11.Algérie culture
**Festival culturel arabo-africain de danse folklorique à Tizi Ouzou…du 05 au 10 juillet 2011.
Tizi-Ouzou, abritera du 5 au 10 du mois courant, la sixième édition du Festival culturel arabo-africain de danse folklorique qui coïncide cette année avec les festivités de célébration du 49è anniversaire de l’indépendance nationale.
Des troupes de danse folklorique représentant 17 pays étrangers, à savoir la Palestine, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire le Liban, Mali, Tchad, Mauritanie, Burkina-Faso, Madagascar, Guinée, Niger, Jordanie, Maroc, Cameroun ainsi que la France et l’Espagne, prendront part à cette manifestation culturelle devenue un des plus importants rendez-vous assidument suivis par la population locale.
Onze autres troupes de danse folkloriques représentant huit wilayas du pays sont également au programme de ce festival de danse. Les wilayas qui prendront part à cette 6e édition sont: Tizi-Ouzou, Mostaganem, Ghardaïa, Mascara, M’sila, El Bayedh, Tlemcen, Constantine et Tamanrasset.
En plus des spectacles de chants qui seront animés en nocturne au stade Oukil- Ramdane (centre-ville) par les chanteurs de renom tels que Lotfi Double Canon, Amal Wahbi, Rabah Asma, Mohamed Allaoua, Rabah Lani, jeunes chanteurs les organisateurs de cette manifestation culturelle ont programmé pour les journées du 6 et 7 du mois courant un colloque sous le thème «la danse et le public» qu’animeront des spécialistes et professionnels en la matière. Comme durant la précédente édition, le commissariat du festival arabo-africain de danse folklorique ont décidé pour cette présente édition de faire profiter les citoyens des autres localités de la wilaya de cette manifestation riche en activité, en programmant des spectacles de danse et de chants animés par des différentes troupes et chanteurs conviés à ce festival. C’est ainsi que des villes comme Azeffoun, Tigzirt, Larbaa Nath Irathen, Ait Bouadou, Tizi-Rached, Draa Ben Khedda, Bounouh, Tizi-Ghenif, Bouzeguene, Maatkas, Tadmait, Ait Yahia… auront l’occasion de découvrir les richesses folkloriques dont recèlent les pays hôtes de la capitale du Djurdjura, mais aussi de rompre, un tant soit peu, avec la monotonie ambiante qu’elles vivaient en ces moments de chaleurs caniculaires. Comme de coutume, une exposition rétrospective du festival culturel arabo-africain sous le thème «Une invitation au voyage… via les danses folkloriques arabo-africaines » et le marché du festival baptisé «artisanat maghrebin: Les berbères précurseurs de l’artisanat» se tiendront au niveau des halls de la maison de la culture Mouloud Mammeri. (El Moudjahid-04.07.2011.)
**4e édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse..
du 22 juin au 29 juin 2011…à Alger, Tlemcen et Constantine.
«Libérer l’imaginaire» en s’ouvrant sur le monde, est le slogan de ce festival qui s’annonce des plus riches.
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**un florilège de titres
Si le Festival international de la littérature et du livre de jeunesse qui se déroule actuellement à l’esplanade de Riad El Feth à Alger jusqu’au 29 de juin a suscité foule et engouement durant le week-end, l’affluence en jour de semaine est plutôt timide.
En effet, le Feliv, implanté sur l’esplanade de Riad El Feth à Alger, a enregistré le week-end dernier un rush considérable. Les horaires aménagés en fin de journée, soit de 16h à 22h30, ont permis à de nombreux chefs de famille d’accompagner leurs enfants à ce salon, dédié au livre de littérature et de jeunesse. Ahmed, père de quatre enfants, confie que cette manifestation est l’occasion idoine pour faire sortir sa petite famille. «Cela a permis à mes filles de se ravitailler en manuels parascolaires et contes. Les prix sont relativement accessibles», dit-il. La plupart des parents accostés ont approuvé la tenue de ce festival, mais certains regrettent qu’un plan de navettes de transport n’ait pas été pensé par les organisateurs. Une maman, accompagnée de ses trois enfants confie qu’ils ont dû changer trois fois de bus pour venir de Baraki. «Cela occasionne des frais supplémentaires, ajoutés à l’achat incontournables de livres.»
Une virée plaisante au sein de ce salon nous a permis de constater que toutes les conditions matérielles ont été mises à la disposition aussi bien des exposants que des visiteurs. Les chapiteaux blancs érigés dévoilent des espaces aérés et assez larges à la fois. La décoration et l’esthétique à l’intérieur sont laissées au choix de chaque exposant. Les présentoirs sont bien achalandés en livres divers dont des mangas, des bandes dessinées, des contes, des jeux éducatifs, des romans… et du parascolaire à volonté. Un genre de livre qui ne devait pas figurer dans le catalogue des exposants, c’est du moins ce qu’avait soutenu le commissaire du festival lors de la traditionnelle conférence de presse précédant l’inauguration officielle. Cependant, ce genre de livre est bien présent sur les étals de certains exposants.
A titre d’exemple, les maisons d’édition Maktaba El Kadra et Dar El Amel de Tizi Ouzou proposent outre les contes et les romans, du parascolaire pour le premier palier en langues arabe et française. Comme le veut le règlement, la plupart des maisons d’édition nationales sont venues au Feliv avec un florilège de titres nouveaux. Créée en 2005, la maison d’édition Lazhari Lebtari, qui excelle dans la qualité et non dans la quantité, propose une série de livres de littérature et de jeunesse. Parmi ces titres, citons entre autres une bande dessinée Mondialo 1 de Saïd Sabaou, L’enfant qui ne pleure jamais de Mahmoud Aroua, L’aube nous vêt d’une robe blanche et L’arbre aux pièces d’argent de Hafsa Saïfi. Pour leur part, les éditions Dahleb proposent plusieurs rééditions de livres ainsi qu’un nouveau livre intitulé L’étrange historique du Djebel Naga de l’auteure Mme Sadia Azzoug-Talbi.
La maison Dalimen livre des contes pour enfants signés par deux sœurs Histoire d’amitié, de Djazia Ghouti et Les aventures de Aline et Miela, de Assia Ghouti. Le stand exhibe également d’autres titres dont, entre autres, Les Zirides fondateurs d’Alger et de Grenade de Josiane Lahlou, et Le Café de l’Imam de Fadhéla Benmerabet. Il est à noter que si cette année certains importateurs ont été écartés de cette manifestation, comme le stipule le cahier des charges, il est tout de même curieux de constater que certains éditeurs ont placé des livres destinés aux adultes. A titre d’exemple, le dernier né de Mohamed Benchicou Le Mensonge de Dieu est disponible au niveau du stand de la maison Koukou. En somme, ce quatrième Feliv qui se déroule au niveau des quatre espaces distincts, en l’occurrence à Riad El Feth, à la place El Kettani de Bab El Oued, à la place Malek Haddad de Constantine et à la place El Mechouar de Tlemcen, peut se targuer d’avoir arrêté un programme des plus riches, axé sur des communications et des animations. (El Watan-28.06.2011.)
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«Libérer l’imaginaire»
La ville du Vieux Rocher -Contantine- abrite du 25 au 29 juin en cours, à la maison de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa, le 4e festival international de la littérature et du livre de jeunesse.
Cette édition, contrairement aux précédentes, se tiendra parallèlement dans deux autres wilayas: Alger et Tlemcen.
Lors de la conférence de presse qu’il a donnée ce samedi, le responsable de l’évènement, Azzeddine Guerfi, a déclaré à ce sujet: «Le festival international de la littérature et du livre de jeunesse n’est pas vraiment comme un salon du livre; ce sont les mêmes objectifs, mais l’exposition sera remplacée par des ateliers professionnels et beaucoup d’autre activités.
Nous proposons quatre workshops: de peinture, lecture, cinéma et théâtre. Ils seront animés par des formateurs, des dessinateurs qualifiés venus des quatre coins du monde, du Bahreïn, de Tunisie, Belgique, France, des Etat-Unis… sans oublier la participation de l’association El Belliri de Constantine.»
Il faut encourager les ressources locales et donner la chance aux locaux de côtoyer des professionnels étrangers. Selon la même source, une liste de livres publiés par des éditions méconnues a été élaborée et sera exposée à la librairie Média Plus, même après cette manifestation. (El Watan-28.06.2011.)
*****Jeunes et moins jeunes auront droit du 22 au 29 à leur Salon du livre, à Alger, et du 25 au 29 juin à Constantine et Tlemcen. Ceci est la nouveauté de la 4e édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse dont les grands axes ont été déroulés par le commissaire, M.Gerfi, lors d´un point de presse, dimanche dernier. A Alger, en plus du village qui sera installé au niveau de l´esplanade de Riad El Feth, le Feliv posera ses livres à la place Kettani à Bab El Oued.
Autre nouveauté, les livres proposés et sélectionnés, en partenariat avec l´Association des libraires algériens, sont des ouvrages du monde entier et qui ne sont pas habituellement présents dans les rayonnages des librairies. L´ouverture vers l´autre est le maître mot de ce festival et «Libérer l´imaginaire» son étendard!
S´agissant de la chaîne du livre et ses différents segments y afférents, des journées professionnelles de formation seront organisées en faveur des libraires, des éditeurs mais aussi pour les jeunes auteurs auxquels il sera proposé une initiation aux techniques d´écriture d´ouvrages destinés à la jeunesse. Un des moments forts du Feliv sera sans conteste lorganisation d´un colloque autour du rôle des bibliothèques publiques dans la diffusion et la promotion du livre.
S´agissant du programme du volet jeunesse, plusieurs ateliers sont prévus, notamment un atelier d´apprentissage du dessin et de la peinture, un atelier artistique et de création, un atelier de lecture, les trois, déclinés dans les trois wilayas et enfin un atelier pour auteurs en herbe qui sera réalisé en partenariat avec l´association SOS Village d´enfants de Draria. Enfin, en partenariat avec l´association Chrysalide d´Alger et le ciné-club de Constantine, un atelier cinéma et littérature sera proposé. Côté littérature, il est prévu différentes animations dont 7 débats thématiques, 12 auteurs en dialogue (confrontation et échange d´expérience entre un auteur national et un autre international), 13 présentations d´ouvrage, 2 soirées poétiques et un spectacle littéraire. «Les débats thématiques, nous les avons voulu actuels et d´actualité», soulignent les organisateurs. Aussi, parmi ces thèmes retenus, on citera la question de l´engagement dans la littérature, l´impact des nouvelles technologies sur les écritures d´aujourd´hui tout en mettant la lumière sur les nouvelles voix chez les jeunes écrivains. Cette année, le Feliv consacre tout un espace dédié aux éditeurs nationaux.
Tout au long du festival, ils auront l´occasion de présenter et promouvoir leurs nouveautés tant «littéraires» que «jeunesse». Des soirées poétiques viendront égayer ces nuits d´été avec au programme, notamment un récital poétique qui viendra traduire, à l´occasion de l´inauguration du Feliv, la philosophie d´ouverture qu´on tend à imprimer au festival. Ce récital s´intitule: «L´intranquillité des poètes» et regroupera un ensemble de poètes venus d´ici et d´ailleurs, à l´image de l´Iranien Mussa Bidaj, le Congolais Gabriel Okundji, la Palestinienne Nathalie Handal et l´Algérien Hakim Miloud. Une seconde soirée poétique aura lieu au niveau de l´esplanade de Riad El Feth, avec des poètes algériens de toutes les régions du pays sous le générique «Poètes de l´intérieur».
Après des journées consacrées aux formations, aux débats et aux ateliers, les organisateurs ont voulu des fins de soirées festives et animées. Pour ce faire, plusieurs spectacles sont prévus. On notera un spectacle musical pour enfants en arabe et français, inspiré des Mille et Une Nuits, un spectacle animé par le Congolais Barly Baruti qui, le temps d´une soirée troquera son costume d´animateur d´ateliers jeunesse contre celui de musicien showman bien connu du public algérien. Et puis, de différentes régions d´Algérie, des troupes de poésie populaire viendront égayer les fins de soirées du Feliv. En clôture, la salle Ibn Zeydoun accueillera un événement exceptionnel en hommage au romancier Hamid Skif. Il s´agit d´un spectacle de chorégraphie intitulé Géographie du danger, inspiré du roman éponyme de Hamid Skif. Il sera proposé par le chorégraphe Hamid Ben Mahi. Aussi, nous apprend-on, une salle de cinéma permanente sera installée où y seront projetés des films adaptés d´oeuvres littéraires. Ces projections seront destinées aux enfants et aux adultes. Le festival, qui sera ouvert au public de 16h à 22h, annoncera les noms des lauréats du concours de la meilleure nouvelle, le 29 juin prochain, soit à la clôture. Un ouvrage regroupant les nouvelles des lauréats des quatre éditions sera publié lors de la cinquième édition du Feliv. (L’Expression-08.06.2011.)
**Spectacle de flamenco «Antojo» à Alger
Espana, la mejor
Un spectacle de flamenco qui a émerveillé le public nombreux à faire le déplacement pour goûter à cette musique faite de traditions gitanes et du folklore andalou.
Dans le cadre des activités culturelles organisées par l’Institut Cervantès et l’ambassade du Royaume d’Espagne à Alger, la fondation Conservatorio Flamenco Casa Patas a présenté le spectacle de flamenco de la Bailaora Mónica Fernández «Antojo», dirigé par gabriel de la Tomasa à la Salle Aurrès (Hôtel Sofitel Hamma Garden).Monica Fernández a consacré toute sa vie au flamenco, depuis qu’elle a commencé ses études à Barcelone, sa ville natale. Elle a travaillé pour de grandes compagnies mais aussi avec ses propres productions, comme professeur et danseuse. Elle a interprété dans la vidéo «Corazón Partio»d’Alejandro Sanz et dans le monde de la mode avec Francis Montesions. Titulaire de Real Conservatorio de Séville, elle continue sa formation dans différentes disciplines comme Español Clásico et Flamenco avec des maestros, en l’occurrence Manolete, Merche Esmeralda, Ciro, Javier Latorre, Antonio Canales. Elle a fait partie des compagnies les plus prestigieuses comme «La Chana» et «Manolete».
En 2006, elle monte son propre spectacle «Antojo».La Bailaora Mónica Fernández a présenté plusieurs spectacles à l’ouest du pays, notamment à Mostaganem, Oran et Tlemcen, invitée dans le cadre de la semaine culturelle espagnole. Jupe longue, accords de guitare, regard de braise, danse expressive par excellence, le flamenco met en jeu toutes les parties du corps, de la pointe des pieds jusqu’aux yeux. Pour les hommes, le flamenco consiste essentiellement à frapper le sol avec le talon. On appelle ce mouvement le zapateado. Par contre, le flamenco des femmes se caractérise davantage par l’expression du corps et le mouvement des mains. Généralement improvisé, il est parfois accompagné par le jaleo, un ensemble de jeux rythmiques des doigts, de frappements de mains et des chants.
Le flamenco se veut une danse intense et théâtrale, qui exprime à la fois la souffrance et de la joie. Apparu à Séville au début du XIXe siècle, le flamenco est né de la rencontre entre les traditions gitanes et la musique folklorique andalouse. Inspiré également des rythmes de la musique des populations noires, des mélodies arabes et des chants religieux juifs, «le flamenco est une des parties les plus importantes de la culture tsigane en Espagne», nous explique la directrice de la fondation Conservatorio Flamenco Casa, Patas Begoña Fernandez. (El Watan-20.06.2011.)
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**Clôture de la XIIe édition du festival Culturel Européen en Algérie
Les ondes positives de Samira Brahmia
Le public algérien a été “une thérapie” pour cette artiste chaleureuse à la voix d’or.
Vingt-deux artistes dans tous arts confondus (musique, chant, danse et théâtre) se sont produits sur la scène d’Ibn Zeydoun (Riadh El-Feth), dans le cadre de la douzième édition du Festival culturel européen, organisé par la délégation de l’Union européenne en Algérie et placé sous le haut patronage du président de la République.
“Notre satisfaction était aussi grande de voir l’enthousiasme de tous les artistes qui se sont succédé sur la scène de la salle Ibn Zeydoun que celui des spectateurs”, a déclaré Laura Baeza, ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne en Algérie, dans son allocution, lors de la soirée de clôture. Comme le veut la coutume, l’Algérie est l’invitée d’honneur pour la cérémonie de clôture. À cet effet, la charmante et talentueuse interprète Samira Brahmia a mis le feu, durant deux heures de show. L’artiste, qui chante aussi bien en arabe qu’en français, toujours avec la même aisance, a fait son entrée sur scène, munie de sa guitare. D’une voix surprenante, elle a interprété ses plus célèbres titres, ainsi que des reprises. Des chansons qui traitent d’amour et de liberté avec des accents et sonorités pop, celtiques, chaâbi, jazz ou encore gnawi. Samira Brahmia a repris deux titres de Youcef Boukella (leader de l’Orchestre national de Barbès) qui a travaillé sur son album, Naïliya : La Ilah ila Allah et la sublime Noudjoum. De son timbre puissant, la chanteuse attachante et énormément chaleureuse s’adressait au public entre les chansons, en répétant à chaque fois la même chose : “Vous êtes ma thérapie.” La chanteuse a également repris une chanson de Cheikh Sidi Bémol, que lui avait reprise du répertoire de Slimane Azem. Même en langue Kabyle (qu’elle ne maîtrise pas très bien), Samira Brahmia excelle. Elle a aussi réalisé une reprise épatante de Haramtou bik nouassi (du répertoire andalou). Par la suite, Samira revisitera son répertoire, en interprétant entre autres Fabuleux destin, Breakfast, Mountains of death, Jdouda ou encore El Gnawi Ellah ydawi. Sa voix claire et douce a épaté le public durant tout le spectacle, surtout lorsqu’elle a chanté Ahmed Ldjadarmi, qui a fait danser même les plus récalcitrants.
D’ailleurs, les spectateurs étaient fort nombreux et la salle Ibn Zeydoun n’a pu les contenir. Pour cela, une projection en direct a été organisée à la salle Cosmos (Riadh El Feth)… à ceux qui n’avaient pas eu accès à la salle de concert. Vers la fin du spectacle et avant les solos des musiciens, Samira Brahmia a invité son fils, Wassel Mizialaoua, sur scène pour un final en apothéose. Grand comme trois pommes et armé de sa guitare électrique, le petit Wassel a déjà l’étoffe d’un grand musicien. En outre, ce douzième festival européen était un pont d’échange pour “découvrir des artistes qui n’ont de prétention que leur talent et la soif de rencontrer un nouveau public”. (Liberté-02.06.2011.)
* 6e FESTIVAL NATIONAL DU THÉÂTRE PROFESSIONNEL
**Du 24 mai au 7 juin 2011
Quatorze troupes en compétition. Dix prix à concourir, des ateliers, des rencontres scientifiques et littéraires… Cette année, le FNTP ne dérogera pas à la règle.
Du 24 mai au 7 juin 2011, le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi abritera la 6e édition du Festival national du théâtre professionnel (FNTP). L’annonce a été faite, hier, à 11h, au TNA, lors de la conférence de presse animée par des membres du commissariat dudit festival : MM. Fethelnour Benbrahim (directeur de la communication et des relations extérieures), Brahim Nouel (directeur des moyens généraux), Abdelkrim Lahbib et Akli Yahia Nazef (secrétaire général). Ce dernier, dans son intervention, a déclaré que le FNTP est “un événement qui prend de l’ampleur” d’année en année.
Lors de la cérémonie d’ouverture, des hommages seront rendus aux grandes figures du théâtre algérien : Souad Sebki, Djamel Marir, Ali Hafied, Mohamed Bouzit, Mohamed Bakhti… L’occasion pour les organisateurs d’exprimer leur gratitude et reconnaissance à toutes ces personnes qui ont donné leur vie pour l’art. Des hommages seront également rendus à d’autres personnalités artistiques étrangères (Saïda, Kasbaoui de Tunisie, Youssef Aydabi du Soudan, Abdelmajid Fenniche du Maroc…) “afin de donner une dimension internationale au festival”, comme mentionné dans le dossier de presse.
Pour l’édition 2011, pour ne pas déroger à la règle, ce sont quatorze pièces de théâtre qui seront en compétition, à la grande salle Mustapha-Kateb du TNA, pour les dix différents prix, dont celui de la meilleure mise en scène, du meilleur rôle masculin et féminin, meilleur espoir féminin et masculin…
Parmi les “compétiteurs”, deux sont lauréats des festivals régionaux d’Annaba et de Sidi Bel-Abbès. D’ailleurs, c’est au Théâtre régional de cette ville qu’a échu “l’honneur” de débuter la compétition, le 24 mai prochain, avec une pièce de théâtre intitulée Layali Almout. Les représentations débuteront à 19h. Quant au programme en off ou hors compétition du FNTP, il verra la participation de dix troupes étrangères (Jordanie, Tunisie, Irak, Maroc, Soudan, France, Égypte, Syrie, République centrafrique et Palestine) et six autres algériennes (Boumerdès, Constantine, Bordj Bou-Arréridj, Sid Bel-Abbès, Oran et Koléa). Le public pourra apprécier et/ou découvrir le travail artistique de ces artistes tous les jours, en après-midi, à la salle Hadj-Omar (au dernier étage du Théâtre national algérien).
En outre, les membres du jury sont au nombre de neuf, dont Lynda Sellam (Algérie), Abderrahmane Benzidane (Maroc), Samah Mahrane (Égypte) et Hacen Kassi Kouyaté (Burkina Faso). Ils auront à juger et évaluer toutes les pièces qui se succèderont sur les planches de la salle Mustapha-Kateb du TNA.
Par ailleurs et en marge du Festival national du théâtre professionnel, des ateliers (pas moins de neuf) relatifs aux différents aspects du théâtre auront lieu tout au long du FNTP. Ils sont destinés aux personnes désireuses d’apprendre différentes techniques du 4e art. Animés par des professionnels, ils se dérouleront dans cinq sites différents : Médiathèque Abane-Ramdane, Centre des loisirs scientifiques Didouche-Mourad, le TNA, l’Ismas et l’hôtel Azur-Plage.
Un colloque scientifique autour de la problématique du théâtre se déroulera du 28 au 30 mai prochains, à la salle des conférences de l’hôtel Azur-Plage. Des intervenants (spécialistes et universitaires), algériens et étrangers, interviendront tout au long de ces trois jours sur différents thèmes.
Les Arts de la parole, cet autre volet qui englobe toute activité artistique liée au patrimoine immatériel oral, sera visible à partir du 26 du mois en cours et s’étalera même au-delà du FNTP, pour prendre fin le 18 juin prochain. Et qui dit théâtre, dit poésie. Durant trois jours, le festival accueillera l’art des vers et strophes, à travers des rencontres (lectures poétiques). (Liberté-16.05.2011.)
**Une ouverture majestueuse
La 6e édition du Festival national du théâtre professionnel (Fntp), a été ouverte mardi, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. dans une ambiance bon enfant et en présence d’une assistance fort nombreuse. Le coup d’envoi a été donné par M’hamed Benguettaf, commissaire du festival et aussi directeur du TNA.
Dans son allocution de bienvenue, le commissaire a indiqué que le festival tient à «offrir gratuitement les expériences, tout comme il s’assigne comme mission de donner la parole à ceux ou à celles qui le souhaitent». Il n’omettra pas de mettre en exergue le mérite qui revient à la nouvelle génération symbole de la relève de demain pour que vive le 4e art et se poursuive la pratique théâtrale, avec autant de volonté et de créativité. C’est une pièce théâtrale, extraite d’un poème populaire qui inaugurera cette soirée.
Mise en scène par Ahmed Laggoun La Danse des palmiers était soutenue par un ensemble de musiciens jouant du luth afin de donner plus de relief à la dramaturgie de la pièce. L’ouverture du 6e Fntp a été l’occasion d’abord de rendre hommage à plusieurs personnalités du théâtre, d’ici et d’ailleurs. On citera les noms de Lynda Selam, Ramdane Tayeb, Chadha Salem, Kamar Anwar Assafdi, Mohamed Bouzit, Djamel Marir etc. C’est au Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès qu’est revenu l’honneur d’ouvrir les festivités, avec le spectacle Les Nuits d’Alamut.
Mise en scène par Azeddine Abbar et écrite par Hmida Layachi, la pièce a pour ancrage historique un passé épique avec comme décor la confrontation entre Nizam Al-Mulk et le grand poète du vin et de l’amour, Omar Khayyam. La pièce met en exergue la force des bons sentiments contre l’orgueil du pouvoir et la peur de le perdre. Plusieurs personnages cohabitent dans cette pièce noire. Safia et sa fille Rabeb, Hassan Es-Sabbah qui se fait appeler «Cheikh el-Djabel» tout en terrorisant les populations. Cette pièce évoque la tension née entre le bien et le mal et décrit les travers des monarques sur fond de bassesse humaine.
Sur une superbe scénographie signée Abderrahmane Zaâboubi, les comédiens déclamaient un arabe classique au firmament qui peut sembler désuet mais qui sied pour une fois à cette belle épopée. On peut dire que le Festival national du théâtre professionnel commence bien. La compétition promet d’être rude entre les quatorze troupes en lice pour décrocher l’un des dix prix du festival qui seront remis lors de la cérémonie de clôture prévue le 7 juin.
Le programme hors compétition prévoit la participation de neuf troupes algériennes et de dix troupes étrangères, dont huit troupes arabes, une troupe d’Afrique centrale et une autre française. Ce programme prévoit aussi d’autres espaces à Alger (salle Hadj-Ameur, salle El-Mougar, Palais de la culture Moufdi-Zakaria) et dans certaines wilayas limitrophes, alors que les planches du Théâtre national algérien (TNA) sont réservées aux pièces théâtrales en compétition. L’Egypte sera présente avec El-brova el-akhira (l’ultime répétition) de la troupe Maison artistique du théâtre et la Tunisie avec Zeriaât Ibliss (la race de Satan) de la troupe «Art des deux rives». Des troupes du Maroc, d’Irak, de Jordanie, de Syrie et de Palestine participent également à cette manifestation. Le festival sera aussi marqué par l’organisation d’une rencontre sur la critique théâtrale du 28 au 30 mai et de onze ateliers sur l’art théâtral, outre la consécration d’un espace aux arts plastiques et d’un autre à l’art oratoire.
La manifestation créative. «La poésie s’invite au théâtre» est la nouveauté de ce festival. «Trois nuits de la poésie» seront ainsi dédiées à la mémoire de Abou El-Kassem Echabi, de Abdallah Rekibi et de Abdallah Benkerriou. Ces soirées seront animées par de grands noms algériens et arabes, dont Azradj Omar et Tayeb Leslous (Algérie), Hiyam Yared (Liban) et Idris Allouche (Maroc). Institué en 2005 en vertu d’un arrêté du ministère de la Culture, le Festival national du théâtre professionnel s’attache à développer les arts du théâtre national, à encourager les expériences pionnières et les recherches en matière de théâtre, notamment à travers l’organisation de rencontres, et à encourager l’émulation créative dans le domaine théâtral. Aujourd’hui, il jouit d’une bonne assisse qui crée assurément l’émulation au sein des théâtres régionaux. Se voulant être un moment de rencontre, d’échanges et de partage, le Festival national du théâtre professionnel est bien parti pour durer.
Si le commissaire du festival a tenu à rappeler que «le théâtre algérien a produit, ces derniers temps, une centaine de pièces théâtrales», il reste néanmoins, un point crucial sur lequel il faudra mettre l’accent. C’est la qualité des textes et la profondeur de la dramaturgie qui viennent souvent à manquer dans nos pièces. Car il ne suffit pas de faire dans la quantité et dans l’humour pour donner l’impression que le théâtre revit en Algérie.
Multiplier ce genre d’actions comme ce festival est un fait artistique et culturel éminemment important pour l’amélioration de notre théâtre qui tombe parfois dans la facilité de l’interprétation et la légèreté scénique. Mais là, il appartient au public de trancher réellement. Alors le Fntp, c’est surtout à ne pas rater! (L’Expression-26.05.2011.)
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*Le chant arabo-andalou…(un ouvrage collestif sous la direction de Nadir Marouf)
***La musique andalouse: une flamme sacrée
Dans les plis de sa transmission, il y a huit siècles de vie ´´andalouse´´ contemplative et raffinée, a été léguée à l’Algérie et à tout le Maghreb arabe.
Il ne s’agit pas – j’ose dire – seulement d’une musique de nostalgie, transmise de génération en génération, mais bel et bien d’un patrimoine arabo-andalou, notre bien absolu parmi tous nos arts absolus. Il faut s’assimiler, une fois pour toutes, que ce fonds musical constitue la splendeur de l’habillage d’une civilisation prestigieuse ayant évolué et s’est développée spécialement, d’abord dans les grands centres urbains puis par vagues successives et harmonieuses dans les agglomérations principales des campagnes maghrébines. Les spécialistes en sociologie et en anthropologie parlent de la notion de ´´rurbain´´: cité-médina et campagne-fahç.
Le livre intitulé Le Chant andalou (*), présenté sous la direction de Nadir Marouf comprend quatorze articles, répartis sur trois thèmes principaux: État d’avancement des classifications musicales arabes; Les musiques de la cité; Acteurs sociaux du patrimoine, itinéraires et contextes historiques. Nous y relevons des noms connus dans le domaine de la musicologie, bien que de formations professionnelles diverses (médecin, sociologue, droit, lettres et sciences humaines, sciences économiques, didacticiens, enseignant-chercheur) occupant ou ayant occupé des postes de direc-teurs d’Institut, de centres, de département d’ethnomusicologie ou de musicologie, exerçant à Paris, Alger, Constantine, Oran, Tunis, Paris X, Paris VIII, Amsterdam. Ce sont: Abû Mrad Nidaa, Al Boudali Safir (célèbre musicologue algérien, ancien directeur artistique de Radio-Alger et fondateur de la chaîne arabe de musique radiophonique d’Alger en 1945, initiateur de nombreux festivals de musique classique algérienne dans les premières années d’indépendance de notre pays), Benazzouz Zineb, Dib Mohammed Souheil, Guettat Mahmoud, Hassan Scheherzade, Marouf Nadir, Mazouzi Bezza, Merdaci Abdelmadjid, Plenkers Léo, Soret Louis, Yamine Habib, Yellès-Chaouch Mourad et Yellès-Chaouch Djelloul.
L’objectif de cet ouvrage collectif, conçu par Nadir Marouf, est de proposer à la réflexion «les actes d’un colloque international organisé à Lille en décembre 1991 sous l’Association Maqam». Ici, Nadir Marouf a tenu à s’écarter des «exposés monographiques, marqués quelquefois par l’érudition ethnographique, le ronron littéraire sur les origines et, d’une manière générale, le relent orientaliste». Effectivement, dans son introduction générale, en sa qualité de chercheur spécialiste en anthropologie sociale et culturelle et de directeur du Centre d’Études, de Formation et de Recherches en Sciences Sociales (Cfress), rattaché à l’Université de Picardie Jules Verne, Nadir Marouf, qui avait aussi été auparavant directeur de l’Urasc (université d’Oran), a clarifié le sujet du débat. Il y a deux raisons à cela: «l’une d’ordre social, voire politique, liée au contexte hexagonal d’une cohabitation, l’autre d’ordre académique, mais dont l’enjeu n’est pas négli-geable à long terme.» Sa riche Introduction générale dans laquelle il présente quelques problèmes de méthode relatifs à «la structure du répertoire andalou», sa contribution intitulée «Place et Signification de l’orientalisme dans le patrimoine musical algérien de l’Entre-deux-guerres» et ses mises en pages des annexes donnent le ton et le relief intelligent aux contributions justes, instructives et parfaitement inscrites dans l’esprit du débat. Et c’est celui «de la norme et de la marge, de l’urbain et du rural, de la dynamique du changement par laquelle s’opèrent ces distinctions dialectiques, sans pour autant tomber dans un formalisme désincarné.» Sans hésiter, on peut dire que le pari est gagné puisque «les praticiens de la musique conviés à en conférer» ont produit ou produiront un effet d’espérance sur la poursuite du débat en d’autres circonstances pour l’élever davantage, et toujours dans un déploiement de sincérité et d’amour pour ce patrimoine musical arabe dit ´´classique´´ par les uns, ´´arabo-andalou´´ par les autres, ´´savante´´, ´´san‘a´´ par d’autres encore,… Quelle est la valeur des autres intitulés: mouwachchah, zadjal, melhoûn, ‘aroûbî, hawzî,…? Ajoutons les sensibilités musicales régionales et les modes et les ordonnancements inspirés, intégrés ou assimilés telles que ces terminologies qui ont évidemment du sens pour le spécialiste ou même pour le mélomane amateur: maqâm, touboû‘,…
Les auteurs cités ont, chacun à son tour, exposé leur sujet avec clarté et responsabilité, ce n’est pas inutile de le dire, car l’objectif de réaliser une synthèse scientifique n’est pas aisée d’emblée. Quoi qu’il en soit, Bagdad, Damas, Tlemcen, Oran, Nedroma, Alger, Constantine, Fès, Tunis, Le Caire,… et plus proches de nous les jeunes formations de Koléa, Blida, Cherchell, Béjaïa, Annaba,… constituent des repères concrets pour nous convaincre. Oui, d’abord nous convaincre nous-mêmes de l’urgence à préserver, sans cesse, «ces vastes constructions mélodiques» de notre patrimoine musical originaire de l’Andalousie arabe et musulmane et, par parenthèse, pour lequel – et d’autres avant lui et avec lui – le Maître Ahmed Serri épuise encore à son âge ses dernières énergies. «En effet, ainsi que l’écrivit le regretté érudit musicologue Safir El Boudali, l’héritage somptueux ne nous est pas parvenu dans son exubérante totalité. Livré en plein désastre à la fragile mémoire de quelques poignées de gardes fidèles et vigilants, il a fatalement subi les conséquences d’un système de transcription et de conservation aussi aléatoire. Des 24 modes que comportait l’ingénieuse, la géniale classification de Ziryab et de ses disciples, 15 seulement subsistent en Algérie et dans le Maghreb. Et sur les 15, 12 seulement restent suffisamment connus, pour offrir matière à la composition de nawba parfaites, c’est-à-dire de suites à peu près complètes.»
Le Chant arabo-andalou, sous la direction de Nadir Marouf, faisant oeuvre de pédagogie, nous invite à la réflexion. Il nous engage à protéger et à revivifier la musique qui nous est parvenue de l’Andalousie arabe dès le XIIIe siècle, mais nous devons nous engager aussi à conserver tous nos biens nationaux ayant un caractère historique, artistique et esthétique, autrement dit tout ce qui constitue ce que l’on appelle aujourd’hui «patrimoine matériel et immatériel». (L’Expression-01.06.2011.)
(*) Le Chant arabo-andalou Sous la direction de Nadir marouf (Ouvrage publié avec le soutien du Ministère de la Culture, à l’occasion de la manifestation: «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011»)
Casbah-Éditions, Alger, 2011, 201 pages.
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* Exposition picturale de Abdesselem Bouzar
La peinture de l’artiste Abdesselem Bouzar restitue toute l’atmosphère de sa ville natale dans des couleurs flamboyantes : les plaines, les paysages fleuris, les brumes du matin, la transparence de l’eau, le bleu azur du ciel.
Le vernissage de cette exposition haute en couleur et en nostalgie a eu lieu dimanche dernier, devant un parterre d’amis, d’artistes et de passionnés de la peinture. Intitulée : «Rivages, Montagnes, mon beau pays méconnu», cette exposition, qui se poursuivra jusqu’au 31 mai, témoigne de l’appartenance de l’artiste peintre à la ville de Miliana. En effet, Abdesselem Bouzar a immortalisé certaines séquences heureuses de son enfance et de son adolescence, égrenées sur plusieurs années de sa vie à Miliana. C’est une manière de célébrer des retrouvailles en revenant sur une période de vie innocente, mais hélas irrévocable à jamais. A travers les 33 tableaux, le visiteur est en admiration devant ces prises de vues imprenables de plateaux de montagnes à la beauté ineffable et au détail des plus précis dans la perspective. Pour ceux qui ont eu à suivre le cheminement de l’artiste peintre, il en découle, à travers cette présente exposition, que l’artiste a acquis plus d’assurance et de liberté dans son travail. Le mouvement constitue l’âme de ses toiles.
Le scoutisme
L’artiste explique que le titre choisi à son exposition est en fait une prise de conscience. «Souvent, le citoyen qui se balade à travers certains contrées ne prête pas attention à ce qu’il a sous les yeux. J’essaye à travers ma peinture justement de fixer ces paysages sur mes toiles», explique ce haut cadre retraité, bilingue, de l’administration centrale de l’Algérie et ancien membre du cabinet du ministère de l’Information et de la Culture. Né à Cherchell, mais élevé à Miliana, Abdesselem Bouzar a fixé sur ses tableaux des pans entiers de paysages qui ont marqué sa vie. Le scoutisme, révèle-t-il, lui a donné l’opportunité de découvrir les montagnes et les plaines du Chéliff et de l’Ouarsenis. Ce petit voyage initiatique permet de mesurer la grandeur de ces lieux, aidé en cela par la technique de la peinture à l’huile.
Le pinceau vogue au gré de l’inspiration. Preuve en est avec l’œuvre intitulée «Hameau du Djurdjura». On retrouve un alignement de petites maisons, mitoyennes, plantées dans une immense plaine luxuriante. «Vers l’Ouarsenis» résume un état d’esprit, celui de posséder une maison dans la nature loin des soucis. Ici et là des herbes et des fleurs tapissent le sol. Comme son nom l’indique, «Champs de coquelicots» est un tableau reposant parsemé de ces fleurs rouges avec en arrière-plan une vue de montagnes majestueuses. Cet autodidacte par excellence reconnaît qu’il admire certains peintres impressionnistes, à l’image de Claude Monet. C’est parce que l’artiste est d’un optimisme profond, voire un homme reposé que sa palette est des plus joyeuses.
L’homme est tellement fasciné par la peinture à l’huile qu’il obtient des couleurs surprenantes telles que des rouges, des jaunes, des bleus, des mauves à partir des matériaux qu’il qualifie de riches. En outre, il travaille la peinture au couteau dans le frais en une seule séance. Il se plaît à utiliser parfois le couteau, le caractère spontané de sa peinture est révélé par la sérénité du pinceau sur la toile. (El Watan-19.05.2011.)
*Bettina-Heinen-Ayech expose à Dar El Kenz
L’artiste-peintre Bettina Heinen-Ayech exposera le 28 mai 2011 une trentaine de tableaux à Dar El Kenz-Alger, dont beaucoup de paysages. Mis à part deux ou trois, tous sont le fruit des trois dernières années. Bettina Heinen Ayech est-elle à présenter ?
Elle est une longue histoire d’un double et indéfectible amour, si l’on peut dire ainsi, d’abord celui qu’elle porte à son mari, Abdelhamid Ayech, et puis celui qu’elle voue à la région, à la nature, qui l’a vu naître, lui. Ce dernier est décédé, et, bon pied, bon œil, elle continue en solo son long périple, entamé en 1963, dans la diaprure et la mélodie d’un éden longtemps cherché et enfin trouvé : Guelma. L’artiste-peintre Hocine Himeur, un ami de longue date, vient, lui aussi, de lui fausser compagnie, puisqu’il est mort il y a quelques mois. Ni ces malheurs ni le terrorisme n’ont pu lui faire quitter l’Algérie.
Donc, depuis 1963, elle sillonne la région de Guelma, avec sa palette richement colorée, s’adonnant à l’art d’apprendre à regarder, à contempler la nature. Inlassablement, elle la glorifie, et cette nature, à son tour, le lui rend dans une parfaite osmose. Avez-vous vu des oliviers danser ? Non, elle, si. Elle parle de la nature d’une manière prodigieuse : «Dès mon arrivée en Algérie, peu à peu, au contact de la nature, ma personnalité se transformait sensiblement et je me dépouillais peu à peu de mes préjugés d’Européenne. J’écoutais la nature, si belle à Guelma : la montagne du sud, la Mahouna, ses champs, captivaient et captivent toujours tous mes sens et entretiennent mes fantasmes. Je peins cette région au printemps, pendant que le vert de ses champs piqués de points rouges — coquelicots — est éclatant de tous ses tons, loin du vert épais de l’Europe ; en été, lorsque ses sommets bleus et violets s’élèvent au-dessus de l’or miraculeux de ses étendues de blé ; en hiver, lorsque le rouge de la terre possède une incroyable force, si difficile à atteindre !»
Guelma mon amour
On sait que son travail de l’aquarelle est minutieux et positivement lent, cependant, qu’est-ce qui donne une telle intensité à ses tableaux ? La splendeur des paysages ? Le coloris de sa palette ? Une nouvelle technique dans le travail de l’aquarelle, qu’elle aurait découverte ? Peut-être un peu de tout cela ? Elle expliquera les choses en ces termes : «L’air de Guelma est si sec que ma technique de l’aquarelle s’en est trouvée changée. Avant et ailleurs, en Europe, je laissais — et je le fais toujours quand j’y travaille — entre deux taches de couleurs différentes des frontières de blanc pour qu’elles ne coulent pas l’une sur l’autre. Ici, l’air est si sec que je peux mettre les deux taches côte à côte, sans aucune crainte. Ce qui me permet d’exprimer dans l’aquarelle ce que je veux dire, ce que j’ai à dire. Je fais tache à côté de tache, comme pour la mosaïque.
C’est cela qui donne de la luminosité à mes tableaux, et c’est ce qui fait dire de mes tableaux qu’ils sont fortement colorés. En vérité, cela n’est pas dû aux fortes couleurs, mais à la technique utilisée, tache à côté de tache, point à côté de point. Je réfléchis longtemps avant d’appliquer la tache, parce qu’une fois faite, je ne peux pas la corriger, elle doit être à la place qu’il faut, ainsi que la couleur. Cela doit être mûrement réfléchi à l’avance, comme pour la fresco buono. Cette technique est plus délicate, plus longue. Je ne fais pas d’esquisse d’aquarelle.» Vrai, cette grande dame s’impose comme l’un des chefs de file de la peinture figurative contemporaine. (El Watan-17.05.2011.)
*Galerie d’art Mohamed Racim : Les couleurs de Jaoudet Gassouma
Après cinq années d’absence, l’artiste peintre Jaoudet Gassouma revient sur la scène artistique avec une collection riche de 64 tableaux de grandes dimensions.
Baptisée 21 Ouahed ou Achrine…Et de 21 pour un garnement de la peinture ! L’exposition de Jaoudet Gassouma n’est autre qu’un genre de synthèse de la célébration de ses 21 ans de carrière. Une carrière auréolée de recherches et de création infinie. Jaoudet Gassouma, dit Joe, pour «El habab » et les intimes, estime sur un ton ironique que le titre de son exposition coïncide avec la célébration des 21 années de sa carrière mais c’est également la moyenne d’âge de la population algérienne. Dans le catalogue de l’exposition, la critique d’art, Mordjana Chaouch, écrit : «Cette peinture difficile à situer s’échappe de nos jours et de nos angoisses universelles pour se réfugier dans les ’’ serouals testifa’’ réconfortants de quelques grand-mères bienveillantes. L’artiste se plaît à guetter le temps qui passe pour fêter quelque vingt et une années de couleur, pour dire la vérité, c’est peut-être plus… mais le côté impair et manque du vingt et un semblait lui plaire, et puis un impair c’est sans nul doute cette ’erreur’’ qui peut être permise par les autres.»
Néologimes
Cette exposition fortement colorée se décline sous la forme d’un florilège de couleurs chatoyantes et de traces parfois intrigantes. Se revendiquant du post-néo-pop-artiste, l’artiste livre des peintures et des dessins sur papier en couleur et en noir et blanc. La peinture de Jaoudet Gassouma peut se targuer d’être une peinture naïve. Une peinture se situant à mi- chemin entre la peinture de la regrettée Baya Mahieddine et Picasso. En effet, les tableaux exposés aux cimaises regorgent de personnages à la fois fantasmagoriques et déjantés aux allures très souvent extravagantes. Ces personnages étranges physiologiquement à la taille déformée renferment des non-dits dont seul l’artiste détient le secret. L’imagination débordante de Jaoudet Gassouma a, justement, donné naissance à des sujets exagérés, ployant dans un univers parsemé de signes et de formes géométriques. L’œil occupe une place de choix. Un hommage est rendu à la femme à travers des œuvres à l’acrylique sur papier baptisées «Papicha», «Mra», «Tessouira» ou encore «Maddama». L’artiste peintre propose dans sa panoplie étoffée des œuvres à fortes consonances à la fois africaines et méditerranéennes. Quelques tracés furtifs laissent deviner en filigrane les indices de civilisations égyptienne, africaine et berbère. En témoignent les œuvres Nigroo Harragoo, Jazaïr masr et Tamazight. Diplômé de l’Ecole des beaux-arts d’Alger en 1993, Jaoudet Gassouma est détenteur d’un magistère en art et communication en 2005. Hormis sa passion pour les arts plastiques, «Joe» est également décorateur, critique d’art et écrivain. Il a organisé pas moins d’une cinquantaine d’expositions aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Il a édité son premier roman, Zorna, en 2004, suivi d’un second, La Kabylie, au-delà des montagnes, des hommes, en 2011.*Nacima Chabani. (El Watan-16.05.2011.)
*Le Ballet national charme les Indiens
En cette soirée glaciale de l’hiver delhite, fin decembre 2010, les jeunes danseurs du ballet de l’ONCI et les musiciens virtuoses les accompagnant ont fait voyager le public à travers une Algérie si riche de sa diversité culturelle.
Les Indiens savent très peu de l’Algérie et si les vieux la connaissent à travers son rôle dans le mouvement des Non-Alignés, pour les jeunes, elle n’évoque souvent que la période noire du terrorisme. Mais ce soir, dans la salle de l’auditorium Azad Bhavan (du nom du premier ministre de l’Education de l’Inde indépendante Abdul Kalam Azad, Bhavan signifiant maison en hindou), l’Algérie est présente et scintillante de toutes ses couleurs. Organisé par le Conseil indien pour les relations culturelles et l’ambassade d’Algérie en Inde, dans le cadre du programme culturel hivernal du centre, «Le ballet des danses et musiques populaires algériennes» s’est tenu à Delhi fin décembre dernier, dernière étape du programme du Ballet de l’Office national de la culture et de l’information.
La secrétaire général de l’ONCI, Houria Bournane, est fière de ses jeunes protégés (tous ont entre 20 et 28 ans) qu’elle a accompagnés à travers l’Inde ; une tournée qui a permis aux artistes de donner des spectacles dans les villes de Lucknow, Allahabad et Varanasi. Le programme de la troupe s’insère dans le cadre de l’ensemble des arts populaires mis au point par le chorégraphe Abdelkader Khimda et sa défunte épouse Sahra. Accompagnées du son du bendir, de la flute gasba, de la derbouka, les danses virevoltantes, gracieuses et aériennes, chaoui, zendali, allaoui, kabyle, algéroise… ont transporté les spectateurs dans le tourbillon des couleurs chaudes du velours brodé d’or des karakou algérois, de la soie pure des seroual chelka ou le satin des robes kabyles…
Un riche répertoire égrené en quelques minutes. Seul bémol, la scène de l’auditorium de Delhi, trop exiguë, a contraint le chorégraphe à modifier son programme en éliminant certaines danses et en adaptant les autres. Pourtant, la capitale indienne possède de prestigieuses salles de spectacles dont l’infrastructure aurait permis aux corps des artistes de l’ONCI d’évoluer avec plus d’aisance. «Ce sont nos amis indiens qui nous ont proposé cet espace, suffisant certes, pour le solo d’un joueur de cithare, mais pas pour un ballet de 24 danseurs !», lâche ironique un membre de la délégation. Mais les prouesses du corps du ballet ont charmé le public et les nombreux diplomates étrangers qui ont bravé l’infernal embouteillage de Delhi pour assister au spectacle des danseurs algériens, longuement applaudis.
L’ambassadeur d’Algérie à Delhi, Mohamed Hacène Echarif, dans son allocution, a mis en exergue l’importance des relations culturelles entre les deux pays et «le désir des deux capitales d’en faire un élément fondamental de leur relations bilatérales». Et ce ne sont pas les jeunes artistes de l’ONCI, tombés sous le charme de l’Inde, qui diront le contraire, à l’image de Zehar Lounis, 28 ans, séduit par «la culture de l’Inde, fascinante et intense». (El Watan-21.01.2011.)
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*LE CARICATURISTE FRANÇAIS JEAN PLANTU en visite en Algérie
“En Algérie, il y a de l’humour dans les rapports quotidiens”
Présent en Algérie en compagnie d’Ali Dilem, il a animé une série de conférences accompagnées d’expositions à Constantine et Oran. Celles d’Alger auront lieu aujourd’hui.
Dans cet entretien, le dessinateur du quotidien français le Monde explique l’apport du dessin de presse dans la promotion de la compréhension et du respect entre les différentes populations.
**Liberté : “La caricature, un dérapage contrôlé”, tel est le thème des rencontres organisées par la fondation Cartooning for Peace en Algérie. Est-ce vrai que ce dérapage est contrôlé ? Subit-il une censure ?
– Jean Plantu : Tout n’est pas possible en dessin comme dans le journalisme. La question est de savoir s’il s’agit de censure quand un dessin est refusé. Cela m’arrive régulièrement d’avoir à “retravailler ma copie”, mais je ne le vis pas comme une censure. Vous, journalistes, vous ne pouvez pas dire tout ce qui vous passe par la tête quand vous écrivez un papier. Pour un dessin, c’est pareil. Cela dit, quand je suis sûr de mon dessin, de mon opinion éditoriale, le dessin finit toujours par passer. Des fois, mes rédacteurs en chef pensent que je suis un “emmerdeur” mais ils finissent quand même par le publier.
**Vous êtes à la tête de la fondation Cartooning of Peace qui s’efforce à promouvoir une meilleure compréhension et un respect mutuel entre des populations de différentes croyances ou cultures. Comment le dessin peut-il y parvenir ?
–Ce que les paroles ne peuvent pas dire, le dessin arrive toujours à le suggérer. C’est bien pour ça qu’il y a des polémiques autour des dessins publiés car l’astuce du dessin est de contourner toujours les interdits. Quand nous avons réalisé des rencontres en Palestine en 2008 avec des dessinateurs palestiniens et israéliens, j’étais vraiment très heureux de me retrouver avec Ali Dilem qui a su dialoguer avec les caricaturistes de la région. Le Moyen-Orient est compliqué et Dilem a su établir des ponts. Il s’est exprimé en arabe à Bethleem et à Ramallah, il a montré ses dessins et je me souviens que les personnes qui assistaient à nos débats étaient étonnées de voir un dessinateur algérien s’exprimer avec une telle franchise et une liberté de penser. C’est ça, l’esprit Cartooning for Peace : dépasser les clivages entres les cultures et les religions et parvenir enfin à dialoguer par dessins interposés. L’humour est aussi un facteur d’optimisme.
**Au jour d’aujourd’hui, le dessin de presse est-il reconnu comme un travail journalistique à part entière ? Quelle place occupe-t-il dans le paysage médiatique ?
–En Algérie le dessin est réellement un bon moyen de communiquer une passion de l’information : Dilem est ainsi assez proche des différentes couches de la population. En France, le dessinateur est proche des lecteurs de son journal et n’a pas l’impact national d’un dessinateur algérien. Je découvre à chacun de mes voyages en Algérie combien l’humour algérien n’est pas que dans les dessins : il y a réellement un humour dans les rapports quotidiens : heureusement, d’ailleurs, car je ne sais pas comment les gens supporteraient toutes les difficultés que rencontre ce pays depuis plus de vingt ans. En tout cas, le métier de dessinateur de presse ressemble à une sorte de Canada Dry de journalisme : ça a le goût du journalisme, ça a le parfum du journalisme, ça en a la couleur mais ça n’est pas vraiment du journalisme.
**Avec la profusion de sites internet d’information, la caricature est-elle menacée par la numérisation de la presse écrite ?
– En grec (et en arabe je crois) les mots “poison” et “médicament” se ressemblent (en grec : pharmaca) : c’est un peu comme cela que je vois internet : c’est un outil génial et passionnant mais c’est aussi un danger : quand je fais certains dessins sur le Proche-Orient ou sur le Vatican, je peux me faire traiter dans la même semaine d’anti-islamiste, d’antichrétien ou d’antisémite : c’est énervant mais je m’y suis fait. À propos de la pédophilie dans l’église, j’ai fait il y a quelques mois un dessin où l’on voyait un cardinal tenant un enfant par la main ; le cardinal disait : “Les voies du Seigneur sont impénétrables”, et le petit répondait : “Y a bien qu’elles !!” Rien que pour ce dessin, le journal le Monde a reçu, en une seule journée, 3 000 mails de protestations. Avant Internet, il n’existait pas ce genre de réactions aussi massives et organisées. Cela impressionne les rédacteurs en chef qui, ensuite, hésitent beaucoup à publier certains dessins. Cette disproportion est nouvelle, maintenant, tout créateur peut être l’objet d’attaques ciblées et je ne suis pas sûr que le débat démocratique y trouve son compte. C’est aussi pour cela que nous avons créé Cartooning for Peace avec Kofi Annan et 85 dessinateurs internationaux : nous nous efforçons de continuer à être dérangeants tout en évitant d’être humiliants auprès des croyants : nous nous en prenons aux intolérants des trois grandes religions et nous respectons les croyants. Nos cibles sont souvent les intolérants de tous poils et de toutes barbes. (Liberté-08.03.2011.)
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* “L’art ne fait pas manger son artiste”
Loin d’être un simple constat, la question qui revient sans cesse dans le quotidien des artistes algériens trouve forcément ses premiers éléments de réponse dans l’inexistence d’un marché de lart structuré, avec des repères connus et reconnus, à même de réguler un vecteur des arts qui échappe ostensiblement à tout contrôle.
L’art fait-il vivre ses créateurs en Algérie ? Le point d’interrogation ne risque pas de connaître une réponse positive avec l’évolution de la condition socioprofessionnelle des artistes, de tous bords, qui s’essayent à vivre de leurs produits artistiques.
Loin d’être un simple constat, la question qui revient sans cesse dans le quotidien des artistes algériens trouve forcément ses premiers éléments de réponse dans l’inexistence d’un marché de l’art structuré, avec des repères connus et reconnus, à même de réguler un vecteur des arts qui échappe ostensiblement à tout contrôle. Pour Ahmed Hamidi, artiste peintre, l’un des fondateurs de l’École de Maghnia, en compagnie de Mustapha Souadji, Abdelkader Mahboub et Abdelkader Arzazi, l’artiste ne peut pas vivre de ses œuvres en Algérie, “ni ailleurs”, surenchérit Mahboub. Parlant de leurs propres expériences, ils confesseront volontiers l’impossibilité de vivre et faire vivre leurs familles à travers les seuls “cachets” des ventes de leurs toiles, qui restent pour le moment “plus une passion qu’un moyen de vivre”. Hamidi en est convaincu par ailleurs puisque, sans un revenu stable en parallèle, l’artiste ne peut aspirer à une vie décente. Mustapha Souadji abonde dans le même sens en affirmant que “l’art ne fait pas vivre en Algérie”. Les trois sont unanimes à désigner l’absence d’un véritable marché de l’art, seul baromètre qui puisse valoriser le travail de l’artiste et instaurer à la longue une échelle de valeur “commerciale” au sein de la corporation. Pour eux, le premier acheteur de l’œuvre artistique algérienne reste le collectionneur étranger qui lui fait quitter le pays avant de perdre sa trace dans quelques salons privés occidentaux. “L’État doit préserver les œuvres d’arts”, dira encore Hamidi, en guise d’une autre solution pour défendre les artistes algériens dont certains, “pour pouvoir vivre, n’hésitent pas à brader leurs travaux aux premiers venus”.
Concernant justement la “mercuriale” des œuvres artistiques, si barème il y a, nos interlocuteurs s’accordent à affirmer qu’aucun artiste ne peut fixer le prix de sa composition et que ce sont parfois les circonstances de vente qui offrent les meilleures conditions. Les trois artistes peintres évoqueront également le cas de certaines galeries d’art qui cachetonnent l’artiste à la commande. Mahboub parlera ainsi de sa propre expérience avec une galerie d’art française qui l’a invité à exposer ses travaux sans toutefois les signer, une pratique “douteuse” qu’il a poliment déclinée.
Pour Moussa Médiene, gérant de l’Espace Lotus, et malgré l’existence d’un marché de l’art embryonnaire soutenu par de nombreux collectionneurs, nationaux et surtout étrangers, qui n’hésitent pas à faire parfois de véritables razzias d’œuvres de peintres prometteurs, il est nécessaire de le réglementer puisque beaucoup d’œuvres d’artistes algériens passent la frontière. “En France, il est quasiment impossible de sortir une œuvre ou de vendre en dehors d’un cadre réglementé”, dira-t-il pour étayer son argumentaire. Pour contourner les dispositifs de la loi hexagonale, certains artistes algériens préfèrent produire en France pour y vendre leurs œuvres. “Il faut que l’État se penche sur ce problème”, assènera Moussa Médiene qui s’emporte sur la facilité de l’exportation d’œuvres d’Issiakhem, de Baya, entre autres, vers l’étranger. “Combien d’œuvres de nos grands artistes se retrouvent dans des collections privées à l’étranger, alors qu’ils font partie du patrimoine national”, s’interrogera-t-il plus loin. Rappelons que Ahmed Hamidi, Mustapha Souadji, Abdelkader Mahboub et Abdelkader Arzazi exposeront, à partir du 25 novembre, une quarantaine de toiles à la galerie d’art, l’Espace Lotus. (Liberté-22.11.2010.)
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**Diam’s met le feu à Bab El Oued
La désormais voilée et mariée depuis mai dernier, a cassé la baraque, jeudi dernier, en déclarant sa flamme à l’Algérie. Ils étaient plus de deux mille personnes à s’être déplacées à la salle Atlas pour voir, écouter et vibrer au son de la «Zik» de la rappeuse française d’origine chypriote Diam’s. La salle Atlas ne pouvait en, effet, contenir tout ce beau monde, un jeune public en majorité dont des enfants en bas âge. La salle de Bab El Oued s’est transformée quasiment, en l’espace de quelques heures, en garderie avec des enfants qui couraient dans tous les sens en attendant de voir la star du rap français faire son apparition, car le concert a débuté avec presque une heure de retard.
La salle a littéralement vibré. Le public piaffant d’impatience tapait du pied à l’unisson avant et pendant ce délirant concert marqué par une assistance fort nombreuse où d’aucuns brandissaient des banderoles avec dessus, le nom de Diam’s. La chanteuse qui revient en Algérie après son dernier concert donné en 2007, amène dans ses bagages, pas seulement des chansons, mais des idées et un projet fort ambitieux. Elle en parle lors de la miniconférence qu’elle a animée juste avant de monter sur scène jeudi soir.
L’artiste au grand coeur a lancé une association «Big up» qu’elle espère transformer plus tard en fondation. Celle-ci compte venir en aide aux enfants abandonnés en Afrique. C’est en baggy et tee-shirt XXL portant le sigle de cette association, ainsi que celui du drapeau national que Diam’s mettra, en préambule, le feu à l’Atlas. La venue de Diam’s en Algérie revêt un caractère profondément «humanitaire». D’ailleurs, elle a invité les gens à se rapprocher de son site Web www.bigup-project.org, pour de plus amples informations. Elle avouera être déjà venue en Algérie en cachette pour voir ce qu’elle avait à faire ici. Elle est aussi en train d’écrire un livre pour raconter toute la période noire par laquelle elle est passée.
A propos du port du voile, Diam’s refusera d’aborder le sujet. Elle a reconnu par ailleurs, que son regard sur la musique a changé et gagné en maturité. Son nouvel album a-t-elle dit, est un retour sur sa vie, tout en indiquant qu’elle «va bien et existe encore».
Diams «se fiche» du regard que peuvent porter sur elle les autres et même si elle a perdu entre-temps des fans. Mue par un farouche désir de chanter et d’oeuvrer pour le bien autour d’elle, telle est la mission que semble s’être tracée aujourd’hui Diams. En témoignent les titres de son dernier album SOS. Partagée entre les anciens tubes et les plus récents, Diam’s offrira au public une large palette de son riche répertoire fait de chansons d’amour, de rébellion mais aussi d’un engagement contre le Front national et la politique de Sarkozy qu’elle n’hésitera pas à épingler à plusieurs reprises. Diam’s, qui entame sa tournée internationale par l’Algérie, dira tout son attachement pour notre pays.
Accompagnée d’un guitariste et d’une choriste, elle revisitera aussi certains titres en rythmes africains. L’Afrique, un continent sur lequel elle compte déployer toute son énergie via son association pour la protection de l’enfance défavorisée en Afrique par un soutien à des centres d’accueil de jeunes en difficulté et la mobilisation de la population locale.
«L’Afrique où j’ai posé mes bagages en de nombreuses fois et qui est très présente dans mon nouvel album» Dans ma bulle, Laisse moi kiffer, SOS, La boulette, etc. autant de titres qui font danser. «La France à moi est belle… comme les Algériennes» fera-t-elle remarquer avec sur le dos, le drapeau algérien qu’elle ne cessera de brandir, tout comme elle ne cessera de communiquer avec le public en parfaite complicité en sollicitant toujours son sourire, mais aussi ses bras et ses pieds pour bouger comme cela se fait ailleurs où les concerts ont eu lieu sans chaises…Elle dédicacera aussi sa musique aux familles algériennes qui sont en France et avoue clairement ne pas aimer le président français. Paroles assassines rehaussées d’un air mélancolique, Diams s’en prend à Marine Le Pen dans une chanson anti-FN. «En France, n’y a plus de paix, plus d’ amour, presque plus de valeurs. Les valeurs sont présentes ici en Algérie!», scande-t-elle.
Quand elle appelle à l’enfant qui sommeille en nous, Diam’s fait sensation en redevenant petite fille. La salle Atlas se transforme en une crèche géante. Et de finir le morceau Moi je veux pas être grande, non, non avec ce One two tree viva l’Algérie, légendaire, que Diam’s entonnera la première fois en direct lors de la cérémonie de NRJ Music Awards puis sur la Croisette à Cannes, cette année.
Une partie des chansons de Diam’s sont tout de même pleines d’amertume, témoin de son passage à vide l’an dernier. Ça parle de solitude, où il y a «des jours comme ça» où tout va mal. Heureusement que l’amour prend le dessus en fin de soirée, où régnait une émotion palpable. (L’Expression-23.10.2010.)
***Durant tout le gala, elle n’a pas arrêté de scander « One, Two, Three, viva l’Algérie ». Elle s’est habillée d’un survêtement sport aux couleurs de l’Algérie, puis d’un kéfié palestinien, et n’a pas sourciller en maudissant la politique Sarko.La Chanteuse française de rap, Diam’s, s’est produite jeudi soir, à la salle Atlas, à Alger, et ce devant, 2000 spectateurs lui ayant réservé un accueil tout à fait exceptionnel. La rappeuse, adulée par un public jeune, a ratissé large pour sa première prestation en Algérie.Durant tout le gala, elle n’a pas arrêté de scander « One, Two, Three, viva l’Algérie ». Elle s’est habillée d’un survêtement sport aux couleurs de l’Algérie, puis d’un kéfié palestinien, et n’a pas sourciller en maudissant la politique Sarko. Alger aura découvert une Diam’s très chaleureuse, en harmonie avec ses choix et avec elle-même, franche et sincère, musulmane et fière de l’être, et qui arborait son hidjab avec fièrté, une Diam’s très en pleine inspiration. Diam’s-les cheveux couverts par un foulard tantôt blanc tantôt noir, la casquette vissée, le sweat XXL estampillé aux couleurs de l’emblème national algérien et de Big Up( la dénomination de son association caritative), le survêtement vert et blanc et baskets noires-interprétera essentiellement les titres de son nouvel album intitulé S.O.S comme I Am Somebody, Cœur de Bombe, Sur la tête de ma mère, Peter Pan, la chanson-titre S.O.S. Ou encore Lili où elle est hardcore(radicale) et autobiographique.Diam’s, de son vrai nom Mélanie Georgiades, est une chanteuse française de rap née à Nicosie (Chypre) le 25 juillet 1980. (Echorouk-22.10.2010.)*Concert-événement de rap à AlgerDiam’s au sommet de l’AtlasLa chanteuse française de rap, Diam’s, s’est produite jeudi soir, à la salle Atlas, à Alger, et ce, devant 2000 spectateurs qui lui ont réservé un accueil très chaleureux.
C’était de la bombe le concert de Diam’s à la Salle Atlas de Bab El Oued à Alger. La fille de l’air et du flow du rap français a donné un concert d’une grande générosité. La toute première date de sa tournée internationale.
Et le public en or…massif le lui a bien rendu en l’acclamant, l’ovationnant à tout rompre et en l’adoptant. Les Algériens ont fait du bruit pour Diam’s qui était dans la place… d’Alger. C’est une Diam’s très accessible, en paix avec elle-même, entière, devenue musulmane, et très en verve. On la sent aérienne. La preuve ! Diam’s, à Alger, s’est sentie pousser des ailes pour ne pas dire des airs et des…racines du bled.
«Je n’ai pas perdu mon cœur algérien. Je suis très heureuse de chanter ce soir à Alger… Les Algériens sont le public le plus chaud. Nous avons le meilleur public de notre vie. J’ai besoin de mon public à Alger. Je me sens comme chez-moi dans ma famille. Alors, je fais comme chez-moi. On Algérie, on peut dire tout ce qu’on veut… » s’adressera-t-elle à son public en pamoison.
Aussi, a-t-on redécouvert lors de ce concert( le 3e en trois ans en Algérie), une bête de scène, une bulle d’oxygène et une prose-combattante. Diam’s-les cheveux couverts par un foulard, tantôt blanc tantôt noir, la casquette vissée, le sweat XXL estampillé aux couleurs de l’emblème national algérien et de Big Up (la dénomination de son association caritative), le survêtement vert et blanc et baskets noires-interprétera essentiellement les titres de son nouvel album intitulé S.O.S comme I Am Somebody, Cœur de bombe, Sur la tête de ma mère, Peter Pan, la chanson-titre S.O.S. ou encore Lili où elle est hardcore(radicale) et autobiographique.
Les lyrics parlent du port du voile (islamique). Ambianceuse, Diam’s fera monter, en cadence et sur les sièges en velours, les kids s’éclatant sur un remix africain coupé décalé, Ayo Technology (50 Cent, Timberlake et Timbaland), du Francis Cabrel (Est-ce que ce monde est sérieux ?), l’éponyme Big Up, Ma France à moi, Marine (in Dans ma bulle), de la samba dance et surtout avec l’incontournable triptyque footballistique One, two, three, viva l’Algérie (mais le public scandait une nouvelle phonétique « l’Algiré »).
En backstage, juste avant son entrée sur scène, Diam’s a donné une conférence de presse, la première depuis deux ans. «Il faut que vous sachiez que cela fait deux ans que je n’ai pas parlé à des journalistes. Je parle là, parce qu’ici, en Algérie, c’est important pour vous. Je ne suis plus comme avant. Il y a une part de secret dans ma vie. Je n’ai pas envie de m’exprimer sur ça…Je pense que religion et musique ne font pas bon ménage. Concernant la religion, je suis en train d’écrire un livre qui sortira en 2011. Inch’allah…» déclarera-t-elle. Bref, Diam’s, Mélanie ou D.I.A.M.S, son coeur bat la mesure et la chamade pour l’Algérie. Et Diam’s a fait sa prière dans sa loge avant de retrouver son fan-club. Big Up ! (El Watan-23.10.2010.)
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*LES HOMMES DE CULTURE S’EN VONT L’UN APRÈS L’AUTRE
L’Algérie se dégarnit de son élite
Les meilleurs enfants de l’Algérie partent sur la pointe des pieds, sans prévenir…
Un vent de tristesse joue la partition de l’adieu sur les reliefs de l’Algérie. La complainte prend la forme d’un sourire, le dernier qui se dessine sur un visage angélique, celui du comédien Larbi Zekkal. Il est parti sur une ode de douceur d’un roman inachevé de 76 automnes. Aâmi Larbi a ouvert ses yeux au monde un 19 mai 1934 à Alger. Son histoire avec le théâtre, commence sur les planches de l’Opéra d’Alger en 1950. Son soleil a rayonné dans La mort d’un commis voyageur. Ce même voyageur qui lui prend la main et lui ouvre les portes de la télévision et de la radio. L’odyssée est sublime, mais elle s’arrête brusquement.
Cette fois, le voyageur prendra la route seul. Il marche dans la nuit. Enveloppé dans le clair de lune. Il arrive sur les cimes du Djurdjura, en Kabylie.
Des hauteurs des Ath-Yeni lui parviennent des chants religieux. La Colline oubliée, puis retrouvée, pleure l’un de ses illustres enfants. Le Pr Mohamed Arkoun, Ibn Khaldoun des temps modernes, a tiré sa révérence le mardi 14 septembre 2010, à l’âge de 82 ans. Il est décédé loin de son pays. «Je suis parti rejoindre les miens. Certes je serais enterré loin de mon tuf ancestral, loin de mon Autre moi, Mouloud Mammeri. Mais je resterai vivant dans vos coeurs…», lui dit une voix derrière lui. Il se retourne. «Mais…c’est vous, c’est le Pr Mohamed Arkoun», dit-il surpris. Soudain, le voyageur se sent exilé dans l’obscurité grandissante de sa solitude. Il reprend son chemin. Le rêveur errant prend la direction de l’Est.
Il arrive à Constantine. La ville des Ponts est en deuil. Elle pleure son enfant Mohamed Salah Mentouri, ancien président du Conseil national et économique social (Cnes). Il est décédé le 5 septembre 2010, victime d’une crise cardiaque. Il avait 70 ans. Cadre hors pair, il a exercé plusieurs fonctions dans les institutions de l’Etat.
Le voyageur ouvre le livre de la vie de cet homme réputé pour son intégrité. Il y lit: «Né en 1940 à Hamma (Constantine), le défunt a été durant la guerre de Libération nationale membre de l’Ocfln à Constantine puis en Tunisie et membre de l’Union générale des étudiants musulmans d’Algérie (Ugema) de 1960 à 1962».
Cette compétence nationale avérée fut le premier président élu à la tête du Comité olympique.
Plus loin, le rêveur errant lit que M.Mentouri fut nommé en 1991 ministre du Travail et des Affaires sociales puis ministre de la Santé et des Affaires sociales. Il portait en son coeur la flamme de son admiration pour feu Mohamed Boudiaf.
Le voyageur écrase une larme fuyante de ses doigts tremblants. Une main lui tapote l’épaule. Il lève la tête. Abderrahmane Benhamida, le premier ministre de l’Education nationale de l’Algérie indépendante le salue. L’enfant de Dellys est décédé le même jour que Mentouri. «J’ai choisi de partir avec lui pour briller dans le ciel de notre cher pays», confie-t-il au voyageur. M.Benhamida avait 79 ans. Le rêveur errant pleure. Et ses pleurs s’élèvent au ciel. Ils le ramènent à Alger.
Les chansons de notre vie lui parviennent des entrailles de la Radio nationale. Seulement, ces chansons sont tristes. Elles sont orphelines de la muse pour laquelle et, surtout grâce à laquelle, elles ont vu le jour. Katiba Hocine a tiré sa révérence le 28 août dernier. Née en 1949 à Alger, cette journaliste fleurira un jardin d’art et de littérature.
De ce jardin, elle offrira un bouquet de quatrains à sa collègue Ghania Chérif, partie, la veille, à l’âge de 41 ans. Journaliste de terrain, Ghania Makhoukh était rédactrice adjointe à la Radio Chaîne III.
Le voyageur admire la beauté de la femme algérienne sur les traits de ces deux fées. Noua, la muse de l’écrivain Tahar Ouettar, pleure.
L’écrivain est parti sans la prévenir, le 13 août 2010, à l’âge de 74 ans. «Ce jour-là, le soleil de l’été était froid», confie-t-elle. L’enfant de Sedrata est né en 1936. Tahar Ouettar est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Les Martyrs reviennent cette semaine.
A l’évocation des martyrs, les vagues de la mer entonnent l’Hymne national. Alger se drape de blanc, vert et rouge. Le voyageur lève les yeux. Il perçoit des milliers de fleurs devenues étoiles qui scintillent dans le ciel et le saluent. (L’Expression-20.09.2010.)
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*Selma Hellal. Codirectrice des éditions barzakh
Travailler à offrir du beau, c’est un peu faire acte de résistance
Dix ans après leur création, les éditions barzakh viennent de recevoir le Grand Prix 2010 de la fondation néerlandaise Prince Claus pour la Culture et le Développement. Sur les difficultés de promouvoir le livre en Algérie, leur programme de nouveautés pour le prochain Salon du livre et ses aspirations en tant qu’éditrice , Selma Hellal, la codirectrice, fait le point pour El Watan Week-end.
-Comment avez-vous réagi à l’attribution de ce Grand Prix, une reconnaissance venue d’ailleurs… ?
Plusieurs émotions se sont télescopées : sidération, joie, inquiétude, fierté. Aujourd’hui, nous le vivons essentiellement comme une responsabilité. C’est une belle récompense, tant symbolique que matérielle, mais qui, surtout, nous enjoints d’être meilleurs. Plus exigeants, rigoureux, attentifs à nos partenaires – sans lesquels du reste, pareille aventure n’aurait pu avoir lieu. C’est un honneur pour toute l’équipe des éditions barzakh, mais aussi pour tous ceux qui nous ont fait confiance, auteurs, imprimeurs (comment ne pas remercier Chantal Lefèvre de l’imprimerie Mauguin ?), libraires, et tous les autres bien sûr, y compris les journalistes, ces incontournables relais. J’ai envie de croire que cette belle nouvelle suscitera une sorte de «contamination positive», nous redonnant à tous du cœur à l’ouvrage – dans cette constellation que nous essayons de former -, de la force et de l’indépendance. Dans le contexte actuel, peu enclin à l’épanouissement, travailler à offrir du beau, de la réflexion, du rêve, c’est un peu faire acte de résistance.
-Quelle évaluation faites-vous de dix ans de production littéraire au sein des éditions barzakh ? Avez-vous le sentiment aujourd’hui d’avoir réussi dans votre entreprise ?
Ce prix n’honore pas seulement l’éditeur, mais aussi un catalogue et donc des auteurs et leurs œuvres. C’est l’occasion de nous rappeler que nous devons fidélité et gratitude aux auteurs pour le cadeau qu’ils nous font chaque fois qu’ils nous proposent un manuscrit (même si, au final, celui-ci n’est pas retenu). Il me semble que grâce à un compagnonnage patiemment construit au fil des années, nous avons donné la possibilité à quelques-uns d’entre eux de construire un univers propre, enrichi livre après livre. D’être découverts par un public – d’abord algérien – souvent généreux et avide.
Ces auteurs ont été appréciés et reconnus pour leur originalité, leur audace, leur subjectivité. Cela vaut également pour de jeunes écrivains algériens édités à l’étranger à qui nous assurons une visibilité en proposant leurs textes dans une édition locale. Ces efforts, je crois, sont une manière de participer à la constitution de ce corps en train de sédimenter qu’est la littérature algérienne. Ainsi, en donnant à entendre ces voix (dans le sillage d’éditeurs comme, à l’époque, Bouchène et Marsa), je crois que nous contribuons, à une échelle certes modeste, à réinjecter du rêve et de l’imaginaire dans notre société, à encourager la prise de parole individuelle. En faisant cohabiter différents univers, des plus classiques aux plus expérimentaux, les langues arabe et française, des auteurs consacrés et d’autres qui le sont moins, notre souci a toujours été de rendre compte de ce qui remue dans l’Algérie d’aujourd’hui.
L’envie de continuer est bel et bien là, surtout quand s’affirment de nouvelles plumes (Hajar Bali, Kaouther Adimi, Sid Ahmed Semiane pour ne citer qu’eux), contemporaines et ambitieuses. Et je me réjouis que parmi elles figurent des femmes.
-Quelles sont les principales difficultés d’éditer des livres en Algérie ? Et pourquoi avons-nous, parfois, l’impression que ces difficultés sont entretenues ?
Le livre reste cher, c’est un obstacle majeur qui contribue à la fragilité et la volatilité du lectorat. D’autant que celui-ci ne fréquente plus vraiment les librairies, car l’offre y est pauvre et peu diversifiée. Comment donc le rencontrer, ce public si difficile à cerner ? Les difficultés ne sont pas entretenues, elles sont récurrentes, parce qu’en vérité, quelles que soient les initiatives qui seront prises (mesures économiques d’encouragement, multiplication de salons), il y a un seul et unique enjeu : c’est l’école. C’est elle qui forme un enfant à l’amour de la lecture. C’est peu de dire que tout – la liberté de pensée, de réfléchir, de rêver, de créer, d’être, en somme – se joue dans cet espace. Je discutais ce matin avec une amie institutrice dans une cité difficile en banlieue parisienne.
Elle me disait combien l’introduction des livres avaient pacifié l’ambiance, apaisé les enfants : un jour, elle a apporté dans la cour un caisson à roulettes plein de livres, les enfants se sont peu à peu mis à lire pendant la récréation, aux heures creuses, et de proche en proche, le livre est devenu un compagnon vital pour eux. Aujourd’hui, ce sont eux qui réclament des séances de lecture en groupe… L’école algérienne est en faillite. Dès lors, ne nous étonnons pas que ni la famille ni la société dans son ensemble n’accordent de place, même symbolique, au livre, à l’exception du livre religieux.
-Le Conseil des ministres a décidé, fin août 2009, de l’exonération du papier destiné à la fabrication du livre de la Taxe sur la valeur ajoutée. Cette mesure va-t-elle encourager l’édition et la lecture en Algérie ?
C’est une excellente initiative qui devrait pouvoir se répercuter sur toute la chaîne de fabrication. Si tous les acteurs impliqués (éditeur, imprimeur, librairie, distributeur) décident, dans le prolongement de cette décision, de faire un effort, une dynamique peut s’enclencher, qui permettra, in fine, de réduire le coût du livre.
-Le Salon international du livre d’Alger est prévu fin octobre. Quelles sont les nouveautés de barzakh cette année ? Et que pensez-vous de la non-invitation des éditeurs égyptiens à cette manifestation culturelle ?
En plus d’un recueil de nouvelles noires Alger, quand la ville dort, nous proposerons un livre de Mustapha Chérif : Un intellectuel musulman chez le Pape, où l’auteur relate sa rencontre avec Benoît XVI. Enfin, un autre ouvrage devrait être prêt, qui me tient particulièrement à coeur : Le Maghreb à travers ses plantes, écrit par un pharmacologue marocain, Jamel Bellakhdar, étude exhaustive, vivante et engagée sur les plantes et arbustes au Maghreb, les usages qu’en faisaient les populations dans l’ancien temps, leurs vertus thérapeutiques. C’est l’œuvre d’un passionné et d’un militant. On découvre – pur bonheur ! – mille choses sur l’asphodèle, le clémentinier, l’armoise blanche, l’inventaire est vertigineux !
De plus, on y trouve les désignations en arabe, variant parfois d’un pays à l’autre. Quant à la non-participation des éditeurs égyptiens au salon, nous la déplorons. La culture incite à l’élévation, au décloisonnement ; le livre est l’objet par excellence qui crée des passerelles, suscite dialogue et émulation. Le Salon international du livre est un moment-clé : il offre, pendant quelques jours, la possibilité d’un vivre ensemble brouillon mais plein de vitalité, entre Algériens, mais aussi entre différentes nationalités. Cette décision est regrettable. (El Watan-17.09.2010.)
*Bio express :
Née en 1973, Selma Hellal poursuit sa scolarité en Algérie. En 1988, elle rejoint Paris, où, après le bac, elle entame des études de sciences politiques, cycle qu’elle poursuit jusqu’au DEA, entre la France, le Royaume-Uni et la Syrie. Elle revient en Algérie fin 1999 et crée en 2000, avec Sofiane Hadjadj ,les éditions barzakh.
Elle a également collaboré au travail de l’ONG italienne Cisp, notamment dans le domaine de l’accompagnement psycho-social. Dans ce cadre, elle a rédigé un ouvrage De proche en proche, proximité et travail thérapeutique de réseau en Algérie.
****Film: La guerre secrète du FLN en France
Malek Bensmail. Documentariste
«Passer à une phase de démystification de notre guerre»
Le réalisateur du documentaire La Chineest encore loin (2008), qui vient de remporter le Projecteur de Cristal au 11e Festival méditerranéen du film de Bosnie Herzégovine, revient avec La guerre secrète du FLN en France (qui sera diffusé le 23 septembre sur France 2 à 21h50, heure d’Alger). Une plongée dans l’histoire non-dite de la lutte FLN/MNA et des agents secrets qui ont porté la guerre de Libération en pleine «métropole».
-La guerre de Libération portée sur le sol français n’est pas connue du grand public algérien, et ses acteurs sont presque considérés ici comme de vagues supplétifs, de seconds couteaux ou de planqués. Pourquoi ?
C’est une rhétorique universelle. Il y a certainement confiscation par «l’histoire officielle», par les institutions, aussi bien du côté algérien que français. Mais mon rôle de cinéaste et documentariste est de continuer d’enregistrer ce qui pourrait être vu et regardé des deux côtés de la Méditerranée, sans tabou. Il est vrai que c’est une histoire qui a été peu auscultée par les films sur la guerre d’Algérie. Le 1er Novembre 1954, date officielle du déclenchement de la guerre de Libération, n’est pas synonyme d’affirmation d’une direction unique derrière le FLN, bien au contraire.
La Fédération du FLN peut être considérée aujourd’hui comme véritablement le second souffle de la lutte de Libération et sa force de frappe à l’intérieur du territoire français a fait basculer l’opinion. La fédération a dû assumer la responsabilité de propager l’idéologie du FLN et la faire connaître auprès des milieux d’Algériens émigrés, entièrement dévoués aux messalistes, ce qui rendait d’autant plus difficile sa mission laquelle consistait à convaincre cette frange d’émigrés de la nécessité de contribuer à la réussite de la guerre de Libération. C’était une véritable organisation.
-Dans quelle mesure les actions du FLN en France ont fait basculer la guerre d’indépendance ?
Je pense que les actions du FLN en France ont joué un rôle essentiel pour faire basculer l’opinion française. Toute l’immigration (et pas uniquement en France, mais aussi en Allemagne, en Italie, en Belgique…) y a participé, ouvriers, commandos, cadres du FLN, étudiants, avocats. J’ai souhaité, au-delà des simples faits, explorer la stratégie du FLN sur le sol français jusqu’à l’indépendance : des attentats jusqu’à la bataille des idées pour rallier l’opinion publique française en passant par la vitrine juridique. Oui, pas uniquement les actions militaires, mais aussi le rôle crucial de la contre-propagande mené par le FLN en France, la mise en place des réseaux de soutien, comment le FLN a pu sensibiliser les intellectuels français et étrangers, approcher les éditeurs… Ca a été un travail de fourmi. J’ai appris énormément sur ma propre histoire.
-La structuration du FLN en France a-t-elle été plus facile ou plus difficile que sa structuration sur le territoire algérien ?
La structuration du FLN en France va s’étaler sur deux années, entre 1954 et 1956. Deux ans pour recruter, sélectionner des cadres, entraîner la population, établir des filières et réinventer la guérilla aussi bien en Algérie qu’en France, mais les «réseaux» aussi à l’étranger. Dans cette perspective, le FLN en France se constitue dès 1955. Disons que l’organisation du FLN va avoir à régler d’abord un vrai problème de leadership. Au bout de deux ans, le FLN sera perçu comme l’interlocuteur principal des Français au regard de l’intégration en son sein de tous les autres courants, à l’exception des partisans du leader nationaliste Messali Hadj.
Les immigrés, enracinés dans les usines françaises, sont très politisés et en relation avec les différents syndicats. Ils sont aguerris à l’action politique et de plus ils sont très attachés à Messali Hadj. Je rappelle que certains responsables du FLN étaient avant tout des militants du MTLD puis du MNA. La bataille fratricide pour le contrôle de la Révolution algérienne et de l’immigration a été féroce, 4000 morts en France et 10 000 entre la France et l’Algérie. Cela fait partie de «notre» histoire tragique. En fait, le FLN s’est structuré d’abord pour arracher le leadership de la révolution puis pour mener une guerre urbaine en France, appelé le second front. Ils ont ainsi divisé le territoire français, en wilayas, comme la France a structuré l’Algérie en départements, c’était, comme le dit un témoin, «un Etat dans l’Etat». L’organisation était extraordinairement fine et efficace.
-Vous parlez de révélations dans ce film, quelles sont-elles ?
Nous apprenons beaucoup des hommes et des femmes qui ont été sur le terrain, en France, en Allemagne, en Belgique. Nous comprenons mieux le rôle de de Gaulle et de son Premier ministre Debré, les responsabilités… Le mot «révéler» prend une signification plus historique. Comme pour mes précédents films, le sujet peut «révéler» certains pans de l’histoire franco-algérienne, non connus. Le rôle de ce documentaire est de raconter les faits, en douceur, malgré la violence des témoignages. J’ai souhaité que le récit soit raconté, «révélé» de l’intérieur. Pour cela, j’ai opté pour un dispositif formel épuré. J’attendais de la succession et de la confrontation de ces témoignages, avant tout, une mise en forme plus nette des enjeux de ce documentaire c’est-à-dire la reconstitution d’un passé enfoui, la reconstruction d’une mémoire indispensable, prise entre la précarité des traces et le rituel de ce qui fait retour.
Dans un documentaire, on parle souvent de sujet, mais sans dimension humaine et sans écriture cinématographique, ce qui nous ramène au sujet dans son dispositif théorique et non à la vie des personnages et cela ne fait pas un film mais un dossier, une thèse. J’ai tenté de «révéler» une histoire méconnue avec les récits des protagonistes qui ont une légitimité à témoigner, à raconter leur histoire. C’est cette chronologie des faits qui donne, me semble-t-il dans le film, une parole équilibrée, contradictoire.
-Qu’en est-il des archives françaises de la guerre d’Algérie (textes, audio, vidéo) ? En tant que documentariste, y avez-vous accès et quelles sont les limites de votre travail ?
Je suis toujours aidé par une documentaliste spécialisée, qui va à la recherche de toutes les sources possibles, françaises, algériennes et étrangères. La préfecture de police à Paris a bien voulu pour la première fois nous ouvrir une toute petite partie de ses archives. Nous y avons trouvé des photos de la police sur les attentats MNA/FLN et des manifestations d’octobre 1961. Les images d’archives les plus intéressantes sur la guerre proviennent surtout de sources étrangères, je pense aux Anglais, aux Belges et aux Suisses. Je tente d’obtenir le maximum d’images, photographiques, sonores et animées, pour pouvoir tricoter un récit, mais aussi confronter les sources et les recherches d’historiens sur une période donnée.
-La structure actuelle du régime algérien est articulée autour d’anciens du MALG, de l’armée française et de l’armée des frontières. Les anciens de l’ALN et de la fédération de France sont mal représentés. Pourquoi à votre avis ?
Je pense qu’il faut poser la question aux protagonistes. Il y a une réelle amertume. Ils ont probablement des réponses mais ils restent dignes et fiers. Je n’ai pas de réponses toutes faites à cette question. Etaient-ils trop politisés ? Plus lucides et structurés ? Avaient-ils une vision différente pour un bon départ de l’Algérie indépendante ? Y avait-il une discorde ? Sûrement, puisque aucun n’a eu, semble-t-il, des responsabilités politiques importantes par la suite.
-Le combat du FLN sur le sol français a été l’occasion d’enregistrer les premiers morts par dommages collatéraux, des civils innocents sacrifiés sur l’autel de la libération par des bombes dans des endroits publics, ce que les Français ont immédiatement qualifié de terrorisme pur et dur. Avec le recul, pensez-vous qu’il était possible d’épargner les civils ?
C’est difficile d’éviter les dommages collatéraux lors d’une guerre même urbaine… C’était plutôt une question de stratégie. Mohamed Harbi, qui était l’un des responsables de la Fédération de France entre 1956 et 1958, souhaitait que le FLN se comporte en France en organisation politique avec une adhésion volontaire. Il dit que la direction était plutôt favorable à «la contrainte». Il a démissionné de la fédération en 1958 pour ses raisons. Il pense que le FLN aurait pu avoir plus d’alliés…
-Les conflits entre le MNA et le FLN étaient-ils à ce point importants qu’aujourd’hui, l’histoire officielle tente de les cacher ?
Le film n’est pas uniquement sur cette tragédie, mais il est important aujourd’hui, me semble-t-il, de passer à une phase de démystification de notre guerre, sereinement. Cette guerre fratricide nous «révèle» et nous explique surtout comment le FLN s’est implanté en France. Je souhaitais rendre compte de cette histoire méconnue en racontant d’abord les faits. Il me semblait important de saisir les enjeux de cette période, comment le FLN s’est imposé comme leadership de la guerre ? Comment le FLN a-t-il mené sa bataille en France ? Avec une véritable mise en perspective historique.
Vous savez, je suis un enfant de l’Algérie indépendante et j’avais vraiment envie de comprendre, comment les acteurs de cette histoire se sont engagés ? A partir de quelle émotion, de quel sentiment nationaliste, de quelles tendances politiques, de quelles influences, de quelles autres rencontres, réseaux…? A travers cette histoire, j’ai voulu aborder des questions essentielles sur la colonisation, sur la guerre d’Algérie, sur l’immigration et la main-d’œuvre algérienne en France et sur la montée du nationalisme algérien. Il y a aussi la question essentielle, universelle, celle de la liberté et de l’indépendance d’une nation. Il est important d’affronter les problématiques historiques, sociales, culturelles, sinon pourquoi faire du cinéma et plus particulièrement du documentaire ?
Ne serait-il pas intéressant de créer une commission mixte d’historiens algériens et français indépendants qui pourrait écrire une histoire commune sur cette guerre, et même proposer des manuels scolaires communs aussi bien pour les élèves algériens que français. Je pense à l’exemple franco-allemand. Ça se fera peut-être un jour, non ? (El Watan-17.09.2010.)
**Albert Drandov. Auteur de BD et journaliste d’investigations
Nous avons beaucoup de mal à parler du nucléaire en France
Albert Drandov, journaliste franco-bulgaro-espagnol, 51 ans, et Franckie Alarcon, bedéiste français, 36 ans, se sont lancés dans le nouveau créneau de la BD-enquête ou BD socio-politique avec Au nom de la bombe, histoire secrète des essais atomiques français. Une BD qui revient sur les tests nucléaires français dans le Sud algérien et en Polynésie. Nous les avons rencontrés au dernier Festival international de la BD d’Alger.
- Au nom de la bombe, histoire secrète des essais atomiques français. Pourquoi avoir fait ce travail assez original pour une bande dessinée ?
Dans une autre vie, j’étais journaliste. Je faisais des enquêtes sur la santé et l’environnement. Je me suis toujours intéressé à l’énergie atomique. La France est parmi les pays les plus nucléarisés dans le monde. Je ne suis pas un antinucléaire de base, mais j’ai des soupçons. Il y a un côté «apprenti sorcier» qui m’inquiète. J’ai régulièrement fait des articles sur des incidents dans les centres nucléaires en France.
- C’est une question taboue ?
Oui, mais il y a suffisamment de journalistes qui travaillent sur ce sujet. Les poids économique et politique du nucléaire en France est tel que nous avons beaucoup de mal à en parler sereinement. Tout de suite, on est taxés d’antinucléaires primaires. Il est vrai que c’est un débat très délicat en France. Il y a des pressions indirectes sur les médias par le poids économique, c’est-à-dire par la publicité, et l’importance des groupes industriels qui possèdent les médias. Aujourd’hui, on n’est plus dans les pratiques anciennes du coup de téléphone qui interdit. Aussi, l’autocensure est-elle plus forte que la censure elle-même. Donc, le problème ne se pose pas directement en France. J’ai régulièrement soulevé la question du nucléaire. Il y a sept ou huit ans, la parole des vétérans a commencé à se libérer. Des associations d’anciens militaires français ont été créées pour revendiquer leurs droits : l’Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) en France et Mururoa et Tatou en Polynésie. L’opportunité s’est présentée d’avoir les premières traces écrites et des témoignages. Le chercheur Bruno Barrio a été le premier à s’occuper de cela. A partir de là, je me suis dit qu’il y avait de la matière pour faire un sujet. J’ai commencé à assister aux réunions des vétérans et j’ai eu accès aux lettres des anciens militaires qui racontaient leur vécu à l’association. J’ai eu des discussions avec certains. J’ai même pu consulter quelques documents classés «secret défense» grâce aux différents réseaux journalistiques.
- Etait-il facile d’accéder à ces documents ?
Non ! Mais en étant têtu, curieux et obstiné, on peut avoir quelque chose. Il y a donc toujours un moyen de le faire. J’ai vu que ma matière première était suffisante pour raconter une histoire peu évoquée. Il est vrai qu’on peut la trouver dans des livres ou documentaires mais jamais sous forme de bande dessinée. Quand j’ai changé de métier, j’ai gardé l’esprit de recherche et d’enquête du journaliste. J’ai fait des enquêtes sur le scandale de l’amiante et sur les délocalisations industrielles en Europe. Et donc, j’ai continué la tradition.
- A quoi êtes-vous arrivé après vos enquêtes ?
J’ai découvert que la question des cobayes exposés aux radiations atomiques était ancienne. Elle a été révélée, il y a douze ans, par un journaliste du Nouvel Observateur qui a pu obtenir quelques témoignages de vétérans sur cette affaire. Depuis, les témoignages se sont accumulés et les vétérans sont morts de vieillesse ou de maladie. Il y a peu de temps, une BD a sorti un scoop, comme un journal, un document officiel de 400 pages de l’armée française qui raconte, minute par minute, comment se sont déroulées les manœuvres. En réalité, l’armée française avait décidé de mobiliser 200 fantassins et des conducteurs de chars M47 pour leur faire faire des manœuvres juste après une explosion atomique. Le but était de voir comment pouvaient réagir des militaires en milieu atomique, s’ils paniquaient ou pouvaient transmettre des informations. Ce qui est grave, c’est qu’on n’avait pas besoin de faire ce genre de manœuvres puisque les Américains, qui avaient déjà fait des tests dans le désert du Nevada, avaient l’exemple du Japon (Hiroshima, Nagasaki, ndlr) et élaboré un document de 600 pages qui contient tout sur les effets des radiations sur l’homme et le matériel. Mais, les Français, avec leur côté «cocorico», avaient décidé le voir par eux-mêmes. D’où l’opération du Sahara. Dès que nous avons eu le document, qui confirmait les révélations publiées par le Nouvel Observateur, nous avons utilisé la BD, un support original et décalé, pour publier ces informations.
- Pourquoi l’utilisation de la BD ?
En France, on vend 40 millions d’exemplaires de BD. Chaque année, 4000 nouvelles BD sont publiées dans le pays. C’est un support qui a un capital de sympathie énorme. Il y a une vraie tradition de la BD en France. J’ai trouvé que cela pouvait être un support intéressant pour aborder un sujet grave, lourd et délicat. Evidemment, cela n’a pas le même impact que les BD ludiques ou d’humour. C’est plus populaire. Cependant, il y a de la place pour tous types de supports. Puisqu’on a plus tendance à ouvrir une BD qu’un livre, la moitié du chemin est faite. Aux auteurs d’intéresser le lecteur et de ne pas rendre le sujet déprimant. Notre objectif n’est pas d’être dans le consensus mou. Si cela crée des débats et des polémiques, tant mieux, c’est l’objectif. Je ne cherche pas la polémique pour la polémique. Je fais juste mon petit travail d’auteur citoyen qui met sur la table ce qu’il a récolté. A chacun de faire ce qu’il entend.
- Le travail avec le dessinateur ?
Le directeur de collections aux éditions Delcourt m’a présenté le bédéiste Franckie Alarcon. La collaboration s’est bien passée. Un travail de fond a été fait en termes d’iconographie, de recherche documents sur les uniformes, les camions, le désert. On dispose de matériel et de moyens de recherche à travers Internet, notamment. Nous avons travaillé en synergie. Je lui ai envoyé le scénario et le story board, et lui, il m’expédiait les dessins. Je pense qu’un album sur le sujet des essais atomiques suffit. On ne fait pas une série sur un sujet de ce genre.
- Y aura-t-il du nouveau dans votre travail sur le massacre du 17 octobre 1961 à Paris ?
Je ne sais pas. C’est là tout l’art d’un travail de ce genre. Plus on cherche, plus on trouve. Les journalistes le savent. Je pars de l’idée qu’il y a beaucoup de matières premières. Beaucoup d’historiens ont fait des recherches sur ces événements. Une partie de ce travail est assez militante. La génération de Benjamin Stora fait un travail sérieux sur cette période. On peut bénéficier aussi de la parole des anciens en Algérie. Je ne suis pas du tout inquiet puisqu’il y a cette parole des anciens et les documents qui existent ou qui peuvent exister. (El Watan-29.10.2010.)
Aux éditions Delcourt, 16 euros.
Dans une autre vie, j’étais journaliste. Je faisais des enquêtes sur la santé et l’environnement. Je me suis toujours intéressé à l’énergie atomique. La France est parmi les pays les plus nucléarisés dans le monde. Je ne suis pas un antinucléaire de base, mais j’ai des soupçons. Il y a un côté «apprenti sorcier» qui m’inquiète. J’ai régulièrement fait des articles sur des incidents dans les centres nucléaires en France.
Oui, mais il y a suffisamment de journalistes qui travaillent sur ce sujet. Les poids économique et politique du nucléaire en France est tel que nous avons beaucoup de mal à en parler sereinement. Tout de suite, on est taxés d’antinucléaires primaires. Il est vrai que c’est un débat très délicat en France. Il y a des pressions indirectes sur les médias par le poids économique, c’est-à-dire par la publicité, et l’importance des groupes industriels qui possèdent les médias. Aujourd’hui, on n’est plus dans les pratiques anciennes du coup de téléphone qui interdit. Aussi, l’autocensure est-elle plus forte que la censure elle-même. Donc, le problème ne se pose pas directement en France. J’ai régulièrement soulevé la question du nucléaire. Il y a sept ou huit ans, la parole des vétérans a commencé à se libérer. Des associations d’anciens militaires français ont été créées pour revendiquer leurs droits : l’Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) en France et Mururoa et Tatou en Polynésie. L’opportunité s’est présentée d’avoir les premières traces écrites et des témoignages. Le chercheur Bruno Barrio a été le premier à s’occuper de cela. A partir de là, je me suis dit qu’il y avait de la matière pour faire un sujet. J’ai commencé à assister aux réunions des vétérans et j’ai eu accès aux lettres des anciens militaires qui racontaient leur vécu à l’association. J’ai eu des discussions avec certains. J’ai même pu consulter quelques documents classés «secret défense» grâce aux différents réseaux journalistiques.
Non ! Mais en étant têtu, curieux et obstiné, on peut avoir quelque chose. Il y a donc toujours un moyen de le faire. J’ai vu que ma matière première était suffisante pour raconter une histoire peu évoquée. Il est vrai qu’on peut la trouver dans des livres ou documentaires mais jamais sous forme de bande dessinée. Quand j’ai changé de métier, j’ai gardé l’esprit de recherche et d’enquête du journaliste. J’ai fait des enquêtes sur le scandale de l’amiante et sur les délocalisations industrielles en Europe. Et donc, j’ai continué la tradition.
J’ai découvert que la question des cobayes exposés aux radiations atomiques était ancienne. Elle a été révélée, il y a douze ans, par un journaliste du Nouvel Observateur qui a pu obtenir quelques témoignages de vétérans sur cette affaire. Depuis, les témoignages se sont accumulés et les vétérans sont morts de vieillesse ou de maladie. Il y a peu de temps, une BD a sorti un scoop, comme un journal, un document officiel de 400 pages de l’armée française qui raconte, minute par minute, comment se sont déroulées les manœuvres. En réalité, l’armée française avait décidé de mobiliser 200 fantassins et des conducteurs de chars M47 pour leur faire faire des manœuvres juste après une explosion atomique. Le but était de voir comment pouvaient réagir des militaires en milieu atomique, s’ils paniquaient ou pouvaient transmettre des informations. Ce qui est grave, c’est qu’on n’avait pas besoin de faire ce genre de manœuvres puisque les Américains, qui avaient déjà fait des tests dans le désert du Nevada, avaient l’exemple du Japon (Hiroshima, Nagasaki, ndlr) et élaboré un document de 600 pages qui contient tout sur les effets des radiations sur l’homme et le matériel. Mais, les Français, avec leur côté «cocorico», avaient décidé le voir par eux-mêmes. D’où l’opération du Sahara. Dès que nous avons eu le document, qui confirmait les révélations publiées par le Nouvel Observateur, nous avons utilisé la BD, un support original et décalé, pour publier ces informations.
En France, on vend 40 millions d’exemplaires de BD. Chaque année, 4000 nouvelles BD sont publiées dans le pays. C’est un support qui a un capital de sympathie énorme. Il y a une vraie tradition de la BD en France. J’ai trouvé que cela pouvait être un support intéressant pour aborder un sujet grave, lourd et délicat. Evidemment, cela n’a pas le même impact que les BD ludiques ou d’humour. C’est plus populaire. Cependant, il y a de la place pour tous types de supports. Puisqu’on a plus tendance à ouvrir une BD qu’un livre, la moitié du chemin est faite. Aux auteurs d’intéresser le lecteur et de ne pas rendre le sujet déprimant. Notre objectif n’est pas d’être dans le consensus mou. Si cela crée des débats et des polémiques, tant mieux, c’est l’objectif. Je ne cherche pas la polémique pour la polémique. Je fais juste mon petit travail d’auteur citoyen qui met sur la table ce qu’il a récolté. A chacun de faire ce qu’il entend.
Le directeur de collections aux éditions Delcourt m’a présenté le bédéiste Franckie Alarcon. La collaboration s’est bien passée. Un travail de fond a été fait en termes d’iconographie, de recherche documents sur les uniformes, les camions, le désert. On dispose de matériel et de moyens de recherche à travers Internet, notamment. Nous avons travaillé en synergie. Je lui ai envoyé le scénario et le story board, et lui, il m’expédiait les dessins. Je pense qu’un album sur le sujet des essais atomiques suffit. On ne fait pas une série sur un sujet de ce genre.
Je ne sais pas. C’est là tout l’art d’un travail de ce genre. Plus on cherche, plus on trouve. Les journalistes le savent. Je pars de l’idée qu’il y a beaucoup de matières premières. Beaucoup d’historiens ont fait des recherches sur ces événements. Une partie de ce travail est assez militante. La génération de Benjamin Stora fait un travail sérieux sur cette période. On peut bénéficier aussi de la parole des anciens en Algérie. Je ne suis pas du tout inquiet puisqu’il y a cette parole des anciens et les documents qui existent ou qui peuvent exister. (El Watan-29.10.2010.)
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*LA CAPITALE À L’HEURE DU RAMADHAN
Les mille en Une Nuit d’Alger
La capitale retrouve son âme de Fiancée de la nuit durant le Ramadhan.
Une note enchantée jaillit de la corde d’un mandole. D’autres notes la suivent. L’Istihkbar est lancé. Une voix rauque pose des mots lumineux sur l’air. La mélodie évolue sur les ondes de l’éther. Un éclairé du banjo. Puis, la voix reprend. Le chant allume le cierge du ciel. Les rêves scintillent. Les âmes voguent sur les vagues de la mer au rythme d’une Touchia. Le Cheikh lance le M’dih. Ce chant religieux met le café El Bahdja au diapason des splendeurs d’Alger. L’âme des enfants de «Bled Sidi Abderrahmane» vibre. Elle arpente les artères de Bab El Oued. Puis, elle redescend. Une lumière argentée l’attire. Cette lumière émane du café El Bahdja. Le cheikh passe à un autre mode musical. Le M’dih prend alors une autre dimension. Il caresse les visages des Douaqin dont les âmes sont accrochées comme des pendentifs à la mélodie. Le café est bondé. Des tables sont installées tout autour de l’établissement.
Les mélomanes y ont pris place depuis un bon moment. «Je viens chaque soir, après la rupture du jeûne. Je ne peux pas m’en passer. Le chaâbi a bercé mon enfance. Il est partie intégrante de mon identité», avoue Aâmi Saïd, la soixantaine révolue.
Dans ses yeux se déclinent les souvenirs des soirées d’antan qu’animaient les démiurges du chaâbi. Aâmi Saïd se souvient de la fête animée par El Hadj M’hamed El Anka le jour de son mariage, dans le patio d’une douerate. «Je n’oublierai jamais cette soirée. Tu te souviens, Slimane?», demande-t-il à son compagnon. «Oui, je m’en souviens», répond Aâmi Slimane, sur un air de nostalgie. Les deux amis dégustent leur thé parfumé à la menthe. Comme des abeilles, les serveurs passent entre les tables. Ils sont aux petits soins des clients. «Nous recevons des clients accros du chaâbi. Donc, nous devons être à leur écoute. Les servir est un art comme le chaâbi», déclare l’un des serveurs, le sourire en coin. Le café El Bahdja est le lieu de rencontre des élèves du «Cardinal» El Hadj M’hamed El Anka. Ces rossignols se font appeler El Ankaouiyin, de l’école El Ankaouiya, appelée ainsi en référence au maître. Ces cheikhs égayent les nuits ramadhanesques de chants religieux tirés du patrimoine populaire. Alger vit les merveilles des Mille et Une Nuits durant le Ramadhan.
La vie nocturne reprend ses droits. La ville brille de mille et un feux, retrouvant sa beauté de bijou lumineux offert. De longues processions de véhicules prennent forme sur les rues. Ainsi, ces ruelles se muent en de long colliers d’or. La capitale retrouve le sourire. Elle réapprend à vivre durant la nuit.
23h00. Place El Kettani. Les amoureux des chants de la mer, dans l’obscurité, font les cents pas sur les lieux. «J’aime me promener la nuit avec ma fiancée. Ces balades nocturnes nous offrent des moments de pure magie à vivre», confie Amine, le visage éclairé d’un sourire, la main posée sur l’épaule de sa dulcinée. Dans les yeux de cette dernière, luit la flamme de la passion qui illumine le petit coin de paradis que lui offre son compagnon. «Je regrette que nous ne puissions sortir la nuit durant tous les mois de l’année», dit-elle timidement. Leurs regards se croisent. Ils reprennent leur balade. La placette retrouve une seconde vie. Elle reçoit des centaines de personnes venues des quatre coins d’Alger. «Le Ramadhan nous offre l’occasion de sortir la nuit et de nous balader en famille, c’est merveilleux», s’exclame Mohamed B. qui se promène en compagnie de sa femme et de ses deux filles. Les minute s’égrenant, nous prenons la direction de la Grande-Poste. La voie carrossable ressemble à un fleuve métallique. Le flux impressionnant des véhicules rend la circulation difficile. Des klaxons retentissent çà et là. «Tu ne connais pas le Code de la route?», vocifère un homme à bord d’une Renault Clio. Une autre voix fusant d’une voiture profère des insultes. Les deux hommes immobilisent leurs véhicules et descendent pour en découdre.
N’était l’intervention de quelques personnes, ils allaient en arriver aux mains. Cette altercation provoque un énorme embouteillage. Sous la pression des klaxons, les deux hommes regagnent leurs véhicules. Nous reprenons notre chemin.
Nous nous engageons dans la rue Asselah-Hocine. Une file de véhicules s’est formée devant la salle El Mougar. Les mélomanes de la musique andalouse ont rendez-vous avec les Mouachahate et autres merveilles de la musique classique algérienne.
Dans cette rue animée, les cafés, les boutiques, les kiosques multiservices, les supérettes et les autres établissements de commerce sont ouverts. Nous arrivons à La Grande Poste. La placette est semblable à une ruche de véhicules. Ce spectacle donne l’impression que la placette vit aux heures de pointe de la journée. «Je viens de Réghaïa. Je vous assure que j’ai mis deux heures pour arriver jusqu’ici», révèle Mohamed, au volant de sa Polo. En un mois, Alger retrouve le goût de vivre à la belle étoile. Seulement, cette parenthèse sera fermée au lendemain de l’Aïd. (L’Expression-08.09.2010.)
**Concerts de Lounis Aït Menguellet et Khaled à Constantine
Deux soirées artistiques mémorables
Après un mois marqué par une animation culturelle avec des hauts et des bas, le public de la ville du Vieux Rocher a été agréablement charmé par deux grandes stars de la chanson algérienne.
Deux concerts évènements en l’espace de 24h, la ville n’en a jamais vu ni vécu. Des prestations que les mélomanes constantinois ont longtemps attendues après un mois marqué par une animation culturelle avec des hauts et des bas. Le passage du chantre de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet, lundi soir à Constantine, restera sans conteste l’un des moments culturels et artistiques mémorables et émouvants de l’histoire de la musique de l’antique Cirta. Depuis son service militaire passé entre 71 et 73, Aït Menguellat n’a jamais foulé le sol de Constantine, bien qu’il affirme garder de bons souvenirs de la ville où il a composé certains de ses poèmes. Et sur invitation du conseil des activités culturelle de la ville de Constantine qu’il reviendra à la cité des Ponts après 37 ans. Sur la scène de la salle du palais de la culture Malek Haddad, Aït Menguellet a été accueilli comme un roi. L’interminable et émouvante ovation auquel il aura droit à son entrée sur scène, lui révèlera fortement tout l’amour que pouvait lui porter les Constantinois. C’est d’ailleurs ému qu’il s’adressera au public pour le remercier de tant de témoignages d’amour et de respect, révélant qu’il allait interpréter des chansons dont les poèmes ont été écrits durant son long séjour à Constantine au début des années 1970. Malgré une chaleur suffocante, l’aération et la climatisation faisant cruellement défaut au niveau de la salle de spectacle du palais de la culture Malek Haddad, laquelle était pleine comme un oeuf, les fans ne se laisseront nullement décourager, en présence de cette légende vivante de la musique algérienne. Tous se sont délectés fiévreusement des mots, des notes, de la musique et des poèmes que Aït Menguellet chantait avec tendresse. Ceux qui ne pouvaient en saisir le sens en devinaient aisément la beauté, la sincérité et la profondeur. Lounis chante son amour pour la Kabylie, et l’amour, tout court. Il sera d’ailleurs accompagné dans sa prestation de ses deux fils, choisissant d’alterner entre douces ballades et chansons rythmées afin de ne pas rater l’occasion de festoyer avec le public. Ce dernier se laissera peu à peu à la danse, et sera emporté par les rythmes chatoyants que la bande à Lounis ne cessait d’animer. Notons enfin que l’un des moments forts de cette prestation sera sans nul doute la lecture d’un poème faite par Lounis sous les airs doux de flûte de son fils Djaâfar. Un pur moment de bonheur. Après deux heures d’un spectacle anthologique, le «sage poète» quittera humblement la scène laissant le public scander: «Imazighen, Imazighen». Face à sa fameuse « feuille blanche» notre poète ne manquera certainement pas, prochainement, d’inspiration.
Le King toujours égal à lui même
Pour une première à Constantine, la prestation explosive du King du Rai Khaled dans la belle nuit fraîche de mardi au stade Chahid Hamlaoui, a arraché la ville du vieux Rocher de sa torpeur et surtout sa placidité devenue légendaire et qui s’est encore une fois exacerbée lors des veillés ramadhanesques de cette année. Fidèle à lui-même, l’enfant terrible de «Wahrân» pour laquelle – Oran – il a interprété deux chansons lors de ce concert, s’est montré d’une générosité infinie et sans pareille. La communion entre lui et son nouveau public fut tellement parfaite et magique que le concert durera deux fois le temps prévu.
Un public surexcité et qui pardonnera très vite au King son retard d’une heure et demi sur le rendez-vous. Peut-on vraiment faire la moue à un roi ? Oh que non. Pour Khaled, il a fallu tout juste afficher son large sourire pour reconquérir rapidement le cœur de ses fans. Les jeunes se laisseront alors tout de suite aller en s’agitant dans tous les sens et ce dès la première note. En outre, le morceau «El Arbi» choisi en ouverture de cet événement exceptionnel sera naturellement accompagné d’une ovation du tonnerre, faite par les 10 000 spectateurs ayant assisté à ce concert. D’ailleurs, si le côté réservé aux jeunes, et on s’y attendait un peu, était bondé de monde, celui laissé aux familles restera étonnamment vide ou presque. Une défection certainement due aux pluies qui se sont abattues sur la ville peu avant le concert. Les privilégiés de ce rendez-vous ont eu par contre plein leurs yeux, grâce à un Khaled unique et tonitruant, faisant parfois même des petites acrobaties, taquinant d’autres fois ses musiciens. Il s’en ira aussi pianoter avec une étonnante habilité quelques mélodies au synthétiseur et les spectateurs médusés n’en rataient pas une miette. Fan de malouf et de Fergani, il a toujours eu, a-t-il déclaré, des regrets de ne s’être pas produit avant ce jour à Constantine, et il venait de réaliser ce rêve devenu au fil des ans un fantasme. Sa joie était telle qu’il repassera en revue durant son concert les plus grands tubes de ses trentes années de sa riche carrière artistique. «Bakhta, El Baida, Aïcha, Trig el Lycée, Sahra…»Et même des morceaux de son dernier album dont le célébrissime «Liberté». Aux environs de 1h du matin, la pluie s’étant invité au concert, Khaled écourtera sa dernière chanson «Aïcha» remerciant son chaleureux public de mille baisers, faisant la promesse de revenir bientôt. (El Watan-09.09.2010.)
**AÏT MENGUELLET ENCHANTE CONSTANTINE
Une première sous le signe des retrouvailles
L’histoire de Aït Menguellet avec la ville des Ponts, comme le présage ce premier retour depuis 1971, semble faite pour vaincre le syndrome de La Feuille blanche.
Quand l’harmonie du coeur s’identifie à un pan de mémoire encore vivace, que le souvenir de Louisa ramène Aït Menguellet au premier carrefour de sa vie, renouer avec la ville de Constantine, c’est «accoster au milieu d’un rêve».
Aït Menguellet ne manquera pas d’interpréter, en reprenant à plusieurs reprises l’émouvante histoire de Louisa, une chanson d’amour que l’artiste, encore à ses débuts, a écrite et composée à Constantine, il y a plus de 37 ans.
Sous le signe des retrouvailles, Lounis Aït Menguellet, devant un public où de nombreuses constantinoises n’ont pas été avares ni de costumes kabyles, ni de danse, encore moins de youyous, chantant en choeur chaque morceau d’un répertoire pourtant bien garni, a revisité avec une émotion intense les vieux succès d’il y a plus de 37 ans, composés dans un petit F2 situé à Rahbet Ledjmal, quartier mythique de la cité du Rocher.
Confiant dans son art et grisé par une passion incommensurable pour le verbe, le jeune Kabyle qui s’accommoda, le temps de son Service national (1971-1973), d’une guitare pour tromper l’ennui, était loin de savoir que le destin qui l’a fait séjourner dans un «fendek», lieu sacré des «hchaïchia» (amateurs de vers et de musique), et qui représente dans la mémoire populaire de Constantine le temple traditionnel des mordus de chant et de musique, allait le placer à la croisée des chemins. «J’ignorais que c’était un lieu de retrouvailles d’artistes», confessa-t-il à l’APS, lors de la conférence de presse qui a précédé le gala. Entouré de ses vieux «potes» de vocation, qui formaient son orchestre d’antan, Laâchi Amer (percussion) et les guitaristes Amaouz Hussein et Bousaâd Beriane, en compagnie de Ahmed Ben Zahi (violon), venus à l’occasion le retrouver, Aït Menguellet, avec son retour dans la cité des Ponts, a créé l’événement en ce lundi pluvieux qui vit l’artiste se promener dans les venelles sinueuses de ses souvenirs.
Comme écrite sous le signe des «retrouvailles», l’histoire de Aït Menguellet avec Constantine, comme le présage ce premier retour depuis 1971, semble faite pour vaincre le syndrome de La Feuille blanche (titre de son dernier album), intitulé en tamazight, Tawriqt tacebhant. Car ses fans à Constantine attendaient d’inscrire le nom de cet enfant du Djurdjura sur les parois du vieux Rocher depuis bien longtemps. Un voeu auquel l’artiste a répondu présent dès qu’une offre sérieuse et professionnelle s’est présentée, a-t-il assuré. Epaulé par ses deux fils et un orchestre qui a fait vibrer la grande salle du Palais de la culture Malek-Haddad, l’invité de Constantine a prolongé son programme au grand bonheur de ses hôtes.
Présentant son nouvel album Tawriqt tacebhant, riche de sept chansons, et reprenant en choeur avec le public de grands succès comme Iylem(Allez-y), JSK, Sangua Anrouh (pour partir), le public qui était au rendez-vous avec l’amour, l’espoir, l’attente passionnée et même la trahison dans Tedjey Wahdi, épris par la beauté des textes, sous la houlette du poète ou du philosophe, en redemandait encore. (L’Expression-08.09.2010.)
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*Lahla Yzid Ktar …Pièce théâtrale
*Du songe au cauchemar
Dans sa dernière pièce, Lahla Yzid Ktar, produite par le théâtre régional d’Oran et mise sur les planches par Azzedine Abbar, Bouziane Benachour vous libère dès le départ en vous laissant seul avec l’utopique Kada Boujelal. Le seul personnage d’un agréable mélange, où le one-man-show et le monologue dramaturgique se confondent pour livrer une agréable mixture. Bouziane tente ainsi une certaine approche du monologue où la transition reste assez fluide sans être légère. La force du texte, symboliquement imagé dans quelques couplets, a été très bien portée et mise en évidence par Ahmed Ben Khal, un comédien hors pair qui vous fera faire le tour du propriétaire sans que vous ne vous en rendiez compte.
Un comédien de l’intelligenceSans emphase inutile et évitant ces stéréotypes d’expressions et de grimaces qui minent souvent le jeu de nos comédiens, Ben Khal semblait voguer avec une grande simplicité, mais avec une impeccable présence aussi. Grâce au texte riche et sobre de Bouziane, Ben Khal crée une sorte de magnétisme cérébral qui vous lie à lui et vous vous retrouvez obligés alors de le prendre en sympathie pour l’écouter raconter l’histoire de Kada. Ah, ce Kada, parlons-en ! Kada Boudjelal, dont Bouziane dessine les contours, est l’archétype même d’une jeunesse oisive, rêveuse, mais qui souvent achève ses fantasmes entre El Hit ou El Harga. Kada de Bouziane est un type bien. Un jeune qui rêve d’amour et de Nouzha qu’il épousera un jour. Kada, c’est Zangra de Jacques Brel, qui finit ses jours à rêver de ce jour où il sera héros. Il refuse son statut social et tente toutes les chances, tous les métiers, toutes les hypocrisies. Il devient arriviste, mais il n’arrive jamais.Bouziane plonge son personnage dans toutes les sphères porteuses de notre société pour tenter de frayer un chemin à son héros. Parfois, il est baba cool et chante Nass El Ghiwane. Parfois, il se déclare tribun, mais ne parvient pas à drainer les foules. Parfois, il accepte d’adhérer aux associations satellitaires ou se fait footballeur. Il accepte même de se mesurer au rap, au hip-hop… Il fait tout pour bénéficier, ne serait-ce que d’un jour d’emprisonnement pour se prouver qu’il existe et pour prouver à son père qu’il a fait au moins une chose dans sa misérable vie. Même la prison ne veut pas de lui car, même en s’inventant journaliste baroudeur, le juge lui refuse la prison. «Pourquoi ? Pourquoi vous ne m’emprisonnez pas moi, alors que j’ai tout fait pour … et que d’autres personnes qui n’ont rien fait croupissent dans les geôles ?» C’est l’éternel dilemme de Kada. L’éternel échec. Mais Kada continue son rêve éveillé.A la mort de son père, il n’hérite que de sa sœur Sadda, dure comme mur solide et qui risque de briser son rêve d’aller un jour ramener Nouzha, sa dulcinée. Il lui concocte un mariage à l’amiable en la vendant à un malfrat. Il est seul maintenant, débarrassé de ce père et de cette sœur ingrate. Son heure de gloire est arrivée et il va enfin appeler Nouzha pour vivre avec elle. Mais la scoumoune ne le lâche pas car, au bout du fil, la voix glaciale du répondeur automatique lui signifie l’absence de l’être chérie. Mais l’histoire de Kada ne s’achève pas encore, puisque le metteur en scène propose ingénieusement à la fin du spectacle plusieurs flashes annonciateurs que les spectateurs découvriront et interpréteront chacun à sa manière.La pièce qui a été présentée devant un public nombreux reste l’un des moments forts du programme proposé par le théâtre régional de Skikda durant ce mois sacré. Elle démontre la dextérité de Bouziane dans le traitement du monologue auquel il s’essaie pour la première fois. Ce succès devrait normalement mener notre collègue à puiser encore dans ce genre. Il a le verbe, la manière et l’étoffe de le faire. Allez, chiche Bouziane ! (El Watan-06.09.2010.)
******************** *Trente ans après son tournage au Liban
“Nahla” de Farouk Beloufa sera projeté à Beyrouth
Trente ans après y avoir été tourné, le long métrage Nahla de Farouk Beloufa, sera projeté au Liban, dans le cadre des journées cinématographiques de Beyrouth (JCB) qui auront lieu du 16 au 23 septembre prochains. Cette projection sera marquée par la présence du réalisateur et de l’actrice principale, Yasmine Khlat. Sorti en 1979, Nahla est une production algéro-libanaise de 150 minutes, réalisée par Farouk Beloufa d’après un scénario de Farouk Beloufa, Rachid Boudjedra et Mouny Berrah. C’est l’histoire d’un journaliste algérien pris dans le tourbillon de la guerre civile libanaise, après la bataille de Kafr Chouba, en janvier 1975. Lié à Maha, Raouf et Michel, il assiste à la construction du mythe de Nahla, une chanteuse adulée par la population arabe mais qui, un jour, perd la voix sur scène. (Liberté-05.09.2010.)
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*Théâtre national algérien.
«Souk Erdjal» de Souad Sebki *Le rêve n’est pas masculin
Souk Erdjal, une pièce de Souad Sebki, a été présentée mercredi soir au Théâtre national Mahieddine Bachetarzi à Alger.
La quête du «prince charmant» dans une société où le mariage est une véritable épreuve est presque obsessionnelle. Les filles, qui n’ont aucune occupation et qui sont affectées aux tâches ménagères, sont convaincues que «le salut» ne viendra que de cet homme, toujours idéalisé, qui frappera à la porte pour demander leur main un matin de printemps. Les histoires au fil d’or malaxées dans l’eau de rose, servies par les feuilletons turcs, mexicains, syriens et égyptiens entretiennent le «rêve» féminin. Jouant sur ce chapitre, Souad Sebki a imaginé, inspirée par le texte de Lamri Kaouane, une comédie, Souk Erdjal (Le marché des hommes), présentée mercredi soir au Théâtre national Mahieddine Bachetarzi.
C’est un one-man- show à deux, où toutes les frustrations sont exprimées avec humour. Laâmria, en insistant sur le «r», femme entre deux âges, interprétée par Souad Sebki, et Djamila, 20 ans, jouée par Nadia Kadri, encore en formation à l’Institut supérieur des métiers et des arts de scène (ISMAS), disputent la finale d’un concours. La lauréate gagnera «un homme». L’esprit «bachelor», du nom de cette télé-réalité à deux sous mondialisée par la chaîne américaine ABC, n’est pas loin. Lâamria et Djamila entrent presque en conflit. Chacune défend son «époque», son «modèle» de vie et ses songes. L’Algérie est peut-être la nation où «la guerre» des générations est la plus visible. Et la plus cruelle aussi.
La génération de l’indépendance n’a jamais accepté de «lâcher» le pouvoir à tous les niveaux, celle des années 1970 et 1980 a été «sacrifiée» au profit de l’entretien de la rente et des privilèges et celle des années 1990 a été «écrasée» par les violences. Tout commence par un instrumental «technorisé» du tube de Boney M, Dady Cool. Pour arriver au lieu du concours, Laâmria a payé une course 1200 DA à un taxi «clandestin». Dans un pays où les taxis choisissent les destinations à la place des clients, «les clandestins» jouent sur du velours. Le «débat» entre Laâmria et Djemlia monte en cadence. «Moi, je ne fais rien, walou, je suis algérienne», lance Djamila. «Moi, je travaille le tour. Enfin, le tour pour ne pas dire chômage», reprend Laâmria. Deux «chômeuses» qui cherchent la protection d’un homme ! Mais qui se préoccupe du chômage des filles ?
Sacrée désunion
Des filles tenues de préparer «le trousseau» du mariage et le payer rubis sur l’ongle. Reprenant les identifiants sonores du jeu télévisé «Qui veut gagner des millions ?», le concours est lancé. «Une voix off» (celle de Yazid Sahraoui) assure l’évolution des deux candidates. Elle leur demande de simuler la rencontre avec un homme.
Laâmria s’est souvenue d’un fossoyeur beau et muet et Djamila d’un promeneur charmant et fou. La malchance ? Les deux prétendantes sont conviées à jouer un rôle. «Je refuse de le faire. Tu crois que n’importe qui peut monter sur scène et jouer la comédie. Chez nous, on se rappelle des comédiens que pendant le Ramadhan. Vous n’aimez pas qu’on vous dise la vérité», proteste Laâmria, non sans qualifier la voix off de «boukhnouna». Outre la faiblesse des scénarios, la qualité médiocre des sketches chorba proposés par la télévision d’Etat, ce Ramadhan est également lié à la marginalisation des compétences et des talents. C’est la pause pub. «Pas de pub pour les étrangers, il faut encourager le made in bladi !», lance Laâmria.
La promo se fait alors pour une montre dont le réveil fonctionne avec une année de retard et une robe qui «vous chauffe l’été et qui vous refroidit l’hiver !». La voix off relance : «Vous n’avez qu’à suivre ! Il y a un jury qui vous contrôle». Laâmria crie : «Naâm, naâm (oui, oui)». Partout, la culture du oui déborde comme de l’huile de friture d’un plat troué. Il faut suivre sans mot dire… Le concours aura une fin curieuse. Le ton de la pièce est amusant. Cela plaît au public. Souad Sebki n’hésite pas à interpeller les présents et à improviser, créant une certaine interactivité. Il reste que la scénographie est tout juste modeste. Le décor est réduit à deux tabourets, deux planches sur lesquelles est dessiné un homme, un miroir (un autre symbole ?) et une pancarte sur laquelle est écrit «Finale».
Digeste mise en scène
Les effets sonores sont acceptables. Ce n’est pas le théâtre de l’absurde, c’est plutôt du comique acide, mais de cet acide qui n’abîme pas. Souad Sebki, qui a assuré la mise en scène, a évité de verser dans les lourdeurs du théâtre «donneur de leçons». Elle a usé du langage de tous les jours, du dialecte algérien, pour dire certaines vérités que «le consensus national» de la bêtise et de l’indolence a mises sous la moquette. «J’ai voulu donner un peu de sel à la pièce et j’ai remarqué que le public a adhéré. Et le public aime rire. Cela dit, l’improvisation a des règles. Il ne faut pas faire de l’animation mais assurer une pièce de théâtre», nous a confié Souad Sebki dans les coulisses du TNA. Selon elle, Souk Erdjal est toujours «en rodage». «A part le théâtre, les comédiens n’ont plus leur place. A la télévision, nous sommes écartés. Aujourd’hui, il y a beaucoup de médiocrité dans le jeu et dans la discipline», a-t-elle ajouté. La pièce Souk Erdjal, qui est produite par l’association Le théâtre de Mohamed El-Yazid d’Alger, a déjà été présentée, entre autres, à Aïn Defla, Médéa, Tizi Ouzou. Avec la même association, Souad Sebki a monté une pièce pour enfants, Ghabet el ferha. Au TNA, elle a produit une autre pièce pour enfants, El moualim el fadhel. (El Watan-04.09.2010.)
* 5ème EDITION DU FESTIVAL NATIONAL DE LA CHANSON CHAÂBI
Un palmarès significatif d’une grande ouverture
La dernière soirée (clôture) a été consacrée aux hommages à trois cheikhs du chaâbi. Elle a également été marquée par l’annonce des douze lauréats, parmi 32 finalistes, et pour la première fois depuis la création du festival, Alger n’a pas conservé le premier prix, puisque c’est Mourad Zidiri de Béjaïa qui l’a décroché.
La grande salle Mustapha-Kateb du théâtre national Mahieddine-Bachtarzi a affiché complet, lors de la dernière soirée du Festival national de la chanson chaâbi. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, le ministre de la Communication, Nacer Mehel, bon nombre d’artistes ainsi que les mélomanes et autres amoureux de ce genre musical ancestral se sont donné rendez-vous pour assister à l’hommage de trois maîtres de cette musique qui ont, chacun à sa manière, révolutionné le genre et apporté un nouveau souffle. Le festival a d’abord rendu hommage à cheikh H’cicène, qui est tombé dans l’oubli ces dernières années. Pourtant, ses chansons, particulièrement Tir el-qafs, sont très populaires. Après la projection d’un documentaire de six minutes sur le parcours de cheikh H’cicène, Ahcène Naït Zaïm, ancien finaliste du festival, a repris trois titres de celui-ci, notamment Tir el-qafs et Esteghfer ou khzou chitane. Hakim El-Ankis, qui a été choisi par son père, le grand cheïkh Boudjemâa El-Ankis, pour lui rendre un hommage en musique, a opté pour du mdih. Rachid Guetafa, un autre candidat des précédentes éditions du festival, a chanté du Maâzouz Bouadjedj, en interprétant la sublime Ya qari fi mnafêk la testahzache. La veuve de cheikh H’cicène, émue aux larmes, et les deux maîtres ont rejoint la scène pour une photo de famille avec la ministre de la Culture, qui n’a pas voulu que cheikh El-Hadj Boudjemâa El-Ankis rejoigne sa place sans fredonner quelques airs de Rah el-ghali rah. Et l’a capella s’est transformé en un duo entre la ministre et El-Ankis. Les musiciens dirigés par Djamel Et-Taâlibi n’ont pu faire autrement que se joindre à ce duo inattendu. La salle a réclamé à Maâzouz Bouadjedj de faire de même et de chanter un petit extrait de ses standards. Les lauréats ont ensuite été dévoilés au public. Pour la première fois depuis la création du festival, c’est un artiste de Béjaïa qui a remporté le premier prix. D’habitude, ce sont les Algérois qui raflent le grand prix. Ce sacre est une preuve que le chaâbi n’est pas spécifique à la capitale et que son influence a dépassé les limites d’El-Mahroussa et ses environs. Seconde preuve d’ouverture : le deuxième prix a été attribué à la sublime voix Imene Sahir (Blida) qui a excellé dans son interprétation — qui a été plus andalous que chaâbi — de Ya taleb, un poème écrit par Mohamed Ben Sahla, et chanté entre autres par cheikh El-Hachemi Guerrouabi et Farid Oujdi. Par ailleurs, organisé du 25 au 31 août dernier, le Festival national de la chanson chaâbi a réussi son pari de servir de tremplin pour des jeunes talents qui ne manquent pas de potentiel mais qui n’ont pas toujours trouvé une tribune d’expression. Après avoir consacré les cinq premières éditions aux maîtres du chaâbi de la première et la deuxième génération, notamment El-Hadj M’hamed El-Anka, cheikh El-Hachemi Guerrouabi, Mohamed El-Badji, El-Hadj M’rizek, Amar El-Achab, H’cène Saïd, le festival s’ouvrira sur les expériences dans années 1970/80 dans le domaine du chaâbi, en rendant hommage, lors de la sixième édition, à Mahboub Bati qui a réussi à révolutionner cette musique en créant des standards immortels, entre autres el-Bareh et Rah el-Ghali rah. (Liberté-02.09.2010.)
Palmarès
12. Prix d’encouragement : Sid-Ahmed Derradji (Alger)
11. Mohamed Ben Mokadem (Tipasa)
10. Prix Cheikh H’cicène : Mokhtar Meziane (Alger)
9. Prix Cheikh Maâzouz Bouadjedj : Nadjib Bounour (Blida)
8. Prix Cheikh El-Hadj Boudjemaâ El-Ankis : Djamel Sahouadj (Chlef)
7. Prix de la meilleure interprétation féminine : Sabriya Boudjella (Mostaganem)
6. Prix spécial du jury : Mohamed Sadoudi (Jijel)
5. Sofiane Khoulali (Souk-Ahras)
4. Zahran El-Mahdi Boudraf (Mostaganem)
3. Mouloud Fetihani (Alger)
2. Imene Sahir (Blida)
1. Mourad Zidiri (Béjaïa)
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**SON NOUVEL ALBUM ENVOÛTE LE PUBLIC
Aït Menguellet enflamme la salle Atlas
De sa flamme poétique, Lounis Aït Menguellet rallume le soleil des rêves. Et se décline, alors, un monde merveilleux….
Sur l’obscurité de la nuit, le poète étale sa feuille blanche. Les rimes de sa plume épousent les notes qui s’élèvent des cordes de sa guitare. Les sonates lumineuses et enivrantes invitent les âmes sensibles à l’odyssée poétique. Et pour ajouter à la magie, le toit de la salle s’est ouvert. Les étoiles scintillent aux couleurs des vers du maître du verbe. La salle était archicomble bien avant le début du concert. A 21h30, il était difficile de trouver une place. Pourtant, le gala n’allait commencer qu’une heure plus tard.
C’est à croire que les gens ont rompu le jeûne sur place. «J’ai vite fait de prendre ma chorba, avant de prendre la route», avoue une jeune fille vêtue en robe kabyle. Sa maman lui emboîte le pas: «Nous avons plutôt besoin de nourrir notre esprit.» Amoureux de la parole rafinée, les amateurs du ciseleur des mots se sont déplacés en force. C’est une véritable marée humaine qui avait déferlé, mardi, à la salle l’Atlas d’Alger. La salle était trop exiguë pour contenir le public. Le nombre de tickets vendus a dépassé de loin la capacité d’accueil de la salle estimée à 2500 places. Mieux, des dizaines de personnes continuaient à affluer sur les lieux bien après le début du concert.
«Idhoul sand’aanruh» (Lointaine est notre destinée), annonce, d’emblée, le poète, accompagné par ses deux fils Djaffar en véritable chef d’orchestre et Tarik à l’harmonica. L’orchestre comprenait également Saïd Ghezli au bendir, un drabki, un soliste au mandole et un guitariste pour la rythmique.
Cette chanson, l’un des chefs-d’oeuvre du maître, embarque le public vers les hauteurs de la lyre. Le voyage commence….«Soleil garde-toi de t’éclipser/ Nous marchons tant que tu brilles/ Avons-nous peur que tombe la nuit/ Lointaine est notre destinée». De sa flamme poétique, Lounis Aït Menguellet rallume le soleil des rêves. Et se décline, alors, un monde merveilleux. «Cela fait 20 ans que je n’ai pas mis les pieds dans cette salle», avoue Chafik Tareb, la trentaine à peine entamée. Sa dernière veillée en ces lieux remonte à l’année 1990, lors d’un gala de…Lounis Aït Menguellet. Le jeune rêveur replonge dans son enfance. Le verbe du poète épouse les réminiscences qui s’éveillent en lui. Le voyage à travers le temps continue.
Ils sont venus de partout pour y prendre part. De Boumerdès, de Tizi Ouzou de Tipasa…Tous les fans se sont donné le mot. Ils ont répondu à l’appel du guérisseur des maux. «Nous sommes venus de Tizi Ouzou spécialement pour assister au concert», témoigne une jeune femme accompagnée de sa famille. Cette famille, qui n’a pas eu la chance d’assister à ses concerts à Tizi Ouzou, n’a pas hésité à faire le déplacement.
«Les perles enchantées de Lounis, valent bien le déplacement», note la maman sur un air exalté.
De sept à 77 ans, les présents offraient leur âme au faiseur de rêves. Des vieilles, des femmes enceintes et même des bébés étaient parmi l’assistance. Le fait particulier était la présence remarquable des jeunes. Ils ont venus en masse au rendez-vous. Un élément qui renseigne sur l’attachement de la nouvelle génération à la poésie musicale de Lounis. «C’est une cure pour l’esprit, on ne se lassera jamais d’écouter Aït Menguellet», affirme un jeune étudiant en compagnie de ses amis.
Ce groupe comme la plupart des fidèles reprenait en choeur les chansons de Lounis. Une nouvelle page de l’histoire d’amour entre le public et le chanteur est ouverte. Dans ce roman, le poète perçoit sa dulcinée. Celle qui a bercé son enfance et tissé des légendes pour les coeurs épris d’amour.
«J’ai tant attendu pour que son visage s’efface…», enchaîne le ciseleur des mots. Les traits de sa bien-aimée ne quittent plus son âme. Le poète envoie à sa belle l’épître de son amour. La muse refuse de lui répondre. Ce refus fait jaillir en lui une cascade de vers argentés.
L’ambiance est indescriptible. Le public est aux nues. Le nirvana est atteint quand Lounis interprète le fameux titre JSK. La salle s’enflamme de mille et un feux. Le public est en transe. C’est la plénitude de la magie. Des youyous fusent de partout. On danse par-ci et on chante par-là. La victoire de la JSK est magistralement fêtée. «Imazighen! Imazighen!», et «Anwa wigui? D’Imazighen!», scandaient les fans à gorge déployée. L’odyssée suit le rythme d’une valse à trois tons Poésie, amour et magie s’emparent du public. Au bout d’un moment, Lounis fait une halte.
«Ces chansons me renvoient 30 ans en arrière. Peut-être que parmi vous se trouvent aujourd’hui ceux et celles qui ont fait ce parcours avec moi», dit le démiurge à ses fans. Ses propos éveillent le souvenir de Trois jours dans ma vie, cette chanson que le chanteur souffle et que le public chante.
Le voyage reprend. Au bout d’un chemin nostalgique, le poète rencontre «Le fou».
«Laisse s’écouler l’eau», lui préconise ce dernier pour atténuer son inquiétude. Les propos du fou libèrent les présents de la hantise du passé, de la crainte du futur et de la peur de la mort. Pour cela, il les invite à vivre la vérité de l’instant présent, jusqu’au bout.
Le poète, lui, interprète «Le conflit». Le dialogue entre les deux subjugue le public.
Leurs propos se répandent comme des astres lumineux dans le ciel. L’horloge du temps tinte…il est 1h du matin. L’odyssée nocturne prend fin. (L’Expression-02.09.2010.)
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