaine. C’est l’égalité de valeur entre les compétiteurs qui crée le suspense et l’incertitude mobilisatrice chez le public. Dans un tel univers, la réussite et le succès tiennent à un fil. Il est, en effet, paradoxal et hautement significatif que le monde se soit donné pour sport le plus populaire, celui sur lequel planent le plus de soupçons. Dans le foot, le meilleur ne gagne pas toujours : en 1956, la modeste équipe d’El Biar triompha du Stade de Reims lors d’un match de coupe de France. On ne peut, alors, que se demander comment de telles distorsions peuvent avoir lieu ? Ici, le hasard (une cause, mais cachée à la raison humaine !) nous rappelle avec brutalité que le mérite ne suffit pas toujours pour devancer les autres. Des impondérables peuvent modifier le cours d’un match. L’incertitude qui pèse sur une compétition de foot façonne d’une certaine manière un monde discutable et donc humainement pensable. A un ordre fondé sur la pure excellence, l’incertitude repose sur le recours au doute et aux soupçons. Elle tempère la brutalité d’un ordre social où chacun aurait la certitude rationnelle d’occuper, à juste titre, son rang, son poste, sa place. Le match de foot où se conjuguent l’incertitude, la chance, la duperie, la ruse, la tricherie, exhibe les facteurs déterminants de la réussite dans le monde contemporain et à travers ses propriétés incertaines, nous fournit de nombreuses interprétations. Il nous rappelle brutalement que le malheur des uns est la condition du bonheur des autres et que le destin est un éternel recommencement. Il offre de l’existence une vision plus complexe et contradictoire, et au fond, plus proches des réalités et des conceptions de la vie ordinaire. Combinant qualités individuelles et action collective, il donne à penser un ensemble d’attitudes entre lesquelle il faut souvent choisir au fil d’un jour ou d’une vie. Il étale, également, dans un temps court (90 minutes de jeu) toute la gamme des émotions que l’on peut ressentir dans le temps long d’une vie : la joie, le plaisir, la douleur, la souffrance, l’ennui, le sentiment d’injustice, la haine, etc. C’est ainsi que l’exploit de l’équipe nationale est vécu souvent comme une revanche sur une vie difficile et ingrate. L’échec, à l’inverse, réveille un sentiment d’injustice et souvent la conviction d’un complot fomenté. Le match de foot puise sa force dramatique dans la puissance émotionnelle d’une histoire incertaine qui se construit devant des spectateurs. Par la place qu’il réserve à l’imprévisible et à la chance, à la duperie et à la ruse, le match de foot recèle des virtualités imprévues.
L’identification dans le Sport Spectacle Foot
Il n’y a pas de sport spectacle sans identification. Cette dernière est un processus spécifique selon lequel le spectateur tend à imiter la complexité d’un modèle de façon spontanée et non sous l’effet d’un apprentissage. C’est ainsi que l’identification qu’avaient les supporters brésiliens de Garrincha dans son corps et son allure désignait tous les stéréotypes du Brésilien : dissimulation et élégance. En Italie, Maradona avec son caractère capricieux, exéburant et indiscipliné, singularisait la tifoserie napolitaine. Cette dernière lui reconnaissait, volontiers, des origines napolitaines. L’identification dans le sport spectacle est une modalité sociale qui permet la manifestation d’un sentiment d’appartenance groupale. Elle présente un caractère particulier : son objet identificatoire est l’athlète, l’équipe, la ville, la région, la nation. L’idéologie, la politique, la religion peuvent utiliser l’identification groupale et la faire fonctionner à leur profit, mais elles ne la créent pas. Celle-ci leur préexiste. En ce sens, ce qui est fixe dans le sport spectacle foot, c’est l’identification groupale et ce qui est mobile, c’est l’idéologie ou la politique qui peuvent s’y manifester ou que l’identification peut servir. Lors des JO de Berlin (1936), les Allemands voyaient dans les victoires des athlètes du Reich le triomphe des valeurs nationale-socialistes, c’est-à-dire le succès d’une idéologie. Dans la ville de Glasgow, les supporters n’ont pas d’autre choix que de s’identifier soit à l’équipe du Celtic qui représente les immigrés irlandais catholiques, soit à l’équipe des Rangers qui symbolise, elle, la communauté protestante. En quatre-vingts ans d’existence, aucun catholique n’a joué dans l’équipe des Rangers. Le football reste, donc, le sport où le phénomène d’identification est le plus palpable et le plus organisé. Sport de foule, il a tendance à éliminer à la fois les caractères de différenciation et les conduites personnelles. Les manifestations verbales et physiques deviennent similaires, identiques, collectives. Mais elles n’ont aucune autonomie puisqu’elles meurent ou évoluent avec le contexte social. La foule allemande des Jeux olympiques de Berlin (1936) avait, pour une grande part, témoigné du degré d’adhésion au régime de l’époque, épousé ses tics et ses procédés. Mais ces Jeux, s’ils ont illustré l’époque nazie, s’ils ont surchargé la mémoire d’images de propagande, ils n’ont eu aucune influence sur le cours de l’histoire. Pour la bonne et simple raison que l’identification dans le sport spectacle ne participe nullement au changement d’une société, elle n’en est, au mieux, que le simple écho qui traduit un mode spécifique d’existence collective, c’est-à-dire un style de jeu daté. Plusieurs auteurs ont souligné ces affinités entre manière de jouer et manière de vivre. R. Da Matta note qu’une des propriétés stylistiques du foot brésilien est le « jeu de ceinture », c’est-à-dire une sorte de malice, une filouterie qui vise avant tout à esquiver frontalement l’adversaire dans le jeu. Da Matta voit dans cette particularité stylistique l’illustration de « la règle d’or de l’univers social brésilien qui consiste précisément à savoir se sortir d’une situation avec tant de dissimulation et d’élégance que les autres en viennent à penser que tout était fort aisé ». Le style de jeu reflète, ici, une « mentalité », « un mode de vie », un « imaginaire collectif ». En Italie, le style de jeu de l’équipe nationale (de 1930 à 1980) symbolisait deux aspects opposés de l’italienneté : l’un négatif (absence de méthode, de préparation, d’organisation), l’autre positif (génie créatif et générosité dans l’effort). Aujourd’hui, encore, la confrontation des styles de jeu de certaines équipes nationales fait clairement apparaître des visions différentiées du monde, des hommes, des valeurs, des règles, des normes, de l’existence. A titre d’exemple, le jeu de l’équipe nationale uruguayenne s’est signalé par une technique rugueuse et défensive protégeant âprement son camp, à l’image du pays enclavé entre deux puissants voisins. Dans les années 1930, l’équipe nationale suisse invente la tactique défensive du « verrou », à l’image d’un pays neutre qui se replie sur lui-même. Le jeu de l’équipe nationale algérienne de 1975 (Jeux méditerranéens), de 1982 (Mondial de foot en Espagne) et de 2009, symbolise, lui aussi, plusieurs aspects de l’algérianité : une générosité sans limite dans l’effort, un désir ardent de se dépasser et de se surpasser, le goût du défi et de l’extrême ; mais aussi une attitude d’affolement et de précipitation dans l’exécution de l’action, donnant l’image d’un style de jeu improvisé, à l’image d’un pays qui cherche encore son propre style de développement dans les domaines économique, social et culturel. Selon donc les lieux et les contextes, différentes caractéristiques singulières du jeu apparaissent : accentuées, combinées, finement dosées, ces caractéristiques portent toujours l’empreinte d’une culture et d’un imaginaire collectif. « Montres-moi comment tu joues et je te dirai d’où tu es ! » Ainsi, si le match de foot est le lieu par excellence d’une gamme extraordinairement variée de possibilités identificatoires, c’est qu’il offre un large éventail de propriétés dont la combinaison peut se moduler en une multitude de variantes.
Les passions partisanes dans le Sport Spectacle Foot
Le sport spectacle foot, c’est la foule, le rassemblement, l’empathie, la circulation affective, l’émotion, la passion partisane. En effet, l’effervescence émotionnelle dans l’enceinte d’un stade nous donne à voir une image sensible de l’unité d’une société, mais aussi des contrastes qui la façonnent. En Espagne, le stade est un refuge où l’on peut sans crainte parler et chanter basque ou catalan, avec des mots et des actes, parfois, empreints d’agressivité, voire de violence. C’est que, majoritairement masculin et extrêmement jeune, le public des stades forme une masse unanime et anonyme. Cette juvénilisation du public apparaît de façon éloquente à travers le débridement des comportements. Les jeunes supporters se singularisent, surtout, par le profil social de leurs membres, leurs modes de fonctionnement, leurs styles de discours et d’engouement. Parmi eux, les ultras adoptent des comportements belliqueux. Les ultras sont des supporters jusqu’au-boutistes, des extrémistes, qui ne viennent pas voir le match, ils viennent voir leur équipe gagner : gagner à tout prix. Le rapport qu’ils entretiennent à la règle sportive et la loi est négatif et haineux. En Espagne, les ultras du Réal de Madrid sont des nostalgiques du franquisme. En Italie, ceux qui soutiennent l’Inter-Milan sont patronnés par un député fasciste. Ces derniers, afin de s’adonner avec plus d’efficacité à leur passion partisane, n’hésitent pas à se « charger » en consommant abondamment de l’alcool et de la drogue dans les gradins. En Pologne, le club du Legia Varsovie compte de nombreux néo-nazis. Dans l’ensemble, les comportements de tous ces ultras se caractérisent, essentiellement, par le juron viril et le goût de la bravade qui forment la trame de la rhétorique de la passion partisane. Tous ces traits participent d’une mentalité qui trouve, aujourd’hui, dans le stade, un terrain privilégié d’expression caricaturale. La logique de la passion partisane consiste à fabriquer des oppositions : on glorifie les siens et on dénigre les autres. Tous les jurons et les slogans sont mis à profit pour discréditer l’autre. Les supporters napolitains ne sont-ils pas accueillis par les supporters milanais avec d’immenses banderoles où on peut lire : « Bienvenue en Italie » ou encore « Napolitain, contribue à la sauvegarde de l’environnement, lave-toi ! » Ce à quoi les supporters napolitains rétorquent en brandissant leurs écharpes où est inscrit : « La maman nous a faits forts, sains et napolitains ». De leur côté, les Romains ne manquent pas de rappeler aux Juventins que leur puissance est récente et éphémère (« Agnelli, l’empire, c’est nous qui l’avons fait ! ») A l’arrière-plan, de toutes ces passions partisanes et de leurs styles spécifiques, il s’agit toujours d’exalter les siens et de disqualifier les adversaires. Elles sont rigoureusement entretenues par un type de supportérisme, c’est-à-dire un ordre autonome classant et découpant le monde et l’humain selon des critères qui lui sont propres.
Le Sport Spectacle Foot : une Guerre Ritualisée
Le match de foot théâtralise les vertus de la force et de l’habilité dans le jeu. Il permet d’exercer bruyamment les prérogatives de la culture virile : le droit à l’excès physique et verbal. C’est là et là seul où les gros mots ont droit de cité. Dans le match de foot, les formes de classification de l’humanité sont simples : d’un côté les patriciens, les gagnants, les « vrais hommes », ceux capables de lutter, de l’autre les plébéiens, les perdants, les battus, les « sous-hommes », les hommes attardés. « Qui c’est les plus forts, les plus forts c’est nous », clament les supporters marseillais. Un match de foot serait donc un affrontement pacifié (une guerre ritualisée) qui tolère une marge de débridement des émotions qui lui confère son piment émotionnel spécifique. En effet, contrairement à ce qui se passe au cinéma et au théâtre où les jeux sont faits avant la représentation, l’histoire d’un match, elle, se construit devant un public dont les spectateurs sont partie prenante et donc acteurs d’un destin commun. Langage pimenté et gestualité débridée illustrent les dimensions guerrières de cet engagement. L’équipe est décrite à la façon d’un corps d’armée avec son capitaine, son stratège, ses attaquants et ses défenseurs. Le vocabulaire technique est pétri de termes et de métaphores militaires. On parle de « conquête du ballon », de « prise d’assaut du camp adverse », de « retrait », de « contre-attaque », de « percer la défense », de « fusiller le goal », etc. Si bien qu’un match de foot se prépare souvent du côté des supporters, comme une campagne militaire. Les plus passionnés se transforment en combattants en revêtant leurs uniformes de campagne : tricots, écharpes, casquettes, drapeaux, etc. Bien d’autres accessoires soulignent cette symbolique guerrière. C’est ainsi que les pétards et les fumigènes évoquent l’atmosphère d’un champ de bataille. A l’exemple, aussi, des derbies où deux camps de supporters se disputent deux territoires délimités par la ligne médiane du terrain. Tout franchissement de cette frontière par un adversaire est considéré comme une infiltration de l’ennemi et donc une provocation qui doit être sévèrement réprimée. Dans cet affrontement, on veut établir sa supériorité, son « hégémonie communicative » sur les ennemis, les traîtres d’en face et ce par une surenchère d’insultes et de chants vengeurs. Toute cette mise en scène guerrière mi-dramatique, mi-parodique nous rappelle par sa virulence que le prix des « biens symboliques » (la victoire, l’honneur de l’équipe, etc.) ne sont ni négociables ni partageables, contrairement aux biens matériels. Le match de foot reste, en définitive, une des rares occasions où va s’exprimer de façon collectiv, un folklore vivant, un minimum culturel partagé qui scelle une commune appartenance. C’est ce folklore vivant qui est en perpétuelle évolution et dont les groupes de supporters les plus extrémistes se disputent les innovations afin d’entretenir l’expression des singularités locales. Dans ce contexte, le génie des supporters britanniques est avant tout choral, alors que celui des tifosis italiens est une synthèse harmonieuse entre les arts visuels et vocaux, entre le geste et la parole. Chez ces derniers, plusieurs slogans stéréotypés reflètent la propension à l’expression lyrique, la capacité auto-ironique faite d’un extraordinaire mélange de tradition et de modernité.(El Watan-30.11.09.)
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