3.Météo politique 1
**Il bafoue le principe de neutralité de l’armée
Grave dérive de Gaïd Salah
Le message de «soutien» adressé par le vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, à Amar Saadani, à l’occasion du congrès du FLN, mêle dangereusement l’institution militaire aux enjeux partisans. La classe politique nationale est unanime à y voir, au-delà du lourd discrédit que l’initiative porte à l’armée, une dérive porteuse de grands périls pour la nation au moment où doit s’amorcer le débat sur l’avenir politique immédiat du pays.
Une violation de la Constitution. Une grave atteinte au principe sacré qui impose une neutralité intangible de l’armée. Le chef d’état-major fait assumer à l’armée nationale un rôle qui est loin d’être le sien en apportant un soutien net au secrétaire général de l’ex-parti unique. Le général-major Ahmed Gaïd Salah a adressé une lettre au FLN au lendemain de son 10e congrès, dans laquelle il décrète que le parti dirigé par Saadani est «la première force politique du pays».
Dans ce document révélé par Le Soir d’Algérie dans son édition d’hier, le chef d’état-major assure qu’«il est nul besoin de prouver que le parti du Front de libération nationale demeure, au regard du capital révolutionnaire et historique ainsi que sa large base populaire qui brasse toutes les couches de la société et toutes les catégories d’âge, la première force politique du pays et c’est incontestable».
Le chef d’état-major qui, depuis la campagne pour le quatrième mandat de Bouteflika, ne cesse d’affirmer «la distance» de l’Armée nationale populaire vis-à-vis de la politique et qu’«elle se consacre exclusivement à ses missions constitutionnelles», vient ainsi de consacrer dans les faits l’exact contraire de cette proclamation. Il s’exprime sur l’événement qui concerne seulement la vie interne d’un parti.
Une immixtion flagrante dans la vie politique en consacrant l’ex-parti unique comme seule force politique du pays, excluant de fait les autres forces politiques et sociales. «Le FLN demeure aussi, comme aucune autre force, cette mémoire qui préserve l’histoire de notre glorieuse nation avec ses épopées, ses gloires et ses incommensurables sacrifices», assume-t-il. Au regard du chef d’état-major, seul l’ex-parti unique incarne la mémoire et la conscience de la Révolution et son héritage. Une faute politique qui ne sera pas sans conséquence sur la vie politique nationale.
Cette prise de position aussi surprenante qu’inquiétante provoquera, sans nul doute, une division périlleuse dans la société autour d’une armée nationale qui n’a pas vocation à être au service d’un parti et encore moins d’un clan. Le risque de créer un schisme au sein des forces armées peut devenir réel. L’unité des rangs en prend assurément un sérieux coup, alors que les forces de l’armée sont déployées sur le terrain pour combattre le terrorisme.
Les fortes réactions de l’opinion témoignent du choc suscité par la fameuse lettre de Gaïd Salah à Saadani. Si l’on porte atteinte à l’armée, le pays est en danger, donc c’est une trahison», avait mis en garde l’ancien général Hocine Benhadid à la veille du scrutin présidentiel de 2014. Ce faisant, Gaïd Salah fait courir le risque de provoquer des dissensions au sein de l’institution militaire au moment même où les appels à construire «un front interne» pour faire face aux menaces sécuritaires aux frontières se multiplient.
Allégeance à la patrie ou au parti ?
Visiblement, le vieux général a opté pour son propre «front». Entre la patrie et le parti, il semble avoir fait son choix. Il vient de faire allégeance à un parti, à un clan, en enrôlant dangereusement l’Armée nationale populaire dans les luttes de pouvoir. Un précédent grave.
Faut-il rappeler à ce titre les avertissements de Mouloud Hamrouche lors de la «guerre» qui avait accompagné la reconduction de Bouteflika au palais d’El Mouradia : «Jusqu’à quand l’encadrement de nos forces de défense, de sécurité resteront soumises, à chaque échéance présidentielle et à caque changement de responsables, à d’intolérables pressions, interrogations et examens de conscience?»
Dans la bouche d’un ancien officier de l’armée, la sentence est implacable. Comment Ahmed Gaïd Salah a-t-il osé ce glissement dangereux, lui qui a, encore récemment, rappelé «l’engagement de l’Armée nationale populaire à se maintenir à l’écart de toute sensibilité ou calcul politique» et son «devoir de tenir l’ANP loin des questions qui ne la regardent pas» ? Lui qui, à longueur d’éditoriaux dans la revue El Djeich, met en garde contre les tentatives d’enrôlement de l’institution militaire dans les luttes politiques, confirme, in fine, le rôle prépondérant des chefs militaires dans les grands choix politiques.
Il s’est autorisé lui-même cette intrusion brutale et assumée dans les luttes d’influence en vue d’une succession de plus en plus problématique. S’il est encore tôt pour analyser les tenants et les aboutissants de la sortie du chef d’état-major, il est certain que cette intervention révèle toute l’ampleur de la crise du système du pouvoir. «C’est une prise de position qui renseigne sur l’anarchie qui règne au sommet de l’Etat», commente un ancien haut dirigeant. La bataille de la succession s’annonce de plus en plus compliquée. Avec son soutien «au frère Amar Saadani», le patron de l’état-major en rajoute une couche à l’épais brouillard qui rend difficile une sortie de crise sans dégâts.
La vacance du pouvoir, due à l’incapcité de Bouteflika d’assumer ses fonctions, laisse transparaître des fissurations dans le système, révèle l’ampleur du désastre et lève le voile sur une gouvernance hasardeuse du pays. Les dérapages s’accumulent et rien ne semble empêcher l’irréparable. Malmené en permanence à coups de dérive, l’Etat est fortement menacé dans son existence. *Hacen Ouali/ le 09.06.15 / El Watan
**La neutralité-fiction de l’armée
*Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, a franchi le pas de trop dans la longue liste des implications de l’institution militaire dans les affaires politiques.
La lettre de soutien adressée par le chef d’état-major au secrétaire général du FLN est une grave dérive, car elle fait de l’institution militaire, censée appartenir à tous les Algériens, un instrument de pression politique aux mains d’un seul parti- Etat. En sus de la Présidence et du gouvernement, on offre l’Armée nationale populaire en oblation à un parti politique qui ne représente qu’une frange de la société.
En cette veille de souvenir du coup d’Etat militaire du 19 juin 1965, la lettre émanant des Tagarins tombe comme un coup de massue sur tout espoir de voir l’armée se limiter à ses seules missions constitutionnelles. Cette immixtion franche et directe dans la vie politique n’est rien d’autre qu’un coup de force qui confirme si besoin que la neutralité de l’armée n’est qu’une fiction, un mythe qu’on sert dans les discours et qu’on efface par les faits.
«J’ai souligné plus d’une fois que l’ANP, digne héritière de l’Armée de libération nationale, demeurera garante de la sécurité du pays, préservatrice de son caractère républicain, attachée à ses missions constitutionnelles…tout en veillant à se maintenir à l’écart de toute sensibilité ou calcul politique», c’est ce que disait Gaïd Salah, l’année dernière, à l’Académie de Cherchell. Il avait même insisté sur «la nécessité d’éviter l’implication de l’armée dans les questions qui ne la concernent pas, pour qu’elle puisse se consacrer à ses missions constitutionnelles». Une affirmation qu’il vient de balayer d’une manière éhontée à travers sa présente lettre à Saadani.
Gaïd Salah ainsi que la revue El Djeich ont passé deux années à marteler que l’armée refuse de s’ingérer dans les affaires politiques, et ce, en réponse à des appels émanant d’hommes politiques demandant à l’armée de jouer un rôle dans la transition politique. Dans un des éditoriaux de la revue El Djeich, il était même noté que l’ANP «n’entend guère aider à la promotion politique de ceux qui souhaitent être adoubés par l’armée». Et d’ajouter dans cette même livraison, qu’il convient de «respecter les institutions de l’Etat, à leur tête l’ANP, de préserver sa stabilité, sa cohésion et son unité, de s’abstenir d’essayer de l’impliquer dans les questions politiques qui ne sont pas de sa compétence et de ne pas tenter d’exploiter son attachement à ses missions constitutionnelles dans le but d’écorner la légitimité des institutions de l’Etat».
Qui donc aujourd’hui jette l’ANP en plein dans l’arène politique, si ce n’est son propre chef d’état-major !
La revue El Djeich ou tous les militaires soucieux de maintenir l’ANP dans ses strictes missions tiendront-ils ces mêmes propos à l’adresse de leur chef ? Depuis le coup de force opéré par l’état-major général de 1962 en accaparant des leviers du pouvoir, le poids de l’armée n’a cessé de peser sur les affaires politiques.
L’implication du militaire dans le politique, qui a fait tant de mal à l’Algérie, trouve encore aujourd’hui matière à résonance et risque avec cette sortie des Tagarins de diviser une institution qui a tout intérêt, et pour le bien du pays, à rester soudée. S’il n’est un secret pour personne que les très hauts gradés de l’armée ont de tout temps fait et défait les présidents et distribué les cartes du jeu politique en Algérie, force est de constater qu’avec la lettre de Gaïd Salah, c’est l’armée en tant qu’institution qui est mise au pas de la porte du FLN. Et c’est là que réside le danger d’une telle démarche. Avec les défis sécuritaires qui se posent à l’Algérie au niveau de ses frontières, et les risques de désintégration qui guettent les pays de la région, dire que l’armée est avec le FLN est une atteinte à l’unité nationale. *Nadjia Bouaricha / le 09.06.15 / El Watan
*Jamais l’institution militaire ne s’est immiscée de manière aussi ouverte dans la politique
En écrivant au secrétaire général du FLN, Amar Saadani, et en le félicitant pour le «plébiscite» que lui a accordé le dernier congrès, en glorifiant le FLN, le chef d’état-major assume clairement ses choix, le passif et l’actif de Saadani, sa gestion à la tête du parti, ses prises de position, et donc tout le processus qui a conduit au quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika.
Depuis l’ouverture politique de 1988 arrachée de haute lutte jusqu’à l’inimaginable régression que l’Algérie est en train de vivre, jamais l’institution militaire, même si ce n’est un secret pour personne qu’elle est le pouvoir réel, ne s’est immiscée de manière aussi ouverte dans la politique, en dépit les mises en garde de l’opposition sur les incidences que pourrait impliquer une telle décision.
Désormais, l’on peut s’attendre à tout. Et ces nouvelles mœurs sont annonciatrices d’un plan qui s’inscrit en droite ligne de la succession à la présidence de la République qui se dessine. L’on sait aujourd’hui que la sortie du secrétaire général du FLN qui a brillé, à l’automne 2013, par ses attaques acerbes et des reproches graves contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) et son patron, le général Toufik, sans qu’aucune réaction émane du ministère de la Défense, n’était pas le produit d’un coup de tête. Amar Saadani se savait-il protégé pour s’inscrire dans une opposition aussi engagée à l’encontre du puissant DRS ?
Pour moins que cela, Saâd Bouakba – et, par son truchement, les médias algériens – a eu droit à une violente réplique de la revue El Djeich en réaction à un commentaire écrit par le journaliste que «l’information crédible est celle qui évite les jugements définitifs sur la base de convictions propres ou de visions et de positions personnelles», qu’«il incombe à l’information, quatrième pouvoir, de ne pas s’ingérer dans les prérogatives (des autres pouvoirs) et de les remplacer (…) bien au contraire, il doit les aider, coopérer et coordonner avec eux».
Au défunt Mohamed Mechati – l’un des derniers membres du Groupe des 22 qui ont déclenché la Révolution – qui appelait l’armée à «agir vite», le MDN opposait les arguments de la limite des missions constitutionnelles de l’ANP. Pourquoi alors le chef d’état-major a franchi le pas en apportant sa franche caution au secrétaire général du FLN et à son parti ? Que prépare-t-on, plus d’une année après le quatrième mandat ? Autant de questionnements agités par la lettre adressée par le vice-ministre de la Défense, le général-major Ahmed Gaïd Salah.*Said Rabia/ le 09.06.15 / El Watan
*Réactions/ le 09.06.15 / El Watan
- Noureddine Bahbouh, président de l’UFDS : «L’armée confond le FLN historique et le parti»
Pourquoi entraîner l’institution militaire dans les activités partisanes ? Il s’agit pour nous d’une violation pure et simple de la Constitution. Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, ne cache pas son parti pris pour un parti politique et, apparemment, ne fait pas la différence entre le FLN historique qui appartient à tous les Algériens et le parti politique dirigé par Saadani. Le comportement du responsable de l’institution militaire est scandaleux et insensé.
L’armée est censée représenter, défendre et soutenir toute l’Algérie et tous les Algériens. Cette lettre adressée à Saadani par Gaïd Salah prouve que le pouvoir est aux abois. Il ne se contente pas de mobiliser la société pour se maintenir au pouvoir, mais de rallier également à sa cause l’armée qui doit rester, en dépit de toutes les circonstances, en dehors du champ politique. Ce n’est malheureusement pas le cas…
- Mohamed Douibi, S.G. d’Ennahda : «Gaïd Salah n’est pas à sa première immixtion dans la politque»
En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas étonnés du comportement du premier responsable de l’armée, qui n’en est pas à sa première intervention et implication dans les affaires politiques. En 2012, lors des élections législatives, nous avions manifesté notre mécontentement et nous avons dénoncé une fraude massive en faveur du FLN. Ce parti du pouvoir a pu réaliser son score grâce à l’intervention de l’armée, à sa tête Gaïd Salah. L’armée s’est toujours positionnée auprès du FLN.
- Atmane Mazouz du RCD : «La lettre de Gaïd Salah déshonore l’ANP»
La lettre du vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major de l’Armée nationale populaire au secrétaire général du FLN déshonore l’ANP et discrédite toute l’architecture institutionnelle du pays. Les forces armées doivent être indépendantes du pouvoir politique dans un pays aux institutions illégitimes.
Cette lettre de soumission à l’ordre établi et au diktat d’un pouvoir illégitime vient confirmer la forfaiture institutionnelle dans notre pays. Par son geste, Gaïd Salah agit en parfait membre et obligé d’un clan ; son acte humilie davantage la nation et porte un sérieux discrédit à l’armée. Vouloir associer l’Armée nationale populaire à une poignée de fraudeurs et squatteurs d’un sigle ne peut être dicté que par une lutte acharnée entre les différents prédateurs qui minent les institutions du pays.
Son acte n’est dicté que par la fragilité et la désagrégation d’un clan, poussé jusqu’à compromettre l’unité d’une institution aux missions bien définies par la Constitution. Instrumentaliser l’institution militaire dans les luttes de clans est dangereux et inacceptable. Cette vile implication de l’armée dans le champ politique est un sérieux coup porté à la démocratie et à l’indépendance de cette institution. Au RCD, nous dénonçons et désapprouvons cette mise en service d’un socle commun aux Algériens au profit d’un instrument de dépossession de la volonté populaire qu’est le FLN.
- Abderrazak Makri, président du MSP : «L’armée affiche sa préférence partisane»
A travers cette lettre, l’institution militaire affiche ouvertement et officiellement sa préférence partisane. Cela est anticonstitutionnel et contraire aux règles de la démocratie. Toutefois, cela nous renseigne non seulement sur les arrangements qui s’opèrent en haut lieu, mais également sur la préparation de la prochaine étape et l’état d’embarras dans lequel se trouve le pouvoir.
Si cette lettre est authentique et si son auteur ne fait pas de démenti, celle-ci serait donc une preuve claire et fondamentale que des gens (ou un clan) tentent de pousser l’institution militaire à s’immiscer dans la vie politique. Nous trouvons également inacceptable la confusion faite entre le parti FLN et le FLN de la Révolution. Nous sommes tous les fils de la Révolution. Et le FLN ne représente pas la majorité des Algériens. Ce qu’a fait Gaïd Salah est grave et confirme, en outre, nos craintes quant au scénario qui se trame pour préparer l’après-Bouteflika.
- Soufiane Djilali, président de Jil Jadid : «Il s’agit là d’une sorte de coup d’Etat»
Cette sortie du premier responsable de l’institution militaire s’inscrit dans la continuité de ce qui s’est passé le 17 avril 2014. C’est-à-dire imposer à la nation un homme invalide et impotent pour organiser le coup d’Etat. Aujourd’hui, le jeu commence à se découvrir. Nous avons dénoncé, il y a quelques jours, l’implication de l’armée dans la vie politique et au lieu d’adopter une position neutre, l’institution militaire s’enfonce davantage en affichant clairement son parti pris en faveur d’un parti.
Gaïd Salah, à travers sa lettre, entraîne l’armée dans la vie partisane. Le clan présidentiel est en train de prendre en otage non seulement le pays, mais aussi les institutions dans leur ensemble. Le message de Gaïd Salah à Saadani est une prise de position. Son alignement au secrétaire général du FLN et le soutien affiché clairement sont en quelque sorte un avertissement à l’opposition et aux opposants à Saadani. Le contenu de la lettre de Gaïd Salah doit faire mal à ceux qui ont lutté pour l’indépendance de l’Algérie.
**Le viol permanent de la Constitution
L’histoire de 1962 à aujourd’hui nous enseigne qu’à chaque fois que l’armée a été entraînée dans des jeux politiques, c’est pour cautionner des dérives autoritaires. Fort de l’appui de l’état-major, alors tout-puissant, Ben Bella a installé un pouvoir personnel que Boumediène finit par renverser mais en lui substituant un régime dictatorial encore plus musclé, aidé en cela par l’institution militaire sur laquelle il avait une totale mainmise, notamment sa branche Renseignements.
Chadli ne dérogea pas à la règle, assumant le risque redoutable d’entraîner l’ANP dans une grave aventure : le 8 octobre 1988, elle tira sur la population qui contestait la déliquescence du pouvoir politique. C’est une tache noire qui a commencé quelque peu à s’effacer avant que Bouteflika ne décide, dès son intronisation, d’affaiblir l’armée : il dégomma les officiers ayant joué un rôle historique contre lui, ceux qui se sont opposés à sa succession à Boumediène.
Dans la foulée, il évinça ceux qu il ne considère pas comme totalement acquis. Le vice-ministre actuel du MDN, Gaïd Salah, est un des plus zélés auquel a été dévolu le rôle de parler au nom de toute l’institution pour défendre un clan du FLN par rapport à un autre, évidemment le clan porté par Amar Saadani. Au regard donc de l’histoire, la plupart des anciens Présidents ont commis un crime contre la nation : ils ont dérogé à la règle constitutionnelle sur la neutralité de l’armée, accompagnant cette mise au pas de l’institution militaire par l’instrumentalisation du sigle FLN hérité de la guerre de libération et pour lequel sont morts un million et demi d’Algériens.
Devenu, au fil des ans, un appareil de propagande et de répression des plus sophistiqués, le FLN a couvert le pays d’une lourde chape de plomb. Si Octobre 1988 le remis en cause de manière sanglante, le multipartisme le chassa des sphères du pouvoir. La décennie 1990 fut le seul moment où l’armée retrouva sa vocation en s’opposant frontalement au projet intégriste de destruction de l’Etat républicain et en refusant de s’impliquer dans les jeux politiques permis par le multipartisme.
Bouteflika ressuscita le FLN et le rendit à sa «vocation» de l’après-indépendance : un parti au service du régime en place en contrepartie – et cela tous les anciens Présidents l’ont compris – de largesses matérielles, de postes gouvernementaux et de l’illusion de détenir une parcelle du pouvoir. Fondamentalement, c’est l’instrumentalisation des deux sigles majeurs de l’ANP et du FLN qui a participé à affaiblir l’Algérie au plan de sa construction démocratique. Alors que le premier aurait dû être placé dans un musée (de la Révolution), le second ne pouvait avoir sa place que dans les casernes, loin des travées de la politique.
C’est d’autant plus vital, aujourd’hui, que l’armée a de lourdes tâches de défense du territoire et de la population, menacés par les infiltrations de groupes terroristes, de pratiquement toutes les frontières. Affaiblir aujourd’hui l’armée en l’impliquant dans les guerres politiques de clans, c’est faire le jeu non seulement des terroristes, mais également des forces politiques internes qui freinent les initiatives en faveur d’un changement démocratique. Celui-ci passe par la fin du système politique actuel, source de tous les malheurs du pays et de son retard considérable dans tous les domaines.*Ali Bahmane/ El Watan- Mercredi 10 juin 2015
****Les tenants du pouvoir dévoilent leur stratégie en vue de reprendre les commandes de la vie politique nationale et assurer leur avenir à la tête de l’Etat. Cette stratégie passe, visiblement, par le renforcement de l’appareil politique du pouvoir, le FLN, et son alter ego, le RND.
Une succession d’événements et d’actions, enregistrés ces dernières semaines, confirme la mise en branle de tous les services et institutions de l’Etat pour réaliser l’objectif suprême du clan présidentiel : le parachèvement du plan de la succession. Un précédent grave qui défie la logique et la morale politique.
Il y a moins de dix jours, la présidence de la République et le chef de l’Etat, en instrumentalisant les médias officiels, se sont impliqués directement dans la crise interne au FLN. Pour la première fois depuis l’avènement du pluralisme politique, le Président intervient dans la vie organique à ce parti en apportant le soutien de l’Etat au plus contesté secrétaire général de l’ex-parti unique, Amar Saadani. Et comme ce geste ne suffisait pas pour monter clairement les objectifs des tenants du pouvoir, le clan présidentiel implique directement l’armée dans la joute politique. Un signal fort pour que même le citoyen lambda puisse comprendre le but visé.
En effet, le chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, affiche lui aussi son soutien à «son frère Amar Saadani» qui dirige «la première force politique du pays». Etant un homme-clé du pouvoir actuel et un des artisans du quatrième mandat de Bouteflika, Gaïd Salah n’en est pas à sa première intrusion sur la scène politique.
Au lendemain de la présidentielle d’avril 2014, il a publié un édito dans la revue de l’armée, El Djeich, dans lequel il met en garde, sur un ton menaçant, «toute remise en cause des résultats de ce scrutin». Cette fois, Gaïd Salah laisse tomber le masque et implique sciemment l’institution militaire dans le jeu de clans. C’est un nouvel épisode du scénario, concocté bien avant la validation du quatrième mandat pour accaparer définitivement le pouvoir, qui vient ainsi de se jouer.
Coup de force
Le clan au pouvoir abat ses cartes et dévoile son plan pour désigner, parmi ses membres, un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Il est, semble-t-il, pressé d’agir pour limiter les dégâts de sa déroute confirmée dont les signes sont déjà visibles : bourdes monumentales dans les communiqués de la Présidence qui sont rattrapées maladroitement, manque de solidarité au sein du gouvernement, incapacité de l’Exécutif à imaginer des solutions à la crise économique et financière qui se profile à l’horizon… Autant de signes de faiblesse qui caractérisent les régimes en fin de règne.
C’est face à cette situation que le clan présidentiel décide de laisser tomber les formes en révélant ses intentions, en imposant l’intronisation d’un nouveau gardien du temple. Celui-ci sera soit le frère cadet du président, Saïd Bouteflika, soit un des membres du clan, qui pourrait être l’actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Ce dernier s’est même rappelé, 47 ans après, qu’il était militant du FLN en 1968. Des ministres n’ayant aucun passé militant au sein du FLN ont été recrutés massivement dans le comité central (CC) du vieux parti. Ce réaménagement, qui s’ajoute à celui qui s’effectue actuellement au RND avec le retour annoncé d’Ahmed Ouyahia à sa tête, répond inévitablement à une volonté des tenants du pouvoir de resserrer les rangs en prévision de la prochaine étape.
Ils sentent le besoin d’avoir des partis forts qui soutiendront leurs projets, notamment celui de la révision de la Constitution mis en veille faute de consensus. Ils pourront compter sur ces deux partis pour perpétrer le coup de force qui commencera par la révision de la Constitution et s’achèvera par l’intronisation du successeur de Abdelaziz Bouteflika, dont la maladie et le handicap physique ne lui permettent plus de suivre le rythme des événements. Les dernières séquences de ce scénario seront tournées cet été avec, peut-être, des annonces importantes à l’occasion du 5 juillet…*Madjid Makedhi / le 09.06.15 / El Watan
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*Inquiétude grandissante a l’approche des législatives
L’Algérie à pile ou face
Les partis islamistes, sentant le vent tourner, mettent tout en oeuvre pour rééditer chez nous les coups tunisien, marocain et égyptien.
Le caractère républicain de l’Etat algérien risque de payer les frais du Printemps arabe. D’ailleurs, le MSP de Boudjerra Soltani est en embuscade non seulement pour tenter de remporter un maximum de sièges à l’APN en mai prochain mais aussi pour influer sur la rédaction de la nouvelle Constitution.
Ce seront en effet les institutions élues qui auront la charge d’amender la Loi fondamentale. Les élus de la mouvance islamiste, car il n’y a pas que le MSP en course, feront alors tout ce qui est en leur pouvoir pour imposer leurs choix religieux dans la sphère politique. Un dangereux mélange entre politique et religion risque alors d’exploser et la déflagration a toutes les chances de faire voler en éclats l’édifice institutionnel. La vulnérabilité guette les libertés. Ira-t-on jusqu’à imposer aux partis et associations de suivre, eux aussi, les critères islamiques dans leur action? En politique mais aussi dans le champ économique et dans le domaine social, les bouleversements ne seront pas faits pour plaire à la population qui n’a pas du tout envie de revivre le cauchemar des années 1990 avec son flot de sang et ses milliers de morts. Les citoyens ont ouvert les yeux sur un fait indéniable qui est celui de l’incompatibilité entre Islam et démocratie. Cette conviction pousse les islamistes à changer de tactique. Ils ne se présentent plus comme des moralisateurs intransigeants mais ils tentent d’intégrer des éléments du langage qui font appel à un lexique puisé dans le modèle de pensée laïc. Les islamistes vont même jusqu’à chercher des filles sans hidjab pour les enrôler dans leur rang et donner une image Bcbg auprès des électeurs. Alors point d’hydre islamiste? Ou bien ne s’agit-il là que d’un stratagème afin d’adapter le discours à la conjoncture politique? Les islamistes d’aujourd’hui sont différents sur ce plan de ceux de 1991. Ces derniers affichaient sur les murs d’Alger leur discours haineux au point d’écrire que ceux qui ne votent pas en leur faveur sont exclus du paradis.
Mais si l’on gratte le vernis, les islamistes de toutes les époques apparaissent dans leur réalité objective. Sans fard. Et là que découvre-t-on? Que la place de la femme est au foyer, que la peine de mort est un châtiment commandé par la charia et que les festivals de musique et de cinéma sont des nids de débauche. Le haram partout. Mais devant cet étranglement de la République et l’embrigadement de la société, pointe le projet de livrer l’économie à un libéralisme débridé propice à l’affairisme. Il faut reconnaître que cet arrimage à la mondialisation est aussi fait pour séduire l’Occident.
Il est de bon ton de dire que les islamistes sont proches des pauvres et des franges de la population laisses en bord de route par les privatisations et l’économie de marché, mais au lieu de la justice sociale, c’est la charité qui est proposée, maintenant les citoyens dans une position de sous-hommes.
Il est jusqu’aux arguments théologiques des islamistes qui ne résistent pas à la critique. Si l’on prend en compte le concept de «cité parfaite» (al madina al fadhila, inspiré de la philosophie grecque), exemplaire prolongé par les quatre califes ayant succédé au (Qssse) Prophète de l’Islam, on se rend compte que ce laps de temps d’à peine 20 ans n’est rien comparativement à des siècles de règne de l’empire musulman qui s’est étendu jusqu’aux années 1920. Qu’en est-il de quatre califes en comparaison d’une centaines de maîtres du monde musulman qui se sont succédé jusqu’aux chefs ottomans? Comment une étendue désertique, somme toute minuscule, peut-elle s’imposer en modèle à des territoires qui s’étendent de la Chine jusqu’en Andalousie? Mais Soltani, Djaballah et tant d’autres ont le loisir de balayer ces arguments d’un revers de la main. N’ont-ils pas vu les partis d’obédience islamique portés au sommet du pouvoir, les uns après les autres, par la voie des urnes? Alors, on se met à rêver. La sortie de Soltani de l’Alliance présidentielle n’apparaît être alors qu’une tentative de se libérer des boulets du pouvoir pour avoir les coudées franches et rallier un maximum de voix.
Les électeurs ne sont pas dupes. Ils n’accepteront de livrer leur sort à des gens qui jouent sur leurs fibres sensibles uniquement pour plaire aux voisins ou encore à des cousins lointains que sont les Turcs ou aux émirs du Golfe qui ne désespèrent pas d’étendre leur influence sur le Maghreb. Remettre le pays sous tutelle ne sera pas toléré sous un quelconque prétexte que ce soit.(L’Expression-03.01.2012.)
**paysage politique national …Du neuf avec du vieux
Le paysage politique national se désagrège à nouveau pour donner naissance à des nouveaux slogans et nouvelles appellations de formations politiques en voie d’agrément.
En Algérie, il est presque écrit: on ne change jamais une équipe qui… perd! et, encore moins les personnes. Cette logique vient d’être confirmée, encore une fois, par les nouveaux demandeurs d’agrément pour créer des partis politiques. C’est dire que l’on croit encore dans la vie politique nationale que l’on peut faire du neuf avec du vieux à la lumière des partis naissants. Néanmoins, il y a une chose sur laquelle on devrait s’accorder: tout changement politique doit forcément s’accompagner d’un changement du personnel politique. Mais la question qui se pose est celle-ci: quel personnel politique? Celui des partis de la coalition qui se partagent le pouvoir ou celui du nouveau paysage politique qui se profile à l’horizon de l’année 2012, lequel ne sera rien qu’un prolongement du premier? Celui de l’Administration qui n’est jamais neutre et qui, à chaque élection par exemple, se met du côté de l’homme fort du moment? On l’a déjà vu plusieurs fois. Pas besoin de vous citer des exemples. Ceux qui sont, hier, évincés ou relégués au second plan sont de retour et crient, haut et fort, leur rupture avec leur passé partisan pour nous offrir d’autres lignes de conduite.
En vingt ans de choix politiques institutionnalisés, les formations politiques présentes sur le terrain sont incapables de drainer la dynamique sociale des citoyens en vraie mobilisation politique capable d’inverser les rapports de force à l’oeuvre dans le pays. Pis encore, lors des vingt dernières années, la vie politique nationale peine à enfanter du sang neuf, avec des formations politiques dotées de capacités politiques leur permettant de traduire les aspirations du peuple en projet de société. Cela est en effet vérifiable si l’on se réfère à la liste des candidats ayant déposé des demandes d’agrément de partis politiques.
Les réformes indispensables auxquelles aspirent les populations n’avancent pas. Et le mécontentement, dans un pays déchiré par les inégalités sociales, ne cesse de s’étendre. Tandis que le paysage politique national s’émiette à nouveau pour donner naissance à des nouveaux slogans et nouvelles appellations de formations politiques en voie d’agrément, dirigées par des personnalités, qui, hier encore, ont occupé des seconds rôles dans la vie politique nationale.
Ces «nouvelles» personnalités politiques sont, dans leur majorité, soit des revenants, tel Abdallah Saâd Djaballah, fondateur d’un nouveau parti, le «Front pour la justice et le développement», soit mis à l’écart dans leur propre parti, Menasra Abdelmadjid, qui présente le «Front pour le Renouveau» et des nouveaux venus et/ou anciens militants évincés qui complètent la liste où l’on trouve encore Mohamed Saïd et son parti «Liberté et justice», Djamel Abdesselam et son «Front de l’Algérie nouvelle», Amara Benyounès, patron de l’«Union des démocrates républicains» et Sid Ahmed Ghozali avec le «Front démocratique».
Une foule de nouveau-nés issue du Front de libération nationale (FLN), hostile à la ligne de Abdelaziz Belkhadem sont en liste d’attente. C’est dire que les logiques, qui favorisent la recomposition politique, s’inversent soudainement, pour hâter sa décomposition, et renseignent, par ailleurs, sur l’incapacité des acteurs politiques à s’affranchir du vieux carcan de la politique post-Indépendance, tout en tentant de faire du neuf avec du vieux, même si le régime tend à faire voeu d’ouverture et de mobilité.
Dans un contexte de post-tragédie nationale, la question du changement, fer de lance de l’identité islamiste et de la ligne directrice des partis au pouvoir, en l’occurrence le FLN et le RND, a, peu à peu, disparu de leurs programmes pour laisser place à celle de la consolidation du pays grâce à l’achèvement des chantiers présidentiels, participant ainsi à leur propre neutralisation de la compétition politique, ou donner plus de vitesse à leur émiettement.
Aujourd’hui, face à leur base potentielle et à leurs militants de longue date, les militants de partis inclus dans les rouages de l’Administration et les islamistes, toutes tendances confondues, peinent à convaincre des avantages de la politique «participationniste» à un moment où la société civile est affaiblie et les institutions de l’État inaptes à faire du multipartisme une réalité.
Ainsi, la participation du parti islamiste MSP à l’Alliance présidentielle a amené beaucoup de ses militants à s’interroger sur le rôle de leur parti sur la scène politique avec en filigrane, la guerre de leadership qui opposa Soltani à Menasra, le numéro deux du parti qui, trois mois avant les élections, fonda son propre parti le «Front pour le Renouveau». Affaire donc à suivre, dans l’attente d’une éventuelle décantation du champ politique national. (L’Expression-03.01.2012.)
**Mustapha Saïdj… «Les islamistes se sont discrédités en Algérie»
Enseignant en sciences politiques et relations internationales à l’Université d’Alger, Mustapha Saïdj nous livre dans cet entretien, son analyse de la situation qui prévaut en Algérie à quelques mois des élections législatives. M.Saïdj a précisé que les islamistes, qui se voient déjà remporter les élections, se trompent d’analyse. Car, ces derniers, précise-t-il, sont dispersés et se sont discrédités après avoir mis les pieds au pouvoir.
L’Expression: Comment qualifier ou voyez-vous le fonctionnement et la composition du mouvement islamiste en Algérie?
Mustapha Saïdj: Le mouvement islamiste en Algérie n’est pas un bloc uni et organisé autour d’un seul courant pour prétendre remporter les futures élections législatives. Cette situation est surtout due à deux facteurs importants. En premier lieu, il faut dire que le mouvement islamiste est plutôt divisé et fonctionne en rangs dispersés. En Algérie, les islamistes n’empruntent pas une seule ligne de conduite.
L’organisation des courants islamistes en Algérie fonctionne sur plusieurs orientations et suit plusieurs directions dictées par des tendances et des lignes idéologiques différentes. Cela dit, nous avons principalement trois tendances qui composent le mouvement islamiste actif sur le terrain, et qui sont connues des populations, ou plus ou moins du corps électoral. Premièrement, il y a les anciens militants de l’ex-FIS (Front islamique du salut), et ceux qui ont pris les armes au début de l’année 1990 contre le régime.
Ces derniers tentent de revenir et réinvestir la scène politique en empruntant toutes les voies possibles. Néanmoins, les nostalgiques de l’ex-FIS sont divisés et composés de deux tendances, opposées. Il y a ainsi ceux qui sont, d’une part, à l’étranger, dirigés par Abassi Madani à partir du Qatar et de l’autre, ceux qui sont en Algérie, lesquels sont conduits soit par Ali Benhadj, soit par l’ex-chef de l’Armée islamique du salut, Madani Mezrag, qui ont largement bénéficié des dispositions de la réconciliation nationale. Et en deuxième lieu, il y a la tendance politique islamique, composée de ceux qui ont mis les pieds au pouvoir et en a fait l’épreuve, en l’occurrence le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et les autres dissidents représentés par ceux qui projettent de créer de nouveaux partis, à savoir Mahfoud Djellaba, Djamel Abdeslem et Abdelmadjid Menasra.
Pour le MSP, c’est un parti présent dans toutes les institutions et participe à la gestion. Une formation qui demeure encore un partenaire dans la coalition gouvernementale, après avoir quitté une Alliance présidentielle dont elle était un fervent défenseur durant 7 années, et ce rien que pour changer son discours à la lumière des réformes politiques en cours et des élections législatives en perspective. Cette formation se trouve d’abord, très affaiblie et pratiquement vidée de son poids, notamment depuis la mort de son leader Mahfoud Nahnah et par le fait d’avoir abandonné sa position et sa doctrine politique fondée sur l’entrisme pour se projeter vers une opposition dure envers le pouvoir en place. C’est un choix qui lui a coûté aussi bien une forte désertion au niveau de ses cadres qu’au niveau de sa base militante.
Du côté dissidents, ces derniers sont, comme je l’ai indiqué, représentés par le Mouvement de la renaissance et la réforme, incarné par Mahfoud Djellaba et Abdelmadjid Menasra. Puis, il y a en troisième lieu la tendance salafiste à laquelle nous devons prêter attention. C’est une organisation islamiste endormie, mais qui possède une force de mobilisation et d’action.
Cette tendance, qui est bien organisée grâce à ses larges réseaux sociaux et à son action sociale, peut reproduire le scénario égyptien dans lequel le parti salafiste «AnNour» est monté en puissance, si elle se rallie à une quelconque formation politique.
Les islamistes s’estiment favoris pour remporter les prochaines élections législatives notamment du fait de la victoire des islamistes en Egypte, en Tunisie, au Maroc et en Libye, après le Printemps arabe. Pensez-vous qu’en Algérie les islamistes seront, à leur tour, hissés au pouvoir?
Je ne pense pas que les islamistes algériens bénéficient des mêmes conditions que les islamistes ayant remporté les élections dans certains pays arabes à la suite des vents des révoltes survenues dans le cadre du Printemps arabe. Dans le Monde arabe où les islamistes ont remporté les élections, il y a eu un vote sanction contre le régime et ses symboles. Les islamistes représentent une force d’opposition aux régimes dictatoriaux et ils n’ont jamais pris part à la gestion. Ils étaient marginalisés et réprimés dans le sang d’où ils symbolisent un idéal, voire une force incarnant le changement jusqu’ici. Cependant, en Algérie les islamistes ont mangé dans le même plat que le pouvoir depuis bien des décennies. Ils ont fait leur épreuve et ont montré leur faible capacité dans la gestion. Pire encore, les islamistes en Algérie ont montré leur vrai visage et leurs desseins. Nous avons ainsi ceux qui ont pris les armes pour s’imposer et prendre le pouvoir par la force et ceux qui ont intégré le pouvoir. Les premiers font désormais peur aux Algériens, tandis que les seconds ont été mis à nu par leurs luttes internes à cause des privilèges et des avantages que leur offrent les postes au sein des institutions. Les dissidences enregistrées au MSP et dans le parti d’El Islah en sont une preuve. C’est dire que l’épreuve du pouvoir a discrédité les islamistes en Algérie.
Comment voyez-vous la composition des deux futures chambres du Parlement?
A mon avis, on peut présager deux scénarios possibles. Le premier est conditionné par la participation des salafistes et des ex-militants du FIS, mais aussi par la participation du Front des forces socialistes (FFS) aux élections. Dans ce cas de figure, bon nombre d’islamistes, toutes tendances confondues, peuvent voter pour le FFS ou pour le nouveau parti de Mahfoud Djellaba, lesquels incarnent encore l’opposition contre le régime contrairement aux autres islamistes qui sont dans les rouages de l’Etat. Cela supposerait donc l’avènement d’un Parlement pluriel lors des prochaines élections, plus stable et plus représentatif. Le deuxième scénario suppose le retour à la case départ, soit à l’actuelle composition du Parlement, dans le cas où le FFS et les salafistes ne prennent pas part aux élections.
Pensez-vous que le MSP fera un bon score lors des élections législatives en perspective?
Je ne pense pas. Bien au contraire, je pense qu’il y aura un vote sanction contre le Mouvement de la société pour la paix. Car, il s’est discrédité du fait de ses luttes internes intensifiées par des luttes d’intérêt du fait de sa participation au pouvoir où il a fait preuve d’échec et du fait aussi de sa composition et de ses positions versatiles, dénoncées même par sa base militante.
**Mohammed Harbi : «Nos gouvernants disent n’importe quoi…»
La réédition par la maison Dahlab d’un important ouvrage de Mohammed Harbi, Les archives de la Révolution algérienne, vingt ans après leur première parution en France, est le fil rouge de cet entretien dans lequel l’éminent historien révèle comment il a réuni cette masse de documents inédits qui composent son ouvrage. M. Harbi plaide pour une histoire plurielle du Mouvement national, affranchie des manipulations politiques. Il répond au passage au ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui l’accuse d’avoir accaparé des archives de Krim Belkacem. (El Watan-03.01.2012.)
- Selon le quotidien Waqt El Djazaïr, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, vous aurait accusé d’avoir accaparé des archives de Krim Belkacem dont, rappelle-t-on, vous étiez le chef de cabinet au moment où il était ministre des Forces armées au sein du GPRA. Quelle réaction cela vous inspire ?
J’ai attendu un démenti du ministre de l’Intérieur avant de m’exprimer sur les propos qui lui sont attribués. Le démenti n’est pas venu. Chacun sait que nos gouvernants ont, à quelques exceptions près, tété au biberon de l’impunité. Cela ne les gêne pas de dire n’importe quoi au mépris des faits. Le ministère des Forces armées, dont Krim Belkacem était le chef, n’était pas la caverne d’Ali Baba qu’imagine le ministre de l’Intérieur après coup. Le cabinet civil, dont j’étais le directeur, avait ses propres locaux et nous ne disposions pas d’archives. Nous étions deux au cabinet, le lieutenant Ferhat et moi-même. Nous n’appartenions pas, non plus, au clan dont Krim était le chef. En dépit de sa centralisation au niveau du GPRA et l’existence d’une bureaucratie segmentée, l’appareil du FLN était loin de correspondre à la constitution d’intérêts publics. La distribution du pouvoir s’opérait entre des chefferies qui n’ont cessé, surtout après le CNRA d’août 1957, de contrarier le processus d’étatisation et de gouverner en manipulant l’information à leur seul profit. Le huis clos sur les archives et le culte du secret étaient des armes destinées à instaurer un pouvoir incontrôlé. Tous ceux qui se sentaient responsables devant le pays, et non devant de nouveaux maîtres, s’informaient comme ils le pouvaient dans un environnement où le recrutement des élites ne répondait ni à la capacité sociale, ni à la capacité technique, ni au mérite. Quel patriote, soucieux de l’avenir du pays, oserait nous le reprocher ? Les critères de sélection du personnel sont ceux de la loyauté personnelle, de l’appartenance à une cour servile, de la soumission dénuée de sens critique. Ne parvenaient au sommet de la pyramide que des exécutants obéissants et autoritaires, d’où cette sélection à rebours, responsable de la «médiocrisation» progressive de ce qu’on appelle, à tort, la classe politique. Une classe où chaque niveau s’édifie sur la manipulation du niveau inférieur. N’est-ce pas manipuler les commis de l’Etat, les commissaires de police que de leur faire croire que j’ai accaparé les archives de Krim ? Dans quel but ? Les préparer à un procès en sorcellerie ? Leur inculquer une doctrine où les non-conformistes sont définis comme l’ennemi intérieur ?!
La publication, vingt ans après de leur première parution, des Archives de la Révolution algérienne, troublerait-elle autant le sommeil de nos gouvernants ?!
- La maison Dahlab a réédité, récemment, un de vos ouvrages les plus importants, Les archives de la Révolution algérienne. Comme vous le précisez d’emblée, le livre est composé dans sa quasi-totalité de documents inédits. Comment avez-vous réussi à réunir tous ces documents ?
Mon intérêt pour les archives vient de loin. Dès 1950, alors que j’étais encore lycéen, j’ai commencé à collecter toutes sortes de documents : tracts clandestins, discours de leaders politiques, publications du Mouvement national dans toutes ses composantes. C’est un travail mené sous la pression de l’événement et des grands débats politico-historiques sur l’interprétation de l’histoire algérienne : processus de formation de la nation algérienne, réflexions sur la culture.
Mon père a voué au feu, en mon absence, les documents accumulés après l’arrestation de mon frère cadet, Mahmoud, en décembre 1955. J’en ai reconstitué une partie, mais c’est une perte irréparable. L’ensemble des documents qui nous initiaient en tant que militants MTLD aux débats pakistanais sur la nature de la nation dans une société musulmane, sur ses fondements, etc. n’ont pu être retrouvés. L’histoire du nationalisme n’a jamais été monolithique, même avec le FLN. La place de l’échelon régional dans la politique nationale a suscité, très tôt, ma curiosité. J’ai cherché, au moment des controverses sur la création de l’Ugema à m’informer sur ce sujet. Mon regretté ami Smaïn Mana m’a appris qu’en 1949, ses amis, dont Mabrouk Belhocine, ont rédigé une brochure à cet effet. J’ai fait la connaissance de Mabrouk Belhocine en 1956.
Cette brochure intitulée L’Algérie libre vivra, signée de Idir El Watani, était en sa possession. Il me l’a confiée. En 1959, j’en ai parlé à Tunis à un ancien dirigeant du MTLD, Mustapha Ferroukhi. Je lui ai prêté cette brochure. Nommé ambassadeur en Chine en 1960, il périt dans un accident d’avion en rejoignant son poste à Pékin. Le document s’est perdu. Mabrouk Belhocine l’a retrouvé dans les années quatre-vingt chez Embarek Djilani, membre du comité central du MTLD. J’ai publié, en 1987, cette brochure censurée, à la fois par le colonialisme et par la direction du MTLD, dans la revue Sou’al que j’ai créée en 1981 à Paris.
Les situations les plus propices à l’acquisition des documents sont celles de crises : scission du MTLD, luttes entre factions dirigeantes du FLN en 1959, implosions du FLN en 1962, etc. Ce sont des moments où ceux d’en haut lèvent le secret pour s’assurer l’appui de ceux d’en bas et débaucher les clientèles de leurs adversaires. Parfois, les secrets qu’on nous cache figuraient dans les publications de l’ennemi. C’est le cas, par exemple, des controverses sur le Congrès de la Soummam, évoquées, documents à l’appui, en 1957, dans la Revue militaire d’informations ou dans le quotidien Le Figaro. Mais il était de bon ton de faire passer leurs révélations pour de la propagande, ce qui laissait sceptiques les plus naïfs.
- La problématique de l’accès des historiens aux archives revient avec insistance dès qu’il est question de lever le voile sur certaines séquences de la guerre de Libération nationale. D’aucuns regrettent par exemple que l’accès aux archives présentes en Algérie soit difficile, y compris aux chercheurs. Avez-vous, à titre personnel, rencontré des entraves dans ce sens ?
A titre personnel, non. Je ne suis rentré en Algérie qu’en 1990, après 17 ans d’exil forcé. A cette date, mes travaux pionniers étaient déjà publiés sans recours aux archives d’Etat. Mais les travaux de mes collègues qui les ont utilisées, à l’exception de ceux du regretté Mohamed Teguia, d’un acteur donc, ne m’ont pas appris grand-chose, ce qui signifie que leur accès pose problème. J’ai par contre eu à constater le triste état de la Bibliothèque nationale. J’étais intéressé par le journal des débats de l’Assemblée constituante en 1962-1963 et les publications parues de juin 1965 à janvier 1966. Amine Zaoui, alors directeur de la Bibliothèque nationale, m’avait confié aux bons soins d’un de ses collaborateurs.
Mais il a été impossible de retrouver le journal des débats parlementaires. Il n’existe pas, non plus à l’Assemblée nationale. A Mabrouk Belhocine qui a voulu consulter ses propres interventions, il a été répondu que les archives ont été transférées dans un lieu inconnu après l’élection de la nouvelle Assemblée.
A Constantine, les archives de la wilaya ne possèdent que quelques exemplaires du journal des débats. Manque, entre autres, le débat sur le Code de la nationalité. Autre exemple, j’ai offert à la Bibliothèque nationale une collection d’El Oumma, journal de l’Etoile nord-africaine, mais les étudiants à qui je l’ai recommandée n’y ont pas eu accès. Elle serait introuvable. Quant aux journaux que je voulais consulter à la bibliothèque, il semble qu’ils aient été perdus, mais on peut, heureusement, les trouver dans la bibliothèque du Centre diocésain, à la rue des Glycines à Alger.
- Une certaine confusion entoure l’accès aux archives françaises de la guerre d’indépendance. On lit çà et là que «les archives seront ouvertes en 2012». Pouvez-vous nous éclairer sur ce point précis ? Quelles sont exactement les archives qui seront ouvertes à la consultation en 2012 en France ?
Je n’ai pas d’informations particulières sur ce point, mais il s’agit, sans doute, des archives sonores et de la filmographie de la guerre auxquelles des chercheurs ont déjà eu accès par dérogation. Mais, il y a quelques jours, un doctorant m’a assuré que certains dossiers concernant les personnes sont, depuis peu, ouverts à la consultation.
En lisant votre ouvrage, on prend la mesure des divergences qui faisaient rage entre les protagonistes de la Révolution, sans compter les guerres fratricides FLN-MNA. Vous plaidez personnellement pour une rupture avec les «mythologies héroïques et les récits moralisateurs» que l’on nous sert habituellement pour parler de la guerre de Libération. Comment dire la vérité aux Algériens sur leur histoire ? Comment en finir concrètement avec la censure et «le culte du secret» que vous dénoncez ?
L’intrusion de la politique dans l’enseignement de l’histoire est difficilement évitable. Un pays ne peut vivre sereinement avec des cadavres dans le placard. C’est une erreur de concevoir l’enseignement comme un discours moral. C’en est une autre de confondre l’histoire et la mémoire des faits. Si on veut rendre, par exemple, des questions comme l’identité ou la question linguistique moins vives, il faut définir de manière précise les enjeux et y entrer par une réflexion sur les concepts pour éviter toute approche émotionnelle. En un mot, il faut s’attacher à créer une situation qui permette une mise à distance. En vous disant cela, je ne sous-estime pas, pour autant, la difficulté qu’il y a à se mettre à distance, surtout pour les questions où plusieurs traumatismes se superposent.
- Votre livre a le mérite d’accorder une place importante aux archives de Messali Hadj et autres responsables du MNA, ainsi qu’au Parti communiste algérien. Pensez-vous qu’on a été injustes envers ces acteurs, et en particulier Messali ?
Confondre l’histoire de l’Algérie avec celle du FLN est une erreur. On ne peut pas accepter d’apprécier le déroulement des événements à travers l’exigence de monopole du FLN. Il faut faire parler le passé depuis le présent et donc écouter tous les acteurs du Mouvement national, des radicaux aux modérés. A quoi bon invoquer le modèle démocratique si on ne veut pas repenser l’aventure qui nous a amenés à l’autoritarisme ? C’est dans cette optique qu’il faut réexaminer les orientations de Messali Hadj et du PCA et cesser de les diaboliser, sans laisser croire qu’avec eux la démocratie était au bout du chemin. L’injustice à l’égard de Messali a été plus grave qu’à l’égard du PCA. Il a été accusé de trahison. En donnant son nom à l’aéroport de Tlemcen, le président Bouteflika lui a rendu justice. Il était souhaitable que cela se fît en toute clarté sur la base d’un discours argumenté et porté à la connaissance de l’opinion pour éviter les déclarations intempestives de ses détracteurs.
- D’après vous, y a-t-il encore de nombreux documents inédits qui seraient entre les mains de militants du Mouvement national ou de leurs proches et qui gagneraient à être rendus publics ?
Sans doute. C’est une question politique qui ne peut être traitée que par des moyens démocratiques, une fois le patrimoine foncier et immobilier devenu, effectivement, l’affaire de la nation. On n’en est pas encore là.
Le pillage, par exemple, du patrimoine foncier et immobilier est, à cet égard, instructif. La nation a besoin d’histoire pour faire face aux interrogations qui la traversent et pour surmonter ses traumatismes. Elle a besoin d’une culture fondée sur le partage de repères communs.
Elle dit, à voix haute, que le despotisme colonial ne doit plus être le prétexte à la défense du despotisme plébéien. Elle aspire à la vérité sur son histoire et on la lui refuse. Un exemple : le 25 juin 2008, on apprend par la presse et sans explication aucune que l’Académie de Cherchell a donné, en présence du président de la République, le nom de Lakhdar Bouchema à trois promotions d’officiers. Lakhdar Bouchema a été assassiné, avec d’autres compagnons, en Wilaya IV, pour son implication dans une rencontre avec le général de Gaulle, à l’insu du GPRA. Comment en est-on arrivé à cette décision ? On doit le savoir. Des acteurs de cette tragédie sont encore en vie. Qu’en pensent-ils ? Et pourquoi se taisent-ils ? Les officiers éliminés ont été, certes, les victimes d’une situation, mais la procédure utilisée pour les réhabiliter ne favorise pas le civisme.
Mohammed Harbi. Les archives de la Révolution algérienne. Éditions Dahlab 2010. 2000 DA.
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**Boutéflika va inviter la classe politique à un dialogue national ..
Une révision profonde de la Constitution serait l’un des résultats auxquels aboutirait un dialogue national.
Toute la classe politique sera invitée à un dialogue sous l’autorité du Président Bouteflika. Le dialogue sera sans exclusive. Des sources crédibles nous ont effectivement précisé que Bouteflika s’apprête à inviter, non seulement des partis mais aussi des personnalités historiques et des associations représentatives.
Nos sources n’indiquent pas si ces rencontres se dérouleront en tête à tête ou en congrès. Le mode opératoire n’étant pas encore défini. Cette initiative est l’amorce d’un changement décidé par le chef de l’Etat. Il répond ainsi à l’effervescence qui caractérise la société depuis plusieurs semaines. La même source rapporte que ces rencontres peuvent aboutir à des mutations importantes. La révision en profondeur de la Constitution sera la clé de voûte de plusieurs autres nouveautés. Preuve que les changements politique et social ne seront pas superficiels.
La révision de la Constitution est alors présentée comme le prélude d’autres réformes. La loi sur les élections, la loi régissant les partis et d’autres textes juridiques seront revus dans le sens d’une plus grande ouverture. Ce sera aussi le cas de la loi sur l’information et celle définissant les modalités de création et de fonctionnement des associations. L’ensemble des autres lois qui gèrent toute la sphère politique subiront le même sort. Autant dire que l’APN et le Sénat auront du pain sur la planche lors des prochains mois. Le recours à des ordonnances n’est pas exclu pour imprimer un rythme rapide à ces réformes. Elles peuvent même aboutir avant les élections de 2012. C’est donc un changement qui dépasse le seul stade des réformes conjoncturelles. Et il y a des signes qui ne trompent pas sur l’évolution de la stratégie des pouvoirs publics vis-à-vis des mouvements citoyens et des demandes sociales et politiques. Hier, une délégation d’étudiants a été reçue à la Présidence de la République. C’est loin d’être une pratique courante dans les moeurs politiques.
Des représentants de plusieurs corps de métiers ont tenté des sit-in devant la Présidence et ils ont tous été évacués. Mais le geste d’hier renseigne de la volonté de dialogue. Habituellement, c’est la matraque qui est réservée aux manifestants. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia et le directeur général de la Sûreté nationale n’ont eu de cesse de répéter que la fermeté la plus extrême serait utilisée contre toute tentative de quelque groupe que ce soit de sortir dans la rue. Mais la marche et le sit-in organisés par les gardes communaux à Alger depuis quelques jours et devant l’APN a ébranlé toutes les donnes. Désormais, ce type d’action a toutes les chances de bénéficier d’un traitement moins musclé que ceux réservés aux marches du samedi. Depuis quelques semaines, il y a eu une effervescence sans précédent et un tsumani de revendications. Il est observé que si certaines révoltes arabes sont téléguidées, les mouvements revendicatifs d’Algérie seraient tolérés. Au palais d’El Mouradia, on ne pèse pas seulement le poids de la contestation sociale. Une réponse est aussi formulée à l’endroit des hommes et des femmes politiques. En effet, des voix écoutées comme celle de Abdelhamid Mehri ont fait offre de dialogue. Celle de cet homme politique a même été saluée par Aït Ahmed, une autre personnalité qui compte dans le paysage politique. La scène enregistre des demandes d’autres partis pour la révision de la Constitution et certains veulent même un régime parlementaire ou une Constituante. Cette option est fermement contrée par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN. En tout cas, cette offre de dialogue intervient quelques jours après la levée de l’état d’urgence, qui est jugée insuffisante par certains partis et personnalités. Ils veulent une ouverture démocratique réelle, à commencer par celle des médias publics. Mais combien de partis, organisations et personnalités participeront à ces rencontres si l’on sait que quelques acteurs demandent le retrait du régime actuel. (L’Expression-15.03.2011.)
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Conférence de presse de Mehri
“Bouteflika est une partie importante dans tout changement”
“Ma conception du changement est que celui-ci doit résulter d’un grand débat national qui associe toutes les catégories marginalisées de la société et qui n’exclut personne”, a-t-il précisé.
À l’heure où des bouleversements touchent de nombreux pays de la région du Maghreb, où la contestation gagne nombre de secteurs en Algérie et que l’idée du changement de régime réclamée par des pans entiers de la population apparaît plus que jamais inéluctable, écouter Abdelhamid Mehri, un des meubles de la scène politique algérienne, permet sans doute de mieux appréhender les enjeux de l’heure et d’explorer la nature opaque du régime algérien.
Dans une lettre adressée il y a quelques jours au président de la République et publiée dans la presse nationale, l’ancien secrétaire général du FLN a esquissé une approche de nature, à ses yeux, à conduire à un changement radical du régime.
Mais cette approche qui peut sans doute prêter à discussion ne doit pas faire l’impasse, à ses yeux, sur l’association du pouvoir dans cette perspective. “Le président de la République est une partie importante du changement. Lui et tout ce qu’il symbolise”, a indiqué hier Abdelhamid Mehri lors d’une conférence de presse animée au siège du FFS à Alger. “Je ne crois pas à un changement à travers la négociation ou l’accord limité entre personnes. Ma conception du changement est que celui-ci doit résulter d’un grand débat national qui n’exclut personne et associe toutes les catégories marginalisées de la société”, a-t-il précisé. “C’est la résultante de cette dynamique sociale et politique qui va spécifier la nature du changement… et les délais”, a-t-il ajouté. “Si négocier veut dire est-ce que le Président est une partie de ce changement, je dirais oui. Mais ce n’est pas lui qui va donner le changement, le préparer ou le dicter”, a encore affirmé Mehri. Dans sa déclaration liminaire, Abdelhamid Mehri a rappelé que la revendication d’un changement de régime n’est pas une accusation dirigée contre une personne, un parti, une institution ou une génération précise.
Ce n’est pas non plus une opposition à ceux qui assument les responsabilités du pouvoir ou un règlement de compte personnel avec quiconque. Mais le changement doit être “profond et non superficiel ; qui ne fasse pas l’éloge d’une personne, d’un parti ou d’une institution”. Y a-t-il un retour d’écho à cette initiative “personnelle” de la part de la Présidence ? “Jusqu’à l’heure, il n’y a pas de signe visible d’une réponse au contenu de la lettre. Le jour où il y aura réponse, je veillerai à la rendre publique car une question de cette importance ne doit pas être traitée dans des cercles restreints.” Le régime est-il disposé à répondre ? “Je pense que le sentiment général est pour le changement même chez les frères qui sont au pouvoir, mais il y a une multiplication des visions et d’approches pour le changement. Ce qu’il faut éviter, c’est d‘avoir une position comme celle du pouvoir actuel, lequel considère qu’il y a une seule forme d’opposition et un avis unique pour le changement. C’est une erreur. Il faut écouter tout le monde, un débat national qui réponde aux aspirations profondes du peuple algérien.” Dans ce contexte, Mehri qui a dû se rabattre sur le FFS pour organiser sa conférence en raison de l’autorisation exigée par la Maison de la presse.
Mehri estime que les tenants de la décision ne doivent pas “entraver cette marche pacifique pour le changement”. Interrogé pour savoir s’il est favorable à la dissolution de la police politique (DRS) ou à sa reconversion, l’ancien secrétaire du FLN a estimé que “cela doit découler d’une conception générale”.
Selon lui, le problème du régime depuis l’indépendance est non pas dans les textes, mais dans la pratique, les comportements et les attitudes. “Ce n’est pas un problème de personnes, mais de style, de comportements et de positions.” S’agissant du DRS, Mehri rappelle qu’il fait partie du régime. “Moi, je ne rentre pas dans la logique du régime composé de plusieurs parties. Il a sa logique.” “Moi, je juge le régime dans sa globalité, y compris la présidence et l’armée. Ce régime n’est plus en mesure de gérer les affaires du pays.” Mehri qui appuie toutes les initiatives allant dans le sens du véritable changement démocratique a indiqué qu’il n’a pas rencontré le Président. “Si cela doit se faire, c’est dans un cadre de concertation générale.” Et s’il lui a adressé la lettre, c’est entre autres dans le but de le sensibiliser pour ne pas entraver l’idée du changement. Par ailleurs, il a préconisé l’évaluation des 50 années écoulées. (Liberté-16.03.2011.)
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* «Bouteflika est d’accord pour une Constituante»….selon Louisa Hnaoune,
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hnaoune, a affirmé, hier, que le chef de l’Etat est «d’accord pour une Assemblée constituante».
Intervenant lors d’une conférence de presse organisée au siège de son parti à Alger, Mme Hanoune a révélé que c’est Bouteflika lui-même qui lui a fait cet aveu lors d’une entrevue avec lui.
«Le président de la République m’a confirmé qu’il partage l’option d’une Assemblée constituante», a-t-elle révélé.
La SG du PT a rappelé, dans ce sillage, que Bouteflika était depuis 1999, année de son installation à la tête du pays, pour cette option.
Elle a réitéré, dans ce contexte, son appel à des élections législatives anticipées. La première responsable du PT a invité le chef de l’Etat à réviser la loi électorale «en urgence» pour imposer le respect du mandat des élus du peuple.
«La révision de la loi électorale et l’organisation des élections anticipées est le Smig de la réforme politique pour la démocratisation du régime et de l’édifice institutionnel», a-t-elle estimé, plaidant pour une ouverture politique plus large et à la réforme de la Constitution.
L’option d’une Assemblée constituante, revendication chère au PT mais aussi au FFS, se précise avec la perte de tout crédit de l’APN, cette institution qui est décriée par tout le monde, excepté les députés qui s’y reposent et y végètent. Plusieurs partis ont d’ailleurs exprimé leur souhait de sa dissolution. La SG du PT est revenue, en outre, sur le dernier Conseil des ministre tenu le 22 février dernier.
Elle a soutenu que les mesures prises lors de ce Conseil sont importantes mais insuffisantes. «On a enregistré avec satisfaction la levée de l’état d’urgence qui est entrée en vigueur», a-t-elle souligné, ajoutant qu’elle ne comprend pas la confusion et l’imprécision qui entoure le terme «subversion», utilisé plusieurs fois dans le compte rendu du Conseil des ministres ainsi que dans l’ordonnance n° 11-01 du 23 février 2011 portant levée de l’état d’urgence. «Le chef d’état-major de l’ANP est chargé du commandement, de la conduite et de la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion sur toute l’étendue du territoire national», précise l’ordonnance. Mme Hanoune a souligné la nécessité de préciser ce que veut dire «subversion» «pour ne passer laisser la porte ouverte aux interprétations». La conférencière trouve, en outre, anormale que de persister dans l’interdiction des marches pacifiques dans la capitale et le non-agrément des nouveaux partis politiques dont les initiateurs ont déjà déposé leur demande d’agrément au niveau du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Mais globalement, concernant notamment les mesures, sociales, l’ex-candidate à la présidentielle de 2009, la SG du PT qui demande les textes d’application de ces mesures a noté que «nous sommes optimistes car ces mesures commencent à être concrétisées sur le terrain». Pour endiguer la crise du logement, la conférencière a appelé à l’instauration d’une aide au loyer et à la distribution des logements vacants appartenant à l’Etat. Concernant la question libyenne, Mme Hanoune a appelé les autorités algériennes à adopter une position claire qui consiste à rejeter le bain de sang dans ce pays et à donner un soutien humanitaire aux Libyens qui traversent des situations dangereuses. (L’Expression-02.03.2011.)
**Hocine Aït Ahmed : ««nous vivons un moment important pour la construction d’une alternative à l’échec autoritaire».
»Et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l’on engage la fleur au fusil et que l’on termine sur un champ de ruines».
*Dans un message adressé aux travaux du conseil national du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed a souligné que «nous vivons un moment important pour la construction d’une alternative à l’échec autoritaire».
Un moment important, dit-il aux membres du CN, qui «nous force à nous dépasser». Le président du FFS, tout en rappelant qu’il «y a des moments de l’histoire que l’on regrette d’avoir eu à vivre, et les dérives sanglantes des années 1990 et 2000 font partie de ces moments douloureux». Comme il estime qu’«il y a des moments qui peuvent être formidables à vivre. Aujourd’hui, qui a commencé avec le printemps de Tunis, fait partie de ces moments où les femmes et les hommes d’un pays sont appelés à donner le meilleur d’eux-mêmes». Hocine Aït Ahmed est formel : «Notre pays ne fait pas exception.» Il considère toutefois que «faire partie du mouvement de l’histoire ne signifie pas copier mécaniquement ce qui se passe chez les voisins». Le leader historique, qui va rendre public un texte prochainement, précise qu’on «ne peut faire l’histoire en négligeant son histoire. Et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l’on engage la fleur au fusil et que l’on termine sur un champ de ruines».
Ce qui lui fait dire que «le génie populaire algérien, inspiré non pas par la peur, comme veulent le faire croire certains, mais par la sagesse et l’éternel esprit de résistance, saura inventer les voies et moyens d’un changement pacifique». Aït Ahmed souligne aussi qu’un homme d’honneur est «un homme qui ne s’engage pas à la légère et n’engage pas les siens à la légère. C’est au prix de la maîtrise de soi que l’on peut parvenir à la maîtrise de son destin». Pour le chef charismatique du FFS, «il semble qu’il faille rappeler à certains qu’il n’y a pas que des bandits d’honneur dans notre culture, mais il y a aussi des hommes de culture d’honneur, des hommes de religion d’honneur et des hommes politiques d’honneur. Et il y a, bien sûr, aussi les autres». Hocine Aït Ahmed dit aux responsables et militants du FFS : «Nous devons être capables de donner le meilleur de nous-mêmes, non dans des actes faussement héroïques et spectaculaires, mais dans la discipline que nous saurons nous imposer. Une discipline qui nous forcera à nous dépasser quotidiennement pour construire, construire, construire…»
Et de préciser : «Là où certains voudraient que l’on participe à leur œuvre de destruction de ce bien, l’Algérie, dont l’histoire et les générations futures témoigneront combien nous avons œuvré à sa préservation.» Dans l’esprit de l’appel lancé aux forces du changement, le président du FFS plaide pour que ce parti construise «des institutions capables, à partir du parti, d’aller à la rencontre des Algériennes et des Algériens qui partagent nos valeurs de démocratie, de liberté et d’engagement citoyen». Et c’est à cet effet qu’il dit avoir chargé la direction du FFS de «prendre un certain nombre de mesures allant dans le sens de la mise en place des outils qui ont pour double mission d’accélérer le processus d’ouverture sur la société et d’amorcer le processus d’évaluation». Quatre chantiers sont donc prioritaires au FFS, «les jeunes, les travailleurs, les femmes ainsi qu’une feuille de route d’étape de restructuration du parti». (El Watan-19.03.2011.)
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**Lire par ailleurs: «Nécessaire dissolution de la police politique»
un Pouvoir réel qui s’exerce dans l’ombre
cliquer ici: *La police politique au service des régimes dictatoriaux
**la scène politique nationale bouge
Une bouffée d’oxygène s’est infiltrée avec ce vent de liberté; et les barrières du silence sont défoncées.
Des personnalités politiques qu’on croyait «révolues» avec la mise à mort programmée des bonnes volontés, marquent leur retour sur la scène politique nationale.
Ils ont pour nom: Abdelhamid Mehri, négociateur des Accords d’Evian en 1962, qui a tenté de remettre le FLN sur rail avant d’en être évincé, Hocine Aït Ahmed, le prisonnier d’Aulnay, l’homme de Sant’Egidio, président du plus vieux parti d’opposition (FFS) en Algérie, Mouloud Hamrouche, l’homme de la Constitution du 23 février 1989 qui a ouvert une brèche pour la liberté et la démocratie, aussitôt fermée par les partisans du statu quo.
D’autres personnalités sont également revenues avec ce vent qui a soufflé pour apporter la liberté.
Djamal Zenati, ex-cadre du FFS et directeur de campagne d’Aït Ahmed lors de la présidentielle de 1999, Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, Abdallah Djaballah, l’islamiste convaincu, ont investi, eux aussi, le terrain ces derniers jours, en proposant des solutions à la crise multiforme algérienne.
Ainsi, la scène politique nationale bouge. Il aura suffi d’une flambée des prix de l’huile et du sucre (spontanée ou provoquée) qui a engendré cinq nuit d’intenses émeutes pour que l’ordre «établi» soit «rétabli».
Il aurait suffi d’un rien pour que la situation soit bouleversée et le champ que certains cercles voulaient garder muet, chamboulé. L’état d’urgence est levé, la télévision commence à s’ouvrir sur la vraie société, au terme de deux Conseils des ministres convoqués en urgence pour parer à l’urgence. Une bouffée d’oxygène s’est infiltrée avec ce vent de liberté. Les activités politiques et les initiatives se multiplient. Toutes ces personnalités partagent la même conviction du changement même si elles différent sur les moyens et les voies à mettre en oeuvre. De ce fait, le trio Aït Ahmed-Mehri-Hamrouche a toutes les chances de se ressouder. La lettre envoyée le 16 février 2011 par Mehri au chef de l’Etat algérien dans laquelle il lui propose une sortie de crise, a été accueillie par le soutien de Hocine Aït Ahmed.
Lors du dernier meeting du FFS le 4 mars 2011, Mehri a envoyé une lettre de soutien au FFS affirmant qu’il continue de travailler avec ce parti. Retrouvailles. Des sources au FFS affirment que le président du parti rentrera au pays ce 19 mars, Journée nationale du chahid, pour rencontrer Mehri et Hamrouche et relancer l’initiative.
Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, est revenu, lui aussi, ces derniers jours avec insistance pour appeler au changement. Dans ce sillage, il a lancé, avec certains partis, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Il propose un Congrès national de l’opposition. De par ses positions, Benbitour ne fait que rejoindre la proposition de Djamal Zenati et se rapprocher du trio. Dans la foulée de cette ouverture, l’ex-dirigeant des partis islamistes El Islah et Ennahda, Abdallah Djaballah, a resurgi pour revendiquer la paternité de ces deux partis.
Dans un meeting animé avant-hier à Annaba, Djaballah a stigmatisé le pouvoir et a critiqué le ministère de l’Intérieur qui a avalisé le détournement de ses deux partis politiques. Selon lui, «comme cela s’est passé en Tunisie et en Égypte et comme cela se passe actuellement en Libye, Bahreïn et dans d’autres pays du Monde arabe, les peuples bougent et renverseront tout sur leur passage. Le tour de l’Algérie n’est pas loin». On agite le nom de Ali Benflis, ex-secrétaire général du FLN, ex-candidat à l’élection présidentielle de 2004, et pour certains, il est toujours SG du FLN. Un communiqué signé par «le Rassemblement des légalistes du FLN» affirme soutenir Benflis avant qu’un autre communiqué signé par le directeur de campagne de Benflis en 2004, ne précise que le contenu du premier communiqué n’engage que ses signataires. (L’Expression-07.03.2011.)
**L’Etat multiplie les cadeaux aux jeunes
* LOGEMENTS, SERVICE NATIONAL ET CRÉDITS BANCAIRES
Les jeunes sont bien servis. L’Etat multiplie ses cadeaux envers la jeunesse. Les décisions tombent en cascade ces derniers temps. Emplois, logements, crédits sont autant davantages destinés aux jeunes. De plus, toutes les barrières qui handicapent cette frange de la société ont été levées. La dernière en date, c’est le Service national.
Ce document jaune ne sera plus un frein pour les jeunes âgés de 30 et plus. Le chef de l’Etat a régularisé définitivement ce dossier. La décision a été rendue publique hier. Le chef de l’Etat a instruit les responsables du ministère de la Défense nationale pour la mise en oeuvre de cette décision au courant de cette année.
Un calendrier de régularisation des citoyens, concernés par cette mesure, sera diffusé dans les médias publics. A travers cette mesure, le chef de l’Etat a touché un point sensible des jeunes. Des milliers d’entre eux sont au chômage faute de carte militaire. Même si ce document n’est plus exigé dans le dossier de recrutement, il n’en demeure pas moins que beaucoup de jeunes souffrent de ce problème. La décision du chef de l’Etat sera d’un grand soulagement pour les jeunes. Cette frange sensible de la société fait l’objet actuellement d’une grande attention de la part du gouvernement. Chômeurs, stagiaires, étudiants, diplômés, tous sont concernés. Des solutions sur mesure ont été apportées à toutes les catégories. Pour les candidats au micro-investissement dans le cadre de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej) et de la Caisse nationale d’assurance chômage (Cnac), ils bénéficieront désormais de nouvelles mesures d’encouragement. Chaque postulant à ces deux dispositifs contribue au financement de son projet à hauteur de 1%, au lieu de 5%, pour les investissements ne dépassant pas 5 millions DA, et de 2%, au lieu de 10%, pour les investissements allant jusqu’à 10 millions DA. Concernant les diplômés de la formation professionnelle, ils peuvent bénéficier, dans les mêmes dispositifs, d’un crédit supplémentaire sans intérêt de 500.000 DA pour la location du local destiné à l’activité, ou pour l’acquisition d’un véhicule aménagé en atelier. Les universitaires ont également leur propre dispositif. Un crédit supplémentaire de 1 million de DA, sans intérêt, sera octroyé pour la location d’un local destiné à servir de cabinet médical, d’architecte, d’avocat ou autre, pour un minimum de deux diplômés universitaires. Dans le cadre de l’Angem, le Conseil des ministres a défini les tranches suivantes: de 30.000 DA à 100.000 DA du montant du crédit sans intérêt, alloué à l’acquisition de matières premières et 400.000 DA à 1 million DA du montant du crédit destiné à l’acquisition de petits matériels et équipements pour les personnes désireuses d’exercer une activité manuelle. Des prolongements de contrats allant jusqu’à 3 ans seront accordés aux bénéficiaires du Dispositif d’attente à l’insertion professionnelle (Daip). Nul ne sera exclu cette fois-ci. Toute la frange juvénile bénéficiera de ces dispositions. Le président de la République a donné des instructions fermes aux responsables pour qu’ils veillent scrupuleusement à la concrétisation de cette politique sur le terrain. (L’Expression-02.03.2011.)
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*Selon des sources gouvernementales, le président de la République compte procéder à des élections législatives et locales anticipées.
Le président de la République compte opérer un véritable déclic au niveau national et local. En plus d’un remaniement ministériel imminent, on a appris de sources gouvernementales que le président de la République appellerait à des élections législatives et locales anticipées. Notre source précise que cette éventuelle dissolution de l’APN interviendrait après le remaniement ministériel attendu pour la fin de la semaine en cours. Le président veut, à travers ce chamboulement, donner des gages à la population. Ainsi, le gouvernement ne sera pas le seul à connaitre un lifting.
Afin d’injecter du sang neuf dans l’administration, le chef de l’Etat ne se contentera pas uniquement d’un changement horizontal. Sachant que l’administration est la pierre angulaire de toute démarche, il veut reconfigurer dans sa totalité la carte des institutions au niveau local.
Le recours à des élections anticipées serait une solution pour dégripper la machine politique. Revendiquée depuis plus d’une année par plusieurs partis politiques, l’hypothèse des élections anticipées fait l’objet de réflexion au niveau des décideurs. Cette question aurait-elle fait l’objet d’une rencontre entre le chef de l’Etat et la secrétaire générale du Parti des travailleurs? Rien n’est moins sûr car cette dernière n’a jamais évoqué de rencontre avec le chef de l’Etat, même si la dissolution de l’APN demeure l’une de ses revendications premières.
En effet, nul n’ignore que Louisa Hanoune a mené une campagne tambour battant pour la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections anticipées. «La dissolution de l’APN, institution qui a perdu toute crédibilité, est devenue un impératif car elle ne joue plus son rôle», a précisé à plusieurs reprises Mme Hanoune. Pour elle, l’APN est devenue un lobby entre les mains des tenants du pouvoir, et les députés sont dans une mission de validation des instructions. La revendication du PT a été soutenue par plusieurs autres formations.
Des partisans de l’opposition et même de la coalition gouvernementale partagent ce constat. De plus, le RCD estime que la Chambre basse du Parlement n’a plus sa raison d’être. Le RCD considère que l’APN qui est «issue d’une fraude électorale» doit être dissoute pour cesser d’être une chambre de repos, d’enregistrement et de violation de la Constitution. Le Front national algérien (FNA) n’est pas resté indifférent. Son président, Moussa Touati, a demandé également la dissolution de l’APN.
Quant au MSP de Bouguerra Soltani, constituant la majorité parlementaire avec les deux autres partis de l’Alliance présidentielle sur le plan numérique (51 députés), il était le dernier à émettre une telle proposition. Le vice-président du MSP, Abderrezak Mokri, intervenant sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, dit être «d’accord pour la dissolution du Parlement, de discuter et de débattre cette question, car le Parlement est absent». Pour lui, «le Parlement ne joue aucun rôle sur la scène politique, il est en marge de la société, il serait donc logique de le dissoudre». Il y a lieu de rappeler que cette Assemblée a été la plus mal élue depuis 1989.
Selon des chiffres officiels, seuls 36,5% des Algériens ont, en effet, participé aux législatives du 17 mai 2007. Ce n’est pas tout. Le Parlement est devenu une véritable Chambre d’enregistrement.
Les derniers événements qui ont secoué le pays ont démontré qu’il est complètement déconnecté de la réalité nationale. Alors que la rue était en ébullition, l’institution, avec ses deux Chambres, n’a pas bougé le petit doigt.
Pis encore, elle a fait la sourde oreille aux appels de partis politiques réclamant un débat national sur la situation politique et sociale du pays. D’ailleurs, le Parlement a clôturé sa session d’automne laissant la société civile en effervescence.
L’ouverture demain, de la session parlementaire de printemps intervient dans un climat spécial, marqué par le flou qui entoure l’environnement politique.
Les observateurs de la scène politique s’interrogent d’ores et déjà sur le rôle et les missions de cette session. Ce retour va-t-il apporter un plus à la société civile? Le Parlement sera-t-il à l’écoute de la société? Cette fois-ci la donne a changé.
Lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l’Etat a interpellé toutes les institutions afin qu’elles s’impliquent dans l’application concrète des mesures. (L’Expression-01.03.2011.)
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** La levée de l’état d’urgence en Algérie est considérée par la Grande-Bretagne comme un pas «extrêmement important» pour la démocratie**
La levée de l’état d’urgence en Algérie est considérée par la Grande-Bretagne comme un pas «extrêmement important» pour la démocratie dans la mesure où «elle renforce la confiance du peuple», a indiqué hier à Londres le général-major Robin Searby, conseiller du Premier ministre David Cameron en matière de sécurité. «Je suis pleinement satisfait et heureux de la levée de l’état d’urgence en l’Algérie, une mesure qui va renforcer la démocratie dans ce pays (…) et instaurer la confiance, un facteur absolument fondamental», a déclaré à l’APS, ce responsable qui est également co-président du groupe de contact algéro-britannique sur la lutte antiterroriste et les questions de sécurité.
Searby s’est également félicité de la coopération entre la Grande-Bretagne et l’Algérie, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme qui «s’est considérablement développée» au cours de ces deux dernières années. «L’Algérie est devenue un partenaire important de la Grande-Bretagne dans la lutte contre le terrorisme international», a-t-il affirmé en soulignant que son pays est «résolu» à poursuivre sa coopération avec le gouvernement algérien. Il s’est félicité également de la position de l’Algérie basée sur le principe du refus de payer les rançons aux terroristes.
Le groupe de contact algéro-britannique sur la lutte antiterroriste a tenu sa deuxième session à Londres en novembre 2010. (L’Expression-01.03.2011.)
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** L’état d’urgence officiellement levé
ce qui va changer :
L’Algérie est enfin sortie de l’état d’urgence. Ainsi, l’ordonnance présidentielle n°11-01 datée du 23 février 2011, abrogeant le décret législatif du 6 février 1993 portant prorogation de l’état d’urgence, institué par décret présidentiel du 9 février 1992, est entrée en vigueur, depuis jeudi, 24 février 2011, après sa publication au Journal officiel. Mais concrètement, qu’est-ce qui va changer, notamment dans le quotidien du citoyen algérien? Il y a d’abord que les attributions et pouvoirs, permettant au ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, d’une part, et aux walis, d’autre part, de prendre, exceptionnellement, un certain nombre de mesures limitant les libertés publiques, sont assurément abrogées. «Dans le décret portant instauration de l’état d’urgence, les immenses pouvoirs de police qu’avait le ministère de l’Intérieur, seront transférés, avec effet de renforcement, vers le ministère de la Défense nationale.
Cependant, rien ne changera dans la vie ordinaire des citoyens», nous fait savoir Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (Cncppdh), avant de souligner que la compétence d’attribution des tribunaux militaires ne traitera que des affaires relevant de son domaine.
Ainsi, il a déclaré que «les mesures d’exception qui ne sont pas prévues ni dans le Code pénal ni dans le Code de procédure pénale sont, à la suite de la proclamation officielle de la levée de l’état d’urgence, annulées». Selon lui, les mesures restrictives des libertés, contenues dans le cadre de l’état d’urgence, en l’occurrence l’organisation des marchés, des manifestations, attroupements, réunions, soit toutes les libertés consacrées par la Constitution, n’ont plus d’effet sur la vie politique et la vie ordinaire du citoyen.
D’autant plus, a-t-il soutenu, que la législation exceptionnelle relative à la lutte contre le terrorisme a déjà été ajoutée au Code pénal. En sens, il est utile de signaler que l’ordonnance présidentielle portant levée de l’état d’urgence confirme que la conduite et la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion sont prises en charge par l’état-major de l’ANP.
Alors qu’auparavant, les opérations étaient conduites par les chefs de régions militaires. En ce sens, il résulte que les larges pouvoirs de police qu’avait le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, dans le décret portant instauration de l’état d’urgence, seront juste transférés, avec effet de consolidation, vers le ministère de la Défense nationale. De même, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, invité jeudi de la Chaîne III de la Radio nationale, a affirmé que la lutte antiterroriste sera désormais menée par l’état-major général de l’ANP.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’armée, a-t-il dit, aura toujours le concours de la police et de la gendarmerie pour les barrages, le renseignement, le soutien logistique.
Plus explicite, il a indiqué que le projet d’ordonnance complète le Code de procédure pénale, permettant la mise en place d’une protection pour une certaine catégorie d’inculpés, notamment ceux liés aux affaires du terrorisme. S’agissant des perquisitions de nuit et les barrages tenus par des militaires, le ministre a fait savoir que ces derniers vont également disparaître. Enfin, il a noté qu’après la levée de l’état d’urgence, l’armée ne peut pas être réquisitionnée par l’autorité civile.(L’Expression-26.02.2011.)
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*Obama félicite Bouteflika
** après la levée de l’état d’urgence..
Le président américain, Barack Obama, a félicité le gouvernement algérien tout en souhaitant des mesures supplémentaires.
Washington réitère son soutien aux mesures prises par le Conseil des ministres. Réagissant à la publication dans le Journal officiel de la levée de l’état d’urgence, le président américain, Barack Obama, a félicité le gouvernement algérien d’avoir pris une mesure importante. «Je félicite le gouvernement de l’Algérie d’avoir pris aujourd’hui, (jeudi, Ndlr), une mesure importante de la levée officielle de l’état d’urgence qui a été mis en place en Algérie depuis 19 ans», souligne t-il dans un communiqué. Allant plus loin dans son jugement, M.Obama a estimé que cette mesure traduit la disponibilité du gouvernement algérien d’être à l’écoute de son peuple. «C’est un signe positif du gouvernement algérien montrant qu’il est à l’écoute des préoccupations et répond aux aspirations de son peuple», a affirmé le locataire de la Maison-Blanche. Et d’annoncer encore: «Nous espérons des mesures supplémentaires du gouvernement qui permettent au peuple algérien d’exercer pleinement ses droits universels, dont la liberté d’expression, d’association et de rassemblement», ajoute-t-il.
Pour le président Obama, les Etats-Unis sont résolus à poursuivre leur coopération avec le gouvernement algérien qui oeuvre à représenter et à répondre aux besoins de tous les Algériens. «Nous allons également continuer à discuter pour les libertés universelles, la justice et la dignité de chaque être humain», conclut le président américain. La même position a été affichée, sur ce sujet, par William Burns, secrétaire d’Etat adjoint américain chargé des Affaires politiques.
En visite surprise jeudi dernier, à Alger, ce responsable américain a qualifié de «très positives» les dernières mesures prises par l’Algérie. «Nous considérons comme très positifs les engagements qui ont été pris de donner plus d’opportunités en ce qui concerne l’emploi, le logement et l’éducation», a-t-il dit.
S’exprimant sur ces mesures sociales, prises lors du dernier Conseil des ministres, le secrétaire d’Etat adjoint américain réitère le souhait des USA de voir ces mesures se concrétiser «rapidement» sur le terrain. «Nous espérons que toutes ces mesures seront concrétisées très rapidement», a-t-il dit. Tantôt satisfaite et s’en félicite, tantôt elle se rétracte, la Maison-Blanche affiche une position, parfois, ambiguë sur les derniers développements politiques en Algérie.
Certains hauts responsables américains n’ont pas tardé à enfoncer le gouvernement algérien au lendemain de la marche du 12 février organisée à Alger, par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie. Réagissant à la décision du ministère de l’Intérieur qui a interdit les marches dans la capitale, le département d’Etat américain s’en est mêlé en lançant des tirs croisés à l’encontre de l’Algérie.
Par le biais de son porte-parole, Philip Crowley, le département d’Etat américain a appelé les forces de sécurité algériennes «à la retenue» face aux manifestants. «Nous prenons acte des manifestations actuelles en Algérie, et appelons à la retenue les forces de sécurité», a-t-il écrit dans un communiqué.
Et pourtant! Il faut le dire objectivement, les deux marches organisées, les deux derniers samedis à Alger, n’ont pas été un grand succès. Les forces de sécurité n’ont pas eu recours à la matraque contre les manifestants. Les personnes arrêtées ont été relâchées. Il s’agit donc d’un véritable coup d’épée dans l’eau des Américains. Consciente de cette fausse piste, la Maison-Blanche a rectifié le tir en redressant sa ligne diplomatique.
Y a-t-il une divergence de positions à la Maison-Blanche? Certains observateurs n’écartent pas ce fait, tout en affirmant que la diplomatie n’a jamais été figée, elle est plutôt flexible et s’adapte à toutes les conjonctures.
Cela suffira-t-il pour expliquer les divergences qu’affichent les différents responsables censés opter pour la même ligne de conduite, à savoir celle de la diplomatie américaine? Seuls les Américains sont capables d’une telle démarche et surtout d’adopter une telle politique. (L’Expression-26.02.2011.)
*********d’autres articles dans la même rubrique…ici:
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