Les contestations dans le Monde arabe et ailleurs
17 02 2011*La Libye, Bahreïn, Iran, la Jordanis, l’Autorité palestinienne, le Yémen, le Kowët, Djibouti… touchés à leur tour par des contestations populaires
*Libye: plus de 84 morts dans la répression des émeutes
Le bilan des émeutes en Libye dépasse les 84 morts, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), alors que le mouvement contre Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, semble se transformer en véritable insurrection dans l’est du pays.
.. des témoins et des médias locaux ont fait état de plusieurs bâtiments publics et véhicules incendiés dans plusieurs villes.
Au 5e jour de ce mouvement sans précédent contre le régime libyen, le colonel Kadhafi, dont le départ est réclamé par les manifestants, n’avait toujours pas fait de déclaration officielle.
Mais les comités révolutionnaires, pilier du régime, ont menacé vendredi les « groupuscules » manifestant contre le « guide » d’une riposte « foudroyante ». « Le pouvoir du peuple, la Jamahiriya (pouvoir des masses), la révolution et le leader (Mouammar Kadhafi) constituent des lignes rouges. Celui qui tentera de les dépasser (…) joue avec le feu », ont-ils ajouté.
Selon HRW, 49 personnes ont été tuées jeudi (20 à Benghazi, 23 à Al-Baïda, 3 à Ajdabiya et 3 à Derna) et 35 vendredi à Benghazi, la plus grande ville du pays et bastion de l’opposition, située à 1.000 km à l’est de Tripoli. L’ONG, qui se base sur des sources médicales et des témoins, affirme que la plupart des 35 personnes décédées vendredi ont été « tuées par des balles réelles tirées par les forces de sécurité ».
Un responsable de l’hôpital Al-Jalaa de Benghazi a indiqué à HRW que tous les médecins de la ville avaient été appelés à l’hôpital et que la population avait été invitée à « donner son sang ». « Nous n’avions jamais vu quelque chose comme ça ».
Le pouvoir libyen « n’autorise pas les journalistes et les organisations de défense des droits de l’Homme à travailler librement », a par ailleurs indiqué l’ONG.
Le procureur général libyen Abdelrahman Al-Abbar a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les violences, a-t-on appris samedi d’une source sûre. « Le procureur a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les raisons et le bilan des événements dans plusieurs villes et appelé à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages », a indiqué cette source sous couvert de l’anonymat.
Les forces de l’ordre étaient postées vendredi autour d’Al-Baïda, à 200 km à l’est de Benghazi, et en contrôlaient les entrées et sorties ainsi que l’aéroport, a dit à l’AFP une source proche du pouvoir, après des informations circulant sur internet selon lesquelles des manifestants auraient pris le contrôle de la ville. « Les forces ont reçu l’ordre de quitter le centre de la ville pour éviter des affrontements avec les manifestants », a indiqué cette source.
La capitale Tripoli restait en revanche calme samedi, à l’image des jours précédents, où les partisans du régime étaient descendus dans les rues en brandissant des portraits du colonel Kadhafi.
Il était toujours impossible d’accéder dans la matinée à Twitter et Facebook, par lequel ont transité les appels à la mobilisation, et les connections aux autres sites étaient très lentes ou impossibles, ont indiqué des internautes dans la capitale et à Benghazi.
Arbor Networks, société spécialisée dans la surveillance du trafic internet, basée aux Etats-Unis, avait indiqué que l’accès à l’internet avait été « brusquement interrompu » dans la nuit.
Le bilan de 41 morts établi par l’AFP ne comprend pas quatre prisonniers tués vendredi par les forces de l’ordre alors qu’ils tentaient de s’évader d’une prison près de Tripoli, ni deux policiers pendus. Ces derniers tentaient de disperser une manifestation à Al-Baïda lorsqu’ils ont été capturés par des manifestants, puis pendus, a indiqué le journal Oéa, proche du réformateur Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi.
Les médias officiels continuaient à occulter les protestations. Depuis mercredi, l’agence officielle libyenne et la télévision nationale n’évoquent que les rassemblements pro-régime.
Alors que l’étranger a jusqu’à présent peu réagi aux évènements, la Turquie s’est déclarée samedi « inquiète » et a appelé les parties à la « paix civile », affirmant envisager le rapatriement de ses ressortissants.
Deux pays voisins de la Libye, la Tunisie et l’Egypte, ont vu ces dernières semaines leurs dirigeants chassés du pouvoir par des mouvements de contestation.(AFP-19.02.2011.)
**ils ont brulé le Livre Vert et réclamé le départ du régime :
les Libyens déclarent la guerre à Kadhafi
Des milliers de manifestants libyens sont sortis vendredi dans les rues pour réclamer le départ du numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, ainsi que son régime en place depuis plus de 40 ans.
Le site internet Jareera.net a rapporté que plus de 20 cadavres ont été admis à l’hôpital El Jalaâ de Benghazi, en plus de dizaines de blessés qui se trouvent dans un état grave. D’autres sources, par ailleurs, parlent de plusieurs morts et des dizaines de blessés lors de violents affrontements qui ont eu lieu vendredi 18 février 2011 entre les Comités révolutionnaires et les manifestants dans les différentes régions du pays. Plusieurs chaînes de télévisions libyennes ont montré des images de citoyens libyens en train de brûler le fameux Livre Vert et détruire les statues érigées à l’honneur de Mouammar Kadhafi. Les manifestants en colère réclament le départ du Guide. La chaîne qatarie Al Jazeera a indiqué que les autorités libyennes ont bloqué l’accès à son site électronique dans les quatre coins du pays et ont fait la même chose pour plusieurs réseaux sociaux, particulièrement Facebook. De nombreux prisonniers se sont évadés vendredi après une mutinerie d’une prison à Benghazi, deuxième ville de Libye secouée par des manifestations contre le régime, a indiqué l’AFP. « Il y a eu une mutinerie à la prison d’al-Kuifiya et un grand nombre de prisonniers se sont échappés », a déclaré le chef de la rédaction du journal Quryna, Ramadhan Briki, basé à Benghazi, à 1000 km à l’Est de Tripoli. Selon lui, les détenus ont incendié par la suite le bureau du procureur général, une banque et un poste de police dans la ville. Le journal Quryna est proche de Seïf Al-Islam, fils du numéro un libyen, le colonel Mouammar Kadhafi. Il a précisé peu après sur son site internet que le nombre des détenus évadés était estimé à plus d’un millier. Les forces de l’ordre en ont arrêté par la suite près de 150. A Tripoli, où les partisans du régime avaient manifesté jeudi en masse en faveur du colonel Kadhafi, les rues étaient presque vides vendredi matin. Parallèlement, les médias officiels continuaient à occulter les protestations. Depuis mercredi, l’agence officielle libyenne et la télévision nationale se contentent d’évoquer des rassemblements et des défilés pro-régime. Avec des concerts de klaxons et des feux d’artifice, le colonel Kadhafi a fait une brève apparition pour un bain de foule peu après minuit dans le centre de Tripoli, selon des images de la télévision nationale. « Le pouvoir du peuple, la Jamahiriya (pouvoir des masses), la révolution et le leader (Mouammar Kadhafi) constituent des lignes rouges. Celui qui tentera de les dépasser ou de s’en approcher risque le suicide et joue avec le feu », ont prévenu les Comités révolutionnaires. Ces derniers ont accusé la chaîne qatarie Al-Jazira et les « vendus d’aller contre le courant ».. (Echorouk-18.02.2011.)
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Bahreïn, Iran, Yémen et désormais Libye : les manifestations se multiplient dans le monde arabo-musulman cette semaine.
La démission d’Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par la rue en Égypte vendredi, a relancé les espoirs de changement dans plusieurs pays du monde arabe, théâtre d’importants mouvements de contestation en ce début de semaine. Dernière nation touchée, laLibye, tenue depuis 42 ans par le colonel Kadhafi.
*BAHREIN. Les syndicats appellent à la grève générale
Le petit royaume du Golfe qui sert de quartier général à la Ve flotte des Etats-Unis était toujours secoué samedi par des manifestations réclamant une libéralisation du système politique, dominé par la monarchie sunnite et dont la majorité chiite de la population se dit exclue. Les syndicats ont appellé à une grève générale à partir de dimanche.
Des milliers de manifestants sont revenus hier sur la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation qui a fait six morts depuis lundi, après le retrait des chars de l’armée, demandé par l’opposition principalement chiite. Le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, a ordonné à la police de «rester à l’écart des rassemblements» et a demandé aux manifestants de se disperser. Son offre de dialoque a été rejeté par l’opposition qui exige la démission du gouvernement.
*YÉMEN. Bataille rangée à Sanaa
Au Yémen, des heurts entre opposants et partisans du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, ont tourné hier à la bataille rangée dans la capitale, Sanaa. Ils ont éclaté après que des partisans du régime ont tenté de prendre d’assaut le campus de l’Université. «Le peuple veut la chute du régime», scandaient les étudiants.Un journaliste de l’AFP a vu un étudiant s’effondrer, atteint d’une balle au cou et noyé dans son sang, et ses compagnons criant : «il est mort». Selon le ministère de l’Intérieur, cependant, «un certain nombre de manifestants ont été blessésmort»»….
A Aden, dans le sud, la contestation a continué après une nuit d’émeutes. Un adolescent a été tué par une balle perdue, selon une source hospitalière. Trois personnes ont été blessées, dont deux filles de 9 et 11 ans, quand la police a ouvert le feu pour disperser un rassemblement de plusieurs centaines de personnes, selon des témoins et des sources médicales. (sources AFP et le Parisien-20.02.2011.)
**Dans la nuit de mardi à mercredi, la police libyenne a dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, dans l’est du pays, faisant trente-huit blessés. Plusieurs centaines de personnes ont affronté des policiers renforcés par des partisans pro-gouvernementaux, après l’arrestation d’un militant des droits de l’homme. Cet avocat défendait la cause des manifestants, pour beaucoup des proches des prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d’Abou Slim à Tripoli. Ces heurts interviennent à la veille de la «journée de colère» libyenne prévue jeudi, et relayée sur Facebook.
Deux manifestants tués au Yémen
La tension est également forte au Yémen. Mercredi, deux manifestants ont été tués à Aden, dans le sud du pays, par les tirs des forces anti-émeute. Dans la capitale de Sanaa, des centaines de jeunes manifestaient pour la quatrième journée consécutive. Ils ont été dispersés à coups de gourdin par les partisans du président Ali Abdallah Saleh. Ce dernier est à la tête du pays depuis 32 ans et a déjà fait plusieurs concessions aux manifestants qui exigent son départ. Comme l’avait fait Moubarak en Égypte avant de démissionner, il a promis de ne pas se représenter en 2013 et a renoncé à imposer son fils pour lui succéder. Le pouvoir a également ouvert un dialogue avec l’opposition parlementaire, qui ne s’est pas associée aux manifestations du début de semaine.
À Bahreïn, deux personnes sont mortes depuis lundi lors de la dispersion de manifestations antigouvernementales. Plus de deux mille personnes ont pris part mercredi aux obsèques de l’une des victimes, scandant «le peuple veut la chute du régime». Dans la capitale de Manama, des centaines de manifestants ont passé la nuit dans des dizaines de tentes érigées sur la place de la Perle, rebaptisée par les manifestants «Place Tahrir» (Libération), à l’instar de celle du Caire , épicentre du soulèvement contre Hosni Moubarak.
À la suite de ces deux décès, le ministre bahreïni de l’Intérieur s’est excusé et a annoncé l’arrestation des responsables présumés de leur mort au sein des forces de sécurité. Mardi après-midi, le roi avait également fait profil bas pour tenter de calmer les esprits. Dans un discours au ton conciliant, le monarque de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite, alors que 70% de la population est chiite, a promis la création d’une commission d’enquête. «Les réformes se poursuivent à Bahreïn et ne s’arrêteront pas», a-t-il martelé.
Répression violente en Iran
L’agitation a aussi gagné l’Iran où, après plus d’un an de silence, les opposants au régime sont redescendus dans la rue lundi. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Téhéran et dans d’autres villes du pays. L’objectif officiel de l’opposition était de «soutenir la lutte des peuples égyptien et tunisien». Certains slogans visaient cependantle président Mahmoud Ahmadinejad et l’ayatollah Ali Khamenei, comme le montrent plusieurs vidéos d’amateurs. Deux partisans du régime ont été tués dans ces manifestations. Les obsèques de l’un d’entre eux ont donné lieu à des incidents mercredi entre pros et antis-gouvernement.
Les mouvements de révolte semblent également inquiéter l’Autorité palestinienne, en crise de légitimité après la débâcle des régimes alliés tunisien et égyptien. Le président Mahmoud Abbas a chargé lundi le premier ministre Salam Fayyad de former un nouveau gouvernement. En Jordanie, face au mouvement de contestation qui s’est développé depuis janvier, le ministre de l’Intérieur a annoncé mardi un assouplissement de la loi sur les rassemblements publics, qui pourront désormais se tenir sans autorisation préalable. ….(Le Figaro avec agences-16.02.2011.)
**Égypte: au moins 365 tués et 5.500 blessées durant les 18 jours de manifestations à travers le pays.
AFP
16/02/2011 |…. Environ 365 personnes ont été tuées et 5.500 blessées durant les 18 jours de manifestations à travers l’Egypte qui ont provoqué la chute du président Hosni Moubarak, a annoncé aujourd’hui le ministère de la Santé. « Le nombre total des tués dans les événements survenus en Egypte est d’environ 365 (…) et 5.500 personnes ont été soignées pour des blessures », a expliqué le ministre de la Santé, Sameh Farid, dans une déclaration rapportée par l’agence officielle Mena.
Ce bilan s’appuie sur les informations transmises par les hôpitaux et les dispensaires médicaux. Il pourrait encore évoluer, le ministre ayant précisé qu’il attendait encore les rapports de plusieurs établissements. Les manifestations ont débuté le 25 janvier pour aboutir au départ du président Moubarak et son remplacement par un conseil militaire le 11 février. La haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay avait évoqué le 1er février le chiffre de 300 morts depuis le début du mouvement de contestation en Egypte, précisant qu’il s’agissait « d’informations non confirmées ».
Plusieurs journées ont été particulièrement meurtrières: le 28 janvier avec au moins 62 morts dans des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants à travers le pays, et les 2 et 3 février avec au moins 11 morts et un millier de blessés dans les batailles entre pro et anti-Moubarak place Tahrir au Caire. Depuis la chute de M. Moubarak, les manifestations politiques ont fait place à des grèves largement pacifiques. L’armée, en charge du pouvoir, a appelé à la fin de ces mouvements sociaux jugés « désastreux » pour l’économie égyptienne.
Le conseil suprême des forces armées a suspendu la Constitution et dissout le Parlement, et promis des réformes démocratiques en vue du retour à un gouvernement civil élu. Selon une association égyptienne de défense des droits de l’Homme, des centaines de personnes, probablement arrêtées lors des manifestations, sont toujours portées disparues. « Il y a des centaines de personnes détenues, mais les informations sur leur nombre exact ne sont pas complètes (…). L’armée en détenait », a déclaré à l’AFP Gamal Eid, directeur du Réseau arabe d’information sur les droits de l’Homme.
********les feux de la contagion
**Désormais, les feux de la contagion du soulèvement des peuples arabes se répandent et menacent de les faire tomber plusieurs régimes qui se sont imposés, des décennies durant, par la force de la matraque et la langue du feu. L’onde de choc des révoltes tunisienne et égyptienne, a, semble-t-il, atteint le Yémen et Bahreïn. C’est de la contagion pure et simple par l’effet domino. Au Yémen, un manifestant a été tué, alors que trois autres parmi les protestataires ont été gravement blessés. Ces tragiques incidents ont eu lieu, hier, lors des affrontements ayant opposé les forces de sécurité à des centaines de manifestants antigouvernementaux.
Les heurts ont éclaté, depuis mardi, dans la principale ville du Sud, Aden. Alors qu’au Bahreïn, un petit Etat du Golfe à majorité chiite, gouverné par une dynastie sunnite, deux morts ont été déjà enregistrés lundi dernier, tandis que de larges manifestations sont encore maintenues et les protestataires ne décolèrent pas. Les heurts entre les services de sécurité et manifestants ont pris de l’ampleur. Depuis le début de la semaine, les mouvements de contestations ont investi les rues du Yémen et du Bahreïn.
Les manifestants, réclamant des changements radicaux, en totale rupture avec les systèmes archaïques en place, déplorent des morts et des blessés. Au Yémen, les manifestants criaient à l’adresse du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, «Ali, dégage!».
Egalement, il est à signaler que les partisans du président, Ali Abdallah Saleh, armés de gourdins, de poignards et de pierres, se sont acharnés sur les étudiants dès qu’ils sont sortis de l’université pour tenter de se diriger vers le Palais présidentiel, sur la place Sabiine.
Cependant, des appels à l’occupation des lieux, «Ne quittez pas cette place jusqu’à la réalisation de vos revendications. Ne quittez pas cette place, c’est le message des martyrs», ont été lancés par un dignitaire religieux, pour galvaniser des milliers de personnes rassemblées sur la place.
A côté, à Bahreïn, un petit Royaume du Golfe, le mouvement de contestation, qui fait parler Obama, a été lancé à l’initiative d’internautes, qui ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales, dans la foulée des soulèvements de Tunisie et d’Egypte.
Hier, des milliers de personnes étaient rassemblées sur une place de Manama pour réclamer des réformes. Sur cette place, l’opposition chiite a appelé à une «véritable monarchie constitutionnelle». Et puis, il faut dire que les excuses faites à la population après la mort de deux jeunes chiites et l’annonce de l’arrestation des responsables présumés, au sein des forces de sécurité, par le ministre de l’Intérieur, n’a pas refroidi la colère des protestataires.
Les manifestants scandaient «le peuple veut la chute du régime». Bon nombre d’observateurs n’excluent pas de voir ce petit Royaume du Golfe, plonger dans l’embrasement. Les Etats-Unis se sont dits «très préoccupés» après la mort des deux manifestants dans le Royaume, siège de la Ve Flotte, et ont appelé toutes les parties à la retenue. Peine perdue, car au centre de Manama, des centaines de manifestants ont passé la nuit dans des tentes sur la place de la Perle, rebaptisée par les manifestants «Place Tahrir» (Libération), à l’instar de celle du Caire, qui a été l’épicentre du soulèvement contre le président égyptien, Hosni Moubarak. Les manifestants révoltés réclamaient la libération des détenus et la démission du Premier ministre, membre de la dynastie régnante des Al Khalifa. (L’Expression-17.02.2011.)
**Alger, samedi 19 février 2011….article du Figaro.
moitié moins de manifestants que samedi dernier
Ce samedi encore, Alger ne connaîtra pas de marche. Encerclé par l’important dispositif sécuritaire et malmené par les jeunes scandant des slogans pro-Bouteflika, le millier de manifestants réuni à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie ne parvient pas à se rassembler.
«Impossible de se rassembler ! Dès que les policiers aperçoivent un groupe de cinq personnes, ils foncent sur eux pour les disperser !» Faika, militante féministe, et ses compagnons de protestation, se sont à nouveau donnés rendez-vous ce samedi 19 février, place du 1er-Mai à Alger, pour réclamer «le changement du système», mot d’ordre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, regroupant syndicats, partis politiques et associations.
D’après le site du quotidien El Watan, qui relate les événements en direct, Rachid Malaoui, syndicaliste du Snapap (syndicat autonome de la fonction publique) aurait été blessé et évacué vers l’hôpital voisin. Et d’après le site d’information en ligne TSA, Tahar Besbas, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie, serait dans le coma après avoir été agressé par la police. Ali Benhadj, numéro 2 de l’ex Front islamique du salut, aurait été arrêté alors qu’il se dirigeait vers le point de ralliement. «Les seuls à ne pas être inquiétés par la police sont les jeunes venus avec des portraits de Bouteflika et qui nous jettent des pétards dessus !», s’énerve Radia, une manifestante. Autour d’elle, des «boums boums boums» retentissent. Les policiers tapent sur leur bouclier avec leur matraque. «Cette semaine, ils ne nous ont pas envoyé les femmes flics pour discuter avec nous…», note aussi Faika. «C’est sûr, l’ambiance est beaucoup plus tendue que samedi dernier, assurent Kamel et Rym, deux journalistes sur place. Il y a aussi beaucoup de confusion car les bus et les voitures ont obtenu la permission de circuler. Du coup, difficile à dire combien il y a de manifestants car ils se retrouvent isolés ou repoussés dans les ruelles autour de la place.»
Les estimations vers midi évoquent un peu plus d’un millier de manifestants, soit moitié moins que samedi dernier. «Il faut dire que cette fois, celui qui arrive à rejoindre la place est chanceux, assure Yanis, employé dans une entreprise du quartier. Moi, j’ai failli être arrêté ce matin en allant au travail car ma carte d’identité mentionne que j’habite à Tizi Ouzou ! En clair, je suis Kabyle et donc il fait se méfier de moi…» Les barrages ont encore une fois été renforcés sur l’autoroute qui relie Boumerdès, Tizi Ouzou et Béjaïa à Alger et les gares ont été fermées.(Blog du Figaro-19.02.2011.)
**réactions des internautes du figaro…
Bravo aux autorités algériennes…c’est quand même beaucoup moins violent qu’à Barhein, Aden, Triopli, Aman…et du même acabit qu’hier à Paris où des jeunes ont été malmenés par des CRS dans l’immeuble non occupée!
Soyons sage et restons sereins si le peuple Tunisiens et Egyptiens se sont réveillés après une longue hibernation.
Nous Algériens, nous avons dit: Non à la répression! En 1988 pourquoi l’effet domino ne prend acte qu’a l’arrivé d’OBAMA? (œuvre t’il pour le prix Nobel de la paix?) Et pourquoi veulent-ils que l’Algérie s’embrase encore une autre fois?
Pourquoi espèrent-ils que l’Algérie rejoint la Tunisie et l’Egypte?
Nous étions pourtant seuls en siècle dernier. Si les algériens ont appris comment aller vers la vraie démocratie il ne restera qu’à nous en féliciter puisque nous allons aujourd’hui vers la démocratie du 21ieme siècle. Construisons ensemble notre ALGERIE.
Est-ce que les occidentaux ont réussi leur démocratie? Ou est ce que c’est une chimère? À mon avis ils sont arrivés juste à un idéalisme de liberté conventionnelle. Parce qu’ils n’avaient aucunes contraintes ni observateurs étrangers dans leurs périmètres géopolitique, ils ont travaillé dans l’aisance morale. Pourquoi ces occidentaux se fourrent ils le nez dans la façon de gérer dans le monde arabo-musulman? sommes nous incapable vraiment? Je crois qu’il s’agit d’une sous estimations de notre part ……!
Saadi, l’opposition….LOL. aussi corrompu que ceux qu’il pretend combattre, sans parler de son regionalisme ou du moins ses idees pas tres claires. un representant politique doit represnter tout le territoire, pas seulement son groupe « culturel ». il y a des groupes qui existent.je suis kabyle et je ne comprends pas les gens comme lui. ils doit travailler pour toute la nation pas une partie seulement. le jour ou cet homme sera clair, les gens l’ecouteront. il y a aussi pas mal d’hisrtoires louches a son actif, alors pourquoi lui faire confiance. il n’est bon qu’a instrumentaliser les revoltes . en ce qui concerne le FIS, c’est un double LOL qui me vient a l’esprit. leur mouvement n’a aucune credibilite et les religieux au pouvoir, tres peu pour moi. ma foi n’a pas etre utilisee par des politiciens. ecoeurant tout simplement. la foi c’est entre Dieu et un individu et c’est la que ca s’arrete. bref, il n#y a pas de veritable parti politique qui fasse le poids donc je leur conseille de travailler davantage et d’offrir un vrai projet a l;algerie. il ne suffit pas de crier « degage » pour que les choses s’arrangent. il faut un plan apres le changement sinon ce sera chaotique et cette fois le pays ne pourra peut etre pas s’en remettre.
*************************A Alger
*A Alger, les forces de l’ordre ont empêché samedi une tentative de marche non-autorisée, alors que quelque dizaines de personnes ont tenu à Oran un meeting dans une salle de cinéma, à l’appel de la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC), ont constaté des journalistes de l’APS. Entre 200 et 500 manifestants, selon des estimations sur place, se sont rassemblés au niveau des arrêts de bus de la place de la Concorde et de la rue Mohamed-Belouizdad, à Alger. Un des initiateurs de la marche a indiqué à la presse que le « dispositif des forces de l’ordre a dissuadé les citoyens à répondre à l’appel ». Par ailleurs, les habitants du quartier ont placardé des affiches dans lesquelles ils lancent un appel pour le calme et la sérénité. « Ne touche pas à mon quartier, ne dérange pas ma quiétude », lit-on dans les affiches. Les habitants appellent les autorités à la protection des biens et des personnes et les jeunes du quartier à la discipline et au calme et de ne « pas répondre aux provocations ». Des magasins sont restés ouverts aux alentours du lieu de la manifestation, alors que les Algérois vaquaient normalement à leurs occupations dans les autres quartiers, a-t-on constaté. A Oran, quelque dizaines de personnes (une centaine, selon les organisateurs et 80 selon la police) ont tenu un meeting dans la salle de cinéma Essaâda, pour « s’interroger sur les préoccupations des citoyens » et « réitérer certaines revendications portant, entre autres, sur la levée de l’état d’urgence », « la garantie des libertés individuelles et collectives » et « le changement par la voie pacifique », a expliqué un des organisateurs. Les participants à ce meeting ont scandé des slogans tels que « vive l’Algérie et la démocratie » et accrochés des banderoles où l’on pouvait lire notamment : « Halte à la corruption et la hogra ».(APS)19.02.2011.
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**LE MOYEN-ORIENT ET LE MAGHREB SOUS LE VENT DE LA RÉVOLTE
La faillite d’une gouvernance
Au lendemain de la chute de Zine El Abidine Ben Ali et de Hosni Moubarak, la colère populaire continue de se faire entendre dans plusieurs pays de la région.
A qui le tour? Cette interrogation est devenue un leitmotiv. Quel est le prochain régime arabe qui tombera sous le vent de la révolte après ceux de la Tunisie et de l’Egypte? La population arabe se pose curieusement ces questions. Au lendemain de la chute de Zine El Abidine Ben Ali et de Hosni Moubarak, respectivement présidents tunisien et égyptien, plusieurs autres dirigeants se réveillent, chaque jour, avec la peur au ventre. La région arabe est en effervescence. L’agitation sociale se propage telle une traînée de poudre. L’effet de contagion est là. Le vent du soulèvement a touché plusieurs capitales arabes. La colère populaire continue de se faire entendre dans plusieurs pays de la région. Au Moyen-Orient, le Bahreïn, le Yémen, l’Irak, la Syrie se trouvent sur la même ligne que les révolutions tunisienne et égyptienne. Les pays du Maghreb ne sont pas en reste, leurs populations commencent à s’agiter. Les peuples arabes partagent les mêmes problèmes, souffrent des mêmes maux, protestent pour les mêmes raisons et poursuivent un même objectif: faire tomber les dirigeants qui ont accaparé le pouvoir depuis des décennies. De leur côté, les dirigeants en place ont en commun nombre de points négatifs dont celui de politiques archaïques qui ne répondent pas aux aspirations de leurs peuples. Autrement dit, si la population dans le Monde arabe partage les mêmes soucis, les dirigeants partagent eux-aussi, le même objectif: rester au pouvoir le plus longtemps possible, en dépit de la faillite de leurs gouvernances.Ces régimes autoritaires sont plus que jamais menacés. Au Bahreïn, des milliers de personnes sont sorties dans la rue pour manifester contre le gouvernement au lendemain de la mort de deux manifestants tués la veille par les forces de sécurité. Des centaines de citoyens ont passé la nuit de mardi à mercredi dehors campant sous les tentes implantées sur une place du centre de Manama. Les manifestants réclament des réformes politiques et sociales. Le chef de l’opposition chiite, cheikh Ali Salmane, réclame l’établissement d’une «monarchie constitutionnelle». Ce petit archipel du Golfe, majoritairement chiite, est gouverné par une dynastie sunnite, en la personne du roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa qui a succédé à son père en 1999.
Au Yémen, des affrontements ont éclaté hier à Aden, principale ville du sud du pays, entre les forces de sécurité et des centaines de manifestants. Ces heurts ont fait trois blessés parmi les protestataires. Les manifestations se poursuivaient hier encore dans ce pays. Des milliers d’étudiants continuent à défiler dans la capitale Sanaa, demandant le départ de Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis plus de 32 ans. Dans la journée d’hier, les manifestants ont pris d’assaut le siège de la municipalité de Mansoura, un des quartiers d’Aden. Les protestataires et les services de sécurité ont échangé des jets de pierres. La situation s’est aggravée. Les travailleurs de plusieurs secteurs ont déclenché des mouvements de grève comme signe de solidarité avec les manifestants.
Secoué par une grave crise sécuritaire, l’Irak n’a pas été l’exception. Des centaines de personnes ont manifesté lundi, à Baghdad et à Feloudja, pour dénoncer le chômage et la pau-vreté qui étranglent la population locale. Le gouvernement a décidé d’annuler l’achat de F-16 américains et d’allouer les 900 millions de dollars aux plus démunis. Mais les choses peuvent prendre d’autres tournures dans les prochains jours et semaines.
En Syrie, des «facebookistes» ont appelé à une journée de contestation et de colère la semaine dernière. Plusieurs internautes ont pris part à cette démarche. Les appuis au mouvement de contestation s’amplifient mais sans que cela démarre réellement sur le terrain. Dans l’intervalle, les autorités syriennes agissent. Elles viennent de faire condamner lundi, la jeune blogueuse, Tal Al-Mallouhin, à cinq ans de prison par la Haute Cour de sûreté de l’Etat à Damas pour intelligence avec un pays étranger, a annoncé, lundi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Au Maghreb, la Libye fait l’événement. Des centaines de manifestants ont été empêchés par les forces de l’ordre de faire un sit-in contre le pouvoir à Benghazi (est).
Dans cette deuxième ville du pays, à 1 000 km de la capitale, Tripoli, des heurts ont éclaté entre les manifestants et les forces de l’ordre. Selon la même source, environ 38 manifestants ont été blessés suite aux affrontements avec les services d’ordre. Les manifestants revendiquent la chute du régime du colonel Mouamar El Gueddafi au pouvoir depuis…41 ans. Des universitaires ont lancé un appel pour marquer une «journée de la colère» aujourd’hui, à travers le pays, à Benghazi, notamment.
Même si personne ne la voit venir, la révolution au Maroc commence à prendre forme. Le Royaume chérifien est également menacé. Un appel à une mobilisation générale a été lancé, par les mouvements sociaux, pour le dimanche 20 février. Les Marocains partagent les mêmes soucis que les Tunisiens. Les préoccupations des uns sont semblables à celles des autres. Le roi Mohammed VI est arrivé sur le trône en juillet 1999, après le décès de Hassan II. Toutefois, après onze années de règne, le «jeune» roi n’a pas montré grand-chose et le dynamisme qu’on lui prêtait s’est dilué avec le temps au moment où le mécontentement se généralise. Il touche tous les secteurs. En plus de la pauvreté, la misère, le chômage, la dégradation du pouvoir d’achat et la répression de la liberté d’expression, la corruption se propage telle une traînée de poudre dans le pays.
Des télégrammes de l’ambassade des Etats-Unis à Rabat, révélés par WikiLeaks, ont mis en lumière l’ampleur de la corruption et l’impunité dans laquelle elle se pratique, et ce parce que le roi, la Maison royale et le Makhzen en sont les premiers agents. A la lumière de l’évolution de ces événements, les capitales étrangères supputent la possibilité de la chute d’un autre régime autoritaire dans la région du Maghreb-Machrek Le vent de la révolution est bien parti pour devenir un ouragan emportant les despotes du Monde arabe. (L’Expression-17.02.2011.)
**Troubles en Libye …El Gueddafi ébranlé
Des affrontements entre manifestants et agents des forces de l’ordre ont fait 38 blessés à Benghazi. De jeunes Libyens ont scandé des slogans hostiles au régime. Appel à une «journée de la colère» aujourd’hui.
Le «royaume» de Mouammar El Gueddafi est loin d’être un havre de paix où ses «sujets» de citoyens lui obéissent au doigt et à l’œil. En tout cas pas à Benghazi, la deuxième ville de Libye où des centaines de personnes ont bravé l’interdit, dans la nuit de mardi à mercredi, pour crier leur colère dans la rue. C’est une première dans un pays aussi givré que la Corée du Nord. «La liberté d’expression, d’association et de réunion était toujours fortement restreinte et les autorités ne tolèrent pratiquement pas la dissidence», souligne le rapport 2010 d’Amnesty International.
Ebranlé par cet accès d’adrénaline inattendu dans sa Libye qu’il croyait pacifiée depuis 1969, le Guide perd son sang-froid et envoie ses flics «corriger» les fauteurs de troubles de Benghazi, située à 1000 km de Tripoli. Premier bilan : une quarantaine de blessés.
Entre temps, le feu prend un peu partout, d’après des sources concordantes. La faute à un jeune Libyen qui a appelé via facebook ses compatriotes à un «jeudi de la protestation» contre le régime d’El Gueddafi. De violents affrontements ont eu lieu entre les manifestants qui agitaient des drapeaux verts et les agents des forces de l’ordre. Une source hospitalière à Benghazi a confirmé à l’AFP plusieurs blessés parmi les manifestants. Sans doute pris de cours, le régime de Tripoli a enclenché la chasse aux meneurs pour étouffer la révolte, notamment dans la région frondeuse de Benghazi.
A l’heure où nous mettons sous presse, rien n’a filtré de ce pays où les journalistes étrangers sont persona non grata.
Mouamar El Gueddafi qui règne sur la Libye depuis 42 ans, craint que les révoltions tunisienne et égyptienne ne contaminent son «royaume». Après avoir perdu deux frères de combat — contre la démocratie —, Moubarak et Ben Ali, le Guide se retrouve seul dans une région qui subit un lifting démocratique à grande eau.
Doyen des dictateurs
Hier, dans une première réaction, l’Union européenne a appelé Tripoli à autoriser «l’expression libre» et à éviter «toute violence». «Nous appelons les autorités à écouter tous les gens qui participent aux protestations et ce que la société civile dit, et à permettre l’expression libre», a souligné Maja Kocijancik, porte-parole de la haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton. Les comités révolutionnaires, épine dorsale du régime libyen dirigé, ont prévenu hier qu’ils ne permettraient pas à des groupes «activant la nuit de piller les acquis du peuple menacer la sécurité du citoyen et la stabilité du pays». C’est à peu près la même littérature distillée par les clans Moubarak et Ben Ali pour justifier les interventions musclées, à savoir que ces manifestations sont dirigées contre les peuples et non les régimes. La presse libyenne s’est mise elle aussi au service du Guide. Le journal Quryna a qualifié les manifestants rassemblés pour réclamer la libération de l’avocat Fethi Tarbel, représentant des familles des prisonniers tués en 1996, de «saboteurs».
Jeudi de l’angoisse
Bien que l’avocat ait été libéré, les manifestants «auxquels se sont jointes des personnes munies d’armes blanches et de cocktails Molotov» ont marché jusqu’au centre-ville où «ils ont incendié et endommagé des voitures, essayé de détériorer des biens publics, bloqué la route et jeté des pierres», selon Quryna. Signe aussi que cet incident n’était qu’une étincelle : des sources concordantes rapportent, selon les agences, que des slogans hostiles au régime ont été scandés. On pouvait entendre notamment «Benghazi réveille-toi c’est le jour que tu attendais», «Le sang des martyrs n’est pas versé en vain», ou encore «Le peuple veut faire tomber la corruption». A ces appels, les pro-Gueddafi ont répondu par une contre-manifestation qui s’est terminé par un corps à corps.
Parallèlement, le régime sort son artillerie propagandiste sous forme de «marches spontanées» dans les principales villes de Libye, notamment à Benghazi, Syrte (est), Sebha (sud) et Tripoli, selon des images de la télévision d’Etat.
Un défilé en couleur à la gloire d’El Gueddafi que la chaîne d’Al-Jamahiriya a retransmis en direct. Mais ces images risquent de n’être qu’un écran de fumée. L’appel à une «journée de colère» lancé pour aujourd’hui pourrait ne pas amuser le Guide, si habitué à l’ivresse des foules qui le vénèrent de gré ou de force. Aussi, plus de 200 signataires et des organisations d’opposition libyennes basées à l’étranger ont souligné «le droit du peuple libyen d’exprimer son opinion» et appelé le colonel Kadhafi et sa famille à quitter le pouvoir. (El Watan-17.02.2011.)
***110 islamistes libérés en Libye110 détenus, appartenant au Groupe islamique de combat libyen (Gicl), ont été libérés, hier, par les autorités libyennes, portant ainsi le nombre des islamistes, prisonniers politiques, relâchés depuis l’an dernier, à plus de 360. Parmi les détenus libérés figurent trois dirigeants du groupe, a précisé le président de la Ligue libyenne des droits de l’homme, Mohamed Torniche, à des journalistes dans l’enceinte de la prison d’Abou Salim à Tripoli. La libération de ces islamistes intervient à la veille d’une «Journée de colère libyenne» prévue, pour aujourd’hui, selon des appels lancés sur Facebook. Mais Mohamed Torniche a précisé qu’il s’agissait «d’une échéance arrêtée depuis plusieurs mois et qu’il n’y avait pas de rapport avec une quelconque autre question». Depuis mars, la Libye a libéré plus de 250 prisonniers de différents groupes islamistes parmi lesquels une quarantaine du Gicl, dont trois ex-dirigeants : Abdelhakim Belhaj, l’émir du groupe, Khaled Chrif, le chef militaire, et Sami Saadi, l’idéologue.
*****des opposants au régime dispersés par la force
La police a dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, la deuxième ville de Libye, faisant 38 blessés, une intervention suivie de manifestations mercredi en faveur du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi dans plusieurs villes du pays.
Ces rassemblements hostiles au pouvoir, rares en Libye, sont inspirés par les révoltes dans les pays frontaliers, la Tunisie et l’Egypte.
Amnesty International, Londres et l’Union européenne ont appelé à éviter le recours à la force, alors que des appels ont été lancés sur Facebook pour faire de jeudi une « journée de la colère » contre le régime dirigé d’une main de fer depuis 42 ans par le colonel Kadhafi.
En soirée, un calme prudent régnait à Benghazi, bastion des opposants du régime à 1.000 km à l’est de Tripoli, selon des témoins, tandis qu’à Tripoli des petits groupes de jeunes partisans du régime continuaient à défiler en voitures dans un concert de klaxons, brandissant des photos de M. Kadhafi.
Mercredi avant l’aube, 38 personnes ont été blessées dans des affrontements à Benghazi entre manifestants et forces de l’ordre, selon une source hospitalière.
Selon une source libyenne bien informée, les autorités ont ensuite lancé une « campagne d’interpellations » dans la ville.
Les comités révolutionnaires, épine dorsale du régime, ont prévenu qu’ils ne permettraient pas à « des groupes s’activant la nuit de piller les acquis du peuple et de menacer la sécurité du citoyen et la stabilité du pays ».
La police est intervenue, selon le journal libyen Quryna, pour mettre fin à des affrontements entre des partisans de M. Kadhafi et des « saboteurs ».
Les manifestants s’étaient d’abord rassemblés pour réclamer la libération d’un avocat, Fethi Tarbel, représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade à la prison d’Abou Salim à Tripoli (plus de 1.000 morts).
L’avocat a été libéré après une brève détention mais les manifestants « auxquels se sont jointes des personnes munies d’armes blanches et de cocktails molotov » ont continué à marcher jusqu’au centre-ville, où « ils ont incendié et endommagé des voitures », selon Quryna.
« Benghazi réveille-toi, c’est le jour que tu attendais », « Le sang des martyrs n’est pas versé en vain », ou encore « Le peuple veut faire tomber la corruption », ont-ils scandé selon des sources concordantes.
Des associations pro-Kadhafi ont alors organisé une marche à Benghazi, « mais une poignée de saboteurs (…) leur ont lancé des pierres », provoquant des heurts entre les deux camps, a affirmé le journal.
Des centaines de partisans du régime ont ensuite défilé à Benghazi, Syrte (est), Sebha (sud) et Tripoli, selon des images de le télévision d’Etat montrant des manifestants brandissant des drapeaux et des photos de M. Kadhafi et scandant des slogans à sa gloire.
Selon Amnesty International, les manifestants réclamaient la libération de cinq personnes ayant appelé à manifester jeudi « pour des réformes politiques ». Deux d’entre elles ont depuis été libérées.
« Les Libyens ont les mêmes droits que les Egyptiens et les Tunisiens (…) et il est grand temps que le gouvernement libyen le reconnaisse », a ajouté l’ONG appelant ce dernier « à mettre fin à la répression des manifestations ».
L’Union européenne a appelé Tripoli à autoriser « l’expression libre » et à éviter « toute violence », alors que Londres a appelé « toutes les parties » à « s’abstenir de recourir à la force ».
Dans une pétition reçue par l’AFP, plus de 200 signataires et des organisations d’opposition libyennes basées à l’étranger ont souligné « le droit du peuple libyen d’exprimer son opinion » et appelé M. Kadhafi et sa famille à quitter le pouvoir.
A la veille de la « journée de la colère », les autorités libyennes ont libéré 110 islamistes portant à plus de 360 le nombre total des « prisonniers politiques » relâchés depuis un an.(AFP-17.02.2011.)
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**Egypte: La Révolution entre rêve et réalité
Les Egyptiens veulent entrer en contact avec l’Armée et demandent droit de regard sur ses desseins politiques.
Redessiner le système politique de l’Egypte permettant l’avènement de la démocratie et lutter contre une corruption et une pauvreté endémiques, sont les principaux objectifs de la révolte des Enfants du Nil. Aujourd’hui, les Egyptiens ont, enfin, pu chasser Hosni Moubarak du pouvoir. Néanmoins, le pays demeure confronté à d’immenses défis. D’autant que l’Egypte connaît, aujourd’hui, de nombreux arrêts de travail. Tandis que des rassemblements sont signalés, hier, dans de nombreux endroits, en particulier dans le delta du Nil, les villes le long du canal de Suez, au Caire et dans la deuxième ville du pays, Alexandrie.
Cependant, les mises en garde de l’Armée, contre les conséquences désastreuses de nouveaux mouvements sociaux, n’ont pas eu, paraît-il, leurs effets. Bien au contraire, il faut dire que les Egyptiens qui testaient leur nouvelle liberté acquise depuis la chute de Hosni Moubarak, ne comptent plus se taire ou s’accommoder des promesses de l’Armée.
Au fond, ils savent bien que jusqu’à présent, le pouvoir est détenu par l’entourage et les hommes de main du président déchu. Mais ce processus de transition politique «va être long et compliqué», prévient Amr Hamzawy, directeur de recherche de la branche Moyen-Orient du Centre de réflexion américain, Carnegie à Beyrouth.
Selon l’analyste politique, Amr al-Choubaki, «le défi sera d’arriver à matérialiser les idées de cette révolution dans la vie de tous les jours, et, pour la jeunesse, de faire émerger de nouvelles idées, de nouveaux partis politiques». Pour ce qui est de l’Armée, dépositaire du pouvoir, désignée par les soins du raïs qui, jusqu’ici se trouve dans l’une de ses résidences privilégiées à Charm El-Cheikh, elle risque de voir le peuple lui tourner le dos. L’appel à l’organisation d’une grande marche vendredi prochain pour remettre à l’Armée une plate-forme de revendications en est une preuve.
Les manifestants veulent maintenir la pression sur l’Armée pour qu’elle concrétise ses promesses. Ils souhaitent ainsi entrer en contact avec l’Armée pour avoir le droit de regard sur ses futurs desseins à propos des amendements de la Constitution et lui remettre une liste de candidats présidentiables. A 82 ans, Moubarak a su s’aménager une bonne porte contrairement à ce qui se dit de lui. Mettant de côté une fortune estimée à 70 milliards de dollars sans que ses fils ne se voient pour autant inclus dans la liste nominative des-ex hauts responsables et hommes d’affaires égyptiens adressée aux autorités européennes pour que ces derniers gèlent les avoirs des personnes citées dans la requête.
Or, quelque 40% de la population égyptienne vivent autour du seuil de pauvreté. De plus, le sentiment du rejet de confiance des manifestants tend, peu à peu, à se confirmer.
Quant à la Constitution, l’une des principales revendications des manifestants qui accusent la loi fondamentale actuelle d’être taillée sur mesure pour l’ex-président et son parti, un membre faisant partie de la commission, a confirmé que les amendements seraient prêts dans une dizaine de jours et soumis à référendum d’ici deux mois. Néanmoins, il faut dire que des réserves et des doutes sont, d’ores et déjà, manifestés par les manifestants. (L’Expression-17.02.2011.) ***
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