Le Sahel, haut lieu de tension.5

****C’est la guerre au Mali

contre-offensive franco-malienne à Konna ville à plus de 700 km de Bamako

un pilote français tué

L’armée malienne attaquait samedi les « dernières poches de résistance » des islamistes à Konna après avoir mené la veille une contre-attaque réussie avec l’aide d’alliés français pour reconquérir cette ville du centre du Mali et enrayer l’offensive des jihadistes venus du Nord, a-t-on appris de source militaire.

Le Sahel, haut lieu de tension.5

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a indiqué samedi que les combats ont fait des morts et fait état de frappes aériennes « cette nuit et ce matin ».
Un soldat français a été mortellement blessé lors d’un raid hélicoptère « contre une colonne terroriste », a-t-il ajouté.
« Les militaires maliens sont en train de nettoyer les dernières poches de résistance des islamistes à Konna », a déclaré la source militaire malienne à l’AFP, au lendemain de la contre-offensive franco-malienne.

La menace d'implosion
Le Mnla «est infiltré par des courants antagonistes»

La ville, située à plus de 700 km de Bamako, était tombée jeudi aux mains des jihadistes qui contrôlent depuis plus de neuf mois le nord du Mali et voulaient progresser vers le Sud sous contrôle gouvernemental.
« Les hélicoptères ont frappé les véhicules des jihadistes qui se sont dispersés dans la nature. L’armée nettoie la ville », a ajouté la même source militaire.
Un membre de l’état-major de l’armée à Mopti, la plus grande ville de la région, avait auparavant déclaré à l’AFP : « Nous contrôlons la situation. Aujourdhui, ça va être décisif ».
Un habitant de Konna parti pour Sévaré – à 70 km plus au sud et où ont été aéroportés des éléments militaires français jeudi – a indiqué que la ville n’avait pas été entièrement reprise: « beaucoup de maisons ont été touchées par des balles. L’armée malienne occupe une partie de la ville, mais les islamistes sont encore au sud de Konna ».
Le Nord du Mali est depuis avril 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest).
Dans la capitale Bamako, la nuit a été calme et certains habitants ont mis le drapeau français sur leur voiture pour approuver l’intervention militaire, annoncée vendredi à Paris par le président François Hollande.
M. Hollande a confirmé l’engagement militaire français, en soulignant que « le Mali fait face à une agression d’éléments terroristes venant du Nord dont le monde entier sait la brutalité et le fanatisme ». Il a expliqué avoir répondu à la demande d’aide du président malien, appuyée par les pays africains de l’Ouest.
Les Etats-Unis envisagent d’aider la France grâce à un appui « logistique », du ravitaillement en vol et des drones de surveillance, a déclaré un haut-responsable américain qui a requis l’anonymat.
Le porte-parole du Conseil national de sécurité, Tommy Vietor, a pour sa part déclaré à l’AFP: « nous partageons l’objectif de la France de retirer aux terroristes leur sanctuaire dans la région ».
Dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, Paris a demandé vendredi soir qu’on « accélère la mise en oeuvre de la résolution 2085″ qui autorise notamment le déploiement de la Force internationale de soutien au Mali (Misma).
Depuis plusieurs mois, l’Afrique de l’Ouest a proposé l’envoi, avec l’aval de l’ONU, d’une force armée africaine de plus de 3.330 hommes, que des pays européens, dont la France, l’ancienne puissance coloniale, ont promis d’aider logistiquement, pour la reconquête du Nord du Mali.
Le déploiement de cette force a été approuvé le 20 décembre par le Conseil de sécurité, mais par étapes.
Le Nigeria bientôt en pointe
Le Nigeria, pays clé de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), a indiqué samedi matin ne pas encore avoir envoyé de troupes au Mali, mais la présidence a précisé avoir déjà dépêché une équipe technique de l’armée de l’air, ainsi que le futur commandant de la force africaine, qui sera nigérian.
Dakar a aussi démenti des informations maliennes sur l’envoi de militaires sénégalais à ce stade.
Le gouvernement malien a décrété vendredi l’état d’urgence.
« On nous impose la guerre », le Mali portera « une riposte cinglante et massive » à ses « ennemis », a promis vendredi soir dans un message à la Nation le président par intérim Dioncounda Traoré.
Dans la soirée, les pays d’Afrique de l’Ouest ont officiellement autorisé l’envoi immédiat de troupes.
Le président en exercice de la Cédéao, le président ivoirien Alassane Ouattara, a « décidé d’autoriser l’envoi immédiat des troupes sur le terrain dans le cadre de la MISMA (Force internationale de soutien au Mali) ».
Depuis plusieurs mois, des éléments des forces spéciales françaises et des hélicoptères sont positionnés au Burkina Faso voisin.
Le nord du Mali est depuis début 2012 sous la coupe de groupes armés jihadistes, devenant un sanctuaire pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Alors que la situation militaire était gelée, les combats avaient repris cette semaine, quelque 1.200 combattants islamistes s’emparant jeudi de Konna et menaçant de continuer leur offensive vers le Sud.
Le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi, s’est félicité de la décision de la France – »je suis aux anges », a-t-il dit–, et a exprimé sa « gratitude » à la France.*AFP-12.01.2013.

***********Samedi 12 janvier 2013-source:Libération

A la manœuvre diplomatique depuis des mois sur le dossier malien, tout en assurant qu’il n’engagerait pas de troupes au sol ni même de pilotes de bombardiers, Paris s’est décidé, vendredi, à entrer en action.

La situation s’était brusquement détériorée, ces derniers jours, avec l’avancée vers le sud et Bamako des groupes islamistes qui contrôlent le nord du pays. Cette région est depuis avril 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés dont Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest).

La France compte 6.000 ressortissants dans la région de la capitale malienne Bamako.

Pour le Mali, la France s’est engagée seule jusqu’à présent avec des moyens aériens – et peut-être terrestres – non précisés. Washington a indiqué étudier l’hypothèse de participer à l’opération avec des drones et des avions sans pilote pouvant être dotés de missiles. Plusieurs Etats d’Afrique de l’Ouest ont aussi autorisé l’envoi immédiat de troupes.

13h35. L’armée malienne fait état d’«une centaine de morts» parmi les islamistes à Konna. Après y avoir mené, vendredi, une contre-attaque réussie avec l’aide d’alliés français l’armée malienne tente de reconquérir cette ville du centre du Mali située à plus de 700 km de Bamako, qui était tombée jeudi aux mains des jihadistes. Le lieutenant Ousmane Fané, de l’état-major de la région des combats, assure à l’AFP, contrôler «totalement la ville».

Des témoins joints par l’AFP affirment, de leur côté, avoir vu «des dizaines de corps» d’islamistes à Konna, «au moins 46» selon une source sécuritaire régionale. Un habitant a décrit des corps d’hommes portant des tuniques et des turbans, mais aucun en uniforme militaire.

14 heures. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a remercié François Hollande pour l’intervention militaire de la France. Les deux dirigeants ont fait «un point précis sur les opérations militaires». Le président malien a reporté sa visite à Paris prévue initialement mercredi. Hollande a également eu, ce matin, un nouveau contact téléphonique avec le président de la Cédéao, Alassane Ouattara, qui lui a confirmé que les moyens de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest seraient mobilisés dans les meilleurs délais pour intervenir au Mali. Et le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a appelé le chef de l’Etat français pour lui confirmer l’engagement prochain de ses troupes, selon l’Elysée.

15 heures. François Hollande préside à l’Elysée le conseil de Défense consacré au Mali. Y participent les ministres Jean-Yves Le Drian (Défense), Laurent Fabius (Affaires étrangères), Manuel Valls (Intérieur), le chef d’état-major des armées, Edouard Guillaud, et le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, Francis Delon. A l’issue de la réunion, le Président doit prononcer une brève allocution, puis rencontrera le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à 19 heures pour évoquer la position européenne sur l’intervention au Mali.

15h30. Le Premier ministre britannique, David Cameron, salue l’intervention militaire française au Mali, se disant «profondément inquiet de l’avancée récente des rebelles qui élargit le champ d’action des groupes terroristes». «Cette évolution montre la nécessité de faire urgemment des progrès pour faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU au Mali et s’assurer que l’intervention militaire est menée parallèlement à un processus politique inclusif qui conduit à des élections» dans ce pays du Sahel, ajoute-t-il dans un communiqué.

15h45. Le Burkina Faso va déployer un bataillon de 500 hommes. Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour l’Afrique de l’Ouest.

17 heures. Le Niger annonce l’envoi de 500 soldats au Mali.

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Qui se cache derrière le Mujao?

Les agences de presse bien informées cherchent à masquer l’identité de ce mouvement terroriste…Pourquoi?

Le régime marocain joue avec le feu …pour quel but et pour quels intérêts?

Un groupe surgi de nulle part

Ce n’est certainement pas par hasard que les terroristes ont choisi le jour où les autorités algériennes recevaient les familles des fonctionnaires consulaires.

Depuis vingt-quatre heures, le sort des otages algériens détenus par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest fait l’objet d’une macabre surenchère menée par ce groupe terroriste, dont l’origine et les accointances ne cessent de susciter de nombreuses interrogations. Ce n’est certainement pas par hasard que les terroristes ont choisi le jour où les autorités algériennes recevaient les familles des fonctionnaires consulaires au siège du ministère des Affaires étrangères pour diffuser un communiqué dans lequel ils annoncent l’exécution du consul algérien, enlevé le 5 avril dernier, avec cinq de ses collaborateurs à Gao.
Les ravisseurs, qui se définissent comme des alliés naturels d’Al Qaîda au Maghreb islamique, semblent avoir un diabolique plaisir à maintenir un suspense autour de cette affaire que certaines parties tentent par tous les moyens d’exploiter à des fins troubles et inquiétantes. En bénéficiant d’une inexplicable compréhension de la part de certains médias, et en particulier l’Agence France Presse, les terroristes du Mujao s’obstinent à mettre la pression sur les autorités algériennes afin de les forcer, peut-être, à commettre des impairs. Ces dernières affirment que le communiqué en question «fait actuellement l’objet de vérification nécessaire pour s’assurer de son authenticité». Alors, l’annonce de l’exécution du fonctionnaire consulaire algérien, en ce moment précis, ne vise-t-elle pas à apporter la contradiction en «enfonçant» médiatiquement l’Algérie qui a toujours privilégié la discrétion absolue dans le traitement de ce genre d’affaires? Il est très difficile de répondre à cette question. Ce qui est, par contre, assez troublant c’est de savoir comment un groupe terroriste, perdu dans le désert, arrive à être briefé sur les activités du président algérien. «Nous avons appris depuis quelques jours que le dossier a été mis devant le président algérien.» Qui est réellement le Mujao et quelles sont les parties qui l’informent et l’aident à négocier en position de force? Cette question mérite que l’on s’y attarde.
Le Mujao n’a fait qu’exploiter l’arrestation des émirs d’Al Qaîda afin d’imposer au monde sa fausse identité, car dans la réalité, ce groupe n’a rien à voir avec Aqmi, organiquement et politiquement. A ce «jeu», des agences de presse font tout pour masquer la véritable filiation de ce groupe terroriste. La confusion voulue qui règne autour de la réelle ou supposée exécution d’un otage algérien et autour de l’identité de ce dernier découle de cette stratégie visant à maquiller le profil d’un groupe créé dans des conditions mystérieuses entre la Mauritanie et le Sahara occidental. L’intérêt grandissant porté par l’AFP, par exemple, à cette affaire dépasse, et de loin, l’aspect du scoop et de l’exclusif. (L’Expression-03.09.2012.)

** L’Algérie prend sérieusement acte de cette énième attaque…

«Qui nous cherche, nous trouve»

L’Algérie a toujours refusé d’assumer le rôle ingrat de gendarme du Sahel

L’exécution de l’attaché militaire algérien, Tahar Touati, est une autre provocation de la part d’une organisation terroriste qui sort droitement des laboratoires du Makhzen, fabriquée de toutes pièces pour faire plier l’Algérie sur des principes immuables. L’Algérie prend sérieusement acte de cette énième attaque du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). «Que ceux qui ont créé et soutenu cette organisation terroriste comprennent qu’ils se sont lourdement trompés aussi bien de démarche que de cible», a déclaré un haut responsable militaire algérien joint hier par téléphone. «Il n’ y aura pas d’impunité et l’Algérie réagira de la manière la plus ferme qui soit quand c’est à ses valeureux enfants que l’on s’attaque», a ajouté le même responsable qui a refusé de se prononcer sur la nature de la réplique que compte donner l’Algérie. S’agira-t-il d’un raid sur les positions du Mujao? Deux lectures se dégagent à la suite de cette exécution. La première est d’amener l’Algérie à s’impliquer davantage dans la crise du Sahel par une intervention militaire directe en tant que force militaire incontournable dans la région. L’Algérie qui a toujours défendu le sacro-saint principe de la non- intervention militaire étrangère dans un pays souverain tombera-t-elle dans ce piège? Il n’y a pas à espérer dans ce sens puisqu’elle a toujours privilégié la solution politique dans le règlement de la crise du Mali. Aussi, elle refusera d’assumer le rôle ingrat de gendarme du Sahel. La deuxième lecture est que le Mujao tente d’accentuer la pression sur l’Algérie en vue d’obtenir le paiement des rançons comme l’ont fait les Espagnols à deux reprises. Or, à ce niveau aussi, il n’y a rien à gratter. Du moins officiellement, car l’Algérie a été l’un des pays pionniers, défenseur du principe de non-paiement des rançons. Elle a toujours dénoncé ce procédé estimant que c’est un moyen de financement alternatif pour les groupes terroristes. Cela d’une part, de l’autre, c’est l’Algérie qui a été à l’origine de la résolution onusienne criminalisant le paiement de rançon aux groupes terroristes. Il est donc tout à fait naturel que l’Algérie veille au strict respect de cette résolution qui est la sienne. Mais le Mujao, qui détient encore trois autres otages algériens, maintient la pression. Inconnu, il y a un an, il défraie la chronique aujourd’hui. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest a encore une fois fait parler de lui d’une manière retentissante. Sa cible privilégiée? L’Algérie. Il s’est attaqué d’abord, au siège du commandement régional de la Gendarmerie nationale situé au centre-ville de Ouargla, à la même institution à Tamanrasset, il a kidnappé des humanitaires, dans les camps des réfugiés de Tindouf avant de prendre en otage les sept diplomates algériens à Gao au Mali. Pourquoi spécialement et uniquement l’Algérie?(L’Expression-03.09.2012.)

«Les ravisseurs des diplomates algériens ont mis à exécution leur ultimatum»

**Le Maroc derrière la création du Mujao

Les provocations de Rabat à l’encontre d’Alger ont franchi un cap dangereux avec son appui au Mujao.

Le Maroc a-t-il trouvé un stratagème pour empêcher l’Algérie de poursuivre le soutien d’une solution juste au conflit du Sahara occidental? C’est ce que semble indiquer l’implication de ce pays dans la création du groupe terroriste du Mujao lequel se spécialise dans la prise d’otages. Selon une source informée, les accointances du royaume avec ce groupe ne souffrent plus d’aucun doute.
Il est ajouté que c’est le seul outil sorti tout droit des services secrets du royaume pour conduire l’Algérie à s’embourber dans le conflit sahélien, délaissant de ce fait un autre conflit qui se déroule à ses frontières Ouest.
D’ailleurs, l’annonce de l’exécution d’un otage algérien intervient suite au revers subi par le Maroc à propos de la question du Sahara occidental. Il est donc certain que le chef du Mujao se présentant comme étant un certain Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abu Qumqum, n’est qu’un agent inféodé aux services de renseignements marocains et qu’il fagote sous leurs ordres.
Le groupe n’a-t-il pas kidnappé des humanitaires occidentaux dans le camp de Tindouf dans le but de tenter, en vain, d’impliquer le Polisario dans sa stratégie? s’interroge notre source.
Tous ces agissements sont pour le royaume un bon moyen de détourner aussi l’attention sur les problèmes intérieurs qui ne cessent de remonter à la surface.
Le groupe terroriste fait justement parler de lui au moment où la crise économique et la lutte entre le parti islamiste au pouvoir et le Palais ont atteint leur paroxysme. Le Maroc ne serait pas loin, non plus, de penser que la création du Mujao est une façon de se venger de sa non-intégration au sein du Comité des chefs d’Etats-majors des pays du Sahel. Pourtant, une raison simple préside à ce choix: le Maroc ne fait pas partie du Sahel.
En tout, il ne s’agit là que d’une énième provocation du palais à l’encontre de l’Algérie. N’a-t-il pas agi de même en 1994 lorsqu’il a accusé le pays d’être derrière les attentats de Marrakech?
Depuis, l’Algérie ne consent plus à ouvrir ses frontières avec le Maroc. Ce qui s’ajoute à la longue liste de griefs que le Palais ressasse régulièrement.
Personne n’avait pensé que ce procès d’intention allait contribuer à provoquer la mort de diplomates.(L’Expression-03.09.2012.)

**La sale guerre qu’on livre à l’Algérie

Le couperet est tombé dans la soirée d’avant-hier et l’annonce a suscité une grande émotion au sein des citoyens algériens. En détention depuis cinq mois, le vice-consul algérien à Gao, Tahar Touati, a été froidement exécuté par ses ravisseurs du groupe terroriste dénommé Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). C’est dans un communiqué rendu public par le Mujao que cette exécution a été annoncée. «Les ravisseurs des diplomates algériens ont mis à exécution leur ultimatum en procédant à la mise à mort du vice-consul d’Algérie à Gao, dans le nord du Mali», a rapporté le site mauritanien Sahara Media Agency précisant que «le vice-consul a été exécuté dans la matinée du samedi 1er septembre». Selon le communiqué, l’exécution de l’otage est intervenue à la «dernière minute» lorsque les négociateurs se sont retirés des discussions pour libérer l’otage. Plus provocant encore, le Mujao s’est même permis le luxe dans son communiqué de renouveler ses menaces d’attentats qui viseraient des bâtiments publics et des institutions en Algérie. L’information a été curieusement très relayée par les médias marocains et les chaînes d’information Al Jazeera et Al Arabya. Hier, Messaâd, la paisible localité des Hauts-Plateaux de la wilaya de Djelfa, a pleuré à chaudes larmes son fils. M.Touati fait partie des sept otages algériens enlevés le 5 avril dernier au consulat d’Algérie à Gao, au nord du Mali, par ce groupe terroriste. Cet acte terroriste qui exhume le douloureux épisode de Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, deux diplomates algériens exécutés par Al Qaîda à Baghdad. Au ministère des Affaires étrangères c’est l’expectative. Le ministère a indiqué hier, que l’information relayée par un certain nombre de sites Web au sujet d’un communiqué annonçant l’exécution du fonctionnaire consulaire algérien Tahat Touati «fait actuellement l’objet de vérifications nécessaires pour s’assurer de son authenticité». Or, que vont vérifier les services du ministère des AE en l’absence d’une preuve physique, c’est-à-dire une vidéo montrant l’exécution de l’otage? Le ministère a précisé dans un communiqué que les familles des fonctionnaires consulaires algériens retenus en otages dans le nord du Mali «avaient été reçues samedi matin par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères qui leur a rappelé, en particulier, que les contacts avec les ravisseurs n’étaient pas rompus».
Le communiqué annonçant l’exécution du fonctionnaire consulaire algérien «ne peut par conséquent que susciter la surprise et justifier les démarches engagées en vue de confirmer la véracité de l’information diffusée samedi en fin de journée», a souligné la même source. Assailli par les appels, le département de M.Medelci a constitué une cellule de crise qui est «en en session ouverte et le ministère ne manquera pas d’informer les familles concernées et l’opinion publique nationale de tout nouveau développement».
Avant la mise à exécution de cette menace, un ultimatum a été donné par le Mujao aux autorités algériennes pour libérer les trois islamistes d’Aqmi arrêtés à Berriane dans la wilaya de Ghardaïa. Le 28 août dernier, le Mujao a prolongé de 48 heures l’ultimatum fixé aux autorités algériennes. Deux jours auparavant, soit le 26 août, dans un enregistrement vidéo diffusé par ce groupe terroriste, le vice-consul algérien est apparu avec une barbe, vêtu d’une djellaba suppliant les autorités algériennes de venir à son secours.
«Il y a ceux qui prennent notre sort à la légère et agissent de manière irresponsable pour des considérations politiques erronées», a-t-il déclaré en lisant un texte qui aurait été rédigé par ses ravisseurs. Le Mujao avait déjà revendiqué deux attaques kamikazes qui ont ciblé deux institutions militaires à Ouargla et à Tamanrasset, dans le Sud algérien. Le Mujao garde encore trois otages algériens et c’est le flou total pour le moment..(L’Expression-03.09.2012.)

**Forcing diplomatique sur l’Algérie

Aggravation de la situation au Mali

La réponse à la question ne peut être qu’affirmative, sachant que même les conflits militaires les plus meurtriers s’enclenchent et s’éteignent souvent dans des ballets diplomatiques pour, jusqu’à la dernière minute, donner sa chance à un règlement pacifique. Le Mali n’est pas un cas inédit, même si la tournure prise par les événements dans ce pays rend de plus en plus probable, voire inévitable, une intervention militaire sous couverture d’une légalité internationale. La nouvelle donne, qui accrédite une telle hypothèse, est constituée par une internationalisation de fait du conflit qui n’est plus, désormais, le fait des seules parties maliennes. La rébellion touarègue, aussi vieille que l’indépendance du Mali, a ouvert la voie au rappel de groupes islamistes qui n’étaient pas loin et qui n’attendaient que le moment propice pour investir un territoire «vacant», y guerroyer et participer à la mise en œuvre des préceptes d’un islam rejeté par les populations locales. Une importante portion de pays à l’abandon, une Libye devenue un immense arsenal à ciel ouvert, un pouvoir central (Mali) complètement défaillant et plus affaibli encore par des putschistes infantilisés : où l’aventurisme guerrier pouvait-il trouver meilleur terrain ? Il est tout de même significatif de relever que les rebelles qui ont pris les villes du nord du Mali l’ont fait sans réellement livrer bataille, n’ayant rencontré aucune résistance pendant toute leur progression, de Tessalit à Tombouctou en passant par Gao et Kidal. Pire, pris dans un mouvement de débandade générale, les soldats de l’armée régulière malienne ont abandonné sur place tout un armement qu’ils n’ont même pas eu le temps de détruire. Face à une situation aussi catastrophique, les pays de la région, en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest, membres de la Cédéao, ont vite évalué l’ampleur des dangers qui se profilaient. Le nord du Mali, par son étendue, était déjà devenu un point de jonction pour tous les groupuscules islamistes qui parcourent d’immenses étendues, depuis le nord du Nigéria (Boko Haram) jusqu’en Lybie en passant par le sud de l’Algérie. La Cédéao a bien tenté des efforts diplomatiques et une médiation via le Burkina Faso, mais plus le temps passe plus les groupes armés auront de chances de consolider leur présence dans les territoires tombés sous leur contrôle.Rien d’étonnant donc à ce que de plus en plus de voix, en Afrique et en dehors du continent, s’élèvent contre les atermoiements, inévitables pour toute voie diplomatique, et invitent à une action militaire concertée. La Cédéao a saisi d’une demande en ce sens le conseil de sécurité de l’ONU, pendant que les Maliens la réclament de tous leurs vœux. Pays voisin du Mali avec lequel elle partage une longue frontière, l’Algérie est sollicitée de toutes parts pour prendre une part active dans cette intervention et qu’elle déroge à son sacro-saint principe de non intervention militaire en dehors de ses frontières. Elle subit en ce moment même un véritable forcing, y compris des puissances occidentales, pour qu’elle mette son potentiel militaire au service d’une coalition qui neutraliserait les bandes armées dans le Sahel. Le ministre malien des Affaires étrangères, en visite à Alger depuis trois jours, n’est certainement pas venu –à son tour- dans un autre but que celui d’une «sollicitation militaire». Il est, certes, difficile d’anticiper une réponse de l’Algérie, tant les conséquences d’une intervention à l’extérieur ne sont jamais connues d’avance, y compris pour les pays qui se classent parmi les premières puissances militaires mondiales. Mais le fait est certain que, d’une certaine façon, l’Algérie n’échappe pas à la tourmente sahélo-malienne. Des faits suffisamment probants corroborent cet état de fait. Depuis le 5 avril dernier, et dès leur entrée dans la ville de Gao, les islamistes du Mujao ont pris en otages le consul d’Algérie et six de ses collaborateurs, pendant que Belmokhtar, ancien du GIA et du Gspc, se fait un plaisir de visiter l’enceinte diplomatique pour narguer l’Algérie. Le même Mujao s’illustrera, par la suite, par deux attentas kamikaze ayant ciblé deux sièges de la Gendarmerie nationale, d’abord à Tamanrasset, en mars dernier, ensuite à Ouargla le mois dernier. Il va de soi que, dans un tel contexte et en fonction du degré de gravité des menaces qui pèseraient sur elle du fait de la situation dans le Sahel, l’Algérie ne pourrait que peser très sérieusement le pour et le contre de son implication dans une intervention militaire.

À ce jour, les motifs réels du coup d’Etat mené le 22 mars dernier contre le président légitime Amadou Toumani Touré restent difficiles à élucider. L’accélération des événements depuis le putsch, avec une perte totale des deux-tiers du territoire qui échappent à Bamako, rend malaisée toute compréhension de la situation présente et encore moins des perspectives immédiates. La personnalité du capitaine Sanogo, intronisé chef de junte militaire, est plus déroutante encore et ajoute à la confusion générale qui règne au Mali.Ayant bouclé ses 40 ans en mai dernier, Amadou Sanogo, en parfait inconnu, semble surgi de nulle part et non d’une institution militaire formatée dans la rigueur et la discipline. Qu’on en juge : dans sa toute première déclaration, il dit que son objectif est de «réformer l’Etat», avant d’avouer, sans paraître le moins du monde gêné, qu’il n’a jamais voté de sa vie. Sur l’élément déclencheur de son action, il explique que c’est une réunion avec le ministre de la Défense, le 21 mars (la veille du coup d’Etat) laquelle a mal tourné, qui a précipité son passage à l’action. «J’ai profité de la situation et voilà où j’en suis», dit-il à des interlocuteurs de la presse.Formé dans des écoles militaires aux Etats-Unis, l’obscur capitaine était donc loin de s’attendre à des destinées aussi hautes. Il donne chaque fois l’impression d’en être lui-même le premier surpris. Président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (Cnrdre) et devenant chef de l’Etat, sa première décision est de suspendre les institutions.Mais sous la pression internationale, il les rétablit le 1er avril, mais en prenant soin de préciser que le Cnrdre demeure l’autorité suprême du pays. Une semaine plus tard, sous la contrainte des événements, il signe un accord rendant le pouvoir aux autorités civiles. Pendant la vingtaine de jours où il est resté chef de l’Etat malien, les rebelles touaregs ont conquis toute la moitié nord du pays et proclamé l’indépendance de l’Azawad. (La Tribune-02.07.2012.)

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**Le Congrès américain relève le rôle de l’Algérie

Le «rôle-clé» de l’Algérie dans le dénouement de la crise malienne en raison de sa proximité géographique avec ce pays devient de plus en plus évident. Ce rôle a été relevé, hier, lors d’une audition consacrée spécialement à la question malienne par la Chambre des représentants du Congrès américain, en présence de responsables du département d’Etat et d’experts des questions africaines. La sous-commission sur l’Afrique, relevant de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a ainsi auditionné le secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires africaines, M.Johnnie Carson, le chargé de l’Afrique auprès de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), M. Earl Gast, ainsi que des experts des affaires africaines, MM.Nii Akuetteh et Rudolph Atallah. Dans son intervention, M.Carson a dressé un constat sans appel de la situation au Mali, soulignant que «le territoire vaste et incontrôlable du Nord du Mali fournit un refuge pour Aqmi et d’autres groupes extrémistes qui peuvent se révéler de plus en plus efficaces pour cibler les intérêts occidentaux». A ce propos, il a avancé que les Etats-Unis doivent aider le Mali et d’autres pays du Sahel à lutter contre cette menace transnationale. Evoquant les efforts diplomatiques américains engagés face à la crise politique au Mali, il a fait savoir qu’en plus de la pression exercée pour le rétablissement d’un gouvernement démocratique dans ce pays, les Etats-Unis «soutiennent le principe de l’appropriation régionale en encourageant les efforts de médiation de la Cedeao» (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Sur ce point, il a souligné devant les parlementaires américains avoir encouragé «une collaboration régionale plus poussée en se rendant à Alger pour demander à l’Algérie, un acteur-clé, à participer aux efforts régionaux pour résoudre la crise au Mali». Le secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires africaines, Johnnie Carson, a soutenu qu’une éventuelle mission de la Cédéao pour reprendre militairement le Nord du Mali est «inopportune et irréalisable». L’Algérie est aussi de ceux qui ne partagent pas l’idée d’une intervention militaire au Mali, secoué par une crise politique, sécuritaire et même humanitaire. Concernant la question de la rébellion touarègue, il a indiqué que les Etats-Unis ont encouragé la Cédéao, l’Union africaine et des partenaires internationaux à résoudre cette question en intégrant l’Algérie et la Mauritanie. «La participation de ces deux partenaires, Algérie et Mauritanie, qui ne sont pas membres de la Cédéao, sera capitale pour une solution durable»,  a-t-il insisté. Sur le front de la lutte contre le terrorisme, il a affirmé que son pays travaille avec les pays voisins du Mali, dont la Mauritanie, le Niger et l’Algérie, pour renforcer la capacité de surveillance de leurs frontières, perturber les lignes d’approvisionnement d’Aqmi et contenir la propagation de groupes extrémistes, jusqu’à ce que l’armée malienne puisse entreprendre efficacement ses opérations dans le Nord. L’Algérie, qui est restée à distance et adopté une politique caractérisée par «prudence» par rapport  aux Révolutions qui ont secoué la région se retrouve à présent au coeur de la crise malienne dont l’issue est incertain. (L’Expression-04.07.2012.)

**le dialogue ou la force

De l’aveu même des Américains, la menace terroriste, dans la région sahélo-saharienne, focalise ces dernières temps l’attention de la communauté internationale qui craint un embrasement de toute la région, que ce soit pour  l’Algérie, les États voisins, les autorités africaines ou encore leurs partenaires stratégiques. La vulnérabilité du Sahara à la menace terroriste, est d’autant plus présente après les derniers évènements survenus au Mali voisin et les menaces des  groupes terroristes qui sévissent aux frontières ont poussé l’Algérie à renforcer son dispositif sécuritaire  avec ce pays et les autres Etats  voisins afin de dégager des axes de coopération stratégique en la matière et lutter contre le phénomène terroriste qui a tendance à reprendre du poil de la bête. Pour les pays frontaliers, il  y va de la sécurité et de la stabilité de toute la région du fait que la situation est devenue instable, suite aux dernières menaces proférées par le chef d’Al-Qaida,  après la déroute du MNLA face aux islamistes. En clair, Al-Qaïda au Maghreb islamique, dont le chef est Mokhtar Belmokhtar, plus connu sous le nom de Khaled Abou Al-Abass, alias «Belaouar» veut empêcher toute  alliance  entre les pays de la région qui s’uniraient militairement et qui seraient appelés à intervenir militairement. Dans ce contexte, l’Algérie, veut non seulement combattre le terrorisme, mais également les conditions qui l’ont fait émerger, et l’extension au-delà des frontières algériennes et la présence avérée des groupes terroristes dans les états voisins inquiète les autorités algériennes  qui ont peur d’une connexion avec des groupes terroristes locaux. Cette menace, prise au sérieux par les autorités algérienne ne peut qu’entrainer une prise de conscience sur la nécessité de renforcer les liens avec les pays  de la région sahélo-saharienne afin de dégager une aptitude commune contre le terrorisme, pour la sécurisation des frontières. L’Algérie, a d’ailleurs engagé depuis quelques mois un dialogue renforcé avec ces pays pour dégager une politique de coopération commune dans  ce sens. L’armée algérienne en renforçant son dispositif militaire,  vise à empêcher que les zones désertiques de cette région, ne  deviennent des repaires pour les terroristes et une base arrière pour Al Qaida. (Réflexion-02.07.2012.)

**C’est le chaos à nos frontières Sud

Le terrorisme transnational que les Américains avaient chassé d’Afghanistan, se retrouve aujourd’hui au nord du Mali.

Une incroyable accélération de l’histoire s’opère actuellement au Nord du Mali qui glisse progressivement vers un désordre incontrôlable. Depuis mercredi dernier, le chaos total règne à nos frontières Sud. De violents affrontements armés ont opposé à Gao les combattants du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) avec les éléments du Mnla (Mouvement pour la libération de l’Azawad). Les combats ont fait au moins vingt morts. Le Mnla a perdu ses chefs militaires ainsi que ses bastions dont le palais du gouverneur qui lui servait de quartier général dans cette partie du Mali. Considérés comme une digue capable de faire barrage aux islamistes, les éphémères éléments rebelles du Mnla ont cédé face au terrible assaut des terroristes d’Ansar Eddine en supériorité militaire. Ces derniers, avaient pris le soin de contrôler les armes lourdes volées des stocks libyens et cachées dans les zones montagneuses du Nord du Mali. A Tombouctou, le Mnla a quitté ses positions pratiquement sur injonction d’Ançar Eddine. Hier, presque tout le nord du Mali est tombé entre les mains de ces factions salafistes qui ne se contentent pas de cette victoire mais s’adonnent à des actes de vandalisme qui scandalisent la communauté internationale. Ils ont décidé de démolir tous les mausolées de saints musulmans à Tombouctou, en représailles à la récente décision de l’Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril. Cette mise en danger du patrimoine mondial a fait réagir le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubaker affirmant que cela risquait de «choquer la très grande majorité des musulmans de la région».
L’Unesco a, pour sa part, déploré ces destructions «tragiques». «Nous venons juste d’apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali», a déclaré l’Unesco, dans un communiqué.
Ce comportement rappelle étrangement celui adopté par les taliban au début des années 2000 en prenant la décision de détruire les statues pré-islamiques d’Afghanistan. On se rappelle de la violente réaction de la communauté internationale et de la suite des événements dans ce pays, qui ne relève plus la tête, est connue. Allons-nous droitement vers l’afghanisation du Mali? Tous les indices le confirment.
Le terrorisme transnational que les Américains avaient chassé d’Afghanistan, se retrouve aujourd’hui au nord du Mali. Voilà un argument inattaquable pour une intervention militaire étrangère. La situation risque de déclencher une guerre régionale pour «juguler» ce New Afghanistan point de ralliement des jihadistes. Cela coule de source car les Occidentaux doivent anticiper pour leur sécurité d’abord. Ce nouveau développement du conflit est particulièrement inquiétant pour l’Algérie qui partage des milliers de kilomètres de frontières avec le Mali. Tous les experts algériens sont unanimes: cette crise sera d’une grave conséquence pour notre pays.
Les faits sont d’autant plus graves que ce sont désormais les islamistes du Mujao qui contrôlent cette partie du Mali. C’est une secret de polichinelle, la cible privilégiée de cette organisation islamiste n’est autre que l’Algérie. Financé et armé, pendant des années par l’Arabie Saoudite, le courant djihadiste salfiste est à présent bien pris en charge par l’émir du Qatar. C’est ce même sous-traitant qui a été le sinistre artisan du drame libyen. Que vise-t-il en voulant rééditer le scénario au Mali? L’heure est sérieusement grave. (L’Expression-01.07.2012.)

**Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)  revendique l’attentat  ayant visé vendredi la gendarmerie de Ouargla

Ce groupe terroriste semble avoir pour unique mission de s'attaquer et de viser, par ses actes terroristes, l'Algérie

Les actions menées jusqu’ici par le Mujao, né en novembre 2011, suscitent bien des interrogations.

Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), groupe islamiste armé présent dans le nord du Mali, a revendiqué dans un message à l’AFP l’attentat meurtrier ayant visé vendredi la gendarmerie de Ouargla. «L’attaque contre le siège de la gendarmerie algérienne ce (vendredi) matin à Ouargla a été effectuée par un jeune Algérien de la même ville. (…) Les cellules de la branche Mujao en Algérie ont réussi à réaliser une punition rapide pour les autorités algériennes», a déclaré le porte-parole du Mujao, Adnan Abu Walid Sahraoui, dans ce message transmis par texto. Selon le ministère de la Défense, un gendarme a été tué et trois blessés dans cette attaque à la voiture piégée contre le siège du commandement régional de la gendarmerie en plein centre de Ouargla. Le Mujao accuse, par la voix de son porte-parole, l’Algérie «d’avoir poussé» la rébellion touaregue du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) à «entrer en guerre contre lui», alors qu’ils avaient pris ensemble avec d’autres groupes armés, il y a trois mois, le contrôle des trois régions administratives formant le vaste Nord malien. «Le Mnla a été poussé par l’Algérie à aller dans une guerre avec les «moudjahidin» perdue d’avance», a-t-il écrit. Néanmoins, les actions menées jusqu’ici par le Mujao, né en novembre 2011, suscitent bien des interrogations. Malgré la dénomination régionale qu’il se donne (Afrique de l’Ouest), visiblement, ce groupe terroriste semble avoir pour unique mission de s’attaquer et de viser, par ses actes terroristes, l’Algérie. Qu’on en juge: toutes ses actions connues et revendiquées (quatre) ont ciblé l’Algérie: deux attentats (Tamanrasset et Ouargla), deux enlèvements (trois humanitaires européens à Tindouf) et sept diplomates algériens à Gao (au Nord-Mali). Or, ce mouvement terroriste, à en croire ses initiateurs, devait se «consacrer» aux Etats de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, le Mujao, qui se présente comme une dissidence d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), a revendiqué en décembre 2011 le rapt, fin octobre, dans l’Ouest de l’Algérie, de deux Espagnols -un homme et une femme – et d’une Italienne, qui travaillaient dans des camps de réfugiés à Tindouf comme coopérants pour des associations humanitaires. Puis vint un attentat kamikaze contre le groupement de gendarmerie, à Tamanrasset, le 3 mars dernier. Cet acte terroriste est intervenu, il est utile de le noter, quelques jours à peine après la visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, à Alger. Une visite lors de laquelle la coopération en matière de lutte antiterroriste a été au menu des discussions avec les autorités algériennes, notamment dans la région du Sahel infestée par des organisations terroristes de tout bord, basées dans les régions frontalières de l’Algérie, du Niger, du Mali et de la Mauritanie. S’ensuit alors l’enlèvement du chef de la mission consulaire algérienne et six de ses collaborateurs à Gao, le 5 avril. Le Mujao a réclamé 15 millions d’euros pour les libérer. Fin avril, il avait dénoncé l’échec de négociations avec l’Algérie, et le 8 mai, le Mujao a fixé un délai «de moins de 30 jours» au gouvernement algérien pour satisfaire ses revendications, en menaçant de tuer les otages. «Nous lançons un ultimatum de moins de trente jours au gouvernement algérien pour satisfaire nos revendications, sinon la vie des otages sera en grand danger», avait dit Adnan Abu Walid Sahraoui dans un message à l’AFP. Fidèle à ses principes, l’Algérie a refusé de payer la rançon exigée. «L’Algérie (…) a refusé complètement nos demandes, et cette décision mettra la vie des otages en danger», avait dit le porte-parole du Mujao, sans donner de détails sur les revendications de son mouvement. Quand aux desseins et aux missions inavouées qui animent et dirigent les actions du Mujao, Mohamed Salem Ould Salek, chef de la diplomatie de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), est catégorique. «le Mujao roule pour le Maroc», a-t-il déclaré, dans une interview accordée le 5 mai 2012 à L’Expression. Il a confié que le Mujao «apparu récemment et présenté comme une dissidence d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), ayant ses bases dans le nord du Mali, est une invention des services marocains, soutenue par des gouvernements étrangers souhaitant, par voie de conséquence, plonger toute la sous-région dans l’instabilité et l’insécurité pour permettre une intervention étrangère au Sahel». Pour le diplomate sahraoui ce groupe terroriste «s’acharne contre l’Algérie depuis sa création» et «qu’il est même chargé de faire de l’Algérie sa cible». Pour appuyer ses dires, Mohamed Salem Ould Salek a révélé que «les autorités sahraouies détiennent des preuves concrètes quant à l’implication des services marocains dans les activités du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest». A ce propos il a confié que «certains éléments du groupe Mujao, qui ont été arrêtés par les services de sécurité sahraouis à la suite de l’enlèvement des trois humanitaires européens à Tindouf ne nient pas le fait qu’ils ont été recrutés par des services marocains pour enlever les trois humanitaires à Tindouf». Le chef de la diplomatie de la Rasd promet d’autres révélations et éléments d’informations «qui seront communiqués en temps opportun». Et de promettre de divulguer: «les résultats de l’enquête diligentée contre les terroristes qui sont sous les verrous dans l’Etat sahraoui». (L’Expression-01.07.2012.)

**MUJAO, MNLA, ANSAR EDDINE, AQMI et réseaux de contrebande

   L’explosif mélange au nord du Mali

Le Mnla «est infiltré par des courants antagonistes»

Tout porte à croire que le Mouvement national pour la libération de l’Azawad,  né à la fin de l’année 2011, qui prétend à une partition du Mali, est «mort-né».

Tout porte à croire que le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, né à la fin de l’année 2011, qui prétend à une partition du Mali, est «mort-né». S’étant engagé sur un terrain miné par la prédominance des groupes terroristes, ce mouvement aux motivations anodines a démontré son incapacité et son manque d’influence, dans une région rongée par une instabilité politico-sécuritaire et socio-économique. Prévu comme le plus grand gagnant après le coup d’Etat militaire du 22 mars contre le régime d’Amadou Toumani Touré, le Mnla est, en un mot, «une défaite», notamment en présence des réseaux terroristes, qui rendent une intervention militaire, une opération à haut risque selon des experts. Comment ce mouvement, qui se présente comme un bastion contre Al Qaîda au Maghreb, a pu basculer dans la défaite? Chassé de son quartier général à Gao sous contrôle désormais des groupes terroristes d’Ansar Eddine et le mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, le Mnla, selon le chercheur Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains (Cémaf) à Paris, «est infiltré par des courants antagonistes».
Il souligne dans ce même contexte «l’incapacité des Touareg à fédérer l’ensemble des populations du Nord, notamment les Arabes et les Songhaïs». La plus grande tare de ce mouvement, confient des stratèges bien avertis, est le fait «d’avoir réclamé l’indépendance d’une partie du Mali», alors qu’une telle revendication est inadmissible pour la communauté internationale. Surtout, souligne encore le directeur du Centre d’études des mondes africains, que «la crise en Libye, qui a fourni hommes et armes aux factions armées du Nord-Mali (Mnla, comme islamistes), a précipité le déclenchement de la rébellion sans que le projet du Mnla pour un Etat indépendant au Nord soit très abouti». Pour un autre chercheur, l’islamologue Mathieu Guidère, «les combattants du Mnla se sont démobilisés après la prise des grandes villes, alors que les islamistes locaux d’Ansar Eddine, commandés par le charismatique leader touareg Iyad Ag Ghaly, ont labouré le terrain, restauré l’ordre dans les villes, rassuré les commerçants». Et d’ajouter: «Le Nord est clairement contrôlé par des islamistes, avec un groupe dominant qui est Ansar Eddine». Ce dernier prévoit l’instauration d’un Etat islamique et l’application de la charia avec la complaisance d’Al Qaîda au Maghreb, avec laquelle il a convenu une plate-forme commune. A ce propos, l’islamologue soutient que «les liens hiérarchiques entre eux sont très codifiés, les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maître du territoire». Une reconnaissance à la demande du présumé numéro un d’Al Qaîda au Maghreb, Abdelmalek Droukdel, dont plusieurs éléments sont ancrés dans la région depuis des années. Cette situation encore confuse, représente, néanmoins pour la communauté internationale, une nouvelle donne dans la région pour laquelle les dirigeants d’Afrique de l’Ouest réclament une intervention militaire par l’envoi de 3000 soldats sur place. Réunis vendredi à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, la Cédéao a de nouveau exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser l’envoi d’une force au Mali. Cependant, le recours à la force ne se fera pas sans l’aval des USA qui semblent être pleinement d’accord sur cette question avec l’Algérie. Une solution pacifique et politique à la crise serait-elle encore possible après la grande défaite du Mnla? En tout état de cause, pour l’Algérie, l’une des pièces maîtresses dans cet échiquier, l’envoi de forces militaires dans cette zone est presque une folie et peut engendrer des conséquences encore plus néfastes et compliquées sur l’ensemble des pays du Sahel. De même pour les Etats-Unis qui n’ont pas exprimé que de simples réserves, mais lancé un sérieux avertissement à peine déguisé à la France et à la Cédéao qui revendiquent une intervention militaire au nord du Mali. Les deux pays, qui partagent une même vision sur le dossier malien, seraient les deux acteurs principaux à maitriser les nouvelles donnes qui sévissent actuellement et certainement conscients qu’une intervention étrangère donnera naissance à une nouvelle Somalie et qui risque de menacer la stabilité des pays voisins. (L’Expression-02.07.2012.)

**Drôle de carrousel au Sahel

Au départ un homme, un seul, le capitaine Amadou Haya Sanogo, s’empare du pouvoir au Mali par un coup d’Etat le 22 mars 2012. Trois mois plus tard, le Mali est privé de sa partie Nord, jusqu’à Tombouctou, qu’occupent le Mnla (Touareg) et divers groupes terroristes. Au sud du pays, la situation est loin d’être claire. Sanogo a certes rendu, le 12 avril dernier, le pouvoir aux civils mais reste incontournable après la démission du président élu, Amadou Toumani Touré et la désignation d’un nouveau président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. Agressé dans son bureau, le 21 mai dernier, ce dernier s’est rendu en France pour des soins. Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Sadio Lamine Sow, qui est arrivé, hier, dans notre pays pour une visite de deux jours, fait partie du gouvernement nommé par Dioncounda Traoré le 24 avril dernier. Depuis trois mois donc, la situation créée par le coup d’Etat, est très confuse dans ce pays situé à nos frontières. Parmi diverses initiatives enregistrées, il y a celle de l’Union africaine qui a saisi le Conseil de sécurité. Il y a celle de la Cédéao (la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui regroupe 15 pays). Réunie en Côte d’Ivoire, celle-ci prévoit d’envoyer au Mali une force de 3000 hommes. Décision contre laquelle les Etats-Unis viennent de donner leur avis. «Il faut se rendre compte que le gouvernement (malien) au Sud n’a plus de forces armées dignes de ce nom…Il a perdu la moitié de son équipement quand il a quitté le Nord…une éventuelle reconquête du Nord serait une entreprise très lourde pour la Cédéao», a déclaré, vendredi dernier, le Secrétaire d’Etat adjoint chargé des Affaires africaines, Johnnie Carson, lors de son audition au Congrès américain. Ce qui veut dire que la rébellion qui a investi le Nord dispose d’un équipement militaire égal à celui des forces gouvernementales du Sud. Ce qui veut dire aussi que la Cédéao ferait mieux d’envoyer ses 3000 hommes au Sud pour renforcer la défense dans cette partie du pays. Pour au moins deux objectifs. Garder ses positions contre les terroristes si d’aventure ceux-ci ont planifié une plus large occupation qui comprendrait également le Sud. Ceci d’une part. Ce n’est qu’une fois ce risque écarté et les forces militaires gouvernementales remises sur pied que la récupération du Nord peut être envisagée et l’intégrité du Mali restaurée. Le but étant de prendre en étau les terroristes entre, au Nord, la puissance de feu de l’armée algérienne qu’ils redoutent et au Sud la coalition des forces maliennes avec celles de la Cédéao. Les terroristes semblent cependant bénéficier de soutiens étrangers. Sinon comment expliquer cette accélération des événements sur le terrain depuis la déclaration du secrétaire d’Etat américain? Comment expliquer cette subite destruction des mausolées à Tombouctou, classés patrimoine mondial en péril par l’Unesco? Fallait-il aux terroristes trois mois de réflexion pour s’apercevoir que ces mausolées étaient en contradiction avec leurs «croyances»? Que signifie tout ce tintamarre de l’AFP, qui fait le parallèle avec les taliban et Al Qaîda qui ont détruit en 2001 les temples de Bayman en Afghanistan et qui joue le même rôle, de relais médias au terrorisme, que la chaîne Al Jazeera dans d’autres contrées? Voilà que le ministère des Affaires étrangères français «condamne» et appelle à la «fin des violences». Ce qui fera sûrement peur aux terroristes. Plus inquiétant encore ce communiqué du ministère des Affaires étrangères marocains, publié hier et qui «appelle les Etats islamiques et la communauté internationale à une intervention urgente». Si ce n’est pas pour une afghanisation du conflit cela y ressemble fortement. Rappelons que le Maroc n’a pas de frontières avec le Mali. Décidément, le Sahel vit un drôle de carrousel. En Algérie nous ne sommes point surpris! *Par Zouhir MEBARKI – Lundi 02 Juillet 2012-L’Expression.

**Six émirs d’Aqmi en renfort à Gao

Après la prise du contrôle de la ville de Gao par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’heure est à la préservation des acquis. C’est ce qu’expliquerait la présence à Gao, depuis le mercredi 27 juin 2012, de six émirs d’Aqmi.Depuis le mercredi 27 juin 2012, date qui marque la première grosse défaite du MNLA dans son aventure indépendantiste au Nord du Mali, on signale l’arrivée d’un renfort de combattants d’Aqmi à Gao. Ils sont menés, selon nos sources, par une demi-douzaine d’émirs d’Aqmi. Il s’agit notamment de Mocktar Belmoktar dit le Borgne, Abdel Kader Drouckdel, Hamadaou Ould Medkeria dit  Abougoungou, Seyd Faycal Aly, Kailly Yset Abdoul Jabal, et Abdoul Katim Targoui.Comme pour signaler qu’ils ne sont pas venus dans la Cité des Askia en simples visiteurs, ces chefs de guerre auraient passé 4 h d’horloge (de 1h à 5h du matin) à se concerter pour mettre en place une stratégie contre toute tentative d’assaut des éléments du MNLA qu’ils ont mis en déroute après une seule matinée de combats. Ces combats auraient fait, selon certaines sources, 37 morts dans le camp du MNLA dont des membres de son drôle de gouvernement appelé Conseil de transition de l’Etat de  l’Azawad (CTEA).Depuis hier jeudi 28 juin 2012, 23 véhicules 4×4 de combats remplis de combattants seraient arrivés en renfort à Gao pour parer à toute éventuelle réplique des vaincus. Moktar Belmoktar en est le chef des opérations. Après de violents combats contre les hommes du MNLA qui ont fait mercredi au moins vingt morts, les islamistes du Mujao, présenté comme une dissidence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont chassé de Gao le MNLA, dont des chefs ont fui ou ont été blessés, selon plusieurs témoignages.Parmi les chefs du MNLA blessés, figure Bilal Ag Achérif, le principal dirigeant du mouvement, évacué au Burkina Faso, pays qui dirige la médiation pour une sortie de crise au Mali..Dans un communiqué daté de Gao vendredi, le chargé de l’information et de la communication du MNLA, Moussa Ag Assarid, affirme que le mouvement a eu 4 morts parmi ses combattants et environ 10 blessés, mais la plus lourde perte est bel et bien du côté des terroristes d’Aqmi et du Mujao, parlant de plusieurs dizaines de morts.Il y a eu également, malheureusement, des victimes civiles lors de ces combats de ces dernières journées, ajoute-t-il dans ce texte, sans se prononcer sur la perte de terrain du MNLA.D’après plusieurs autres témoins, ce mouvement a également été contraint de se retirer jeudi de ses dernières positions à Tombouctou (nord-ouest) sur injonction d’Ansar Dine.La déroute du MNLA face au Mujao renforce la présence islamiste dans le vaste nord malien, appelée Azawad par le mouvement rebelle touareg qui en a unilatéralement déclaré l’indépendance, rejetée par la communauté internationale.  (Réflexion-01.07.2012.)

**Le Sahel : des espaces à conquérir ou des territoires à partager ?

«Une nation sans un gouvernement national est, à mon sens, un affreux spectacle.» A. Hamilton

Guerres chroniques au Sahel

Les guerres civiles en Afrique, malheureusement nombreuses, la plupart sous-tendues par une course au pouvoir, procèdent des mêmes frustrations. Les dégâts et les atrocités qui en résultent sont également comparables. Le plus souvent, les conséquences d’un passé douloureux apparaissent en premier plan pour expliquer le déchirement des populations à la recherche de l’équité et d’un équilibre régional pour mieux cohabiter. Riches ou moins riches, en Afrique, on n’échappe pas à la malédiction des désordres intérieurs qui débordent sur les pays voisins par les vagues de réfugiés fuyant la terreur, favorisant l’apparition de zones frontalières non contrôlées propices aux activités de trafic en tout genre. Si ce fléau a été résorbé dans la majorité des cas, sa ténacité au Sahel fait de lui une menace régionale.

On peut citer, à travers les exemples de guerres civiles au Sahel où le risque de ce genre de conflit est le plus élevé, celle du Soudan. Commencée en 1955, elle devait trouver sa solution définitive dans les Accords d’Addis Abeba signés en 1972 et qui garantissaient au sud de ce pays une importante autonomie interne. Mais la campagne d’islamisation lancée en 1983 par le président Jaffar Ennoumeiri (1969-985), son intention de transformer le Soudan en un Etat arabe, de diviser le Sud en trois régions et d’instituer la charia a remis en cause le fondement des accords. Ces décisions controversées furent à l’origine de la deuxième guerre civile qui aboutit, en janvier 2011, à l’indépendance du Sud-Soudan, après trente ans d’instabilité.

Cette solution marquera-t-elle la fin du cauchemar soudanais ? Rien n’est moins sûr, la question du Darfour reste lancinante. Au Tchad, là encore, les antagonismes ethniques et confessionnels ont débouché sur une fracture Nord-Sud. Les guerres civiles, déclenchées cinq ans après l’indépendance et qui se sont étalées sur cinq décennies (1965-1979, 1979-1982, 1998-2002, 2005-2010), trouvent des liens avec la guerre civile au Darfour et en République centrafricaine. On peut s’interroger d’ores et déjà sur les implications probables de l’indépendance du Sud-Soudan sur le Sud tchadien, de même confession et séparatiste. Au Sahel, les conflits ont cette particularité de s’inscrire dans la durée. L’instabilité au Mali et au Niger dure depuis plus de quatre décennies, les mêmes causes produisent les mêmes effets.                                                   

La médiation au Mali

La première fronde des Touareg du Mali remonte à 1963, soit trois ans après l’indépendance du pays. La réponse du pouvoir de l’époque fut la répression. La population quitta le territoire fuyant vers les pays limitrophes. La contestation se radicalise, devient sécessionniste et s’organise autour de Iiyad Ag Ghali à la tête du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA). La rébellion s’exprimera par les armes, le 28 juin 1990, contre les localités de Menaka et de Tidermène. Selon Son Excellence, l’ambassadeur KI Doulaye Corentin : «La répression, par l’armée malienne fut, une fois de plus, lourde et sans pitié.» (le faso.net-02 juillet 2007). Sans les résultats escomptés.

Sur les mêmes bases de revendication territoriales et les mêmes griefs : marginalisation politique, économique et sociale, la rébellion armée des Touareg au Niger est déclenchée en 1985 par une attaque sur Tchin-Tabaradène, également par un mouvement sécessionniste, le Front populaire pour la libération du Niger (FPLN), devenu plus tard Front de libération de l’Aïr et de l’Azawak. La réponse à cette attaque fut, comme par le passé, la répression militaire qui, selon le même ambassadeur, «prendra des proportions alarmantes après la deuxième attaque sur la même localité en mai 1990». Si on considère les soulèvements armés signalés depuis, malgré le «Pacte national» du Mali du 11 avril 1992 et l’«Accord de paix» signé à Niamey le 24 avril 1995, entre le gouvernement de la République du Niger et l’Organisation de la résistance armée (ORA), on conclut au moins que ces deux engagements n’ont pas été menés à bien ou n’ont pas été suffisants pour éteindre la rébellion touareg, aussi bien au Mali qu’au Niger.

Les autres accords, venus par la suite compenser en vain leurs insuffisances exprimées par d’autres rébellions, complètent le tableau de l’absurdité de la damnation de Sisyphe. Avec 130 000 Maliens déplacés à l’intérieur de leur pays et 140 000 réfugiés dans les pays voisins (source : UNHCR), seule la mobilisation d’une assistance internationale pourrait panser les dégâts infligés aux innocents en faisant naître de l’espoir aux enfants d’aujourd’hui, menace probable pour l’avenir. Aujourd’hui, la résurgence de la rébellion dans l’Azawad suivie du coup d’Etat assombrissent plus qu’auparavant l’horizon malien. La situation exige, dans l’urgence, une solution à l’anarchie qui prévaut, pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat sans laquelle il ne peut y avoir de règlement durable à tout différend. «On sait qu’il existe quelque chose de pire qu’un mauvais Etat, c’est l’absence de tout Etat. L’anarchie est pire que la tyrannie, car elle remplace l’arbitraire de l’un par l’arbitraire de tous», écrit le philosophe T. Todorov dans Mémoire du mal, tentation du bien, Robert Laffont.

Cette solution consiste donc à remettre d’abord les repères en place, c’est-à-dire un pouvoir fort de sa légitimité à qui il incombera de décider du modus operandi adapté à la gravité des réactions des belligérants, en premier lieu : le MNLA et les putschistes.
Ce pouvoir se doit de se réapproprier la légitimité des moyens de la violence avec la philosophie propre à tout Etat dans les circonstances où son destin se joue, c’est-à-dire en combinant à l’observation froide, une interrogation sereine à son histoire en vue d’une réaction éminemment morale. Rétablir ATT dans ses droits serait la voie la plus expressive. Car son rétablissement est en soi une réponse à ceux, qui par pur instinct, ont violé les lois de la République, et pour quel résultat sinon celui d’un aveu d’incompétence à soutenir la patrie dans une phase aussi critique que sa partition.

Démarche qui interpellerait également l’inconstance des mouvements armés du Nord non seulement par leur reniement à leurs engagements vis-à-vis de l’Etat et envers le médiateur, mais aussi par le rejet total des accords conclus y compris leur principe qui jusque là prévalait : l’intégrité du Mali. L’Etat ne peut cependant s’inscrire dans la démarche de groupes ou de bandes armées. Investi de la confiance du peuple, il recherchera la stabilité et la réhabilitation de ses institutions.                    

Sans perdre de vue quelle paix on souhaite instaurer, et sur la base du rapport d’Amnesty International et d’autres témoignages, il est vital pour la cohésion du peuple malien et pour le renforcement de la paix d’identifier les responsables du bombardement des populations autour de Kidal, car il constitue en soi un acte sécessionniste. Par ailleurs, une commission d’enquête doit pouvoir aboutir à l’identification des responsables de l’humiliation. Qu’ils soient de la rébellion ou de l’armée régulière, leur jugement consacrera la force de la loi et rétablira, sans doute, la confiance envers le pouvoir. Le désarmement, la démobilisation et la réinsertion, comme dans tout règlement de conflit, seront les étapes nécessaires pour le rétablissement de l’ordre et une certaine réhabilitation de l’Etat.

La réaction de la communauté internationale, y compris les membres du Conseil de sécurité de l’ONU de nature à baliser les débats entre les parties au conflit, pourrait être complétée par une assistance internationale dans le domaine économique qui compenserait les lacunes à l’origine de l’insatisfaction des engagements contenus dans l’accord-cadre de règlement des problèmes du Nord. En s’arrogeant le droit d’imposer la loi islamique par la force des armes, ce qui n’est du ressort d’aucun groupe, Ansar Eddine rejette tout dialogue par les voies consacrées au débat dans un pays réellement démocratique, le Mali. Sa présence à Ouagadougou pervertit la médiation.

Toutefois, l’espoir peut être conservé si la pédagogie de la démarche, la subtilité de la médiation pourraient l’amener à activer dans la légalité en se constituant parti politique pour défendre ses suggestions en matière de réformes de l’Etat dans un cadre civilisé, c’est-à-dire convaincre avec argumentation et non faire peur avec une kalachnikov. L’accepter à la table du dialogue dans le cadre d’une réconciliation serait un antécédent pour les générations futures ; c’est admettre le débat par les armes. Une telle démarche ne peut assurer une victoire définitive. Dans son livre référence Histoire mondiale de la stratégie, B. H. Liddell Hart conclut : «Si vous consacrez la totalité de vos efforts exclusivement à la recherche de la victoire et sans penser aux conséquences ultérieures, (…) il est presque certain que cette paix sera une mauvaise paix portant déjà les germes d’un autre conflit. C’est la leçon dictée par une longue expérience.»

S’agissant des autres groupes de trafiquants, les narcotrafiquants et de crime organisé, tel le Mujao, tout porte à croire qu’ils représentent une source non négligeable de financement des rebelles. Une concertation des organisations sous-régionales en vue d’une intervention militaire, contre désormais, le banditisme transfrontalier, le contrôle des frontières avec éventuellement la poursuite coordonnée, serait à court terme, prometteuse d’une stabilité favorable au développement de ces zones longtemps interdites. Certes, l’immensité du champ des opérations suggère la participation de la population généralement acquise à celui qui occupe le terrain. Aussi, le règlement du conflit MNLA et la réponse aux actes inconsidérés des putschistes, détermineront-ils la conviction de cette population à s’impliquer aux côtés de leur Etat et partant, l’efficience d’un tel engagement. * Par Mohamed Khalfaoui : ancien officier supérieur de l’ANP (publié dans El Watan-03.07.2012.)

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*A Tinzaouatine, aux portes de l’Azawad …à la frontière algéro-malienne

La «49e wilaya» frit au soleil en ce vendredi 13, respire l’air vicié du tamadalit (tempête de sable en tamasheq) dont la saison vient juste de commencer. Nous sommes à Tinzaouatine, à 2600 kilomètres au sud du Club des pins-Alger.

****Envoyé spécial d’El Watan:Mohand Aziri (Reportage)

La bourgade de Tinzaouatine, à l’extrême sud de l’Algérie,10 000 habitants, un concentré de tribus touareg, arabes, d’anciens et nouveaux réfugiés maliens et autres naufragés négro-africains, est sur la «ligne de front» avec le Mali. Une commune ouverte aux quatre vents. Pas de barrages filtrants ni à l’entrée ni à la sortie de cette agglomération du vieux monde, tout de même connectée à internet. Pas de présence imposante ou visible des services de sécurité ou de l’armée. Tout semble confiné autour de cette improbable ligne Maginot dont il est difficile de distinguer les fortifications. En juillet 2010, une section complète de GGF (les gardes-frontières), 11 gendarmes et gardes communaux, a été décimée, ici, par les terroristes d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI).

A la menace permanente que font peser les groupuscules fondamentalistes s’ajoute désormais le chaos sécuritaire au Nord-Mali. Le drapeau de la brinquebalante «république de l’Azawad», frappé du signe amazigh, flotte de l’autre côté de l’oued Tinzaouatine, un oued qui incarne sommairement un bout de ces «frontières intangibles héritées de la colonisation» et sépare virtuellement les deux Tinzaouatine, l’algérienne et la malienne, peuplée, depuis la nuit des temps, par la communauté touareg.

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<p><strong>A dix kilomètres de là, Chebrech, la Tinzaouatine malienne, passée depuis février sous le contrôle précaire du Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA). Des véhicules de l’armée malienne, prisés par les insurgés, campent sur la butte faisant face au poste-frontière algérien. Hissé sur le toit des cabines des camions, peint sur les rochers, l’emblème azawad, bien en évidence, annonce la couleur des «territoires libérés». «Rien de malien ne subsiste ici. Nous sommes azawadiens», déclare, une étincelle dans les yeux, Mohamed Ag Sidi, du bureau politique du MNLA à Tinzaouatine.</strong></p>
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La déroute de l’armée malienne, qui surveillait tant bien que mal cette frontière passoire et virtuelle, est totale. La Berezina en terre saharienne. Dans la nuit du 8 au 9 février dernier, la forte charge sonnée par les insurgés contraint les militaires maliens à abandonner postes et casernement pour se précipiter en terre algérienne trouver asile.

Les «damnés» de Tinzaouatine

Moissé Keita, immigrant nigérian, refoulé «abusivement» d’Algérie après des années d’études à l’université de Blida, a assisté à la débandade : «C’était un déluge de feu, militaires maliens, immigrants camerounais, Bambaras, Nigérians (…) avons tous fui nos ‘républiques’ (maisons en toub squattées par les immigrants expulsés d’Algérie) pour nous réfugier de l’autre côté de la frontière. Des avions de chasse algériens survolaient l’espace. C’était la guerre.»
Cette guerre «éclair» Yazid, conducteur d’engins à la Sonatro – entreprise publique de BTP qui, depuis plus d’un an, construit à Tinzaouatine un aérodrome pour l’armée de l’air algérienne – dit l’avoir aussi vécue «en direct», à partir de la base de vie de sa société : «Impressionnant, on aurait dit un tremblement de terre.»

La guerre a charrié son contingent de malheurs et de réfugiés. Dans le lit de l’oued, à côté d’une nécropole surannée, une quarantaine de familles de réfugiés issus de tribus touareg (Ifoghas) et descendants des Banou Hillal (Kel Essouk) ont installé un campement rudimentaire. Les plus nanties d’entres elles disposent de tentes en bonne et due forme (dont trois offertes par le Croissant-Rouge), les autres en ont bricolé quelqu’une l’aide des loques et d’oripeaux ramassés alentour, mais vite emportés, dispersés par les tempêtes de sable. Oubliés des dieux et des hommes, leur situation est des plus critiques. Pas d’eau, pas de nourriture ni de médicaments, ces réfugiés originaires du Nord-Kidal ayant fui les bombardements de l’aviation malienne, en mars dernier, frôlent le désastre humanitaire.

Pour le maire de Tinzaouatine, le «problème» des réfugiés ne date pas de ce conflit. L’afflux de populations, touareg notamment, réprimées par le pouvoir malien est récurrent depuis les années 1960. «C’est pas nouveau chez nous et cette fois-ci, les réfugiés ne se sont pas installés chez nous», insiste-t-il. La situation des réfugiés et la proclamation d’un «nouvel Etat» à la frontière de sa commune ne semble pas trop inquiéter Ahmed Chitou, le président de l’APC (FLN). «Le risque de contamination est quasi nul», estime-t-il d’emblée. Et pour cause : «La situation des Touareg du Mali, marginalisés et réprimés par le pouvoir central, est sans commune mesure avec celle des Touareg d’Algérie qui bénéficient de la bienveillance de l’Etat, de plans de développement, etc.» «Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas affectés, ce sont nos frères après tout et ce qui les affecte nous affecte aussi. C’est normal», ajoute-t-il. L’Azawad ? «Je ne le commenterais pas. Les Touareg, chacun y va de sa propre opinion.» (El Watan-17.04.2012.)

** 268.000 Maliens ont fui leur pays

Plus de 268 000 personnes ont fuit leurs domiciles depuis la mi-janvier au Mali, et cherché refuge ailleurs ou dans les pays voisins, a estimé jeudi le bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha).

Il y a eu «plus de 268 000 déplacés suite à la crise au nord du Mali, dont plus de 161 000 réfugiés en Algérie, au Niger, au Burkina Faso, et en Mauritanie», affirme dans un bulletin d’information Ocha pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basé à Dakar. Selon ce document, les «mouvements de populations» enregistrés au 15 avril concernent précisément 268 561 personnes. Sur ce total, 107 000 sont des déplacés internes au Mali, qui sont sans doute plus nombreux, en raison des difficultés de travail sur le terrain depuis «la conquête du Nord» par différents mouvements armés. Le Niger accueille plus de 29 000 réfugiés, le Burkina Faso plus de 46 000, la Mauritanie plus de 56 000 et l’Algérie, 30 000. Les premiers déplacements ont été provoqués par des attaques lancées le 17 janvier par des rebelles touareg et d’autres groupes contre l’armée dans plusieurs localités dans le nord du Mali.

La sécurité alimentaire en pointillé…

Ces mouvements armés, dont des islamistes, ont profité d’un coup d’Etat militaire, le 22 mars, pour mener une offensive foudroyante et prendre en trois jours le contrôle des trois régions administratives composant le Nord : Kidal, Gao et Tombouctou, coupant de fait le Mali en deux. Selon divers témoignages, la situation est alarmante pour les populations prises au piège dans ces zones où ont eu lieu des pillages, des saccages et des violations des droits de l’homme dont des viols. «La réponse humanitaire à l’intérieur du Mali a été rendue plus difficile après la conquête complète du Nord par la rébellion», indique Ocha, relevant que cette crise survient alors que le Sahel, incluant le Mali, est confronté à une grave crise alimentaire. «Avec l’avancement dans la saison sèche, la sécurité alimentaire continue de se dégrader dans les pays du Sahel», et «les conséquences de la crise au Mali vont rendre encore plus difficile la réponse dans ce pays, mais aussi dans la région, du fait des mouvements de populations», note Ocha. «Par ailleurs, le conflit au Mali tend parfois à éclipser l’urgence de la réponse plus générale à la crise alimentaire et nutritionnelle dans la région, alors que les financements internationaux (…) restent très insuffisants par rapport aux besoins», affirme-t-il.(AFP-19.04.2012.)

**Timiaouine : le râle des réfugiés Touareg

Cap sur Timiaouine dans l’Adrar (wilaya), porte est du Tanezrouft, la plus grande immensité désertique du monde.

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<p><strong> Six cents kilomètres de désert absolu, du nord au sud, à cheval entre l’Algérie et le Mali. «N’y allez pas, nous enjoint un officier du DRS en poste à Tinzaouatine, je vous le déconseille vivement. La route n’est pas sûre.» Le chef de brigade de la gendarmerie est du même avis, tout indisposé par la présence encombrante de journalistes. La piste rocailleuse, longeant la bande frontalière avec le Mali sur plus de 180 km de regs et oueds peuplés de campements nomades, serait, d’après les services de sécurité, un véritable coupe-gorge, elle infestée de trafiquants, contrebandiers, coupeurs de route et autres groupuscules terroristes ; AQMI et ses filiales présumées Ançar Eddine et Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest seraient établies dans ce ventre mou du Sahara, notamment dans la région inaccessible du Taoudéni au Mali , frontalière avec l’Algérie et la Mauritanie. Mais qu’à cela ne tienne ! Timimoun et Bordj Badji Mokhtar, au nord-ouest de Tinzaouatine, sont en première ligne.</strong></p>
<p><strong>Les deux «communes» font face, depuis le déclenchement du conflit azawad, à des flux importants de réfugiés, touareg maliens notamment. Officiellement, ils sont plus de 30 000, parqués dans des camps au nord-ouest de Tinzaouatine, à Bordj Badji Mokhtar et à Timiaouine. L’armée aussi envoie des bataillons en «renforts». D’après une source au fait de la situation sécuritaire sur place, 14 000 militaires renforceront, dans les semaines qui viennent, le dispositif, très discret, déjà en place. Le maire de Timiaouine, Yahia Baâyaoui, rencontré dans la brousse de Tawendert, village touareg, à 90 km de sa municipalité désertique, se fait un sang d’encre. Et pour cause, en un mois et demi, la population de la commune (8000 habitants – dont 60% de Touareg nomades, qui fuient de plus en plus le «village», ndlr), a presque doublé. A cette intempestive explosion démographique, s’ajoute la montée de l’insécurité et des vols de véhicules 4×4 appartenant notamment à des particuliers et des sociétés comme Hydro technique ont été signalés. Mise out, l’Assemblée communale n’a aucune emprise sur la gestion locale des événements. Le dossier des réfugiés est piloté conjointement par les départements de l’Intérieur et de la Défense. Timiaouine manque de tout : vivres, couverture médicale, peu de médicaments, mais aussi et surtout d’eau, dont la consommation a atteint des pics et suffit à peine à couvrir les besoins domestiques de la commune.</strong></p>
<p><strong>14 000 militaires au «front» du Mali</strong></p>
<p><strong>Le camp de réfugiés, érigé sur un plateau à la sortie nord de la commune, égraine des chapelets de souffrances. De Gao, Tombouctou, Ménaka, Tessalit, Aguelhok, etc., des réfugiés arrivent presque chaque jour, bravant l’immensité saharienne. Le camp, nouvellement créé, abrite 328 familles de réfugiés, transférées (pour des raisons de sécurité ?) par camions du camp saturé de Bordj Badji Mokhtar, distant de Timiaouine de plus d’une centaine de kilomètres. Ce sont 62 tentes, entourées de grillage, gardées par des gendarmes. Le gros des réfugiés est laissé en rade, dans la nature, établi en dehors du camp. Plus de 300 familles, selon une source locale. Les autorités refusent leur admission dans le camp. L’armée a par ailleurs refusé l’établissement d’un autre camp, au nord de Bordj, à PK 50, plus exactement. De l’autre côté de la frontière, Khalil, un camp de réfugiés à qui l’Algérie refuse l’accès, est établi sauvagement. Les récits des rescapés du camp sont terrifiants.</strong></p>
<p><strong>Plus de 1000 personnes sont établies à Kalil. A l’intérieur du camp de Timiaouine, seul l’instinct de survie anime les réfugiés. Aita Mohamed, agent de santé malien, regrette presque de ne pouvoir retourner au Mali. «Certes, dit-il, nous avons été accueillis comme des frères, par des frères, mais nous sommes comme des prisonniers. Certains d’entre nous veulent même retourner au Mali, tellement les conditions de vie sont insupportables.» La couverture sanitaire laisse à désirer. Un seul médecin pour une population totale de 15 000 habitants, entre nouveaux arrivants et anciens réfugiés.</strong></p>
<p><strong>Dix femmes enceintes, sans gynéco à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde ; 200 enfants souffrant de malnutrition (pas de lait pour nourrissons), de céphalées, de conjonctivite, de diarrhées sévères, etc. Déjà, deux décès ont été enregistrés dans le camp : un bébé de 7 mois, mort d’une céphalée sévère et une jeune fille de 22 ans, de malnutrition. Tout est rationné ici bas, dans cette antichambre de l’enfer. Une famille de dix membres reçoit du comité local du Croissant-Rouge 8 kilogrammes de vivres chaque semaine, soit 80 grammes de pâtes ou de légumes secs. Les aides arrivent, mais très peu à destination. Nombre de réfugiés demandent carrément l’intervention d’ONG. «Dites au monde ce que nous endurons, supplie Aita Ag Mohamed, rapportez ce que vous avez vu, ce que nous endurons !» (El Watan-17.04.2012.)</strong></p>
<p><strong>**<span style=Ibrahim Ag Al Habib (Cheikh Ibrahim). Leader du groupe Tinariwen :

     «J’ai peur pour mon peuple»

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<p><strong>Rencontre du troisième type, aussi insolite qu’improbable. Dans la brousse de Tawendert, dans l’extrême Sud, à mi-chemin entre Tinzaouatine et Timiaouine, le leader du groupe Tinariwen bivouaquait en ce vendredi 13, en compagnie du maire de cette ville. Il s’agit pour lui d’un retour au bercail, sur les lieux qui l’ont vu grandir, sur les traces de ses parents tamasheq (Touareg) qui dressaient autrefois leur tente à cet endroit, au milieu de verts pâturages. La gorge nouée, la voix tremblante, il exorcise ses craintes de voir son peuple et l’humanité entière sombrer dans une guerre de «troisième génération».</strong></p>
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<p><strong><em>- Tinariwen réfugié à Timiaouine. Vous avez pensé un jour en arriver là ?</em></strong></p>
<p><strong>Je me retrouve quand même dans une situation un peu étrange. Je suis réfugié, mais ne me considère pas comme tel pour autant. Je suis d’ici, de père en fils. J’ai grandi de ce côté-ci de la frontière. Ma mère est de Tessalit, au Nord-Mali, mon père de Kel Ahaggar (Touareg de l’Ahaggar, ndlr) : je ne peux pas être un réfugié alors que je suis chez moi. Et je suis très à l’aise ! C’est compliqué comme situation. Tous les membres du groupe Tinariwen sont dispersés dans le monde, en tournée en Europe, en Asie, en Amérique, je suis le seul à être resté. En 1963, j’ai perdu mon père (assassiné par des militaires maliens) à Tessalit, à 160 kilomètres d’ici où je me trouve. Si je me suis arrêté là, c’est en souvenir de ce temps où mes parents dressaient leur campement à cet endroit.</strong></p>
<p><strong><em>- Avez-vous une idée de ce qu’éprouvent les réfugiés touareg dans les camps de Timiaouine, de Bordj Badji Mokhtar ?</em></strong></p>
<p><strong>C’est bizarre de voir «ça».</strong></p>
<p><strong><em>- Blessant ?</em></strong></p>
<p><strong>Oui. Un peu. Car pour moi, Tessalit ou Timiaouine, c’est pareil. Pas de différence. Vous savez, je n’aime pas parler de ce genre de trucs.</strong></p>
<p><strong> </strong><strong><em>- C’est pas facile. Les Touareg, c’est une minorité dans le monde ; c’est une communauté pauvre, qui vit dans la brousse. Pourquoi le monde les voit-il aujourd’hui comme un danger ?</em></strong></p>
<p><strong>Dernière question pour la route, à propos de cet espace imaginaire ou nostalgique qu’est l’Azawad. Un cap vient d’être franchi après plus d’un demi-siècle de lutte armée et politique, celui de la proclamation de l’indépendance de l’Azawad, le 6 avril dernier. C’est un rêve qui se réalise, enfin la «terre promise» ?</strong><br />
<strong>Ce n’est pas un rêve. Je n’y crois pas. Ce qui se passe autour de nous est effrayant. Ce que je dis là peut être assimilé à des propos d’un illuminé, mais je ne pense pas que ce soit de bon augure. L’arrivée sur la place de technologies nouvelles, la prolifération des armes, conjuguées à la forte pression que subissent les peuples déclenchent des explosions un peu partout. Je ne suis pas un analyste politique, pas un politicien, mais un artiste. Et j’ai peur.</strong><br />
<strong>Le monde tourne mal. Peut-être que ce sont là les signes avant-coureurs d’une troisième guerre mondiale, qui sait ? Et toi, t’en penses quoi ? (rires) Une chose est certaine : là où je me trouve en ce moment je suis, wallah, très à l’aise, et je le resterai encore quand bien même le monde entier m’assiégerait. Par </strong><strong>Mohand Aziri- El Watan-17.04.2012.</strong></p>
<p><strong>**AHMED EDABIR. Amenokal de Tamanrasset: J’ai chargé un émissaire pour prendre contact avec les Touareg maliens.</strong></p>
<p><strong><em><strong>- Les événements au Mali menacent la sécurité de l’Algérie, principalement le Sud. Cela vous inquiète-t-il ? </strong></em></strong></p>
<p><strong>Je ne me suis pas déplacé au Mali. J’apprends au même titre que les autres Algériens le déroulement des événements. Et je pense que nous sommes à l’abri. Il n’y a aucun danger pour le moment. Nous nous trouvons dans une zone sécurisée et nous ne devons pas avoir peur. Les rebelles maliens n’ont pas l’intention de déstabiliser l’Algérie, même si nous n’avons pas eu de contact avec eux pour le moment. Leur chef, que j’ai rencontré par le passé, a été rassurant sur leurs intentions. Il n’est pas question, selon eux, de déstabiliser les relations entre les deux pays.</strong></p>
<p><strong><em>- Avez-vous pris contact avec les Touareg maliens ? </em></strong></p>
<p><strong>J’ai chargé un émissaire d’établir des contacts pour la libération des diplomates auprès des Touareg. Il faut d’abord savoir qui les détient. La situation est encore confuse. Il faut savoir également que nous n’avons pas les même objectifs ni les mêmes revendications que les Touareg maliens. Nous, Algériens, aurions pu avoir l’indépendance sans guerre ni sang, mais nous l’avons rejetée. En 1959, le général de Gaulle avait tenté de convaincre mon oncle l’amenokal Hadj Moussa Akhamokh en France dans la kheïma des Touareg d’avoir l’autonomie. A ce jour, nous refusons encore cette idée.</strong></p>
<p><strong><em>- Vous êtes plutôt rassuré, alors que la possibilité de fermer les frontières n’est pas écartée… </em></strong></p>
<p><strong>Les Touareg maliens, nigériens ou algériens connaissent leurs frontières. Elles sont tracées depuis des siècles. Chacun de nous connaît ses limites. Quant à l’éventuelle décision de fermer notre frontière avec le Mali, je ne peux pas la commenter. C’est la prérogative du ministère de l’Intérieur. Je suis essentiellement inquiet de la situation sécuritaire à Tamanrasset. La ville, qui n’a jamais été touchée, pendant les années 1990, vient d’être secouée en 2012. C’est bizarre. Nous avons tenu deux réunions et déposé une requête auprès du gouvernement pour qu’il sécurise davantage la ville. Des étrangers envahissent la cité et nous ne pouvons plus maîtriser la situation. La libre circulation des armes libyennes me fait peur. On ne sait pas combien d’armes sont entrées sur notre territoire. Nous voulons rétablir la «propreté» dans notre ville. Nous sommes devenus un carrefour de maladies et de contrebande. Nous voulons être associés à toute décision prise par les autorités locales. Les notables sont les mieux placés pour en décider.(El Watan-13.04.2012.)</strong></p>
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**Yves Bonnet  -Ex-directeur de la DST : « Sarkozy et l’OTAN, responsables du chaos en Libye et au Mali »

« Yves Bonnet, ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), a accusé « le gouvernement du président Nicolas Sarkozy et l’OTAN d’avoir entraîné la Libye dans un chaos et une perturbation sans précédent « , soulignant que « ces deux parties savaient parfaitement la taille des conflits tribaux là-bas et ses conséquences dans le cas où le pays sortait de sa stabilité ». »

L’ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), un service de renseignements du ministère de l’Intérieur, Yves Bonnet, a accusé le président Nicolas Sarkozy d’être responsable « du chaos en Libye, au Mali », soulignant que » le manque de confiance entre l’Algérie et la France a aggravé la situation dans la région de la côte de l’Afrique « .

Dans une interview accordée au quotidien algérien alAkhbar, Bonnet a jugé que « l’Afrique fait l’objet de perturbations sécuritaires de plus en plus dangereuses en raison du chaos provoqué en Libye, et dont les parties responsables sont bien connues à savoir l’OTAN et la France. Or, ces derniers n’ont pas tenu compte de quelque chose de grave, celui de réfléchir sur les résultats d’une intervention dans les affaires d’un État quel que soit la nature de son régime ».

Il a souligné qu’ « en politique, il est impératif de s’assurer que le règlement que nous cherchons dans une quelconque situation sera de loin meilleur que la situation elle-même, autrement dit dans le cas de la Libye, je pense que la situation d’avant était bien meilleure que celle d’aujourd’hui. »

Directeur du DST entre 1982 et 1985, Yves Bonnet connaît bien la Libye et les Libyens, c’est pour cela il affirme que « la Libye était un pays bien géré et a réalisé des progrès sociaux importants, voire que les Libyens étaient parmi les peuples les plus riches du Maghreb et maîtrisaient l’art de bien traiter avec autrui, sans compter qu’ils baignaient dans la paix et la sécurité, et donc la situation qui leur a été imposée est tout à fait différente de ce qu’elle était auparavant ».

Et de poursuivre : »qu’au cours de sa visite l’an dernier à Benghazi et à Tripoli, durant laquelle il était accompagné par les membres d’un centre qui s’intéresse aux questions sécuritaires, nous avons exprimé de sérieuses préoccupations envers l’extrémisme islamique croissant et mis en garde contre la fragmentation de l’État « .

Yves Bonnet a accusé « le gouvernement du président Nicolas Sarkozy et l’OTAN d’avoir entraîné la Libye dans un chaos et une perturbation sans précédent « , soulignant que « ces deux parties savaient parfaitement la taille des conflits tribaux là-bas et ses conséquences dans le cas où le pays sortait de sa stabilité ».

Pour ce qui est du Mali, l’ancien DST a mis en garde contre la présence d’Al-Qaïda en Libye: « Nul doute que certaines parties en Libye sont contrôlées par Al-Qaïda, or cette dernière a implanté un homme dans une région vitale, ce qui est dangereux non seulement pour la Libye, mais pour tous les pays dans la région » !

Interrogé sur la nécessité d’une intervention militaire étrangère au Mali pour résoudre la crise, Bonnet n’a pas exclu cette option mais ne l’a point encouragée en raison de la gravité de ses conséquences, surtout que « les pays dans la région du Sahel sont confrontées à des situations de plus en plus difficiles, et que cette région est une zone de confluence des civilisations, ainsi la civilisation bédouine et celle des nomades autochtone n’ont pas réussi à trouver un état d’harmonie ».

Enfin, l’ex-DST a mis en garde contre une marginalisation du rôle de l’Algérie : « La plus grande erreur qu’a commis la France, c’est qu’elle a oublié que Algérie est aussi un État du désert du Sud, et donc un partenaire incontournable ».

« On peut trouver des solutions aux problèmes de la région sous influence française, en créant une entente ou un accord entre l’Algérie et la France, sans que cela n’évolue en un problème plus complexe, surtout si les deux pays n’ont pas confiance l’un dans l’autre. Malheureusement, la France n’a pas confiance en Algérie, et non l’Algérie », a ajouté Yves Bonnet . (source: alterinfo.net)

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**La région du sahel sur un baril de poudre

Les armes libyennes détournées sont utilisées dans le conflit au nord du Mali

Alors que les choses ne sont pas encore calmées en Libye, ses répercussions sécuritaire ont touché le nord du Mali, puisque les armes détournées de Libye sont utilisées dans le conflit entre l’armée malienne et le mouvement de libération de l’azawad qui a causé des morts, des blessés et l’exode de milliers de réfugiés fuyant les batailles vers les pays voisins. La région est « un baril de poudre » à portée de vue de sud de l’Algérie.

Les observateurs ont qualifié les batailles qu’on connu les villes du nord du Mali de « féroce » vu les armes utilisées et la puissance de feu des combattants « azawad » à laquelle a fait face l’armée malienne et qui ne laisse planer aucun doute sur le fait que les « armes lourdes détournées de Libye sont parvenues dans la région du sahel et sont aux mains des différentes factions en conflit là-bas, dont des éléments d’Al-Qaida que le régime du président Toumani Touré accuse de participer aux cotés du mouvement de l’Azawad dans les attaques contre des casernes et centres de l’armée au nord du Mali.  Les témoignages de soldats maliens qui ont fuit les batailles vers la frontière algérienne ont indiqué que le mouvement de « rébellion » des Azawad de cette fois-ci n’est en rien comparable avec ce qui était arrivé dans les années 90 ni avec le rebellions des partisans de Ibrahim Bahanga entre 2005 et 2006, ce qui laisse penser que la quantité d’armes utilisées dans le conflit ne cesse d’augmenter, faisant de nombreux morts et blessés dans les rangs de l’armée maliennes et des partisans du mouvement de l’Azawad, et a poussé 160 mille habitants a fuir vers la Mauritanie, le Niger et l’Algérie qui a installé des campements et a envoyé des aides pour les réfugiés.  Selon les observateurs de la situation sécuritaire au nord du Mali, l’abondance d’armes et de munitions détournées de Libye en grande quantités, et le retour de plus de 16 mille touaregs armés dans la région après la chute du régime de Kadhafi, vont faire durer le conflit entre le mouvement Azawad qui demande l’indépendance et le gouvernement de Bamako qui refuse toute atteinte à l’unité du sol malien, sachant que chaque partie tente d’utiliser ses cartes pour faire pression avant de s’asseoir à la table des négociations, particulièrement après le fait que l’initiative de médiation de l’Algérie est eu le soutien des états africains et européens. Mais il y un autre acteur dans la région, à savoir l’organisation d’Al-Qaida au Sahel qui mise et encourage la poursuite des affrontements la bénéficiaire de l’ « hémorragie » que connait l’armée malienne, pour étendre son influence, particulièrement vu le fait qu’elle a des otages européens qui pourraient représentés des cartes de négociations et financières, ce qui signifie qu’« une solution politique » à ce qui se passe entre l’Azawad et le gouvernement malien est plus d’un objectif stratégique pour éviter que le baril de poudre n’explose. (El Khabar-02.03.2012.)

**Bamako engage son aviation dans les combats

Les affrontements se poursuivent encore entre l’armée malienne, appuyée par des hélicoptères, et des rebelles touareg du Mnla au nord du Mali.

Le torchon brûle encore entre l’armée malienne et les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), fraîchement revenus de Libye et lourdement armés. Plusieurs localités et positions de l’armée dans le nord du Mali ont été visées et attaquées par les rebelles. Les combats se poursuivent encore entre l’armée malienne, appuyée par des hélicoptères, et des rebelles touareg du Mnla, dans la région de Tessalit (nord-est du Mali). Troupes militaires sur le sol appuyées par les hélicoptères de l’armée malienne avancent vers les régions du Nord en l’occurrence vers le camp de Tessalit où les combats se sont intensifiés depuis jeudi dernier. «Nous sommes à dix kilomètres du camp de Tessalit», a affirmé une source militaire malienne, contactée sur le terrain par l’AFP. «Aujourd’hui, ce sont les hélicoptères qui sont intervenus dans les combats. Il n’y a pas eu de combats au sol», a précisé la même source militaire. L’insurrection des Touareg, en sommeil depuis 2009, fait craindre le pire à Bamako. Les affrontements qui se poursuivent, depuis le 17 janvier, n’augurent rien de bon dans un pays déjà rongé par l’activisme des groupes islamistes d’Aqmi et de réseaux de contrebandiers. Cette rébellion, la plus importante depuis 2009, a ainsi provoqué l’exode de plusieurs dizaines de milliers de personnes. EIles ont trouvé refuge dans des campements au Mali, mais aussi dans des pays voisins: au moins 10.000 au Niger et 9000 en Mauritanie, selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Outre cet exode massif, il faut dire également que les combats ont fait de nombreuses victimes. On déplore ainsi beaucoup de morts et blessés des deux côtés, sans qu’il soit possible d’établir de sources indépendantes, un bilan précis des pertes. Le Mnla, une formation politico-militaire née fin 2011 de la fusion de plusieurs factions de combattants touareg dont le Mouvement touareg du Nord-Mali (Mtnm) et le Mouvement national de l’Azawad (MNA), ne compte pas ranger ses armes sans que Bamako se mette à la table des négociations. Ainsi, Hama Ag Sid Ahemed, porte-parole du Mnla, a souligné, dans une récente interview diffusée par France 24, que le Mnla reste ouvert aux négociations et à l’écoute des propositions sérieuses qui tiennent compte des souhaits des citoyens de l’Azawad. Un responsable militaire de la rébellion touarègue, également contacté par l’AFP sur le terrain, a de son côté déclaré que la rébellion n’allait «pas laisser passer l’armée. Nous allons nous battre jusqu’au bout». «Le Mnla inquiète Bamako non seulement à cause de son savoir-faire en matière de combats, mais aussi parce qu’il est une entité inconnue. On ne connaît ni sa structure ni son chef, ni même la solidité de leur formation», a expliqué Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégique (Iris), dans une interview à France 24. Plus dangereux, relève-t-il, que les générations de combattants précédentes, les rebelles sont pris, aujourd’hui, très au sérieux par le pouvoir en place, après l’échec du dialogue, lancé par Bamako en novembre 2011. La preuve en est l’important redéploiement militaire mis en place ces derniers mois dans le nord du Mali. «Si certains (Touareg) ont intégré le processus de paix offert par le gouvernement du président Amadou Toumani Touré, d’autres l’ont rejeté. Certaines branches ont toujours jugé, en effet, que Bamako n’avait pas respecté ses engagements en faveur des Touareg, signés lors des accords d’Alger signés en 2006, laissé à l’abandon la région du Nord rongé par la paupérisation et les mauvaises récoltes», a déclaré à la presse internationale Pierre Boilley, professeur d’histoire d’Afrique contemporaine à l’université Paris-I et directeur du Centre d’études des mondes africains (Cemaf). Cette rébellion est, explique le spécialiste, l’héritière de décennies de revendications politiques, qui se sont tour à tour heurtées à la colonisation française, au pouvoir malien et aux multiples déceptions inhérentes aux plans de sortie de crise lancés ces dernières années par Bamako. (L’Expression-03.03.2012.)

**L’armée malienne a échoué à récupérer la base « Amechach »

Le porte parole du mouvement national de libération de l’Azawad, Bakaye Ag Hamed Hamed, a déclaré que l’armée malienne a échoué à libérer la base militaire stratégique d’ « Amechach », alors qu’elle bataille avec les rebelles Azawad pour le contrôle de la route transsaharienne reliant l’Algérie au Mali.

Bakaye Ag Hamed Hamed a ajouté lors d’en entretien téléphonique à El Khabar que l’armée malienne a mener des contre-attaques pendant deux semaines pour récupérer la base d’Amechach, mais le mouvement l’avait obligé à se retirer après avoir subi des pertes matérielles et humaines, à savoir 7 soldats et 7 autres otages, notre interlocuteur a ajouté que l’armée malienne a mobilisée pour la bataille tout ce qu’il a comme armes lourdes , des mercenaires de pays d’Europe de l’est ont également participé à la bataille et pilotaient des avions de combats. Les combattants azawad ont réussi selon notre interlocuteur à incendier trois véhicules de l’armée malienne, et l’armée de libération nationale à deux jours plus tard a lancé une offensive faisant 36 morts parmi les soldats maliens et 20 autres blessés, les nomades ont également vu le convoi militaire malien remorqué trois véhicules incendiés, et l’armée malienne s’est retiré vers la ville de Gao pour regroupes ses rangs.(El Khabar-02.03.2012.)

*la situation s’aggrave au nord du Mali

*L’aviation américaine entre en action

Les forces spéciales américaines ne sont pas dépaysées dans cette région où elles forment, depuis des années, les troupes maliennes

Un avion de l’armée américaine a largué des vivres aux militaires maliens qui tiennent le camp de Tessalit, dans le nord-est du pays, où depuis quelques jours, les forces gouvernementales maliennes et rebelles touareg s’affrontent. «Oui, à notre demande, les Américains ont largué des vivres sur la piste d’atterrissage de Tessalit, en face du camp militaire», a affirmé un responsable du commandement régional de l’état-major malien basé à Gao. Cette information a été, également, confirmée par un élu local, qui a précisé que des centaines de milliers de civils fuient les zones de combat autour de cette localité stratégique, située près de la frontière algérienne. Les forces spéciales américaines ne sont pas dépaysées dans cette région où elles forment, depuis des années, les troupes maliennes dans la lutte contre le terrorisme et le banditisme. La bande sahélo-saharienne est devenue le théâtre de violences d’origines diverses liées notamment à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). A Tessalit, des militaires maliens ont été pris au piège par les rebelles qui sont largement déployés et mobilisés dans les régions du Nord-Malien.
Le camp de l’armée malienne est totalement isolé et coupé de Bamako. Elle est cependant, positionnée aux alentours du camp de Tessalit, située à plusieurs kilomètres à la ronde. L’armée malienne n’arrive pas encore à pénétrer à Tessalit. Ainsi, de violentes affrontements continuent d’opposer les rebelles touareg à l’armée malienne. Ces combats sont signalés à la périphérie de Tessalit, localité stratégique dans le nord-est du pays, près de la frontière algérienne. Par ailleurs, les rebelles visent plusieurs localités et positions de l’armée dans le nord du Mali.
«Les combats ont repris depuis ce dimanche matin entre l’armée malienne et les rebelles touareg vers Tessalit. Ça tire à l’arme lourde», a déclaré un élu de la localité de Kidal, chef-lieu de la région. Ces combats se poursuivent, pour rappel, par intermittence depuis le 17 janvier. Selon une source concordante, il est signalé que l’objectif de l’armée malienne est de contrôler les alentours du camp à plusieurs kilomètres à la ronde, avant de pénétrer dans le camp où se trouvent déjà des militaires maliens. L’armée malienne et les rebelles touareg ont mobilisé chacun de leur côté des moyens très importants, selon des observateurs.
«A Tessalit, nous luttons depuis quelques semaines maintenant contre les rebelles touareg, des trafiquants de drogue et Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi)», a déclaré un responsable de l’armée malienne. Cette déclaration a été aussitôt démentie par une source rebelle qui accuse Bamako de «traiter avec les groupes terroristes et les réseaux de contrebandiers». Par ailleurs, des centaines de milliers d’habitants fuient les zones de crise en direction des campements de déplacés en territoire malien, et dans des pays voisins, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Algérie. Nombreux sont ceux qui traversent les frontières algériennes pour y trouver refuge. A ce sujet, l’Algérie a déclaré qu’elle ne peut pas renvoyer des réfugiés maliens qui sollicitent son aide.
S’exprimant hier en marge de la cérémonie d’ouverture de la session de printemps de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a précisé: «Tant que la situation au Mali est celle que nous connaissons aujourd’hui, nous ne pouvons pas exclure les réfugiés maliens qui viennent en Algérie comme ils viennent d’ailleurs, des autres pays de voisinage.» Abordant le conflit opposant les rebelles toureg aux autorités de Bamako, M.Medelci avait réitéré, encore une fois, la disponibilité de l’Algérie pour une médiation dans le conflit au nord du Mali.
«Nous mettons à la disposition de nos frères maliens notre capacité de médiation et nous souhaitons voir les différentes parties (en conflit) au Mali s’asseoir autour d’une même table pour régler leurs problèmes dans le respect de l’unité territoriale du pays», a-t-il fait savoir avant de souligner que l’Algérie avait ouvert ses portes de Timiaouine, Bordj Badji Mokhtar ainsi que de Tinzaouatine à pas moins de 120 familles maliennes ayant fui le conflit au Mali. (L’Expression-05.03.2012.)

**L’Azawad accuse Paris et Washington de soutenir le gouvernement de Bamako sous couvert de lutte antiterroriste

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Des sources en rapport avec le dossier sécuritaire au Sahel ont indiqué que des pays occidentaux dont la France et les Etats-Unis ont fourni des aides militaires d’urgence à l’armée malienne, pour empêcher la débâcle des forces armées de la république malienne et pour que le Mali ne soit pas la proie du chaos.

Des avions militaires de type C130 ont transporté des bases du Tchad et de Libye des aides militaires et des véhicules 4×4 blindés vers les bases militaires près de Gao et Bamako au Mali. Une source liée au dossier sécuritaire au Sahel a indiqué que de gros avions de transport militaires en provenance de Libye ont transporté des véhicules 4×4 et d’autres blindés, des munitions, des aides et des provisions qui ont été remises à l’armée malienne dans une base militaire près de la ville de Gao. Des sources sécuritaires ont déclaré que d’autres avions ont largués des aides et des provisions pour des forces militaires maliennes encerclés et isolés pour empêcher qu’ils ne se rendent. Le dirigeant Benoussa Abdellah, appartenant au mouvement Azawad armée, Ansar Eddine, a indiqué dans un entretien téléphonique avec El Khabar que le Mali a reçu depuis le début du conflit plus de 80 chars transportés par voie terrestre à travers la route transsaharienne entre Bamako au Mali et Siguiri en Guinée. Des dirigeants du mouvement de libération de l’Azawad accusent les Etats-Unis et la France de fournir un soutien militaire direct au gouvernement de Bamako sous couvert de lutte antiterroriste, les informations indiquent que le gouvernement malien a demandé à obtenir des aides militaires d’urgence après avoir perdu des dizaines d’engins militaires et des quantités d’armes durant les batailles des semaines précédentes.

**Bilal Ag chérif, secrétaire général du MNLA

L’unité territoriale du Mali n’est qu’une illusion

La position du peuple Azawad est claire, l’unité territoriale du mali n’est qu’une illusion qui dure depuis l’indépendance du Mali, il y a 50ans. Le gouvernement malien ne reconnaît pas les faits et nous qualifie de rebelles. Il ment à tout le monde en plaidant pour une solution politique, alors qu’il a dépêché des dispositifs sécuritaire et militaire à Tassalit, il y a deux jours.

El Khabar : les déclarations des pays du voisinage sur l’idée de l’unité territoriale du Mali sont unanimes, et s’opposent à votre revendication principale qui est l’autodétermination. Qu’en pensez-vous ?

Bilal Ag chérif : la position du peuple Azawad est claire, l’unité territoriale du mali n’est qu’une illusion qui dure depuis l’indépendance du Mali, il y a 50ans. Si l’on considère que l’Unité signifie la construction politique et l’égalité entre les enfants du peuple et dans les droits et devoirs, cela n’a également jamais existé. Le régime malien a déchiré la carte de l’unité territoriale du Mali, il y a de cela longtemps, c’est-à-dire, une année seulement après sa signature. Ce document stipulait l’autonomie du territoire de l’Azawad. Il a été enfreint par le gouvernement malien qui a ensuite lancé sa guerre contre le peuple de l’Azawad, qui a duré depuis 1993. Le Mali a, ensuite, saisi l’opportunité de la lutte antiterroriste internationale pour importer du matériel militaire qu’il a utilisé dans sa guerre contre le MNLA. Pour cette raison, la lutte principale et primordiale est la libération de l’Azawad.

El Khabar : ne pensez vous pas que les prochaines présidentielles qui auront lieu dans quelques mois seront une opportunité de satisfaire la revendication du changement au lieu que l’indépendance ?

Bilal Ag Chérif : les prochaines présidentielles ne marqueront pas l’Histoire du peuple Azawad. Le Mali a été gouverné par cinq présidents depuis son indépendance. Dès que les Azwadiens ont accepté l’union, le régime malien a commencé à perpétrer ses génocides. Commençant par le président Modibo Kayta  et jusqu’à Amado Toumani Touré. Il ne s’agit pas de qui gouverne le Mali et nous ne prévoyons pas que les prochaines élections changeront grand-chose. Nous refusons, même, que les élections aient lieu dans le territoire Azawad étant donné que nous n’y sommes pas concernés.

El Khabar : il existe des tentatives algérienne et française de médiation. Y a-t-il une chance de réussite de ces efforts ?

Bilal Ag Chérif : nous avons précédemment soulevé des rapports explicatifs aux autorités algériennes et aux gouvernements des pays voisins. Cependant, une fois que les batailles se sont enclenchées. Le Mouvement National de Libération de l’Azawad n’a reçu aucune initiative officielle, que ce soit de la part de l’Algérie, de la France ou d’autres pays. Nous ne sommes informés de ce qui se passe ici et là qu’à travers les médias et tout cela ne répond pas à nos revendications. Le gouvernement malien ne reconnaît pas les faits et nous qualifie de rebelles. Il ment à tout le monde en plaidant pour une solution politique, alors qu’il a dépêché des dispositifs sécuritaire et militaire à Tassalit, il y a deux jours. Pour cette raison, les opérations militaires continueront et nous sommes prêts à négocier à conditions que ces négociations soient couronnées par l’autodétermination..(El Khabar-02.03.2012.)

**Plus de 40 civiles ont trouvé la mort dans le Nord du Mali

     70 algériens bloqués dans la ville de Tassalit

L’Ambassade d’Algérie à Bamako, a tenté de prendre attache avec les familles algériennes encerclées dans la ville de Tassalit depuis plus de 20 jours, suite aux nouvelles faisant état de la mort de 40 civiles dans les accrochages entre les insurgés de l’Azawad et l’Armée Malienne.

Des dizaines de familles algériennes dans les wilayas de Tamanrasset et d’Adrar et même dans la région de Ménéa dans la wilaya de Ghardaia, sont en état d’alerte après que des nouvelles ont fait état que la ville de Tassalit est encerclée par les groupes du mouvement armé de l’Azawad et la mort de civiles dans les batailles qui ont eu lieu mercredi et jeudi derniers. Des sources en rapport avec le dossier de la sécurité au Sahel ont révélé que plus de 200 personnes sont mortes dans des batailles qui ont eu lieu dans la périphérie de la ville de Tassalit, dont plus de 100 insurgés, dans la base militaire malienne d’Amchache près des frontières avec l’Algérie.

Des témoins oculaires qui se sont rendus aux régions de Henk et Aounaouegh, à l’Est de Bordj Badji Mokhtar, ont indiqué que pas moins de 40 civiles ont trouvé la mort dans plusieurs régions de la ville de Tassalit encerclée, après avoir été touchées par des missiles Hawn et Grad lors de batailles dans lesquelles de l’artillerie lourde a été utilisée. Les mêmes sources ont révélé qu’environ 70 algériens sont bloqués dans la ville encerclée, dont deux familles « Agruinenten » et « Adnen », originaires de la wilaya de Tamanrasset. Des citoyens de la wilaya de Tamanrasset ont indiqué que le contact a été entièrement interrompu avec les habitants de la ville de Tassalit, notamment avec le commerçant « Ghous Abdelbaqi », commerçant originaire de la wilaya de Tamanrasset. Dans le même cadre, les habitants de la Tassalit n’ont aucune couverture médicale et n’arrivent pas à soigner leurs blessés, suite à l’encerclement de la ville.  Des dirigeants du mouvement national de libération de l’Azawad ont accusé l’Armée malienne d’avoir empoisonné des centaines de puits du Sahara qui entoure la ville de Tassalit, afin qu’ils ne soient pas utilisés par les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad. Ces derniers ont, de leur côté, indiqué avoir paré toutes les attaques maliennes et continuent d’encercler la ville de Tassalit, alors que des sources maliennes ont fait état que l’Armée Malienne a détruit 70 voitures à quatre roues motrices de rebelles et tué 100 combattants Azawad…(El Khabar-02.03.2012.)

**Selon un expert militaire,  la rébellion des Touareg est la conséquence directe du refus de Bamako de concrétiser l’Accord d’Alger sur le terrain.

Spécialiste des questions sécuritaires, le colonel à la retraite, Ben Djana Ben Amoueur a indiqué que la crise libyenne a accéléré le réveil de l’insurrection des Touareg. Dans cet entretien, il explique que la rébellion des Touareg est la conséquence directe du refus de Bamako de concrétiser l’Accord d’Alger sur le terrain.

*L’Expression: Quelle lecture faite-vous du conflit opposant les autorités maliennes aux Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla)?
–Ben Djana Ben Amoueur: L’insurrection des Touareg, en sommeil depuis 2009, fait craindre le pire à Bamako. Mais aussi aux pays voisins qui sont envahis par de gros flux de réfugiés. Cette insurrection plongera encore plus les pays de Sahel dans l’instabilité. Donc, les affrontements qui se poursuivent, depuis le 17 janvier, n’augurent rien de bon pour toute la région sahélo-saharienne, déjà minée et rongée par l’activisme des groupes islamistes d’Aqmi et des réseaux de trafic.
Pour ce qui est des facteurs fondamentaux ayant conduit à cette rébellion, la plus importante depuis 2009, je dirais qu’elle est, d’une part, le résultat du refus du Mali de concrétiser sur le terrain les clauses de l’Accord d’Alger, signé le 4 juillet 2006 entre les représentants de l’Etat malien et représentants de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, sous la médiation algérienne. Mais, hélas, Bamako n’a pas tenu ses engagements à l’égard des populations targuies qui vivent dans des conditions socioéconomiques critiques, bien que ces dernières n’ont pas cessé de rappeler les autorités maliennes au sujet de leurs promesses, inscrites dans le cadre de l’Accord d’Alger. D’autre part, il faut dire également que le retour de plusieurs centaines de Touareg de la Libye, après le chute du régime de Mouaâmar El Gueddafi a accéléré le réveil de l’insurrection des Touareg. Ceux qui sont revenus de Libye, ne sont pas des civils, sont des militaires, prêts à faire feu. Et quand ils sont arrivés chez eux, au nord du Mali, où leurs familles et tribus souffrent le martyre du fait des conditions socio-économiques et de l’abandon manifeste affiché par Bamako à leur égard, tout cela a conduit à l’union des factions rebelles targuies contre les autorités maliennes.

*Pensez-vous que les autorités maliennes seront en mesure d’étouffer cette insurrection?
–Non. Je ne pense pas. Bien au contraire, la rébellion qui a éclaté au nord du Mali risque cette fois-ci de s’inscrire dans la durée et porter préjudice à la sécurité des pays voisins. Pire encore, le problème des Touareg au Mali ne date pas d’hier. C’est un problème posé juste après l’indépendance du Mali. Néanmoins, il a été souvent apaisé et atténué par les grands efforts consentis par l’Algérie. Un pays qui a, il est utile de le noter, servi de médiateur entre les Touareg et le pouvoir malien. Le refus du Mali de tenir ses engagements à l’égard des populations du Nord, comme le stipule l’Accord d’Alger est une preuve. Par ailleurs, il convient de souligner que les Touareg réclament aujourd’hui l’indépendance. Cela conduira dans le futur à une crise sous-régionale.

*Comment expliquez-vous l’union des différentes factions touarègues ayant donné naissance au Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla)?
-Les Touareg sont organisés en plusieurs entités politiques que l’administration coloniale française baptisa «confédérations», c’est-à-dire tribune. L’enracinement tribal et régional constitue l’élément prépondérant de chaque mouvement. De ce fait, la scène insurrectionnelle touarègue n’a pas cessé de s’émietter à la suite de querelles fratricides, ayant donné naissance à 4 mouvements défendant la cause touarègue au Mali (regroupés à l’origine en 1992 au sein du Mouvement et Front unifiés de l’Azawad (Mmfua). Néanmoins, cette union renaît, aujourd’hui, de ses cendres. Il ne s’agit pas d’un mouvement rebelle mené par un groupe isolé, manquant d’organisation.
C’est un soulèvement insurrectionnel dirigé par le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). C’est une formation politico-militaire née fin 2011 de la fusion de plusieurs factions de combattants touareg dont le Mouvement touareg du Nord-Mali (Mtnm) et le Mouvement national de l’Azawad (MNA), dont la majorité des combattants ont fait la Libye. A ces factions s’ajoutent également des rebelles touareg, natifs du Niger et de la Libye. (L’Expression-05.03.2012.)

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*KIDNAPPING DE QUATRE ÉTRANGERS AU MALI

Le groupe d’Abou Zeïd en serait l’auteur

Le Nord-Mali est jugé très dangereux et a été classé zone rouge.

 

Le nombre de ressortissants français détenus par la nébuleuse est désormais revu à la hausse

Deux Français sont enlevés au Mali tout comme trois Européens dont l’un d’eux a été tué à Tombouctou. Les craintes exprimées par des sources sécuritaires très au fait du dossier du terrorisme et rapportées par nos précédentes éditions, selon lesquelles la situation d’instabilité et «du tout-sécuritaire» qui règnent en Libye allaient donner de l’avantage aux réseaux terroristes affiliés à la nébuleuse Al Qaîda au Maghreb, viennent de se confirmer, par l’enlèvement de ces ressortissants dont deux géologues d’origine française. Les deux victimes ont été enlevées par des hommes armés dans le nord du Mali dans la nuit de mercredi à jeudi. La piste du groupe d’Abou Zeïd n’est pas à écarter ont précisé nos sources. Le nombre de ressortissants français détenus par la nébuleuse est désormais revu à la hausse, puisque quatre autres kidnappés au Niger, à la mi-septembre de l’année dernière sont toujours tenus en otage. L’AFP rapporte, citant des sources locales de la municipalité malienne, que sept éléments armés ont pénétré, durant la nuit à l’hôtel Dombia de Hombori, situé entre Mopti et Gao, pour enlever les deux géologues qui travaillaient pour une cimenterie de la région. Les deux victimes étaient au moment de leur kidnapping en train de faire le compte-rendu de leur journée de travail. Les deux otages, et selon les premiers indices, auraient été acheminés vers le Nord du Mali, où d’ailleurs, on croit savoir que les quatre autres otages y sont détenus. Dans un témoignage rapporté par la radio française Europe 1, un chauffeur a confié: «Ils étaient armés jusqu’aux dents. Ils ont brusquement attaché les gardiens, ensuite, ils sont venus vers moi pointer leurs fusils, leurs kalachnikovs, ils m’ont attaché, ensuite ils ont enfoncé la porte de l’hôtel pour y entrer, ont capturé le gérant, ensuite les Français». Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, ne tardera pas à confirmer l’information. Il a déclaré dans ce contexte: «Nous sommes en train de rassembler les informations au sujet des deux hommes, les conditions de l’enlèvement, nous ne les connaissons pas encore très bien.» Pour des diplomates français, «les deux victimes ont fait preuve d’imprudence, car ils n’ont pas pris la peine de se signaler à l’ambassade ou au consulat à Bamako». En effet, le Nord-Mali est jugé très dangereux et a été classé zone rouge par l’Elysée qui n’avait pas manqué et à l’ombre d’une recrudescence d’actes terroristes, relativement aux événements qui secouent jusqu’à présent la Libye et d’ailleurs soutenus par l’Algérie, de déconseiller strictement cette région. Nul n’ignore que cette zone abrite des bases de la nébuleuse d’où le point de départ de tous ses actes subversifs. Mais c’est aussi un territoire exploité par la contrebande, les narcotrafiquants et les réseaux de trafic d’armes et où on se livre aux enlèvements de toute personne étrangère, notamment les ressortissants européens. Si pour le moment Al Qaîda au Maghreb, ne réclame pas de rançons en échange des deux géologues, elle attend toujours les 90 millions d’euros pour libérer les quatre Français enlevés au Niger contre lesquels, elle avait également exigé le retrait des troupes militaires de l’Hexagone du territoire afghan. La situation au niveau de cette zone en particulier et au Sahel notamment, pose un sérieux problème de sécurité au pays du champ direct à savoir l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie qui, bien avant la crise en Libye, avaient déjà jugé nécessaire d’opérer contre la nébuleuse par un plan stratégique commun. Il était donc question de la création d’une base de lutte à Tamanrasset et d’un Comité d’états-majors conjoint (Cémoc) disposant d’un centre de renseignement à Alger. La dernière réunion du ce comité a eu lieu à Bamako lundi où le général-major Gaïd Salah avait lui-même fait le déplacement. La réunion du Cémoc coïncidait avec le retour de milliers d’éléments armés présumés des pro-El Gueddafi, après l’assassinat de ce dernier. La France très présente au Mali, où elle a dépêché des troupes militaires pour entraîner et former des soldats d’élite de l’armée malienne, avait fait procéder à des patrouilles, hier, aux côtés de l’armée malienne dans la région d’Hombori où ont été enlevés les deux Français rapporte un journaliste de l’AFP. La mobilisation des militaires franco-maliens dans cette zone semble une tentative vaine de retrouver la trace des ravisseurs et des deux victimes. Ce qui est très probable actuellement, selon nos sources c’est la revendication par Al Qaîda de ce kidnapping, n’écartant pas que la rançon réclamée précédemment sera revue à la hausse. Nos sources estiment que la nébuleuse aura besoin de cet argent pour se procurer davantage d’armes que les rebelles libyens n’hésiteront pas à vendre. (L’Expression-26.11.2011.)

*Les desseins cachés de la réunion de Bamako

La réunion du Groupe d’action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) en conclave depuis mercredi (13.10.2010.) à Bamako a pris fin sans qu’aucune indication n’ait été donnée sur les moyens de renforcer la lutte dans le Sahel contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) que cette rencontre était supposée prendre . Des experts des représentants du G8 (États-Unis, Russie, Japon, Canada, Grande- Bretagne, Italie et l’Allemagne, ainsi que de l’Union européenne, la Suisse, l’Espagne, l’Australie et la France dont cinq ressortissants sont encore entre les mains de Aqmi et plusieurs pays de la région, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Nigeria notamment ont été invités à participer à cette rencontre, dont l’Algérie qui n’a pas répondu favorablement à l’invitation. Le Maroc qui cherche par tous les moyens à s’incruster dans les réunion consacrées à la lutte antiterroriste au sahel a réussi à se faire inviter pour contrer l’action de l’Algérie et surtout faire en sorte que notre pays ne joue un rôle de leader en la matière. Comme par hasard et au moment même où se tenait la réunion de Bamako, les services de sécurité marocains annonçaient, à grand renfort de publicité, le démantèlement d’un vaste réseau international de trafic de drogue qui aurait des connexions avec Aqmi. Or nul n’ignore que le royaume chérifien, qui lui même est un des plus gros pays producteur de drogue est une plaque tournante du trafic international en direction de l’Europe, selon l’observatoire international de lutte contre la drogue. Dès lors on comprend mieux l’urgence de la convocation de la réunion de Bamako, à l’initiative du Canada certes qui préside actuellement le G8, mais qui a été fortement encouragée en sous-main par Paris qui prendra le relais du G8 en novembre prochain. Ainsi la coalition franco-marocaine croit réussir à isoler l’Algérie, faire diversion sur le dossier brûlant du Sahara Occidental au moment où les Sahraouis de l’intérieur se révoltent par milliers et probablement préparer une intervention militaire contre Aqmi, une fois les otages français libérés contre paiement de rançons. Pour ce qui est de notre pays qui a refusé de répondre à cette rencontre alibi, il est fermement opposé à toute ingérence étrangère dans la région qui ne visait en réalité , qu’à perpétuer l’exploitation des ressources minières dans la région et empêcher par tous les moyens que la Chine y prenne pieds . En outre la position ambiguë de certains pays du sahel directement concernées par la lutte antiterroriste et qui jouent clairement un double jeu, est dictée par la volonté de plaire à Paris mais surtout de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. La révolution de palais qui vient de se dérouler à Niamey n’en est-elle pas une preuve évidente ? La rencontre de Bamako qui intervient aussi à un moment bien particulier relativement au problème du Sahara Occidental, et la participation du Maroc en ce moment précis, renseigne à plus d’un titre, sur les véritables intentions de ceux qui veulent faire taire la lutte du peuple sahraoui et l’isoler de son principal soutien l’Algérie. La réunion du sous-comité du G8 à Bamako ne peut en rien entraver les décisions de celles tenues à Tamanrasset et Alger. Alger avait développé les mécanismes d’une stratégie basée sur le renseignement devant permettre d’intervenir efficacement sur le plan militaire. En outre et à l’initiative du président Bouteflika un Sommet de l’ensemble des États sahéliens devrait se tenir à Alger fin octobre pour resserrer les rangs et avaliser les décisions militaires prises à Tamanrasset. (Le Courrier d’Algérie-17.10.2010.)

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*Alors que les spécialistes affirment que la libération des otages sera périlleuse

Le gouvernement français accusé d’exploiter la menace terroriste

Au moment où la tension semble être tombée dans le nord du Mali, où l’on est sans nouvelles des otages, Paris, qui envisage une intervention militaire pour les libérer, est soupçonné d’avoir exploité la menace terroriste pour détourner l’attention des Français des sujets qui les préoccupe.

L’ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, et une partie de la presse de l’Hexagone ont pointé du doigt hier le gouvernement français, lui reprochant de s’être alarmé ces derniers jours des risques d’attentat dans le pays et d’exploiter la situation à des fins politiques. Le principal rival à droite du président Nicolas Sarkozy, de Villepin, a critiqué “la politique de communication à tout le moins maladroite et parfois même cynique” du gouvernement sur la menace terroriste. Il a indiqué sur la radio France Info, qu’“en matière de sécurité, en matière de communication sur ces questions, il faut savoir être prudent et il faut savoir avoir une parole juste et rare”. L’ancien chef de la diplomatie française a reproché au gouvernement de mettre en œuvre “une stratégie de la tension”, alors que “ce qui est important c’est de prendre des mesures, d’agir (…) ça ne sert à rien de créer la panique un peu partout dans notre pays”. Cette sortie médiatique intervient après que les autorités eurent été à nouveau alarmées lundi d’un risque d’attentat accru sur le sol français, sur la base d’un renseignement provenant d’Algérie concernant une menace qui émanerait d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Par ailleurs, plusieurs éditorialistes de la presse régionale accusaient également le gouvernement de se servir de cette menace pour occulter des sujets sensibles comme l’impopulaire réforme des retraites. “Est-ce que, par hasard, Brice Hortefeux (le ministre de l’Intérieur) ne jouerait pas un peu au ‘Père la terreur’ ? Est-ce qu’il ne serait pas en train de donner la trouille aux Français, histoire de les détourner de leurs marottes sociales ?”, interrogeait ainsi la République du Centre. “L’alerte des services de sécurité est fondée ; la publicité qui l’entoure fait question. Pour certains, le ministre de l’Intérieur orchestrerait la peur pour justifier des mesures de sécurité renforcée”, note l’Est républicain. De son côté, l’opposition socialiste a regretté le manque de “transparence” entourant cette menace. “On nous dit : la menace est là, mais qui, quoi, qui est-ce, comment, on n’en sait rien. On est dans le brouillard pour quelque chose qui touche à la sécurité des Français”, a déploré le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis sur Canal+. Quant aux otages français et africains enlevés à Arlit (Niger), ils sont détenus, selon des sources locales, dans des massifs rocheux du nord du Mali difficiles d’accès où une intervention pour les libérer serait difficile et périlleuse, expliquent à l’AFP des spécialistes de la région. Une opération militaire pour libérer les otages est toujours possible, mais elle serait dangereuse pour les prisonniers, très difficile à monter et hors de portée des armées de la région, assurent des experts. Si ce n’est pas l’Afghanistan, ce sont des régions isolées, montagneuses, escarpées, où les clans locaux, depuis toujours rétifs à toute autorité, assistent les hommes d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), soupçonnés de détenir les otages, par intérêt ou à cause de relations familiales. Ces régions, et notamment le massif de Timétrine, à 450 km au nord-est de Tombouctou, l’explorateur français Régis Belleville, les a sillonnées depuis plus de dix ans. Le journaliste mauritanien Isselmou Ould Moustapha, spécialiste du jihadisme à Nouakchott, ajoute : “La principale force d’Aqmi, ce sont les relations matrimoniales tissées au fil des ans avec les tribus.” “Les jihadistes sont tous polygames : donc chaque fois qu’ils bougent vers un autre secteur ou un autre erg, ils ont des femmes et des enfants pas loin. Cela créé des solidarités familiales”, précise-t-il, joint au téléphone depuis Paris. “En cas d’opération militaire, s’il y a des victimes parmi les civils, cela renforce le sentiment de solidarité déjà existant. Comme les frappes maladroites en Afghanistan : si cela touche des civils, ils deviennent taliban dès le lendemain”, ajoute-t-il. Ces derniers mois, des sources concordantes au Mali ont fait état d’abris, enterrés pour résister à des raids aériens, que les jihadistes auraient creusé dans des chaos rocheux du désert malien. À Paris, le chercheur Pierre Boilley, qui dirige au CNRS le Centre d’études des mondes africains (Cemaf), précise que les combattants salafistes, descendus d’Algérie, ont choisi “des régions isolées, où ils ont entamé il y a vingt ans une cohabitation bien comprise avec les tribus locales, à base de relations d’affaires, de menaces et de liens familiaux”. “Tous les trafics passent par ces régions : drogue, armes, clandestins, avec des complicités qui remontent parfois très haut, étant donné les sommes en jeu”, ajoute-t-il. “Il y a des intérêts troubles, qui ne vont pas tous dans le sens d’une éradication d’Aqmi.” Pour mener une opération de libération des otages, confie le colonel à la retraite Gilles Denamur, ancien attaché militaire français au Niger, “tout dépendra des renseignements. Il faut qu’ils soient sûrs à 100%, et c’est le plus difficile, d’autant qu’il est probable que les otages ont été ou vont être séparés”.(Liberté-22.09.2010.)

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*Alors que qu’une réunion des chefs de corps de renseignement des pays du Sahel prévue demain à Alger
Création d’une cellule de renseignement pour le suivi des activités de l’AQMI
Les chefs des corps de renseignement des trois pays du Sahel, le Mali, le Niger et la Mauritanie, se réuniront demain en Alger. Cette rencontre a pour but la mise en œuvre de l’action militaire et sécuritaire dans la région Sahélo-saharienne. Une cellule de renseignement chargée du suivi des activités des salafistes armés sera créée lors de cette réunion.
Selon une source bien informée, les délégations des services de renseignement des trois pays du Sahel les plus concernées par les menaces d’Al Qaida, sont arrivés hier à Alger, en vue de prendre part à cette réunion, soulignant que les attachés de défense des ambassades des pays cités ont tenu hier une réunion de préparation celles qui sera tenue par les chefs des corps de renseignements, s’étalant sur deux jours.
La cellule de renseignement à créer sera chargée du suivi des activités des terroristes affiliés à l’AQMI, à travers la mise sous écoute de leurs appels et le recrutement des individus qui connaissent bien le Sahara afin de pouvoir traquer les terroristes, soutient la même source, signalant que cette cellule vient compléter le Comité des états major conjoint des pays du Sahel dont l’Algérie, crée en avril dernier, et basé à Tamanrasset. D’ailleurs, cette cellule qualifiée par les chefs de renseignements des pays du Sahel de « la tête pensante » du Comité des états major conjoint des pays du Sahel, sera basée aussi à Tamanrasset.
Il y a lieu de signaler que la coopération sécuritaire entre les pays du Sahel a été secouée par deux coups durs. Le premier, la Mauritanie a demandé un soutien militaire de la France pour mener un raid contre Al Qaida au Mali, alors que le deuxième se rapporte aux pressions exercées par l’Espagne pour la libération des deux otages espagnols, contre la remise du notoire terroriste Omar Sahraoui pour le Mali. (El Khabar-14.09.2010.)   

**** Ayant versé 8 millions d’euros selon le journal « El Mundo »
L’Espagne en tête de la liste des pays « finançant » Al-Qaida

L’Espagne est selon le journal El Mundo le pays ayant versé les plus fortes rançons à Al-Qaida, suivi de l’Italie et de l’Autriche. Le quotidien espagnol qui est revenu sur la libération de terroristes et le versements  de rançons par les pays occidentaux pour la libération de ses ressortissants enlevés par Al-Qaida au Sahel s’est appuyé sur les chiffres fournis par un conseiller de la présidence algérienne, Kamel Rezzag-Bara, dans le cadre de la deuxième réunion de l’ONU concernant la stratégie antiterroriste mondiale. L’Espagne aurait donc versée 8 millions d’euros aux terroristes et à leurs intermédiaires, suivi de l’Italie avec 3.6 millions d’euros, puis de l’Autriche avec 2.5 millions d’euros.
Le journal a également attribué au conseiller algérien des propos selon lesquels la France et la Grande Bretagne n’auraient versé aucune rançon, que cette dernière a payé par l’assassinat d’un de ses ressortissants, Edwin Dyer, la déclaration du conseiller concernant la France est la première du genre, connaissant le rôle qu’elle a joué dans le marché conclu entre le Mali et l’organisation pour la libération il y’a quelques mois de l’otage français Pierre Camatte. (El Khabar-14.09.2010.)
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*A la demande de trois gouvernements
L’Algérie enquête sur les blanchiments d’argent d’Al Qaida au Sahel

L’Algérie a dépêché une commission d’enquêteurs spécialisés dans les opérations de blanchiment d’argent aux gouvernements Malien, Nigérian, Burkinabais afin de les aider à développer les mécanismes de lutte contre le blanchiment d’argent.
Il est à noter que les services de sécurité algériens ont commencé, depuis plusieurs mois, à traquer les cellules d’approvisionnement en logistique d’Al-Qaida réparties dans les régions du sud algérien. Alger coopère également avec certains pays du Sahel, dans le cadre des accords sécuritaires visant à détecter les placements financiers des terroristes dans les trois pays sus indiqués.
On doit, également, noter que les services de sécurité algériens ont interrogé, entre février et juillet 2010, plusieurs personnes dans les wilayas du sud, suspectées d’investir l’argent des groupes Salafistes. (El Khabar-08.09.2010.)

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   *Du riz, des balles et des euros

11 juin 2011. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a félicité l’Algérie pour avoir donné 2 500 tonnes de riz à la Mauritanie. C’est un acte humanitaire, certes, mais il n’est pas dénué d’une portée tout aussi importante qui est sécuritaire.

Deux mois après ce don, qu’apprend-on à propos du front du Sud? Qu’il n’y a rien à signaler? Hélas, non. Trois informations parviennent du sud de l’Algérie. 12 immigrants égarés dans le Sud sont morts près de Tamanrasset de soif et de faim. La crise alimentaire secoue le Niger, le Tchad le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso. Mokhtar Benmokhtar et Abdelhamid Abou Zeid sont en conciliabule sur le sort de deux otages espagnols retenus au Mali alors qu’ils étaient kidnappés en Mauritanie.
A première vue, ces événements sont sans lien apparent. Sauf qu’ils incarnent des menaces potentielles pour la sécurité du pays. Et qu’ils ne manqueront pas de constituer des motifs d’intervention des forces étrangères à la région. La faim et la menace terroriste ont toutes les chances de pousser les populations des pays limitrophes de l’Algérie à fuir vers le Nord. Les composants du triptyque de la faim, du terrorisme et de l’immigration se trouvent ainsi imbriqués comme les maillons d’une seule chaîne. Et il serait prétentieux d’affirmer trouver une solution à l’un d’entre eux sans s’attaquer, de front, aux autres maux qui frappent la région du Sahel. D’où la nécessité d’une collaboration entre les divers pays. C’est déjà le cas lorsqu’il s’agit de trouver une solution aux problèmes des Touareg du Mali. Même ceux du Niger n’ont pas toujours été en bons termes avec l’ex- gouvernement du président Tandja. Tout ce beau monde composé de Sudistes risque, à n’importe quel instant, de céder aux sirènes de l’Aqmi. S’ils ne sont pas enrôlés dans les rangs d’organisations terroristes, ils offriront leurs services pour jouer aux guides, aux guetteurs et aux mercenaires.
Ce sont ces mêmes mercenaires qui kidnappent des ressortissants occidentaux pour les céder, contre de la monnaie sonnante et trébuchante, à des terroristes, qui réclament à leur tour des rançons aux capitales étrangères. On voit bien que cet engrenage infernal d’événements ne peut pas être «grippé» par quelques grains de riz. Il en faut davantage pour stabiliser le front du Sud. Pour l’instant, c’est l’approche sécuritaire qui a la cote auprès des gouvernements de la région. Or, même cet axe n’est pas tout à fait maîtrisé. Des réunions de coordination entre les chefs d’état-major des forces armées de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger ont eu lieu à Tamanrasset, mais l’alliance a failli voler en éclats après l’affaire Pierre Camatte. L’affaire Germaneau a aussi montré les limites du dispositif. Les différents protagonistes n’étant pas toujours prêts à suivre les recommandations arrêtées lors des rencontres en Algérie. Le non-paiement des rançons est l’une d’entre elles. Pourtant, l’argent est un autre élément déstabilisateur. (L’Expression-16.08.2010.)

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*Le Sahel grouille d’espions: Des cheikhs et des cheikhates de la CIA au Sahara 

Des espions américains en touaregs plus vrais que nature ? Ils existent bel et bien, selon Al Khaleej et ils savent tout, des langues aux alliances tribales.Le Sahel grouille d’espions, ces «nouveaux chouyoukh». Al Qaïda sert de prétexte. L’otage français Pierre Camate, libéré dans une transaction avec l’AQMI, était-il un espion de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) ? Le service de renseignement français a officiellement démenti l’information donnée par des journaux à la suite, semble-t-il, d’un «lapsus» de Bernard Bajolet, coordinateur national du renseignement à la présidence de la République française. Toujours est-il que la région du Sahel ne manque pas d’honorables correspondants et d’agents en mission. A en croire le journal El Khaleej, les Etats-Unis ont envoyé en sous-marin des agents transformés en vrais bédouins connaissant parfaitement la langue, les us, les coutumes et les alliances tribales. Ils s’habillent comme les habitants du cru et ont trouvé le moyen de se brunir la peau au point d’être, en tous points, semblables aux habitants de la région sahélienne. Ces agents ont été envoyés dans la région sous le prétexte de combattre l’AQMI alors que des informations sûres évoquent des richesses minières inestimables. Ces agents américains sont «nés entre les gratte-ciels dans la Silicon Valley et n’hésitent pas, dans le cadre de la «mondialisation de l’Empire», à aller au Sahara, à se vêtir en tenue arabo-africaine et à vivre parmi les tribus du nord du Mali afin de mettre en place des réseaux de renseignements dans la région du Sahel.

Comme à Hollywood

Les officiers américains, écrit Al Khaleej, «appliquent des méthodes semblables à celles de leurs «collègues» de Hollywood, ils s’entraînent à s’habiller en tunique sahraouie, utilisent des mixtures particulières pour donner la bonne teinte à leurs peaux et ils ont appris le Hassania, la langue dominante dans la région. Il y aurait également des agents femmes, accoutrées en mauritaniennes qui ont écumé aussi la zone. Le journal cite un Mauritanien qui s’est marié avec l’une d’elles. Elle «connaissait mieux que moi les liens existants entre les familles mauritaniennes», a-t-il affirmé. L’intérêt de la presse mauritanienne pour les «blondes américaines dans le Sahara mauritanien» a rendu nécessaire de mettre fin à la visibilité des «nouveaux cheikhs et cheikhate». Dans leur travail, les honorables correspondants américains, explique le journal, ont veillé «à suivre les méthodes «stratégiques» d’Al Qaïda au nord du Mali. Ils ont veillé à établir de fortes relations avec des chefs de tribus et des réseaux de marchands dans la région sahélienne, lesquels sont devenus de véritables sociologues connaissant parfaitement la composition ethnique, linguistique et les langages vernaculaires des populations du Sahel».

Des espions qui copient l’AQMI

Il ne fait pas de doute, explique un des habitants de l’Azawad, «que les chefs de tribus dans la région sont aux ordres des services américains et français. Leur mission est de fournir des renseignements en contrepartie d’aides qui sont livrées de manière très intelligente». Selon lui, la région est maillée par les services et les informations sont transmises soit par téléphone cellulaire satellite, soit par le biais de voyages vers des pays voisins. Ce témoin évoque une compétition âpre entre les services algériens, mauritaniens, marocains, français et américains. L’action de l’AQMI a servi de prétexte à une présence plus forte des services français et américains. L’action d’Al Qaïda est venue renforcer la vision des «faucons» dans les services américains qui œuvrent à asseoir une présence militaire stratégique dans la région». Un homme politique mauritanien a rapporté à Al Khaleej les propos d’un officier américain : «La question d’avoir une base en Mauritanie est réglée afin de préserver notre sécurité. Les Français se sont opposés vivement à une présence militaire américaine au Sahel, ils ont été aidés par les positions de rejet de l’Algérie et de la Libye». Cependant, explique-t-il, l’arrivée de Sarkozy au pouvoir a transformé la compétition franco-américaine en «coopération stratégique». Dans la dernière opération franco-mauritanienne, les Américains ont été les principaux pourvoyeurs d’informations. Ce serait le résultat du «travail des «nouveaux chouyoukh» des tribus du Sahara». (Quotidien d’Oran-03.08.2010.)

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              *Le Sahel, haut lieu de tension

Deux jours après la revendication de l’exécution de Michel Germaneau par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), François Fillon a promis que «le combat allait se renforcer» contre l’organisation terroriste. «Nous sommes en guerre contre Al-Qaïda», a affirmé le Premier ministre «Ce sont des gens d’une cruauté sans nom, On déjoue plusieurs attentats par an, nous n’allons pas relâcher notre attention» rajoutera le locataire de Matignon. Comme d’habitude, l’exécution a été revendiquée par un enregistrement sonore (diffusé par Al- Jazeera) « Nous annonçons avoir exécuté l’otage français dénommé Michel Germaneau samedi 24 juillet pour venger nos six frères tués dans la lâche opération de la France ». C’est en de tels termes que l’organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a annoncé avoir tué l’otage français Michel Germaneau en réponse à l’opération militaire mauritanienne menée contre ses membres avec l’appui de l’armée française.

Al-Qaïda veut dire La Base en arabe, mouvement fondé par le cheikh Abdullah Yusuf Azzam et son élève Oussama Ben Laden, toutefois d’un point de vue critique et vu sous un autre angle, plus critique, il est utile de préciser qu’à partir de 2001 ce n’est pas tant Al-Qaïda, encore moins Oussama Ben Laden mais le djihad islamique qui fut élu par des dirigeants « vat- en guerre ». Avec, pour commencer, comme visage à présenter aux populations, la mouvance du cheikh Azzam, créée en 1987 par la CIA lors de l’opération Cyclone, pour combattre les Russes en Afghanistan, avancer sur l’échiquier, et mener des guerres dévastatrices aux conséquences incalculables, tout cela étant mis sous la bannière de l’aide humanitaire et la libération des peuples en quête de «démocratie».

AL-QAÏDA EST-ELLE ENCORE UNE BASE ? Cette nouvelle forme de guerre avait pour but d’offrir aux complexes militaro- industriels existants de nouveaux marchés. Le Dr. Pascal Sacré indiquait dans un article intitulé : « Le terrorisme: Al-Qaïda est-elle encore une base ? » que l’Occident et ses leaders démocratiques ne considérèrent pas Al-Qaïda comme une organisation terroriste, ni Ben Laden comme un assassin sanguinaire, avant les années 1990, car jusqu’à cette date, ils n’avaient « terrorisé » et «assassiné» que des Russes, les «grands ennemis» de l’époque pour l’Occident. Étudier le soi-disant terrorisme islamiste en faisant abstraction de toutes ses relations, passées et probablement présentes, avec les gouvernements occidentaux, c’est comme essayer de comprendre le réchauffement climatique en faisant abstraction du soleil. Dans l’histoire officielle, relayée par les médias occidentaux, c’est à partir des années 90 que l’élève aurait commencé à mordre la main de son maître. 1992, bombardements ciblant des troupes américaines à Aden, au Yémen. 1993, attaque d’hélicoptères et de soldats américains en Somalie. 1993, attaque à la bombe du World Trade Center. 1998, attaque à la bombe sur les ambassades des États-Unis de Nairobi au Kenya, et de Dar Es-Salaam en Tanzanie (300 morts, 5000 blessés). 2000, attentat à la bombe contre le destroyer américain USS Cole à Aden, au Yémen (17 marins tués, 50 blessés). Plus toute une série d’opérations avortées et déjouées. http://www.mondialisation. ca/index.php?context

POURQUOI LE SAHEL EST-IL UN LIEU DE TENSION ?

L’arc sahélien est une véritable caverne d’Ali Baba , cette zone jusque-là sournoisement silencieuse contient du gaz, du fer, du phosphate,du cuivre,de l’étain, du pétrole et de l’uranium ;des richesses auxquelles ne restent pas insensibles des puissances désirant s’en assurer le contrôle. Le Sahel est une zone de séparation de deux champs géopolitiques distincts : l’Afrique du nord ou l’Afrique blanche et l’Afrique noire ou subsaharienne. C’est donc une ligne de frontière entre Méditerranée et Afrique. Le Sahel organise la transition entre ces deux champs. Ce qui se passe dans cette zone du Sahel affecte directement le continent européen. D’où l’intérêt croissant de certains États européens pour cette zone. Cette zone est un couloir stratégique qui relie l’océan Atlantique à la Mer Rouge, de la Mauritanie au Soudan. Cependant, la question qui taraude est : Pourquoi le Sahel, zone désertique, est-il un lieu de tension ? Mehdi Taje, géopoliticien et expert du Sahel, explique que cette zone est un espace qui est convoité parce qu’il regorge de ressources naturelles. De plus, la réalité géographique du Sahel permettrait à certains États, s’ils se positionnent économiquement et militairement de mieux contrôler les richesses des États du Maghreb et les richesses de l’Afrique de l’Ouest. Il y a ce double tropisme, cette double dynamique qui se conjugue explique l’expert. Certaines puissances occidentales cherchent donc à se positionner au sein de ce couloir stratégique pour sécuriser leurs approvisionnements en matières sensibles, énergétiques et minérales, vers le Golfe de Guinée pour les débouchés américains, vers le Sahara et la Méditerranée pour l’Europe enfin vers la Mer Rouge pour l’Asie. Un grand jeu est en train de se préparer au niveau du Sahel et les pions sont mis en place progressivement, entre les États-Unis et la Chine. Cette dernière est positionnée de manière extrêmement forte au Soudan. Elle désenclave le pétrole sud-soudanais vers Port-Soudan et l’exporte à travers la Mer Rouge. L’idéal pour la Chine serait d’arriver à relier les champs pétrolifères tchadien vers ces oléoducs et donc de constituer un réseau de désenclavement de ces richesses. Mais parallèlement les États- Unis ont un autre projet politique qui, lui, est déjà mis en place à travers un oléoduc qui désenclave le pétrole tchadien à travers le Golfe de Guinée. Un affrontement avec, en fond la possibilité de découvrir du pétrole au Mali et au Niger. Il risque d’y avoir une exacerbation des rivalités avec des projets géopolitiques concurrents. Avec, au milieu, l’ancienne puissance coloniale, la France, qui cherche aussi à se positionner pour sécuriser ses approvisionnements. Il existe une possibilité de désenclavement vers la Méditerranée via le futur Transsaharien Gas Pipeline, du Nigeria via l’Algérie. Et il existe un projet libyen de prolongement du Greenstream vers les champs pétrolifères tchadiens et du Darfour. Une série de maillons se met en place. La France est également intéressée par sécuriser son approvisionnement en uranium au Niger. On sait à quel point c’est sensible, à la fois sur le plan militaire mais aussi sur le plan physique, compte tenu du fait que la France est extrêmement dépendante de son énergie nucléaire.

La France est particulièrement touchée par l’un des acteurs de ce couloir, le mouvement qui s’intitule Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). http://www.avomm.com/Sahel Déclarer la guerre à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), c’est aussi combattre un ennemi insaisissable qui, par connaissance du terrain, vous glisse entre les doigts. Toutefois, il ne faut surtout pas surestimer cette organisation qui ne vit que du bruit médiatique que les medias en font, et c’est à cet effet qu’ Alain Chouet, (ancien directeur du Service de renseignement de sécurité à la DGSE) soulignait que «tout contestataire violent, qu’il soit politique ou de droit commun, quelles que soient ses motivations, a vite compris qu’il devait se réclamer d’Al Qaïda s’il voulait être pris au sérieux, s’il voulait entourer son action d’une légitimité reconnue par les autres, et s’il voulait donner à son action un retentissement international ». http://www.cf2r.org/fr/tribune-libre/les-enjeux-securitaires- dans-le-sahel-africain

LE SAHEL, CIRCUIT PRISÉ DES RÉSEAUX DE TRAFIQUANTS

Le noyau dur d’Aqmi est formé de 250 à 300 combattants répartis en katibas (brigades) qui sillonnent un territoire saharien immense et traversent aisément ses frontières.La Mauritanie est d’ailleurs en train d’installer 45 points de passage frontaliers par lesquels devront transiter tous ceux qui entrent sur son territoire par l’Est. L’argent d’Aqmi provient des rançons d’enlèvements, mais aussi d’une part prélevée sur les trafics transsahariens (drogue, cigarettes, clandestins). La filière transite via le nord du Mali et le Niger, avant de partir vers le nord du Sinaï ou de traverser le Tchad et le Soudan pour atteindre les rives de la mer Rouge, dernière étape avant le Golfe. La coke latino traverse également le continent depuis le golfe de Guinée vers la Méditerranée, bien que le plus gros passe par les côtes.Mais s’attaquer à ce fléau implique de bousculer des intérêts bien plus vastes que les quelques dizaines de combattants d’Aqmi. Les deux principaux chefs de katiba (brigade) d’Aqmi sont Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeïd. Belmokhtar est impliqué dans divers trafics, Abou Zeïd est réputé plus radical. Il a revendiqué les morts du Britannique Edwin Dyer et de Michel Germaneau. Abdelmalek Droudkal est l’actuel chef d’Aqmi. Né en 1970 à Meftah, en Algérie, il a une formation d’ingénieur électronicien. Il a combattu en Afghanistan et dans les GIA en Algérie. Son nom de guerre, Abou Moussab Abdelwadoud, est un hommage à Al- Zarqaoui, ex-chef d’Al-Qaïda en Irak. Il est à l’origine du ralliement d’Aqmi à Ben Laden, en 2006. Pour gagner l’Europe, les narcotrafiquants empruntent des chemins clandestins traversant les pays de l’Afrique de l’Ouest (Guinée Bissau, etc.) et le désert sahélien en infiltrant plusieurs pays de la région notamment la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Darfour.Devenue une nouvelle plaque tournante du trafic de drogue, le Sahel fait désormais partie des circuits les plus prisés des réseaux de trafiquants (cartels colombiens, etc.) très organisés et traversant les continents. (Le Courrier d’Algérie-02.08.2010.)

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*«Les bandes armées ne connaissent pas de frontières»

**AQMI «travaille» au profit des trafiquants dépendants des Organisations Criminelles Transnationales

M. Soumeylou Boubèye Maïga, ancien ministre malien de la Défense et directeur de l’Observatoire sahélo saharien de géopolitique et de stratégie (OSGS), confirmait, il y a encore peu de temps, dans les colonnes du magazine « jeune Afrique» que : «Depuis la naissance d’Al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], en janvier 2007, le risque que l’espace sahélo, saharien se transforme en lieu de refuge pour les djihadistes du monde entier est bien réel». Cependant quels sont les véritables enjeux dans cette région du Sahel, Alain Rodier*, répond à cette question et à d’autres , pour le Courrier d’Algérie

Courrier d’Algérie : Dans l’une de vos ITW vous expliquez que : «l’AQMI profite du trafic de la cocaïne, qui arrive d’Amérique du sud en Afrique noire et remonte vers l’Europe via le Sahara et le Sahel. AQMI se contenterait d’assurer la «protection» des différents trafics qui se déroulent au Sahel» .Ma question est la suivante : assurer la protection des différents trafics au profit de qui?

Alain Rodier : AQMI «travaille» au profit des trafiquants dépendants des Organisations Criminelles Transnationales (OCT) qui coopèrent dans le trafic de drogue. Au départ ce trouvent les cartels colombiens (cartel del Norte del Valle, cartel de la Costa, etc.) et les mouvements insurrectionnels d’obédience marxiste FARC et ELN qui profitent de la drogue pour se financer. Ces cartels et organisations révolutionnaires se chargent de l’achat de la coca, de sa transformation en cocaïne et du transport jusque sur les côtes africaines. Là, le transport est «sous-traité» à des bandes criminelles locales (les plus connues sont les nigérianes). La drogue est ainsi acheminée vers le nord puis envoyée en Europe par bateau et par avion. Elle est réceptionnée par des OCT européennes dont les mafias italiennes et albanaises ou par des organisations issues des ex-pays de l’Est. Parfois, les OCT nigérianes assurent également cette réception puis la distribution en Europe de l’ouest. À noter qu’un nouvel acteur est en train d’émerger: les Triades chinoises qui approvisionnent déjà l’Europe en héroïne en passant par les côtes Est de l’Afrique. Une partie de cette marchandise rejoint l’Europe par la «route du Sahel». Mokhtar Benmokhtar (ancien chef de l’Armée islamique du salut –AIS – en Algérie qui dirigeât une branche de l’AQMI) fait lui aussi du business. Il est AQMI parce que cela lui donne un retentissement international. La prise d’otages n’est elle pas devenue un business qui exclu toute guerre idéologique ? Doit on parler , d’Al-Qaïda au Sahel avec en haut de la pyramide un Oussama Ben Laden qui serait en mesure de manipuler telle ou telle succursale ? Il est vrai que le combat «idéologique» de Mokhtar Belmokhtar n’est qu’une «façade» qui lui permet de se livrer à son activité préférée (qui date de sa jeunesse): la contrebande.Tout ce qui peut lui rapporter de l’argent est bon à prendre: trafic de drogue, d’armes, d’êtres humains, de cigarettes, de véhicules, de pétrole, etc. Et bien sûr, les prises d’otages contre rançon. Oussama Ben Laden ne commande pas en direct AQMI qui reste un mouvement franchisé à Al-Qaïda mais qui a toujours gardé son indépendance d’action. Par contre, Ben Laden envoie, souvent via son second, le Docteur Al-Zawahiri, des consignes générales qui peuvent être appliquées par tous les fondamentalistes musulmans sur l’ensemble de la planète. En matière de prise d’otage, Ben Laden préfère qu’ils soient assassinés qu’échangés. On note ainsi qu’AQMI semble se radicaliser dans ce sens ces derniers temps (du moins, la direction du mouvement et la katiba d’Abou Zeid). La France a des forces spéciales dans certains pays de la zone, notamment au Mali et en Mauritanie à qui, elle fournit du matériel. La France est présente mais elle n’a pas de base. Par ailleurs les États-Unis ont développé au mois de mai, à travers le Partenariat Transsaharien de lutte contre le terrorisme, des exercices militaires au Mali, en Mauritanie… et basé au Burkina Faso.

Quel est le degré d’implication des Occidentaux dans le domaine militaire au Sahel et avec quel enjeu au final ?

Les Américains et les Français craignent que des activistes d’Al-Qaïda rejoignent l’Afrique en général et le Sahel en particulier pour y créer de nouvelles cellules terroristes. Un peu comme en Somalie, ces cellules menaceraient les pouvoirs en place mais pourraient également étendre le Jihad à d’autres régions comme l’Europe. Washington et Paris soutiennent la lutte anti-terroriste que les gouvernements locaux mènent. Ce soutien comporte principalement une aide à la formation et à l’entraînement des forces, à l’échange de renseignements et parfois, à la fourniture d’un appui logistique. L’objectif des Occidentaux est simple : contrer la menace terroriste en soutenant l’action régalienne des différents gouvernements de la région.

QUAND CES DERNIERS EN FONT LA DEMANDE.

Quelle est votre appréciation sur la dernière intervention Française au Sahel en vue de la libération de Michel Germaneau ?

Il est dommage qu’elle n’ait pas été couronnée de succès mais c’était l’opération de la dernière chance. Cela dit, elle s’est faite sous commandement mauritanien (ce sont eux qui engageait la grande majorité des troupes, les Français n’étant qu’une poignée) et avec l’accord de Bamako. Je rajouterai juste un point à ces remarques. L’effort des différents pays de la zone pour coordonner leurs actions en matière de lutte contre le terrorisme est à saluer : les bandes armées ne connaissent pas de frontières, les forces qui les traquent doivent pouvoir s’unir pour coordonner leurs actions et échanger leurs informations. Sur le plan strictement opérationnel, il est seulement dommage qu’un pays soit exclu de cet effort (pour des raisons de géopolitique que tout un chacun peut aisément comprendre): le Maroc.

(*) Directeur de recherche Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), ancien officier supérieur des services de renseignement français, Alain Rodier est spécialiste du renseignement militaro-industriel, du terrorisme et de la criminalité organisée. Il suit notamment la situation en Afghanistan depuis le début des années 1980 et le développement d’Al-Qaïda. Il est l’auteur de nombreux articles sur ces sujets dans des revues spécialisées (Raids, La lettre Sentinel, etc.).A. Rodier est également conférencier dans le domaine de l’évaluation des risques contemporains auprès de grands organismes institutionnels et enseigne dans plusieurs instituts d’enseignement supérieur. Alain Rodier est l’auteur d’Al-Qaïda, les connexions mondiales du terrorisme. Il a également contribué à la rédaction des deux ouvrages collectifs: Guerre secrète contre Al-Qaïda et les Al-Qaïda : les nouveaux réseaux de la terreur.  (Le Courrier d’Algérie-02.08.2010.)

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3 réponses à “Le Sahel, haut lieu de tension.5”

  1. 23 10 2015
    GeorgeTrew (14:23:36) :

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    Répondre

  2. 23 02 2016
    JessicaSr (00:22:33) :

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    Répondre

  3. 20 04 2016
    ConnieKek (07:44:44) :

    Répondre

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