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La Libye vit les pires moments de son histoire

22022011

*La Libye vit les pires moments de son histoire

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** trois soldats néerlandais faits prisonniers en Libye…après une opération militaire qui a échoué

Les Pays-Bas assuraient vendredi utiliser « tous les moyens diplomatiques possibles » pour faire libérer trois soldats faits prisonniers en Libye…. »Nous faisons tout notre possible pour les ramener et utilisons tous les moyens diplomatiques possibles », a affirmé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte devant la presse à La Haye.
« Ce qui est important maintenant, c’est d’obtenir aussi vite que possible le retour d’eux trois en aussi bonne santé que possible », a ajouté le Premier ministre.
M. Rutte a refusé de livrer le moindre détail sur les circonstances de l’arrestation des soldats, tenue secrète quatre jours durant: « Aussi longtemps que j’estimerai qu’il vaut mieux dans cette affaire que le gouvernement et moi-même gardions le silence, nous le ferons ».
La version donnée: Un hélicoptère militaire Lynx, basé sur une frégate néerlandaise stationnée au large des côtes libyennes, s’était rendu dimanche sans autorisation de la Libye à Syrte,  pour évacuer un ingénieur néerlandais et un autre civil européen.
Mais les choses ont mal tourné une fois l’appareil au sol: le Lynx néerlandais a été pris d’assaut par des hommes armés du colonel Kadhafi qui l’ont empêché de décoller. Ses trois membres d’équipage, dont une femme, ont été faits prisonniers et les deux civils remis mercredi à l’ambassade des Pays-Bas à Tripoli.
L’opération d’évacuation s’est déroulée à l’insu des autorités libyennes mais avec l’aval des ministères néerlandais de la Défense et des Affaires étrangères ainsi que du Premier ministre, selon le ministère de la Défense.
La télévision libyenne a diffusé jeudi des images des trois soldats, apparemment en bonne santé. Selon l’agence de presse nationale libyenne Jana, l’hélicoptère néerlandais, « confisqué », contenait des « armes automatiques », des « munitions » et des « équipements de communication satellitaires ».
« C’était une opération inconsidérée, irréfléchie, dans un secteur aux mains de Kadhafi, sans le soutien de forces spéciales », a commenté à l’AFP Ko Colijn, co-directeur de l’Institut Clingendael, spécialisé dans les relations internationales.
« Aussi longtemps que Kadhafi restera en Libye, il ne va pas les libérer rapidement. Il peut les utiliser chaque jour pour menacer l’Otan et les pays occidentaux », a-t-il ajouté.
Les opérations d’évacuation de ressortissants à l’étranger ne se font jamais sans l’autorisation des autorités locales, insiste un diplomate européen en poste à La Haye.
« Perplexe » devant cette opération d’évacuation « sauvage », il souligne que « les Pays-Bas ne sont pas un pays de cow-boys ».
La frégate Tromp était arrivée le 25 février à proximité des côtes libyennes pour une éventuelle évacuation par voie de mer en cas de fermeture de l’espace aérien libyen. Le navire, normalement affecté à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, se trouvait toujours vendredi au large de la Libye, selon le ministère de la Défense. (source: AFP-04.03.2011.)  

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 Le leader Libyen Mouammar Kadhafi, arrive à l'aéroport de Khartoum, le 21 décembre 2010.

 * Mouammar Kadhafi : « je ne suis pas partant. Je reste. »

 * Le dirigeant libyen accuse l’Occident et Al-Qaida de manipuler la jeunesse libyenne…

 «Je mourrai en martyr»

 …. »Prenez le pétrole, que chacun de vous prenne sa part du pétrole et qu’il en fasse ce qu’il veut, a-t-il dit, s’adressant aux Libyens.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dont le régime est confronté à une révolte populaire sans précédent, a menacé mardi les  »rebelles armés » de « la peine de mort » et appelé l’armée et la police à reprendre la situation en main, dans un discours retransmis à la télévision.
« Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries », a-t-il lancé.
Vers 17H00 GMT, le colonel Kadhafi, drapé dans une tunique marron, poursuivait toujours son discours entamé une heure plus tôt.
Le « Guide », qui tenait à la main son Livre vert, recueil de ses pensées publié dans les années 1970 et qui sert de Constitution au pays, a également affirmé qu’il se « battra jusqu’à la dernière goutte de (son) sang ».
« Mouammar Kadhafi n’a pas de poste officiel pour qu’il en démissionne. Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu’à la fin des jours. C’est mon pays, celui de mes parents et des ancêtres », a-t-il affirmé, dans un discours enflammé, en parlant de lui à la troisième personne…. »Prenez le pétrole, que chacun de vous prenne sa part du pétrole et qu’il en fasse ce qu’il veut, a-t-il dit, s’adressant aux Libyens.
Le colonel Kadhafi est arrivé au pouvoir après avoir renversé le 1er septembre 1969 le roi Idriss.
En 1977, il avait proclamé la « Jamahiriya » -qu’il définit comme un « Etat des masses » qui gouvernent par le biais de comités populaires élus- s’attribuant le seul titre de « Guide de la révolution ».
Il a menacé les « rebelles » d’une riposte « similaire à Tiananmen (en Chine) et Fallouja (en Irak) ».
 Fallouja avait été rasée en 2004 par deux assauts de l’armée américaine contre la rébellion. L’intervention de l’armée chinoise contre la population civile de Pékin sur la place Tiananmen, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, s’était soldée par des centaines, voire plus d’un millier de morts.
« Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution, a-t-il demandé, ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports », a-t-il dit. « Tout le monde doit prendre le contrôle de la rue, le peuple libyen doit prendre le contrôle de la Libye, nous allons leur montrer ce qu’est une révolution populaire », a-t-il ajouté, en lisant un texte dans un discours parfois ponctué de silences et de bégaiements.
« Aucun fou ne pourra couper notre pays en morceaux », a encore dit le colonel Kadhafi, qui s’exprimait devant sa maison bombardée en avril 1986 par les Américains et laissée depuis en l’état.
La Libye est touchée depuis le 15 janvier par un mouvement de contestation sans précédent…
Lundi matin, la Fédération internationale des Ligues de droits de l’Homme (FIDH) avait avancé le chiffre de « 300 à 400″ morts dans le pays.
Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée aux violences en Libye a commencé mardi à New York, l’ambassadeur d’Allemagne Peter Wittig appelant à une action « rapide et claire ».
La haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Navi Pillay a exigé l’ouverture d’une « enquête internationale indépendante » sur les violences, évoquant la possibilité de « crimes contre l’humanité ».
Plusieurs dirigeants libyens ont fait défection à l’instar du ministre de la Justice Moustapha Abdel Jalil pour protester contre les violences contre les manifestants, de même que des diplomates en poste à l’étranger.(source .AFP. et TV libyenne-22.02.2011.)

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*les pays européens inquiets, craignent Kaddafi

…à cause de la flambée des cours du pétrole brut, mais aussi du fait des liens économiques tissés avec la Libye, ou encore du risque de voir une vague d’immigrés déferler sur le continent .

La crise que connaît la Libye depuis une semaine a provoqué une flambée des cours du pétrole brut. Ce lundi, le baril de brut pointe ainsi à 105 euros. Avec 1,6 million de barils produits par jour, la Libye, membre de l’Opep, est le troisième producteur pétrolier d’Afrique derrière le Nigeria et l’Angola. Elle détient les plus grosses réserves de pétrole d’Afrique et exporte 80% de son or noir vers l’Europe, en particulier l’Italie, son ancienne puissance coloniale.

La France importe pour sa part quelque 6,5% de sa consommation journalière de Tripoli, soit l’équivalent de 133.000 barils par jour. Une faible dépendance au brut libyen, mais les prix à la pompe vont tout de même augmenter.

Côté affaires, c’est surtout l’Italie qui est inquiète, en raison des liens historiques et économiques entre les deux pays. En témoigne le vent de panique qui a soufflé sur la Bourse de Milan lundi, qui a perdu 3,6%. L’ancienne puissance coloniale est en effet le premier partenaire commercial de Tripoli: en 2009, l’Italie était le premier débouché des exportations libyennes (20%) et le premier exportateur en Libye, avec une part de marché de 17,5%. 180 entreprises italiennes sont installées sur place (banques, BTP, défense, aéronautique, transport, énergie…).

De son côté, le régime de Kadhafi a investi ses pétrodollars dans les entreprises de la péninsule: l’été dernier, la Libye est devenue – via le fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA) – le premier actionnaire du groupe bancaire UniCredit. Le LIA détient par ailleurs depuis fin janvier 2,01% du groupe d’aéronautique et de défense Finmeccanica, contrôlé par l’Etat italien. La Libye détiendrait également environ 0,5% du groupe pétrolier ENI. Ce dernier est le premier producteur étranger de pétrole en Libye, dont l’Italie reçoit près du tiers.

Au total, la valeur des participations détenues par la Libye en Italie s’élève à 3,6 milliards d’euros, selon le quotidien Il Sole 24 Ore.

 La peur de la vague d’immigrés clandestins

 En dehors de liens économiques, l’Italie et la Libye sont également liées sur le plan migratoire: quelque 1.500 citoyens italiens sont en effet installés en Libye. Cependant, ce ne sont pas tant les immigrés libyens que craint l’Italie, et par extension l’Union européenne, mais les immigrés tout court.

Véritable porte d’entrée vers l’Europe, la Botte pourrait voir débarquer «des dizaines et des dizaines de milliers des personnes» sur ses côtes,  explique Franco Frattini, le chef de la diplomatie italienne. En effet, l’Italie, déjà submergée par l’arrivée de milliers de Tunisiens qui ont trouvé refuge à Lampedusa après la chute du régime de Ben Ali, craint que cet exode ne s’aggrave.

La Libye et l’Italie ont en effet signé en août 2008 un traité «d’amitié et de coopération», qui permet à Rome d’avoir «moins de clandestins et plus de gaz et de pétrole libyen», comme l’expliquait en juin 2009 Silvio Berlusconi. Or, si la Libye venait à ne plus patrouiller dans le canal de Sicile, les frontières italiennes, et donc européennes, perdraient encore de leur étanchéité. (20Minutes-22.02.2011.)

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* Le dirigeant libyen accuse l’Occident et Al-Qaida de manipuler la jeunesse libyenne…

 C’est du balcon d’un immeuble en ruines de Tripoli, bombardé en 1986 par l’armée américaine et laissé ainsi depuis, que Mouammar Kadhafi s’est adressé ce mardi après-midi au peuple libyen, assurant qu’il ne pourrait pas démissionner. «Je suis le guide de la Révolution», a-t-il affirmé en introduction d’un discours fleuve, aux accents parfois surréalistes.Le dirigeant libyen, qui a dit contrôler la capitale, a justifié son maintien à la tête du pays parce que ce dernier était déjà gouverné par le peuple. «Je ne peux pas renoncer à un poste que je n’occupe pas», a-t-il précisé. Parlant parfois à la troisième personne, Mouammar Kadhafi a rappelé qu’il n’était pas «un simple président» qui pouvait être battu «par une simple manifestation».«Je mourrai martyr»Le dirigeant libyen est «un combattant, un révolutionnaire» qui ne fera pas marche arrière. «Je mourrai martyr», a encore clamé Mouammar Kadhafi. D’après lui, les responsables des violences actuelles sont des forces extérieures, citant très souvent les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou Al-Qaida.Pour le dirigeant libyen, ces «mercenaires» et autres «bandes criminelles» ont fourni des armes, de l’argent et de la drogue à une minorité de jeunes Libyens qui veulent imiter les révolutions tunisiennes et égyptiennes. Mais Mouammar Kadhafi a martelé que sa cause était juste. «Nous avons défié les grandes puissances, nous avons connu le succès, nous leur avons donné des leçons, nous allons diriger le monde entier, ils veulent écraser cette gloire», a-t-il indiqué.Réfutant les accusations selon lesquelles l’armée libyenne aurait bombardé «des habitations», Mouammar Kadhafi a appelé le peuple libyen à former des comités populaires dans les villes. C’est la population qui doit assurer sa propre sécurité contre les «jeunes drogués» qu’il invite à être placés «dans des cures de désintoxication».S’emparant du code pénal libyen, le dirigeant s’est mis à énoncer ce qui menaçait ceux qui portaient atteinte à la sécurité de l’Etat: la peine de mort. «Vous voulez que votre pays devienne comme l’Irak, la Somalie, l’Afghanistan?», a-t-il encore demandé à la foule, évoquant la menace d’une guerre civile ou que le pays devienne «un émirat d’Oussama ben Laden». (20Minutes-22.02.2011.)*********************   «Nous revenons de l’enfer libyen»

 -racontent les Algériens retournés au  pays.

Toutes les dispositions ont été prises par les autorités afin d’assurer un rapatriement digne à nos ressortissants.

«On n’entendait que des balles déchirer le silence de la nuit et des cris de citoyens qui fuyaient on ne sait où. C’était un état de guerre, on avait très peur», raconte un jeune de 30 ans à son arrivée hier à l’aéroport Houari-Boumediene de retour de l’enfer libyen avec 255 autres de ses concitoyens. «On s’est enfermés pendant plusieurs jours dans nos chambres, on n’avait plus rien à manger, nos employeurs nous ont abandonnés à notre triste sort. Ce n’est que ces trois derniers jours qu’on s’est réfugiés dans notre ambassade à Tripoli», ajoute ce jeune aide-pâtissier qui travaillait dans une entreprise privée libyenne. N’ayant plus aucune perspective d’avenir dans son village de Tamalousse à Skikda, ce jeune a voulu fuir l’enfer algérien pour en vivre un autre pire chez El Gueddafi.
Un premier groupe composé de 256 personnes a été rapatrié hier à 5h du matin en provenance de Tripoli. Ces Algériens ont été accueillis à l’aéroport international Houari-Boumediene par le ministre délégué chargé de la Communauté algérienne à l’étranger, Halim Benatallah. Le ministre a précisé qu’un deuxième vol est prévu pour la fin de l’après-midi (hier, Ndlr).

 Cependant, il avoue que pour le moment, rien n’est sûr car cela dépend des autorisations de décollage et d’atterrissage des autorités libyennes.
Toutefois, M.Benatallah assure que toutes les dispositions ont été prises par son département afin de garantir un rapatriement en toute sécurité aux 8000 personnes qui composent la communauté algérienne en Libye. A cet effet, des instructions claires ont été données aux trois ambassadeurs algériens en poste au pays d’El Gueddafi. Pour ce qui est du décès du ressortissant algérien, M.Benatallah affirme que pour le moment il n’y a rien d’officiel. «Le consul général que je viens tout juste de contacter dit ne disposer d’aucune information officielle confirmant ce décès», précise Benatallah.
Mines défaites, déçus et excédés par la peur, ils étaient 256 Algériens, jeunes, vieux et moins jeunes, à raconter leur drame libyen où il vivaient pourtant paisiblement jusqu’à ce jour du 17 janvier, quand le drame arriva sans préavis et leur rappeler la triste réalité d’un régime sans foi ni loi.
«Tout se passait bien avant le début de ces événements, nous vivions en toute sérénité avec les Libyens», raconte un autre jeune rencontré à l’aéroport.
Toutefois, depuis le début de ces troubles «on a commencé à subir des pressions, la police nous a même délestés de notre argent»,
ajoute-t-il.
«C’était un paysage apocalyptique comme on n’en voit que dans les films de guerre», témoigne ce père de famille. «On s’est sauvé en abandonnant tout derrière nous, argent, maison, vêtement, on n’a rien pu prendre…» ajoute ce père de deux enfants, les larmes aux yeux. «J’avais toutes les commodités, j’avais de très bons amis, je me suis installé pour de bon dans ce pays qui m’a accueilli, je n’ai jamais pensé que ce genre de situation allait arriver» regrette-t-il encore. «Regardez ce que j’ai ramené avec moi, des petites barquettes de confiture, une serpillière et des détergents. J’ai honte de rentrer les mains vides chez ma mère et mes frères qui n’ont rien à manger», confie un autre jeune.
La tension était vive hier à l’aéroport. Certains de ces rapatriés ont tout simplement pris à partie le ministre délégué chargé de la Communauté algérienne à l’étranger. Ils ont réclamé des logements et du travail.
Ce que M.Benatallah a qualifié de doléances impossibles à satisfaire. Il leur a toutefois donné des lettres de recommandation à remettre aux walis de leurs régions respectives. Ces courriers sont une demande de prise en charge et des facilitations d’insertion à l’emploi.
La direction de l’action sociale de la wilaya d’Alger (DAS) a, pour sa part, pris en charge les frais de transport, elle leur a également fourni des kits alimentaires et un peu d’argent pour les premières dépenses. (L’Expression-23.02.2011.)

      **«Chauffeurs de taxi, honte à vous!»

Exploitant la détresse des Algériens rapatriés de Libye, la quasi-totalité des chauffeurs exerçant au niveau de l’aéroport international ont exigé des sommes inimaginables allant jusqu’à 20.000 DA pour un voyage Alger-Souk Ahras!
Cela au moment où la direction de l’action sociale de la wilaya d’Alger négociait pour un montant de 16.000 DA, une somme déjà faramineuse. Des citoyens et des policiers présents hier sur les lieux ont été choqués et scandalisés par ces comportements indignes de citoyens algériens. Qui sont ces chauffeurs, qui les contrôle? Le ministère des Transports doit absolument réagir et punir ces suceurs de sang.
 

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« roi des rois »

 S’affublant du titre de “roi des rois d’Afrique”, que lui auraient décerné quelques chefs de tribu du continent africain, le maître de Tripoli règne sans avoir recouru, ne serait-ce qu’une fois, à une élection présidentielle.

La Libye vit les pires moments de son histoire. Elle a sombré dans une violence inouïe depuis une semaine maintenant. Nul n’est en mesure de donner le nombre exact de victimes, car le régime en place ne communique pas sur ce point, se contentant de réprimer par la force tout ce qui bouge. Point d’oreilles attentives aux revendications populaires. Comment peut-il en être autrement dans un pays où il n’existe pas d’institutions démocratiquement élues ? Ainsi, le soulèvement populaire contre le régime de Mouammar Al Kadhafi a fait découvrir au monde que la Libye est un État sans institutions. Il n’existe pas d’État au sens moderne du terme. Entre le “Guide de la révolution” et le peuple, c’est le vide total. Ce sont les chefs de tribu qui gèrent à travers les “comités populaires”. Des fonctions sont assurées sans titre officiel, comme c’est le cas de Seïf al-Islam Kadhafi, un des fils du chef de la Jamahiriya, qui a prononcé, dimanche soir, un discours à la nation, dans lequel il a sommé les Libyens d’accepter son offre d’une “Libye nouvelle” ou de voir le pays sombrer dans la guerre civile. En quarante-deux années de pouvoir, depuis le 1er septembre 1969, le colonel Kadhafi n’a pas doté la Libye d’institutions, d’où le chaos régnant actuellement. S’affublant du titre de “roi des rois d’Afrique”, que lui auraient décerné quelques chefs de tribu du continent africain, le maître de Tripoli règne sans avoir recouru, ne serait-ce qu’une fois, à une élection présidentielle. Même s’il n’existe pas en Libye d’opposition au sens classique du mot, il n’en demeure pas moins qu’un problème de légitimité, que seules les urnes confèrent aux dirigeants d’un pays, se pose crûment. Cette aberration ne pouvait s’éterniser et le temps de la rectifier semble être arrivé. Ayant accaparé le pouvoir par la force en renversant le roi Idriss Senouci par un coup d’État militaire, Mouammar Al Kadhafi n’en partira certainement que par le même moyen. Le peuple libyen semble l’avoir bien compris, comme l’indique sa détermination à manifester son désir de changement, malgré l’usage disproportionné de la force par le régime. (Liberté-22.02.2011.)

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*Des dictateurs fous dans un monde cupide

Le guide délirant n’en croit pas ses yeux : pourquoi les Libyens ne supportent-ils plus ce qu’ils ont enduré pendant quarante-deux ans ?
C’est, apparemment, le fruit de l’égarement paranoïaque commun à tous les dictateurs : ils finissent à la vénération populaire là où il n’y a que le silence qu’ils ont imposé par la terreur. Mais l’idée ne leur vient décidément jamais de se demander pourquoi des peuples entiers peuvent si durablement pâtir, sans réagir, de leurs hallucinations. `
C’est peut-être parce qu’ils ne se posent pas la question, rassurés par les déférences assidues de leurs infatigables affidés, qu’ils sont toujours les premiers surpris des révoltes qui finissent par les emporter.
Kadhafi constitue, à ce sujet, un cas d’école. Quatre décennies qu’il étale ses frasques si peu représentatives d’une société tribale dont l’archaïsme patriarcal a fait de la réserve une valeur morale ! C’est cette extravagance qui a paradoxalement fait la force de Kadhafi. Malmenant ses pairs arabes, notamment saoudiens, humiliant des pays par ailleurs respectables comme la Suisse, il a tenu l’Europe par la peur, la peur de rater des affaires, la peur de le voir encourager l’invasion des harragas sub-sahariens.
Vue d’aujourd’hui, la réaction de Rama Yade, l’ancienne secrétaire d’État française aux droits de l’Homme française, à la visite effectuée par le colonel en France, apparaît comme un geste héroïque : rappelant que la France ne devrait pas être “qu’une balance commerciale”, elle avait fustigé “ce baiser de la mort”. Depuis, Sarkozy a rectifié le tir en se passant d’un portefeuille difficile à assumer.
Dès le début des émeutes, Kadhafi n’a pas fait de quartier. Faisant l’économie du gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, il a d’emblée tiré sur les premiers émeutiers de Benghazi et Beïda. C’est la première fois dans l’histoire de la répression qu’un pouvoir fait appel à des mercenaires étrangers pour mater la population locale.
Et, hier, après quelques centaines de morts, il a fait intervenir l’aviation !
La solidarité syndicale et instinctive des chefs d’État arabes, par ailleurs traditionnellement timorés devant le guide imprévisible, continue à lui assurer son silence. Sans compter que chacun d’entre eux a des soucis à se faire dans ce contexte de turbulence généralisée. Et, jusqu’à hier, la peur et la “balance commerciale” étouffaient encore la voix de ses partenaires occidentaux.
Le matin, alors que l’émeute avait atteint les faubourgs de Tripoli, le ministre italien des Affaires étrangères expliquait à ses pairs communautaires “l’inquiétude” que devrait susciter en eux “l’autoproclamation d’un soi-disant émirat islamique de Benghazi”.
“Nous, les Européens, sommes très inquiets de l’impact sur les flux migratoires, qui serait l’une des conséquences des turbulences” sur la rive sud de la Méditerranée, confiait Franco Frattini, suggérant, dans des termes à peine voilés, qu’il faut fermer les yeux et laisser le régime libyen faire régner l’ordre, lui seul pouvant contenir la menace d’une immigration clandestine massive.
Avant de partir, le colonel aurait été au bout de sa logique de terreur. Et le reste du monde au bout de sa cupidité. (Liberté-22.02.2011.)

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**La communauté internationale appelle au calme. Face à l’aggravation de la situation en Libye, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni, mardi 22 février, pour discuter de la crise libyenne. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé le colonel Kadhafi à faire cesser les violences contre les manifestants et à respecter « les libertés fondamentales et des droits de l’homme, y compris le droit de réunion et à l’information ».

 **De son côté, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a exigé mardi l’ouverture d’une « enquête internationale indépendante » sur les violences en Libye, n’hésitant pas à évoquer la possibilité de « crimes contre l’humanité ». Le conflit libyen est aussi à l’ordre du jour d’une réunion d’urgence de la Ligue arabe.

**Aux premières heures de mardi, le calme semblait revenu dans la capitale, Tripoli. La veille, les forces armées du colonel Kadhafi se sont engagées dans un bras de fer de plus en plus sanglant pour le maintenir à la tête du pays. Alors que les émeutes et manifestations contre le régime du dirigeant libyen ont gagné Tripoli pour la première fois depuis le début des troubles, des avions de l’armée de l’air libyenne ont ouvert le feu à munitions réelles sur des manifestants dans plusieurs sites de la capitale, faisant de nombreux morts, selon des témoins. Les forces de sécurité ont, quant à elles, mené une opération contre les « saboteurs et (ceux qui sèment) la terreur », faisant des morts, a confirmé la télévision d’Etat, sans en préciser le lieu.D’autres témoins ont rapporté des affrontements meurtriers dans les quartiers Fachloum et Tajoura, à Tripoli, l’un d’eux qualifiant les événements de « massacres ». « Des hommes armés tirent sans distinction. Il y a même des femmes qui sont mortes », a-t-il précisé, ajoutant que les mosquées du quartiers diffusaient des appels au secours par le biais de haut-parleurs.La télévision officielle libyenne a démenti mardi les informations sur ces « massacres ». « Ils disent qu’il y a des massacres dans plusieurs villes, villages et quartiers en Libye. Nous devons lutter contre ces rumeurs et mensonges qui font partie d’une guerre psychologique », est-il écrit sur un bandeau rouge qui passe sur la télévision Al-Jamahiriya. Ces informations « visent à détruire votre moral, votre stabilité et vos richesses ».
Des villes aux mains des manifestants. Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), plusieurs villes du pays seraient tombées aux mains des manifestants à la suite de défections dans l’armée : Benghazi, Syrte – dont la chute a été démentie par des témoins –, Tobrouk, Misourata, Khoms, Tarhouna, Zeiten, Zaouia et Zouara.Les manifestants sont soutenus par une coalition de dignitaires musulmans libyens, le Réseau des oulémas libres de Libye, qui a appelé tous les musulmans à se soulever contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Le très influent théologien qatari d’origine égyptienne cheikh Youssef Al-Qardaoui a émis lundi une fatwa, appelant sur la chaîne Al-Jazira l’armée libyenne à assassiner le numéro 1 libyen : « Que quiconque de l’armée libyenne peut tirer une balle sur Mouammar Kadhafi pour en débarrasser la Libye le fasse », a-t-il déclaré. **La chaîne Al-Arabiya rapporte que 166 personnes ont été tuées dans la seule journée de lundi à Tripoli. Cela viendrait s’ajouter au bilan de la FIDH, qui fait état d‘ »entre trois cents et quatre cents morts, probablement plus près de quatre cents » pour les cinq derniers jours. **Le numéro un libyen a démenti les informations selon lesquelles il aurait quitté la Libye pour le Venezuela lors d’une brève apparition en « direct » lundi 21 février en fin de soirée sur la télévision d’Etat, depuis sa résidence de Bab Al-Azizia à Tripoli.« Je vais voir les jeunes sur la place Verte. C’est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela, et démentir les télévisions, ces chiens », s’est-il contenté d’affirmer en réponse aux informations diffusées lundi par plusieurs télévisions et médias internationaux, selon lesquelles il aurait quitté la Libye pour le Vénuezela.** Le fils du colonel, Saïf Al-Islam, a estimé dimanche soir que le pays était au bord de la « guerre civile » et que l’armée ferait respecter l’ordre à n’importe quel prix, quitte à provoquer un « bain de sang ».**Preuve de l’instabilité qui touche le pays, le ministre de la justice, Moustapha Abdel Jalil, a démissionné de son poste « pour protester contre l’usage excessif de la force » contre les manifestants, a rapporté le journal Kourina dans son édition en ligne. Des militaires ont également fait défection, à l’image de deux pilotes de l’armée de l’air qui ont fui vers Malte. L’ensemble de la mission libyenne aux Nations unies a démissionné, à l’exception de l’ambassadeur. Ils ont demandé à Mouammar Kadhafi de quitter le pouvoir, ou « le peuple libyen se débarrassera de lui ». Sans attendre la position européenne, les entreprises étrangères présentes en Libye ont commencé à rapatrier leurs salariés. Parmi les pétroliers, l’Italien ENI, les Français Total et Vinci, le Britannique BP, le Norvégien Statoil et les Allemands Wintershall et RWE Dea ont procédé à l’évacuation de leur personnel « non essentiel ».Selon l’armée autrichienne, l’espace aérien au-dessus de Tripoli aurait été fermé lundi soir. Aucun avion ne peut plus atterrir à l’aéroport de Benghazi, dont les pistes ont été détruites dans les violences qui secouent la Libye, a aussi déclaré mardi le ministre des affaires étrangères égyptien. **Conséquence directe de la situation en Libye – membre de l’OPEP et quatrième producteur de pétrole en Afrique –, le pétrole a grimpé au-dessus de 105 dollars le baril à Londres, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis fin septembre 2008, même si les approvisionnements en or noir ne sont pas encore menacés. L’agence de notation Fitch a par ailleurs annoncé avoir abaissé la note souveraine de la Libye d’un cran, de BBB+ à BBB.** « Des mercenaires d’Afrique subsaharienne ont été appelés en renfort par le régime de Kadhafi pour mater les manifestants. Des vidéos circulant sur Internet montrent que plusieurs de ces mercenaires supposés ont été capturés et lynchés par la foule », raconte le site des Observateurs de la chaîne France 24, qui a posté ces vidéos, très violentes.
L’un des mercenaires, interrogé par une foule avant d’être molesté, explique enfin que les soldats dans sa situation reçoivent leurs ordres de gradés libyens préconisant l’usage de balles réelles contre les manifestants. (Le Monde-21.02.2011.)
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