Belgique:comment le pays fonctionne sans gouvernement?

29 03 2011

**Le pays est sans gouvernement depuis 289 jours… 

**La Belgique championne du monde de la crise politique  

 Des Belges manifestent à Bruxelles le 23 janvier 2011 pour réclamerla constitution d'un gouvernement.

*on fête l’événement en organisant une «révolution de la frite»

En Belgique, où le surréalisme fait toujours florès, certains avaient «célébré» dès le 17 février 2011 le franchissement de la barre symbolique des 249 jours en organisant une «révolution de la frite» au cours de laquelle des dégustations du célèbre plat national avaient rassemblé plus de 5.000 personnes aux quatre coins du pays. Ces manifestations n’avaient toutefois pas eu plus d’effet que l’appel lancé par l’acteur Benoît Poelvoorde, qui avait demandé à ses compatriotes de ne plus se raser jusqu’à ce que le royaume se dote d’un gouvernement de plein exercice. Après neuf mois de blocage, les Belges ayant voté le 13 juin 2010, les partis flamands continuent à réclamer une autonomie régionale très renforcée, que les francophones persistent à refuser, de crainte qu’elle ne débouche sur une scission du pays. Pour l’égalisation du record du monde des 289 jours sans gouvernement, qui sera battu dès le lendemain, le collectif «Le séparatisme, pas en notre nom» remet le couvert en rebaptisant ce mardi «Place des Frites» les principales places de villes universitaires comme Liège, Namur, Gand, Anvers et Bruxelles. De nouvelles distributions de frites et des concerts sont au programme, mais le coeur ne semble plus y être, l’appel à manifester ayant cette fois été peu relayé par la presse et sur les réseaux sociaux.

Le tout sur fond de discussions byzantines entre Flamands et francophones, menées par le très discret président des chrétiens-démocrates flamands Wouter Beke et désormais reléguées à la fin des journaux télévisés par les événements au Japon et en Libye. L’adoption ces derniers jours d’un budget de l’Etat 2011 et l’engagement de F-16 belges contre le régime de Mouammar Kadhafi ont également accru l’impression que le pays pouvait fonctionner sous le régime des «affaires courantes» en vigueur depuis juin.

La Nouvelle alliance flamande profite de la situation

La situation profite à la Nouvelle alliance flamande (N-VA), le parti vainqueur en Flandre des législatives de juin (avec 27,8% des voix) qui juge inutile un gouvernement fédéral car il prône l’«évaporation» de la Belgique au profit d’une Flandre indépendante. Selon un sondage publié lundi par le quotidien La Libre Belgique, la N-VA rassemble 33% des intentions de vote en Flandre. Son chef, Bart De Wever, conforte son statut d’homme politique le plus populaire chez les néerlandophones, avec 57% d’opinions favorables.

Le succès insolent des indépendantistes flamands commence toutefois à agacer certains chrétiens-démocrates flamands, dont le Premier ministre sortant Yves Leterme, qui a vertement critiqué la semaine dernière l’incapacité de Bart De Wever à signer un compromis avec les francophones.

Ce changement de positionnement de Yves Leterme, autrefois proche de la N-VA, est le signe que «ça commence un peu à bouger» en Flandre, où «tout le monde a plus ou moins compris qu’avoir un accord avec la N-VA sera impossible», a expliqué à l’AFP le politologue anversois Dave Sinardet.

«Le problème, c’est que la N-VA ne veut pas quitter d’elle-même les négociations et que le parti flamand qui l’en exclura prendra un très gros risque en cas de nouvelles élections anticipées», a-t-il ajouté, n’écartant pas la possibilité que les affaires courantes «durent encore longtemps».(AFP-29.03.2011.)

**Comment le pays fonctionne-t-il sans gouvernement?

 Alors que les étudiants belges ont lancé  leur «révolution des frites», en écho à celle du jasmin en Tunisie et du Nil en Egypte, les affaires courantes du pays continuent à être gérées malgré l’absence de gouvernement depuis 249 jours. Comment la situation est-elle viable alors que le record du monde sans gouvernement est en passe d’être battu? 20minutes.fr fait le point.Comment la Belgique est-elle actuellement gouvernée?
La situation est cocasse et pourtant bien réelle: Yves Leterme, Premier ministre démissionnaire en avril 2010, est toujours en poste depuis. Tant qu’un nouveau gouvernement ne sera pas formé, c’est bien lui qui est en charge de l’exécutif provisoire. Celui-ci est seulement chargé d’expédier les affaires courantes de la Belgique, soit «gérer au jour le jour les tâches de l’Etat», précise Pascal Delwit, professeur de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles.
Expédier les «affaires courantes» suffit-il à gérer pleinement un Etat?
Oui et non. Oui, parce que la Belgique est plutôt chanceuse. En tant qu’Etat fédéral, des compétences larges et variées (éducation, santé, aménagement du territoire, logement, culture, etc.) sont gérées par des entités fédérées (région, provinces) et celles-ci fonctionnent «relativement normalement», selon Pascal Delwit. De plus, d’après le politologue, l’économie belge se porte bien et «il n’y a pas de grandes décisions à prendre» pour le moment. Cependant, des points de blocage vont forcément apparaître car le gouvernement provisoire ne peut pas «mener de politiques nouvelles».
Quels sont les points de blocage rencontrés actuellement?
Les «grains de sable» ne sont pas nombreux, mais commencent «à apparaître tout doucement», indiqueJean Faniel, politologue belge rattaché au Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp). Ce dernier donne pour exemple «certaines nominations dans la fonction publique» non effectives, des projets qui ne sont pas financés ou renouvelés, ou encore des réformes en suspens comme celle sur l’immigration ou le système des retraites. Mais le point de blocage essentiel rencontré par le gouvernement provisoire est le budget de l’Etat qui, en théorie, ne peut être présenté que par un exécutif en plein exercice. «Il s’agit d’une décision éminemment politique», précise Jean Faniel qui, comme Pascal Delwit, croit ainsi en un prochain élargissement des «affaires courantes» afin que le budget 2011 puisse être voté par le Parlement le plus rapidement possible.

Pourquoi un élargissement du champ «affaires courantes» pourrait poser problème?
Dans un tel cas de figure, le gouvernement provisoire sera alors en mesure de prendre des décisions «politiques». Or, si celles-ci s’avèrent impopulaires, «la population ne pourra pas le sanctionner via ses parlementaires», car il protégé par son caractère temporaire et quasi «non-responsable». Un procédé que Jean Faniel qualifie alors de «délicat» voire de «pas démocratique». «La durée de la crise et le contexte socio-économique n’autorisent pas à faire n’importe quoi», ajoute-t-il, soulignant tout de même que ce projet, initié par le roi Albert II, «n’a pas fait énormément de vagues». (20Minutes-17.02.2011.)

 

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