France: crise de la gouvernance Sarkozy
27 02 2011*mini-remaniement ministériel
** MAM et Hortefeux sortent, remplacés par Juppé et Guéant.
C’était réglé comme du papier à musique : après les fausses notes accumulées dans les affaires intérieures (les cigares de Christian Blanc, le jet d’Alain Joyandet, l’affaire Bettencourt-Woerth…), le remaniement du 14 novembre devait remettre de l’ordre dans l’orchestre gouvernemental.L’affaire étant annoncée depuis cinq mois, le chef de l’Etat avait eu le temps d’hésiter puis de choisir : ce sera un gouvernement recentré sur l’UMP pure et dure et tout entier tourné vers 2012. Prière de mettre la politique intérieure entre parenthèses, place à la séquence internationale qui devait redorer l’image de Nicolas Sarkozy, via la présidence des G20 et G8.Le disque s’est cependant complètement rayé. L’impact international a bien eu lieu, mais seulement pour accroître ce qu’on peut désormais appeler « le quinquennat des coquins ». Et montrer à la face du monde que la représentante française des Affaires étrangères, comme ses proches, fréquentaient de trop près des dictateurs en toute impunité.Sans compter que, au nom de l’amitié, le chef de l’Etat n’avait pas purgé en novembre tous les risques de polémiques intérieures. Après avoir été condamné pour injure raciale le 4 juin dernier, Brice Hortefeux avait été une nouvelle fois condamné en première instance le 17 décembre, pour atteinte à la présomption d’innocence d’un ex-conseiller ministériel.**Un douzième changement de gouvernementNicolas Sarkozy n’aime pas punir et encore moins être poussé par l’opinion publique à agir. Mais il a perdu la main et a été contraint d’entreprendre et d’annoncer lui-même ce dimanche soir un douzième changement de son gouvernement depuis mai 2007 ; le quatrième en moins d’un an. Sans un mot pour les ministres sortants.
Un changement forcé et de poids, puisqu’il concerne trois des quatres ministères régaliens. Et voit sortir deux ministres présents sans discontinuer dans tous les gouvernements depuis respectivement neuf et six ans :
*Michèle Alliot-Marie quitte le ministère des Affaires étrangères, même si elle assurait samedi encore être « sereine » sur son avenir.
*Brice Hortefeux quitte le ministère de l’Intérieur, même s’il a tenté de plaider sa cause tout le week-end auprès du Président.
Deux départs qui entraînent un jeu de chaises musicales et trois remplacements à la portée non moins symbolique :
*Alain Juppé est nommé au ministère des Affaires étrangères. L’ancien ministre de la Défense se retrouve bombardé « sauveur suprême de la diplomatie française » et chargé d’incarner le sérieux et la rigueur. Ironie d’une histoire que le chef de l’Etat ne contrôle plus : l’ancien Premier ministre représentait jusque récemment l’un de ses plus constants opposants au sein de la majorité.
*Gérard Longuet est nommé au ministère de la Défense. Souvent annoncé ces derniers mois, le président du groupe UMP au Sénat débarque à la Défense. Celui qui avait dû démissionner du gouvernement Balladur en 1994 à cause de l’affaire du financement occulte du Parti républicain, avant de bénéficier d’un non-lieu, va incarner au gouvernement la fibre libérale de la majorité.
*Claude Guéant est nommé au ministère de la l’Intérieur. Premier collaborateur de Nicolas Sarkozy depuis 2002, le préfet de métier vient mettre de l’ordre dans un ministère qu’il n’avait jamais quitté du regard : l’Intérieur. En le nommant à la place de Brice Hortefeux, le chef de l’Etat conserve un proche à la tête de la place Beauvau.
**La gouvernance parallèle à l’Elysée en perte de vitesse
Autre symptôme de la crise du sarkozysme, le dispositif de gouvernance parallèle à l’Elysée qui perd en puissance :
*Xavier Musca, ancien directeur du Trésor et discret secrétaire général adjoint de l’Elysée, remplace le secrétaire général, Claude Guéant.
*Brice Hortefeux est nommé à un obscur poste de conseiller politique. Le palais décline au point de servir à recaser les amis du chef de l’Etat.
*Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique du Président, reste mais pour combien de temps ? Selon nos informations, le chantre de cette realpolitik tant décriée a fait valoir ses droits à la retraite, mais son départ n’est pas donné comme imminent.
Ne s’ajoutent pas, en revanche, des changements dans les secrétariats d’Etat, comme prévu en décembre pour combler quelques trous et ménager des susceptibilités.
Restent les cantonales et Patrick Ollier
Si le Président a cédé, c’est qu’à la pression populaire s’est ajoutée, ces derniers jours, celle issue des rangs de la majorité. Tel un Alain Juppé sur France Inter, pour qui il appartenait « aux autorités compétentes de l’Etat d’en tirer les conséquences ». Ou plus clairement un Bernard Debré sur RTL, le député UMP qui avait clairement appelé au départ de la pensionnaire du Quai d’Orsay.
En cas de confirmation des sondages défavorables à l’UMP et ses alliés aux élections cantonales des 20 et 27 mars prochains, il sera toujours temps d’effectuer quelques ajustements cosmétiques à cette nouvelle-nouvelle-nouvelle équipe gouvernementale.
Ou encore si la polémique autour de Patrick Ollier prennait de l’ampleur. Considéré comme un « frère » par le colonel Kadhafi, la situation en Libye pourrait provoquer la chute du compagnon de Michèle Alliot-Marie. Nicolas Sarkozy n’a pas voulu s’acharner sur le couple ; il pourrait le payer.
*Sans les gaullistes, les centristes et les femmes
A côté des affaires politico-judiciaro-diplomatiques, le quinquennat de Nicolas Sarkozy aura été marqué par son incapacité à constituer des gouvernements efficients. Un biais visible dès le début de son mandat, avec une première équipe composée davantage pour l’image (via l’ouverture et la diversité) que pour les compétences (censées être concentrées entre les mains des conseillers à l’Elysée).
Celui qui disait vouloir rassembler a finalement fait voler en éclats sa majorité, qui va avoir du mal à se reconnaître dans ce gouvernement :
*Affaiblissement des gaullistes, avec le départ de l’historique Michèle Alliot-Marie.
*Pas de retour des centristes de poids, tels Jean-Louis Borloo ou Hervé Morin.
*Déclin des femmes, plus aucune n’est ministre d’Etat et il n’y en a que sept sur vingt ministres.
Cette instabilité se mesure aussi entre les deux têtes de l’exécutif. François Fillon, qui était apparu comme l’homme fort du dernier remaniement, se retrouve cantonné à jouer de nouveau les seconds rôles.
Le « gouvernement de professionnels », selon l’expression du Président en novembre, a fait long feu. Le chef de l’Etat parle aujourd’hui d’« hommes d’expérience », au risque de la redondance. Il reste quinze mois à tenir avant mai 2012 et la prochaine élection présidentielle. Une éternité pour un gouvernement de Nicolas Sarkozy. (Rue89-27.02.2011.)
Photo : Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy, à Epinay-sur-Marne en 2009 .
***MAM: l’insubmersible finalement coulée
PORTRAIT – Incontournable, Michèle Alliot-Marie n’a pourtant jamais fait partie des proches de Sarkozy…Michèle Alliot-Marie s’était forgée une réputation de Dame de fer à la française en passant par tous les ministères régaliens tout au long d’une carrière à la longévité exceptionnelle. Mais elle n’était pas inoxydable. Poussée à quitter ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, cette figure d’un gaullisme traditionnel passé de mode sous la présidence de Nicolas Sarkozy a trébuché sur le «printemps arabe» et ses amitiés tunisiennes. MAM, «RPR canal historique»Nommé il y a seulement un peu plus de 100 jours au Quai d’Orsay, elle aura résisté jusqu’au bout à l’idée de démission en affirmant ne pas comprendre ce qui lui est reproché. Fidèle de l’ex-président Jacques Chirac, elle a appartenu à tous les gouvernements de droite depuis 2002 sans pour autant avoir donné son nom à de grandes réformes. «Si elle est restée aussi longtemps c’est avant tout parce qu’elle incarne le RPR canal historique», estime un familier des cabinets ministériels en faisant allusion au parti créé par le prédécesseur de Nicolas Sarkozy.Michèle Alliot-Marie, 64 ans, a vu son rêve d’accéder au poste de Premier ministre s’envoler lors du remaniement du 14 novembre. Elle n’a dâ à l’époque sa nomination au ministère des Affaires étrangères qu’au refus d’Alain Juppé et de Jean-Louis Borloo de remplacer Bernard Kouchner.
«On pensait avoir avec elle une vraie professionnelle»
Elle a cependant été accueillie dans un premier temps avec bienveillance par les diplomates français. «Après les ministres calamiteux qu’ont été Philippe Douste-Blazy et Bernard Kouchner, on pensait avoir avec elle une vraie professionnelle», témoigne l’un d’eux. Adepte du tailleur pantalon, cette femme élégante à la mise stricte, au maintien un peu raide, voir martial, au sourire un rien crispé, regard bleu derrière des lunettes et chevelure blonde coupée court, avait gagné le respect des militaires, à la tête du ministère de la Défense.
Après quelques velléités de tenter sa chance à l’élection présidentielle – elle affronte alors Nicolas Sarkozy avant de jeter l’éponge – elle a la tâche malaisée de succéder en 2007 à ce dernier au ministère de l’Intérieur. Une autre première. Son arrivée en juin 2009 au ministère de la justice apaise provisoirement une magistrature en ébullition après le passage mouvementé de Rachida Dati au poste de Garde des Sceaux.
*Avion privé
Le 14 novembre, fait sans précédent sous la Ve République, elle est rejointe au gouvernement par son conjoint Patrick Ollier, chargé des Relations avec le Parlement et ex-président à l’Assemblée nationale d’un groupe d’amitié avec la Libye, où il était un des contacts de Paris avec le régime Kadhafi. Quelques semaines plus tard, c’est avec lui qu’elle va en Tunisie pour les fêtes de fin d’année alors que commencent les émeutes qui conduiront à la chute du président Zine Ben Ali. Elle y profite de l’avion privé d’un homme d’affaires tunisien de ses amis, lié au régime, Aziz Miled, à qui ses parents, qui sont du voyage, achètent un appartement.
Au Quai d’Orsay, où elle paraît surtout avoir été nommée par défaut, parce qu’elle paraît ne pas y faire d’ombre à Nicolas Sarkozy et aux conseillers qui conduisent avec lui la politique étrangère française, la déception succède vite à l’engouement. La polémique autour de ses vacances tunisiennes écorne son image de rigueur. Son offre maladroite du savoir-faire français en matière de maintien de l’ordre à un régime tunisien aux abois avait alors déjà accentué le malaise de diplomates qui se sentent maltraités par le pouvoir.
Aujourd’hui, sans enfants, repliée sur son cercle familial, elle paraît bien seule malgré le club qu’elle a créé en 2006, Le Chêne, pour tenter de relancer le mouvement gaulliste. Il lui reste le Pays Basque, où elle a commencé en politique dans les pas de son père, Bernard Marie, qui a longtemps fait la pluie et le beau temps à Biarritz. Elue députée des Pyrénées-Atlantiques à toutes les élections législatives de 1986 à 2002 et maire de Saint-Jean-de-Luz en 1995, elle est encore première adjointe de cette municipalité. (20Minutes avec Reuters-27.02.2011.)
**Sarkozy tente de faire oublier le naufrage de sa diplomatie
Nicolas Sarkozy justifie le remaniement par les bouleversements du monde arabe, sans évoquer MAM.
L’opération sauvetage de la politique étrangère française est lancée. Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères discréditée, a annoncé sa démission à contre-coeur, et elle a été remplacée par Alain Juppé. Le jeu de chaises musicales touche la Défense, confiée à Gérard Longuet dont c’est le grand retour au gouvernement, alors que Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, devient ministre de l’Intérieur à la place de Brice Hortefeux. Ce dernier, sous le coup d’une double condamnation en justice, quitte lui aussi le gouvernement pour devenir conseiller à l’Elysée.
Dans un discours de six minutes dimanche soir à la télévision, Nicolas Sarkozy a tenté de faire bonne figure dans ce remaniement aux allures de sauvetage d’un naufrage, en justifiant ces changements par l’ampleur des bouleversements du monde arabe.
Dans un discours très « présidentiel », il a salué les révolutions démocratiques avec plus de chaleur que dans ses précédentes déclarations. Mais il a aussi joué sur la « peur » que pourrait inspirer une vague migratoire sans précédent et une instabilité chronique sur la rive sud de la Méditerranée pour justifier la réorganisation de son gouvernement. Il a suggéré une réponse européenne pour accompagner ces changements, ressortant de l’oubli son projet d’Union pour la Méditerranée.
A aucun moment, le Président n’a toutefois cité MAM ou Brice Hortefeux, sinon dans une phrase expliquant que c’est la recherche d’« efficacité » qui guidait ses choix. Il fallait faire oublier une embarrassante crise politque et éthique.
*MAM quatre fois nommée à la tête d’un ministère régalien
Cela fait plus d’un mois que Nicolas Sarkozy tergiversait, mais il s’est finalement décidé à se débarrasser de Michèle Alliot-Marie, poids lourd de son gouvernement, engluée dans une succession d’« affaires », de mensonges à répétition, et d’erreurs politiques depuis le début du soulèvement en Tunisie.
Ancienne présidente du RPR, quadruple ministre régalienne (Justice, Intéreur, Défense et Affaires étrangères), MAM a explosé en vol deux mois à peine après le remaniement de novembre, qui devait pourtant amener le gouvernement de François Fillon jusqu’à l’élection présidentielle de mai 2012.
Le premier acte de cette humiliante journée pour l’UMP a donc été le départ forcé de Michèle Alliot-Marie, qui, samedi encore, affirmait qu’elle était « à fond dans son travail » et n’envisageait pas cette sortie.MAM, qui dit dans sa lettre de démission n’avoir « commis aucun manquement », montre à qui veut une note manuscrite que Nicolas Sarkozy lui a fait passer lors d’un conseil des ministres, lui disant : « tes amis sont avec toi »…***Dans sa lettre de démission à Nicolas Sarkozy, MAM écrit :
« Bien qu’ayant le sentiment de n’avoir commis aucun manquement, j’ai (…) décidé de quitter mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et européennes.
Je vous demande de bien vouloir accepter ma démission.
Depuis quelques semaines, je suis la cible d’attaques politiques puis médiatiques, véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. »
**Patrick Ollier donné partant
Son compagnon, Patrick Ollier, conserve son poste de ministre des Relations avec le Parlement, alors qu’il est lui aussi empêtré dans les affaires, celles de l’escapade « dictatoriale » de décembre en Tunisie dont il était, mais surtout ses connivences libyennes avec Kadhafi qui pourraient se révéler autrement plus embarrassantes.
Ces décision ont été prises à peine 106 jours après des changements si importants qu’il avait mis cinq mois à se décider à les faire, hésitant jusqu’au bout à garder François Fillon ou à le remplacer par Jean-Louis Borloo ou par… MAM qui s’était dite « prête » dans Le Figaro.
**Derrière les fautes de MAM, la faillite de Sarkozy
Mais surtout, le chef de l’Etat avait pour but de convaincre de la cohérence de sa politique étrangère, et assurer aux citoyens que la France, comme l’a affirmé sans sourciller sa « plume » Henri Gauino dans Le Monde de samedi, « n’a jamais été aussi entendue » et que « l’on n’a peut-être jamais attendu d’elle dans le monde depuis au moins deux décennies ».
Ça va être dur : le départ précipité de Michèle Alliot-Marie a révélé la faillite de cette politique étrangère, non pas tant parce qu’elle a été prise par surprise par les événements tunisiens et de l’ensemble du monde arabe – qui ne l’a pas été ? –, mais par tous ces petits arrangements entre amis qui illustrent aussi un manque d’éthique et de vision dans la conduite de ces affaires.
Le problème est qu’au-delà de Michèle Alliot-Marie, c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui est visé, car la politique étrangère fait partie du « domaine réservé » du Président dans la Ve République, plus encore avec cet hyperprésident qui centralise tout le contrôle à l’Elysée.
Et c’est son bilan que font, en creux, les diplomates « dissidents » du « groupe Marly » lorsqu’ils dénoncent l’affaiblissement global de la politique étrangère française (« La voix de la France a disparu dans le monde »), ou ceux, dimanche, du « groupe Albert Camus » qui, dans Libération, demande que la politique étrangère soit « remise à plat » après le départ annoncé de MAM.
Nicolas Sarkozy joue gros, car, au plus bas dans les sondages, il avait misé une partie de sa stratégie de reconquête sur l’image de « maître du monde » qu’allait pouvoir lui donner la présidence française du G8 et du G20, qui tombe opportunément dans cette dernière ligne droite de son mandat, avant le lancement véritable de la campagne électorale de 2012.
**L’aspirant maître du monde est devenu la risée du monde
Or, en fait de maître du monde, il devient la risée du monde, à devoir gérer les vacances de ses principaux ministres (MAM mais aussi Fillon, en Egypte aux frais de Moubarak), au point d’annoncer en conseil des ministres, au moment où le monde arabe vivait des heures historiques, que les membres du gouvernement étaient désormais privés de vacances à l’étranger sans permission.
Le texte d’Henri Guaino, publié samedi par Le Monde, est, de ce point de vue, un remarquable exemple de la méthode Coué sarkozyste. Répétez plusieurs fois, contre toute évidence, que la France n’a « jamais été aussi écoutée », et les Français finiront par le croire.
Mais d’abord, il faut faire le ménage, et débarrasser le paysage d’encombrants personnages qui n’ont, de surcroit, jamais été associés au premier cercle sarkozyste. Exit MAM, donc, en espérant limiter la casse dans l’opinion qui a décidément bien du mal à croire à la « représidentialisation » du Président.
Il reste que l’enjeu des transformations du monde arabe est réel et considérable, et il faut espérer que, cette fois, Nicolas Sarkozy en a réellement pris la mesure, et que l’Europe sera au rendez-vous de l’histoire. (Rue89-27.02.2011.)
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*Claude Guéant, de l’ombre à la lumière
On l’appelait « le cardinal », rapport à sa réserve, mais aussi à son influence sur la conduite des affaires françaises. Véritable vice-président, ou vice-premier ministre, Claude Guéant a accompagné durant quatre ans Nicolas Sarkozy dans son exercice du pouvoir. Sa nomination à l’intérieur sonne comme un retour aux sources, et marque la volonté de Nicolas Sarkozy de préparer 2012.Il est dans l’ombre de Nicolas Sarkozy depuis 2002. Issu du corps préfectoral, il avait été conseiller du ministre de l’intérieur. Les deux hommes ne se sont, depuis, jamais quitté, M. Guéant fut le directeur de cabinet du minstre de l’intérieur, puis garda le même rôle lorsque ce dernier fut nommé à l’économie.Familier du fonctionnement de la Place Beauvau, Claude Guéant remplaçait Nicolas Sarkozy dans la gestion quotidienne de ce ministère, lui permettant de préparer l’élection présidentielle. Nicolas Sarkozy aurait souhaité lui accorder la préfecture de police de Paris, mais face au refus de Jacques Chirac, le nomma à la tête de sa campagne 2007.
UN « VICE-PRÉSIDENT » AU COEUR DE L’ÉLYSÉE
Non issu du sérail politique, Claude Guéant a su mener cette campagne à son terme. Et c’est tout naturellement qu’il s’est glissé dans les habits de secrétaire général de la présidence de Nicolas Sarkozy. Un secrétaire général actif et présent dans les médias, contrairement à la plupart de ses prédecesseurs. Et un homme craint des ministres dont il pouvait faire et défaire la carrière. Ce qui lui avait valu le surnom de « vice-président ».
Claude Guéant sera désormais à la tête de ce ministère de l’intérieur qu’il connaît si bien. La sécurité, axe majeur de la conquête du pouvoir par Nicolas Sarkozy, « marqueur » de son identité politique, est primordiale dans le projet de la droite pour 2012. Les chiffres de la lutte contre la délinquance marquent le pas et les sondages montrent que le chef de l’Etat est en recul sur ces questions. La nomination de son secrétaire général signifie sans doute que la campagne de Nicolas Sarkozy se fera aussi sur ce terrain. (Le Monde-27.02.2011.)
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*Alain Juppé, retour en grâce
Alain Juppé reprend le Quai d’Orsay. Une forme de retour aux sources pour l’ancien premier ministre. C’est à la tête de ce même ministère qu’Alain Juppé s’était forgé une popularité, lors du gouvernement Balladur, entre 1993 et 1995. Depuis, il a été premier ministre, a connu l’impopularité à la suite des mouvements sociaux de 1995, qui ont conduit Jacques Chirac à dissoudre l’Assemblée, précipitant la cohabitation avec le gouvernement Jospin. Alain Juppé, lui, tombait au même moment dans la spirale des affaires liées au RPR. Une phase difficile, qui l’oblige à se recentrer sur sa ville, Bordeaux.
Alain Juppé est un miraculé. En 2004, il est condamné à 18 mois avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, une peine assortie de dix dans d’inéligibilité, équivalant à une peine de mort politique. La cour d’appel commue l’année suivant cette peine à un an, ce qui sauve le maire de Bordeaux.
JUPPÉ L’ÉCOLO
Mais ce dernier décide de prendre du champ, et part vivre à Montréal, au Québec. Ecarté de la vie politique nationale, il se transforme en « sage » de la droite, distillant depuis son blog avertissements et avis plutôt écoutés.Il développe également un intérêt pour les questions d’écologie.
Alain Juppé revient sur le devant de la scène en 2007. Rallié à Nicolas Sarkozy, il obtient le « grand ministère » dont il rêvait, celui de l’écologie, du développement durable et de l’environnement. Mais la malédiction politique le poursuit : Nicolas Sarkozy a demandé à ses ministres d’être candidats aux législatives, et conditionné leur maintien au gouvernement à leur victoire à cette élection. Alain Juppé échoue. Avec 49 % des voix, il perd face à la socialiste Michèle Delaunay.
Comme promis, il quitte donc le gouvernement et assure qu’il se consacrera désormais uniquement à sa ville. Ce qui lui vaut d’être largement réélu l’année suivante à la mairie de Bordeaux. Nicolas Sarkozy, conscient de l’aura de M. Juppé au sein de l’UMP, lui confie des missions et des réflexions, notamment avec Michel Rocard sur le grand emprunt. Alain Juppé profite de cette liberté pour dispenser ses avis et ses critiques, sur le bouclier fiscal ou la politique sécuritaire.
UNE PRISE DE CHOIX
En 2010, alors que Nicolas Sarkozy cherche à marquer un changement avec notamment un nouveau gouvernement de « poids lourds », Alain Juppé constitue une prise de choix. Selon certaines sources, l’ancien premier ministre se voit proposer le Quai d’Orsay, mais pose des conditions d’autonomie qui ne sont pas acceptées. Le voilà donc à la défense, où il remplace le centriste Hervé Morin.
Quelques mois plus tard, la nomination du ministre aux affaires étrangères apparaît donc comme naturelle pour y remplacer Michèle Alliot-Marie. Et Alain Juppé, qui fait figure de recours à droite, peut se réjouir. Lui qu’on disait mort politiquement en 2004 est devenu un incontournable à l’UMP. (Le Monde-27.02.2011.)
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