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** L’après-Bouteflika se dessine

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*La cause principale de la décadence:

elfassad essayassy- le pouvoir corrompu

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*Algérie: La genèse d’une décadence

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*Quand la raison est absente, la force règne !

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un militaire sans formation politique,

n’est qu’un criminel en puissance

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*Si tu ne t’occupes de politique, c’est la politique qui s’occupera de toi 

*La tyrannie ne perdure que par le silence complice

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*Nous aimons notre pays mieux que vous qui êtes au pouvoir 

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        *La grande supercherie

**Nous l’avons craint, maintenant, nous le notons avec amertume : le président Abdelaziz Bouteflika tente une nouvelle ruse avec le peuple. La décision qu’il a prise, en guise de réponse à la rue qui s’est mobilisée contre le 5e mandat qu’il briguait et, donc, contre la prolongation de son magistère à la tête de l’État algérien, n’est rien d’autre qu’une grossière manœuvre à travers laquelle, il espère se maintenir au pouvoir sans avoir à passer par l’épreuve des urnes. Car, à bien y regarder, entre la proposition qu’il a faite la veille du troisième vendredi de colère et celle annoncée ce lundi soir, il n’y a qu’une petite, mais très significative différence : l’une et l’autre lui permettent de prolonger son mandat actuel. La première était une promesse d’écourter son 5e mandat, s’il venait à être élu le 18 avril, et d’organiser une élection présidentielle anticipée dans des délais qu’il ne fixe pas précisément. La seconde n’est qu’une reformulation de la première, tant elle procède du même agenda politique et se projette par conséquent vers la même perspective. Autrement dit, dans l’histoire, il n’y a que le procédé qui change, la finalité reste la même : demeurer Président.
Or, les Algériens qui sont sortis par milliers dans les rues de toutes les villes du pays ne se sont pas mobilisés pour l’interruption du processus électoral. Le leitmotiv, le principal, qui a cimenté leur formidable mobilisation, se confine en le rejet du 5e mandat, c’est-à-dire contre la prolongation de la présidence de Bouteflika. Ce dernier fait mine de ne l’avoir pas compris ainsi, puisqu’il se contente d’annuler le scrutin présidentiel tout en se maintenant dans ses fonctions de Président. Cela pour l’aspect politique.
Au plan de la légalité, la décision de Bouteflika est une violation flagrante de la Constitution. De quel droit, en effet, reporte-t-il, tout chef de l’État qu’il est, une élection à laquelle sont inscrits d’autres candidats, qu’il ne consulte, au demeurant, pas ? On peut nous rétorquer que sa décision est une réponse à une demande populaire. Certains peuvent le concéder, quoique ce soit difficilement défendable. Mais la grande violation de la Constitution que Bouteflika commet, c’est de décider seul et de manière régalienne qu’il reste chef de l’État, après l’expiration de son mandat actuel. C’est dangereux, car cela ouvre la voie à toutes les dérives et met en péril l’État et ses institutions. Ce n’est pas irréversible, cependant.
Le peuple peut toujours exercer sa souveraineté.*par Sofiane Aït Iflis - Liberté- mardi 12 mars 2019

****La rue dit non à Bouteflika

un successeur à tout prix-5 d-311458manif-etudiants-b37d4Photo : D.R

L’Algérie s’est réveillée, ce mardi matin, au rythme de manifestations dans plusieurs régions du pays. Les annonces faites, dans la soirée d’hier lundi, notamment le report de la présidentielle et le retrait de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, n’ont point apaisé la rue. La mobilisation pour le départ du système reste intacte.

A Alger, des milliers d’étudiants et de lycéens manifestent de la Place Audin à la Grande Poste.

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A Skikda, les travailleurs de la raffinerie de pétrole (Sonatrach) sont en grève et observent un rassemblement à l’extérieur de l’entreprise.

A Béjaïa, des dizaines de milliers de citoyens marchent dans la ville

En plus des travailleurs de la Sonatrach et de la Sonelgaz, le personnel médical de plusieurs structures sanitaires a investi la rue.

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Dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment dans la ville d’Azazga, des centaines de citoyens marchent dans la rue pour exprimer leur rejet des annonces faites par Abdelaziz Bouteflika.

A l’université de Guelma, les étudiants manifestent aussi par centaines.

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La grève des commerçants et des transporteurs est partiellement maintenue dans plusieurs wilayas du pays. Plusieurs administrations du secteur public sont également en grève, à l’exemple des travailleurs de l’ANEP qui sont rentrés en débrayage depuis ce mardi matin.** Liberté- mardi 12 mars 2019

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ABDELAZIZ RAHABI

“L’armée doit être en phase avec son peuple”

d-larmee-doit-etre-en-phase-avec-son-peuple-a444eAbdelaziz Rahabi, hier, au Forum de 

L’ancien ministre de la Communication pense que les interventions répétées de l’institution militaire dans le débat politique “peut être une bonne chose” puisque cela “la disqualifie définitivement” du jeu politique.

Face à la crise que vit le pays depuis quelques semaines, les regards sont tournés vers la réaction de l’institution militaire. Entre une partie de l’opposition qui appelle l’institution militaire à jouer un rôle d’intermédiaire et le pouvoir qui clame, sans convaincre, que la grande muette ne joue plus aucun rôle dans le jeu politique, Abdelaziz Rahabi préfère la troisième voie.
L’ancien ministre de la Communication, invité hier du Forum de Liberté, a plaidé pour le retrait définitif de l’armée du jeu politique. “Je n’ai jamais considéré que l’armée était un accélérateur de la démocratie”, a, d’emblée, indiqué Abdelaziz Rahabi pour qui, à travers ses réactions après le début des manifestations populaires du 22 février dernier, “l’armée n’a pas été à la hauteur de l’événement”.
Réagissant aux déclarations d’Ahmed Gaïd Salah, qui a évoqué la relation entre l’armée et le peuple, l’ancien ministre de la Communication a indiqué, qu’au contraire, “c’est l’armée qui doit être en phase avec son peuple et non pas le contraire”. “Il faut arrêter de penser que l’armée est garante de la transition”, indique l’ancien diplomate, qui pense qu’il existe deux garants à chaque transition, “à savoir le peuple et les institutions de la transition”.
À quelque chose malheur est bon, Abdelaziz Rahabi pense que les interventions répétées de l’institution militaire dans le débat politique “peut être une bonne chose” puisque cela “la disqualifie définitivement” du jeu politique. Pour l’invité du Forum de Liberté, cela donnera le temps et des espaces à l’armée de se concentrer sur ses missions essentielles. “L’armée se déchargera de la politique et concentrera ses efforts sur la défense du territoire national, la modernisation de ses outils, la rationalisation de ses dépenses et le rajeunissement de son état-major”, a-t-il précisé allusion faite à l’âge très avancé des principaux responsables actuels de l’armée, à commencer par Ahmed Gaïd Salah.
En revanche, l’ancien ambassadeur estime qu’un consensus doit exister autour de l’armée. Mais cela doit être concentré autour des missions précises de la défense nationale et de la politique étrangère. Ces deux domaines de souveraineté relèvent du “sacré” et font l’objet, “partout dans le monde”, d’un consensus national entre tous les acteurs, opposition et pouvoirs compris. Dans tous les cas, “le système sera démocratique de fait des Algériens” eux-mêmes, a plaidé le diplomate.
En revanche, Rahabi ne veut pas faire de reproches à tous les militaires. Il estime qu’au sein de l’institution militaire, il existe des hommes et des femmes professionnels. “Ce n’est pas toute l’institution militaire qui fait de la politique, bien entendu”, a-t-il nuancé.
Pour l’invité du Forum de Liberté, les agissements de l’armée sont inspirés du passé de la classe politique dirigeante du pays. Les dirigeants du pays “regardent toujours en arrière”, a indiqué l’orateur qui estime que les nouvelles générations d’Algériens pensent autrement que leurs aînés. “Nous n’avons pas d’outils institutionnels pour sortir de la crise”, a-t-il accablé, tout en précisant que les dirigeants actuels “tentent de rapporter des solutions du passé” car “le régime s’est très peu mondialisé” contrairement à la jeunesse qui, elle, vit son monde.
Cela ne donne donc que des “ruptures violentes” entre les générations d’aujourd’hui et celles d’hier. C’est ce qui a poussé, selon Rahabi, les millions d’Algériennes et d’Algériens à sortir dans les rues pour “porter des revendications claires”.*Liberté- mardi 12 mars 2019

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Cette Algérie que le système ne connait pas

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Alger. Mardi 5 mars 2019. Place Maurice Audin. Le contraste est saisissant. Des fourgons blindés et des camions chasse-neige vétustes bloquent l’accès au boulevard Mohamed V. En face, des centaines de jeunes étudiants et lycéens, bien sapés, font flotter l’emblème national. Ils scandent des slogans pour «une Algérie nouvelle».

Les policiers, presque figés, assistent en spectateurs. L’ébahissement se lit sur leurs visages. Ils regardent sans trop comprendre. «D’où sortent-ils ceux-là ? J’ai l’impression de vivre une époque qui n’est pas la mienne», lance un officier à son collègue.

Les deux gradés fixent des yeux une jeune étudiante. Plutôt sa pancarte : «Votre crédit a expiré, la communication est rompue. Partez !». A côté, sa camarade de fac brandit à son tour sa pancarte : «Ayez pitié de mes 20 ans !». Plutôt drôle !

Nihad, étudiante à la Fac centrale, ne l’entend pourtant pas de cette oreille. «J’ai bientôt vingt ans, et je veux vivre autre chose que Bouteflika. En avril prochain, je ne voudrai pas souffler mes vingt bougies sous son règne», pestifère-t-elle.

Tout d’un coup, un brouhaha provient du côté de la Grande poste. Les jeunes manifestants qui scandent «le peuple ne veut ni Bouteflika ni Saïd», marquent un temps de silence. Un léger mouvement de panique. «Les CRS chargent?», s’interrogent les uns  et les autres.

C’est pourtant une impressionnante foule de jeunes manifestants qui vient de franchir le cordon sécuritaire dressé pas loin du restaurant  la Brasserie d’Alger. D’autres marcheurs pour une «Algérie nouvelle» arrivent pour prêter main forte à leurs camarades de la Place Maurice Audin. 

Ce ne sont plus par centaines, mais par milliers, maintenant, à scander haut et fort, «système dégage». Sur les balcons des immeubles de la Place, de vieilles dames les encouragent par de stridents youyous à donner la chair de poule.

Et ce n’est pas fini. D’autres groupes de manifestants tentent toujours de rejoindre le cœur battant de la Place «anti-cinquième mandat». Un cordon sécuritaire en haut des escaliers menant de la rue Ghar Djebillet, à quelques encablures de la Fac Centrale, vers l’Avenue Pasteur, essaye d’y réduire l’affluence. Peine perdue !

Tous les chemins mènent vers la Place Maurice Audin. Des centaines de manifestants, jusque-là cantonnés à la Grande Poste, franchissent le Tunnel des Facultés. Ça résonne fort. La jeune foule est euphorique. Pacifique, surtout.

Lorsque les manifestants  sortent du tunnel, la Place Maurice Audin s’avère trop restreinte pour les contenir. Un accueil glorieux leur est réservé. Leurs camarades, déjà sur place, scandent en chœur «Algérie libre et démocratique».

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Photo : Bilel Zehani/Liberté

Les services de l’ordre semblent ne plus rien maîtriser. Ces jeunes étudiants et lycéens ont leurs codes. Leurs manières de communiquer, de s’organiser, aussi.

Voilà un jeune homme qui accoure vers un manifestant. «Votre sac-à-dos est ouvert, et l’on voit votre ordinateur portable et le tout, faites attention…», le prévient-t-il.

Une jeune femme, accroupie, au milieu de  la foule, est illico entourée par de jeunes gens. «Tout va bien ?», s’enquièrent-ils . Sourire. Rien de grave. Elle enlace seulement ses lacets. Ils sont aux petits soin, les uns avec les autres.

En temps normal, observent des spectateurs un peu plus âgés, et qui se tiennent en marge de la manif, «ce ne serait pas passé ainsi». Vraiment ?

A vrai dire, pas le moindre écart de langage. Le moindre incident.  La génération anti-cinquième mandat ne tolère aucun intrus. Aucun perturbateur. Ils ont l’air soudés. Ils sont habillés comme ils vont à la fête, et les jeunes femmes s’épanouissent dans un décor qui n’a rien à envier aux sociétés occidentales les plus avancées.

Le mot d’ordre du jour semble primer sur les différences  sociales jusque-là entretenues. «Non au 5e mandat, système dégage, Algérie libre et démocratique», scandent-ils sans cesse.

Sur le trottoir, en face de la Place Maurice Audin, un vieux papi a l’air inquiet. Il cherche sa petite-fille, une lycéenne, parmi la foule.

«Nous savons, à la maison, qu’elle n’a pas été à école. Elle nous échappe, tout nous échappe. Il faudra qu’ils partent pour que nos enfants retournent sur les bancs des classes et rentrent chez eux… », se confie-t-il.**Mehdi Mehenni - Liberté- 05 mars 2019

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Prévues le 18 avril 2019, les élections présidentielles algériennes ont été reportées à une date ultérieure, rapporte l’Agence officielle, APS

Le président de la République Abdelaziz Bouteflika – plutôt ceux qui se cachent derrière- a adressé lundi un message à la nation dans lequel il a annoncé le report de l’élection présidentielle du 18 avril 2019, et sa décision de ne pas briguer un 5ème mandat à la magistrature suprême. Le président Bouteflika a également annoncé la tenue de l’élection présidentielle dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante ainsi que la formation d’un gouvernement de compétences nationales. En voici le texte intégral du message : Chères concitoyennes, Chers concitoyens, L’Algérie traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique. Je comprends tout particulièrement le message porté par les jeunes en termes, à la fois, d’angoisse et d’ambition pour leur avenir propre et pour celui du pays. Je comprends aussi le décalage qui a pu être source de préoccupation entre, d’un côté, la tenue de l’élection présidentielle à une date techniquement appropriée en tant que jalon de gouvernance dans la vie institutionnelle et politique et, de l’autre, l’ouverture, sans délai indû, du vaste chantier, politiquement hautement prioritaire, de conception et de conduite de réformes profondes dans les domaines politique, institutionnel, économique et social, avec la participation la plus large possible et la plus représentative de la société algérienne, y compris la juste part devant revenir aux femmes et aux jeunes. Je comprends enfin que le projet rénovateur de notre Etat-nation, dont je vous ai annoncé les principales articulations, gagnerait à bénéficier d’un surcroit de clarifications et être préparé, pour chasser tout doute des esprits, par la réunion des conditions de son appropriation par toutes les couches sociales et les composantes de la Nation algérienne. En toute fidélité au serment que j’ai fait devant le peuple algérien de protéger et de promouvoir en toutes circonstances les intérêts bien compris de notre Patrie, et après les consultations institutionnelles requises par la Constitution, j’invoque la grâce et le soutien de Dieu Tout-Puissant pour me prévaloir des valeurs supérieures de notre peuple dont nos glorieux martyrs et nos valeureux moudjahidine ont consacré l’immortalité pour présenter à l’adresse de vos cœurs et à vos consciences les décisions suivantes : Premièrement : Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux. Cette nouvelle République et ce nouveau système seront entre les mains des nouvelles générations d’Algériennes et d’Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable dans l’Algérie de demain. Deuxièmement : Il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain. Il s’agit ainsi de satisfaire une demande pressante que vous avez été nombreux à m’adresser dans votre souci de lever tout malentendu quant à l’opportunité et à l’irréversibilité de la transmission générationnelle à laquelle je me suis engagé. Il s’agit aussi de faire prévaloir la noble finalité des dispositifs juridiques qui réside dans une saine régulation de la vie institutionnelle et dans l’harmonie des interactions socio-politiques, sur une observation rigide d’échéances pré-établies. Le report de l’élection présidentielle qui a été réclamé vient donc pour apaiser les appréhensions qui ont été manifestées afin d’ouvrir la voie à la généralisation de la sérénité, de la quiétude et de la sécurité publique, dans l’objectif d’entreprendre ensemble les actions d’importance historique qui permettront de préparer le plus rapidement possible l’avènement d’une nouvelle ère en Algérie. Troisièmement : Dans la perspective d’une mobilisation accrue des pouvoirs publics et du rehaussement de l’efficacité de l’action de l’Etat dans tous les domaines, j’ai décidé de procéder tout prochainement à des changements importants au sein du Gouvernement. Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes dont vous m’avez saisi, ainsi qu’une illustration de ma réceptivité à l’exigence de reddition de comptes et d’évaluation rigoureuse dans l’exercice des responsabilités à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Quatrièmement : La Conférence nationale inclusive et indépendante sera une enceinte dotée de tous les pouvoirs nécessaires à la discussion, l’élaboration et l’adoption de tous types de réformes devant constituer le socle du nouveau système que porte le lancement du processus de transformation de notre Etat-nation, que j’estime être ma mission ultime en parachèvement de l’œuvre dont Dieu Tout-Puissant m’a accordé la capacité et pour laquelle le peuple algérien m’a donné l’opportunité. Cette conférence sera équitablement représentative de la société algérienne comme des sensibilités qui la parcourent. organisera librement ses travaux, sous la direction d’une instance présidentielle plurielle, avec à sa tête un président qui sera une personnalité nationale indépendante, consensuelle et expérimentée. La conférence doit s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année 2019. Le projet de Constitution qui émanera da la Conférence sera soumis à un référendum populaire. La Conférence nationale indépendante fixera souverainement la date de l’élection présidentielle à laquelle je ne serai en aucun cas candidat. Cinquièmement : L’élection présidentielle qui aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante sera organisée sous l’autorité exclusive d’une commission électorale nationale indépendante dont le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront codifiés dans un texte législatif spécifique qui s’inspirera des expériences et des pratiques les mieux établies à l’échelle internationale. La création d’une commission électorale nationale indépendante est décidée pour répondre à une revendication largement soutenue par les formations politiques algériennes ainsi qu’à une recommandation constante des missions d’observation électorale des Organisations internationales et régionales invitées et reçues par l’Algérie lors des consultations électorales nationales précédentes. Sixièmement : Dans le but de contribuer de manière optimale à la tenue de l’élection présidentielle dans des conditions incontestables de liberté, de régularité et de transparence, il sera formé un Gouvernement de compétences nationales bénéficiant du soutien des composantes de la Conférence nationale. Ce Gouvernement assumera la supervision des missions de l’administration publique et des services de sécurité et apportera sa pleine collaboration à la commission électorale nationale indépendante. Pour sa part, le Conseil constitutionnel assumera, en toute indépendance, les pouvoirs que lui confèrent la Constitution et la loi en matière d’élections présidentielles. Septièmement : Je m’engage solennellement devant Dieu le Tout-Puissant et devant le peuple algérien à ne ménager aucun effort pour que les Institutions, structures, démembrements de l’Etat et collectivités locales se mobilisent pour concourir à la pleine réussite de ce plan de travail. Je m’engage également à veiller à ce que toutes les Institutions constitutionnelles de la République poursuivent scrupuleusement l’accomplissement de leurs missions respectives et exercent leurs pouvoirs respectifs au service exclusif du peuple algérien et de la République. Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu. Chères concitoyennes, Chers concitoyens, Voici la voie du salut que je vous invite à emprunter ensemble pour prémunir l’Algérie contre des épreuves, des déchirements et des déperditions d’énergies. Voici la voie d’un sursaut collectif pacifique pour permettre à l’Algérie de réaliser tout son potentiel dans une démocratie épanouie, digne des gloires de l’Histoire de notre Nation. Voici la voie dans laquelle je vous demande de me suivre et de m’aider. « -.alg24.net – lundi 11 mars 2019

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***Bedoui nommé Premier ministre, Lamamra vice-Premier ministre

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a reçu, lundi à Alger, MM. Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra. Lors de cette audience, le chef de l’Etat a procédé à la nomination de M. Bedoui au poste de Premier ministre en remplacement de M. Ahmed Ouyahia. «M. Bouteflika a également nommé, à la même occasion, M. Lamamra au poste  de vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères», ajoute la même source, précisant que «le président Bouteflika a chargé M. Bedoui de former le nouveau  gouvernement».**Médias div+alg24.net – lundi 11 mars 2019

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Le peuple, maître d’ouvrage et maître d’œuvre

Après un premier cycle de contestation, fait de manifestations populaires grandioses, pacifiques et riches en couleurs et en humour, les Algériens ont entamé, hier, une nouvelle phase de leur mobilisation contre le 5e mandat et pour le départ du système. L’appel à la grève générale a suscité, partout dans le pays, la même adhésion et le même enthousiasme qu’ont connus toutes ces marches organisées depuis le 22 février. Et quand on sait que la “désobéissance civile” est déjà évoquée comme une probable suite à donner au mouvement, si nécessaire, l’on peut affirmer que l’on assiste à une douce et belle résurrection nationale que rien n’arrêtera. Pas même un 5e mandat que l’on oserait concrétiser par un passage en force, un fait accompli, ou quelque autre folie dont le système serait encore capable. Non, ce peuple ne reculera pas.
Pas maintenant qu’il a recouvré sa dignité. Plus désormais car il a retrouvé la voie de l’espérance dont il ne se départira pas. Il ne servirait donc à rien, pour le régime en place, de persévérer dans ses tentatives de contourner une réalité dont il a saisi pleinement la profondeur. Le pouvoir est, semble-t-il, tenté d’y répondre en faisant sauter quelques “fusibles”, le temps que passe la surtension. L’on parle ici du Premier ministre et du gouvernement. C’est pourtant toute “l’installation électrique” qui a cramé, soit tout l’attelage institutionnel qui ne peut survivre à un système qu’il a fabriqué, et dont il a usé et abusé. L’état de déliquescence et d’obsolescence de ce “grand corps malade”, qui n’est pas étranger au soulèvement populaire en cours, est tel que le remplacement du chef de l’État lui-même n’y suffirait pas. Mais il est vrai que c’est par là que doit commencer l’œuvre de reconstruction : le renoncement au 5e mandat, le report de l’élection présidentielle et la démission du chef de l’État.
C’est l’énoncé de la “commande” du maître de l’ouvrage de ce projet, le peuple qui en est aussi le maître d’œuvre. Il devra exercer ce pouvoir par le biais de ses élites, toutes ses élites, dont ces figures et partis d’opposition qui font l’objet d’une diabolisation aux desseins inavoués.
Car si la résurrection nationale en cours est due, pour beaucoup, aux échecs et à l’incurie du pouvoir, elle résulte aussi de toutes ces luttes de militants, politiques ou syndicaux, d’intellectuels, de lanceurs d’alertes et de toutes ces résistances multiformes qui n’ont jamais faibli, encore moins abdiqué face aux pressions, aux répressions et aux intimidations. *Editorial* par Said Chekri - Liberté lundi 11 mars 2019

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Mustapha Bouchachi, avocat et défenseur des droits de l’homme :

«On est dans une période d’unification et non d’exclusion»

Très ému par ce qui se passe dans le pays depuis le fameux vendredi 22 février, le défenseur des droits de l’homme estime qu’il n’est pas seulement question de «rejeter le 5e mandat», mais le processus électoral en entier, et ce, parce que «le système ne pourra pas organiser d’élection transparente».

L’avocat et défenseur des droits de l’homme Mustapha Bouchachi a plaidé hier, lors de son passage au forum de RAJ (Rassemblement, actions, jeunesse) en compagnie de l’universitaire Redouane Boudjemaa, pour l’unification des efforts de tout un chacun, y compris, bien évidemment, ceux des partis politiques qui se reconnaissent dans le mouvement populaire, pour faire aboutir la cause des Algériens.

Il répondait à la préoccupation de l’assistance quant à l’attitude à adopter avec les représentants des partis politiques, vu que certains manifestants les rejettent. «On s’est réunis à deux reprises avec des chefs de parti politique et j’ai eu des reproches. Il faut qu’on soit sage. On est dans une période d’unification et non d’exclusion», a-t-il déclaré. Bouchachi a tenu à préciser que c’est «le système politique qui avait fait en sorte que les partis politiques soient coupés de la société».

Tout en rappelant que «c’est l’histoire qui jugera» les uns et les autres, il a indiqué que quand le pays adoptera un autre mode de gouvernance, le peuple «sanctionnera qui il veut et accordera sa confiance à qui il veut». «Il faut s’unir pour préserver ce mouvement», a-t-il déclaré, d’autant plus qu’«on n’a pas encore gagné». «Après avoir brisé le mur de la peur, il faut faire de même avec celui de la suspicion», a lancé Me Bouchachi

A une question relative à la demande faite par nombre de manifestants aux partis de retirer leurs élus de l’APN par exemple, celui qui a démissionné de cette institution en 2014, moins de deux ans après avoir été élu, a fait remarquer qu’il y a une divergence d’approche au sujet d’un tel acte, puisqu’«il y a ceux qui pensent que rester dans ces institutions sert au moins à faire entendre une autre voix». «C’est une décision souveraine d’un parti politique», dira-t-il, tout en signalant toutefois que «s’ils se retirent, la rue s’en souviendra».

Visiblement très ému par ce qui se passe dans le pays depuis le fameux vendredi 22 février, le défenseur des droits de l’homme estime qu’il n’est pas seulement question de rejeter le «5e mandat», mais le processus électoral tout entier, et ce, parce que «le système ne pourra pas organiser d’élection transparente». «Il faut tout faire pour que le vote du 18 avril n’ait pas lieu», a-t-il déclaré.

La même chose donc pour ce qui est du «report» de ce rendez-vous électoral du 18 avril prochain ou même de l’application de l’article 102 de la Constitution (vacance de pouvoir) qui serait, d’après lui, tout aussi grave que le 5e mandat, puisque durant la période de vacance de poste, personne n’aura le droit de toucher à la Constitution ou remettre en cause les instances élues. Des procédés qui ne feraient, finalement, que «sauver» le système.

L’universitaire Redouane Boudjemaa est allé également dans le même sens. D’après lui, «ceux qui réclament aujourd’hui l’application de l’article 102 de la Constitution veulent revenir à un scénario qui était là avant l’annonce de la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat». Ce qu’il faudrait, renchérit Me Bouchachi, «c’est une période de transition consensuelle qui sera menée par des gens crédibles». Et même là, «la vigilance doit être de mise», parce que «le processus pourrait être dévoyé».

Mais en attendant, «il faudra s’armer de patience et réfléchir à d’autres moyens de lutte, parce que le peuple pourra éventuellement se fatiguer».

Pour l’avocat, il est essentiel aussi que «les gens s’organisent ne serait-ce que pour discuter et réfléchir». La mission ne sera sûrement pas facile. En plus de l’ennemi intérieur, il y a celui de l’extérieur. «Certaines puissances étrangères ne voudraient surtout pas que la décision, économique s’entend, émane de la légitimité du peuple», a-t-il déclaré. Mustapha Bouchachi a, en dernier lieu, indiqué que les gens du pouvoir, sans le vouloir bien évidemment, ont contribué à la naissance de cette révolte, parce que «s’ils n’étaient pas paresseux et méprisants envers le peuple, ils auraient pu réfléchir à une autre option au lieu de s’avancer dans celle du 5e mandat». «Ils croyaient qu’ils avaient neutralisé tout esprit de résistance chez l’Algérien», a-t-il affirmé.

Le défenseur des droits de l’homme, qui refuse toute sorte de «paternalisme» de qui que ce soit sur les jeunes révoltés, a indiqué que «ce mouvement populaire et pacifique ne doit pas échapper au peuple». «Votre mission est de sauvegarder cette belle image qui nous a rendu notre fierté», a-t-il lancé en définitive à l’endroit des jeunes.*ABDELGHANI AICHOUN - elwatan- dimanche 10 mars 2019

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Djamila Bouhired au cœur du soulèvement populaire

«J’ai l’impression de revivre la Révolution

**La France de Macron accepte la candidature de Bouteflika, sachant que les élections n’ont jamais été démocratiques et que le système au pouvoir ne se maintient en place que par la fraude et le soutien des dirigeants occidentaux contre la volonté du peuple algérien

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«Je veux marcher avec mon peuple pour notre dignité», lance l’icône de la Révolution dans une formidable communion entre la génération de Novembre 1954 et les fils de l’indépendance. En marchant derrière celle qui été condamnée à mort pendant la Bataille d’Alger, le peuple renoue avec l’esprit d’indépendance et remet le fleuve détourné dans son cours naturel.

Historique. Un tsunami populaire. Une deuxième révolution.  «J’ai l’impression de revivre la Révolution», lâche avec une forte émotion Djamila Bouhired, l’héroïne de la guerre d’indépendance, lorsqu’elle entame la descente du boulevard Didouche Mourad pour conduire la marche vers la place Maurice Audin. Elle est accoudée au bras du célèbre avocat Mokrane Aït Larbi et entourée de milliers de personnes – dont la plupart sont jeunes – qui lui ouvrent le grand boulevard pour  prendre la tête de la manifestation sous les cris «Non au 5e mandat.

Système dégage» et «Nous sommes les enfants de Djamila Bouhired» et «la Révolution est avec nous». Des slogans scandés à gorge déployée mais surtout avec la fierté de manifester aux côtés de l’historique Djamila. «Je veux marcher avec mon peuple pour notre dignité», réplique-t-elle dans une formidable communion entre la génération de Novembre 1954 et les fils de l’indépendance. Les Algériens retrouvent le fil de l’histoire. Un fil coupé depuis la mise en place du régime autoritaire au lendemain de l’indépendance. En marchant derrière celle qui été condamnée à mort pendant la Bataille d’Alger, le peuple renoue avec l’esprit d’indépendance et remet le fleuve détourné dans son cours naturel.  Malgré la fatigue et le risque de débordement, Djamila Bouhired refuse de quitter la manifestation.

«Je veux rester avec mon peuple, ce peuple digne», insiste-t-elle. Les manifestants ne veulent pas non plus voir partir leur héroïne nationale comme pour faire écho au célèbre slogan de Larbi Ben M’hidi : «Jetez la Révolution dans la rue et le peuple va l’étreindre.» Avant de partir, elle a confié un message aux manifestants : «Ne rien lâcher jusqu’à la victoire finale. C’est une seconde indépendance qui est en marche.» Alger vient de vivre une séquence inédite, l’Algérie a retrouvé son élan révolutionnaire. «Extraordinaire. La plus importante depuis l’indépendance.

La soif de liberté s’est massivement et pacifiquement exprimée. Les conséquences seraient terribles, si les décideurs, civils et militaires, venaient à faire semblant de n’avoir rien vu ni entendu. A trop vouloir maintenir le statu quo contre vents et marées, ils auront la chute et la vengeance populaire. L’irresponsabilité ne peut indéfiniment être à sens unique», envoie Djamel Zenati à parti de Béjaia, ville aussi en insurrection comme toutes les autres wilayas et régions du pays.

C’est justement la grande question après cette insurrection pacifique et nationale qu’a connue l’Algérie dans ce deuxième vendredi de colère. C’est toute l’Algérie dans toutes ses composantes sociales et générationnelles qui se dresse contre l’absurde 5e mandat, mais surtout qui rejette fortement le système politique. Depuis l’annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un autre quinquennat, alors qu’il est lourdement handicapé et qu’il n’arrive pas à terminer son quatrième, les Algériens se sont soulevés avec force pour s’y opposer. Reçu comme une suprême humiliation, mais contrairement à ce que s’attendaient les partisans de la «continuité», c’est-à-dire à la résignation, l’annonce a agi comme une onde de choc dans l’esprit national.

Brusquement, dans tout le pays jusqu’à ses contrées lointaines, un vent de colère a soufflé et a vite pris la forme d’une révolte générale. Il s’installe alors un climat pré-révolutionnaire.  Le rejet du 5e mandat se massifie, se radicalise et soulève tout le pays dans une détermination inébranlable. Difficile de voir les millions d’Algériens rentrer chez eux. Le pouvoir politique est plus que jamais sommé de prendre des décisions fortes à la hauteur de l’aspiration algérienne. Le bon sens politique, l’urgence nationale, le moment historique exigent des réponses.

Le pays est dans une course contre la montre. Le temps presse. Il faut agir maintenant.  Maintenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika alors que tout le pays s’y oppose, c’est faire courir le risque d’une confrontation violente, qu’aucun Algérien ne souhaite. Dans tout le pays, les manifestants insistent fermement sur le caractère pacifique. Partout, ils appellent à la non-violence et  ils l’ont exprimé fortement hier en scandant «l’Algérie n’est pas la Syrie».  Aux décideurs de mesurer avec sérieux ce qui se joue dans ces journées historiques. Faire rater au pays cette nouvelle chance de rentrer dans la grande histoire, c’est le condamner à la disparition. Les Algériens qui remplissent inlassablement les boulevards nationaux, c’est pour défendre la dignité algérienne.

Ils n’acceptent plus le statut inférieur dans lequel est enfermé un pays aussi riche et aussi dynamique. C’est plus qu’un rêve. C’est un puissant et irrépressible désir de liberté, de démocratie et de progrès qui s’exprime.  Il appartient à ceux qui détiennent la décision politique de rendre la parole au peuple souverain. Inutile de ruser, de manœuvrer et de jouer sur l’usure.  Retirer la candidature du patient de Genève, c’est le minimum à faire. Il est historiquement nécessaire d’engager le pays sur la voie d’un changement démocratique. Le système en place n’est non seulement à bout de souffle, mais honni. Désormais il appartient au passé. Il faut d’urgence décréter sa fin.*HACEN OUALI- elwatan- samedi 02 mars 2019

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*Oran plus belle avec la mobilisation des femmes

au troisième vendredi de protestation citoyenne

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*Ce troisième vendredi de mobilisation populaire à Oran, avec comme touche particulière la célébration de la Fête de la femme le 8 Mars, a été à nouveau un message fort envoyé au pouvoir et aux tenants du “jusqu’au-boutisme” pour le 5e mandat. Outre la mobilisation de la population qui s’est accrue comparativement aux deux premières marches dans la ville d’Oran, celle d’hier a été aussi celle des tabous cassés.
Et pour cause, les femmes sont venues en grand nombre manifester et défiler au milieu de la foule d’hommes et de jeunes. Alors que certaines sont venues en famille, les femmes jeunes et moins jeunes, portant hijab,  voile ou tête nue, ont marché et crié à tue-tête.  Certaines se sont vu offrir des fleurs lorsque ce n’étaient pas elles qui tendaient une rose. Une dame d’un âge certain, venue avec sa petite-fille, a eu les honneurs des jeunes faisant presque une ronde autour d’elle, et allant même jusqu’à l’embrasser sur le front. Une enseignante venue d’Arzew, Atika, nous dit : “C’est ma troisième marche et on sortira à chaque fois, jusqu’à ce qu’ils respectent la volonté du peuple.” Cette volonté, d’ailleurs, n’a pas fléchi d’un pouce, ce vendredi à Oran, avec des slogans habituels, mais de plus en plus politisés comme “Nous voulons la fin du régime”, “FLN dégage”, et l’incontournable “Le peuple ne veut pas de 5e mandat”. Une nouveauté à Oran ce vendredi, dans l’organisation des manifestants, qui, par carrés, ont assuré eux-mêmes un service d’ordre, y compris un cordon de sécurité pour protéger les BRI et brigades anti-émeutes devant la wilaya.
Des bouteilles d’eau sont lancées des balcons aux marcheurs et d’autres initiatives sont venues d’anonymes qui ont distribué gratuitement des drapeaux. Les youyous n’ont cessé de fuser des balcons et de la foule des manifestants. Chaque carré avait sa banderole frappée de “Non au 5e mandat”, les universitaires, des syndicats autonomes mais sans leur sigle, et qui avaient appelé à manifester “aux côtés du peuple” ont déployé de grandes banderoles sur lesquelles on pouvait lire : “Non au régime militaire, oui à la démocratie”, ou encore “Pour une Algérie de justice sociale”.
Durant toute l’après-midi, une foule indescriptible défilera dans tous les sens, les cortèges se croisant, sur la rue Larbi-Ben M’hidi envahie, alors que d’autres arpentent le front de mer. La place du siège de la wilaya, la place de la radio, la place des Victoires, la place du 1er-Novembre ont été prises d’assaut par des centaines de jeunes et de femmes de tous âges. 

*Par LOUKIL D - Liberté- samedi 09 mars 2019

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*vidéosmanifestations-Oran 8 mars 2019

*Manifestations Pacifiques Oran 08 mars

*Alger 8 mars 2019

*Algerians at New York

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Comme un jour d’indépendance

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Les rues d’Alger prises d’assaut par des milliers de citoyens. Photo: billel zehani/Liberté

Les Algérois sont sortis par centaines de milliers, hommes et femmes, pour dire non au système.

Ce sont plusieurs centaines de milliers de citoyennes et de citoyens qui ont investi, hier, les rues d’Alger pour un troisième vendredi consécutif de manifestations contre le 5e mandat et système. La mobilisation était inédite. Historique. Elle a été plus soutenue, plus organisée, mais aussi plus tranchante que celles des vendredis précédents. Toutes les rues de la capitale étaient pleines de monde. Vieilles, vieux, jeunes et moins jeunes sont sortis pour répliquer d’une manière cinglante à un pouvoir autiste : “Pas de 5e mandat et pour le départ de tout le système.” Dans une ambiance de fête, la mobilisation des citoyennes et des citoyens dans tout le pays a réaffirmé que nul ne pourra stopper la marche de l’histoire. L’organisation était parfaite, aucun incident n’a émaillé la manifestation. Certains commerces sont même restés ouverts. Aucune vitre brisée. À Didouche-Mourad, fleuristes et vendeurs de porcelaine n’ont pas fermé leurs boutiques. Ils étaient, tout simplement, confiants et rassurés. Les citoyens sont venus dénoncer un système politique et ils ont tenu à le faire d’une manière paisible, dans une totale quiétude et sérénité. Mais aussi avec fermeté et détermination. De Partout, Bab El-Oued, Belcourt, Ruisseau, Ben Aknoun, Bab Ezzouar,  Bouzaréah, Staouéli, des centaines de citoyens affluaient déjà à partir de 11h30 vers Alger-Centre. Même au moment de la prière hebdomadaire du vendredi. À la Grande-Poste, devenue en l’espace de quelque temps l’épicentre algérois de la lutte contre le pouvoir, des milliers de citoyens reprenaient en chœur des slogans contre le 5e mandat, contre Bouteflika et le pouvoir dans sa globalité. Drapeaux, fanions, pancartes, tee-shirts, déguisements…, tout était bon pour exprimer une opinion, une position et un idéal. “Pouvoir assassin”, jadis circonscrit en Kabylie, retentissait à Alger, au cœur même du pouvoir de Bouteflika. Sous les regards vigilants des éléments des forces de l’ordre qui donnaient plutôt l’impression de vouloir rejoindre la marche du peuple que de s’y opposer. Même leur tentative de bloquer les manifestants devant le Tunnel des Facultés s’est avérée vaine.

Honneur aux femmes  
Les femmes n’ont pas bénéficié d’une demi-journée de repos, comme il était de tradition.  Elles n’en voulaient pas. Elles avaient toute la journée pour elles. Non pas pour la “fiesta”, mais pour se réapproprier cette symbolique journée de lutte des femmes. Hier, la Journée de la femme n’était pas uniquement un moment de fête, mais une journée de combat et de lutte pacifiques pour une plus grande émancipation et délivrance. Pas seulement celles des femmes, mais celles de tout un pays. Aussi belles que cette journée de mobilisation printanière, elles étaient aux premières lignes de la marche. Elles drivaient la manifestation. Ni code de la famille ni autre regard rétrograde n’étaient opposés à la forte présence des femmes. Engagées et décidées, elles ont repris la place qui est la leur au sein de la société. “Je ne vais pas faire la vaisselle, je fais la révolution”, a écrit une jeune dame sur une pancarte qu’elle exhibait fièrement. “8 Mars de lutte et de combat. Les femmes s’engagent, système dégage”, brandissaient d’autres femmes. Jeunes et vieilles se sont réunies, hier, pour une journée mémorable où elles ont brisé le mur du silence et de la peur. Désormais nul ne pourra les oublier. Elles se sont imposées par leur combat, leur présence et leur courage. Comme leurs aînées de la Révolution, hier, les femmes ont montré un autre visage. Pas celui enlaidi par tant d’années d’exclusion, de marginalisation et de diabolisation. Pas besoin de “quotas” pour participer à la manifestation. Elles étaient là. Sans autorisation, mais aussi sans tuteur ! Par milliers, elles ont mené la marche et les hommes ont suivi dans une communion jamais connue. Ni harcelées ni agacées, elles ont fait preuve de fermeté et de bravoure. Fleurs et roses à la main, elles étaient les stars de la manifestation. Sans artifice et sans a priori, les manifestants ont fait preuve d’un civisme jamais égalé. Respect et politesse ont dominé dans une ambiance de solidarité et de fraternité. Comme une ode à la liberté, hommes et femmes, jeunes garçons et jeunes filles se sont tenu la main pour un avenir meilleur. Un avenir qu’ils veulent radieux et rassurant. Sans Bouteflika.  

Organisation sans faille  
Le mot d’ordre a été donné sur les réseaux sociaux. Les consignes pour une marche pacifique ont été soigneusement respectées. Comme un seul homme, les dizaines, voire les centaines de milliers de personnes, ont tenu à réaffirmer à la face du pouvoir et du monde entier qu’elles sont capables et prêtes au changement, mais dans le calme et la sérénité. De la rue Hassiba-Benbouali jusqu’à la Grande-Poste, en passant par la rue Didouche-Mourad, la Faculté centrale, aucun dépassement n’a été enregistré. Même les voitures stationnées en bordure de route n’ont même pas été égratignées. Les véhicules de police et les ambulances fendaient sans encombre la foule. Les manifestants ouvraient la voie à tout le monde. Devant les établissements hospitaliers, la foule cessait de chanter et de crier. Aux policiers mobilisés, les manifestants offraient des fleurs, des chocolats et un sourire franc et sincère comme l’était l’envie de ces fonctionnaires de la DGSN de jeter leur bouclier afin de marcher pour la liberté. Pour bien mettre en évidence cette organisation, il faut signaler la présence de personnes qui distribuaient de l’eau, d’autres des bonbons… Des jeunes en gilets de couleurs orange et jaune assuraient l’encadrement. Ce sont des secouristes mobilisés pour l’événement. “Vous êtes foutus, le peuple s’est réveillé”, scandaient des jeunes de Belcourt. De 11h à 17h, les rues d’Alger n’ont pas désemplies. Au Champ-de-manœuvre, une dizaine de nourrissons dans des poussettes tenaient des pancartes où était écrit : “Système ; t’es un danger pour mon avenir.” Le message sera-t-il entendu ? Qui sait !

Hommage à Hassan Ben Khedda     
 Décédé lors de la marche du 1er mars, Hassan Ben Khedda, fils du premier président du GPRA, a eu droit, hier, à un hommage. Ainsi, des milliers de manifestants ont observé, à 15h, une minute de silence à la mémoire du défunt. Pour rappel, Hassan Ben Khedda est décédé dans une bousculade lors de la dernière marche. Pour les manifestants, le défunt est un martyr de la liberté et de la dignité.

*Par Mohamed Mouloudj -  Liberté- samedi 09 mars 2019

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***Vidéos:

Algérie: La marée humaine. 1 Mars 2019

*Les grandes manifestations du 2ème vendredi 1 mars 2019

*Algérie: un peuple debout. 01 Mars 2019

*Algérie- Révolution en marche

*Le peuple ne veut plus de ce système

*Chanson:  Aujourd’hui le peuple va libérer l’Algérie

*Algérie 1er Mars. Fourssene Maghnia

*Algérie: le régime dictatorial face à une déferlante populaire

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*Algérie-stratégies-chef imed

**Nous vous poursuivrons jusqu’en enfer

*L’avis de Nacer ellaham

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Obstination du pouvoir et détermination des Algériens

Le pays entre dans sa troisième semaine de dissidence citoyenne. Les mobilisations populaires grandissent, prennent de l’ampleur plus que jamais inscrites dans le temps dans une communion nationale inédite.

Le dépôt de candidature par procuration et à partir de son lit d’hôpital genevois n’a fait qu’exacerber la colère de tout un pays. Une irréversible lame de fond.

Le rejet massif et ferme du 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika confirme une rupture définitive avec un pouvoir politique incarné par un Président finissant. A l’obstination périlleuse de l’équipe de Bouteflika de vouloir s’accrocher au pouvoir, les Algériens opposent une détermination sans faille.

Résolus à poursuivre leur bataille jusqu’à la victoire finale, il est difficile d’imaginer des centaines de milliers de manifestants embrassant toutes les catégories sociales et générationnelles déposer leurs étendards.  Acculé, le pouvoir n’émet plus. Le gouvernement a disparu des écrans radars.

Seul le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui s’exprime à intervalles réguliers. Menaçant dans un premier temps, il radoucit le ton à mesure que les boulevards du pays se remplissent de colère. Dans le camp de la «continuité», les voix sont presque éteintes, il se fissure.

Le triomphalisme du mois de janvier a-t-il laissé place au doute ? Signe d’incertitude. Le projet du 5e mandat ne trouve pas beaucoup de porteurs. Il est supporté presque clandestinement. D’évidence, le camp présidentiel est de plus en plus isolé, pendant que les rangs de la contestation grossissent et prennent les allures d’une désobéissance civique, comme le montrent les étudiants qui paralysent les universités et des bâtonnats qui bloquent les tribunaux. Plus de retour en arrière et surtout point de possibilité de concessions. Le face-à-face à l’issue incertaine est à son paroxysme.

Vendredi prochain sera déterminant pour la suite de ce bras de fer jamais connu dans l’histoire du pays. L’heure de vérité.   Il est fort à parier que l’acte III de la mobilisation nationale sera gigantesque. Les contestataires promettent un déferlement général.

A quarante jours de la tenue de l’élection présidentielle – boycottée massivement par la classe politique – l’Algérie s’est installée dans un climat de tension extrême. La question de la pertinence de cette élection et du maintien de l’agenda politique dans ces conditions est sérieusement posée, alors que les événements sont dans une tendance croissante. Le rendez-vous du 18 avril prochain pourra-t-il avoir lieu ? Le risque est majeur.

Il appartient aux décideurs de mesurer sérieusement la gravité du moment et de tirer vite et maintenant les leçons qui s’imposent. Déjouer la «bombe sociale» avant qu’elle n’explose à la figure du pouvoir est plus qu’une urgence. Tout en restant dans le cadre de la légalité constitutionnelle, ils peuvent et doivent trouver une sortie par le haut. Il existe une porte de sortie. Renoncer au 5e mandat est une mesure la mieux à même de ramener de l’apaisement.

Une mesure pouvant permettre d’entamer dans la sérénité la période future sur la base de la plateforme politique qui s’écrit au jour le jour dans toutes les rues d’Algérie.

Le changement du système politique pour lui substituer un ordre démocratique. Malade, dans l’incapacité d’assumer sa mission, Abdelaziz Bouteflika termine son 4e quinquennat sur un lit d’hôpital… en Suisse, confirmant une vacance de pouvoir qui dure depuis des années. La décréter peut également être une issue à la crise.

C’est la revendication de l’opposition. Et probablement cette option traverse également l’esprit d’une partie du pouvoir. Elle permet d’inverser l’agenda proposé dans la lettre de candidature de Bouteflika, en lui donnant un contenu et des objectifs comme exprimés dans les mobilisations populaires.

C’est le scénario qui pourrait à la fois protéger cette nouvelle Algérie naissante, éviter au pays le risque d’une conflagration et surtout aider à un processus graduel du changement de système politique. En ces temps morts, il faut oser ce renoncement salvateur.*HACEN OUALI - elwatan – mercredi 06 mars 2019

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Un élan populaire pour une alternative de progrès social

C’est précisément dans la problématique économique et sociale que réside, comme on dit chez nous, «ras el koubba», le fil conducteur qui nous mène aux facteurs structurels explicatifs de la crise actuelle qui a atteint son paroxysme avec l’annonce du 5e mandat et les manifestations de masse qu’elle a entraînées

On ne peut, en effet, comprendre le moment paroxystique actuel de la crise du régime sans l’examiner en tant que résultante du processus de trois décennies de restructurations libérales et des bouleversements géopolitiques dans lesquels elles se sont inscrites, caractéristiques lourdes qui ont non seulement imprimé la forme institutionnelle et politique actuelle du régime, mais aussi et surtout modelé son contenu socio-économique et affermi sa base sociale.

Une voie conçue comme substitut à la voie de développement national de la décennie 1970, mais qui est aujourd’hui dans l’impasse et l’échec du triptyque : libre échange-privatisation-IDE qui en constitue la clé de voûte en est l’illustration probante. Les réformes libérales ont démantelé les bases d’une économie productive et renforcé les faiblesses structurelles d’un système monoexportateur.

Aujourd’hui, l’économie est dominée par l’informel qui occupe 4 millions de personnes, soit plus de 69% de l’emploi masculin total et/ou par des secteurs de très faible valeur ajoutée ou improductifs, rentiers et parasitaires, en fait une économie de jobs de faible qualification, de bas salaires, au travail non déclaré, aux heures supplémentaires non payées ou non majorées En un mot, une économie sans consistance productive qui tourne fondamentalement le dos aux attentes et aux aspirations des forces vives du pays, avec des solutions sans lendemain, engendre la fuite des compétences et fabrique des harraga.

Ce qui structure la réalité sociale, aujourd’hui, c’est la dynamique des inégalités croissantes qui séparent le haut et le bas des revenus, des inégalités de patrimoine, biens fonciers ou immobiliers, produits financiers, ressources en devises, des inégalités en termes de mobilité internationale et de statut citoyen y afférent, des inégalités de statut d’emploi, permanents, occasionnels, chômeurs. Alors que la moyenne nationale s’établit à 12%, le taux de chômage des jeunes de 16-24 ans est de près de 30%, celui des diplômés est estimé à 17,6%, et celui des femmes à 20% nettement plus élevé que celui les hommes, 8,1%.

L’emploi précaire non déclaré frappe de plein fouet les jeunes puisqu’il absorbe près de 90% de la catégorie d’âge des 15-24 ans, 92% de la main-d’œuvre âgée de 15 à 19 ans et 26,3% de la main-d’œuvre n’ayant pas dépassé le cycle secondaire. Comment un tel tissu économique si peu diversifié, inadapté aux ambitions de croissance, de création d’emplois et de réduction des importations peut-il constituer un «pilier» du développement du pays et surtout donner des perspectives d’avenir à une jeunesse instruite, éduquée, de plus en plus féminine et ouverte sur un monde en pleine évolution scientifique et technologique ? En 2015, la part de la main-d’œuvre ayant un niveau universitaire était de 18% et celle de niveau secondaire de près de 25%. Quant à la part de la main-d’œuvre de sexe féminin, elle a crû de 46% entre 1990 et 2012.

Ce capitalisme qui a grandi, à partir des années 1990, sur les décombres des acquis du développement national, est formé des grands gagnants de l’accaparement des rentes régaliennes, de la nomenklatura civile et militaire reconvertie dans les affaires d’importation, dans l’immobilier de rente et de luxe, des patrons du secteur privé, des petits entrepreneurs de l’économie souterraine grise ou noire et des élites mondialisées dites de transition-basculement qui ont travaillé à la légitimation des nouveaux rapports sociaux.

Naguère levier de développement productif et de bien-être social, les ressources pétro-gazières sont devenues un facteur de régression économique et d’inégalités sociales. Malgré toutes les politiques qui ont été déployées pour lui donner des ailes conquérantes et asseoir son hégémonie, ce capitalisme est resté au stade des balbutiements, confiné à la périphérie de la sphère des activités porteuses de dynamisme économique, technologique, social.

Alors que le secteur privé représente 80% du PIB hydrocarbures, sa contribution fiscale n’atteint pas 1% du PIB et sa réalité entrepreneuriale est faite presqu’entièrement de TPE, très petites entreprises, surtout dans le petit commerce et les services élémentaires. Encore en phase d’immaturité, il peine aujourd’hui à trouver une solution aux recompositions qui l’agitent et le principe qui permettrait de fédérer les différentes composantes de la bourgeoisie qui l’incarnent. Résultat, une guerre féroce pour le repartage du pouvoir économique et donc politique qui a pris des dimensions spectaculaires étalées au grand jour, à l’occasion des pré-présidentielles et où les différentes fractions rivales de la bourgeoisie en appellent à la sanction des urnes, à «l’arbitrage du peuple».
L’ ordre socio-politique s’est mis au service de la mise en selle et en scène de ce capitalisme de gens pressés de gagner, porté sur le court terme et les comportements de prédation.

Ce capitalisme est aussi le fruit, en effet, d’une gigantesque opération d’instauration et d’institutionnalisation de la domination des rapports sociaux par l’argent. Opération qui ne pouvait se dérouler sans mettre au service des forces de l’argent l’ensemble des moyens de coercition de l’Etat, sans le quadrillage et le verrouillage du champ politique, sans l’étouffement/répression des mouvements sociaux et sans le musèlement systématique de l’expression démocratique.

Les imposantes manifestations de ces derniers jours ont drainé un large éventail de milieux sociaux, jusque et y compris des grands patrons en vue sur la scène publique. Mais c’est ce qu’elles exprimaient qui leur donne leur caractère populaire : rejet radical du verrouillage du champ politique, refus de la répression des libertés politiques et sociales, en même temps que la dénonciation de la corruption généralisée, de la dilapidation et du pillage des richesses naturelles et humaines (jusqu’à mettre en danger la souveraineté nationale face aux appétits et menaces militaires aux frontières),

Ce qui revient dans les slogans à côté du «non» au 5e mandat dominant, c’est la dénonciation de la corruption, de la prédation et des personnalités impopulaires du régime qui ont battu des records internationaux de longévité à leur poste.

Fondamentalement, ce sont les couches de la jeunesse qui ont donné son élan, ses couleurs et ses notes de gaieté et de grande espérance à ces manifestations. Et il ne pouvait en être autrement. Car ce sont ces franges de la population qui sont victimes de la panne du développement et de la fermeture des perspectives engendrées par un ordre libéral parasitaire et prédateur.

Aujourd’hui, plus de 50% de la population a moins de 30 ans, la population étudiante dépasse le million sept cent mille, dont plus d’un million de filles étudiantes. Avec d’immenses aspirations à vivre dans une Algérie – comme ils l’ont scandé – libre et démocratique, résolument tournée vers le développement et le progrès.

Oui, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le comment faire pour que cet immense élan, cet immense espoir ne soient pas détournés par ceux qui visent un changement de façade pour passer une vitesse supérieure dans la libéralisation économique et l’insertion dans la mondialisation libérale et financière, porteuses d’exclusion sociale, d’aggravation des inégalités sociales et territoriales, d’approfondissement de la dépendance et donc de gros risques de dislocation du tissu social et d’effondrement de l’Etat national.

Pour ceux-là, candidats au re-partage du pouvoir entre fractions rivales de la bourgeoisie régnante, la démocratie, c’est surtout sécuriser les droits de la propriété privée, des contrats, de la libre concurrence, et l’Etat de droit qui garantit la propriété privée, en définitive une démocratie qui s’accommode de l’absence de droits économiques et sociaux comme du statut d’économie dépendante, de périphérie capitaliste subordonnée et dont le multipartisme relève de la nécessité fonctionnelle, car il importe de fournir un exutoire aux tensions et frustrations engendrées inévitablement par la libéralisation économique, en un mot, une libéralisation politique offerte comme exutoire pour les victimes des nouvelles règles du jeu.

Le défi, car c’est un défi, compte tenu de l’état de laminage de l’expression démocratique organisée des masses qui aspirent à une véritable démocratisation des rapports sociaux, c’est celui de rendre durable l’espoir suscité par ce formidable élan populaire et de jeunes et transformer cette mobilisation en force organisée pour accumuler des énergies militantes capables d’empêcher la poursuite de cette politique anti-populaire et anti-nationale, capables de construire une alternative de progrès social et de paix, crédible et durable.

*Par Abdelatif Rebah ,- Enseignant-chercheur en économie

*Paru dans elwatan – mercredi 06 mars 2019

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Le FFS se retire du Parlement pour « lutter au côté du peuple sur le terrain »

Le Front des forces socialistes a décidé ce mercredi du «retrait de ses parlementaires des institutions du régime, illégitimes et impopulaires, pour lutter au côté du peuple sur le terrain».

«La voix du peuple a résonné dans tout le pays pour exiger le changement du système autoritaire et liberticide, qui gouverne le pays depuis l’indépendance nationale, et pour revendiquer le libre exercice de son droit légitime à l’autodétermination» a relevé le FFS dans une longue déclaration parvenue à notre rédaction.

Pour cette raison, il lance «un appel à toutes les composantes de la société pour poursuivre les manifestations de façon pacifique jusqu’à l’aboutissement du combat de plusieurs générations pour une Algérie libre et démocratique».*Liberté -  mercredi 06 mars 2019

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*Ouyahia et compagnie défient les Algériens en utilisant  » le fond de commerce dénommé Bouteflika « 

Des milliers d’étudiants contestent la candidature de Bouteflika 

Une tentation à la syrienne. Contre le vent de l’histoire et surtout contre la volonté populaire qui s’est vigoureusement exprimée contre son maintien au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et absent du pays, a fait déposer sa candidature pour briguer un 5e mandat présidentiel. Il le fait faire à partir de son lit d’hôpital de Genève.

Un cas unique dans les annales politiques. L’absurdité est poussée à son extrême. Une défiance. Une provocation extrême. Alors que l’Algérie est assise sur un volcan de colère et que les Algériens ne cessent de manifester dans toutes villes du pays pour «faire barrage» au projet mortifère de la «continuité» et réclamer un changement du système politique, le Président sortant et son équipe défient toute une nation pour se maintenir aux commandes du pays.

Dans sa déclaration  de candidature, Abdelaziz Bouteflika assure qu’il «organisera, s’il serait réélu le   18 avril prochain, une élection présidentielle anticipée conformément au calendrier arrêté par la conférence nationale indépendante», précisant qu’il «ne sera pas candidat à cette élection qui assurera sa succession».

Il ajoute également que «la date de cette élection présidentielle anticipée sera fixée par la conférence nationale». Une conférence nationale qui est d’avance rejetée par l’ensemble de la classe politique d’opposition.

Une vente concomitante. Acculé, dos au mur, l’équipe de Bouteflika est dans une interminable fuite en avant. Cette candidature est visiblement problématique pour le pouvoir lui-même qui est dans une course contre la montre. L’option d’un 5e mandat se veut manifestement comme un ultime acte pour prolonger un régime politique finissant. Abdelaziz Bouteflika est devenu  aujourd’hui la caricature d’un système agonisant.

Faisant fi des obligations constitutionnelles et de la loi électorales qui stipulent que c’est le candidat lui-même qui dépose son dossier de candidature, le patient de Genève charge son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane, pour remettre le dossier  au président du Conseil constitutionnel.

Ce dernier a d’ailleurs rappelé cette disposition dans un communiqué précisant : «Le dossier de candidature doit être déposé par le candidat, auprès du secrétariat général du Conseil constitutionnel, contre accusé de réception, tous les jours, y compris le vendredi et le samedi.» Une violation évidente de la Constitution.

Même le président de l’Instance indépendante de la surveillance des élections, Abdelwahab Derbal, a clairement rappelé que lorsqu’il s’agit de l’élection présidentielle, «la loi oblige le candidat à déposer personnellement son dossier».

Mais au-delà du non-respect du formalisme constitutionnel, qui n’est pas sans importance par ailleurs, le pouvoir a montré depuis deux semaines qu’il est capable de marcher sur le corps national pour se maintenir. Une aventure politique qui peut mener le pays droit dans la dislocation.

Les Algériens qui sortaient par millions dans tous les boulevard d’Algérie pour défendre leur dignité ne vont pas se laisser faire. Les mobilisations pacifiques  de ces deux dernières semaines peuvent facilement basculer. La candidature de Abdelaziz Bouteflika peut mettre le feu au pays. Elle jette de l’huile sur les flammes. Le pire est à craindre.

S’obstiner à garder au pouvoir un homme alors qu’il n’est plus en mesure de terminer son 4e mandat et confiné au silence depuis sept ans, est perçu comme une déclaration de guerre. Une guerre entre un pouvoir qui a totalement perdu la raison contre un peuple qui a retrouvé en l’espace de quelques jours sa vigueur et son souffle.

Dans un élan inédit de mobilisation citoyenne, les Algériens ont décrété la rupture avec un système politique incarné par des dirigeants qui ont manifestement tournés le dos à l’angoisse qui saisit tout le pays. Mais cette rupture sereine risque d’être précipitée dans l’incontrôlable et écourter le printemps algérien né depuis l’historique journée du 22 février 2019. *HACEN OUALI – elwatan- lundi 04 mars 2019

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Que peut bien signifier cette proposition de mandat avec une date de péremption anticipée ? Qu’est-ce qui peut à ce point aveugler le pouvoir pour lui faire commettre un aussi extravagant attentat contre le bon sens ?

Est-il à ce point vital, pour on ne sait plus qui, que Bouteflika meure Président, même si ça devait coûter la décomposition et la porte des enfers à tout le pays ? S’il est loisible de prendre la vente concomitante que propose Bouteflika comme le signe que le mur de la suffisance se lézarde au sommet, la substance de ce qui est avancée ne s’éloigne pas beaucoup de ce que le pouvoir s’est employé durant des mois à essayer de faire passer. Une prolongation de règne, un sursis, qu’importent les artifices : report des élections, conférence nationale, et maintenant un surréaliste quinquennat de deux ans…

Que peut-on donc mijoter de si important et d’inatteignable au commun des mortels, pour assumer aussi mortellement d’opposer l’autisme et la provocation à tous les Algériens ? On aurait cherché à dynamiter le pays et l’ouvrir aux quatre vents de la déstabilisation, on n’aurait pas trouvé meilleur allié et exécutant que ces laborantins du système. Mais il ne sert plus à grand-chose de chercher des explications rationnelles à l’attitude du «cercle présidentiel», tant la rue reprend le pouvoir de décision.

Ce qui se trame ou se bricole dans le secret du cœur du pouvoir, et quelles que soient les suites de ce qui se déroule en ce moment dans le pays, restera un scandale dont les Algériens sauront certainement se souvenir. Non seulement on refuse de les écouter et ignore superbement ce qu’ils ont été des millions à revendiquer, on les soumet de plus au sadisme de multiplier les tours de sorcelleries politiques, pour arranger les affaires d’un groupe et peut-être bien pour les pousser à l’irréparable.

Toute cette bonne foi, ce pacifisme, ces hymnes à la paix et à la fraternité, ces défilés d’hommes et de femmes, leurs enfants sur les épaules… ne suffisent pas à émouvoir et convaincre un sommet de plus en plus isolé des réalités et des angoisses du pays, et par là même de plus en plus dangereux. Le noyau dur du pouvoir s’est une fois pour toutes bunkerisé et maladivement recroquevillé sur la nécessité décidément impénétrable de sauvegarder un groupe d’hommes qui peuvent se compter sur les doigts de la main et servis par des légions de stipendiaires formés aux plus viles et condamnables loyautés.

Le tout nouveau directeur de campagne du candidat Bouteflika, jusque-là ministre transparent du gouvernement, revendique le recueil de près de 6 millions de signatures au profit du Président sortant. Un chiffre qui fait supposer que l’on a pu recueillir, enregistrer et valider quelque 300 000 parrainages de citoyens par jour depuis le 10 février dernier, jour de déclaration officielle de candidature de Bouteflika.

Ce qui n’est raisonnablement pas dans les cordes techniques de l’administration, même si elle devait carburer jour et nuit au service exclusif de la procédure. Un chiffre que l’on a voulu certainement opposer aux foules d’Algériens sortis dans la rue ces derniers temps pour faire croire à une autre Algérie qui défilerait, elle, dans les couloirs de l’administration, pour faire réélire ce Président toujours alité à Genève.

Plus rien de raisonnable, encore moins de responsable, n’est à attendre de coteries qui savent sans doute avoir tout perdu. Tout le défi aujourd’hui est de faire en sorte que la chute du pouvoir tant décrié n’entraîne pas celle du pays.* MOURAD SLIMANI  -  elwatan- mardi 05 mars 2019

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Malade ou fugitif ?

*Le candidat Abdelaziz Bouteflika n’était pas à Alger, hier. Aucune voix officielle n’a annoncé son retour de Genève où il se soigne depuis le dimanche 24 février. Ce n’est donc pas lui qui s’est rendu au Conseil constitutionnel pour déposer son dossier de candidature, mais son directeur de campagne, désigné moins de 24 heures auparavant. Il y a incontestablement quelque chose de surréaliste dans cette candidature. Si l’on peut, à l’extrême limite, admettre qu’il ne fasse pas le déplacement chez Belaïz,  en revanche, on ne peut raisonnablement concevoir qu’un prétendant à la haute fonction de l’État soit carrément absent du pays le jour où sa candidature doit être formalisée et actée. D’ailleurs, il faut bien se demander pourquoi il n’est pas rentré de Suisse.
Ce n’est certainement pas à cause de contrôles médicaux qu’il n’aurait pas fini d’effectuer. La durée de ces derniers ne saurait être aléatoire. Sûrement que, avant qu’il ne décide de se rendre à Genève, il s’est informé auprès de ses médecins traitants du temps qu’il faudra pour son check-up. Aussi, s’il a choisi de se faire hospitaliser une semaine avant la date limite de dépôt des candidatures — tout en sachant que ces examens médicaux dureront plus d’une semaine —, il est permis de conclure à une absence du pays calculée et dont il restera à déterminer le pourquoi. Car Bouteflika aurait bien pu choisir un tout autre moment pour faire ses contrôles médicaux, de sorte à se trouver dans le pays le jour du dépôt de son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. D’autant que c’est lui-même, en tant que chef de l’État, qui a arrêté et fixé le calendrier électoral.
L’éthique politique exige qu’il se montre, du fait que l’on ne peut solliciter les suffrages d’un peuple pour lequel on se rend invisible et à qui on ne parle pas. Cela ne s’est produit nulle part ailleurs de par le monde. Son attitude pose des questions : a-t-il fait exprès de se trouver ailleurs pour s’éviter un déplacement pénible au Conseil constitutionnel, sachant que l’image, dans laquelle il était apparu en 2014, l’a plus desservi que servi ? Ou s’est-il offert cette escapade pour fuir la pression de la rue qu’il aurait pressentie, tant est que le déclin de sa popularité est devenu si évident ? Mais il se peut aussi que Bouteflika ne se soit pas déplacé en Suisse pour des contrôles médicaux, comme annoncé officiellement par la présidence de la République. Une aggravation de son état de santé pourrait, en effet, en être la cause. Cette hypothèse est aussi plausible.* par Sofiane Aït Iflis - Liberté-  lundi 04 mars 2019

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“Le système s’est piégé avec le 5e mandat”

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Le sociologue Nacer Djabi

Si les Algériens n’avaient pas réagi, ils auraient cautionné une candidature aux conséquences désastreuses sur le pays, a expliqué l’invité du Forum de “Liberté”, qui estime que le soulèvement populaire a mis le système à genoux.

Pour le sociologue et chercheur universitaire Nacer Djabi, invité hier du Forum de Liberté, l’acharnement de l’aréopage de commis de l’État, d’hommes d’affaires et de dirigeants d’organisations de masse, qui gravitent autour de M. Bouteflika, à le maintenir à la plus haute fonction dans la hiérarchie institutionnelle malgré son âge avancé et surtout sa maladie invalidante, a servi de détonateur à un changement inespéré dans le pays. “Nous pensions que l’Algérie faisait exception (par rapport au printemps arabe, ndlr) ; qu’elle était incapable de revendications politiques à cause du trauma de dix années de terrorisme. Nous assistons au réveil d’un peuple qui a accumulé trop d’humiliations et qui a fait beaucoup de concessions au régime en place. Il ne pouvait pas supporter davantage”, a expliqué le conférencier, méthodiquement. De son point de vue, la révolte des Algériens contre un système politique qui a confisqué insidieusement leurs libertés et leur souveraineté ressemble aux mouvements des mineurs, qui s’enclenchent de manière inattendue et surprenante. “On ne le voyait pas venir”, a-t-il sous-entendu. Il a estimé, dès lors, que “la candidature du chef de l’État à l’élection présidentielle a piégé autant la rue que le système”. Le soulèvement populaire a mis le cercle des alliés devant un choix cornélien : s’accrocher contre vents et marées à un projet périlleux ou abandonner rapidement et perdre les acquis et les privilèges accumulés en deux décennies. “Il faut s’attendre à de grandes dissidences au sein de l’UGTA et dans les partis de l’Alliance présidentielle”, a prédit Nacer Djabi. Les défections fissurent déjà le Forum des chefs d’entreprise. La Centrale syndicale, tout comme le FLN, le RND et leurs deux alliés TAJ et MPA commencent à prendre l’eau de toutes parts. Le sociologue a identifié le point fort de la mobilisation citoyenne dans ses aspects pacifiques et civilisationnels. “Il y a eu une méprise sur les capacités des Algériens à manifester de façon pacifique et civilisée. Pourtant, les manifestants ont fait preuve d’un haut degré de civisme et de bonne éducation”, a-t-il relevé, citant l’exemple des jeunes qui nettoient les rues après les marches. “Nous avons cassé l’image d’un peuple violent”, a-t-il commenté, précisant que, jusque-là, “les citoyens ont plutôt adopté une forme de violence expressive, sans intention de faire du mal”. Évoquant le message du président de la République le jour du dépôt de son dossier de candidature au Conseil constitutionnel par son directeur de campagne, l’universitaire a souligné que le pouvoir continue à user de malice pour durer. “Le Président veut rester aux commandes du pays à vie. Il n’a pas de projet.” De son point de vue, il relèverait de la crédulité de croire en la sincérité de ses offres. “Ce que le Président n’a pas réalisé en vingt ans, il ne pourra certainement pas le faire en une année. La conférence nationale inclusive qu’il propose est un guet-apens. Ce n’est pas une solution”, a-t-il jugé.*Liberté-  mardi 05 mars 2019

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LE RCD RÉAGIT À LA LETTRE DE BOUTEFLIKA

«C’est une insulte de plus»

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Le rassemblement pour la culture et la démocratie considère que «la lettre lue par le directeur de campagne du chef de l’Etat, spoliant l’opposition de son projet pour mieux le pervertir résonne comme une insulte de plus, une insulte de trop à l’intelligence collective du peuple algérien». 

Dans un communiqué rendu ce lundi public, le RCD estime en effet que «l’opération de dépôt des dossiers de candidatures à l’élection du 18 avril a fini d’avilir l’ensemble des institutions officielles».

Il relève que «le viol de la constitution perpétré par la candidature illégale du chef de l’Etat est doublé d’un dépassement des procédures formelles exigées par le conseil constitutionnel».

Le RCD cite l’exemple d’«un général à la retraite délègue sa signature à son ‘’coordonnateur’’ de campagne ouvrant la voie à un candidat officiel impotent et hospitalisé à l’étranger depuis une semaine».

Aussi, «un hurluberlu, mystificateur de la jeunesse, délègue son homonyme pour déposer des signatures collectées sur son nom. Les Algériens sont humiliés.  Aucun peuple, aucun groupe social, aucune personne ne peut accepter de supporter autant de mépris». 

En ces heures critiques, graves et pourtant pleines d’espoir, poursuit le parti de Mohcine Belabbas, «le RCD en appelle à l’ensemble des forces politiques et sociales conscientes des enjeux et soucieuses d’offrir au pays les issues qui redonnent au peuple le libre choix de son destin».

Il s’agit, conclut-t-il, «de nous hisser au-delà des affiliations claniques, des tentations de carrières et des calculs opportunistes pour être à la mesure de l’extraordinaire élan de dignité et de témoignage de solidarité que nous prodigue notre jeunesse». *Liberté-  lundi 04 mars 2019

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IL SE RETIRE DU PROCESSUS ÉLECTORAL

Mokrane Aït Larbi se sépare d’Al Ghediri

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Mokrane Aït Larbi a annoncé ce mercredi sa décision de séparer du candidat Ali Ghediri, après «une longue discussion» avec le concerné.

«Depuis quelques jours, il est évident que le pays vit une situation révolutionnaire pacifique, sans précédant dans sa longue histoire, avec comme unique guide : le peuple. Cette phase historique ne peut réaliser la rupture par la voie électorale, dont la fraude a déjà commencé au sein du Conseil constitutionnel, et devant l’opinion nationale et internationale», a-t-il soutenu dans une déclaration parvenue à notre rédaction.

Il explique, à cet effet, que «face à cette situation, et après une longue discussion avec Ali Ghediri, nous sommes parvenus à la conclusion que dans cette situation de crise aigüe, il appartenait à chacun de nous de se déterminer en fonction de ses convictions personnelles», ajoutant que «quelle que soit la position qu’adoptera Ali Ghediri, je la respecterai».

Pour sa part, il annonce avoir «décidé d’être en phase avec les revendications populaires, qui s’opposent au 5e mandat et au système dans sa globalité».

«J’ai décidé de me retirer du processus électoral prévu en cours, pour continuer à activer, parmi les Algériennes et les Algériens en lutte, au service de notre pays», a-t-il tranché.

Rédaction Web – liberté- mercredi 06 mars 2019

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TOUT EN APPELANT À LA POURSUITE DES MANIFESTATIONS

Le FFS retire ses parlementaires des «institutions du régime»

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Le Front des forces socialistes a décidé ce mercredi du «retrait de ses parlementaires des institutions du régime, illégitimes et impopulaires, pour lutter au côté du peuple sur le terrain».

«La voix du peuple a résonné dans tout le pays pour exiger le changement du système autoritaire et liberticide, qui gouverne le pays depuis l’indépendance nationale, et pour revendiquer le libre exercice de son droit légitime à l’autodétermination» a relevé le FFS dans une longue déclaration parvenue à notre rédaction.

Pour cette raison, il lance «un appel à toutes les composantes de la société pour poursuivre les manifestations de façon pacifique jusqu’à l’aboutissement du combat de plusieurs générations pour une Algérie libre et démocratique».* liberté- mercredi 06 mars 2019

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Le bâtonnat de Constantine décide d’une grève illimitée dans les tribunaux

Le bâtonnat de Constantine décide de passer à une nouvelle étape dans la contestation de la candidature de Bouteflika pour un 5eme mandat. Il décide de geler ses activités dans les tribunaux de sa juridiction jusqu’à nouvel ordre. “Non au 5eme mandat, non à la violation de la constitution et des lois de la république,…” c’est ainsi, que le bâtonnat de Constantine, qui englobe les wilayas de Constantine, Jijel, Skikda et Mila, justifie son action, une première dans l’histoire de la justice algérienne.*elwatan- lundi 04 mars 2019

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Marches historiques dans toute l’Algérie : «Partez !»

 Dès 13h, quelques dizaines de manifestants ont commencé à arriver au niveau de la place du 1er Mai. Les policiers ont bloqué plusieurs axes menant à la placette. Pour tenter de disperser les premiers arrivants, ils ont fait usage de gaz lacrymogènes.

Ils étaient des dizaines de milliers de manifestants à marcher, hier, dans les rues de la capitale pour rejeter le 5e mandat de l’actuel chef d’Etat, Abdelaziz Bouteflika. Venus de plusieurs quartiers d’Alger et des localités limitrophes, les contestataires ont tenté une nouvelle fois de marcher jusqu’au palais d’El Mouradia. Les policiers antiémeute ont usé de grenades lacrymogènes au niveau des quartiers de Télemly et de la rue Didouche Mourad, les deux artères empruntées par les manifestants pour rejoindre le siège de la Présidence. Les échauffourées ont duré plusieurs quarts d’heure. Entre temps, au fur et à mesure que certains manifestants, notamment les plus âgés, les femmes et ceux venus accompagnés de leurs enfants, quittaient les lieux, d’autres arrivaient.

La police charge les manifestants dès leur arrivée

Dès 13h, quelques dizaines de manifestants ont commencé à arriver au niveau de la place du 1er Mai. Les policiers ont bloqué plusieurs axes menant à la placette. Pour tenter de disperser ces premiers arrivés, ils ont fait usage de gaz lacrymogène. Avec les cris «Pas de 5emandat, Bouteflika», les manifestants résistent. Quelques-uns d’entre eux sont arrêtés. Evitant toute confrontation avec les policiers, les contestataires cherchent d’autres accès. L’objectif étant de rejoindre la rue Hassiba Ben Bouali.

A 14h, c’est-à-dire dès la fin de la prière du vendredi, des centaines de jeunes rejoignaient les lieux. Peu à peu, le flux devient énorme. Certains «barrages» sautent. La foule rejoint finalement ce boulevard. En une fraction de seconde, toute la rue Hassiba est occupée, depuis l’hôpital Mustapha jusqu’à la fin du boulevard Amirouche. Hier, de nouveaux slogans sont apparus. La «rue» a tenu à répondre au Premier ministre, Ahmed Ouyahia. «L’Algérie n’est pas la Syrie», scandaient les manifestants. Le chef du RND avait déclaré, la veille au siège de l’APN, que la «révolte en Syrie avait également commencé avec des roses».

De temps à autre, des manifestants rendaient hommage aux harraga morts en mer. «Les harraga, Paix à leur âme. Démunis, l’Etat les a assassinés», criaient-ils. La marche était beaucoup plus compacte que celle de vendredi 22 février. Il était difficile d’avancer. «Pas de 5e mandat, enfants de la France», criaient aussi les manifestants. Des youyous étaient lancés par des femmes depuis leurs balcons. D’autres jetaient des bouteilles d’eau en direction des manifestants. La communion était totale.

«Doucement, doucement, El Mouradia»

Au niveau de la Grande Poste, des jeunes ont commencé à crier «Doucement, doucement, El Mouradia». Empruntant la rue Pasteur, les manifestants, qui, au passage se sont majoritairement tus devant la clinique des Grands Brûlés, n’ont pas voulu passer par la rue du Docteur Saadane pour aller vers le Palais du gouvernement. Ils l’ont fait la semaine passée. L’objectif hier était de rejoindre directement le palais d’El Mouradia. Ils ont emprunté le tunnel des facultés.

A la sortie, la foule s’est divisée en deux. Le boulevard Mohammed V et la rue Didouche Mourad étaient entièrement occupés. Beaucoup de manifestants filmaient la manifestation. «Jamais une marche n’a drainé autant de monde», disait un manifestant au téléphone. Quelques personnalités politiques apparaissent de temps à autre. Des militants de partis politiques sont également là. «Je suis un militant du FFS et je suis là en tant que citoyen», nous dira l’un d’eux. Personne ne veut être accusé de vouloir récupérer.

D’ailleurs, la mission paraît ardue. Les manifestants s’en tiennent aux slogans habituels rejetant le 5e mandat, même si de temps à autre il y a les attaques contre Ouyahia, le FLN ou le fameux slogan «Le peuple veut faire tomber le système». La marche avance difficilement au vu du nombre impressionnant de manifestants. Un peu plus haut que l’église du Sacré-Cœur, des manifestants, notamment des femmes et ceux qui étaient accompagnés de leurs enfants, rebroussaient chemin. L’odeur de lacrymogène commençait à arriver. La fumée de ce gaz était visible dans le ciel. Des jeunes ayant traversé le jardin de la Liberté depuis Télemly nous ont affirmé que la police les a «chargés» au niveau de la rue Krim Belkacem. Comme pour la semaine dernière, les autorités ne veulent pas laisser la foule arriver au palais d’El Mouradia.

La même chose sur Didouche Mourad. Les manifestants, dont la majorité refusaient de s’«accrocher» avec les policiers antiémeute, pour confirmer le caractère pacifique de la marche, redescendent. «Le plus important c’est de marcher et d’exprimer notre position. Il ne sert à rien d’aller vers la Présidence», disait l’un d’eux en direction des jeunes qui voulaient poursuivre la marche. Si le plus gros des manifestants a commencé à quitter les lieux, d’autres sont restés pour tenter de forcer l’accès vers la Présidence. Des échauffourées ont par conséquent éclaté. Mais au-delà de cette fin de journée, il faut dire que la capitale, où les marches sont interdites depuis 2011, a vécu aujourd’hui l’une de ses plus importantes manifestations de rue.

– Des affrontements près de la présidence

Les affrontements, qui ont éclaté sur les axes menant vers la présidence de la République, notamment près de l’Ecole des beaux-arts, ont duré quelques dizaines de minutes. Si la majorité des manifestants a commencé à quitter les lieux, à partir de 16h, certains , quelques dizaines, tentaient toujours de parvenir au palais d’El Mouradia. La police antiémeute a fait usage de plusieurs grenades lacrymogènes pour tenter de les disperser. Les gaz ont atteint tous les quartiers limitrophes. Plusieurs blessés sont apparemment à dénombrer.

Des informations font même état de quelques cas graves, mais rien n’a pu être confirmé hier en début de soirée. «Ils ont lancé une grenade à bout portant. Elle m’a frôlé. Un jeune a été touché par une autre», nous a indiqué un manifestant. Entre-temps, d’autres affrontements ont éclaté au niveau de la place du 1er Mai où des manifestants voulaient entamer une autre marche. Là encore, des policiers ont lancé des grenades lacrymogènes auxquelles ont riposté des jeunes par des jets de pierres. Les affrontements ont duré quelques quarts d’heures avant que le calme revienne peu à peu. *ABDELGHANI AICHOUN - elwatan- samedi 02 mars 2019

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Une ambiance festive pour une journée historique

 ****Une marée humaine s’est déversée hier sur les rues d’Alger, criant d’une seule voix «Non au 5e mandat !», «L’Algérie est une République, pas un royaume !». Ils ont marché durant des heures sans se soucier du dispositif de sécurité déployé dès la matinée, ni du vrombissement des hélicoptères qui survolaient la capitale. Alger a vécu une journée historique.

Dès la mi-journée, des dizaines de jeunes hissaient l’emblème national et brandissaient des banderoles et des pancartes portant des slogans : «Non au 5e mandat», «Le peuple ne veut ni Bouteflika ni Said»,  «Libérez le pays de la bande», «Système dégage» «Ouyahia,  l’Algérie n’est pas la Syrie». Les policiers dépêchés en très grand nombre dès la matinée  tentent de les disperser pour libérer la chaussée, mais en vain. Les premiers tirs de lacrymogène se font entendre.

La foule recule. Pas pour longtemps. Quelques minutes après, elle revient avec les mêmes slogans. Les policiers s’énervent. Ils chargent une seconde fois, sous les applaudissements des manifestants qui scandent : «Le peuple et les policiers khawa khawa (des frères).»Le climat commence à être tendu. Il est 13h passées. Au fur et à mesure d’importants groupes de jeunes rejoignent la place du 1er Mai, sous les coups de sifflets. Ils chantent en chœur : «Ya Bouteflika pas de 5e mandat, ramenez les brigades d’intervention et les forces spéciales.» La foule devient imposante. Elle franchit subitement le cordon de policiers et rejoint une autre foule qui était amassée de l’autre côté de la Place. La marée humaine s’ébranle vers le boulevard Hassiba Ben Bouali.

Dépassés, les policiers se mettent des deux côtés dde la chaussée pour laisser les manifestants marcher. Femmes, enfants, jeunes et moins jeunes, côte à côte, criant haut et fort leur colère. A partir des balcons, des youyous se font entendre et des drapeaux sont étendus. Les habitants d’Alger ne sont pas restés en marge de cette grande manifestation. La troisième après celle du 22 février dernier, celle des étudiants le 26 février, et celle des citoyens le 24 février. «Je me sent concernée. C’est l’avenir de notre pays qui se joue aujourd’hui. Ces jeunes sont magnifiques. Je suis fière d’être algérienne»,  déclare Ourida, une quinquagénaire, médecin qui habite à Aïn Benian, à l’ouest de la capitale. Enveloppée d’un drapeau, qu’elle embrasse tout le temps, elle distribue aux manifestants des bouteilles de vinaigre qu’elle a ramenés dans son sac.

La foule longe le boulevard Hassiba Ben Bouali, sous les youyous et les chants patriotiques, puis arrive à la Grande Poste, où une masse compacte de personnes chante en chœur : «Le peuple veut faire tomber le régime de la bande», «Ouyahia regarde comment les jeunes sont civilisés», «Les Algérois ne mangent pas du cachir» (en référence aux sandwichs servis à la Coupole aux partisans du 5e mandat). La jonction entre les deux marées humaines se fait sur fond d’acclamations. Des dizaines de milliers de citoyens prennent le chemin de l’avenue Pasteur, alors qu’une foule immense remonte le boulevard Didouche Mourad. Parallèlement, la marée humaine continue sa marche. Des bouteilles d’eau sont lancées des balcons aux manifestants. Entre les habitants et les jeunes en colère, une magnifique synergie s’est opérée.

Mohamed est un non-voyant, l’emblème sur les épaules, la canne à la main, il se fraie un chemin. «Je suis venu de Zéralda. Je n’ai pas peur. Je voulais venir et être là pour mon pays. Je ne vois rien, mais ce que j’entends me donne la chair de poule», nous dit-il. Un peu plu loin, au milieu de la foule, Aïssa, sa femme et ses deux filles ne se soucient même pas de l’odeur suffocante du gaz lacrymogène. «N’aie pas peur», lance-t-il à sa fille adolescente. «Notre pays a été arrosé par le sang des martyrs, quoi qu’ils fassent, il retombera sur ses pieds. Il faut être au côté de notre peuple. C’est fini, la peur a été vaincue», dit-il tout haut, en mettant des grands mouchoirs imbibés de vinaigre sur le nez de ses deux filles.

La grande marche continue. Nous arrivons à la place Audin, où une imposante foule avait pris d’assaut les lieux. Impossible de faire un mouvement ou d’accélérer le pas. Les manifestants remontent vers le boulevard Mohammed V, avec les mêmes slogans et la même ambiance festive. Les sons des sifflets et des  acclamations étouffent le vrombissement des hélicoptères qui survolent la ville. Les policiers se sont totalement effacés. Ils sont dépassés par la marée humaine. La marche se poursuit jusqu’au boulevard Télémly, où des milliers de personnes sont déjà sur place. Des citoyens distribuent de l’eau à tout le monde, d’autres ramassent les bouteilles vides des trottoirs. L’odeur des gaz lacrymogènes s’intensifie.

Le premier groupe de manifestants atteint les Beaux- Arts, où un dispositif impressionnant de policiers les attend. L’objectif est d’atteindre le palais de la Présidence. Certains manifestants tentent une percée, mais les policiers tirent à coup de gaz lacrymogène. La foule recule, le temps de se remettre, puis revient. Elle reçoit d’autres charges. Le climat est tendu. Des voix demandent aux jeunes de rebrousser chemin. Certains répondent à l’appel, d’autres maintiennent la pression sur les policiers. Une heure après, les manifestants rebroussent chemin et reprennent le boulevard Didouche Mourad avec les mêmes slogans et les mêmes chants. Les épiceries sont assaillies par les jeunes à la recherche du vinaigre et de l’eau, devenus introuvables sur les grandes artères.

La foule revient vers la Grande Poste, puis vers Hassiba Ben Bouali, avant de s’agglutiner à la Place du 1er Mai. Certains ne veulent pas quitter les lieux, poussant les policiers à les disperser à coups de gaz lacrymogène. Il est 17h, les rues d’Alger sont assaillies par des milliers de personnes errant dans tous les sens, alors que la circulation automobile est totalement paralysée. 18h30, des groupes de jeunes étaient toujours à la place du 1er  Mai. La deuxième marche du vendredi contre le 5e mandat a été une réussite grâce à ces dizaines de milliers de manifestants mais aussi au sang-froid des policier.* SALIMA TLEMCANI  -  elwatan- samedi 02 mars 2019

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         La deuxième République en marche

S’il fallait un mobile implacable pour signer la condamnation à mort définitive du régime et pas seulement le rejet populaire du 5e mandat qui est désormais dépassé après les manifestations nationales grandioses du 22 février et d’hier, il est fourni opportunément au dossier d’accusation, à la veille de la marche du 1er mars, par deux «figures» symboliques du système : le directeur de campagne de Bouteflika et ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le patron du FCE ( Forum des chefs d’entreprise) Ali Haddad.

Les fuites de la conversation (non démenties officiellement) entre ces deux proches du cercle présidentiel qui ont fait le buzz sur la Toile et choqué par la violence des propos et le mépris affiché pour les Algériens ont révélé, pour ceux qui en doutaient encore, la face hideuse, prédatrice du système bâti sur le complot dans le dos du peuple qu’on prétend représenter et contre lequel des parties influentes, à l’intérieur de ce système, ont démontré qu’elles sont capables du pire, y compris un bain de sang, pour se maintenir au pouvoir. Il reste à espérer que ces forces de nuisance, ces va-t-en-guerre en uniforme ou en col blanc, prêts à sortir les «clashs» contre le peuple, selon les propos gravissimes de Sellal, soient minoritaires et neutralisés par les forces saines qui doivent certainement exister à l’intérieur du pouvoir.

Les conditions exemptes de violence policière dans lesquelles s’est déroulée la marche d’hier qui succède à une semaine de manifestations populaires ininterrompues à travers tout le pays et qui se sont déroulées de manière pacifique et avec une grande retenue du côté des forces de sécurité, en dehors de quelques excès sans gravité, laissent penser que «le pouvoir réel» a opté pour la solution politique, plutôt que le recours à la force pour résoudre la grave crise de confiance du pouvoir que vit le pays. Comparativement aux événements d’Octobre 88, où l’armée avait eu la gâchette facile en tirant dans le tas sur les émeutiers faisant, selon les statistiques officielles, quelque 500 victimes, il faut admettre qu’il y a eu, jusqu’à présent, une certaine «gestion démocratique» des manifestations qui a permis à la contestation de se dérouler dans le calme et la fraternisation entre les citoyens et les forces de sécurité.

Avec la démonstration de force d’hier, qui a tenu le pari de mobiliser des millions d’Algériens à travers l’ensemble du pays, dont Alger littéralement assiégée par les manifestants affluant des quartiers périphériques, mais aussi de la banlieue algéroise, les décideurs sont désormais sommés de revoir leur feuille de route politique à la lumière du message fort d’hier, en proposant une alternative à l’impasse politique et institutionnelle dans laquelle s’est fourvoyé le pouvoir en s’embarquant dans cette histoire de 5e mandat.

Une alternative qui ne saurait ignorer la volonté populaire exprimée par le formidable mouvement d’autodétermination d’hier. La réponse aux revendications de la rue ne peut provenir, à l’évidence, ni du gouvernement qui est de fait disqualifié et dépassé par l’ampleur du mouvement et la nature des réformes exigées, ni d’un quelconque cabinet noir, encore moins d’un Président malade et absent du pays. Les regards sont tournés vers l’institution militaire et son chef d’état-major, le général de corps d’armée Gaïd Salah, qui est de fait et de juré interpellé pour sécuriser non plus le scrutin qui est devenu un non-sens dans les conditions actuelles, mais la nation contre les dangers sur la stabilité du pays nés des tentatives de putsch constitutionnel et des manœuvres de confiscation du pouvoir contre la volonté populaire. *OMAR BERBICHE -  elwatan- samedi 02 mars 2019

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Seconde indépendance

Quelle belle journée du 1er mars à travers tout le pays : le cri d’un peuple qui n’en veut plus, qui n’en peut plus ni du 5e mandat de Bouteflika, ni de l’autoritarisme ! Des milliers, des centaines de milliers, sans doute des millions d’Algériens ont déferlé dans les rues de la capitale et des autres villes du pays pour crier leur colère et se faire enfin entendre par ceux qui se sont érigés depuis 1962 en «véritables tuteurs du peuple» et décider à sa place ce qui est bon pour lui ou ce qui ne l’est pas, et par la même de leurs «héritiers», peu glorieux qui, dans une danse du ventre effrénée autour d’un régime en fin de règne, s’entêtent à vouloir maintenir un système moribond, dont il est la dernière incarnation, il faut l’espérer.

Hier, à la vue de ces milliers et centaines de milliers de jeunes, de moins jeunes, de femmes, de familles accompagnées de leur progéniture, arborant fièrement les couleurs nationales, converger vers les places des Martyrs, du 1er Mai ou de la Grande Poste, marchant pacifiquement et faisant preuve d’une maturité responsable, beaucoup ont eu l’agréable sensation, le sentiment de vivre une seconde indépendance des Algériens, leur affranchissement de l’autoritarisme ravageur, destructeur, tueur d’espérance dans l’avenir…

Un sursaut dans la dignité après de dures épreuves, parfois sanglantes et tragiques, comme le fut la décennie noire, les répressions successives de toute tentative d’expression démocratique ou d’organisation indépendante en dehors des circuits officiels et enfin d’interdits renouvelés depuis une vingtaine d’années, comme celui de ne pouvoir manifester dans la capitale.

Une deuxième journée de manifestations pacifiques et responsables, baignées d’une maturité politique inédite de ces millions d’Algériens qui ont administré un cinglant démenti aux propos irresponsables de «responsables», à l’instar d’Ahmed Ouyahia, prédisant le chaos, la «guerre civile comme en Syrie» à tous ceux qui ne veulent plus du 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika. «Des pyromanes, avions-nous écrit, frappés d’un autisme politique sidérant qui les a rendus totalement sourds et aveugles aux attentes des millions de leurs concitoyens.»

Hier, au cours de la seconde journée de protestation, une maturité politique était perceptible dans le moindre comportement des manifestants qui ont, de manière remarquable et inédite, répondu aux jets de gaz lacrymogènes des policiers par des applaudissements d’ensemble pour montrer le pacifisme qui les animait et dont ils étaient décidés à faire preuve jusqu’au dernier moment. «Sylmia» (Pacifique), repris par des millions de voix, et ces mères de famille exhortant des jeunes à ne pas faire preuve d’agressivité contre les agents de sécurité.

Rarement un tel comportement a été observé, que ce soit chez nous ou à l’étranger, et où des chants de supporters que l’on n’entendait que dans les stades ont été «détournés» par des millions de jeunes pour scander des mots d’ordre éminemment politiques, comme le rejet du 5e mandat ou le plaidoyer pour une «Algérie libre et démocratique». Hier, les Algériens ont crié leur colère, leur mécontentement et leur aspiration à une nouvelle ère de justice, de démocratie. Seront-ils enfin entendus ?

*RÉDA BEKKAT -  elwatan- samedi 02 mars 2019

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Grandiose démonstration des citoyens à Oran

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Si les propos du Premier ministre, devant l’APN, et ceux dans la même logique, des figures politiques soutenant le 5e mandat, devaient servir à faire peur et à dissuader les Algériens et Algériennes de sortir, il n’en fut rien.

Ce vendredi à Oran, la population, dans toutes ses composantes, a manifesté, sortant en grand nombre dans les rues de la ville, avant même la fin de la prière. Et pour cause, dans plusieurs mosquées, des incidents ont presque  eu lieu lorsque des imams, dans leurs prêches, tenteront de dissuader les fidèles de sortir évoquant les risques s’ils investissent la rue.
La colère s’empare de nombre d’entre eux qui, en réponse aux imams quitteront tout simplement la mosquée. Ainsi dès 13h affluaient déjà à la place du 1er-Novembre les premiers manifestants, rapidement rejoints par des cohortes de jeunes, des familles, des personnes âgées et des femmes, bien plus nombreuses que vendredi dernier. Venant de partout, la place sera pourtant rapidement abandonnée pour l’entame d’une marche impressionnante. Deux plus fois nombreux que le vendredi 22 février, les manifestants s’emparent littéralement de la ville, des carrés se formant sur les principales artères, les drapeaux aux couleurs nationales de toutes tailles sont brandis à bout de bras, tandis que  d’autres manifestants se sont drapés dans le même emblème national. Des pancartes brandies dénoncent le 5e mandat, mais sur d’autres apparaissent, de plus en plus nombreux, des slogans demandant tout simplement le départ du régime en place, signe d’une évolution dans ce mouvement populaire. Il faut dire que pour cette seconde marche de la dignité, du refus du 5e mandat, des appels avaient été lancés pour rejoindre la population, par des universitaires,   des étudiants, des syndicats autonomes, et des partis ayant un noyau de militants à Oran. Les slogans seront repris par des milliers de voix, couvrant le bruit des hélicoptères dans le ciel oranais. Et la palme revient au chef du gouvernement : “Ouyahia dégage”, “Ouyahia assassin”, des milliers de voix étaient à l’unisson avec les autres slogans fétiches comme “FLN dégage”, “Pouvoir assassin”, “Armée et peuple frère”, “Le peuple ne veut pas de Bouteflika et de Saïd”, “L’Algérie une république pas une monarchie”, résonneront de partout pendant des heures. Pendant que des milliers de manifestants arrivaient au siège de la wilaya, d’autres faisaient face au siège de la radio et de la télévision en criant “Où est la presse ?”. Pour mesurer l’ampleur de la marche en plus des manifestants massés devant la wilaya faisant face aux brigades antiémeutes, des centaines d’autres en étaient encore à marcher partant de la place du 1er-Novembre et la rue Larbi-Ben M’hidi. Sur le front de mer l’on se serait cru le jour de l’indépendance. Jusque tard dans l’après-midi, Oran résonnait encore des cris des marcheurs. Beaucoup durant la marche se sont donné rendez vous pour le 3 mars pour une autre mobilisation.Par LOUKIL DLiberté - samedi 02 mars 2019

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À Alger et dans tout le pays des centaines de milliers de citoyens ont manifesté dans le calme

La leçon de la mobilisation pacifique

 La mobilisation était au rendez-vous et l’esprit citoyen aussi. «Ce n’est pas une fitna, c’est l’éveil citoyen !», «Rendez-nous l’Algérie !», ont écrit certains manifestants sur des pancartes brandies par des protestataires contre le 5e mandat du président Bouteflika à Alger.

Une leçon de maturité ! Les Algériens donnent, massivement et dans tout les pays, une réponse sans appel à ceux qui prédisent le pire des scénarios dans le cas où le peuple investit la rue. Ce peuple confirme, une fois de plus, sa capacité de manifester pacifiquement. C’était le cas, hier à Alger.

Des centaines de milliers de manifestants, venus des quatre coins de la capitale, ont déferlé sur les places et principaux boulevards. La mobilisation était au rendez-vous et l’esprit citoyen aussi. «Ce n’est pas une fitna, c’est l’éveil citoyen !», «Rendez-nous l’Algérie !», ont écrit certains manifestants sur des pancartes brandies par des protestataires contre le 5emandat du président Bouteflika à Alger. Jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, ils étaient, en effet, des centaines de milliers à répondre favorablement aux appels lancés la veille pour préserver le caractère pacifique de la manifestation.

Et tout s’est bien déroulé presque jusqu’à la fin de la fin de la journée. Les marches au niveau de la capitale ont commencé peu avant 14h, heure fixée pour l’entame des manifestations dans le pays. A la place du 1er Mai, les premiers manifestants, chargés par les forces de l’ordre, ont tout fait pour éviter l’affrontement. «Silmaya ! Silmaya !» (Pacifique ! Pacifique), lançaient-ils à l’adresse des policiers antiémeute qui ont fait déjà usage des gaz lacrymogènes pour les disperser. Mais avec l’arrivée des foules plus nombreuses de manifestants, les choses sont vite rentrées dans l’ordre.

Les manifestants, scandant en chœur des slogans hostiles au 5e mandat et au pouvoir, ont contourné les cordons de sécurité pour entamer une imposante marche sur le boulevard Hassiba Ben Bouali. «Ya Ouyahia, Dzaîr machi Suria !» (Ouyahia, l’Algérie n’est pas la Syrie), «Echaab, la yourid Bouteflika wa Saïd» (Le peuple ne veut ni de Bouteflika ni de Saïd)», scandent-ils tout au long du boulevard qui mène vers la Grande poste, point de ralliement de tous les manifestants venus aussi de la place des Martyrs et d’autres quartiers de l’ouest d’Alger.

Tout au long du parcours de cette marche, les manifestants ont fait preuve d’un comportement exemplaire en appelant tout le temps à préserver le caractère pacifique de la mobilisation. De passage devant les agents de maintien de l’ordre postés sur les trottoirs, ils n’ont pas hésiter à les saluer. Des poignées de main ont été échangées entre policiers et manifestants qui ont scandé aussi des slogans témoignant de la communion entre les différentes franges de la société.

Poignées de main entre manifestants et policiers

«Poulicya ntouma khawatna» (Policiers, vous êtes nos frères), lancent-ils, en continuant de déferler. Même ambiance au niveau de la place Audin et la Grande Poste. Regroupés, les manifestants décident de marcher encore sur le palais d’El Mouradia, en empruntant le boulevard Mohamed V et la rue Didouche Mourad.

La foule est stoppée à hauteur du boulevard des Martyrs par un impressionnant dispositif policier qui a fait usage de bombes lacrymogènes. Selon des témoins sur place, il y a eu des blessés parmi les manifestants dus essentiellement aux bousculades. La mobilisation pacifique été, malheureusement, entachée par quelques scènes de violence dans certains quartiers d’Alger en fin de journée. *MADJID MAKEDHI -   elwatan- samedi 02 mars 2019

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DÉMISSIONS EN CASCADE AU FCE

Le navire Ali Haddad sombre

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Coup de théâtre au Forum des chefs d’entreprises. Après le retrait du PDG du groupe Sogemetal, Mohamed-Arezki Aberkane, tel que annoncé dans l’édition de ce samedi de Liberté, c’est au tour  du PDG de l’Alliance Assurances, Hassen Khelihfati,  de claquer la porte du FCE.

Mais le coup de grâce est venu de Mohamed Laïd Benamor, qui a annoncé, dans un communiqué rendu public, en fin d’après-midi, le gel de ses cotisations et sa démission du poste de vice-président du FCE.

«Je souhaite par la présente lette vous signifier le gel de ma cotisation au Forum des Chefs d’Entreprise, et de la même façon, mon souhait de démissionner de ma fonction de vice-président. Si notre association, devenue syndicat, a joué par le passé un rôle essentiel pour mener nos entreprises et notre économie vers de meilleurs lendemains, je me désole aujourd’hui de la voir s’éloigner de sa base.Je fus un partisan de la continuité. Non la continuité pour elle-même, par idéologie ou dogme, mais parce qu’en tant qu’industriel, je reste convaincu que relever le défi de la diversification réclame de la stabilité. Mais relever ce défi réclame aussi l’adhésion du peuple. Le faire à rebours du désir de nos concitoyens est une ineptie. Un non-sens. C’est la négation de nos valeurs et de notre histoire», a-t-il fait savoir.

Mohamed Laïd Benamor précise également que «ma démission est à effet immédiat».

A signaler que ces démissions interviennent  trois jours  après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une conversation téléphonique « compromettante»  entre Abdelmalek Sellal, limogé ce samedi de son poste de directeur de campagne du candidat sortant Abdelaziz Bouteflika,  et le Président du FCE, Ali Haddad.*Liberté - samedi 02 mars 2019

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Des étudiants et des lycéens manifestent à travers tout le pays

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Des dizaines de milliers d’étudiants ont manifesté, mardi matin 26 février 2019, dans plusieurs wilayas du pays, contre un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

Les étudiants de plusieurs facultés d’Alger, d’Oran, ainsi que des universités de Skikda, de Constantine, de Béjaïa, de Tizi Ouzou, de Bouira, de Moumerdes, pour ne citer que ceux-là, ont observé, dans un premier temps, un rassemblement à l’intérieur des campus avant d’investir carrément la rue.

Dans plusieurs régions du pays, des citoyens de passage ont rejoint spontanément les manifestations des étudiants.

Des lycéens sont également sortis manifester dans la rue à Oran, portant des banderoles et scandant des slogans hostiles à la reconduction d’Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays.

Les services de l’ordre ne sont pas intervenus, pour empêcher les marches.*médias divers -mardi 26 février 2019

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*Des étudiants manifestent à Oran

Manifestation Des lycéens à Oran

شاهد قصيدة رائعة ضد العهدة الخامسة شاهد لحمك يشوك

*les avocats et les magistrats disent non

* Manifestation des étudiants à Constantine

مسيرة حاشدة لطلبة جامعة بن عكنون ضد العهدة الخامسة

*Zoubida Assoul -interview

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       Quand le peuple s’éveille

*Aux chantres de la servilité qui diraient de lui qu’il était “immunisé” contre toute forme de révolte en raison de ce qu’il a dû endurer comme violences pendant la décennie rouge des années 90, le peuple algérien, comme un seul homme, s’est levé pour dire halte à un énième affront qu’on veut lui faire subir.
Certes, feignant de ne pas entendre les clameurs de la liberté provenant de la rue, les tenants du pouvoir continuent à se montrer autistes à ce qui se passe dans la société et semblent maintenir leur agenda politique au risque d’envenimer encore plus la situation dans le pays. Mais que peuvent-ils contre le mouvement de l’Histoire ? Les marches du 22 février dernier resteront en tout cas longtemps comme le déclic qui a permis à la population de briser le mur de la peur et d’aller de l’avant pour imposer le changement tant espéré depuis des lustres.
C’est le petit peuple qui a donné le “la” et montré le chemin aux élites nationales, jusque-là brimées, marginalisées ou carrément poussées à l’exil. Le peuple algérien a dû boire le calice jusqu’à la lie, vingt années durant. Tous les stratagèmes et tous les moyens possibles et imaginables ont été employés par le pouvoir politique pour le dompter. La rente pétrolière qui devait servir à reconstruire une économie nationale exsangue, après une décennie de terrorisme des plus destructeurs, a surtout été utilisée pour acheter la paix sociale et, avec, les consciences.
Mais il a ainsi suffi d’une baisse des recettes pétrolières qui maintenaient sous perfusion un système gangrené par d’innombrables maux, pour que la vérité éclate au grand jour : le roi est nu. La “continuité” brandie par le pouvoir en place et ses valets, pour tenter de durer, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, en ce sens qu’elle a été ressentie par le commun des Algériens comme une atteinte à sa dignité.
Il n’en faudra pas plus pour que les masques tombent et que la rue reprenne ses droits. Les étudiants, dans leur écrasante majorité, ont vite compris le message. Hier, ils ont donné de la voix et répondu, à l’unisson et de la plus belle des manières, à ceux qui veulent pérenniser leur mainmise sur le pays. Ils ont démontré leur maturité en exprimant leurs revendications dans le calme et la sérénité. Ces jeunes, qui constitueront l’élite de demain, ne pouvaient rester sourds à l’appel de leur patrie, meurtrie par une gouvernance désastreuse, et dont les effets ne se sont pas encore tous révélés.*par Hamid Saidani -Liberté -  mercredi 27 février 2019

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La croisée des chemins

*Le pouvoir n’a pas encore formulé une claire réponse au mouvement populaire en développement depuis vendredi dernier. Cette hésitation se lit dans les réactions de ses représentants, disparates dans leur forme, même si elles sont homogènes dans le parti pris de la continuité à tout prix.
De l’arrogant mépris affiché pour “ceux qui veulent allumer la fitna” par Bouchareb à l’hommage rendu par les partis de l’alliance au pacifisme des manifestants en passant par la réponse mesurée d’Ouyahia reconnaissant enfin aux Algériens le droit constitutionnel de manifester et la menace à peine voilée du vice-ministre de la Défense à l’endroit de ceux “qui poussent des égarés vers des sentiers peu sûrs qui ne servent pas l’intérêt du pays et ni son avenir prospère”, la position officielle, même marquée par le rejet de la demande populaire, est faite de nuances, d’improvisations et
d’incohérence.
On peut comprendre que le pouvoir prenne du temps avant de se représenter la nouvelle réalité politique révélée par les marches de 22 février. Par certains aspects caractérisant les manifestations, en particulier la masse, l’ordre, l’intelligibilité du message et la résolution collective aisément perceptible, l’effet de surprise ne pouvait être que total, en effet.
Mais il ne devait pas durer plus que cela, puisque les jours suivants, d’autres événements sont venus confirmer le nouvel
état d’esprit de la société : les rassemblements du dimanche 24, à l’appel de Mouwatana, de même tenue et de même affluence, dans plusieurs villes du pays et à l’étranger, ainsi que les rassemblements historiques des étudiants, hier. Historiques, parce que l’université vient de faire un grand pas dans la réappropriation de sa fonction pionnière, désertée depuis trop longtemps,  d’expression des espérances populaires et des projections
sociétales.
Et il n’y a pas que cela : les journalistes du secteur public ont commencé à réhabiliter leur mission d’information et, fait inédit, des militants du FLN font défection et se rangent dans le mouvement contre le cinquième
mandat !
C’est toujours ainsi que se passe la confrontation entre pouvoir et société quand le désir collectif et irrépressible de changement bute sur l’acharnement d’une dictature. Le personnel politique au pouvoir ne comprend pas que, disposant des instruments de contrôle de l’État et de la société, il doive quand même céder à la volonté d’une masse désobéissante juste parce qu’elle est nombreuse et insistante. Il préfère  s’attarder à vérifier la profondeur de l’onde et la taille de la vague, et à repousser, par tous moyens, le mouvement venu l’évacuer.
Le tâtonnement est une constante du régime. Mais cette fois-ci, l’instant est décisif. Il semble qu’il n’a pas trop le choix entre une tentation répressive hasardeuse et un réalisme politique salutaire.*par Mustapha Hammouche - Liberté -  mercredi 27 février 2019

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La semaine qui ébranle le pouvoir

L’Algérie vit au rythme des journées de mobilisations inédites. Elles ébranlent le pouvoir politique qui pour le moment ne montre pas des signes de panique.

Encore moins un signe d’ouverture. Mais derrière les assurances affichées par les partisans de la «continuité» se dissimule le doute. D’autant que l’issue de ce face-à-face entre le pouvoir et les rues algériennes en effervescence reste incertaine.

Le jeu politique est bousculé et les tenants du pouvoir  sentent la nécessité de revenir à la table de discussion et rebattre les cartes.

Ultime rempart, la contestation se généralise, libère des territoires jusque-là soumis et prend les allures d’une insurrection pacifique décidée à mettre en échec le scénario d’un 5e mandat présidentiel pour Abdelaziz Bouteflika. Et à travers le rejet de cette candidature, pour le moins absurde, c’est tout le système politique en place qui est sommé de partir pour être remplacé par un nouvel ordre démocratique.

Une vieille revendication politique reprise avec force par les grandes mobilisations populaires lancées à partir de l’historique journée 22 février qui marque l’ouverture d’une nouvelle ère dans la marche du pays. Une date qui signe la fin d’un long «silence» national. Le jour où la colère a cessé d’être sourde pour exploser à la figure du pouvoir.

Un pouvoir qui fait face au peuple décidé à en découdre, mais également face à lui-même et ses propres contradictions. Les détenteurs de la décision politique doivent entendre le message qui vient des profondeurs du pays. Ils doivent surtout prendre toute la mesure de l’exaspération d’une société et de son puissant et irrépressible désir de liberté.

Ils ne peuvent lui opposer la sourde oreille ou la surannée méthode de l’écrasement dans le sang. La confrontation directe avec la rue serait une erreur fatale d’abord pour eux. La répression ne peut venir à bout d’un pays qui se soulève.

La raison doit impérativement l’emporter sur l’aveuglement. La raison est d’annuler la candidature de Abdelaziz Bouteflika que tout le monde sait irrationnelle.

A commencer par son entourage immédiat. Ils savent tous au sein du pouvoir avant l’opposition que le statu quo incarné par le maintien de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir est un non-sens politique. Son refus massif par les Algériens est en réalité une opportunité qui leur est donnée pour se ressaisir. Il faut vite saisir cette chance historique.

Une retraite du chef de l’Etat sortant ne saurait être interprétée comme une défaite, mais une victoire et pour tous. La situation dans le pays est déjà extrêmement tendue.

Les Algériens ne veulent pas de sang ni de larmes. Ne pas suivre le sens de l’histoire, c’est pousser vers une radicalisation périlleuse du mouvement de colère qui prend partout.

Si, en effet, des aventuriers –minoritaires – mus par des intérêts étroits poussent vers une direction sans issue, il existe des hommes et des femmes animés par le souci de préserver les intérêts de tous, mais surtout de donner au pays un nouveau cap, celui du développement politique et économique.

Ces derniers sont plus que jamais interpellés. Ils doivent faire corps avec le peuple en mouvement et les patriotes majoritaires dans le pays. Sans ruse ni calculs. Mais avec conviction.

Le puissant cri de vendredi 22 février n’est pas une vague qui est passée ; le prochain est annoncé comme un tsunami que rien ne pourra contenir. La sortie massive des étudiants, hier, partout dans le pays, qui vient muscler la contestation sonne comme une répétition générale.

A huit ans d’intervalle du printemps tunisien, l’Algérie avec son propre rythme veut aussi voir s’ouvrir devant elle les portes du XXIe siècle.

Il est urgent de tirer les leçons d’abord de l’impasse nationale, et ensuite de ce qui a violemment secoué la région Afrique du Nord et Moyen-Orient depuis huit ans maintenant, pour ne pas refaire la même histoire avec les mêmes erreurs.

*HACEN OUALI - elwatan-  mercredi 27 février 2019

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ILS DÉNONCENT LA DÉSINFORMATION ET LA CENSURE

Les journalistes de l’ENTV ont tenu leur rassemblement

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Photo : Hayet Rahmani
 Plusieurs journalistes de la télévision nationale se sont rassemblés, aujourd’hui mercredi, au siège central de l’EPTV, pour dénoncer la censure et le traitement médiatique réservé aux manifestations contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

«Mon métier est d’informer et non pas désinformer», «les journalistes sont les enfants du peuple, on veut transmettre la voix du peuple » peut-on lire sur les différentes pancartes hissées par les journalistes, qui scandaient plusieurs slogans : «la presse libre et démocratique», «barakat, barakat !», ou encore « nous sommes des journalistes, pas des ‘’Chiyatines’’».

Les journalistes de la télévision nationale avaient également adressé une lettre à leur directeur général, Toufik Khelladi,  pour exprimer leur refus d’être «l’outil utilisé pour dissimuler ou tronquer l’information».

Pour rappel, ce rassemblement survient après la mise de leur confrère, Sid Ali Hadadou, en congé forcé, par la direction de l’ENTV, «en guise de représailles» contre des positions hostiles au cinquième mandat qu’il aurait exprimées sur sa page facebook. *Par Sihem Benmalek -  Liberté -  mercredi 27 février 2019

***Les journalistes de la Radio nationale

Faisant suite à une pétition signée par plus de 100 journalistes, un rassemblement a été organisé hier en début d’après-midi, au siège de la Radio nationale, pour dénoncer la “pratique de la censure” imposée dans les rédactions des différentes chaînes, quant à la couverture médiatique des marches organisées contre le 5e mandat. En effet, environ une soixantaine de professionnels de la Radio nationale se sont rassemblés pour réclamer la neutralité dans le traitement de l’information, qu’il s’agisse des activités de l’Alliance présidentielle ou de celles de l’opposition. Cette action de protestation a été ponctuée par un sit-in de près de trois quarts d’heure. Ils ont crié haut et fort leur indignation face à cette décision de la hiérarchie de faire l’impasse sur les grandes manifestations nationales du
22 février dernier. Les journalistes ont scandé des slogans défendant leur mission de service public, en réitérant qu’ils ne sont pas des “journalistes étatiques”.
“Barakat, barakat la censure”, “Idhaâ horra démokratia” (la Radio est libre et démocratique) ou encore “Ahna machi chiatine” (nous ne sommes pas des lèche-bottes), ont crié des reporters des Chaînes 1, 2, 3 et de la Radio internationale (RAI), qui affirment leur détermination à défendre leur devoir d’informer tous les Algériens en toute objectivité. D’ailleurs, des citoyens de passage au boulevard des Martyrs n’ont pas manqué de marquer une halte pour suivre derrière les barreaux de clôture le rassemblement inattendu des animateurs de la Radio pour comprendre l’objet de cette manifestation. “Ils subissent certainement des pressions dans l’exercice de leur métier”, lancera un sexagénaire. Les professionnels du média public regroupés à l’entrée du préau donnant accès aux studios mythiques de la Radio ont arboré des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres : “Nous sommes des journalistes de service public”, “Nous sommes des patriotes”, “La Radio algérienne appartient à tous les Algériens”. Les protestataires ont dénoncé, à travers ces slogans et bien d’autres, les pressions qu’ils subissent. Vers 14h30, les protestataires ont commencé à se disperser pour rejoindre leurs studios respectifs et préparer le flash info de 15h et de 16h, afin de rediffuser les rassemblements des étudiants organisés hier, puisque la Radio a répercuté, pour la première fois, dans le journal de 12h30, les sit-in des universitaires. Un journaliste nous a pris à témoin à l’extérieur du siège de la Radio pour rappeler l’objectif assigné à cette première action de protestation contre la Direction générale. “Nous nous sommes rassemblés aujourd’hui pour dire stop à la censure imposée par la hiérarchie et faire entendre notre doléance et sauvegarder notre dignité. Nous ne sommes ni pour ni contre le 5e mandat. Nous sommes tout simplement des journalistes neutres, nous assurons une mission de service public”, précisera un reporter.*Par Hanafi Hattou - Liberté -  mercredi 27 février 2019

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Amnesty dénonce la répression des manifestants

Amnesty International a dénoncé, hier, dans son rapport régional annuel consacré à l’impunité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena) en 2018, la répression des manifestants et l’interdiction d’organiser des marches en Algérie pour protester contre le 5e mandat pour le président sortant Bouteflika. Évoquant les manifestations massives qui se déroulent depuis le 22 février dernier contre le 5e mandat du président Bouteflika, cette ONG a indiqué que “les autorités maintiennent une interdiction de facto sur les manifestations dans la capitale et ont, parfois, recours à une force excessive pour disperser les rassemblements pacifiques dans le pays”.

Pour Amnesty International, l’impunité et la répression continuent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord où les gouvernements ont multiplié les violations des droits humains. Déplorant “l’effrayante complaisance de la communauté internationale”, l’ONG relève que “la répression des acteurs de la société civile et des opposants politiques a augmenté de manière significative en Égypte, en Iran et en Arabie saoudite (…) À travers la région, les autorités ont recours aux détentions arbitraires et à la force excessive contre les manifestants”, d’une part, et dénonce les “impitoyables campagnes de répression”, d’autre part, non sans souligner “l’indifférence du monde à l’égard des violations des droits humains commises dans la région et qui favorise les atrocités et l’impunité”. Par ailleurs, l’ONG dit être “très inquiète” quant à la situation qui prévaut au Maroc, notamment sur les volets des libertés d’expression et d’association, les conditions de jugement, ainsi que les répressions à l’encontre des personnes migrantes et réfugiées. À ce propos, ladite ONG a tiré la sonnette d’alarme sur la situation au Maroc où les manifestations pacifiques sont interdites et réprimées, où les procès inéquitables sont devenus monnaie courante, souvent suivies de détentions arbitraires de personnes.

En pointant du doigt les abus des autorités, Amnesty estime que la répression est devenue une constante dans la région du Maghreb. “Les autorités ont interdit des manifestations et/ou bloqué les activités d’associations
de la société civile ou d’organisations politiques en Afrique du Nord, notamment en Algérie, en Égypte et au Maroc”, insiste encore Amnesty International. Le rapport de cette ONG est la troisième réaction internationale après celle de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et du président tunisien Béji Caïd Essebsi, par rapport aux manifestations en Algérie où des centaines de milliers de citoyens, d’avocats, d’étudiants et de lycéens contestent ouvertement le 5e mandat pour le président sortant Bouteflika. En revanche, l’ONG note quelques avancées qui font office de “lueurs d’espoir” comme l’entrée en vigueur dans les pays du Maghreb de législations “visant à combattre la violence contre les femmes”.*Par Farid BELGACEM -  Liberté -  mercredi 27 février 2019

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* Les Algériens se réveillent 

Les grands médias occidentaux évoquent les manifestations en Algérie

Plusieurs grands médias internationaux ont évoqué ces derniers jours les manifestations populaires ayant eu lieu à Alger et sur le territoire national.

« Huit ans après le Printemps arabe, certains Algériens semblent être pour une autre révolution », affirme le média américain Bloomberg dans un commentaire publié ce lundi 25 février. « Mais les dernières manifestations diffèrent de celles de 2011. Durant le Printemps arabe, les manifestations dans la région demandaient un changement radical. A Alger durant le weekend, les chants étaient spécifiques ‘’pas de cinquième mandat’’ », avance Bloomberg.

« L’Algérie se réveille », affirme quant à lui le journal français Le Monde dans un éditorial publié hier lundi. « L’Algérie, restée à l’écart des ‘’printemps arabes’’, n’est pas un pays comme les autres et ce réveil n’en est que plus significatif. Les rues d’Alger n’avaient pas vu ce type de contestation depuis près de vingt ans », indique Le Monde. Au sujet de la candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat, le journal français estime que « cette fois-ci, c’est la candidature de trop. L’incapacité de M. Bouteflika à exercer ses fonctions est devenue trop évidente ».

« Si la contestation prend de l’ampleur, le pouvoir va être placé devant un choix historique », considère le Monde. « Il peut tenter d’écraser le mouvement et maintenir la candidature du président Bouteflika, comme si de rien n’était. La répression peut en effet venir à bout de cette protestation pour l’instant pacifique et ordonné », avance le journal. « Mais le silence forcé des Algériens ne serait alors que provisoire. La frustration et la colère accueilleraient inévitablement l’annonce de la victoire du président invisible, dont le cinquième mandat se présenterait sous de très mauvais auspices », écrit Le Monde.

« Peut-être le clan au pouvoir n’a-t-il pas encore pris la mesure de la frustration des Algériens. La mise en œuvre de scénarios de transition pacifique s’impose pourtant de manière urgente », estime Le Monde, concluant qu’il « faut, enfin, penser l’après-Bouteflika ».

Le journal américain The Washington Post a quant à lui également consacré un article aux manifestations en Algérie. « Ces manifestations sont la conséquence de la propre action du régime », estime le Washington Post. « Le pouvoir a voulu conserver l’unité interne et avait de bonnes raisons de le faire. En 1988, des divisions croissantes entre les camps rivaux du régime avaient ouvert une boîte de Pandore menant à des manifestations de masse, à un processus de démocratisation tumultueux, à la perte temporaire du pouvoir du régime, à un coup d’État et à une guerre civile qui a duré une décennie », explique le journal américain.

« Pour éviter un scénario similaire, le régime a privilégié l’unité interne et a décidé que Bouteflika éviterait les divisions, en dépit de son état de santé connu. Même si cela semblait être l’option la plus sûre, les décideurs n’ont pas prévu cette réaction du public », affirme le WaPo.

« Les manifestations ne sont pas nécessairement anti-régime. Même si ces facteurs sont efficaces lors de la mise en place du mouvement, les revendications directes ne concernent pas le pain, la liberté, la justice sociale ou même des élections propres. ‘’Le peuple veut la chute du régime’’ n’est pas le slogan central, comme c’était le cas lors des manifestations régionales en 2011 », estime le journal américain, qui considère que « la plupart des manifestants auraient été satisfaits avec un autre candidat » que Bouteflika.

« Les manifestants ne chantent aucun des candidats de l’opposition. Ils s’opposent principalement à un président dont la santé le rend inapte à remplir un cinquième mandat”, affirme le journal américain. « Si le régime décide de placer un autre candidat de consensus qui ne soit pas un personnage controversé, nous ne verrions probablement plus de telles protestations », estime le Washington Post.* Par: Yacine Babouche – TSA - mardi 26 février 2019

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Les commentaires de la presse française face à la rue algérienne qui gronde

Depuis hier, on remarque un intérêt accru des médias français sur ce qui se passe en Algérie avec un angle quelque peu anachronique.

Les medias ont commencé à s’emparer hier de la révolte qui gronde en Algérie. Alors que les avocats sont entrés dans le mouvement lundi et surtout les étudiants hier, le sujet est monté d’un cran, avec toujours la lancinante question du devenir de ce soulèvement et de ses conséquences, non pas seulement en Algérie mais en France où l’actualité algérienne rebondit nécessairement. Sous l’angle de la crainte de débordement jusqu’en France en cas de répression.

Ainsi l’historien Benjamin Stora au micro de la matinale de France Inter : « Face aux électionsen Algérie, le président Macron est soumis à un équation impossible entre, d’une part, être dans un mouvement démocratique de soutien à la jeunesse algérienne, qui serait peut-être sa tentation naturelle, (…) (et d’autre part) la question du terrorisme (…), et la question de la guerre au Mali, dans laquelle la France est engagée ».

Pour lui, ce qui explique les silences du pouvoir qui cachent de réelles inquiétudes (lire hier notre page France actu) c’est qu’ « une déstabilisation de l’Algérie ouvrirait la voie à une sorte d’inconnue politique. Ce qui, par conséquent, se traduit par des hésitations, des silences et des observations très précises. »

Quant au ministère des Affaires étrangères sur son site, il écrit : « En cas de manifestation, il est rappelé qu’il convient de se tenir à l’écart des cortèges et rassemblements de foule et de suivre les consignes de sécurité des autorités locales et l’ensemble des recommandations de ce site ».

La quotidien Libération ouvrait hier sa Une sur « ALGÉRIE L’ÉTINCELLE » sur une photo d’un manifestant recouvert du drapeau algérien dont seule la couleur verte apparaît. Subliminal renvoi à au vert de l’islam et donc des islamistes ? Ne serait-ce pas quelque peu anachronique ?

Le directeur de la publication Laurent Joffrin écrit dans son édito au sujet du président Bouteflika : « Ses partisans voient en lui une garantie de stabilité: stabilité parfaite, en effet, puisque le Président est muet et immobile, telle une figure du musée Grévin. Du coup, la jeunesse algérienne se rebelle. Un nouveau printemps arabe? En quelque sorte, même si les effectifs des manifestations restent très inférieurs à ceux observés ailleurs en 2011. Avec plusieurs difficultés en sus. Beaucoup d’Algériens, les plus âgés en tout cas, gardent le souvenir cruel de la guerre civile des années 90 qui a ravagé le pays. Dans un pays déjà islamisé par la collusion entre généraux et barbus, on a peur d’une nouvelle tentative islamiste, qui plongerait le pays dans la guerre ou dans une tyrannie encore plus impérieuse que l’actuelle ».

Dans le même journal, le journaliste Alain Auffray commente l’information de L’Obs qui a fait le tour du monde médiatique. Il revient sur le voyage du président Macron à Alger en décembre 2017. « Emmanuel Macron avait pu vérifier que le franchissement de la Méditerranée restait l’une des principales préoccupations des jeunes Algériens ». En conférence de presse il avait résumé sa pensée : «J’ai vu ce matin trop de jeunes qui m’ont simplement demandé un visa, un visa ce n’est pas un projet de vie»».

Pour le quotidien Aujourd’hui en France -Le Parisien  « le pouvoir redoute les conséquences d’une déstabilisation de ce pays ». « Les relations entre les deux pays sont aussi passionnelles que compliquées, les deux nations sont littéralement imbriquées l’une dans l’autre.

Une déstabilisation de l’Algérie, plus grand pays africain et, surtout, l’une des toutes premières puissances militaires du continent, aurait forcément de graves conséquences en France. (…) Un Etat déstabilisé, ou, pis, aux mains d’un régime hostile serait donc une grave menace pour l’Hexagone, et d’ailleurs toute la région ».

L’Humanité préfère rappeler l’impatience des Algériens « traumatisés par l’ouverture démocratique avortée qui avait suivi le soulèvement de 1988 et par la guerre intérieure des années 1990, les Algériens observaient avec déiance, depuis 2011, les processus incertains, voire chaotiques, initiés chez leurs voisins. Sans cesser pour autant de protester et d’exiger des droits dans des mobilisations très localisées, circonscrites à des revendications précises (emploi, logements, salaires, etc.). On dénombrait ainsi, en 2016, plus de 10 000 émeutes ».

Dans la presse quotidienne régionale, aucune manchette ne traite de l’Algérie à la Une. Sauf le quotidien communiste La Marseillaise qui titre : « 800 000 manifestants dans la rue/ Un printemps algérien en train de renaître. »

L’affaire de la plainte sur l’assassinat des moines de Tibhirine reste ouverte

Enfin hier Le Figaro parle aussi de l’Algérie mais vu sous l’affaire des assassinats des moines de Tibhirine en 1996. Le sujet est de savoir si le dossier d’instruction suivi par la juge Nathalie Poux sera clôturé ou pas. « Patrick Baudouin, l’avocat des familles des moines ne décolère pas face à l’éventualité d’une clôture possible de l’un des dossiers les plus poignants de l’histoire du terrorisme international. Le 14 février, la juge d’instruction a reçu les familles des victimes. Lors de cette troisième rencontre depuis le début des investigations, la magistrate aurait affirmé devant la quarantaine de ces proches qu’il faudrait bien, un jour ou l’autre, terminer le dossier »« Cela a bien sûr inquiété les familles, mais à la question que j’ai posée à ce sujet, Nathalie Poux a été très rassurante. Elle nous a bien dit qu’il n’était pas question de terminer ou de clôturer le dossier dans l’immédiat ».

Pour l’avocat d’autres éléments ont été mis au dossier. Pour lui, « ils renforcent les doutes sur la thèse officielle avancée à l’époque par Alger, concernant la date officielle de l’assassinat, le 21 mai 1996, par des islamistes du GIA, en pleine guerre civile. Le rapport affirmait alors comme ‘‘plausible’’ l’hypothèse de décès survenus bien avant la date officielle de leur mort ».

*WALID MEBAREK -  elwatan-  mercredi 27 février 2019

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La rue a voté

Les représentants du pouvoir qui continuent à déclarer que c’est l’urne qui va trancher, le 18 avril prochain, ont dépassé le stade du mensonge et de l’autisme, ils affichent une totale irresponsabilité et finissent par jouer le rôle des «aventuriers» qu’ils ont toujours dénoncés et fustigés.

La rue a parlé et a rendu son verdict. La population a déjà voté et exprimé son rejet d’un 5emandat et toute reproduction ou maintien du régime en place. Le monde entier a entendu ce cri, se peut-il qu’il ne le soit pas dans les centres de décision et à quelques centaines de mètres des manifestations ?

En moins d’une semaine, la population a prouvé que l’aventure est entretenue au sein du régime et non dans la rue, et que la menace du chaos est brandie par les tenants du pouvoir. Ces derniers étalent leur incompétence qui, à ce moment de l’histoire, devient hautement dangereuse.

Quand ils préviennent contre la sortie des écoliers dans la rue, ce sont les étudiants de toutes les universités du pays qui battent le pavé pour dire ce qu’ils pensent du pouvoir et du processus électoral en cours. Des corporations professionnelles lancent également leur appel à la mobilisation et rejoindront sans doute les marches prévues ces prochains jours.

Le Premier ministre qui professait, lors du calme qui précédait la tempête, qu’il n’y a pas de «place tahrir» pour accueillir les opposants au régime, a le loisir de s’apercevoir aujourd’hui qu’il y en a mille à travers le pays. Et, pour un ancien Premier ministre devenu directeur de campagne, il ne reste plus que les yeux pour pleurer devant ce qui s’est passé à Khenchela au premier jour de la révolte populaire.

C’est, par contre, dans la joie et la confiance retrouvée que les citoyens crient leur désir de changement, réclamant leur droit et assumant leur devoir de s’ingérer dans les affaires de leur pays. L’annonce d’un 5e mandat était une négation de la conscience nationale, l’abstraction de toute notion de citoyenneté, un défi à une société que l’on voulait contraindre à accepter le sort du régime, celui de l’échec et de la déchéance.

On la croyait morte ou anesthésiée, la société revit et impose son rythme dans des villes et des rues longtemps considérées comme zones interdites sous divers prétextes. A présent, il n’y a aucun argument à opposer, ni épouvantail à agiter, en dehors des risques qu’induirait la fuite en avant au sein du pouvoir.

Il est vain de rendre suspects ou de disqualifier les «appels anonymes» à une époque en pleine mutation, où l’expression immédiate et spontanée est diffusée et partagée beaucoup plus vite que les prises de position structurées et organiques, largement dépassées par les événements. Une évolution qui prend de court des organisations politiques bien établies, lesquelles annoncent humblement que leur «comité central» décidera selon les derniers développements dans la rue.

Il est significatif également que l’acteur politique qui mobilise plus les foules lors de ses déplacements est précisément celui qui a en premier expérimenté l’activité numérisée et diffusée en temps réel. Si l’option du changement est déjà «votée», les termes de la transition seront à la charge des partis qui ont, en dépit du long règne de l’autoritarisme, construit la conscience politique dans le pays. Dans les manifestations, ce sont leurs mots d’ordre qui ont éclos.

*DJAFFAR TAMANI -   elwatan-  mercredi 27 février 2019

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