Agences de notation:ces hommes qui notent les États
*Les analystes de Standard & Poor’s, Moody’s ou Fitch tiennent entre leurs mains une partie du destin financier de pays surendettés. David Beers, chez Standard & Poor’s, s’est illustré ce week-end avec la dégradation de la note des États-Unis.
Il est présenté comme l’homme le plus puissant de la planète finance. Moustachu et grisonnant, grand fumeur, David Beers est dorénavant la figure publique de l’agence de notation Standard & Poor’s. Après avoir dégradé la note des États-Unis le week-end dernier, l’agence new-yorkaise a mis en avant dans les médias anglo-saxons son grand chef de la notation pays.
David Beers, directeur de la notation pays chez Standard & Poor’s.
«Vous n’en avez probablement jamais entendu parler, mais tous les ministres des Finances du monde ont eu affaires à lui», avance l’agence Reuters. David Beers préside en effet le comité de 70 analystes de Standard & Poor’s qui décident des notes de 126 pays. Son CV n’a rien d’exceptionnel pour un vétéran de Wall Street héritant de telles responsabilités. Diplômé d’un master de relations internationales à l’université de Virginie, il a obtenu un master en économie à la prestigieuse London School of Economics. Avant d’intégrer Standard & Poor’s en 1990, il fut analyste indépendant puis spécialiste des dettes d’État pour la banque Salomon Brother’s.
«Caractère inflexible»
«David Beers est certes connu pour sa moustache, mais aussi et surtout, du côté des administrations, pour son caractère inflexible», rapporte pour sa part le Wall Street Journal. Depuis 20 ans qu’il travaille pour S&P, il a eu le temps d’imprimer sa marque. Mais il faut relativiser son importance: il ne décide pas seul. Les notes des pays sont déterminées en comité. Jusqu’à 20 analystes -maximum- y participent. Impossible toutefois de savoir précisément qui fait partie du comité. Hormis les grands responsables, les agences gardent secrète la composition des réunions pour protéger leurs employés d’éventuelles pressions politiques.
Les analystes qui y participent ont plutôt des profils financiers. Le parcours idéal? Une formation d’économiste avec une expérience dans le secteur public, estime Pierre Cailleteau, ancien patron de la notation pays chez Moody’s: «Il faut comprendre les problèmes d’un État, leur lenteur à se réformer».
Dans les faits, «ils ont souvent un master en finance (d’une université anglo-saxonne en général), observe Norbert Gaillard, spécialiste des agences de notation et professeur à Sciences Po Paris. Beaucoup ont une expérience en banque centrale ou commerciale. Très peu sont docteurs en économie.» D’après un ancien analyste, l’agence dans laquelle il travaillait ne comptait que deux «PhD» (docteurs en économie) dans ses équipes au début des années 2000. Mais «la majorité avait des cheveux gris: ils étaient en fin de carrière et avaient une vision très posée», décrit cet ex-analyste. «Aujourd’hui, les profils sont plus jeunes.»
Les attraits de la fonction
Si leurs salaires ne sont pas les plus vertigineux de la planète finance (environ 150.000 dollars par an, soit 105.000 euros), la fonction présente d’autres attraits. «Les agences font miroiter un élément clé: vos décisions influeront sur la vie des sociétés et des États que vous noterez», relève Norbert Gaillard. Selon un ancien analyste, qui a quitté son agence en 2008, c’est même devenu un défaut: «Les personnes extérieures fantasmaient sur notre pouvoir. À la fin, on recrutait de plus en plus d’égomaniaques.»
Lorsqu’ils quittent Moody’s, Standard & Poor’s ou Fitch, les responsables se font embaucher sans mal par les grands noms de la finance. Pour preuve, Arnaud Marès, ancien de chez Moody’s, a accepté en 2010 un poste de vice-président chez la banque américaine Morgan Stanley. Son supérieur Pierre Cailleteau a été recruté en septembre dernier par la banque Lazard. Son nouveau job: conseiller les États dont les finances périclitent. La banque franco-américaine conseille notamment la Grèce, dégradée à de multiples reprises depuis un an. (Le Figaro-11.08.2011.)
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Le monde vu par les agences de notation
Les pays développés, européens en tête, voient leurs notes financières menacées par les agences de notation. Seuls celles des émergents grimpent toujours plus haut.
Tous les pays n’ont pas souffert des foudres des agences de notation ces derniers mois. Les pays développés ont payé les conséquences de niveaux de dettes qui ont explosé durant la crise. Les pays émergents, pour leur part, ont fait figure de bons élèves depuis le début de la reprise économique, rapportent les agences Fitch et Moody’s dans des rapports distincts.
Moody’s souligne dans son rapport portant sur l’année 2010 que plus des deux tiers des dégradations (70%) de notes qu’elle a dû mener ont concerné l’Europe. Sur 18 relèvements de note à travers le monde l’an dernier, un seul pays de la région Europe, telle que définie par Moody’s, a vu sa note relevée: la Turquie. Les émergents ont monopolisé les autres hausses: 56% des améliorations ont profité aux pays d’Amérique latine, 39% aux pays d’Asie, du Golfe et d’Afrique.
Même constat chez Fitch en 2010: «Les avis positifs sur les dettes des États en voie de développement ont recueilli la majorité des avis favorables de l’agence, tandis que les économies avancées comptaient le plus d’avis défavorables sur leur endettement».
Retournement de situation
Ce retournement de situation observé durant l’après-crise s’explique par une meilleure résistance des finances publiques des émergents aux bourrasques économiques et financières. Et, surtout, par des perspectives de croissance bien meilleures que dans les pays développés, explique Moody’s. En Amérique latine, par exemple, les petits pays sont tirés par la croissance brésilienne, tandis que ceux d’Asie profite du boom chinois.
Au contraire, «les dégradations de note des pays européens reflètent leur faible croissance relative pour les trois à cinq prochaines années et par la hausse prévisible des taux d’intérêt, qui étaient à des niveaux historiquement bas», analyse Moody’s.
Toutefois, la moyenne des notes des émergents reste inférieure à celle des pays avancés. Malgré les nombreuses dégradations de note, rapporte Moody’s, l’Europe conserve ainsi une moyenne située à A2, tandis celle de l’Amérique latine atteint seulement le cran B1. Mais l’écart se resserre. (Le Figaro)
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Les agences de notation décryptées
À elles seules, les trois agences de notation que sont Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch font trembler les États. Qui les paient ? Comment décident-elles d’une note ? Explications en six points.
• A quoi servent-elles? Les agences de notation ont pour tâche, en théorie, d’évaluer en toute indépendance le risque de faillite ou de non remboursement d’un acteur économique émettant des titres de dette, comme des obligations. En clair, elles informent les investisseurs du risque qu’ils courent s’ils prêtent à telle société ou à tel Etat. Elles ont chacune une échelle de note, allant de AAA (triple A) à CCC.
La note est attribuée après un travail d’analyse des chiffres économiques et financiers, et résulte d’une décision collégiale des analystes de l’agence. Il s’agit d’une opinion, soulignent les agences, nullement d’une recommandation d’acheter ou de vendre un titre ou une action d’une entreprise.
• L’impact des notes. La note, reflet du risque de faillite d’une entreprise ou d’un État, a pris toutefois une très grande importance pour les entités notées et les investisseurs. Pour les Etats comme pour les entreprises, une note dégradée se traduit par une hausse des taux d’intérêt. Donc, quand ils veulent emprunter, cela coûte plus cher.
Les investisseurs doivent quant à eux parfois revendre certains titres de dette pour respecter des réglementations internes ou financières. Un gérant de portefeuille constitué d’obligations devra ainsi respecter un équilibre prédéfini entre des titres risqués et moins risqués. Si une partie de ses titres, comme des obligations grecques, par exemple, est dégradée, il devra s’en séparer pour ne pas que son portefeuille devienne trop risqué.
• A qui appartiennent les agences? Moody’s est une société américaine cotée et indépendante, détenue à hauteur de 13% par le milliardaire Warren Buffett. Fitch appartient en majorité à la société financière française Fimalac, fondée par Marc Ladreit de Lacharrière et à hauteur de 20% au groupe Hearst. Standard & Poor’s est détenu par l’éditeur américain McGraw-Hill Companies.
• Qui les paie? «Typiquement, une agence de notation se fait rémunérer par les entités qui veulent recevoir une note ou celles qui utilisent la note», sous forme d’abonnement, explique Standard & Poor’s. Selon le barème 2009 de cette dernière pour les Etats-Unis, une grande entreprise doit verser au minimum 70.000 dollars au début du processus de notation, puis un abonnement de «surveillance» s’élevant à environ la moitié de la somme initiale. A chaque fois qu’elle émettra de la dette sur les marchés, elle s’acquittera en plus d’une commission de 0,045% de la transaction. Les montants sont du même ordre en Europe.
Aujourd’hui, environ 90% du chiffre d’affaires des agences de notation provient des entités notées, relève Norbert Gaillard, dans son ouvrage «Les agences de notation» paru à La Découverte.
• Conflits d’intérêt. La crise des «subprimes», crédits immobiliers à risque, a mis en lumière les limites du système actuel des agences. Payées par les sociétés qui veulent être notées, les agences seraient parfois tentées d’attribuer une meilleure note que celle méritée réellement afin de remporter un contrat au détriment de ses deux autres concurrentes.
Un ancien analyste de l’agence Moody’s, Mark Froeba, a lancé de virulentes attaques contre son ancien employeur devant la Commission d’enquête sur la crise financière du Sénat américain. «Quand j’ai quitté Moody’s (en 2008, NDLR), la pire crainte d’un analyste était qu’il fasse quelque chose qui mettrait en danger la part de marché de Moody’s, de causer du tort à son chiffre d’affaires (…) et de perdre son travail en conséquence», a-t-il dénoncé. Or, un analyste devrait seulement craindre de «contribuer à l’attribution d’une note qui serait fausse».
• Des agences très rentables. Avec la complexification des marchés financiers, les agences avancent qu’il devient de plus en plus coûteux d’analyser le risque de faillite des acteurs économiques. C’est pourquoi, dans les années 70, elles ont commencé à faire payer les entreprises qu’elles notaient.
Ce modèle économique assure une très haute rentabilité aux agences. Moody’s table sur une marge opérationnelle (résultat opérationnel rapporté au chiffre d’affaires) comprise entre 38% et 40% en 2011. Standard & Poor’s de 43% sur le seul premier trimestre 2011 et Fitch de 58% sur l’exercice décalé 2010/2011. (Le Figaro-07.07.2011.)
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**les agences et le «risque politique»
Dans leur évaluation de la situation d’un pays, toutes les agences de notation prennent en compte le contexte politique. Comment, jusqu’où ? Et quel effet aurait une alternance à gauche en 2012 ?Trois rangs de moins d’un seul coup: c’est la punition infligée à l’Italie par l’agence de notation Moody’s, mardi dernier. Dans un communiqué, celle-ci a expliqué sa décision par « la perspective négative » sur l’économie, « l’environnement incertain des marchés« . Mais aussi par les « incertitudes politiques » qui planent sur la péninsule, à cause desquelles « le consensus politique sur des coupes budgétaires supplémentaires pourrait être difficile à atteindre« .
En clair, le climat délétère autour d’un Silvio Berlusconi en fin de course obère les perspectives de reprises. Cette prise en compte de critères politiques dans une dégradation de note souveraine n’est pas inédite.
Déjà en août, l’agence Standard & Poor’s y avait eu recours pour justifier sa décision vis-à-vis des Etats-Unis, qui avait fait l’effet d’un coup de tonnerre. C’est une véritable guerre de tranchée qui opposait alors l’exécutif démocrate au congrès républicain sur le relèvement du plafond d’endettement national. « S&P’s » avait admis que, dans cette affaire, les « risques politiques« avaient pesé « d’un poids plus lourd que la partie budgétaire de l’équation ».
Stabilité d’abord
L’évaluation de la situation politique fait partie intégrante du processus de notation d’un pays par les grandes agences. Standard & Poor’s, par exemple, utilise cinq catégories [méthodologie accessible après inscription]: « Économique », « Politique », « Fiscal », « Externe » et « Politique ». Cette dernière se rapporte à « l’efficacité institutionnelle et les risques politiques du pays concerné« . Ce critère est lui-même composé d’un certain nombre de conditions à vérifier, par exemple « la stabilité et la prévisibilité de la politique nationale« , « la transparence et la responsabilité des institutions« , la « culture de paiement du gouvernement » etc.
On retrouve des exigences similaires chez Moody’s, ainsi que le « respect du droit de propriété » et le « degré de consensus au sein de la société quant aux objectifs principaux de la politique gouvernementale« . Mêmes critères, grosso modo, chez Fitch. Tout cela pour répondre à la première exigence des investisseurs: la prévisibilité dans la gestion des comptes publics. Le monde de l’argent n’aime pas les surprises.
Virement de bord sur les critères politiques
Les agences, néanmoins, pondèrent différemment les enjeux politiques selon leur culture particulière. « Par exemple, Moody’s a longtemps été réputée plus sensible aux aspects politiques et institutionnels, explique Norbert Gaillard, consultant à la Banque Mondiale et auteur de l’ouvrage « Les agences de notation » (La Découverte). C’était sa marque de fabrique, même si c’est moins vrai aujourd’hui. De son côté, S&P’s a plutôt tendance à sur-pondérer le niveau de dette publique. Ce n’est pas un hasard si Moody’s ne dégrade qu’aujourd’hui la dette italienne, alors que S&P’s l’a fait à plusieurs reprises sur des critères de dette ».
« Sur la prise en compte des facteurs politiques, on a assisté à un virement de bord complet des agences, raconte Frédéric Bonnevay, économiste et associé à Anthera Partners. Au lendemain de la crise de 2008, face aux critiques, elles ont corrigé leurs analyses des bilans souverains par une prise en compte croissante du climat politique et de la capacité du gouvernement à faire passer des réformes ».
Un changement particulièrement frappant dans le cas italien: « Sur le fond, il n’y a aucun changement ces derniers temps qui justifient une telle dégradation. Le déficit structurel du pays est plus faible que celui de la France, le plan de rigueur de Berlusconi est drastique. Mais sa capacité à faire passer des réformes auprès d’une chambre hostile est très faible. Le plan perd donc beaucoup de sa crédibilité« .
Et en France?
Si le « risque politique » prend une importante croissante pour les agences de notation, quelles seraient leur réaction en cas d’alternance à gauche en 2012? Des responsables de la majorité, comme François Fillon, à l’occasion du débat sur la règle d’or, ou Hervé Novelli, n’ont pas hésité à agiter le spectre d’une dégradation en cas de victoire socialiste.
« Les grandes agences ont déjà dégradé la note de la France en 1936, après l’arrivée au pouvoir du Front populaire, rappelle Norbert Gaillard. Celui-ci s’était prononcé pour des nationalisations massives et une dévaluation du franc, ce qui avait alourdi le climat des affaires. Avec le recul, d’ailleurs, cette dégradation était une erreur: même pendant l’Occupation, la France n’a pas fait défaut ».
Certes, le programme socialiste d’aujourd’hui n’a pas grand chose à voir avec celui de la coalition de 1936. Et en 1981, François Mitterrand a pu lui aussi nationaliser et dévaluer le franc sans voir la note française dégradée.
Dans le contexte actuel, cependant, une mesure comme le retour de la retraite à 60 ans constituerait sans doute, du point de vue des agences, un sérieux motif de dégradation. Reste à voir si un éventuel président PS appliquerait bien cette promesse du programme socialiste. « Je pense que les agences ne transigeront pas là-dessus, poursuit Norbert Gaillard. En revanche, des dépenses publiques supplémentaires ne seront pas systématiquement mal perçues si elles sont ciblées et efficaces, par exemple pour améliorer les performances scolaires françaises ».
«Un consensus positif» sur le déficit
« On ne fait pas de politique, on n’a jamais déclaré que le programme d’un tel est mieux que celui de tel autre, déclare-t-on chez S&P’s. Ce qui est important, c’est qu’il y ait une volonté, forcément politique, de réformer pour garantir la stabilité de l’économie ». A ce compte-là, « il est clair qu’un candidat orthodoxe, capable de bien tenir ses comptes publics, sera mieux perçu« , décrypte Frédéric Bonnevay.
Mais, en la matière, le PS ne part pas forcément avec un handicap par rapport à la droite, comme l’explique, à Fitch, l’analyste Maria Malas-Mrouhe, spécialiste de la France: « Les socialistes adhèrent à aux objectifs de réduction de déficit pour 2013. Ce consensus transpartisan sur la consolidation fiscale est positif ». Cependant, poursuit-elle, « il est encore difficile de juger de l’engagement des deux partis [PS et UMP] sur les mesures supplémentaires qui pourraient être nécessaires pour atteindre cette cible ».
Qui qu’il soit, le futur chef de l’Etat peut donc déjà en être certain: ses premières décisions seront scrutées à la loupe par les analystes des agences. (Libération-06.10.2011.)
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