La France sous influence. indépendance, un mythe
2092018**La France sous influence des lobbys financiers
* indépendance, démocratie: un mythe !?
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Jean Ziegler : «Les oligarchies financières détiennent le pouvoir en France
Que révèle la démission de Nicolas Hulot sur l’écologie et la politique ?
**Par Cécile Bourgneuf — 1 septembre 2018
**********Comment mettre fin à un capitalisme si puissant ?
***Pour le sociologue et altermondialiste suisse, la démission de Nicolas Hulot illustre la faiblesse des institutions démocratiques face au capitalisme financier globalisé. Une absence de contre-pouvoir qui entraîne mépris du bien commun et destruction progressive de la planète et de la biodiversité.
***Les lobbyistes ce sont des exécutants, des larbins. Les décisions sont prises par les oligarchies, c’est-à-dire des grandes banques ou des présidents de sociétés multinationales
De l’air irrespirable, une eau polluée, une nourriture empoisonnée… La Terre est en sursis, les hommes tombent malades, et pourtant un ministre de l’Ecologie démissionne du gouvernement français parce qu’il se sent impuissant face aux lobbys. Jean Ziegler, homme politique, altermondialiste et sociologue ne dénonce pas ces derniers qu’il appelle des «larbins» mais tout le système capitaliste, responsable selon lui de la destruction de la planète.
Vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies depuis 2009 et ancien rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du droit à l’alimentation dans le monde, il vient de publier le Capitalisme expliqué à ma petite fille, (éditions du Seuil, 2018).
Que révèle la démission de Nicolas Hulot sur l’écologie et la politique ?
Dans son interview à France Inter, Nicolas Hulot a prononcé une phrase-clé : «C’est un problème de démocratie : qui a le pouvoir ?» Qui, en effet, a le pouvoir dans nos démocraties ? La réponse est claire : le capital financier globalisé. Ce n’est donc pas un gouvernement qui détient le pouvoir en la matière, et encore moins un ministre de l’Ecologie, aussi courageux soit-il.
Nos démocraties ne peuvent-elles donc rien faire contre le pouvoir de la finance ?
En France, et en Europe occidentale en général, il y a un formidable mouvement pour la protection de l’environnement et des solidarités importantes dans une société civile puissante, une bonne recherche scientifique, une théorie et une pratique de l’écologie. Ce mouvement est impressionnant, mais à l’heure actuelle il rencontre un adversaire plus puissant que lui : les maîtres du capital financier globalisé. Ce sont ces oligarchies qui gouvernent la planète. La démocratie française, comme toutes les autres, est une démocratie simulative. Elle fonctionne institutionnellement, mais elle n’a pas le pouvoir réel sur les choses essentielles, et notamment sur l’économie…
Qui œuvre en coulisse ? Les lobbyistes des puissances financières ?
Les lobbyistes ce sont des exécutants, des larbins. Les décisions sont prises par les oligarchies, c’est-à-dire des grandes banques ou des présidents de sociétés multinationales qui envoient ensuite des employés, des lobbyistes, pour imposer leurs points de vue et empêcher l’adoption de lois non conformes à leurs intérêts. Il y a à Bruxelles plus de 1 500 bureaux de lobbyistes.
Selon vous, ces oligarques qui dominent l’économie mondiale ont un «même aveuglement pour la planète et le sort des hommes qui y vivent».
Oui et ils sont les véritables maîtres de la planète. Ils ont créé un ordre cannibale du monde : avec d’énormes richesses pour quelques-uns et la misère pour la multitude. Je prends un exemple : selon la FAO, toutes les cinq secondes, un enfant en dessous de 10 ans meurt de faim alors que l’agriculture mondiale pourrait nourrir normalement 12 milliards d’êtres humains, soit pratiquement le double de l’humanité. Selon la Banque mondiale, les 500 sociétés transcontinentales privées les plus puissantes, tous secteurs confondus, ont contrôlé l’année dernière 52,8% du produit mondial brut, c’est-à-dire de toutes les richesses produites en une année sur la planète.
Dans votre livre Le capitalisme expliqué à ma petite fillevous écrivez que les dirigeants de ces grandes sociétés détiennent un pouvoir comme «aucun empereur, aucun pape, aucun roi n’en a jamais disposé dans l’histoire des peuples». Ces sociétés ne sont donc contrôlées par personne ?
Personne. Elles échappent à tout contrôle parlementaire, étatique, onusien, syndical… Prenons l’exemple du glyphosate, le pesticide le plus utilisé en Europe, dont les rapports médicaux disent qu’il est cancérigène. L’Union européenne a prolongé son utilisation parce que les trusts agrochimiques étaient plus puissants que les Etats. Alors que c’est un produit dangereux, la France a déversé l’an dernier plus de 10 000 tonnes de pesticides sur ses terres arables, poisons qui se retrouvent nécessairement dans l’alimentation que nous consommons. Certes, le capitalisme au stade actuel est le mode de production le plus inventif, le plus dynamique, que l’humanité ait connu. Mais les oligarchies ont une seule stratégie : la maximalisation du profit dans le temps le plus court et souvent à n’importe quel prix humain. Cela aboutit à l’affaiblissement des institutions démocratiques, à un mépris absolu du bien commun, à la destruction progressive de la planète, de la biodiversité, des forêts tropicales, des abeilles, avec l’empoisonnement des sols, de l’eau et des mers. Dès maintenant, selon l’ONU, près de 2 milliards d’êtres humains n’ont pas d’accès régulier à une eau potable non nocive.
Nous participons nous aussi à la destruction de la planète en consommant au-delà de nos besoins
Cette société de consommation qu’on nous a imposée fait effectivement de nous des complices, comme lorsqu’on achète des vêtements fabriqués dans des conditions inhumaines au Bangladesh. Mais cette évidence se fait de plus en plus jour. Emmanuel Kant a dit «l’inhumanité infligée à un autre détruit l’humanité en moi». Cette conscience de l’identité avec l’autre est recouverte par l’obscurantisme néolibéral qui dit que seul le marché fait l’histoire et qu’il obéit à des «lois naturelles». C’est un pur mensonge qui anesthésie nos consciences.
Il n’y a donc aucun espoir ?
i, nous portons en nous le désir indéracinable d’un monde plus juste, d’une terre préservée, du bonheur pour tous. Il ne s’agit pas d’une utopie romantique, mais d’une force historique. Cette utopie augmente rapidement. Il y a trente ans on disait que la faim était une fatalité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tout le monde sait que la faim est due à l’action de l’homme et peut être éliminée demain. La grande question est : à quel moment, à quelles conditions matérielles cette utopie devient réalité sociale. C’est le problème de ce que Sartre appelle l’«incarnation». Cela s’est produit à la Révolution française. La féodalité, la monarchie, étaient destinées à l’éternité. Le 14 juillet 1789, des artisans et des ouvriers ont pourtant abattu la Bastille.
Réformer le capitalisme financier globalisé est-il une solution pour sauver la planète ?
On ne peut pas humaniser, améliorer, réformer un tel système. Il faut l’abattre. Aucun des systèmes d’oppression précédent, comme l’esclavage, le colonialisme, la féodalité, n’a pu être réformé. L’oppression ne se réforme pas.
Mais comment mettre fin à un capitalisme si puissant ?
J’ai le même espoir que le poète Pablo Neruda : «Ils pourront couper toutes les fleurs mais jamais ils ne seront les maîtres du printemps». La conscience qui revendique l’égalité et la justice, l’intérêt commun comme boussole de toute activité politique augmente. L’espoir et l’action aujourd’hui sont portés par la société civile, faite d’une myriade de mouvements sociaux sur les cinq continents. Che Guevara écrit : «Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures». Et des fissures apparaissent ! Nous ne pouvons pas anticiper le monde nouveau à construire. C’est la liberté libérée dans l’homme qui le créera. *Libération.fr/ samedi 1 septembre 2018
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*La France qui espionne les autres pays, est espionnée à son tour
***La ministre française des Armées, Florence Parly, a accusé vendredi la Russie d’avoir commis en 2017 « un acte d’espionnage » contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus pour tenter d’intercepter des communications sécurisées.
Florence Parly était ce vendredi à Toulouse, au Centre national d’études spatiales (CNES), pour parler espace. Et c’est par « une histoire » qu’elle a choisi de débuter son discours. L’histoire d’une mésaventure du satellite militaire franco-italien Athena-Fidus, un satellite qui « permet d’échanger des informations, de planifier des opérations, de garantir notre sécurité ».
« Alors qu’Athena-Fidus continuait sa rotation tranquillement au-dessus de la Terre, un satellite s’est approché de lui, de près, d’un peu trop près », a raconté la ministre des Armées. « De tellement près qu’on aurait vraiment pu croire qu’il tentait de capter nos communications. » Et de poursuivre sur un ton plus sévère : « Tenter d’écouter ses voisins, ce n’est pas seulement inamical. C’est un acte d’espionnage. »
Ce satellite espion « aux grandes oreilles s’appelle Louch-Olymp, c’est un satellite russe bien connu mais un peu… indiscret. » Florence Parly a rassuré son audience : « Nous l’avions vu arriver, et avons pris les mesures qui s’imposaient. » Et pour cause, Louch-Olymp n’en est pas à son coup d’essai et est depuis quelques temps sous surveillance rapprochée. Ses subites et répétées variations de positionnement sont jugées suspectes et dangereuses par l’Armée française, mais aussi par de nombreuses puissances occidentales.
« Nous avons d’ailleurs observé qu’il continuait de manœuvrer activement les mois suivants auprès d’autres cibles », a avancé la ministre sans les nommer.
Le but de cette catastrophe sécuritaire évitée et racontée comme un conte ? Attirer l’attention sur l’importance d’une défense spatiale. « Non, l’espionnage et les actes offensifs, ça n’arrive pas qu’aux autres. Oui, nous sommes en danger, nos communications, nos manœuvres militaires comme nos quotidiens sont en danger si nous ne réagissons pas », a alerté la ministre. »D’autres très grandes puissances spatiales déploient en orbite des objets intrigants, expérimentent des capacités potentiellement offensives, conduisent des manœuvres qui ne laissent guère de doutes sur leur vocation agressive « .
Un groupe de travail du ministère des Armées planche d’ailleurs actuellement sur des propositions concernant une « stratégie spatiale de défense ». Leur rapport doit être remis au président français dans deux mois.
Placé en orbite géostationnaire en 2014, le satellite Athena-Fidus (« Access on THeatres for EuropeaN Allied forces nations-French Italian Dual Use Satellite ») fournit des moyens de télécommunication de très haut débit aux armées française et italienne et aux services de sécurité civile des deux pays.*LCI samedi 08 septembre 2018
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Les rafles au Maroc durent depuis juillet
Au moins 5000 migrants refoulés vers la frontière algérienne
Une répression féroce s’abat sur les migrants au Maroc.
Les rafles de ressortissants subsahariens n’ont pas cessé depuis juillet dernier- 2018. «La répression d’envergure qu’exercent les autorités marocaines contre des milliers de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés subsahariens en l’absence de procédure régulière est cruelle et illégale», a déclaré Amnesty International (AI) dans un communiqué rendu public hier sur son site.
Depuis fin juillet, la police marocaine, ainsi que la gendarmerie royale et les forces auxiliaires, procèdent à des raids majeurs dans les quartiers de plusieurs villes où vivent les réfugiés et les migrants, d’une intensité particulière dans les provinces du nord du pays de Tanger, Nador et Tétouan, qui bordent la frontière espagnole, précise l’ONG. «Cette répression choquante contre les migrants et les réfugiés au Maroc est à la fois cruelle et illégale
Elle représente un recul inquiétant pour un gouvernement qui, en 2013, a adopté de nouveaux engagements en matière d’asile et de migration afin d’amener le Maroc à respecter les normes internationales», a noté Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International. Selon l’organisation, qui cite l’Association marocaine des droits humains (AMDH), quelque 5000 personnes ont été arrêtées dans le cadre des opérations depuis juillet, entassées dans des bus et abandonnées dans des zones isolées proches de la frontière algérienne ou dans le sud du pays.
Une traque pour «plaire aux Européens»
L’ONG a comptabilisé le nombre de bus quittant les provinces de Tanger, Tétouan et Nador, et estimé le nombre de personnes arrêtées. «Les migrants traqués à Tanger, y compris les blessés lors des interventions des autorités, se sont réfugiés dans les forêts proches. Même là, ils sont attaqués, arrêtés et refoulés comme cela était le cas aujourd’hui. La guerre aux migrants s’étend dans le temps et dans l’espace. Bientôt un mois de traque et de violations pour plaire aux Etats européens et sévir leurs politiques d’exclusion», a précisé, hier, la section de Nador de l’AMDH sur sa page Facebook.
D’après les informations obtenues par Amnesty International sur la répression en cours, les autorités, précise l’organisation, ont arrêté des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés sans vérifier leurs papiers, les ont détenus pendant quelques heures, ont recueilli leurs empreintes, avant de les faire monter de force à bord de bus. «Ils ont été menottés ou ont eu les mains attachées à l’aide de corde. Ils ont été déplacés de force vers des zones éloignées, près de la frontière algérienne, ou dans des zones isolées du Sud, près de Tiznit, Errachidia, Benguerir, Beni Mellal et Marrakech», précise AI.
Lors de ces récents événements, au moins 14 demandeurs d’asile et quatre réfugiés enregistrés au Maroc ont été transférés de force vers le sud du pays, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Rabat, cité dans le communiqué d’AI. Pour l’ONG, «si les autorités marocaines ont le droit de réglementer l’entrée, le séjour et la sortie de leur territoire, ce droit doit s’exercer en cohérence avec le droit international relatif aux droits humains et la Convention relative au statut des réfugiés». * el watan / samedi 08 septembre 2018
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*des bijoux estimés à plusieurs centaines de milliers d’euros, dérobés à une membre de la famille royale saoudienne dans un palace parisien
**Une enquête pour vol a été ouverte en France après la plainte d’une membre de la famille royale saoudienne qui affirme avoir été victime d’un vol de bijoux, estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros, dans un palace parisien, a-t-on appris de sources concordantes, lundi. Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime qui a déposé plainte, évalue le préjudice à 800.000 euros, a affirmé une source proche du dossier confirmant une information de Franceinfo. Les faits se seraient déroulés vendredi après-midi, dans une chambre du Ritz, célèbre palace situé place Vendôme, à Paris, a précisé la même source.*médias - lundi 10 septembre 2018
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L’actrice de la série Urgences, Vanessa Marquez, tuée par la police à son domicile
Entre 1994 et 1997, elle avait joué le rôle de Wendy Goldman, une infirmière du Cook County Hospital dans la série « Urgences ». Vanessa Marquez est décédée, jeudi 30 août 2018, tuée par la police à son domicile. Selon les policiers, elle aurait pointé un pistolet vers eux. Elle avait 49 ans.*médias / 01 sept. 2018
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surmortalité des abeilles de ruches
«Il ne restait plus que la reine et une cinquantaine d’abeilles»
****Une apicultrice bretonne, Corinne Albézard, fait face, comme ses collègues, à une surmortalité des habitantes de ses ruches, victimes des pesticides et du réchauffement climatique.
«On ne sait plus quel mot employer pour exprimer notre désarroi. Mais on n’est pas là seulement pour pleurer sur notre sort. Nous sommes les témoins directs d’une catastrophe qui nous dépasse. Nous devrions tous être concernés par une urgence sans précédent.» Corinne Albézard, installée dans la campagne verdoyante de la petite commune de Berric, dans le Morbihan, se ronge les sangs. Victime d’une mortalité d’abeilles inédite durant le dernier hiver, cette apicultrice de 50 ans ressent colère et inquiétude.
Lorsque, au début du mois de mars, elle est allée contrôler comme chaque année ses quelque 290 ruches implantées sur une trentaine de kilomètres à la ronde, 80 % d’entre elles avaient été désertées par les abeilles. «Il ne restait plus que la reine et une cinquantaine d’abeilles, quand une colonie en compte 50 000 en moyenne, raconte-t-elle. Depuis plusieurs années, on constatait une mortalité élevée de nos colonies, mais 80 % de ruches mortes, c’est énorme. J’étais furieuse et j’ai alors soudain compris ce dont on parlait quand on dit que la fin des abeilles, c’est la fin de l’humanité.»
Bombes.Après s’être interrogée sur son éventuelle responsabilité dans l’hécatombe, Corinne Albézard a découvert qu’elle était loin d’être la seule en Bretagne à être touchée par le phénomène. Un fait d’autant plus incompréhensible que les ruches ne manquaient pas de nourriture pour les abeilles et qu’elle n’a trouvé aucun amas de cadavres d’insectes à leurs abords, ce qui est parfois ponctuellement le cas lorsque les champs sont aspergés de pesticides pendant la période de butinage.
Dans la petite exploitation enfouie au milieu d’un bosquet d’arbres, où s’entassent d’anciennes ruches vidées de leurs locataires et où elle met son miel en pot pour le vendre sur les marchés, l’apicultrice bretonne n’a toutefois aucun doute sur les causes de la surmortalité dont ses ruches ont été victimes, dans une région où prévaut encore largement une agriculture intensive faisant abondamment usage de produits phytosanitaires et de pesticides aux néonicotinoïdes. «Nous sommes entourés de champs de maïs dont les graines sont enrobées de néonicotinoïdes, pointe-t-elle, et l’environnement devient de plus en plus toxique pour les abeilles, avec des cocktails de molécules qui sont de véritables bombes.»
Corbillard.Pire, le réchauffement climatique n’arrange rien, allongeant les périodes de butinage sur des couverts végétaux fleuris susceptibles de contenir des molécules mortifères. Particulièrement touchés par une mortalité hors-norme des abeilles durant l’hiver dernier, avec la disparition d’environ 24 000 colonies dans la région, les apiculteurs bretons ont déjà manifesté leur colère au printemps en organisant un «convoi mortuaire» entre Le Faouët (Morbihan) et Rennes. Plusieurs dizaines d’entre eux se sont ainsi mobilisés pour accomplir le trajet à vélo, suivis de ruches mortes réunies dans un camion aux allures de corbillard. Avec, à l’arrivée, le sentiment de rester largement incompris. «A part le conseil régional, qui a promis des aides et certaines communes qui se sont mobilisées, on a l’impression de ne pas être vraiment écoutés, déplore l’apicultrice. On nous demande toujours des preuves et encore des preuves, mais il y a déjà des tas de rapports qui démontrent l’impact des pesticides sur la mortalité des abeilles. La preuve est déjà faite et établie.»
Pour l’heure, alors que certains apiculteurs bretons ont été contraints d’abandonner leur activité, Corinne Albézard en est réduite à panser les plaies de ses ruchers : «Pour remonter un cheptel, c’est un boulot de dingue. Je vais essayer de remonter à 200 colonies, mais, si rien ne change, ça ne sera pas suffisant.» Dans le Morbihan, un rassemblement de soutien national aux apiculteurs bretons est prévu le 13 octobre à Saint-Pierre-Quiberon.**Libération.fr/ 31 août 2018
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Après Jérusalem, Trump s’attaque aux réfugiés palestiniens
On ne sait toujours pas ce que contient le «deal ultime» du président américain, Donald Trump, pour la paix entre Israéliens et Palestiniens. Ni même, raillent un nombre croissant d’experts et diplomates, si un tel plan existe réellement. La méthode Trump, elle, est désormais claire : plutôt que de négocier, «enlever de la table» les points les plus contentieux, en se rangeant radicalement derrière la position israélienne. À l’instar de la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu en décembre et, désormais, de la question des réfugiés palestiniens. Vendredi, le Département d’Etat américain a annoncé la fin de ses contributions à l’UNRWA, l’agence onusienne qui leur est dédiée, dont Washington était le principal donateur.
«Les Etats-Unis n’ont plus la volonté d’endosser la part disproportionnée du fardeau des coûts de l’UNRWA», résume brutalement le communiqué de la diplomatie américaine, qui appelle la communauté internationale à prendre le relais et trouver de «nouvelles approches» et de «nouveaux modèles». L’agence doit trouver d’ici fin septembre 200 millions de dollars pour continuer ses opérations, faute de quoi elle n’aura «plus un sou», a prévenu son porte-parole Chris Gunness.
En janvier, l’administration américaine a imposé de drastiques coupes aux fonds alloués aux Palestiniens, à commencer par le «gel» (désormais définitif) de 300 millions de dollars destinés à l’UNRWA et de 200 autres millions à des projets d’aide au développement. L’Autorité palestinienne et les observateurs régionaux y ont d’abord vu un «chantage», une punition imposée à Mahmoud Abbas depuis que le président de l’Autorité palestinienne a coupé les ponts avec les émissaires trumpistes après l’annonce sur Jérusalem.
Mais la décision américaine de couper ses versements à l’UNRWA, qualifiée d’«opération irrémédiablement biaisée» pourrait n’être qu’une étape. Peu avant l’annonce officielle, la revue Foreign Policy et le Washington Post rapportaient que Trump s’apprêtait à redéfinir fondamentalement l’approche américaine sur la question des réfugiés palestiniens.
Ainsi, les récentes déclarations de Nikki Haley, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, tendent à indiquer qu’il ne s’agit pas là que d’un bras de fer pour contraindre Abbas à la discussion, mais bien d’un changement stratégique majeur dans l’approche du conflit de la part de Washington. Le 28 août, après avoir une fois encore reproché aux Palestiniens leur ingratitude, Haley déclarait : «Je pense tout à fait qu’il va falloir regarder de plus près le « droit au retour » [des réfugiés palestiniens, ndlr].»
En clair, rejoindre la position de Benyamin Nétanyahou sur la question. Le Premier ministre israélien a toujours considéré l’UNRWA comme «partie du problème, pas de la solution», appelant à sa dissolution et à son incorporation au Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), ainsi qu’à une redéfinition drastique des critères définissant les réfugiés palestiniens pour en réduire considérablement le nombre (5,3 millions de personnes selon l’UNRWA, répartis entre la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Cisjordanie et Gaza). Ce à quoi l’annonce américaine fait référence en critiquant «la communauté de bénéficiaires de l’UNRWA qui grandit sans cesse de façon exponentielle». D’après la presse américaine, l’administration Trump songe à proposer, dans le cadre de son «plan de paix» un «plafond» de 500 000 réfugiés palestiniens pouvant prétendre à un éventuel «retour» dans ce qui est aujourd’hui Israël.
***Bataille idéologique
Les condamnations de la Mouqata’a ont déjà fusé : «L’administration Trump s’apprête à commettre un scandale immoral en abolissant les droits historiques des réfugiés palestiniens», s’indignait un communiqué de la présidence palestinienne en amont de l’annonce américaine. Quelques heures avant cette dernière, dans ce qui ressemble à une concession de dernière minute, un officiel américain a assuré auJerusalem Post que Washington n’entendait pas pour l’instant dévoiler un «calcul numérique ou une définition du « véritable réfugié palestinien »», tout en considérant que le «modèle de l’UNRWA» n’était«ni approprié ni viable».
La définition même des réfugiés palestiniens est une bataille idéologique aussi clivante que peut l’être Jérusalem pour les deux parties. Elle touche des nerfs identitaires (une famille est-elle toujours palestinienne si elle a vécu trois générations en Jordanie ? Pourquoi les juifs de la diaspora peuvent-ils prétendre «retourner» en Israël, mais pas les Palestiniens ?), historiques (sur qui repose la responsabilité de la guerre de 1948 ?) et démographiques (le retour de millions de Palestiniens en Israël remettrait en cause son «caractère» juif, selon l’Etat hébreu). Ce dernier point fait largement consensus dans la classe politique israélienne, pour qui il ne peut y avoir de solution à deux Etats si le «droit au retour» est appliqué.
***Approche paranoïaque
A Libération, l’ex-députée travailliste Einat Wilf, auteure d’un livre sur la question sortie en mai (The War of Return, non traduit) ose une analogie entre les colons en Cisjordanie et les partisans palestiniens d’une réimplantation en Israël, au sein des frontières de 1967. «Dans les deux cas, ces gens-là se battent pour le contrôle total du territoire, et non le partage», assène-t-elle. Se faisant l’écho de la position israélienne quels que soient les précédents gouvernements, elle considère que le statut de réfugiés ne devrait pas se transmettre de génération en génération (une «anomalie», ce que l’ONU conteste, prenant pour exemples les réfugiés afghans), mais qu’il soit réservé uniquement aux personnes vivantes et déplacées du temps de la guerre de 1948 ; entre 40 et 80 000 personnes. Pour les millions restants, Wilf recommande «une implantation locale, déjà largement une réalité en Jordanie [où vivent plus de 2 millions de réfugiés, ndlr] et dans les Territoires palestiniens, ou des naturalisations dans des pays tiers».
Pour Ghassan Khatib, ex-ministre et négociateur palestinien, cette vision du «droit au retour» comme un cheval de Troie est une approche paranoïaque, contraire au droit international : «Les Palestiniens sont prêts à négocier un chiffre, mais les Israéliens ne sont même pas prêts à reconnaître le principe.» Admettre un «droit de retour» reviendrait, pour les Israéliens, à reconnaître la «Nakba», l’exil forcé des Palestiniens en 1948. «C’est leur façon d’imposer leur version de l’histoire, opine Khatib. Personne n’imagine que 5 millions de Palestiniens vont revenir s’installer en Israël, ni même qu’ils le souhaitent ! Mais ce droit ne peut leur être enlevé, et les accords d’Oslo stipulent qu’il fait partie des négociations finales, à l’instar du statut de Jérusalem.»
Khatib égrène les solutions possibles, au-delà de la réinstallation en Israël au cas par cas : compensations financières, accès à la citoyenneté en Jordanie, réimplantation en tant que résidents sans la nationalité israélienne… «Tout cela se discute, et bien sûr, nous tiendrons compte du caractère d’Israël», résume-t-il. La presse israélienne rapporte que Mahmoud Abbas aurait assuré à des visiteurs israéliens qu’il ne souhaitait pas que l’Etat hébreu soit «noyé» par les réfugiés palestiniens.
A court terme, la stratégie américaine inquiète, et son offensive contre l’UNRWA, très solitaire, n’a reçu le soutien d’aucun autre pays qu’Israël. Plusieurs responsables sécuritaires israéliens, dont l’ancien porte-parole de Tsahal, le lieutenant-colonel Peter Lerner, ont mis en garde contre tout affaiblissement supplémentaire de l’UNRWA, qui aggraverait la crise humanitaire à Gaza et créerait un vide que les factions palestiniennes les plus radicales, à commencer par le Hamas, pourraient combler. L’équilibre politique en Jordanie est lui aussi très dépendant de l’agence onusienne.
Jusqu’à présent, l’UNRWA a réussi à maintenir la plupart de ses services, y compris la rentrée des classes cette semaine pour des centaines de milliers d’écoliers palestiniens. Vendredi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé «les autres pays à aider à combler le déficit financier» de l’UNRWA afin qu’elle «puisse continuer à fournir son assistance vitale» aux Palestiniens.
Pour l’analyste Ofer Zalzberg, de l’International Crisis Group, tout changement de position américaine sur les réfugiés ferait autant de mal «aux Israéliens qu’aux Palestiniens» : «Durant les dernières négociations sous l’égide de John Kerry, le raidissement israélien sur les questions territoriales [le développement et maintien des colonies, ndlr]et sécuritaires a impacté la volonté des Palestiniens d’envisager un droit au retour limité.» Difficile d’imaginer que la stratégie du bulldozer de Trump n’inverse cette tendance.**Libération.fr/ samedi 1 septembre 2018
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