Les personnes touchées par la démence vont tripler
15 12 2017* Les personnes touchées par la démence pourrait passer de 50 millions aujourd’hui à 152 millions d’ici 2050
*D’ici trente ans, le nombre de personnes atteintes de démence aura triplé.
C’est la prévision alarmiste de l’OMS, qui veut anticiper l’évolution de ce syndrôme dans lequel on observe une altération de la fonction cognitive. Avec le concours de pays volontaires, l’institution a créé une plateforme en ligne, l’Observatoire mondial de la démence, afin de recueillir les données disponibles et aider les pays à mettre en place des politiques adéquates, en lien notamment avec le vieillissement global de la population.
*Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), d’ici à peine trente ans, le nombre de personnes touchées par la démence pourrait passer de 50 millions aujourd’hui à 152 millions d’ici 2050.
La démence, c’est, pour reprendre les termes de l’OMS, le syndrome «généralement chronique ou évolutif, dans lequel on observe une altération de la fonction cognitive (capacité d’effectuer des opérations de pensée), plus importante que celle que l’on pourrait attendre du vieillissement normal ». Elle affecte la mémoire, le raisonnement, l’orientation, la compréhension, le calcul, la capacité d’apprentissage, le langage et le jugement.
La démence regroupe ainsi nombre de maladies mentales, telles que la maladie d’Alzheimer, qui concerne 60% à 70% des cas.
Une population vieillissante
En effet, en 2050, l’âge moyen de la population aura avancé, entraînant l’augmentation de personnes touchées de démence selon l’OMS. En France, c’est à cette date plus d’un tiers de la population qui aura plus de 60 ans.
« On compte dans le monde près de 10 millions de nouveaux cas de démence par an, dont 6 millions dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, déclare à ce sujet le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. Les souffrances que cette maladie entraîne sont énormes. Nous devons réagir: il faut prêter davantage d’attention à ce problème croissant, et veiller à ce que toutes les personnes atteintes de démence, où qu’elles vivent, bénéficient des soins dont elles ont besoin. »
Le coût de la démence est aujourd’hui estimé dans le monde à 818 milliards de dollars, ce qui équivaut à 1% du produit intérieur brut mondial
L’OMS met aussi en garde contre les coûts à venir pour s’occuper des populations atteintes, notamment dans les pays les plus pauvres. Par an, le coût de la démence est aujourd’hui estimé dans le monde à 818 milliards de dollars, ce qui équivaut à 1% du produit intérieur brut mondial. Et ce chiffre pourrait s’élever à 2000 milliards d’ici 2030, l’OMS prévient d’ailleurs que ce coût pourrait « menacer le développement social et économique, et les services sanitaires et sociaux, y compris les systèmes de soins au long cours, pourraient être dépassés ».
En créant l’Observatoire mondial de la démence, l’OMS anticipe l’évolution de l’encadrement autour de la maladie de paire avec le Plan mondial d’action de santé publique contre la démence 2017 – 2025, lancé également par l’OMS.
« Il s’agit du premier système mondial de suivi de la démence qui comprend un éventail de données aussi complet. Ce système nous permettra non seulement de suivre les progrès accomplis mais également, ce qui est tout aussi important, de repérer les domaines dans lesquels il faudra consentir le plus d’efforts à l’avenir », déclare le Dr Tarun Dua, du Département Santé mentale et abus de substances psychoactives de l’OMS.
Grâce à la plateforme de l’Observatoire mondial de la démence, les pays participants peuvent mettre en commun leurs données sur la démence, afin d’en faire un suivi mondial. Pour le moment, déjà 21 pays, dont la France, participent au projet. D’ici l’an prochain, ce sont 50 pays qui devraient rejoindre l’Observatoire.
Un diagnostic difficile
L’une des principales difficultés de la démence est son diagnostic. En effet selon l’OMS ne sont reconnus qu’entre un cinquième et la moitié des cas de démence, et les diagnostics sont, le plus souvent, effectués à un stade déjà avancé de la maladie. D’après les données des pays participants, l’OMS relève que la plupart des pays « riches » lancent déjà les actions nécessaires pour anticiper l’évolution de la maladie et la prise en charge des malades. Mais l’institution s’alarme du retard des pays à revenus faibles, où « 90% des personnes atteintes de démence ne sont même pas conscientes de leur état ».
Il n’existe pas de traitement qui permette de guérir la démence ou de modifier son évolution
Cette mise en garde de l’OMS rappelle que si la population mondiale tend à vivre plus longtemps, il faut anticiper dès maintenant les potentiels risques pour la santé physique et mentale qui surviennent avec l’âge. À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement qui permette de guérir la démence ou de modifier son évolution. Une mauvaise nouvelle pour notre futur de retraités en 2050, qui se situera quelque part entre le rêve et les maladies neurodégénératives.*usbeketrica.com / 13/12/2017
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*La santé mentale chez les personnes âgées
Conseils de base pour prévenir la démence sénile
La démence sénile est une maladie bien connue, l’une des principales craintes que nous avons que nous vieillissons est de perdre notre esprit et se détériorera progressivement Donc, aujourd’hui, nous allons vous dire ce que les bases sont quand à prévenir cette maladie est présente en nous, une attention particulière!
nous devons tout d’abord comprendre certaines maladies dont nous parlons, la démence sénile est une maladie dégénérative dont les principaux symptômes sont la perte de mémoire, troubles du sommeil, des changements de personnalité soudains, des problèmes d’élocution, des problèmes et des moteurs physiques et problèmes de logique mentale a de terrible maladie qui peut être prévenue si l’on considère quelques conseils
Un élément clé pour l’empêcher est d’exercer notre esprit lecture quotidienne Comment pouvons-nous faire quotidiennement pour maintenir une vie sociale active et participer à des jeux nécessitant la mémoire ou de la logique Cela nous permet de garder le cerveau actif, donc en bonne forme physique
En outre, il est recommandé d’inclure dans notre alimentation quotidienne de vitamine B6, selon les études nous permet de réduire de moitié la progression du déclin cognitif, donc, est un nutriment essentiel dans ce cas, nous pouvons trouver dans les aliments tels que les céréales, les haricots, le thon , le saumon, etc. Cette vitamine nous permet également contre d’autres maladies telles que la migraine, la dépression, la douleur chronique ou des convulsions
conseils faciles à suivre qui peuvent faire une différence dans notre santé mentale, nous vous encourageons à considérer**source: medozo.info/
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En Italie, les fous sont des citoyens comme les autres
*Cafés autogérés faisant office de lieux de rencontre et de réinsertion sociale, pet therapy avec des animaux domestiques, inclusion dans des familles d’accueil bénévoles… En Italie, le quotidien d’une personne atteinte de troubles psychiatriques ne ressemble en rien à celui d’un patient français. Tout ça grâce à une loi de 1978 qui a permis de fermer les asiles et d’inventer un modèle ouvert de prise en charge des patients. Reportage à Turin, épicentre historique de cette approche avant-gardiste du traitement psychiatrique.
*Valerio Camussa entre en trombe dans l’arrière-salle du café. Le sourire qui illumine son visage est la meilleure des excuses pour ce retard habituel. D’une voix forte, un peu saccadée, il nous interpelle joyeusement : « Je parle très bien le français ! Vous venez de Paris ? C’est la plus belle ville du monde. » Son entrée en matière lui vaut quelques rires de l’assemblée italophone. Gianluca Conte, psychologue et éducateur, rappelle à l’ordre le sympathique cancre et l’invite à se mettre au travail. Car chaque mardi après-midi se tient la conférence de rédaction qui doit permettre d’établir le programme de l’émission de radio Pro Loco, hébergée sur RadioOhm, et diffusée en direct un mardi sur deux. À noter, toutefois, que les chroniqueurs de ce podcast ne sont pas tout à fait comme les autres… Ou plutôt si. Parce qu’en Italie, justement, les psychotiques, les schizophrènes et les bipolaires sont des gens comme les autres.
« Tu ne sais pas qui est malade »
Cette réalité porte un nom, celui de Basaglia. Basaglia, comme ce café turinoisqui accueille les acteurs de Pro Loco, malades ou soignants. Basaglia, comme cette loi de 1978 qui a acté la fermeture des asiles dans le pays. Basaglia, comme le nom de famille de ce psychiatre communiste prénommé Franco, qui profite à l’époque de la vague de liberté qui se répand sur l’Italie pour refonder la prise en charge des « fous ». « Depuis, ces personnes sont à la charge du territoire et soignées près de chez elles. Cela leur redonne de la dignité. » Attablé sur le toit-terrasse du café Basaglia, un après-midi ensoleillé de février, Giancarlo Rossi, psychothérapeute barbu aux yeux fatigués, raconte la genèse de ce café, héritage et hommage au psychiatre qui, dès le début des années 1960, critique les asiles et souhaite redonner des droits aux patients. Dix ans plus tard, il transforme deux hôpitaux, à Trieste et Gorizia, en communautés thérapeutiques. Cette mise en pratique de la critique des institutions psychiatriques débouche ensuite sur la loi du 13 mai 1978.
« Avoir un rôle social, gagner de l’argent, travailler… Tout cela joue sur l’estime de soi »
Depuis cette date, la prise en charge des personnes présentant des fragilités psychologiques se déroule donc en trois temps : les services de la santé mentale (ASL), aux compétences régionales, prennent en charge le patient. Ils mettent ensuite en place un suivi thérapeutique adapté. Vient enfin le temps de la réhabilitation, gérée par les associations. C’est à cette tâche essentielle que s’attelle le fondateur du café Basaglia, Ugo Zamburru, psychiatre depuis trente ans dans des structures publiques, et aujourd’hui responsable d’un centre diurne. Dans sa ligne de mire : « le stigma, le “fou fait peur” », souligne l’homme à la barbiche de d’Artagnan. « L’idée était donc de créer un lieu où se rencontrer. » En 2007, après deux tentatives avortées, le café Basaglia s’installe finalement dans un ancien studio cinématographique. « À table, tout le monde est plus relax », s’amuse Ugo Zamburru entre deux bouchées. Dès midi, la structure propose des repas aux habitués, aux travailleurs du coin et aux étudiants de l’université toute proche. En cuisine, deux volontaires font la tambouille. En salle, des serveurs prennent commande et livrent les plats. « Tu ne sais pas qui est malade, c’est tout l’intérêt », précise Ugo.
« Contenir » le délire
Il insiste sur deux points : le Basaglia est avant tout un restaurant qui propose des événements ; et au Basaglia, il n’y a pas de chef. « Ce n’est pas simple, surtout quand on doit payer dix salaires à la fin du mois. » Les personnes atteintes de troubles psychiatriques qui travaillent ici sont embauchées, rémunérées et participent aux prises de décision comme les autres. « On se fâche souvent à propos de l’organisation », sourit Ugo Zamburru en sauçant son assiette. Mais au bout du compte ces querelles importent peu. « Avoir un rôle social, gagner de l’argent, travailler… Tout cela joue sur l’estime de soi. » Pour le fondateur du Basaglia et ses comparses, le « fou » doit sortir de son rôle de malade. « Ici, je ne suis pas schizophrène, je suis serveur ; je ne suis pas bipolaire, je fais partie de l’orchestre, je joue de la guitare pour la radio », décrypte Valerio Camussa.
« Ici, je ne suis pas schizophrène, je suis serveur ; je ne suis pas bipolaire, je fais partie de l’orchestre »
La radio, justement, est le meilleur exemple de l’efficacité de ce modèle d’autogestion. C’est Marcello Giangualano qui s’occupe de l’animation de cet atelier. Ce jeune trentenaire branché à l’air pince-sans-rire croit dur comme fer en son projet : « Notre objectif, c’est de créer une situation horizontale où toutes les personnes sont symboliquement et physiquement autour d’une même table. Qu’on soit malade ou non, la parole de chacun a la même valeur, affirme-t-il. Pendant l’émission, on ne parle pas de psychiatrie, mais c’est évidemment le message de fond. Le dispositif radiophonique “contient” le délire, en quelque sorte. » Un bon moyen de redonner de la confiance et de permettre à ceux qui souffrent d’affirmer leur identité singulière. Pour Valerio, le francophile de la bande, c’est une évidence : « Ma santé mentale est bien meilleure depuis que je participe à ce projet et que je fréquente le café Basaglia. Et c’est encore plus vrai pour ma vie sociale », s’enthousiasme-t-il, de sa voix toujours puissante et enjouée. C’est d’ailleurs cette voix qui le démarque ici. Pendant les réunions, il ne s’interdit jamais de sortir sa guitare et de fredonner un air populaire. Un rituel que ses camarades apprécient tout particulièrement. « Je joue depuis plus de vingt-deux ans ! » se justifie presque Valerio.
De l’autre côté du Pô, le combat est le même mais les armes diffèrent. Ici, c’est la photographie qui rend obsolète la frontière entre patients et citoyens. Différents clichés défilent sur un tableau blanc. « Est-ce que le chien entre dans le thème “Avec un sourire, on est plus proche” ? » interpelle Andrea Ciprelli. Deux fois par semaine, ce jeune photographe donne des cours à un petit groupe de personnes orientées par l’ASL locale. « Le chien est probablement leur ami », rebondit Giuseppe, l’un des participants de l’atelier. Depuis 2010, le conglomérat d’associations Il Bandolo (« le lien » en italien) propose des cours de photographie aux patients psychiatriques « qui vont mieux », de l’avis du professeur. L’exercice n’est pas évident. Si Turin est le personnage principal des images capturées par les photographes en herbe, Andrea propose régulièrement à ses étudiants des thèmes qui vont les obliger à aller vers les passants. Demander l’autorisation de prendre une photo, expliquer le projet… « Il faut gérer les réactions des uns et des autres, contrôler l’émotion et prendre de beaux clichés. » Une démarche, plus qu’un atelier, qui permet de briser les barrières entre les malades et les anonymes rencontrés dans la rue. Piazza San Carlo, en route pour une exposition, les participants s’attardent. Giuseppe discute avec une famille, les fait rire, les photographie. « Il revient de loin », glisse Andrea.
« N’oublions pas que la dépression est la deuxième maladie la plus répandue dans le monde aujourd’hui… »
Les personnes les plus malades, justement, sont prises en charge dans des structures à taille humaine où elles peuvent passer la journée. Là encore, les méthodes alternatives sont privilégiées. Il y a quelques années, la fille de Franca Piatti a soudainement développé les symptômes d’un grave trouble du comportement. La vie de cette mère au foyer s’en est trouvée chamboulée. Elle a alors choisi de s’investir dans l’aide aux personnes mentalement fragiles. Aujourd’hui, sa petite association Insieme (« Ensemble ») s’installe une fois par semaine à l’hôpital de jour de la via Gorizia. Sa mission : aider les patients à recréer du lien et à retrouver de la confiance grâce aux chiens visiteurs. Ce jeudi de février, ils sont nombreux à prendre part à l’atelier en plein air, malgré le froid ambiant. Quatre chiens frétillent et trottinent gaiement au milieu de la petite dizaine de malades réunis dans le joli jardin de l’établissement, tous genres et âges confondus. « Notre initiative s’inspire entièrement de l’esprit Basaglia. Confronter ces personnes aux animaux domestiques aide à les ancrer dans une réalité quotidienne, à leur faire comprendre qu’eux aussi sont en mesure de prendre soin d’un autre être vivant. » Si l’on se fie à leurs mines lumineuses, le pari semble réussi. « Ces moments ludiques et chaleureux deviennent un rendez-vous essentiel pour eux », se félicite Franca Piatti.
« Une condition humaine »
Epaminondas Thomos est l’un des éducateurs du centre. Pour lui, ces locaux à taille humaine et à l’atmosphère bienveillante contribuent à faciliter la réinsertion des patients les plus touchés. « Ce que nous faisons ici a la singularité d’être en permanence tourné vers la réhabilitation sociale. L’endroit ne ressemble pas à un hôpital, nous faisons en sorte de créer une ambiance chaleureuse, de nouer des liens solides avec les souffrants », note ce professionnel, dont les traits ne sont pas sans rappeler ceux du héros de la série Dr House, réputé lui pour sa froideur. Pour Epaminondas, la loi Basaglia était la première pierre – nécessaire – de l’édifice. « En renouant le dialogue entre malades et citoyens, on redessine l’image de la folie, qui n’est plus perçue comme une forme de diversité, mais plutôt comme une condition humaine. » Il pointe pourtant certaines lacunes et une tendance à la régression, dans un contexte politique et économique difficile. « L’opinion publique est de plus en plus marquée par la crise, la montée du racisme, et celle du populisme. Forcément, les gens deviennent moins tolérants, moins ouverts, regrette-t-il. Cela abîme largement la tolérance à l’égard des personnes en état de souffrance psychologique, qui se retrouvent alors moins à même de participer pleinement à la vie sociale. Pourtant, ces personnes sont toujours nombreuses. N’oublions pas que la dépression est la deuxième maladie la plus répandue dans le monde aujourd’hui… »
« Les patients qui rejoignent notre programme diminuent de 20 % leur consommation de médicaments, et ce, dès les premiers mois »
Collegno, l’ancien asile psychiatrique de Turin, accueille depuis sa fermeture l’ASL régionale. Dans son bureau monacal, Gianfranco Aluffi rappelle avec fierté que le modèle italien de réhabilitation des « fous » apparaissait dans la liste des « Dix choses qui peuvent changer le monde » établie en 2015 par le quotidien britannique The Guardian. Sa solution à lui s’appelle « Inserimento eterofamiliare supportato di adulti sofferenti di disturbi psichici » (IESA). Autrement dit, l’accueil de personnes malades dans des familles qui ne sont pas celles des patients. Car en Italie, à la différence de la France, pas mal de familles se portent volontaires pour héberger ces personnes. « Cela évite les problèmes, par exemple pendant les vacances, quand les patients doivent être placés. Là, le malade est intégré au cercle intime. » D’ailleurs, dans ce système, le patient est en fait un hôte. Il paie la famille – environ 1 000 euros par mois – pour louer la chambre qu’il occupe, pour les repas et la prise en charge. « Les accueillants déboursent beaucoup pour la personne qu’elles hébergent », précise Gianfranco Aluffi. Surtout, une sélection très stricte est opérée. « Il faut des personnes flexibles, qui ont du temps à offrir et n’ont pas de problèmes avec la justice », explique le directeur de l’association, qui reconnaît qu’« accueillir un hôte psychiatrique, c’est dur, c’est lourd », même si « ça change les familles et ça change la vie de la personne ». En vingt ans, l’IESA a déjà favorisé l’accueil de 200 personnes. « Les patients qui rejoignent notre programme diminuent de 20 % leur consommation de médicaments, et ce, dès les premiers mois. »
Marche des fous
Si les Italiens semblent aujourd’hui moins indulgents à l’égard des personnes en souffrance psychologique, la capacité d’autogestion des malades, elle, ne laisse pas voir le moindre signe d’essoufflement. La preuve avec l’organisation annuelle de cette Marche des fous, désormais célèbre à Turin, à laquelle prend part Epaminondas. « Chaque mois d’octobre, quelques centaines de personnes défilent dans les rues de la ville pour affirmer leur singularité. C’est une démarche entièrement organisée par les “cinglés”, les “désaxés”. C’est aussi l’une des manifestations les plus symboliques de la prise en charge de leur destin et de la volonté de marquer leur appartenance pleine et entière au monde qui les entoure, analyse l’éducateur. Malheureusement, comme souvent quand on plonge dans cette réalité, tout n’est pas rose. Le fondateur de la parade, Simone Sandretti, qui souffrait d’une forme sévère de maniaco-dépression, s’est suicidé en février 2016. Repenser la psychiatrie, abattre les murs de l’hôpital, réinsérer les malades, changer les regards, c’est bien. C’est même indispensable. Mais ça n’effacera jamais la douloureuse réalité de souffrances qui peuvent parfois, malgré tous les efforts pour “normaliser” la situation, mener au pire. »
« rendre la folie à la société »
À ce jour, aucun pays occidental n’est allé aussi loin que l’Italie en matière d’inclusion du fou dans la cité, même si certaines initiatives locales font souffler l’esprit de Basaglia au-delà de Turin, notamment de l’autre côté des Alpes. En France, une maison relais installée dans un ancien couvent propose ainsi d’accueillir « les invités au festin ». Ouverte en 1999 par la psychiatre Marie-Noëlle Besançon à… Besançon, la Maison des sources s’inspire directement de la pensée de Franco Basaglia. Sur place, treize pensionnaires se prennent en charge, dans un espace faisant le pont entre l’hôpital et la société extérieure.
Comme tous les professionnels rencontrés, Epaminondas Thomos est persuadé que la loi Basaglia ne serait pas votée de nos jours. Pourtant, l’Italie a enfoncé le clou en 2017 en fermant le dernier hôpital psychiatrique judiciaire. Ici, depuis une loi de 2014, même les patients psychiatriques considérés comme dangereux, ceux ayant commis un délit ou un crime, ont le droit d’être considérés avant tout comme des citoyens. Une nouvelle avancée qui ne doit pas masquer la réalité parfois tragique de ces personnes en souffrance, même dans le cadre d’un modèle de réhabilitation sociale aussi avant-gardiste. Il n’empêche, c’est en Italie que la médecine de l’âme a amorcé son retour vers le futur. Puisse ce modèle essaimer ailleurs, afin de « rendre la folie à la société » et de continuer à « développer le potentiel soignant du peuple », comme l’appelait de ses vœux le psychiatre français Roger Gentis, ennemi acharné de l’enfermement asilaire.*usbeketrica.com / 10/12/2017
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