*WikiLeaks,un «déluge» de documents secrets
Julian Assange le 17 janvier 2011, à Londres.
Au cours d’un entretien sur CBS, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, annonce un plan de riposte si son site restait définitivement fermé. Il refuse en revanche de commenter les affaires de violences sexuelles pour lesquelles il est poursuivi.
Julian Assange promet un «déluge» de documents secrets. C’est du moins le plan mis en place par le fondateur de WikiLeaks au cas où son site de dénonciation resterait définitivement fermé. Dans un entretien exclusif diffusé sur CBS, dans l’émission «60 minutes», Julian Assange a annoncé que son groupe possédait «un système par lequel il pouvait diffuser des sauvegardes cryptées d’éléments qu’il n’avait pas encore publiés». «Il y a des sauvegardes distribuées parmi de très nombreuses personnes, environ 100.000, et tout ce dont nous avons besoin c’est de leur donner une clé cryptée qui leur permettra de continuer», a-t-il expliqué.Le fondateur de WikiLeaks, qui fait actuellement l’objet d’une enquête criminelle sur la fuite de centaines de milliers de rapports et de dépêches diplomatiques, a toutefois précisé que cette clé ne serait distribuée qu’en dernier ressort. «Si un certain nombre de personnes étaient emprisonnées ou assassinées, là nous aurions le sentiment que nous ne pouvons pas poursuivre (la diffusion des documents), et d’autres personnes devraient prendre le relais (de notre action) et nous pourrions donner les clés», a-t-il poursuivi.
L’Australien de 39 ans a également démenti être mû par des sentiments antiaméricains ou par d’autres mots d’ordre politiques, qualifiant son groupe de «militant de la presse libre». «Il ne s’agit pas de sauver les baleines. Il s’agit de fournir aux gens l’information dont ils ont besoin pour savoir s’ils doivent défendre ou non les baleines, a-t-il affirmé. C’est la matière brute dont on a besoin pour avoir une société juste et une société civile. Sans cela c’est comme de naviguer dans l’obscurité».
«Mégafuite»
Julian Assange a en revanche refusé de commenter les allégations suédoises de crimes sexuels dont il fait l’objet, tout comme ses projets éditoriaux. Concernant la diffusion d’une information sur la Bank of America, le fondateur de WikiLeaks n’a ni confirmé, ni infirmé qu’il le ferait, tout en gloussant. «Toutes ces banques sont mal à l’aise et chacune se demande si ce n’est pas elle qui est visée, a-t-il noté. Quand vous voyez des organisations, qui ont commis des abus, souffrir des conséquences de leurs abus alors que leurs victimes se relèvent… Vous éprouvez un certain plaisir à être impliqué dans ce type d’activité».
Au cours d’une interview avec le magazine Forbes en novembre dernier, Julian Assange avait annoncé qu’une «mégafuite» de son site aurait pour cible début 2011 une grande banque américaine. Il avait fait savoir auparavant qu’il avait découvert un trésor de documents concernant la Bank of America – la plus grande des banques américaines -, dont les actions ont perdu plus de 3% le 30 novembre, peu après la publication de l’interview d’Assange dans Forbes. (Le Figaro-31.01.2011.)
** La saga WikiLeaks racontée par le New York Times
Le quotidien américain dévoile les dessous du plus grand hold-up d’informations secrètes de l’histoire.
Tout a commencé par un mystérieux coup de fil au mois de juin dernier dans le bureau de Bill Keller, un ancien correspondant à Moscou aujourd’hui à la tête de la rédaction du New York Times, qui continue d’incarner contre vents et marées l’excellence du journalisme américain. C’est Alan Rusbridger, patron du quotidien de gauche britannique The Guardian, qui est au bout du fil. À mots couverts, ce dernier entreprend de lui expliquer qu’une organisation de pirates de la Toile, nommée WikiLeaks, est entrée en possession d’une énorme quantité de documents américains confidentiels. Rusbridger évoque notamment le nom du patron de WikiLeaks, Julian Assange, un «ex-hacker australien excentrique sans résidence fixe», qui a promis de leur transmettre près d’un demi-million de câbles militaires relatifs aux opérations américaines en Afghanistan et en Irak. Il parle de l’existence de maints autres trésors à venir, dont une montagne de dépêches diplomatiques. Le patron du Guardian veut savoir si le New York Times serait intéressé par l’aventure qu’il vaut mieux mener à plusieurs vu le caractère politiquement sensible de l’affaire et l’ampleur du travail journalistique à fournir. «J’étais intéressé», raconte Keller dans un article fleuve, publié jeudi dans son journal, le premier récit à paraître sur les dessous du plus grand «hold-up» d’informations secrètes de l’histoire.Tandis que le monde entier s’apprête à partir en vacances à l’été 2010, commence dans les coulisses une extraordinaire saga journalistique, qui va mobiliser dans le plus grand secret, en même temps qu’une flopée d’avocats, les meilleurs reporters du New York Times, du Guardian et de l’hebdomadaire allemand Spiegel, qu’Assange a souhaité associer à l’opération. Bill Keller décide de dépêcher à Londres Eric Schmitt, journaliste chevronné, habitué de la lecture de documents militaires officiels pour déterminer l’authenticité des matériaux et organiser le travail. Sur place, Schmitt rencontre Assange: il le décrit comme «grand» et «dégingandé», «alerte mais échevelé comme une clocharde», «portant un survêtement défraîchi» et «des chaussettes blanches dégoûtantes tombant sur ses chevilles». «Il puait comme s’il ne s’était pas lavé depuis des jours», écrit Schmidt à son rédacteur en chef. Muni d’une batterie d’ordinateurs qu’il trimbale dans un sac à dos, le patron de WikiLeaks va jouer le rôle «du support informatique en chef» durant le brainstorming. Selon Keller, les reporters présents découvrent un homme «intelligent et éduqué, très doué pour la technologie», mais «arrogant, obsédé par les complots et étrangement crédule». Un jour, pendant un déjeuner à la cafétéria du Guardian, il assène d’un ton péremptoire à l’assemblée des reporters que les anciennes archives de la Stasi ont été infiltrées par d’anciens agents est-allemands, qui ont entrepris d’en détruire le contenu. Le journaliste du Spiegel tentera, visiblement en vain, de le convaincre du contraire…
Dès le départ, Assange, que Bill Keller voit exclusivement «comme une source, jamais comme un collaborateur ou un partenaire», ne pose qu’une seule condition au transfert des informations: le respect d’un embargo jusqu’au mois de novembre. Au milieu d’une foule de détails d’intendance, le New York Times entreprend alors d’exploiter la mer d’informations sur laquelle il vient de mettre la main. Les cracks informatiques du journal mettent au point un logiciel pour trier les données. Plusieurs journalistes s’emparent des différents dossiers pour en extirper la substantifique moelle.
Tout au long de ce travail, une question centrale se pose. Comment ne pas porter atteinte à la sécurité nationale et ne pas mettre en danger les personnalités évoquées dans les millions de câbles utilisés. Après avoir travaillé eux-mêmes des jours durant à effacer des noms ou enlever des passages sensibles, les journalistes prennent contact avec le pouvoir américain.
Bill Keller raconte l’accueil «froid» réservé au chef du bureau de Washington Dean Baquet, lors d’une réunion de brainstorming dans une pièce sans fenêtres du Département d’État avec des représentants de toutes les grandes institutions fédérales, de la CIA au FBI en passant par la Maison-Blanche. Mais la collaboration s’engage, entre officiels soucieux de préserver la sécurité de leurs missions et journalistes désireux d’informer en toute responsabilité. La «tension» est inévitable. Mais aucun appel «à ne pas publier» n’est venu de la Maison-Blanche. Un contraste avec ce qu’il avait vécu au moment de la publication de documents dévoilant le système d’écoutes des conversations privées mis en place par l’Administration Bush après le 11 Septembre. À l’époque, George W. Bush avait tenté de le dissuader de révéler ce système. En vain.
Si les relations avec le pouvoir sont tendues mais correctes, celles du New York Times avec Julian Assange, ne vont pas s’améliorer avec le temps. Le très médiatique patron de WikiLeaks a été furieux que le journal américain ait refusé de renvoyer à son site. «Où est le respect?», aurait-il tempêté. Il aurait fini par souhaiter exclure le New York Times de la boucle, tandis que Le Monde et El Pais étaient intégrés dans l’aventure. Mais le Guardian aurait refusé d’obtempérer.
Dans son article, le rédacteur en chef du New York Times ne cache pas son scepticisme pour Assange, ce personnage ambigu, aux convictions «anti-américaines» qui a troqué ses chaussettes sales contre des costumes ajustés et une coiffure étudiée, au fur et à mesure que venait la célébrité. Mais s’il dit douter de la pertinence journalistique de WikiLeaks, Bill Keller n’en prend pas moins la défense de l’organisation jugeant «effrayante l’hypothèse de poursuites judiciaires» puisqu’elle s’est contentée d’exploiter les fuites. Ce serait une atteinte au premier amendement, avertit-il. (Le Figaro-28.01.2011.)
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