Exode de milliers de travailleurs du territoire libyen destabilisé
3 03 2011*Une catastrophe humanitaire imminente…
***Sauve qui peut, en Libye
** une foule sur des kilomètres et des kilomètres, se presse pour traverser la frontière
*Beaucoup de travailleurs algériens et étrangers fuyant la Libye, ont été contraints d’abandonner leurs biens et laisser parfois les passeports à leurs employeurs.«Nous avons tout abandonné même nos salaires en raison de la fermeture des banques»
Les Algériens expatriés en Libye sont entre le marteau de l’insécurité et l’enclume du manque de transport…Dans ce contexte infernal, le gouvernement algérien a décidé de dépêcher le navire de l’Enmtv, Tassili II au port de Benghazi, en Libye, pour assurer l’évacuation des ressortissants algériens qui souhaitent revenir au pays. cliquer ici: *Les turbulences dans le monde arabe
**Aide humanitaire de l’Algérie à la frontière avec la Libye
* De l’envoyé spécial d’El Moudhahid à Deb-Deb : Sid Ahmed Merabet
Scandant à haute voix « One, two, three, viva l’Algérie », leur corps à moitié recouvert de l’emblème national, une dizaine de réfugiés égyptiens courent vers le directeur général de la protection civile qui se trouvait au poste frontalier algéro-libyen de Deb-Deb en cette fin de journée de vendredi et ne manquent pas cette occasion pour exprimer leur « reconnaissance » et leur « gratitude » envers l’Algérie.
“On ne s’attendait vraiment pas à ce que nous bénéficions d’un tel traitement. Nous sommes convaincus que même notre pays ne nous aurait pas accueilli comme l’a fait l’Algérie”, reconnaissent-ils ouvertement devant le colonel Lehbiri lequel, aussitôt rentré d’El Oued où il aurait pris part, mardi dernier, aux festivités officielles de la journée mondiale de la Protection civile, a repris son bâton de pèlerin pour se rendre à ce poste et s’enquérir du dispositif mis en place par la direction générale de la protection civile pour la prise en charge du flux migratoire venu de notre voisin de l’Est. Distant du chef-lieu de la wilaya d’Illizi de quelque 440 km, le poste frontalier de Deb-Deb accueille en effet et ce, quotidiennement des dizaines de personnes de différentes nationalités, notamment les Egyptiens qui ont été forcés de quitter la Libye, suite à la dégradation de la situation sécuritaire en Libye et par là même fuir les affres des affrontements. « Il est tout à fait normal dans pareille circonstance que la protection civile soit présente sur le terrain et vienne renforcer le dispositif mis en place par la wilaya d’Illizi », explique le colonel Lehbiri qui se dit « ravi » par l’implication d’autres corps et institutions dans la gestion de cette situation, notamment les forces de l’Armée nationale populaire (ANP). Cependant, le flux commence à diminuer et l’on est désormais loin des vagues humaines qui affluaient lors des premiers jours qui ont vu le chiffre atteindre les 400 personnes/jour, explique le responsable de la police aux frontières au DG de la protection civile. «Ces derniers jours, le chiffre quotidien dépasse à peine une centaine de personnes », assure-t-on encore.
Depuis le début de la crise, on compte plus de 2360 réfugiés d’une vingtaine de nationalités (Viêt-Nam, Philippines, Mauritanie, Espagne, Bangladesh, Pakistan, Maroc, Biélorussie, Thaïlande,…) qui sont entrés par le poste frontalier de Deb-Deb dont 550 Egyptiens et 705 Libyens, en sus de quelque 360 Algériens. En attendant le rapatriement vers leurs pays d’origine, l’Etat algérien leur assure l’hébergement, la nourriture au niveau de deux sites d’hébergement, en l’occurrence l’internat du lycée de Deb-Deb, d’une capacité d’accueil de 400 places, et l’auberge de jeunesse, réservée pour les familles. Des communications téléphoniques gratuites sont également offertes aux réfugiés pour rassurer leurs proches et familles. « Dieu merci, l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens et la situation est maîtrisée grâce aux efforts de toutes les parties mobilisées à cet événement », se félicitera le colonel Lehbiri.
Pour revenir au dispositif mis en place par la protection civile, il est utile de rappeler que dès le début de l’arrivée massive des réfugiés du territoire libyen, soit le 24 février dernier, un détachement de l’école d’El Hamiz (Alger) composé de 174 officiers et agents parmi lesquels figurent deux médecins ont été dépêchés sur place et sont venus renforcer les 240 éléments de la protection civile d’Illizi qui ont été réquisitionnés à cet effet. A ceci, il faut ajouter cinq autres médecins, dont deux femmes qui sont arrivés avant-hier avec le DG de la protection civile. Les éléments de la PC sont à présent répartis dans les centres de transit et d’accueil de Deb-Deb et d’In Amenas (maisons de jeunes, établissements scolaires, salles omnisports, aéroport,…) mais aussi au niveau des deux autres postes frontaliers de Tarat de Tinalkoum (Djanet) et par lesquels, rentrent d’autres réfugiés quoique en nombre beaucoup plus inférieurs. (El Moudjahid-05.03.2011.)
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L’Algérie poursuivra « son soutien et son aide » à la Tunisie
**Une caravane de solidarité en route vers la frontière tuniso-libyenne.
L’Algérie poursuivra « son soutien et son aide » à la Tunisie pour contribuer avec ce pays à la prise en charge des besoins induits par l’afflux de ressortissants étrangers en provenance de Libye, affirme hier, le ministère des Affaires étrangères. « L’Algérie, partant de son attachement aux actions humanitaires, ne manquera pas de poursuivre son soutien et son aide à ce pays frère pour contribuer avec lui à la prise en charge des besoins induits par l’afflux de ressortissants étrangers en provenance de Libye », souligne le ministère dans un communiqué. Le Croissant-rouge algérien a été, ainsi, instruit par les pouvoirs publics pour faire parvenir à son homologue tunisien une importante aide humanitaire (Tente, couverture et médicaments). Le déploiement d’une mission médicale destinée aux ressortissants étrangers qui ont trouvé momentanément refuge en Tunisie a également été décidé, précise la même source. Le gouvernement algérien a, tout au long des derniers jours, pris des « dispositions spéciales » pour faire rapatrier les membres de la communauté algérienne qui résidaient en Libye et qui ont exprimé le souhait de revenir au pays. A cet égard, des moyens aériens maritimes et terrestres ont été déployés, rappelle le ministère des Affaires étrangères. Le gouvernement algérien a, en outre, contribué « largement » à rapatrier dans leurs pays respectifs de nombreux ressortissants de pays étrangers, tant par voies aérienne et maritime, directement de Benghazi et de Tripoli, que par voie terrestre à partir de la frontière sud de l’Algérie avec la Libye, ajoute le communiqué.
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*Des milliers de refugies attendus à la frontière algéro-libyenne..à Debdab
Les réfugiés continuent d’affluer à la frontière algéro-libyenne. Sur place, l’armée algérienne, la Protection civile, le Croissant-Rouge… s’organisent pour que l’accueil se passe au mieux. L’envoyé spécial d’El Watan raconte.
* envoyé à Debdab (Illizi)
Quinze Egyptiens en provenance de Libye, dont des membres de deux familles, ont foulé hier le sol algérien, accédant à la ville de Debdab. La veille, tard dans la nuit, dix-sept ressortissants de la même nationalité sont entrés également par ce poste frontalier alors que dix-sept autres ont été enregistrés à Tin Alkom, toujours dans la wilaya d’Illizi. Selon l’officier régional de la police, Hamid Beldjaâtit, 150 Egyptiens sont attendus à Tin Alkom, le poste le plus proche de la ville libyenne de Gharat. Si la journée d’hier a été des plus calmes – une impression amplifiée par le vent de sable qui n’a cessé de souffler sur Debdab – les autorités algériennes s’attendent à un rush dans les jours à venir. Une éventualité basée sur des informations faisant part d’une imminente évacuation de ressortissants étrangers bloqués au poste tuniso-libyen de Ras Djedour depuis une dizaine de jours, dans des conditions frôlant la catastrophe humanitaire. Tout dépendra en fait de la disponibilité en carburant, nécessaire pour le transport de milliers de personnes, qui manque sérieusement depuis la flambée de violences en Libye.
Les autorités du pays voisin n’étant plus en mesure d’assurer le carburant ou encore une quelconque assistance à ces étrangers, ces derniers devront donc se débrouiller. Du côté de la frontière algérienne, les autorités assurent avoir investi tous les moyens humains et matériels pour faciliter l’entrée des étrangers. «Nous avons tout ce qu’il faut pour faire face au rush et accueillir des milliers de ressortissants», assure encore notre interlocuteur. Par ailleurs, les chargés d’affaires auprès des ambassades égyptienne, pakistanaise et saoudienne, en plus de l’ambassadeur vietnamien en Algérie, sont arrivés hier à Debdab en vue de coordonner l’aide avec les services algériens et permettre la régularisation des réfugiés entrés en Algérie sans documents de voyages. (El Watan-04.03.2011.)
**Quelque 1800 ressortissants algériens et étrangers piégés en Libye, sont arrivés à Alger à bord du Tassili
*La délivrance !
Tripoli-Alger, un trajet de 18h a permis une impressionnante opération d’évacuation.
A la vue du port d’Alger, le Tassili II s’est transformé en un immense bateau en fête. L’euphorie est au rendez-vous. Les passagers brandissent l’étendard algérien. Au loin, les rescapés scandent «Bouteflika, Allaho Akbar, Bouteflika, Allaho Akbar» ou encore «One, two, tree Viva l’Algérie». Après près de 18 heures de traversée, précédées de deux semaines de peur et d’anxiété, les passagers étaient tellement contents et surtout soulagés, d’arriver à bon port, qu’il en ont, pour quelques heures du moins, oublié leur fatigue.
Une telle opération d’évacuation par voie maritime, est en quelque sorte une première mondiale pour l’Algérie. «C’était une opération d’évacuation au sens propre du terme, une première du genre (…) Nos agents étaient vêtus de gilets fluorescents, comme lors des exercices d’évacuation», a déclaré le commandant du navire, Djamel Malki, lors d’un échange d’appréciations avec le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Halim Benatallah. Concernant les détails des procédures d’embarquement, Malki a confié au secrétaire d’Etat. «A Benghazi, nous avons pu contrôler la situation, mais à Tripoli, nous avons eu plus de mal à le faire (…) Plusieurs personnes non concernées tentaient de s’immiscer entre les passagers.» À propos de la situation en Libye, le commandant du navire a constaté qu’«à Tripoli, nous n’avons rien ressenti, ça avait l’air calme et paisible», «on s’est senti plus en sécurité à Tripoli qu’à Benghazi». M.Benatallah remercie M.Malki d’avoir assuré le transport des voyageurs. Ce dernier, tout sourire a répondu au secrétaire d’Etat: «Vous n’avez pas à nous remercier, nous n’avons fait que notre devoir.» 753 Sahraouis se trouvaient, hier, à bord du Tassili II, c’est bien le chiffre réel officiellement communiqué à la presse. «C’est le président Bouteflika qui a pris la décision de dépêcher un bateau pour rapatrier les étrangers ainsi que les Algériens piégés en Libye». «Au nom de tous les étudiants sahraouis du Tassili II, je remercie vivement le président de la République algérienne ainsi que tout le peuple algérien», a tenu à exprimer Ammar El-Hassen Brahim, un jeune étudiant Sahraoui. «Nous sommes avec le peuple libyen (…) Son choix sera le nôtre (…) Il est le plus apte à régler ses affaires», a expliqué, de son côté, une jeune Sahraouie, étudiante en sciences exactes, dans une ville qui se trouve à 200 km de Tripoli. «Tous les étudiants sahraouis ont été rapatriés, il n’en reste aucun» ont assuré ces jeunes «Sahraouis qui ont témoigné leur gratitude envers l’Algérie, tout en précisant qu’ils ont été traités comme «des rois» selon leurs propres termes. Sur le visage des 519 Algériens rapatriés par voie maritime, tristesse et nostalgie s’entremêlaient. Et pour cause, certains d’entre eux, se retrouvent en congé provisoire. C’est le cas de trois ingénieurs algériens, travaillant dans la zone industrielle de «Ras Gherenouf» à 850 km de Tripoli. «On nous a sauvés à temps!» a déclaré l’un d’entre eux, «et au moment opportun», a paraphrasé son ami. Nous ne pouvions profiter des opérations aériennes de sauvetage, car ils nous était impossibles de rejoindre Tripoli «à cause des dangers du trajet liés aux mercenaires qui ont implanté des barrages tout au long de la route», ont-ils expliqué. «El-Gueddafi est un menteur, la situation sécuritaire est alarmante, et c’est le peuple qui s’est soulevé», a conclu l’un des trois Oranais qui se retrouvent, maintenant, face à un avenir incertain. D’autres, des femmes, y ont laissé leurs maris. C’est notamment le cas de Zahia mariée à un Libyen. «Mon mari est officier de police, il ne peut pas quitter le pays», «… Mon mari est contre cette révolution, et à Benghazi tous les habitants ne sont pas pour la révolution», a-t-elle expliqué. «La ville est divisée entre les révolutionnaires et les pro-El Gueddafi», a-t-elle poursuivi. La raison principale de ce non-ralliement à la révolution serait, selon le témoignage de cette dame, que le gouvernement intérimaire de Benghazi accepte l’aide des Américains. «Beaucoup de personnes regrettent l’insurrection, ils se sont rendu compte qu’ils n’allaient rien y gagner, elle les a divisés surtout et facilité la tâche aux Yankees», a-t-elle soutenu.
Des Marocains ainsi que d’autres étrangers de 25 nationalités différentes faisaient partie de la traversée. Attendue par une délégation marocaine, une vieille dame, perdue dans ses pensées, restait debout au milieu de la foule. A son sujet, le consul du Maroc nous a confié que «la solidarité de l’Algérie envers ses frères marocains existe depuis toujours. C’est un geste noble de la part du gouvernement algérien», (…) «entre deux peuples frères», a-t-il précisé. (L’Expression-05.03.2011.)
**Le Tassili II a accosté hier jeudi à 19h au port d’Alger avec à son bord plus de 1 800 passagers dont quelque 500 Algériens. Prévu à partir de 23h, le bateau algérien est arrivé plutôt et les passagers affirment être bien pris en charge sur tous les plans. Les passagers pour la majorité des Algériens ont embarqué depuis Benghazi lundi dernier, puis 500 autres ressortissants depuis le port de Tripoli. Rappelons que le Tassili II a quitté Alger samedi passé pour faire une escale à Benghazi, puis à Tripoli. Au total, plus de 700 étrangers, de différentes nationalités, dont des Marocains, des Tunisiens, des Américains et des étudiants sahraouis ont été embarqués à bord du navire. (source: El Watan-04.03.2011.)
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*La confusion règne en Libye
Le chaos reste maître des lieux dans un pays où la décantation tarde à s’opérer alors que les deux camps crient victoire. Bref, la confusion est l’élément le plus probant hier en Libye au dix-huitième jour de la révolte.
La Libye entame aujourd’hui son dix-neuvième jour de révolte sans que n’apparaisse clairement l’issue d’un bras de fer entre le colonel El Gueddafi et son peuple bien décidé à faire sortir le clan El Gueddafi de Tripoli et de la Libye. Toutefois, plus les jours passent, plus il devient problématique et peu évidente une victoire de la Révolution d’autant plus, qu’entretemps, El Gueddafi a réorganisé ses troupes et n’hésite pas à bombarder des villes comme cela à été le cas mercredi de la ville libérée de Brega à 200 kilomètres à l’ouest de Benghazi. L’importance de Brega est qu’elle constitue le principal site pétrolier libyen.
Dans une déclaration à la télévision Sky News, Seil el-Islam El Gueddafi expliquait que la frappe aérienne contre Brega «était destinée à effrayer» et d’ajouter: Brega est «le noeud gazier et pétrolier de la Libye (…) sans Brega, six millions de personnes n’auraient pas d’avenir, parce que c’est de là que nous exportons notre pétrole» a-t-il indiqué. Donc El Gueddafi est prêt à détruire le site pétrolier et gazier comme de priver le peuple libyen de son bien, dès lors qu’il serait contraint de quitter le pouvoir. La situation demeurait hier confuse alors que des bombardements intenses et des tirs d’artillerie ont été entendus de Ras Lanouf, à l’est de Tripoli, contrôlé par les forces fidèles au colonel El Gueddafi. Si les insurgés (en majorité de jeunes sans expérience militaire et des soldats qui ont rompu avec le régime El Gueddafi en rejoignant la révolution) progressaient hier vers l’Ouest, toujours sous le contrôle d’El Gueddafi, ils éprouvent cependant beaucoup de difficultés à coordonner leurs actions pour s’opposer à l’armée régulière libyenne qui continuait à bombarder sporadiquement des villes de l’Est solidement tenues par l’opposition.
A Tripoli même, si la ville reste aux mains des partisans d’El Gueddafi, il n’en demeure pas moins qu’un important quartier de la capitale libyenne, Tajoura – entré en rébellion dès le troisième jour de la révolte – où des affrontements quotidiens ont lieu, résiste aux tentatives de la police de récupérer le site. Si au plan interne la situation en Libye reste confuse, il en est de même à l’internationale où, selon le président américain, Barack Obama, «toutes les options (y compris militaires) sont examinées». M.Obama a assuré qu’il faisait en sorte d’avoir à disposition «toute la gamme des options». Ces options sont «militaires et non militaires», indiquant cependant que ces décisions prendront en compte «ce qui est le mieux pour le peuple libyen». Si les Etats-Unis ne rejettent pas l’éventualité d’une intervention militaire en Libye, nombreux sont les pays, à l’instar de l’Italie et de la France, qui y sont réticents, d’autant plus qu’une telle option nécessite le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU et des mandats précis en l’occurrence. Il en est de même pour la création d’une zone d’exclusion en Libye, conditionnée par la destruction de de la défense anti-aérienne (DCA) libyenne. Ce qui n‘est pas du tout évident. En attendant, une armada des pays de l’Otan fait route ou est déjà positionnée au large de la Libye. Hier, ce sont deux navires de guerre américains – l’USS Kearsarge et l’USS Ponce, détachés de la VIe Flotte – qui sont arrivés à la base miliaire de Sousa en Crête (Grèce). Toutefois, El Gueddafi a réitéré sa mise en garde contre toute intervention militaire étrangère qui pourrait, selon lui, se solder par des «milliers de morts». Justement à propos de morts, la Ligue libyenne des droits de l’Homme a affirmé mercredi que le nombre de victimes en Libye avait dépassé les 6000 morts depuis le début de la révolte le 15 février dernier. La Libye s’est engagée dans un engrenage dont il serait hasardeux de dire comment il connaîtra son issue.(L’Expression-05.03.2011.)
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Le monde en folie
*Des milliers de personnes continuent à fuir la Libye par air, mer, terre
** Près d’un million et demi d’Egyptiens et environ 50.000 Tunisiens travaillaient en Libye…des milliers de Chinois, 60.000 Bangladais, 30.000 Philippins, 23.000 Thaïlandais, et 18.000 Indiens.., des Coréens, des Brésiliens, des Italiens, des Grecs, des Allemands, des Britanniques., des Turcs…des Algériens et autres ressortissants du Maghreb et d’Afrique….Tout ce beau monde s’est trouvé tout d’un coup, pris dans le tourbillon des insurrections et a perdu ses emplois ! Ainsi, de nombreux pays ont accéléré l’évacuation par air, mer et terre de leurs ressortissants, permettant à des milliers d’entre eux de quitter la Libye dans un véritable exode….Des milliers de Chinois employés en Libye dans la construction ferroviaire, le pétrole ou les télécommunications ont accosté dans le port d’Héraklion, dans l’île grecque de Crète, au cours d’une gigantesque opération maritime lancée par la Chine à l’aide de ferries grecs. Un premier bateau provenant de Benghazi est arrivé en fin de matinée à Heraklion, chef-lieu de l’île, suivi d’un deuxième, débarquant au total 4.400 personnes, essentiellement de nationalité chinoise.Par ailleurs, des centaines d’étrangers, fuyant les violences en Libye, entrent en Algérie par voie terrestre via les postes frontaliers de Debdeb, Tarat et Tinalkoum (Sud-Est algérien)… (lire la suite…cliquer ici: *La Libye au pire moment de son histoire ?
*Cet homme est présenté comme un opposant au régime Kadhafi…il porte des munitions à Ajdabiya, Libye, le 2 mars 2011…il ne lui reste plus qu’à lui ajouter par certaines TV mondiale le terme de “manifestant pacifique”
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Un appel urgent à une «évacuation massive de milliers de personnes fuyant la Libye» est lancé par l’ONU.
Les organisations internationales tirent la sonnette d’alarme quant aux conditions déplorables que vivent les milliers d’étrangers qui tentent de fuir la Libye. Suite à la montée de violence, le pays est devenu dangereux et invivable, surtout que les étrangers qui y vivaient ou y travaillaient ….Des milliers de réfugiés s’entassaient du côté tunisien près du poste-frontière de part et d’autre de la route, tandis que des centaines d’autres attendaient de pouvoir franchir la frontière, a constaté une journaliste de l’AFP. Confirmant cette situation, la porte parole du Haut commissariat aux réfugiés (HCR-ONU) a indiqué hier qu’une foule venant de Libye s’étendant «sur des kilomètres et des kilomètres à perte de vue» se pressait à la frontière tunisienne, qui a lancé un nouvel appel pour que des «centaines d’avions soient affrétés» afin d’évacuer les gens. «Mes collègues sur le terrain me disent que sur des kilomètres et des kilomètres, à perte de vue, une foule se presse pour traverser», a souligné Sybella Wilkes, porte-parole du HCR. Des réfugiés fuyant la Libye affluaient toujours en masse hier au poste-frontière de Ras Jedir, «au rythme de 10.000 par jour», selon le colonel Moez Dachraoui, chef du poste de commandement des pompiers, qui craint «une catastrophe humanitaire, surtout du point de vue sanitaire». «Nous avons une moyenne de 10.000 personnes par jour depuis le 20 février, parfois jusqu’à 15.000 et ça augmente. Plus de 20.000 personnes attendent du côté libyen» de la frontière, a déclaré l’officier qui dirige l’opération d’accueil des réfugiés venant de Libye. Selon lui, 81.000 réfugiés sont arrivés à Ras Jedir depuis le 20 février dont 31.000 Egyptiens. «L’envoi des réfugiés vers leur pays (d’origine) est très lent, surtout dans le cas des Egyptiens», a ajouté le colonel Dachraoui. Un camp militaire a été monté à 7 km du poste de Ras Jedir, d’une capacité d’accueil de 10.000 personnes, mais il est déjà arrivé à saturation, selon l’officier tunisien.
La situation à la frontière entre la Libye et la Tunisie a atteint un niveau critique. L’ONU a lancé mardi un «appel urgent» à la communauté internationale en vue d’une évacuation humanitaire massive de dizaines de milliers de personnes fuyant la Libye et attendant actuellement du côté libyen de la frontière avec la Tunisie de pouvoir entrer dans ce pays.
Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont lancé en commun cet appel. Elles demandent à la communauté internationale de «fournir d’urgence des moyens financiers et logistiques massifs, dont des avions, des bateaux et du personnel spécialisé».
Les deux organisations qualifient cette opération d’«essentielle» car, explique le HCR, la situation à la frontière «empire d’heure en heure» en raison de la surpopulation.
Une foule s’étendant «sur des kilomètres et des kilomètres» venant de Libye se presse à la frontière tunisienne, a déclaré hier une porte-parole du HCR, qui a lancé un nouvel appel pour que des «centaines d’avions soient affrétés» afin d’évacuer les gens. Le HCR s’inquiète plus particulièrement du sort de certains migrants originaires d’Afrique sub-saharienne qui sont empêchés de franchir la frontière tunisienne. Ce sont «ceux qui ont le plus peur en ce moment», a insisté la porte-parole de l’agence de l’ONU. Ainsi, l’Italie estime qu’il y a environ 1,5 million «d’immigrés clandestins» en Libye qui tentent de sortir du pays à l’ouest ou à l’est mais qui pourraient aussi se diriger vers l’Italie, a affirmé hier le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni. «Il y a 1,5 million de clandestins en Libye: ces jours-ci, ils fuient vers l’ouest (vers la Tunisie, ndlr) et vers l’est (vers l’Egypte) mais je m’attends à ce qu’à l’avenir ils puissent également aller vers le nord», en direction de l’Italie, a déclaré le ministre lors d’une audition devant le Parlement
De son côté, une porte-parole de l’OIM, Jemima Pandya, avait expliqué que d’autres groupes de migrants, à la frontière tunisienne, dont des Népalais, des Ghanéens et des Nigérians, «avaient un besoin urgent d’aide», étant forcés de dormir à la belle étoile par des «températures glaciales». De son côté, l’Union européenne s’est déclarée prête à faire face à un afflux massif de réfugiés en provenance de la Libye (…) a assuré le numéro deux de la diplomatie européenne…. (source: l’Expression-03.03.2011.)
**Monde arabe: Des lendemains incertains !
La Tunisie a montré la voie, l’Egypte a suivi, imitée par la Libye alors que nombre d’autres pays arabes se sont engouffrés dans la brèche ainsi ouverte. Mais la révolution peut-elle aller loin sans tête pensante, sans organisation? sans stratégie…
Le peuple a marché, il a vaincu. Certes! Toutefois, comme on le voit en Tunisie – où le cafouillage est à son comble alors que la révolution se délite – et en Egypte – où le nombre de caciques de l’ancien régime sont toujours en place alors que les hésitations et les temporisations risquent de remettre en question les acquis populaires – les révolutions qui ne portent pas un projet de société et ne sont pas soutenues par des forces organisées capables de canaliser et d’exprimer ces demandes, ont de fortes chances de tourner court. Les révoltes du peuple en Tunisie et en Egypte, celles en cours en Libye, au Bahreïn, au Yémen et Oman, notamment sont un signal fort de peuples arabes qui veulent se défaire de despotes qui les ont muselés durant de longues décennies. Or, face aux contingences qu’ils ne savent pas toujours prendre en charge, les «nouveaux» dirigeants des pays «libérés» du joug de l’oppression hésitent sur les choix des priorités, comme sur le choix des hommes, encore qu’il semble que, de ce côté, il y ait plutôt carence d’hommes de la situation. La Tunisie contrainte de faire appel à un homme de 84 (l’ancien chef de la diplomatie de Habib Bourguiba, Béji Caïd Essebsi) pour diriger la transition en atteste à suffisance. Il y a donc aujourd’huis le risque, autrement plus périlleux, tant du retour de régimes fraîchement chassés du pouvoir que, plus grave encore, celui d’une intervention internationale, sous prétexte de sauvegarde de la stabilité de la région, humanitaire et autres… D’ailleurs, des voix, ici et là, en Europe et aux Etats-Unis suggèrent même la possibilité d’une intervention de l’Otan. Ce qui serait suicidaire pour la paix dans la région méditerranéenne, mais surtout risqué pour les pays d’Afrique du Nord qui n’accepteront jamais une intervention militaire étrangère sur leurs territoires. C’est le cas singulièrement de la Libye ou, contre toute raison, le colonel Mouamar El Gueddafi résiste toujours et, pire, nie toute révolte dans son pays, affirmant même, dans une de ses dernières élucubrations, que le peuple libyen «l’adore». Or, une intervention militaire étrangère en Libye ouvrirait la voie à toutes les dérives dont la moindre ne serait pas de transformer la Libye en nouvelle Somalie, où le pouvoir s’est totalement désagrégé après la chute du président somalien Mohamed Siad Barre en 1991. Et le pire c’est que ce qui menace la Libye aura un contre-coup, sur l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte, voisines de la forteresse où s’est cadenassé le clan El Gueddafi. Ce dernier faisant fi des mises en garde internationales, a porté hier une contreattaque militaire contre la ville «libérée» de Brega (à 200 km de l’ouest de Benghazi tête de pont de la révolution). Mais il y a aussi le fait que la révolte en Libye commence à perdre pied, quand ce sont certains de ses «dirigeants», n’espérant plus renverser El Gueddafi par la révolte populaire, qui ne rejettent plus le principe de faire appel à des «frappes aériennes» étrangères. Cela montre au moins que si le peuple peut venir à bout de la dictature par sa seule volonté de changement, il reste inopérant et incapable de prendre en charge la suite des évènements dès lors que le mouvement n’est pas organisé, ne dispose pas d’un programme et surtout de têtes «pensantes» capables de voir loin et d’anticiper les évènements. A Tunis, la révolution se délite face aux atermoiements et aux difficultés de mettre en place un vrai gouvernement de transition avec une feuille de route et des objectifs clairs. En Egypte, c’est toujours la même équipe, à quelques éléments près, qui a servi Moubarak qui mène aujourd’hui, ou prétend mener, à son terme le «cahier des charges» stipulé par la révolte populaire. Des despotes qui ont régné durant des décennies sur leurs peuples ne sont pas prêts à «quitter la table» sur simple demande des millions de laissés- pour-compte de leur domination. Qu’ils soient au Yémen (Saleh est au pouvoir depuis 32 ans) à Oman (l’émir Qabous gouverne depuis 40 ans l’émirat), pour citer les deux pays arabes où la révolte a franchi de nouvelles étapes, les dirigeants arabes ont la même conception du pouvoir «ils y sont, ils y restent».
Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, face à son incapacité à mater la révolte a fini par accuser Washington et Israël d’être derrière la «déstabilisation» du Monde arabe. Tiens donc! Les Etats-Unis et Israël déstabilisant des régimes qui mangeaient dans leurs mains et surtout dont la survie dépendait complètement de la bienveillance américaine. C’est le cas pour l’Egypte de Moubarak, l’Arabie des Al Saoud ou encore… du Yémen de Ali Abdallah Saleh, le meilleur «allié» de Washington dans la «lutte» contre le terrorisme et Al Qaîda. Ce que d’ailleurs le président Saleh ne se fit pas faute de rappeler à ses «alliés» américains. Comme El Gueddafi, prêt à tuer des milliers de ses compatriotes pour conserver le pouvoir, Saleh, qui n’est pas encore passé à l’action, n’en pense pas moins puisqu’il ne veut pas entendre parler de départ comptant, au contraire, achever son mandat qui court jusqu’en 2013. Constat: le terrible vide politique que les despotes arabes ont fait autour d’eux, fait qu’aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative sérieuse et ou crédible de pouvoir dans les pays «libérés» de la dictature ou en phase de l’être. Triste! (L’Expression-03.03.2011.)
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