«Al-Qaida» a ciblé le monde entier sauf Israël
*Les attaques du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis signaient le début du « djihadisme international », puisque les adeptes de Ben Landen ont durant ces dernières années laissé leurs empreintes dans plus d’une capitale européenne, asiatiques, du golfe, du nord de l’Afrique, mis à part Israël qui n’a connu aucune opération attribuée à l’organisation.
Les attentats perpétrés par Al-Qaida sur le territoire américain en 2001, ont encouragé les adeptes de Ben Laden a réaliser l’idée du « djiahadisme international » qui est la base de l’idéologie de l’organisation, ces attentats ont également permis à l’organisation d’attirer de nouveaux adeptes qui n’étaient avant le 11 septembre pas prêts à rejoindre Ben Laden, moins d’un an après l’attaque contre les USA, Bali en Indonésie était secoué par un attentat a la voiture piégé près d’une boite de nuit faisant 202 morts dont un grand nombre de touristes étrangers. La Tunisie non plus n’a pas été épargné par les attaques d’Al-Qaida, puisque cette même année, 2002, l’organisation a fait 21 morts dont 14 allemands lors d’un attentat kamikaze contre une synagogue à Djerba, et le fait que de nombreux saoudiens aient été aux cotés de Ben Laden dans les camps en Afghanistan, ne lui a pas évité d’être également ciblé, puisque qu’Al Qaida a exécuté une opération à Ryad en mai 2003, faisant 35 morts dont 9 américains dans trois attentats contre un complexe. Le Maroc a lui aussi été visé la même année, l’organisation faisant 45 morts au cours de cinq attaques presque simultanées à Casablanca contre des restaurants et des hôtels fréquentés par des étrangers et des sites juifs, en novembre c’était au tour de la Turquie, ou 63 personnes ont été tuées dans quatre attentats kamikaze à la voiture piégée contre deux églises, le consulat britannique et une banque britannique à Istanbul. Les capitales européennes n’ont pas été à l’abri des attaques d’Al Qaida, le mois de mars 2004 a été un épisode mémorable dans l’histoire de l’organisation, avec les attentats de Madrid en Espagne qui ont fait 191 morts et plus de mille blessés dans une série d’attaques contre des trains dans trois stations de Madrid et de ses environs, et en juillet 2005 venait le tour de la Grande Bretagne lorsque 65 personnes ont été tuées dans quatre attentats kamikaze contre le métro londonien et un bus. L’Egypte a également vu les mêmes attentats ce même mois avec une série d’attentats kamikaze contre des lieux touristiques dans le complexe de Charm El Cheikh faisant 68 morts, puis en Jordanie au mois de novembre ou l’organisation a fait 60 morts dans trois attentats kamikaze contre des hôtels de la capitale Amman. L’organisation a également perpétré des attentats sanglants en Algérie quelques mois après l’annonce de l’allégeance du « GSPC » à Al-Qaida, en frappant en force en avril 2007 au palais du gouvernement, puis le 11 décembre en faisant 41 morts dont 17 employés des nations unies dans deux autres attentats terroristes contre le siège des nations unies et le siège du conseil constitutionnel. (El Khabar-09.09.2011.)
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*vidéo…11 septembre 2001-USA
**A chaque fois qu’un mouvement islamiste veut se donner une base militante, il promet de libérer la Palestine avec Al Qods comme capitale.***
La littérature, les travaux scientifiques et les oeuvres cinématographiques font toujours florès 10 ans après ces effroyables attentats du 11 septembre 2001. La carte géostratégique moderne de la planète dessinée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, corrigée avec la chute du mur de Berlin en 1999, a été complètement chamboulée par les attaques du 11 septembre.
Tout l’échiquier du monde a été bouleversé pour consacrer définitivement la suprématie de la puissance américaine au sens propre et figuré du terme. Mais quelles leçons a tiré l’Oncle Sam de ces attaques meurtrières? N’est-ce pas que les mêmes ingrédients supposés être à l’origine du ressentiment arabe et musulman sont toujours là? Les moins bellicistes pensent à la question palestinienne.
A chaque fois qu’un mouvement islamiste veut se donner une base militante, il promet de libérer la Palestine avec Al Qods comme capitale. La symbolique d’une Palestine occupée martyrisée est très forte dans le subconscient des populations arabes et musulmanes. Dix ans après les attentats du 11 septembre, cette injustice de l’Histoire n’a pas été rétablie malgré les fortes promesses de l’ex-président américain G. W. Bush d’aider à la création d’un Etat palestinien avant la fin de son mandat en 2008. M. Bush fait deux guerres, mais il n’a pas aidé à la création de l’Etat palestinien.
L’enthousiasme de son successeur, Barack Obama, s’est heurté à l’intransigeance d’Israël qui a défié la communauté internationale en poursuivant les constructions à Jérusalem. En mars 2010, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a fait peu de cas du mécontentement de Barack Obama. «Si les Américains soutiennent les demandes déraisonnables présentées par les Palestiniens concernant un gel de la construction à Jérusalem, le processus politique risque d’être bloqué pendant un an», avait-il d’emblée menacé.
Depuis, M. Obama a fléchi, les constructions se sont poursuivies et tout est rentré dans l’ordre. L’Administration Obama est revenue «aux bons sentiments» puisqu’elle menace d’utiliser son veto si les Palestiniens s’en remettent à l’ONU pour demander la reconnaissance de leur Etat. Entre-temps, l’Amérique s’est empressée de reconnaître le Conseil national de transition libyen avec une inexplicable facilité. Au-delà des théories et contre-théories des complots, au-delà du fait que c’est la barbarie contre la modernité, le 11 septembre 2001 c’est aussi la guerre.
La stratégie du tout-sécuritaire dans laquelle s’est engagée l’Administration Bush inspirée par les faucons de la Maison-Blanche. «Les estimations les plus prudentes du bilan des victimes directes se chiffrent à ce moment à 225.000 morts et 365.000 blessés», selon un rapport de l’université américaine Brown, publié hier. Le rapport a été consacré aux guerres en Irak, en Afghanistan ainsi qu’à la campagne antiterroriste menée au Pakistan. Comme dans toute guerre, les chiffres sont horribles. Il fallait voir, à l’immense caserne de Fort Lewis dans l’Etat de Washington, la douleur indicible des familles des soldats morts en Irak ou en Afghanistan. Muette, la douleur est tout aussi indicible dans les pays conquis par les boys de l’armée US qui ne sont pas partis faire du tourisme. Pas moins de 31.741 personnes, selon le même rapport, dont environ 6000 Américains, 1200 soldats alliés, 9900 Irakiens, 8800 Afghans, 3500 Pakistanais ainsi que 2300 membres de sociétés militaires privées ont payé de leur vie ces conflits. Cela sans compter le flot des réfugiés notamment en Irak et en Afghanistan où près de 8 millions de personnes ont été déplacées. La guerre mondiale contre le terrorisme déclarée par l’ex-président Bush pour laver l’affront, n’est pas pour autant terminée même avec l’élimination de Oussama Ben Laden, l’ennemi juré des Américains. L’Administration Obama développe, depuis, une nouvelle approche. Celle de la guerre des idées. «L’Amérique n’est pas seulement forte par ses chars et ses avions. Elle l’est aussi par ses idées», avait dit le président Obama dans son premier discours quelques heures après avoir gagné l’élection présidentielle de novembre 2008. Mais entre les discours et la réalité, il y a toute une faune de lobbys aux Etats-Unis. (L’Expression-11.09.2011.)
**50 américains blessés aujourd’hui dans un attentat en Afghanistan
Plus de 80 soldats dont 50 américains et 15 Afghans ont été blessés dans un attentat à l’explosif commis à l’entrée d’un poste de combat avancé de l’Otan dans le centre de l’Afghanistan, a annoncé dimanche la Force de l’Otan en Afghanistan (Isaf).
L’attaque a été revendiquée par les insurgés talibans, engagés dans une insurrection de plus en plus sanglante contre le gouvernement de Kaboul et les troupes étrangères en Afghanistan, depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir fin 2001. «Un kamikaze taliban a fait exploser un gros véhicule rempli d’explosifs à l’entrée du Poste de combat avancé (COP) de Sayed Abad, dans la province du Wardak», indique un communiqué de l’Isaf.
L’explosion a «fait 89 blessés et creusé un trou de 20 pieds (six mètres) dans le mur», a déclaré le commandant David Eastburn, un porte-parole de l’armée américaine près de Jalalabad, grande ville de l’est de l’Afghanistan. Parmi les blessés, figurent 50 soldats américains et 15 Afghans, a souligné le commandant Eastburn qui dit se fonder sur des «informations préliminaires».
**Pour les gendarmes du monde, la guerre est devenue une nécessité de survie
Dix ans après l’incroyable attentat de New York et de Washington, dispose-t-on de suffisamment de recul pour discuter plus sereinement de ce qui s’est passé le 11 septembre 2001?
Il semble toutefois que le moment n’est toujours pas propice pour écrire la véritable histoire de ce qui s’est passé en ce fameux mardi de septembre 2001. Le monde célèbre donc aujourd’hui le dixième anniversaire de la destruction des Tours Jumelles du World Trade Center et l’attaque contre le Pentagone, attribuées à la nébuleuse islamiste Al Qaîda. Ne nous arrêtons pas sur la sophistication de ces attaques relevée par les scientifiques, les architectes, les ingénieurs du bâtiment et tous ceux chargés de la sécurité des constructions… sauf par les pouvoirs publics américains.
D’aucuns de s’étonner qu’un groupe terroriste ait pu disposer de telles connaissances scientifiques, techniques et technologiques pour détruire les tours new-yorkaises. Mais ce n’est là qu’une hypothèse parmi les autres sur ce qui s’est réellement passé le 11 septembre 2001. Ceci dit, il y a donc terrorisme. Mais la fin de la Guerre froide a bouleversé la donne géostratégique mondiale, car le monde tel qu’il est conçu, ne peut fonctionner sans les tensions et oppositions, souvent violentes, nécessaires à la bonne marche du complexe militaro-industriel (CMI). Il fallait donc créer les conditions qui maintiennent la production militaire qui fait vivre- parallèlement – des milliers de chercheurs, scientifiques, et tout ceux vivant en amont et en aval du CMI.
Après la Seconde Guerre mondiale, le nerf de la guerre était la peur du rouge, le fameux «Red scare» brandi par Joseph McCarthy qui organisa la chasse aux sorcières dans les années 50. Terrorisme donc, il y a. S’il n’a pas de nationalité, ce nouvel abcès de fixation semble bien avoir une couleur: la couleur verte. Pour faire bref, la «peur verte» (green scare) – incarnée par l’islamisme radical qui a essaimé dans le dernier quart du XXe siècle – prit donc avec un certain succès, si l’on peut nous permettre cet aphorisme, la relève de la «peur rouge» de la première moitié du XXe siècle. La disparition donc du bloc communiste et avec lui, la Guerre froide – qui a induit un fantastique armement des deux superpuissances de l’époque, les Etats-Unis et l’URSS avec tout ce que cela suppose comme dépenses militaires – a mis en danger l’industrie militaire et ses annexes. Cela a ainsi été ressentie comme une très mauvaise nouvelle par tous ceux qui vivent de la guerre et de la vente des armes. Il est patent qu’il y a là une complication fâcheuse qu’il fallait dépasser. S’il n’y avait pas eu l’islamisme, il aurait fallu l’inventer. Et Ben Laden, agent notoire de la CIA, avait toutes les qualités pour sortir les Etats-Unis de l’impasse qui organisa en Afghanistan, sous occupation soviétique, les premières phalanges islamistes de combat – les célèbres «Afghans» qui ont essaimé ensuite dans nombre de pays arabes, notamment en Algérie où ils ont semé la mort et la graine de la fitna – Ceci pour l’Histoire. La disparition de l’URSS a laissé le champ libre aux Etats-Unis qui ont du coup retrouvé leur ambition impériale, comme le montre la progression continue, d’une année à l’autre, du budget de la défense, plus important que tous les budgets militaires de la planète réunis, l’Europe occidentale y compris.
De fait, dès les années 1998 et l’arrivée de George W. Bush et des néo-cons au pouvoir à Washington, la relance des dépenses militaires a évolué de façon alarmante du fait même qu’elles sont incontrôlées et incontrôlables depuis les attentats de septembre 2001. Selon les dernières données, le budget militaire américain, estimé à 698 milliards de dollars, représente 42,8% des budgets de défense global dans le monde. Par comparaison, notons que le budget «Défense» de l’autre superpuissance mondiale la Russie, n’est que de 58,7 milliards de dollars (3,6% des dépenses militaires dans le monde). Une échelle de valeur qui se passe de commentaires.
Dès lors, à quelque chose malheur est bon, du moment que le terrorisme islamiste – puisque terrorisme islamiste il y a – aura permis au complexe militaro-industriel de se requinquer et d’engranger à nouveau des dividendes, de manière notable. Le monde des riches a besoin de la guerre pour prospérer. Regardons autour de nous: l’armée américaine est omniprésente dans le monde alors que les conflits de plus ou moins grande intensité se sont singulièrement multipliés dans les continents asiatique et africain. Ferons-nous remarquer que la majorité de ces conflits ont pour terrain le monde arabe et musulman? Est-ce une simple coïncidence si l’on excipe du fait que cette région spécifique du monde, sur laquelle plane l’ombre de la guerre, renferme la majorité des richesses énergétiques de la terre?
Ce qui est patent, en revanche, est que le monde, incapable de trouver une alternative crédible, sera plus que jamais sous le joug d’une Amérique unipolaire, arrogante et prête à tout pour conserver sa position de puissance dominante.
Faut-il relever que cette puissance dominante des Etats-Unis s’est accentuée au lendemain d’un 11 septembre 2001 qui aura au final surtout servi les intérêts américains. Même s’il y avait sans doute un prix à payer. (L’Expression-11.09.2011.)
** «On justifie tout par le terrorisme»
.Les guerres, le droit d’ingérence, la discrimination, l’islamophobie, et quoi encore !!
Salah Mouhoubi, politologue, spécialisé dans les questions géostratégiques, les relations internationales et la diplomatie, est auteur d’une dizaine de publications. Il citera parmi ses publications, «Du Désordre à l’ordre, Le Monde à reconstruire» et «Les Vulnérabilités». Dans cet entretien, le spécialiste décortique la question du terrorisme après les évènements du 11 septembre aux USA.
L’Expression: Quelles sont les retombées des attaques terroristes du 11 septembre contre les Etats-Unis d’Amérique?
Salah Mouhoubi: Les attentats de 11 septembre aux Etats-Unis ont marqué un tournant majeur dans la conception et la définition du terrorisme. Nombre d’analystes ont, d’ailleurs, relevé que les événements du 11 septembre n’ont fait que renforcer et conforter la position algérienne ayant alerté le monde entier sur les dangers de ce fléau. Cela d’une part, et d’autre part, ces attaques ont montré qu’aucun pays n’est épargné par la menace terroriste. Donc, l’Algérie, qui a payé, seule,une décennie durant, les conséquences dévastatrices, voire ayant subi un embargo même de la part des grandes puissances, se voit revenir et rebondir sur la scène internationale après les tristes évènements du 11 septembre et écouté même dans les enceintes internationales, quand les débats se portent sur le terrorisme. Cela dit, les attaques du 11 septembre contre les Etats-Unis d’Amérique ont poussé la communauté internationale à prendre acte du danger du terrorisme confirmant ainsi, voire sans appel, l’approche de l’Algérie. La conférence sur le terrorisme au Sahel abritée par l’Algérie les 7 et 8 septembre dernier et que les travaux d’un grand atelier qui seront présidés par l’Algérie lors du Forum mondial contre le terrorisme, qui se tiendra le 21 septembre prochain à New York, en sont une preuve renseignant à plus d’un titre sur le rôle incontestable de l’Algérie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, il faut dire, sur un autre chapitre, que les évènements du 11 septembre ont ouvert une nouvelle ère mondiale offrant aux Etats-Unis d’Amérique le droit d’ingérence même au sein des pays souverains, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. C’est dire qu’après la chute du mur de Berlin, les Etats-Unis sont sans adversaire de taille. Or, ils ont imposé leur leadership au moment de la rivalité entre les deux blocs et cette suprématie a été voulue par l’Occident dans son ensemble. Ils ont réussi à généraliser la mondialisation à la planète tout entière d’une part, et à imposer leur unilatéralisme dans la gestion de la politique mondiale, d’autre part. C’est par rapport à ce nouveau contexte qu’il faut placer et analyser le terrorisme international. Aujourd’hui, je crains une instrumentalisation du terrorisme international pour exacerber le «choc des civilisations». Il ne faut pas perdre de vue qu’un monde en paix est contraire aux intérêts de l’Occident. J’estime toutefois que, en effet, au nom de la lutte contre le terrorisme international, toutes les turpitudes intellectuelles et idéologiques sont permises puisque, apparemment, l’Occident ne peut progresser et tenir son rôle de leadership sans se créer des «dangers permanents».
Donc, l’instrumentalisation du terrorisme pour des intérêts stratégiques demeure une nouvelle arme entre les mains des puissances occidentales?
En effet, j’ai bien peur que le terrorisme soit instrumentalisé par certaines puissances étrangères pour s’ingérer dans les affaires internes d’un pays souverain, et ce, rien que pour atteindre des objectifs. D’autant plus, je constate que les cibles du terrorisme sont souvent dans les pays arabes dont les sous-sols sont riches en ressources énergétiques. Et par conséquent, il convient de souligner, dans ce cas de figure, que la lutte contre le terrorisme sert à ouvrir des voies aux interférences étrangères. Cela devient, d’autant plus, plus clair concerrant les agissements des USA au nom de la lutte contre le terrorisme. Les Etats-Unis se sont, aujourd’hui, arrogé le droit de le définir, selon leur propre perception et leurs seuls intérêts et surtout de le gérer suivant leurs convenances. Ce qui veut dire en clair, que leur approche est strictement manichéenne et repose sur le principe du «deux poids, deux mesures». Ce que fait Israël par exemple, en pratiquant depuis toujours et à ciel ouvert, le terrorisme d’Etat est légitime. Tous ceux qui s’opposent à lui sont des terroristes et considérés comme tels par tout l’Occident et notamment les Etats-Unis. L’Occident doit comprendre que l’extinction du terrorisme international dépendra aussi de sa volonté de respecter les autres peuples. En les agressant constamment, en les humiliant du fait de la politique du «deux poids, deux mesures», en imposant le strict respect de la légalité internationale à autrui et, dans le même temps, en fermant les yeux quand d’autres la violent ouvertement et en caricaturant les symboles et les croyances religieux, fatalement on pousse au désespoir des hommes qui n’aspirent qu’à vivre en paix. C’est la raison pour laquelle, il n’est plus de mise de tricher ou de travestir la réalité. Ni l’Islam ni le désespoir des Palestiniens, des Irakiens ou des Afghans ne sauraient être la source d’un terrorisme aveugle et barbare.
Le droit d’ingérence est donc né de la lutte antiterroriste prônée par les Etats-Unis d’Amérique?
Effectivement, les USA ont conçu une nouvelle logique et une nouvelle vision de l’ordre mondial. Depuis, la présidence de Bush et à la suite des événements du 11 septembre, les USA ont façonné une «nouvelle doctrine stratégique des Etats-Unis». Cette nouvelle doctrine énonce les conditions et les axes du droit d’ingérence des Etats-Unis partout dans le monde. Egalement, je relève que, avec la mise en oeuvre de cette stratégie, les Etats-Unis inaugurent une nouvelle ère qui légitimise leur rôle de gendarme dans le monde. Ils interviennent où ils veulent et ils interfèrent dans les affaires internes de l’importe quel pays qu’ils désirent. Ce sont eux qui déterminent les critères pour coller aux Etats leur étiquette «d’Etats voyous» ou de l’ «axe du mal». Enfin, ils n’ont besoin de personne et encore moins du Conseil de sécurité de l’ONU pour intervenir dans les Etats en utilisant les pressions, les sanctions et, bien évidemment, la force. Pour faire oublier l’échec irakien, les Etats-Unis se fixent une autre cible pour faire diversion. (L’Expression-11.09.2011.)
** Un gros mensonge et un prétexte à l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan par les Occidentaux.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a réaffirmé dimanche que les attentats commis le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis avaient eu lieu pour servir de « prétexte » à l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan par les Occidentaux.
« Le 11 septembre a été un jeu visant à influencer les émotions de l’humanité et à trouver un prétexte pour attaquer des régions musulmanes et envahir l’Irak et l’Afghanistan en tuant un million de personnes innocentes », a déclaré M. Ahmadinejad dans un discours devant un congrès de responsables religieux du monde musulman ….
Le président iranien affirme régulièrement depuis 2008 que les attentats contre le World Trade Center ont été suscités par les Etats-Unis pour justifier leurs interventions en Irak et en Afghanistan.
Il avait provoqué de vives réactions internationales en déclarant, en septembre 2010 devant l’Assemblée générale de l’ONU, que le 11-Septembre était un « complot orchestré par certains cercles au sein du pouvoir américain afin de relancer une économie déclinante, de renforcer l’emprise (des Etats-Unis) sur le Moyen-Orient et de sauver le régime sioniste ».
Il a qualifié à plusieurs reprises le 11-Septembre de « grand mensonge », et avait déja dénoncé en juin dernier « l’exploitation » de l’événement par les Occidentaux.
Il l’avait comparé à « l’exploitation de l’Holocauste » faite selon lui pour défendre Israël, autre sujet sur lequel le président iranien déclenche régulièrement de vives réactions internationales. (belga_11.09.2011.)
**Dix ans après les attentats du 11 septembre…Etre musulman à New York
Les musulmans, des citoyens new-yorkais comme les autres ? C’est tout du moins ce que s’efforcent de montrer tous les jours les quelque 800 000 fidèles recensés par les institutions cultuelles installées dans la ville. Car, au lendemain des attentats perpétrés par Al Qaîda contre le World Trade Center, la vie de millions de musulmans a basculé en même temps que celle d’une cité et d’une nation.
Ils crachaient sur les musulmans !» Assise derrière un étal, en face de l’entrée du Centre culturel islamique de New York, Meriem, Guinéenne d’origine, se méfie des «seculars», des laïques, ou plutôt des non-musulmans. Sous son voile et son djilbab noir, elle scrute, l’œil inquisiteur, les allées et venues. Sur la petite table en bois sont achalandés des articles allant de petits sachets de dattes à des chapelets, en passant par des bouteilles d’eau. «Nous sommes passés par des moments très difficiles. Tout le monde nous regardait avec suspicion et haine parfois. Juste après les attentats, des musulmans ont été agressés. Nous rasions les murs», se souvient la quadragénaire. Dire que la communauté musulmane a connu l’hostilité d’une population entière est peu dire.
Les témoignages sont édifiants et racontent tous le même malaise, et à quel point il ne faisait pas bon vivre d’être musulman dans le New York post-11 septembre : les femmes étaient obligées d’enlever leur hidjab ou de démissionner, chômage et licenciements. Afin d’éviter les persécutions, certains ont préféré changer leur nom en des noms à consonance chrétienne. «Il y a eu quelques lois adoptées par le Congrès, par exemple, qui étaient franchement hostiles à notre communauté», relate Meriem. «De nombreux fidèles ont été arrêtés, objets d’enquêtes et de poursuites, d’autres emprisonnés ou déportés à l’étranger», poursuit-elle. «Des boutiques et des lieux de culte appartenant à des musulmans ont été attaqués», se souvient Kadi, un Algérien de 29 ans.
Cela était devenu quasiment impossible pour un musulman de trouver un emploi ou de faire les études de son choix. «Certaines branches ont été interdites aux musulmans, surtout les musulmans arabes. Ce sont surtout les filières scientifiques, chimie ou autres», déplore Serigne, un Sénégalais de 21 ans.
Nouvelle image pour survivre
Mais plus grave. «Des citoyens, au nombre de cinq, ont même perdu la vie suite à des expéditions punitives ou des agressions dans la rue», affirme Omar S. Abou Namous, imam du Centre islamique culturel de New York. Cet établissement, l’un des rares lieux de culte de la ville ayant l’architecture extérieure d’une mosquée, est aussi l’une des plus importantes de Manhattan en termes d’affluence. Elle reçoit près de 2000 fidèles pour les prières du vendredi. Les jours de semaine, la fréquentation est moindre. «Pour les cinq prières, on y retrouve différentes personnes, des employés dans le quartier dans la journée et des riverains dans la nuit. Ils sont quelque 200 personnes pour chaque prière», explique, dans un sourire encadré d’une barbe grise soigneusement taillée, le religieux, un Palestinien. Djellaba et burnous immaculés, l’œil vif et le verbe loquace, l’imam a sur son bureau des ouvrages sur l’Islam, un livre traitant de Jésus et de la Vierge-Marie, ainsi qu’un document traitant de finances.
Il est la preuve vivante que les musulmans ont dû apprendre à «se vendre», obligés d’offrir une autre image d’eux-mêmes, afin de redorer un blason terni par quelques fanatiques et des années de laxisme. «Après les attentats et toute la violence qui en a découlé à l’égard de notre communauté, nous avons dû faire de gros efforts afin de faire comprendre à nos concitoyens que nous ne sommes pas dangereux et que nous ne sommes pas des terroristes», explique-t-il. Ce qui n’a pas été des plus aisés, tant les préjugés étaient ancrés et les plaies vivaces. «Cela a duré deux ou trois ans durant lesquels les musulmans ont dû faire attention. Puis, à force de communication et de preuves de bonne foi, la situation a commencé à s’améliorer pour nous», assure l’imam.
Plus difficile d’être musulmane que musulman ?
D’ailleurs, 10 ans après, l’hostilité est-elle toujours la même ? Les avis sont mitigés. Parfois même contradictoires. Si les uns affirment jouir de tous leurs droits et ne ressentir aucune inimitié, d’autres, comme Meriem, est outrée par la marginalisation dont ils peuvent être l’objet. «Les autres Américains sont persuadés qu’il est mauvais d’être musulman, et que nous avons peur de l’être. Des évangélistes viennent dans nos quartiers et tentent de nous convertir», s’énerve-t-elle, se radoucissant à l’approche d’un client. En bonne musulmane, elle lui «donne la paix», chose qu’elle ne fait qu’à ses coreligionnaires. Hamida, une Bengalie, qui vit de la charité des fidèles du centre, abonde dans ce sens. «Dans certains quartiers à forte fréquentation musulmane, la police est souvent présente. Parfois, les gens font encore l’amalgame entre Islam et Al Qaîda», déplore-t-elle. Parce qu’elles sont femmes et revêtent leur appartenance religieuse, elles sont plus exposées aux regards, qui est souvent lourd à porter et à supporter. Même dix ans après.
Liberté de culte respectée
Ressentir ce que ne partage pas Fatima, Gabonaise, installée aux Etats-Unis depuis une dizaine d’années. Elle travaille dans une mosquée du Midtown de Manhattan. L’entrée, une modeste porte verte coincée entre deux échoppes, est flanquée d’une pancarte où il est mentionné «Islamic Society». Au bout d’un long couloir, duquel parviennent les échos d’une voix d’homme prêchant en anglais, se trouve le «bureau» de Fatima. Des présentoirs sur lesquels sont exposés divers ouvrages religieux, des CD, ainsi que des qamis, divers modèles de coiffes et de hidjabs, des misbahas, ainsi que des biscuits et autres confiseries «hallal». Installée derrière le comptoir, la «sister» au voile pailleté suit attentivement le darss donné par le prédicateur. «Il est très facile d’être musulman ici. Les gens et la loi sont très respectueux de tout un chacun», estime la femme. «En dépit de tout, les Américains sont ouverts et tolérants. Ce qui n’est pas le cas d’autres pays, tels que la France», insiste Fatima.
Discrimination «partielle»
Car les Etats-Unis restent le pays de la liberté de culte par excellence. «Pour ce qui est de la chose publique et des officiels, il n’y a aucune discrimination de la part des autorités. Pour le reste, l’hostilité n’est plus ouverte comme ce fut le cas. L’agressivité n’est plus apparente, mais elle est déguisée, implicite. Dans le secteur privé par exemple», analyse l’imam Omar S. Abou Namous. Certaines compagnies et entreprises privées pratiquent parfois, selon lui, une discrimination «partielle».
Pour ce qui est de la sphère sociale et privée, dans les rues par exemple, les musulmans jouissent d’une pleine liberté. Les femmes sortent, travaillent ou font du shopping avec leurs foulards, cela sans anicroches. «Je vois même des hommes sortir avec leurs gandouras et autres qamis traditionnels. Ce que je ne fais pas. Je ne porte ma tenue que dans ce centre. Lorsque je sors, je revêts mon costume occidental», s’amuse-t-il. Pourquoi ? «Je ne vis pas à Manhattan, mais dans le New Jersey. J’utilise pour mes déplacements les transports publics. Et porter ce type de tenue dans les métros ou les bus veut dire que vous voulez attirer tous les regards», explique le Palestinien.
Tolérance contre «intégration et discrétion»
Est-ce donc à dire que les musulmans doivent se cacher et observer un profil bas ? Pas vraiment. Mais presque. Même s’ils qualifieraient cela d’être «discret». «Nous nous devons d’être patients et de ne pas répondre aux provocations», estiment Meriem et Hamida. «Les musulmans peuvent s’exprimer, se montrer, organiser des parades et autres événements culturels ou cultuels. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Ils construisent des mosquées ouvertement, ils achètent des églises qui n’ont plus de congrégations», énumère l’imam Abou Namous. Seulement, en contrepartie, ils doivent montrer qu’ils se sont «intégrés».
«Aujourd’hui, nous appartenons à cette nation, nous nous sentons citoyens à part entière. Ce pays est notre terre d’accueil et d’adoption, et nous voulons le construire au même titre que n’importe quel autre Américain. Ce qui est d’ailleurs parfaitement incompatible avec le fait d’avoir de la haine et de la malveillance.»
Il faut être Américain et «patriotique», enchaîne-t-il. Alors, si la «paix retrouvée» signifie une plus grande tolérance de la part d’une société traumatisée par le spectre terroriste, elle est surtout le fruit des efforts de communication accomplis de part et d’autre. Mais pas seulement. Car les musulmans new-yorkais ont dû et doivent toujours montrer patte blanche, de l’aveu même de l’imam, qui estime que «les musulmans ont changé». «Au cours de ces 10 ans, ils se sont modérés. Ils comprennent mieux la culture américaine et s’y sont adaptés», insiste-t-il, quitte à forcer les traits.
Les musulmans doivent, de ce fait, faire plus d’efforts et de concessions afin de démontrer qu’ils sont tolérants et ouverts à la société. Qu’ils ne constituent pas un danger en somme.
Aujourd’hui, ils sont d’ailleurs nombreux à rendre service aux USA et à la société. Et ils font leur possible pour que cela se sache.
«Il y a une association caritative, affiliée à notre centre, qui distribue de la nourriture aux démunis et aux sans-abri. Cette assistance est offerte aux musulmans et aux non-musulmans, sans distinction», argue l’imam. Vaincre les maux en propageant le bien et en prônant un Islam de paix et d’ouverture, ce qui semble séduire.
Une religion en expansion
Ainsi, paradoxalement à cette défiance envers la religion musulmane, tout le monde s’accorde à dire que durant ces dix années, les conversions ont battu des records. «Dans notre centre, nous enregistrons de 10 à 15 conversions par mois», affirme Omar S. Abou Namous, imam du Centre islamique culturel de New York. «Je pense que les attentats ont mis l’Islam sous les projecteurs, ce qui a permis à nombre d’Américains de découvrir cette religion qu’ils ont fini par adopter», juge, non sans fierté, Serigne, qui ajoute, à brûle-
pourpoint : «Même des artistes et des rappeurs se sont convertis !» Ce que confirme Abdelhak, 46 ans. Il est l’adjoint de l’imam d’une mosquée de Manhattan. Né juif, il s’est converti au christianisme. Puis, en 1997, il embrasse l’Islam, car il «a décidé de croire en tous les prophètes».
Il semblerait que ce sont les femmes qui soient le plus enclines à se convertir, «pratiquement tous les jours». «Après ces tragiques événements, il y a eu de nombreux curieux et, au final, beaucoup de chahada. C’est une religion en expansion», estime-t-il. «La société américaine sent que l’Islam se propage en Amérique, et que cette religion aura de l’influence et du poids», prédit Abou Namous.Lorsque l’on sait qu’ils sont près de 7 millions aux Etats-Unis. Ils étaient 5 millions en 2008…
Témoignages de citoyens américains :
-L’imam Omar S. Abou Namous
«A cette époque, j’étais principal à mi-temps dans une école islamique dans le New Jersey. C’était le choc ! Un choc indescriptible ! Que cela puisse arriver aux USA, au cœur de New York. Comment cela a-t-il pu arriver dans la plus grande ville du monde, dans le pays le plus puissant à tous les points de vue ! Lorsque j’ai appris que ces horreurs étaient attribuées à des musulmans, ce fut un autre ignoble choc. 41 fidèles ont péri dans ces attaques. Et lorsque l’on a vu que Ben Laden était ‘‘content et fier’’, mon Dieu quelle déception… Puis, les événements se sont enchaînés et ont empiré comme une boule de neige…»
«Les musulmans n’ont pas réagi publiquement à l’annonce de sa mort. Personnellement, j’ai été très à l’aise. Il est l’une des raisons pour l’émergence de l’islamophobie. L’une des raisons qui fait que les gens pensent de l’Islam est violent et terroriste. Sa disparition de l’arène publique est une bonne chose pour l’Islam et la nation islamique. Il n’a fait que du mal à l’Islam et à la umma. Tout ce qu’il a fait, c’est tuer des civils et des innocents ; en Algérie par exemple ou dans de nombreux autres pays. L’on ne peut être que soulagé de sa disparition. Pour tout vous dire, sa mort a été plus utile aux musulmans et à l’Islam qu’aux Etats-Unis.»
«L’ère Obama ? Il a fait évoluer les choses, tout spécialement au début de son mandat. Il était très favorable envers les musulmans. Il avait l’intention de faire de bonnes choses, d’aplanir les relations. Il a visité de nombreux pays musulmans. Et il a très bien parlé. Que cela soit en Egypte, en Turquie ou dans d’autres contrées, il a fait des discours très positifs. Mais je pense qu’aujourd’hui, et parce que son Administration n’est malheureusement pas uniquement composée d’Obama, mais également de personnes qui sont moins ouvertes, ce qui a freiné, voire même empêché toutes ses bonnes intentions.
Mais le plus important a été qu’il n’a adopté aucune mauvaise attitude envers les musulmans. Ce qui n’a pas été le cas durant les deux mandats de Georges W. Bush. De nombreuses mesures ont été adoptées et qui étaient hostiles aux musulmans. Il a été celui qui a commis l’un des plus dangereux dérapages qui soient, en parlant de croisade contre l’Islam. Je pense que lorsqu’il a fait cette déclaration, il ne s’était pas rendu compte de l’entière dimension de ses propos. Mais il semble que quelqu’un l’a corrigé, car il a ensuite essayé de se rétracter.»
-Serigne, 21 ans
«J’étais au Sénégal lors des attentats. Mon père, qui est citoyen américain, se trouvait à New York. Lorsque j’ai vu les images des tours s’effondrer, mon Dieu, quel choc ! Nous nous sommes tous sentis très mal et étions morts d’inquiétude pour mon père. Comme tous les musulmans, nous avons eu le cœur brisé en apprenant à qui était attribué ce crime.
Personne ne peut supporter ça, d’autant plus que je me doutais que cela allait être récupéré par les «haters» (racistes). Il fallait que les gens comprennent que cela n’est pas le djihad. Ce n’est pas religieux, mais personnel et politique.» «Ici, nous sommes nombreux à ne pas croire à la mort de Ben Laden. Je pense qu’il est mort depuis longtemps. La version officielle ne tient pas la route, sinon pourquoi ne pas avoir montré des images ? Je n’ai ressenti aucun changement notable suite à l’élection de Barack Obama. Au début, c’est vrai qu’il portait beaucoup d’espoirs, mais ils n’ont pas été concrétisés. Il n’est pas seul, et il a beau aspirer à changer les choses, il n’y arrive pas. Il est ouvert aux musulmans, ce qui ne plaît pas. Raison pour laquelle l’on a essayé de l’éliminer.»
Selon une étude du Pew Research Center
55% des musulmans estiment que la vie est plus difficile depuis le 9/11
n La vie des musulmans aux Etats-Unis est devenue plus difficile depuis les attentats du 11 septembre. C’est du moins ce que ressentent 55% de la population musulmane américaine, selon une étude du Pew Research Center.
De même, 38% des citoyens musulmans sondés déclarent qu’ils sont gênés par le fait qu’ils soient l’objet d’une surveillance gouvernementale accrue. En sus, beaucoup déclarent être regardés avec suspicion (28%), d’être appelés des noms offensants (22%), avoir reçu un traitement différentiel par la sécurité des aéroports (21%). Globalement, une majorité d’entre eux, 52%, affirme que les politiques antiterroristes isolent les musulmans aux Etats-Unis de par la surveillance et les contrôles accrus. (El Watan-11.09.2011.)
**Al-Qaida a été amplifiée médiatiquement et va vers l’effondrement totale
Le spécialiste marocain en groupes islamises, Mohammed Dharif, pense que le mouvement d’Al-Qaida n’était qu’un phénomène médiatique exploité par des pays occidentaux et arabes qui ont montré une certaine exagération en l’amplifiant médiatiquement, afin d’atteindre des objectifs politiques bien précis. Il affirme, également, qu’après 10 ans de l’attentat qui a ciblé le bâtiment du World Trade Center, on assiste à un effondrement rapide d’Al-Qaida, prévoyant une prochaine alliance entre courant Djihaddiste et les pays occidentaux, prenant pour exemple les résultats de la guerre en Libye.
El Khabar : Quels sont les changements qu’ont apportés les attentats du 11 septembre, dix années plus tard ?
Mohammed Dharif : le monde a observé une série de grands changements, notamment auprès des régimes occidentaux libéraux, ce qui a eu des effets sur leurs partenaires dans le monde arabe. Quatre changements primordiaux ont eu lieu, on a, notamment, le retour à la notion de l’Etat, qui fut limitée chez les pays occidentaux, avant le 11 septembre, dans la protection des Droits et des libertés individuelles.
Les occidentaux ont renoué avec le principe de sauvegarde de la sécurité et la stabilité au détriment des Droits et des libertés individuelles. Il a, également, fermé les yeux sur plusieurs dépassements en terme d’atteinte aux Droits de l’Homme.
Quant au deuxième revirement, il consiste en la disparition de la notion de la souveraineté sécuritaire des Etats, puisque les services de sécurité sont obligés de coopérer avec les services secrets de sécurité occidentaux, notamment, américains sous motif de la guerre internationale contre le terrorisme, ce qui a justifié la disparition de la notion de la souveraineté nationale.
Alors que le troisième revirement, consiste dans le fait que l’occident a prémédité de confondre entre le terrorisme et la résistance, tels qu’était le cas pour les questions de la résistance palestinienne et du peuple Tchéchènes. Le dernier des revirements consiste en l’effort des occidentaux de ne pas confondre entre les deux mouvements religieux, le premier Salafiste, par ses deux fractions, extrémiste et traditionnel, d’une part, et entre le courant islamique politique modéré et le courant Sophiste de l’autre. C’est deux courants qui ont été soutenus par les occidentaux et qui en les associant veut en parvenir à un Islam libéral, comme une nouvelle notion.
El Khabar : comment voyez-vous l’impact d’Al-Qaida comme organisation sur la carte géographique ?
Mohammed Dharif : le mouvement d’Al-Qaida a été amplifié, ainsi que certains régimes arabes, par les occidentaux, afin d’atteindre certains objectifs politiques. On peut constater cela à travers plusieurs indicateurs, notamment, le bilan des opérations menées par Al-Qaida depuis sa création. On peut citer, dans ce contexte, l’attentat qui a ciblé l’ambassade américaine à Dar Es Salam et les attentats perpétrés en Arabie Saoudite avant d’atteindre le sommet par les attentats du 11 septembre 2001 et après ça les attentats de Madrid et de Londres. Tous ces attentats restent limités par rapport aux appels illimités de Ben Laden de s’attaquer à l’occident.
El Khabar : Quel en est l’avenir, à votre avis, d’Al-Qaida après la mort de son fameux leader ?
Mohammed Dharif : Al-Qaida est un phénomène médiatique qui surgit pour des raisons politiques et qui est entrain de s’effondrer suite à la mort de Ben Laden, suivi par Abderrahmane El Misrati, puis l’arrestation de Younes El Mauritani, il y a quelques jours. Cet effondrement s’explique par le fait que les renseignements américains et pakistanais maitrisaient parfaitement le jeu, à travers le timing qu’ils ont choisi pour abattre Ben Laden, un événement qui a été exploité par le président américain Obama dans sa campagne électorale.
Al-Qaida comme idée pour faire face à l’occident et aux régimes impérialistes restera, mais pas Al-Qaida en tant qu’organisation terroriste. On verra, à l’avenir, une certaine entente entre les Djihaddiste et l’occident, et ce qui se passe actuellement en Libye est un indicateur à prendre au sérieux. (El Khabar-09.09.2011.)
**Afin de donner l’effet « spectaculaire » à ses attentats
L’AQMI exploite le chiffre 11
Le chiffre 11 représente, à la fois, une source d’inspiration pour l’organisation d’Al-Qaida au Maghreb Islamique, pour le grand attentat terroriste que le monde a connu, le 11 septembre 2001, et un chiffre qui effraie les services de sécurité et de renseignement de tous les pays qui se voient ciblés par l’organisation d’Al-Qaida.
Au cours des dix dernières années, Al-Qaida a été le dossier international qui a fait le plus de polémique, ainsi que le 11ème jour des mois de l’année. Un jour qu’Al-Qaida a, apparemment, choisi pour perpétrer ses attentats. L’Algérie et à l’instar de tous les pays, se voit confrontée à une menace terroriste, chaque 11 de chaque mois. Le palais du gouvernement ainsi que le siège du commissariat Est de la Police judiciaire ont fait l’objet d’attentats kamikazes le 11 avril 2007. Une caserne militaire a, également, été attaquée le 11 juillet de la même année. Quatre mois plus tard, soit le 11 décembre, est venu le tour du siège du commissariat des Nations Unies à Hydra à Alger et le siège du Conseil Constitutionnel à El Biar. Ce qui inculqué l’idée que le chiffre 11 est devenu effectivement un chiffre qui inspire la bénédiction les groupes terroristes, suite à l’attentat terroriste qui a ciblé les deux tours du World Trade Center à New York et le bâtiment du Patagon le 11 septembre 2001. Par ailleurs, Al-Qaida au Maghreb Islamique a voulu montrer son efficacité en Algérie pour prouver au mouvement mère, Al-Qaida dont le chef fut Ben Laden, sa capacité de faire peu au régime algérien et le terroriser après avoir fait allégeance au mouvement mère en janvier 2006. (09.09.2011.)
**Le 11 Septembre (September 11) est désormais une date intimement associée à l’histoire des Etats-Unis.
Il y a dix ans, des avions de ligne remplis de passagers civils ont été utilisés comme des missiles contre le Pentagone à Washington DC et les tours jumelles du World Trade Center de New York, deux symboles de la puissance militaire et économique de la seule puissance restée sur la scène internationale à la fin de la guerre froide. Si on excepte les thèses «complotistes», ces attentats furent unanimement condamnés. Le haut-commissaire aux droits de l’homme les qualifia de «crime contre l’humanité» et le Conseil de sécurité de «menace à la paix et à la sécurité internationales». Beaucoup de dirigeants mondiaux partagèrent l’avis de Poutine qui les condamna comme «agression sans précédent de la part du terrorisme international». L’OTAN activa l’article V de sa charte pour la première fois depuis sa création.
Les attentats, qui firent 3000 morts et 6000 blessés, ravivèrent les souvenirs d’un certain dimanche 7 décembre 1941, lorsque les Japonais attaquèrent par surprise la base de Pearl Harbour (Hawaii) faisant plus de 2400 morts et près de 1200 blessés. Ces deux événements causèrent un profond traumatisme au peuple américain et eurent la même conséquence immédiate : une déclaration de guerre.
Le lendemain même de l’attaque contre Pearl Harbour, le président Roosevelt annonça devant le Congrès l’entrée en guerre des Etats-Unis contre les pays de l’Axe. Une guerre qui fut l’occasion de dérives regrettables aux plans interne et international.
En janvier 1942, le président Roosevelt signa un décret sur l’internement des Japonais établis aux Etats-Unis, y compris les citoyens américains. En dépit de l’enrôlement d’environ 25 000 d’entre eux dans l’armée, 120 000 autres furent expulsés ou parqués dans une dizaine de camps d’internement ouverts dans les régions les plus inhospitalières de l’ouest et du sud du pays, sans la moindre preuve d’une quelconque félonie. Ils furent spoliés de leurs biens et contrôlés dans leurs actes quotidiens, y compris dans leur pratique religieuse. Ce «nettoyage ethnique» violait la Constitution que le Président qualifia de «bout de papier» lorsque la sécurité du pays est en jeu. Au plan international, il suffit de rappeler les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki qui firent respectivement 140 000 et 70 000 morts en deux flashs.
Après les attentats du 11/09, les Etats-Unis sont entrés en guerre contre le terrorisme à l’intérieur et à l’extérieur du territoire national. Dans les deux cas, il y eut aussi des dérives graves dont les effets persistent encore et mettront plus d’une mémoire d’homme à s’estomper. Cette affirmation peut être confortée par deux exemples : au plan interne, il s’agit de la promulgation du «Patriot Act» qui est une véritable loi d’exception, et, au plan extérieur, de la publication de la «Stratégie de sécurité nationale» qui introduit la notion d’«attaque préventive», une nouvelle doctrine pour le moins contraire à la légalité internationale.
Le «Patriot Act», une loi d’exception :
Le titre complet est en lui-même tout un programme : «Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act of 2001» ou «Loi de 2001 pour unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme». Elle fut adoptée par le Congrès le 25 octobre 2001, avec une rapidité à la mesure de l’émotion suscitée par les attentats, et signée le lendemain même par le président George W. Bush.
Ce volumineux texte de plusieurs dizaines de pages donna des pouvoirs exorbitants à la police, aux services de sécurité et à l’armée, sous prétexte de leur permettre de lutter plus efficacement contre le terrorisme. Aucun secteur n’échappe désormais à leur surveillance : l’immigration et la protection des frontières, donc des ports et des aéroports, les finances et leurs supports, notamment les banques pour veiller sur les opérations bancaires afin d’assécher les sources de financement du terrorisme, la protection des infrastructures stratégiques. Les dispositions pénales liées au terrorisme sont renforcées.
Le renseignement peut être obtenu par tous les moyens, y compris ceux qui violent la vie privée et l’intimité des citoyens : perquisition des propriétés privées ou encore mise des lignes téléphoniques sous écoute sans contrôle judiciaire en violation du Privacy Act de 1974 (promulgué le 31 décembre, moins de cinq mois après la chute de Richard Nixon, après le scandale du Watergate). On peut ajouter l’érosion du droit à un procès équitable en raison des atteintes portées aux droits à la défense. Même la sacro-sainte liberté d’expression n’échappe pas aux restrictions.
Le Homeland Security Act créant le Département de la sécurité intérieure des Etats-Unis fut adopté le 25 novembre 2002, avec pour objectif la coordination de l’action d’une vingtaine d’agences fédérales allant des Douanes aux services secrets en passant par les gardes-côtes. Il devint possible de saisir des documents personnels et confidentiels dans des domiciles, des entreprises, des universités, des banques, des hôpitaux et dans les endroits les moins inattendus comme les bibliothèques pour savoir ce que lit le citoyen. Toutes les données recueillies, indépendamment de leurs sources, sont prises en considération et archivées pour exploitation ultérieure éventuelle. Disposant désormais d’un large pouvoir d’appréciation, les services de sécurité commirent des dépassements. Même la justice, fondement de la démocratie, fut instrumentalisée par l’administration et éclaboussée par des scandales.
Comme autre conséquence regrettable des attentats du 11/09, rappelant par certains côtés le sort fait aux Américains d’origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, la communauté musulmane établie aux Etats-Unis est stigmatisée bien qu’elle ait dénoncé le terrorisme. Elle vit dans la peur en raison d’actes de haine et d’atteintes à ses biens de la part d’autres concitoyens.
Les musulmans sont les seuls à rencontrer des obstacles et sont l’objet de suspicion lorsqu’ils souhaitent construire un lieu de culte (projet de centre culturel près de Ground Zero). Grâce aux efforts de l’administration et, avec le temps, à une plus grande prise de conscience de la population, les marques de haine et d’intolérance ont diminué, après leur apogée en 2001. Néanmoins, ils continuent à se manifester épisodiquement, comme lorsque ce pasteur illuminé de Floride a voulu brûler publiquement le Coran ou encore à l’occasion de la commémoration du 11/09.
Le Patriot Act a été vite perçu comme une véritable «loi d’exception». Il a mobilisé des oppositions dans la société civile et parmi les politiques, notamment les parlementaires inquiets de cette dérive jugée incompatible avec la lettre et l’esprit de la Constitution américaine. Plusieurs procès ont permis de déclarer anticonstitutionnelles certaines de ses dispositions jugées liberticides.
Le Congrès fut même amené à voter un amendement pour empêcher le FBI (qui relève du ministère de la Justice) d’accéder aux fichiers des abonnés aux bibliothèques. Néanmoins, le texte fut reconduit à deux reprises : en 2006 avec des réformes jugées timides par l’American Civil Liberties Union (UCLA), le chien de garde de la défense des droits civiques, et en 2011 sans changement. A l’occasion de ces deux reconductions, on a pu noter une légère érosion des soutiens parlementaires. Le Patriot Act continue, bon gré, mal gré, de placer les Etats-Unis sous haute surveillance, mais la liberté d’action donnée aux services de sécurité est l’objet de débats permanents au sein de la société civile et dans les milieux politiques.
Après les attentats du 11/09, les Etats-Unis entrèrent dans une guerre totale contre le terrorisme. Non pas une guerre conventionnelle comme celle déclarée aux pays de l’Axe après l’attaque de Pearl Harbour en 1941, mais une guerre atypique contre un ennemi sans assise territoriale, sans visage, sans armée classique, ne tenant pas de front défini, mobile, pouvant frapper n’importe où et n’importe quand.
La guerre contre le terrorisme et la «Stratégie de Sécurité nationale»
Le président Bush en fixa d’emblée la portée dans un discours prononcé le 20 septembre 2001 devant les deux chambres du Congrès.
«Notre guerre contre le terrorisme, dira-t-il, commence avec Al Qaîda, mais elle ne s’arrêtera pas là. Elle ne prendra fin qu’une fois que tous les groupes terroristes de portée mondiale auront été trouvés, arrêtés et vaincus.» Autant dire une guerre de cent ans, permanente et globale, qui va modifier durablement les relations internationales. Tout se passa comme si les Etats-Unis prenaient soudainement conscience d’une insécurité mondiale et de l’existence d’un terrorisme actif de haute intensité, ne connaissant aucune frontière et constituant une grande menace pour leurs intérêts.
Dès le mois d’octobre 2001, la première cible fut l’Afghanistan, désigné siège d’Al Qaîda. Celle-ci fut rendue responsable des attentats perpétrés dans le monde. L’une des conséquences de cette guerre qui perdure fut l’ouverture du camp de Guantanamo pour accueillir le flot de prisonniers privés de tout droit.
Le Military Commission Act, signé en octobre 2006, introduisit la notion de «combattants illégaux» avec effet rétroactif. Les personnes suspectées de terrorisme, y compris des citoyens américains, sont arrêtées, détenues indéfiniment de façon arbitraire et torturées sans acte d’accusation, en violation du droit à un procès équitable. Elles sont exclues de toute protection accordée par les accords internationaux comme les Conventions de Genève.
Tel fut le lot des personnes détenues au camp de Guantanamo qui devint le symbole mondial de l’arbitraire, ou dans des prisons secrètes contrôlées par la CIA et l’armée dans des pays étrangers. Dans tous ces lieux, la torture était pratiquée en violation des lois nationales des parties en cause aussi bien que des lois internationales.
L’Irak fut ciblé à son tour par Bush. En janvier 2002, il le classa dans l’«axe du mal» aux côtés de la Corée du Nord et de l’Iran, le mettant ainsi sur la liste des pays pouvant faire l’objet d’un recours à la force armée.
Bush et Blair accusèrent l’Irak de détenir des armes de destruction massive et de menacer la sécurité internationale. Parallèlement, ils intensifièrent la diabolisation de Saddam Hussein, créèrent un conseil national d’opposants irakiens à Londres en juillet 2002 et firent entendre des bruits de bottes.
En septembre 2002, Bush publia sa «Stratégie de Sécurité nationale». Elle introduisit la notion d’«action» préventive selon laquelle une attaque peut être menée à tout moment et sur tout point où se profile une menace contre les Etats-Unis qui apprécient souverainement ladite menace. Il s’agit, en somme, de répondre de façon discrétionnaire à une menace virtuelle par une guerre réelle donc une agression.
Ceci implique la reconstruction de l’invulnérabilité de la puissance militaire américaine, d’où l’augmentation des dépenses militaires dont le montant annuel est passé d’US$ 329 milliards en 2002 à US$ 680 milliards en 2010 et à US$ 708 milliards en 2011, sans inclure les US$ 159 milliards consacrés auparavant aux guerres en Afghanistan et en Irak. Ces augmentations importantes sont intervenues dans une conjoncture marquée par un déficit budgétaire record de US$ 1600 milliards en 2010 (US$ 1400 en 2009), soit 10 % du PIB, un fait sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le 11 octobre 2002, le Congrès autorisa l’utilisation de la force armée contre l’Irak. En janvier 2003, Washington avait déjà pré positionné 150 000 soldats dans la région du Golfe, alors qu’aucune preuve attestant la présence d’armes de destruction massive en Irak n’avait été trouvée malgré les inspections intrusives en cours. (Les experts de l’Unmovic et de l’AIEA avaient repris les inspections en Irak en décembre 2002). Des manifestations impressionnantes contre la guerre eurent lieu à travers le monde. Des débats houleux se déroulèrent au Conseil de sécurité. L’Europe et l’Alliance atlantique sont divisées ; certains pays comme la France et l’Allemagne se prononcent contre le recours à la force et s’opposent frontalement aux Etats-Unis. D’autres pays, notamment ceux de l’Europe de l’Est, se rangent derrière les va-t-en-guerre. Hans Blix, le chef de l’Unmovic, s’oppose courageusement aux assertions américaines. Dans un effort ultime, trois membres permanents du Conseil de sécurité (France, Russie, Chine) et l’Allemagne proposèrent l’envoi de Casques bleus en Irak ainsi que le renforcement des inspections.
Ils sont soutenus par la plupart des membres non permanents. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont isolés. Seuls ou presque contre tous, ils lancent l’agression le 20 mars 2003.
L’Irak devint un laboratoire pour les «neocons». Dès le premier jour de l’invasion, les Etats-Unis mirent en œuvre la doctrine militaire dite «Choc et Effroi» (Shoc and Awe) développée en 1996 ; ils utilisèrent une puissance de frappe telle que l’armée irakienne, affaiblie par dix années d’embargo, perdit toute volonté de réagir et renonça à résister.
Disciples de Leo Strauss, spécialiste de philosophie politique, les «neocons» appliquèrent aussi une doctrine fumeuse dite du «chaos constructeur» selon laquelle la mise en place d’un ordre nouveau suppose l’anéantissement par la force de l’ordre existant. Ils voulurent faire de l’Irak un exemple de démocratie qui servirait d’exemple à tous les pays de la région («Grand Moyen-Orient»). Ce fut une erreur dramatique se traduisant par un échec retentissant.
Quelques observations et conclusions
Parce que déclarée contre des «ombres», la guerre contre le terrorisme porte les germes attentatoires aux lois nationales et internationales (ce n’est pas une circonstance atténuante). Les masques sont tombés. La preuve est faite que la réponse des démocraties à la menace terroriste ne diffère pas de celle apportée par des régimes autoritaires. Ces démocraties, donneuses de leçons et se considérant comme des exemples à suivre, de gré ou de force, n’hésitent pas à fouler aux pieds les droits civiques tout en entretenant l’illusion du respect des droits humains et à violer allégrement le droit international au risque de créer le chaos.
Les attentats du 11/09 ont constitué un traumatisme profond pour le peuple américain, créé une véritable psychose sécuritaire et exacerbé le sentiment patriotique.
Fortement instrumentalisée par l’administration et des groupes extrémistes, cette situation a rendu possible un véritable retour au maccarthysme au nom de la lutte contre le terrorisme.
Adopté sous le coup de l’émotion, le Patriot Act, véritable loi d’exception, s’est traduit par une montée significative de la répression policière et une grave atteinte aux fondements même de la Constitution. Il a placé les Etats-Unis sous haute surveillance et porté un coup sévère aux valeurs les mieux ancrées dans la société américaine et qui sont le sceau de la grandeur de ce pays, lui faisant courir le risque de perdre son âme.
Un prix décidément exorbitant !
Les attentats du 11/09 ont également eu pour conséquence de faire accepter à l’opinion publique américaine des aventures à l’extérieur, celle-ci ayant été convaincue par l’administration qu’au-delà de l’horizon, il y a des monstres à détruire. L’esprit missionnaire de l’Amérique, qui procède de l’idée que les valeurs portées par les Etats-Unis sont les meilleures et que ces derniers ont l’obligation de les répandre dans le monde entier, y compris par le recours à l’usage de la force militaire, retrouva une nouvelle vigueur. Il ne s’agit plus de prêcher par l’exemple, mais par le fer et le feu. Cet esprit missionnaire a transformé durablement la politique extérieure des Etats-Unis et l’unilatéralisme a eu pour conséquence sa militarisation à outrance.
La guerre d’Irak, déclenchée sous de faux prétextes, unilatéralement et illégalement – sans l’accord du Conseil de sécurité – reste l’exemple type de l’unilatéralisme guerrier de l’administration Bush. Elle a déstabilisé une région, détruit un pays et coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Elle a aussi coûté très cher à Washington en termes d’image. La tristement célèbre prison d’Abou Ghraib – comme Guantanamo – est désormais le symbole à l’échelle mondiale des traitements inhumains infligés aux détenus. Et elle n’était que la partie visible de cet enfer qu’est devenu l’Irak, puisque les autorités d’occupation avaient entretenu des camps de détention et permis à des sociétés privées d’avoir leurs propres prisons. Pendant ce temps, les délégations américaines aux réunions sur les droits de l’homme et le département d’Etat (rapports annuels) continuaient à dénoncer imperturbablement les abus perpétrés dans d’autres pays, érodant à chaque mot un peu plus leur crédibilité. La démocratie que les Américains disaient vouloir instaurer en Irak, bâtie sur l’occupation et tous les maux qu’elle peut charrier, n’avait aucun avenir. Abou Ghraib et les autres prisons devinrent des centres de recrutement pour les mouvements de résistance, alimentant ainsi le cycle violence répression et entraînant l’Irak dans un enfer sans fin qui dure à ce jour.
Après les attentats du 11/09, la quasi-totalité des peuples du monde avait compati avec le peuple américain. Le choix stratégique des Etats-Unis de faire la guerre au terrorisme aurait pu rassembler autour de ce pays la quasi-totalité de la communauté internationale, mais les erreurs commises par l’administration Bush eurent pour conséquence la dilapidation du capital sympathie et valurent à cette dernière des critiques acerbes. Les mensonges et manipulations des «neocons», aux plans interne et surtout international, l’ont décrédibilisée. Son instrumentalisation de la guerre contre le terrorisme et son unilatéralisme lui ont aliéné jusqu’à certains des proches alliés des Etats-Unis qui ont estimé qu’aussi légitime soit-elle, cette guerre ne peut justifier une attaque préventive contre un pays car elle n’est en fait qu’une agression caractérisée. Par ailleurs, en voulant en faire une affaire spécifiquement américaine, réduisant les partenaires à de simples supplétifs, Washington a oublié qu’elle ne peut être gagnée par le seul recours aux armes, qu’elle se situe dans un contexte mondial et constitue ainsi un problème international.
La politique de l’administration Bush eut pour conséquence le développement de l’antiaméricanisme à travers la planète dont les Etats-Unis ne sont pas prêts de se relever, malgré les efforts du président Obama.
Lorsque ce dernier arriva au pouvoir, héritant de Bush une situation peu reluisante sur tous les plans, la question était de savoir si la nouvelle administration démocrate allait procéder à une profonde transformation de la posture stratégique des Etats-Unis. En lui décernant le prix Nobel de la paix en 2009, le président du Comité norvégien déclara qu’«Obama a créé un nouveau climat dans les relations internationales». Cette affirmation était juste à l’époque, mais laissait entendre qu’il était attendu que le président américain réussisse son essai. Or, à ce jour, il n’a rien délivré. On constate que le style Obama se caractérise par une remarquable continuité stratégique (défense des intérêts vitaux permanents des Etats-Unis) et un semblant de flexibilité tactique servie par une habile rhétorique.
En effet, un rapide état des lieux permet de constater que la modernisation de l’arsenal nucléaire bénéficie d’allocations budgétaires confortables, dont une augmentation sans précédent pour 2011, ce qui contredit les engagements d’Obama d’œuvrer pour un monde sans armes nucléaires (programme de campagne et discours de Prague du 5 avril 2009) ; les relations avec la Russie sont plus apaisées en surface, mais les principaux contentieux demeurent en l’état ; le conflit israélo-palestinien, central pour les peuples arabo-musulmans, est loin de trouver une solution ; la guerre se poursuit en Afghanistan où le nombre des troupes américaines a doublé depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir ; huit ans après la destitution de Saddam Hussein, l’Irak, qui a fait le bonheur d’Al Qaîda, est loin de retrouver sa stabilité, malgré deux élections et la reprise de l’exploitation pétrolière qui garantit des revenus appréciables ; le discours prononcé au Caire, le 4 juin 2009, intitulé «Un nouveau départ» («A new beginning»), destiné aux peuples arabo-musulmans, n’a pas fait reculer l’antiaméricanisme et l’Islam est toujours considéré comme une menace par l’Occident. L’avenir des relations entre l’Amérique (l’Occident) et le monde arabo-musulman sera façonné par plusieurs facteurs politiques dont principalement le règlement du conflit israélo-palestinien, le facteur énergétique, l’issue de la guerre contre le terrorisme.
Le caractère hybride de la sécurité collective mise place à San Francisco en 1945 exige par certains côtés les attributs d’un super Etat, alors que la communauté internationale est composée d’Etats souverains. Les faiblesses manifestes de l’ONU, apparues après la chute du mur de Berlin, ont laissé de grandes brèches pour l’interventionnisme des grandes puissances autoproclamées gardiennes de l’ordre international. Il leur suffit de trouver le prétexte à servir à l’opinion publique : lutte contre le terrorisme en Afghanistan, lutte contre les armes de destruction massive puis instauration de la démocratie en Irak, «droit d’ingérence» camouflé en «responsabilité de protéger» pour la Libye. Les Etats-Unis ont été les pionniers de cet interventionnisme post-guerre froide. Il était fatal qu’ils soient les premiers à mesurer les limites imposées à cette politique par la volonté de ceux qui n’apprécient pas leur unilatéralisme.
Ils ont également réalisé leur incapacité à faire partager leurs idées «généreuses» de paix, de démocratie et d’ouverture économique pour apporter le bonheur aux peuples. Ils reviennent à un certain réalisme.
Aussi, est-il surprenant de constater que d’autres suivent le chemin inverse. En effet, certaines puissances ne semblent pas avoir tiré de leçons des guerres d’Afghanistan et d’Irak et s’enfoncent à leur tour dans l’erreur. Elles n’essayent même pas de faire preuve de flexibilité tactique comme Obama, privilégiant l’usage de la force pour imposer leur politique. Sarkozy, le plus américain des présidents français depuis la Seconde Guerre mondiale, a largué le gaullisme et préfère marcher sur les pas de Bush (lors de la récente conférence des ambassadeurs, il a même parlé d’«attaque préventive» contre les sites nucléaires iraniens). L’aventure libyenne n’a pas encore produit tous ses effets dont, entre autres, le risque de consolider une aire de crise au Sahel, s’étendant de la mer Rouge à l’océan Atlantique avec des débordements au Sud comme au Nord qui affecteraient la Méditerranée donc l’Europe. L’histoire semble se répéter. Bush avait bien officialisé la fin de la guerre en Irak, à bord du porte-avions USS Abraham Lincoln, un certain 15 avril 2003. La conférence des «amis de la Libye» qui a eu lieu à Paris le 1er septembre 2011 (noter le symbole de la date), pourra-t-elle conjurer le sort ? Espérons-le. Un proverbe dit : «L’arbre arrosé de sang porte des fruits qui s’appellent vengeance.»
Par Hocine Meghlaoui : Ancien ambassadeur (El Watan-10.09.2011.)
**L’islamophobie s’est ancrée dans les sociétés occidentales.
**En France, au Danemark, aux Etats-Unis, en Suisse et en France, les musulmans sont assimilés à des terroristes**
Islam et islamisme sont deux concepts complètement différents mais que certains ont tendance à confondre et beaucoup tombent dans l’amalgame. Les attentats du 11 septembre 2001 n’ont fait que conforter cette croyance. Dix ans après ce fatidique 11 septembre 2001, l’islamophobie s’est ancrée dans les sociétés occidentales. Les actes islamophobes se sont multipliés à tel point de devenir une banalité. Les pays musulmans sont même classés dans des listes noires.
Pour ces sociétés, musulman équivaut à terroriste. Des caricatures du Prophète Mohamed (Qsssl) en passant par l’appel international du pasteur américain, islamophobe et raciste, Terry Jones, à brûler le Coran jusqu’au funeste 22 juillet et le carnage d’Oslo froidement mené par Anders Behring Breivik, la liste des transgressions est longue. Juste après les attentats du 11 septembre, les Américains sont soupçonnés de mener des croisades contre l’Islam en Irak et en Afghanistan au nom de la démocratie.
L’offensive est soutenue par une manipulation médiatique contre les musulmans. Cette campagne de désinformation a eu pour but de créer une confusion sur l’islam et l’islamisme, ce qui a favorisé la propagation de l’islamophobie.
Le premier acte fut incontestablement les caricatures du Prophète Mohamed (Qsssl): une série de douze dessins parus dans le journal danois Jyllands-Posten. L’une des caricatures représente le Prophète coiffé d’un turban en forme de bombe. Après le Danemark, c’est aux Suisses de faire leur show avec le référendum pour interdire la construction de nouveaux minarets.
Avant que la France ne se prête au jeu de l’islamophobie en lançant le débat sur la laïcité. Ce mois-ci apparaît un groupe islamophobe sur Facebook qui appelle «à égorger les musulmans à la place des moutons à l’occasion de l’Aïd El Kebir». La réaction indignée du Conseil français du culte musulman a été immédiate. Mais le summum de l’islamophobie a été atteint avec le pasteur américain Terry Jones appelant à brûler le Coran en souvenir du 11 septembre.
L’Islam et la charia ne sont pas les bienvenus aux États-Unis, disait-il. Les attentats d’Oslo s’ensuivirent.
La presse dévoile aussi le véritable visage de Pamela Geller, cette blogeuse américaine aux allures de vamp siliconée, devenue en moins d’un an la figure majeure du mouvement islamophobe aux Etats-Unis.
Malheureusement, son influence ne cesse de s’étendre aux USA et son combat contre un soi-disant Islam menaçant et meurtrier trouve de plus en plus d’oreilles attentives.
En France, est mis en évidence un réseau bien organisé laïque et républicain avec un ennemi commun: l’Islam qui serait la source de tous les maux en France. A Washington, on dit que les musulmans ont infiltré les plus hautes sphères du pouvoir grâce à l’appui du KGB russe (sic), des Taliban et des Frères musulmans. A New York, ils construisent une mosquée sur les ruines du World Trade Center et cherchent à «réduire l’Amérique en esclavage».
A Paris, les fidèles d’Allah appliquent la charia dans les arrondissements pauvres de la capitale. Les images des prières de rue à la Goutte d’Or ont achevé de convaincre les conspirationnistes américains: la France aurait «adopté l’Islam». Voilà donc que la presse a cassé les tabous de l’islamophobie en démontrant clairement que ce fléau a gangrené l’Europe et les Etats-Unis. (L’Expression-11.09.2011.)
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*Lakhdar Brahimi. Ancien ministre des Affaires étrangères
«Tous les Etats ont été secoués par l’ampleur du désastre»Ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi est aussi connu pour avoir sillonné le monde en tant que fonctionnaire international et géré des conflits réputés pour leur complexité, comme la guerre civile au Liban. Certains se rendent compte à quel point ses avis sont pertinents et fondés.
- Comment les attentats du 11 septembre 2001 ont-ils été ressentis à l’ONU ?
Comme un véritable séisme. Personne ne s’attendait à cette attaque spectaculaire et meurtrière en Amérique. De plus, on craignait que le siège de l’ONU soit la prochaine cible. Je crois que tous les Etats ont été secoués tant par la nature que par l’ampleur du désastre. L’ouverture des travaux de l’Assemblée générale, qui a lieu le troisième mardi de septembre, a été retardée de quelques semaines. A ma connaissance, cela ne s’était jamais produit auparavant. Quand le débat général a commencé, tout a été recentré autour de ces attentats et de leurs conséquences sur les relations internationales.
– Etes-vous de ceux qui disent qu’il y a un avant le 11 septembre et un après le 11 septembre ? Comment se caractérisent l’un et l’autre ?
Je ne pense pas qu’il y ait divergence à ce sujet. Il y a effectivement un avant et un après le 11 septembre 2001. Mais naturellement tout le monde ne voit pas ces deux périodes – surtout la seconde – de la même manière. Jusqu’au 11 septembre, il y avait un avant et un après la chute du mur de Berlin. La fin de la guerre froide et l’effondrement de l’URSS ont donné naissance au monde unipolaire, dominé par l’hyperpuissance américaine. En son temps, le Mouvement des pays non-alignés avait milité de manière conséquente contre la fatalité et les rigidités de la guerre froide. Cependant, la guerre froide ne s’est pas terminée par la coexistence pacifique que nous appelions de nos vœux, mais par la victoire d’un camp sur l’autre. Et le vainqueur entendait dicter ses conditions non seulement au vaincu, mais à l’ensemble de la communauté internationale. Le Mouvement des non-alignés s’était déjà essoufflé bien avant la chute du mur de Berlin. Depuis, il est pratiquement sans voix.
– Les Etats-Unis ont élaboré une nouvelle conception du monde. Quelles sont les grandes lignes de cette nouvelle politique que vous avez contestée publiquement à plusieurs reprises ?
Au lendemain de la première guerre du Golfe, le président américain George Bush père était venu annoncer, à la tribune des Nations unies (mai 1991), l’avènement d’un «nouvel ordre international». Je n’y ai jamais cru, pour ma part. Certes, l’Amérique était désormais la seule hyperpuissance et exerçait une influence considérable dans tous les domaines. Mais l’époque était celle d’une longue transition, pas celle d’un nouvel agencement des relations internationales, accepté par tous et stable. Quant à George W. Bush, il s’est réveillé au lendemain du 11 Septembre 2001 et s’est déclaré «Président de temps de guerre» (War President). Il dit que son pays était engagé dans une guerre globale contre le terrorisme. Certes, Eisenhower (guerre de Corée), Kennedy, Johnson, Nixon (Viêt-nam) et son propre père (première guerre du Golfe) avaient également dirigé le pays en temps de guerre, mais lui se disait engagé dans une véritable guerre mondiale, à l’instar de Franklin D. Roosevelt durant la Seconde Guerre mondiale. Dans ce qu’il a appelé sa guerre contre le terrorisme, il considérait que tous les pays et tous les peuples doivent être partie prenante. Et il dira solennellement que, dans cette guerre, «quiconque n’est pas avec nous, est contre nous».
Ainsi, pour Bush fils, ce n’est plus la fin de la guerre froide qui ouvre la voie à une nouvelle ère dans les relations internationales, mais le 11 septembre et ce qu’il baptisa guerre globale contre le terrorisme. Il faut cependant bien voir que George Bush ne réinvente pas la roue. On connaît les tendances profondes et anciennes des USA à l’isolationnisme. Lorsque la puissance américaine s’est engagée dans la vie internationale, son engagement a toujours été caractérisé par un particularisme très fort et une réticence de plus en plus vive à l’égard du droit international. C’est depuis le président Ronald Reagan en 1981 que la puissance américaine s’est progressivement éloignée du multilatéralisme pour affirmer de plus en plus ce que l’on appelle l’exceptionnalisme américain. Cet exceptionnalisme s’exprime par un mépris de plus en plus accentué du droit international. A certains moments, l’Amérique semble prétendre imposer sa propre législation au reste du monde. L’exceptionnalisme US a trouvé son expression la plus spectaculaire dans la proclamation appelée par ses auteurs – un groupe de politologues et d’hommes politiques conservateurs ou d’extrême droite, les néo-conservateurs – du nom de nouveau siècle américain (The New American Century). La théorie du nouveau siècle américain est très simple : l’Amérique a gagné la guerre froide, elle est la seule grande puissance sur terre et elle doit le rester. Elle ne doit pas permettre l’avènement d’une nouvelle puissance (la Chine par exemple) ou d’un groupe de puissances. La version de Bush de cette théorie va se confectionner un ennemi à la mesure de ses ambitions. Cet ennemi s’appellera d’abord terrorisme international. Très vite, il deviendra terrorisme islamique et, pour certains, islamo-fascisme. De là à designer le monde musulman et l’Islam comme l’ennemi, il n’y avait qu’un pas que beaucoup en Amérique, en Europe, en Israël et même ailleurs ont franchi avec allégresse.
Il n’y a pas de doute que la rhétorique a changé avec Obama. Son remarquable discours du Caire était plein de promesses. Washington ne parle plus de guerre globale contre le terrorisme, encore moins de terrorisme islamique. Mais le puissant lobby israélien et ses fanatiques alliés au sein de la droite chrétienne sont encore plus virulents aujourd’hui qu’ils ne l’étaient au temps de George Bush et Dick Cheney. Et si Obama surveille son langage, pour l’essentiel, il y a plus de similitudes que de différences entre sa politique et celle de son prédécesseur, surtout en ce qui concerne le Moyen-Orient.
– Où en sommes-nous aujourd’hui. Qu’en est-il advenu de ce fameux siècle américain ?
La très grave crise financière, la confirmation de la puissance chinoise, le retour d’une Russie plus confiante sur la scène internationale, l’importance grandissante de pays émergents tels que l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, la Turquie, semblent marquer un retour progressif vers un monde multipolaire. Obama lui-même donne l’impression de comprendre et d’accepter cette évolution. Il n’est pas certain que l’ensemble de son Administration le suive. En tous les cas pas le Congrès élu en 2010, républicain et très conservateur avec des relents franchement fascistes. Le spectacle qu’ils ont donné d’eux-mêmes en recevant Netannyahou (le Premier ministre israélien ndlr) était hautement significatif et préoccupant. L’islamophobie se porte très bien. Regardez seulement cet attentat à Oslo le mois dernier et le délire de son auteur sur internet.
– Il y a aussi l’invasion de l’Irak. Est-ce cela le changement ?
Pour les néo-conservateurs, envahir l’Irak était une véritable obsession bien avant le 11 septembre. Dick Cheney était acquis. Ce n’était pas très difficile de convaincre George Bush. La légende des armes de destruction massive que l’Irak de Saddam Hussein était supposé posséder n’était que cela : une légende. Les plus militants pour la cause de l’invasion, et de vieille date, étaient des sionistes inconditionnels : Daniel Pearl, Paul Wolfowitz, Elliot Abrams pour ne citer que les plus connus. En fait, dès le lendemain du 11 septembre, tous les efforts de ces individus étaient tendus vers l’Irak, pas l’Afghanistan. Le professeur Bernard Lewis, (l’orientaliste bien connu, converti au sionisme depuis longtemps et principal inspirateur de la politique des néo-conservateurs vis-à-vis du monde arabe et de l’Islam) dira, dès le 14 septembre 2001, à un visiteur, que l’Amérique allait envahir l’Irak le 17 septembre, une réunion est tenue au Pentagone pour discuter, non pas de l’Afghanistan, mais de l’Irak. Le méprisable Ahmed Chalabi (exilé irakien à l’époque ndlr) est convié à cette réunion. Tony Blair (l’ancien Premier ministre britannique ndlr) jouera un rôle néfaste que beaucoup de ses concitoyens – probablement la grande majorité – trouvent indigne, voire criminel. L’invasion était illégale, injuste, injustifiée. L’occupation fut tout simplement criminelle. On a systématiquement détruit l’Irak et causé la mort de centaines de milliers d’innocents. Etait-ce l’objectif poursuivi ? Je pense qu’il faudra un jour constituer une grande commission internationale pour enquêter de manière systématique et crédible au sujet de ce qui s’est passé avant, pendant et après l’invasion de l’Irak. Les apprentis sorciers, qui ont poussé à l’invasion de l’Irak, pensaient que cette aventure allait contribuer à asseoir de manière définitive la suprématie américaine et permettre en particulier de redessiner ce qu’ils appelaient le Grand Moyen-Orient à l’avantage des Etats-Unis et d’Israël. Mais l’aventure a tourné au désastre pour eux ; elle a ruiné les Etats-Unis, détruit leur prestige dans le monde et montré leur vulnérabilité.
– Quel est l’impact de ce changement de la scène internationale sur des pays comme l’Algérie ?
L’Algérie fut un ténor parmi les pays non-alignés. Le Sommet d’Alger, en 1973, fut l’un des plus réussis – peut-être le plus réussi – de toute l’histoire du Mouvement. Comme nous l’avons dit plus haut, la voix de ce Mouvement a commencé à s’éteindre bien avant la fin de la guerre froide. Depuis, on n’entend plus les non-alignés. La Ligue arabe s’est également éclipsée. Seule l’Union africaine essaie, avec plus ou moins de bonheur, de maintenir une certaine présence. Un pays comme l’Algérie ne peut affirmer sa présence, s’exprimer et défendre ses intérêts qu’en s’appuyant sur de tels relais. Si ces relais font défaut, les choses deviennent difficiles. De plus, le cauchemar de la décennie noire a considérablement affaibli notre pays à l’intérieur de ses frontières, à l’échelle régionale et dans le monde. Aujourd’hui, les cartes se mélangent de nouveau à tous les niveaux. Ceci est porteur de nouveaux dangers, mais cette situation offre également d’excellentes opportunités, si on ne va pas vers elles en rangs dispersés tant à l’échelle nationale qu’au plan régional et au niveau du Tiers-Monde.
– C’est la fin du «qui tue qui ?». Les attentats du 11 septembre ont-ils rendu la définition du terrorisme moins équivoque ?
Il n’y a pas de doute que le 11 septembre a ouvert les yeux à beaucoup de responsables, de journalistes, d’intellectuels, qui avaient été si scandaleusement injustes envers l’Algérie et sottement irresponsables dans leurs analyses. On sait maintenant qui tuait qui. Mais la définition du terrorisme, c’est autre chose. La question est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU depuis des années. Les Occidentaux disent que tout recours à la violence est terrorisme. Certains pays, comme les Scandinaves, sont peut-être sincères. Ce n’est pas le cas pour d’autres qui ne s’embarrassent guère pour trouver tout à fait légitime le recours à la violence par les groupes qu’ils soutiennent. Ce deux poids, deux mesures s’exprime dans tout son cynisme lorsqu’il s’agit de la Palestine. Quand Israël bombarde, assassine, torture, il exerce son droit légitime à se défendre. Quand les Palestiniens ont recours à la force, sous quelque forme que ce soit, c’est du terrorisme. C’est à croire que c’est la Palestine qui occupe Israël.
– Vous, personnellement, étiez au cœur des changements qui ont vu le jour après le 11 Septembre, pour avoir pris une part importante lors de la conférence de Bonn sur l’Afghanistan. Quel a été exactement le rôle des Nations unies ?
Disons que j’étais présent et qu’à partir des postes de haut fonctionnaire international que j’occupais, j’ai pu observer les choses de près. Ainsi, la conférence de Bonn sur l’Afghanistan a eu lieu après l’intervention militaire américaine et la chute du régime des talibans. J’avais été chargé de préparer et de présider cette conférence, puis de diriger la mission des Nations unies à Kaboul pour aider le peuple afghan à reconstruire son pays. L’intervention américaine avait été tacitement acceptée, voire soutenue par l’ensemble des pays membres des Nations unies ; mais elle ne fut jamais officiellement autorisée par le Conseil de sécurité. La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (en anglais United Nations Assistance Mission for Afghanistan ou Unama), que j’ai dirigée jusqu’au début de 2004, n’avait rien à voir avec l’opération militaire américaine baptisée «Enduring Freedom» L’action de l’Unama était entièrement consacrée à la reconstruction de l’Afghanistan – tant pour ce qui est des institutions étatiques qu’au plan économique, social et culturel. Deux faiblesses principales de l’action internationale :
a – peu après notre arrivée à Kaboul, en décembre 2001, j’avais suggéré que nous essayons de tendre la main à tous ceux qui n’avaient pas été représentés à Bonn, y compris les talibans. Cette suggestion fut unanimement rejetée par les nouvelles autorités afghanes, les USA, l’Inde, l’Iran, la Russie ;
b – les Américains voulaient se venger de Ben Laden et punir les talibans qui avaient refusé de leur livrer le leader d’Al Qaîda. Ils n’étaient guère intéressés par le devenir de l’Afghanistan; ils ne pensaient déjà qu’à l’Irak.
– Et pourtant aussi bien le président Karzai que les Etats-Unis et même l’OTAN déclarent maintenant privilégier un règlement pacifique incluant les talibans. Qu’a-t-il bien pu se passer ?
Oui, je crois qu’on reconnaît, en effet, que l’arrogance qui a caractérisé l’intervention américaine en Afghanistan ainsi que les erreurs commises par la communauté internationale (ONU incluse) sont largement responsables de la situation présente. On reconnaît aussi, je crois, que les USA ont commis une faute lourde de conséquences en se détournant de l’effort de reconstruction en Afghanistan pour se précipiter vers l’invasion et l’occupation de l’Irak. Disons tout de même qu’il y a eu des voix qui s’étaient élevées, même à Washington – trop timidement, on le voit aujourd’hui – pour mettre en garde contre cette politique aventuriste. Je nommerai ici Colin Powell, alors secrétaire d’Etat, qui partageait nos idées pour l’Afghanistan, et qui, je crois, était peu enthousiaste pour la guerre en Irak. Mais il se déconsidéra très lourdement, lorsqu’il accepta de se prêter à cette piteuse farce au Conseil de sécurité, peu de temps avant l’invasion de l’Irak.
– L’on est tout de même loin du concept de sécurité collective…
Oui et non. Comme je l’ai dit plus haut, certains dirigeants américains, mais aussi des médias comme la chaîne de télévision Fox News pensent que les USA sont au-dessus du droit international. Mais le droit international existe bien. Bien des progrès sont faits dans tous les domaines, même si les textes votés en ce sens sont peu ou mal appliqués ou alors mis en œuvre de manière sélective. Les pays du Tiers-Monde n’ont pas tort de s’élever contre ces pratiques. Mais plutôt que de se cantonner dans une attitude frileuse, ils devraient au contraire lutter pour que l’application de ces textes ne se fasse pas au détriment de leurs intérêts légitimes.
On se plaint souvent, avec raison, des faiblesses des Nations unies. Mais qui sont donc ces Nations unies, sinon en tout premier lieu les Etats membres eux-mêmes ? C’est aussi la société civile, les médias de tous les pays, les citoyens libres et responsables du monde entier qui se doivent d’œuvrer ensemble, avec patience et persévérance pour que le droit international s’applique à tous, dans l’intérêt de tous et qu’il soit respecté par tous.
– Ne croyez-vous pas que la question des luttes de libération, comme c’est le cas en Palestine, a été étouffée et qu’elle a même régressé ?
Il n’y a plus beaucoup de colonies, fort heureusement. Le cas de la Palestine n’en est que plus dramatique. Un véritable scandale en fait; une honte pour l’humanité tout entière. Petit à petit, les Etats-Unis ont réussi à marginaliser complètement les Nations unies dans la gestion politique de ce conflit. Les pays du Tiers-Monde s’en sont progressivement désintéressés – surtout après les accords de Camp David et l’établissement de relations diplomatiques entre l’Egypte et Israël. Un pays, comme l’Inde qui entretenait des relations privilégiées avec la plupart des pays arabes, notamment l’Egypte de Nasser et l’Algérie, l’Irak entretient aujourd’hui des relations étroites avec Israël. Les pays arabes ont très largement contribué à l’isolement des Palestiniens et à la mainmise des Etats-Unis sur le dossier politique. Or, les Etats-Unis ne cachent pas qu’ils soutiennent à 100% toutes les positions des gouvernements israéliens, quels qu’ils soient. Obama avait fait preuve d’une timide velléité. Il s’est aligné par la suite sur la position de ses prédécesseurs. Pour que les choses changent de manière significative, il faudrait améliorer l’équilibre entre Israël et la Palestine. Pour le moment, Israël est beaucoup trop fort et la Palestine beaucoup trop faible. Il est possible de changer un peu cette équation asymétrique, notamment en soutenant plus énergiquement les Palestiniens, et en les encourageant à entreprendre une résistance pacifique générale, y compris par des manifestations de masse contre l’occupation – à l’instar de ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte.
– Le monde arabe est secoué par des révoltes depuis le début de cette année. Comment les qualifier ? Est-ce une nouvelle phase historique pour le monde arabe ?
On discute beaucoup ces temps derniers afin de savoir si ces révoltes, comme vous les appelez, méritent bien leur nom de «printemps arabe». Chaque fois que j’ai eu à m’exprimer sur ce sujet, que ce soit en public ou en privé, j’ai dit à peu près ceci :
-a – tous les peuples arabes aspirent au changement. Quoi de plus normal, de plus légitime ?
-b – théoriquement tous les dirigeants devraient pouvoir conduire eux-mêmes les processus de changement ; à l’évidence les dirigeants tunisiens, égyptiens, yéménites, libyens, syriens et bahreïnis ne l’ont pas fait ; ils en ont payé – ou ils vont en payer – le prix ;
-c – dans les pays que je viens de citer et dans tous les autres, le changement – indispensable et inévitable – se fera de façon différente. Les gouvernements ont la responsabilité première, mais la société ne devrait ni exagérer ni abdiquer son rôle. Là encore, la Tunisie, l’Egypte, mais aussi la Libye, la Syrie, le Yémen sont pleins d’enseignements pour tous. Je suppose que la longue et dure expérience depuis Octobre 1988 dans notre propre pays est, elle aussi, riche en enseignements pour nous-mêmes et pour les autres. Certes, les réformes politiques sont essentielles. Mais qu’en est-il de l’éducation – celle qui est dispensée à l’école, mais aussi celle qui est prodiguée à la maison, sur les terrains de sport, à l’usine, au bureau, dans la rue ? Lorsque le Dr AbdulRahman – un savant Pakistanais – a reçu le prix Nobel (de physique, je crois), il y a une trentaine d’années, le comité suédois lui posa la question suivante : «Il y a des centaines de millions de musulmans dans le monde et vous êtes le premier et le seul savant musulman qui ait reçu un prix Nobel. Il y a moins de 10 millions de juifs dans le monde et des savants juifs raflent plusieurs Nobel chaque année, pourquoi ?»
Depuis, il y a eu un autre prix Nobel scientifique musulman : Ahmed Zouwail, Egyptien de naissance. Mais c’est en Amérique qu’il vit et c’est là qu’il fit les travaux qui ont été couronnés.
L’explication est simple : nos systèmes d’éducation ne sont pas faits pour former «des têtes bien faites», au mieux, «des têtes bien pleines». Et les budgets que nos Etats consacrent à la recherche sont dérisoires ;
-d – les Occidentaux ont tort de croire qu’ils peuvent téléguider ou même inspirer le changement où que ce soit. La plupart des pays arabes auront désespérément besoin d’aide économique. Mais les changements politiques ne seront viables que s’ils sont authentiquement d’essence nationale ;
-e – il est grand temps de faire revivre une coopération interarabe active et crédible. Savez-vous que l’ensemble du monde arabe exporte hors hydrocarbures – moins que la petite Suisse ?
-f – la coopération régionale peut et doit dépasser le seul cadre arabe. La Turquie mène une politique débordante d’activité et pleine d’imagination. L’Iran a bénéficié de manière inespérée de l’invasion américaine de l’Irak. Entre Téhéran et ses voisins immédiats, il y a de nombreux problèmes. Certains de ces problèmes sont objectifs, concrets, tels les îles occupées depuis la période du Shah. Les problèmes subjectifs ne sont pas moins réels. Ma modeste expérience m’a appris qu’il n’y a pas de problème insoluble. Mais bien peu de problèmes sont résolus du jour au lendemain. Personne ne possède de baguette magique. Enfin l’Asie – et pas seulement la Chine et l’Inde – est entrée de plain-pied dans l’histoire. Le monde arabe ne peut que gagner à développer ses relations avec les pays de ce continent ;
-g – Washington estime qu’Israël doit absolument être inclus tout de suite et sans condition dans le Grand Moyen-Orient. Non, Israël ne peut absolument pas dans les conditions actuelles, être intégré au sein de la région. Au contraire, à mon avis, nous devons boycotter Israël tant qu’il mène cette politique d’occupation, de spoliation et de répression vis-à-vis des Palestiniens. Les membres de la Ligue arabe suivis par les membres de la Conférence islamique ont unanimement déclaré qu’ils normaliseront leurs relations avec Israël le jour où un Etat palestinien viable dans les frontières de 1967 aura vu le jour ;
*h – on ne peut pas, dans ce contexte, occulter le Maghreb. Et le Maghreb ce sont tout d’abord les relations entre le Maroc et l’Algérie. (El Watan-10.09.2011.)
****IL Y A 10 ANS, LES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE
Le nouvel ordre mondial, qu’Israël et ses relais tentent de mettre en place, bat de l’aile tandis que l’Amérique de Barack Obama ne semble guère en être affectée.
La lutte contre Al Qaîda est inscrite parmi les priorités du président américain, Barack Obama. Depuis son investiture à la Maison-Blanche, Obama n’a pas cessé de réitérer sa volonté de contrer les actions d’Al Qaîda et rappeler les plans élaborés par son pays à cet effet. Outre ses multiples déclarations, le président américain a-t-il vraiment réussi, sur le terrain, à briser la capacité de nuisance de cette nébuleuse terroriste? Lors de son discours prononcé au Caire, l’an dernier, Barack Obama avait mis en garde contre l’amalgame que beaucoup font entre l’islam et le terrorisme. Beaucoup de pays, les puissances occidentales plus précisément, continuent pourtant dans cette «confusion volontaire» pour des objectifs bien connus. D’ailleurs, même les groupes armés qui activent sous le «label» Al Qaîda revendiquent leurs attaques terroristes au nom de l’Islam. Les concepteurs des attentats du 11 septembre contre les Twin Towers du World Trade Center avaient, eux aussi, revendiqué leur ignoble crime au nom de l’Islam. Un plan qui visait et vise encore non seulement à déstabiliser les Etats-Unis, mais également à élargir le fossé entre ce pays et le monde arabo-musulman. Un plan que tente de déjouer le président américain. C’est ce qu’il explique lorsqu’il déclare, à l’occasion de la commémoration du dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, que les auteurs de ces attentats ont «échoué» à «creuser un fossé» entre son pays et le reste du monde. Le patron de la Maison- Blanche avait d’ailleurs précisé, lors du même discours au Caire, que l’Amérique est menacée par Al Qaîda et non pas par l’islam. Il avait ajouté qu’il ne fallait «pas faire l’amalgame entre le terrorisme et l’islam». L’autre exploit américain, sous la présidence Obama, que l’Histoire retiendra, est l’élimination d’ Oussama Ben Laden. C’est une grande réussite pour le président américain, qui s’inscrit dans sa volonté et sa stratégie de lutte contre Al Qaîda. Démocrate de formation politique, le président Obama a tenté depuis son arrivée à la tête des Etats-Unis «de libérer», en quelque sorte, les Etats-Unis des lobbies qui ont une influence sur la politique extérieure du pays. C’est ainsi qu’il faut comprendre sa position au sujet du retour aux frontières de 1967 dans le règlement du conflit israélo-palestinien. Une condition que les dirigeants israéliens n’ont évidemment pas acceptée mais qui, en plus, a jeté un froid dans les relations d’Israïl avec l’administration américaine. Obama, intransigeant, a voulu par là, imposer une nouvelle politique et une nouvelle position américaine dans le conflit au Moyen-Orient. A cela vient s’ajouter la position américaine face aux révoltes arabes, les événements en Egypte en particulier. Les Etats-Unis avaient pressé le régime de Hosni Moubarak, de se soumettre à la volonté du peuple et quitter le pouvoir. Avec le départ de Moubarak, la position d’Israël s’en trouve particulièrement fragilisée. L’Etat hébreu n’a plus à sa frontière un régime allié avec lequel il a un accord de paix mais un pays hostile, en témoignent les deux attentats contre le gazoduc qui relie l’Egypte à Israël. En témoignent encore les manifestations particulièrement violentes qui ont eu lieu vendredi dernier contre l’ambassade israélienne au Caire. Alors qu’il suivait de très près la révolte égyptienne et avant elle celle de la Tunisie, Barack Obama semble plus absent lorsqu’il s’agit des événements en Libye, en Syrie ou même au Yémen. L’armée américaine ne s’est pas trop impliquée dans les frappes de l’Otan contre la Libye. Ce qui a laissé la France et son président Sarkozy prendre la tête des forces coalisées. Paris occupe le devant de la scène internationale dans les frappes en Libye. Elle menace la Syrie des pires représailles. Elle pousse plus loin, jusqu’à l’Iran, pour essayer de lui «faire peur». Chacun sait que c’est la France qui est le véritable acteur et l’architecte du renversement du régime de Mouamar El Gueddafi. Avec une telle politique, le nouvel ordre mondial qu’Israël et ses relais tentent de mettre en place bat de l’aile tandis que l’ Amérique de Barack Obama ne semble guère en être affectée. Un ordre mondial également remis en cause par l’affaire DSK, qui aurait été l’allié idéal des Israéliens s’il avait été élu à la présidence française comme prévu, avant le scandale qu’il a créé au Sofitel de New-York. (L’Expression-11.09.2011.)
***Dominique de Villepin : «Le printemps arabe ferme la décennie commencée le 11 septembre 2001»
Proche collaborateur de Jacques Chirac, Dominique de Villepin est secrétaire général de l’Elysée à partir de 1995, ministre des Affaires étrangères (2002-2004), puis de l’Intérieur (2004-2005) dans les gouvernements Raffarin. Il est nommé Premier ministre par Jacques Chirac, le 31 mai 2005. Il quitte ses fonctions le 15 mai 2007. Il préside désormais le Mouvement République solidaire, qu’il a fondé en juin 2010 et n’exclut pas de se présenter à l’élection présidentielle de 2012.
Pour El Watan, Dominique de Villepin qui, depuis la tribune des Nations unies, le 14 février 2003, a dit non à la guerre en Irak, revient sur les attentats du 11 septembre 2001 et analyse les bouleversements et évolutions qu’ils ont directement ou indirectement engendrés depuis, à l’échelle mondiale, jusqu’aux récentes révolutions arabes.
-Combattre le terrorisme est-ce toujours une priorité de la communauté internationale, dix ans après le 11 septembre 2001, alors que Ben Laden est mort ?
Nous n’avons pas le droit de baisser la garde contre le terrorisme. Il y va de la sécurité des citoyens du monde entier, comme nous le rappellent les attentats récents, en Inde ou en Algérie, ainsi que les enlèvements au Sahel. Il y va aussi de la justice qui doit être rendue aux victimes de cette violence insupportable. Le terrorisme mondial ne se résume pas à une figure, ni même à une seule organisation. C’est l’erreur qui a été commise, en 2001, de croire qu’on pouvait partir en guerre contre le terrorisme, de trouver une réponse militaire à un problème bien plus complexe. Résultat, le terrorisme s’est disséminé et démultiplié tout au long de ces années, avec par exemple Al Qaîda au Maghreb Islamique ou Al Qaîda dans la Péninsule arabique.
Au contraire, une vraie réponse doit concerner tous les enjeux en même temps, un travail en commun policier, judiciaire, financier. Cela suppose toujours de nouveaux efforts et de nouveaux outils de coopération internationale. Beaucoup de progrès ont été faits en dix ans, grâce à la mobilisation sans faille de tous les acteurs et des sociétés civiles. J’y ai toujours accordé un rôle prioritaire dans mon action, aussi bien comme ministre des Affaires étrangères que comme ministre de l’Intérieur et Premier ministre. Mais il y a plus important encore, c’est de répondre aux racines du terrorisme. C’est une question politique, économique, culturelle. C’est une affaire de respect et de reconnaissance des peuples à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, les regards changent, notamment ceux de l’Occident sur le monde arabe et ceux du monde arabe sur lui-même. C’est un immense encouragement pour sortir du piège du choc des civilisations où certains ont voulu nous enfermer. C’est cela la vraie réponse au terrorisme.
-Qu’est-ce qui dans les rapports internationaux a changé depuis le 11 septembre 2001 ?
Le 11 septembre a bouleversé la donne. Il a exprimé la fragilité d’une hyperpuissance qui ne s’imaginait pas aussi vulnérable. Je crois qu’il faut le lire dans une suite de coups de tonnerre qui ont profondément remis en cause la relation de l’Occident avec le monde. Le premier coup de tonnerre, c’est la chute du Mur de Berlin, avec laquelle l’Occident a, en quelque sorte, perdu l’adversaire qui justifiait ses efforts économiques et militaires. Avec le 11 septembre, l’Amérique et l’Occident ont pris conscience – lentement et difficilement – de l’inefficacité de la force militaire pour garantir sa sécurité. Avec la crise des subprimes en 2008, c’est une puissance économique fondée sur la fuite en avant et la vie à crédit qui apparaît dans toute sa fragilité. Nous devons en tirer les leçons et y voir un réveil pour un monde plus équilibré et mieux gouverné. C’est pourquoi, on peut dire que le printemps arabe ferme la décennie commencée le 11 septembre 2001 beaucoup plus que la mort de Ben Laden.
-«Construire la cité des hommes ou être englouti par une nouvelle barbarie», écrivez-vous dans La cité des hommes (éditions Plon, 2009) Selon quelles modalités ? Quels principes ? Quels fondements ?
C’est tout l’enjeu d’une prise de conscience mondiale. Il ne s’agit ni de se replier dans un seul pays, en faisant comme si le monde, avec ses dangers et avec ses opportunités, n’existe pas ni de se lancer à corps perdu dans une mondialisation sans frontières et sans différences. Une cité des hommes, c’est un monde politique, un monde de dialogue et de différences fondé sur le respect des peuples, sur l’indépendance des nations et sur la coopération renforcée dans tous les domaines qui exigent des réponses mondiales : le réchauffement climatique, les crises, la sécurité alimentaire, le développement économique, la régulation financière. Ne soyons pas frileux. Il faut dépasser la décennie de la peur, de la force et du mépris pour nous engager dans cette voie.
-Votre intervention, le 14 février 2003, au nom de la France, contre la guerre en Irak à l’ONU restera à jamais dans l’histoire ? Avez-vous eu raison ?
La France est restée fidèle à son message et à sa vocation qui est de faire entendre une voix différente, de plaider pour le dialogue des cultures et de privilégier le droit sur la force. Je suis parti d’une conviction forte : il fallait à tout prix sortir de l’engrenage de la peur et de la force qui nous menait tout droit au choc des civilisations. Ce choc est une invention. Mais si tout le monde se met à y croire, il risque de devenir réalité. Il nous faut donc faire entendre les différences pour faire émerger des solutions raisonnables. Avec Jacques Chirac, nous avons voulu défendre cette vision en prenant nos responsabilités dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies.
Une conférence internationale sur la reconstruction de la nouvelle Libye s’est tenue le 1er septembre à Paris. La feuille de route fixée pour la transition démocratique en Libye vous semble-t-elle suffisante ? Comment voyez-vous l’après-El Gueddafi ? Vous-même, vous avez rencontré le 15 août dernier, à Djerba, des responsables de la rébellion libyenne et des proches d’El Gueddafi…
La France a été en initiative dans l’aide apportée à la Libye et je m’en félicite. J’ai eu l’occasion d’apporter ma contribution à la recherche d’une solution politique, dans le cadre de contacts tant en Tunisie qu’à Paris, en accord et en pleine transparence avec les autorités françaises. Il est plus difficile de gagner la paix que de gagner la guerre. Cela exige plus de mobilisation, plus de vigilance, plus de volonté. C’est pourquoi, la Conférence de Paris a été un vrai pas en avant. Pour autant, les défis auxquels est confrontée la Libye en termes de reconstruction d’un Etat et de réconciliation nationale, en impliquant tous les acteurs, toutes les régions, toutes les tribus, sont immenses, mais aussi en rassemblant sur le terrain l’ensemble des groupes militaires impliqués. Nous voyons bien les risques qui se profilent, comme la radicalisation et l’enracinement des conflits. Il est essentiel que les Européens et les Occidentaux veillent à ne pas s’ingérer dans les affaires libyennes. Il s’agit pour la communauté internationale, et surtout pour les Etats arabes et africains, d’accompagner les efforts du peuple libyen, car c’est bien lui qui doit trouver à s’exprimer et à se façonner un avenir commun dans les mois et les années à venir.
-L’OTAN et la France se sont particulièrement impliquées dans le soutien au CNT. La poursuite des frappes de l’OTAN se justifie-t-elle ? Faut-il en faire autant en Syrie ?
La Libye doit rester une exception et le recours aux armes, pour mettre en œuvre la responsabilité de protéger les peuples, un dernier recours. Encore une fois, chaque pays offre une situation, des enjeux, des perspectives différents. Ne faisons pas de caricature et tenons-nous en aux principes que nous voulons défendre. Les violences commises par le régime de Bachar El Assad contre sa population sont inadmissibles et il faut que la communauté internationale, tout particulièrement l’Europe et la France, l’expriment clairement. Des sanctions économiques ont été prises. Mais il faut aller beaucoup plus loin dans les sanctions pour renverser la logique meurtrière engagée dans ce pays. Il faut s’efforcer de trouver des voies politiques pour pousser le régime syrien au changement. Nous devons continuer à utiliser tous les moyens de pression à notre disposition et soutenir tous les relais, tous les interlocuteurs susceptibles de faire encore entendre raison au régime syrien et notamment convaincre l’ensemble des partenaires chinois, russes, par exemple, du caractère inacceptable d’un régime qui tire sur ses enfants.
-«Les peuples arabes nous tendent un miroir. Cette révolution arabe est une main tendue », écriviez-vous récemment dans une tribune dans le journal Libération. L’Union pour la Méditerranée (UPM) est-elle le cadre adéquat pour la refondation des relations et du partenariat Nord-Sud ?
Je suis né sur cette rive de la Méditerranée. C’est pourquoi, sans doute, je suis particulièrement sensible à ce qui s’y passe. Je ne me suis jamais satisfait de la distance entre ces deux rives et je garde en moi l’aspiration à la réunification des deux rives. L’UPM est une belle idée qui traduit ce rêve d’une Méditerranée réconciliée avançant ensemble vers la paix et la prospérité. Il y a évidemment de nombreux obstacles. On peut s’interroger sur la forme, sur le moment et sur les priorités qui ont été choisis en 2008. A bien des égards, le processus apparaît bloqué. Mais l’espoir demeure et les changements récents doivent permettre de lui redonner vie, en particulier dans un cadre ad hoc permettant de donner un statut de partenariat approfondi avec des pays qui s’engagent dans la voie de l’ouverture politique, culturelle et économique avec l’Union européenne. Nous devons regarder en face la réalité.
Le moment est venu de faire un pas en avant et d’enclencher une dynamique de rapprochement. Nous, sur les deux rives de la Méditerranée, nous avons un devoir de lucidité et un devoir de responsabilité. Nous ne pouvons plus limiter notre effort de coopération à tel ou tel aspect et faire abstraction de tout le reste. Il faut s’attaquer au règlement des conflits qui minent la coopération méditerranéenne, au premier chef le conflit israélo-palestinien, mais aussi Chypre ou les différends entre le Maroc et l’Algérie qui bloquent depuis si longtemps l’intégration du Maghreb. Créons un cadre de résolution et de soutien ambitieux pour ces efforts d’apaisement.
-Vous avez déclaré, il y a quelques semaines, que la situation en Algérie n’est pas celle de la Tunisie, ni de l’Egypte, voulez-vous nous en dire plus ?
N’échangeons pas une grille de lecture réductrice pour une autre. Ce que montre le printemps arabe, c’est avant tout l’importance du fait na tional, car c’est à l’échelle de chaque pays que s’effectuent les processus sociaux et politiques décisifs.Chaque pays arabe a son histoire, son rythme, ses priorités. Rien ne serait pire que de contraindre tous les pays dans un moule uniforme. L’Algérie a, à bien des égards, une situation spécifique, liée notamment à son histoire récente et à la guerre civile cruelle qui l’a secouée. C’est pourquoi son évolution ne sera pas la même que celle de ses voisins. Cela ne veut pas dire que rien ne doit changer. L’ouverture politique c’est moins un aboutissement qu’un processus continu.
C’est une direction et un cap. L’Algérie a d’immenses atouts dont elle doit prendre conscience pour se donner de nouvelles perspectives d’avenir. Elle a une jeunesse dynamique et entreprenante qui aspire à une meilleure reconnaissance et qui sera une chance sur le chemin du développement. Elle a des capacités économiques formidables à mettre en valeur au cours des prochaines années. Elle a enfin la force d’un grand peuple, forgé par l’histoire, par ses douleurs et par ses succès, un peuple qui a enraciné en lui l’aspiration à la dignité.Pour aller de l’avant, bien sûr, il va falloir affronter des défis non moins immenses. Je pense, en premier chef, à une meilleure répartition des richesses au sein du peuple algérien.
La justice sociale est, partout dans le monde au lendemain de la grande crise économique, au Nord comme au Sud, le grand défi aujourd’hui. C’est la condition d’une nouvelle croissance partagée. Je pense aussi à l’enclenchement d’une nouvelle dynamique régionale, gage de stabilité et de croissance. L’absence d’unité dans le Maghreb a un coût énorme qui constitue un véritable gâchis. Après quinze années de blocage, il faut trouver le courage de reprendre le chemin de l’intégration régionale. Le troisième défi dans le nouveau monde qui se présente à nous tous, et en particulier à l’Algérie, c’est celui de l’éducation et des savoirs. C’est la clé de la réussite.
-L’Algérie célèbre cette année le cinquantième anniversaire de son indépendance. Le poids de l’histoire commune continue à peser sur les relations franco-algériennes alors que sur ce même passé le pacte d’amitié ambitionné par les présidents Chirac et Bouteflika a achoppé ? Pour surmonter cet obstacle, l’Etat français ne devrait-il pas reconnaître son passé colonial en Algérie sous tous ses aspects ?
J’ai gardé un souvenir extraordinairement chaleureux et amical de la visite de Jacques Chirac, que j’accompagnais alors, à Alger et Oran. Cet accueil témoignait de l’amitié profonde de deux peuples qui partagent une histoire difficile. Il y a un immense travail de réconciliation à faire, et je veux croire qu’il a commencé et qu’il chemine. Le temps des grandes réalisations communes approche si nous savons saisir les opportunités. Soyons conscients que cette réconciliation est le destin de nos deux pays et plus encore, une des clés de voûte de l’avenir euroméditerranéen.
Cela suppose plus de vision et plus d’audace de la part de nos deux pays, car à un moment, un acte de réconciliation est toujours avant tout un acte de courage commun. C’est après seulement qu’il devient une évidence. Evidemment, sur ce chemin de réconciliation et d’amitié, il faut se libérer du poids de mémoires non assumées, des deux côtés. Cela ne signifie pas oublier. Rien ne serait pire. Mais mesurons ce qu’une mémoire partagée apporterait comme bienfaits. Je suis convaincu que cette mémoire partagée est la clé du déblocage politique, économique, culturel dans chacun des deux pays qui souffrent, l’un et l’autre, d’une mémoire mutilée, qui en restent en quelque sorte prisonniers. La réalité, c’est une mosaïque de mémoires trop souvent séparées, plus qu’un affrontement de deux mémoires monolithiques.
Prenons-en conscience pour aller vers la vérité historique, car il faut être capable de mettre des mots sur les réalités pour éviter les non-dits, les rancœurs, les dénis. Trouvons des lieux, des moments, des mots, des gestes pour exprimer et construire ce travail de mémoire. Car c’est ainsi, seulement, qu’un cercle vertueux se mettra en place. Nous pouvons compter dans ce travail sur l’énergie et la passion de nombre d’intellectuels, d’écrivains, d’artistes algériens et français, d’associations actives permettant toujours plus de rapprochement fraternel, de liens humains intenses entre nos deux pays. Il est temps de se libérer du passé et de se tourner vers l’avenir.
-La France, elle-même, n’aurait-elle pas besoin d’un printemps ? Quelles mesures préconisez-vous pour atténuer les inégalités sociales et l’appauvrissement des Français ?
Il n’y a pas de démocratie qui ne se ressource pas et qui ne se remette pas en question. Les freins, les intérêts particuliers, les blocages, tout cela crée des frustrations qui doivent être prises en compte.
C’est vrai, particulièrement pour les écarts de salaires que beaucoup de Français jugent aujourd’hui, à juste titre, inacceptables. C’est vrai aussi, pour les discriminations qui touchent nombre de jeunes, en particulier dans les banlieues en difficulté, notamment en raison de leurs origines. Nous ne pouvons accepter les politiques qui divisent et qui stigmatisent les uns ou les autres. Ce n’est pas digne de l’idée que je me fais de la République. C’est dans ce sens que j’ai appelé, moi aussi, à un printemps français, dans le plus large rassemblement possible.
Je veux contribuer à proposer une alternative aux Français en faisant des propositions fortes et novatrices, susceptibles de changer la donne et de remettre le citoyen au cœur de la République, notamment la création d’un revenu citoyen en échange d’un service citoyen rendu par ceux qui le souhaitent à la collectivité. Je l’ai dit à plusieurs reprises, il n’y a pas de plus grand combat dans le monde aujourd’hui que celui de la dignité. C’est celui du printemps arabe, c’est celui d’une jeunesse indignée qui se réunit dans le monde entier, c’est celui de tous ceux qui croient que le lien social est un bien plus précieux que le monde du chacun pour soi. En ce sens, oui, il me semble qu’il y a une révolution de la dignité à commencer ou à recommencer. C’est à bien des égards, sur la dette, sur la justice sociale, sur les institutions, sur la justice, d’une refondation de notre vie républicaine dont nous avons besoin aujourd’hui. La France a su, à plusieurs reprises dans son histoire, porter le flambeau de la justice, de l’indépendance et du progrès. C’est encore possible aujourd’hui.
-Vous avez présenté en avril dernier, en tant que président du «Mouvement République solidaire» un projet de refondation politique que vous voulez incarner en 2012. Serez-vous candidat à l’élection présidentielle de 2012 pour présenter ce projet ? Sinon, quel candidat soutiendriez-vous ?
Nous ne sommes pas encore entrés dans le temps de la campagne présidentielle. Celle-ci ne peut se résumer à un concours de beauté de candidats brandissant leurs propositions. Nous sommes à l’heure de grands choix, à cause de la crise économique, à cause de la dette, à cause du chômage. Cela suppose plus de rassemblement. Après trente ans d’une vie politique marquée par la déception et la frustration, il faut constater qu’aucun homme, aucune femme ne peut sauver seul le pays. Il faut que les énergies se mettent ensemble pour travailler en équipe pour l’avenir de la France. C’est tout le sens de mon combat et de mon engagement que je poursuivrai avec détermination.*Nadjia Bouzeghrane (El Watan-11.09.2011.)
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