Hosni Moubarak déçoit son peuple
11022011
*L’ancien secrétaire d’ État égyptien, Tarek El Bechri, a déclaré que l’Égypte a besoin d’un nouveau système qui soit à même de préserver la vie politique du pays. Au sujet du président Moubarak, il a ajouté que pour parvenir à le chasser du pouvoir, il faut qu’il y ait une grande force. Hosni Moubarak ne veut pas làcher…il ne veut pas répondre aux aspirations de son peuple et partir, comme le lui demandent les manifestants d’Ettahrir au Caire et dans toutes les villes égyptiennes. Il refuse de démissionner; mais délègue une partie de ses pouvoirs à son vice-président, Omar Souleimane, une autre copie de Moubarak. Juste après son discours télévisé jeudi soir, les dizaines de milliers de manifestants de la place Tahrir du Caire étaient furieuses et scandaient: «A bas Moubarak ! dégage, dégage!», tandis que d’autres brandissaient leurs chaussures en direction de l’écran où était retransmis le discours de Moubarak. Le raïs a, par ailleurs, annoncé qu’il demandait l’amendement de cinq articles de la Constitution et l’annulation d’un sixième. Dans son discours, le Président égyptien a voulu s’adresser directement aux milliers de manifestants qui occupent depuis une dizaine de jours la place Tahrir et qui réclament son départ en leur déclarant que «le sang de leurs martyrs n’a pas été versé vainement». Des manifestants appelaient à une grève générale et demandaient à l’armée, largement déployée autour de la place, de les rejoindre dans la révolte : «Armée égyptienne, le choix est maintenant le régime ou le peuple !» criaient-ils. Intervenant quelques minutes après le discours de Moubarak, son vice-président, le général Omar Souleimane, a appelé les jeunes manifestants à rentrer chez eux, dans une déclaration télévisée. La foule scandait: «Ni Moubarak ni Souleimane!». «Omar Souleimane et Moubarak sont les mêmes. Ils sont deux faces d’une même pièce. (11.02.2011.)
**Réactions: *La joie a tourné à la déception puis à la colère* la foule était à bout. «Dégage! Dégage! Dégage!«L’Egypte va exploser. L’armée doit maintenant sauver le pays»L’Egypte a besoin «d’une démocracie véritable»
Le spectre «d’une autre forme de dictature»
***Plusieurs figures politiques ont réagi dans la foulée du discours de Moubarak…
Partira…Partira pas. Hosni Moubarak s’accroche à son fauteuil, tout en déléguant des pouvoirs au vice-président Omar Souleimane. Confronté à des manifestations sans précédent depuis le 25 janvier 2011, le président égyptien n’a pas démissionné, contrairement à ce qui avait été annoncé un peu plus tôt dans la journée de jeudi. La déception et la colère ont saisi le camp des anti-Moubarak, et les réactions politiques sont diverses. Mohamed ElBaradei, figure de l’opposition égyptienne
Il fut l’un des premiers à réagir sur Twitter. «L’Egypte va exploser. L’armée doit maintenant sauver le pays. Nous devons être très inquiets. Ils (Hosni Moubarak et son vice-président Omar Souleimane) doivent démissionner. Les gens n’ont plus confiance en eux. Comment peut-on être un président sans pouvoirs?»Barack Obama, président des Etats-Unis
«La population égyptienne a été informée d’un transfert de l’autorité, mais on ignore si cette transition est immédiate, significative ou suffisante. De trop nombreux Egyptiens doutent que le gouvernement soit sincère quant à une véritable transition vers la démocratie et il est de sa responsabilité de parler clairement à l’Egypte et au monde. Le gouvernement égyptien doit ouvrir la voie d’une démocratie véritable de façon crédible, concrète et sans équivoque et il n’a pas encore saisi cette occasion.» Kamel El-Helbaoui, figure des frères musulmans, exilé en Grande-Bretagne
«Les responsables militaires sont avec Moubarak, mais je ne suis pas sûr que tous les officiers le soient. Ces discours vont faire descendre des millions de gens dans la rue demain, après la prière du vendredi (…) Nous allons assister à d’autres effusions de sang entre le régime et les manifestants, ces discours n’ont par conséquent eu aucun impact positif.»William Hague, ministre britannique des Affaires étrangères
«Nous examinons attentivement ce que le président et le vice-président ont dit. On ignore pour le moment quels pouvoirs ont été transmis et quelles en sont les conséquences. Nous pensons que la solution doit venir des Egyptiens eux-mêmes. Tout ce que nous voulons au Royaume Uni, c’est qu’ils viennent à bout de leurs divergences de façon pacifique et démocratique.» (sources: 20Minutes avec Reuters-11.02.2011.) **Après dix-sept jours de manifestations…Dernière info ..jeudi 10.02.2011.-(23h50): Sameh Shoukry, l’ambassadeur égyptien auprès des Nations unies déclare sur CNN: Moubarak «a transféré tous ses pouvoirs au vice-président». Selon lui, Souleimane est «de facto le chef de l’Etat». Les diplomaties britannique et américaine ont indiqué qu’elles cherchaient à «préciser» quels pouvoirs Moubarak avait exactement délégués. Mohamed ElBaradei a averti: «L’Egypte va exploser». Il appelle l’armée «à sauver le pays maintenant».Un peu plus tôt, Hosni Moubarak a livré un discours confus. Les manifestants ne retiennent qu’une chose: le président égyptien s’accroche à son fauteuil.Dans son allocution télévisée, il a annoncé qu’il allait déléguer des pouvoirs au vice-président, Omar Souleimane, conformément à la Constitution. Il a aussi annoncé «l’abrogation de différents articles de la Constitution», qui permettra une réforme des conditions de candidature à la présidence, de la durée des mandats, des élections ou encore de la transparence du scrutin. Cependant, il a redit qu’il ne se présentera plus à l’élection présidentielle, et qu’il garantit «la passation du pouvoir à celui qui sera choisi par le peuple en septembre prochain, après des élections libres, honnêtes et transparentes». Selon lui, «le pays se dirige vers un transfert pacifique du pouvoir, dès ce jeudi et jusqu’à l’élection de septembre», ce qui répond aux revendications des manifestants. Mais ces derniers, dont le nombre n’a cessé de croître ce jeudi en fin de journée sur la place Tahrir, n’ont pas manqué de montrer leur mécontentement. Ils ont brandi des chaussures, scandé «à bas, à bas Hosni Moubarak!» et «dégage, dégage!», ulcérés par le fait que le président ne démissionne pas ainsi qu’ils le réclament, mais se contente d’annoncer une délégation de pouvoirs. A son tour, le vice-président Omar Souleimane s’est adressé aux Egyptiens, à qui il a promis de tout «mettre en œuvre pour garantir la transition pacifique du pouvoir». Il les a ensuite appelés à «rentrer chez eux, et à retourner au travail»…
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**Place Tahrir, de la joie à la colère
Les manifestants égyptiens brandissent leurs chaussures, alors qu’Hosni Moubarak s’exprime, pour montrer leur désapprobation place Tahrir, le 10 février 2011. *La joie a tourné à la déception puis à la colère, jeudi, place Tahrir, au Caire, lorsque le président Hosni Moubarak a annoncé qu’il remettait ses pouvoirs au vice-président mais qu’il ne démissionnerait pas.
Une foule immense garnie d’innombrables drapeaux égyptiens s’était rassemblée jeudi dans l’après midi sur la place et s’est laissé peu à peu gagner par la certitude d’un départ imminent du chef de l’Etat.
«Ce soir il dégage!», scandaient certains, dont la confiance allait croissant au fil des annonces relayées par la presse. Certains annonçaient son départ pour l’Allemagne, d’autres le voyaient déjà aux Emirats arabes unis.
Sur le visage des nouveaux venus, les organisateurs de la contestation étalaient les couleurs nationales, donnant un air de carnaval à ce rassemblement bon enfant.
Comme depuis plusieurs jours, islamistes portant la barbe côtoyaient militants de la gauche laïque et autres progressistes issus de toutes les couches de la population, souvent venus en famille. «Dégage !», pouvait-on lire sur le front d’une fillette perchée sur les épaules de son père.
«Il ne veut pas comprendre»
Alors qu’Hosni Moubarak s’apprêtait à prendre la parole pour sa troisième intervention télévisée depuis le début des troubles, beaucoup s’imaginaient déjà en témoins directs de l’histoire en marche. «Assis! Assis!», a-t-on hurlé et la foule a aussitôt obtempéré comme un seul homme.
De nouveaux appels au calme ont retenti lorsque le raïs est apparu à l’écran et le silence s’est fait aussitôt. A la lueur d’un quartier de lune, des militaires perchés sur leur char se montraient plus attentifs encore.
Moins d’une minute plus tard, la ferveur avait cédé la place à la stupeur, illustrée par cet homme hochant la tête en silence. Bientôt, certains se déchaussaient et menaçaient l’écran de leurs semelles, d’autres pointaient un doigt menaçant ou tournaient le pouce vers le sol tandis que quelques uns fondaient en larmes.
A mi-discours, la patience de la foule était à bout. «Dégage! Dégage! Dégage!», scandait-elle à nouveau. «Il ne veut pas comprendre. Les gens ne veulent pas de lui au pouvoir. Il s’y accroche de façon très bizarre», commentait un jeune manifestant de 23 ans.
A la fin de l’allocution, certains ont aussitôt quitté la place. «Ne désespérez pas!», leur a lancé un organisateur. «Il n’y a pas de désespoir, pas plus que de reddition!», lui-t-on aussitôt répondu. Une «Journée des Martyrs» à la mémoire des victimes des manifestations est prévue vendredi. (Reuters)
*Nouveau rassemblement au Caire
De nombreux manifestants sont réunis en ce «vendredi du défi», place Tahrir au Caire. Selon I>Télé, les manifestants souhaitent marcher sur le bureau d’Hosni Moubarak, situé à une quinzaine de kilomètres du centre de la ville. Toutefois les accès sont bloqués par l’armée. En outre, certains se dirigent actuellement vers les bureaux de la radio et télévision égyptienne afin d’empêcher les employés d’aller travailler.Un groupe d’Egyptiens appelant à la démission du président s’est rassemblé dans la matinée devant le palais présidentiel au Caire, en scandant «A bas Hosni Moubarak». L’armée n’est pas intervenue pour les disperser. Un fil barbelé bloque l’une des entrées du palais.
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*Israël fonde tous ses espoirs sur Omar Souleiman
Omar Souleiman, ici avec le président israélien Shimon Peres en novembre 2010, a effectué de nombreuses visites, sans se cacher, ces dernières années à Tel-Aviv et à Jérusalem.
Omar Souleiman est bien connu des responsables israéliens.
À Jérusalem
Omar Souleiman a la cote en Israël. «L’homme de la stabilité»: c’est ainsi que le Yediot Aharonot, le quotidien le plus lu, qualifie le vice-président égyptien, présenté comme le candidat idéal pour succéder à Hosni Moubarak et surtout le mieux placé pour barrer la route du pouvoir aux Frères musulmans. Les médias prêtent toutes les qualités à ce tout-puissant chef des services de sécurité connu de tout l’establishment israélien. Il a effectué de nombreuses visites, sans se cacher, ces dernières années à Tel-Aviv et à Jérusalem. Le vice-président a rencontré tous les responsables au plus haut niveau du gouvernement, y compris les responsables des renseignements militaires, et Meïr Dagan, le patron du Mossad (les services secrets), pendant huit ans. En Égypte, il a mis la main sur le «dossier Israël» et dispose d’un représentant personnel à l’ambassade d’Égypte à Tel-Aviv qui lui rendait directement compte sans passer par l’ambassadeur. «Tout l’intéresse: la politique intérieure israélienne, l’économie et, bien entendu, les questions de sécurité, de la lutte contre le terrorisme aux tentatives de déstabilisation de la région menées par l’Iran», souligne un diplomate israélien. Le quotidien Maariv a indiqué que le bureau de Benyamin Nétanyahou avait eu droit à un de ses premiers appels à l’étranger après sa promotion au poste de vice-président.
Souleiman a également joué ces dernières années un rôle d’intermédiaire indispensable. …à la fin de l’opération «plomb durci», lancée par l’armée israélienne contre la bande de Gaza, qui a coûté la vie à plus de 1400 Palestiniens en 22 jours de combats. Souleiman a aussi négocié, pour le moment en vain, la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit, enlevé en 2006 et détenu par le Hamas à Gaza. Il est enfin crédité du durcissement de la répression exercée par les forces de sécurité égyptiennes contre le trafic d’armes du Hamas à travers les tunnels de contrebande reliant l’Égypte à la bande de Gaza.
Parmi les autres ennemis communs figure le Hezbollah libanais. L’an dernier, la justice égyptienne a condamné à la prison 26 membres présumés de l’organisation chiite accusés d’avoir planifié des attentats anti-israéliens en Égypte, notamment dans la péninsule du Sinaï. Autre «qualité» fort appréciée, il est présenté par les médias comme le mieux placé pour «manipuler» les Frères musulmans, qu’il considère comme «un danger pour son pays». «Il dialogue avec eux, mais il ne leur fera pas de cadeau», prévoit un diplomate israélien. ….Mohammad ElBaradei, présenté comme un possible rival de Souleiman pour succéder à Moubarak, suscite bien moins d’enthousiasme. Cet ancien patron de l’Agence internationale à l’énergie atomique est soupçonné de «coupables faiblesses» envers le programme nucléaire iranien, au point qu’Israël a tenté un moment d’obtenir son limogeage. (source: Le Figaro-10.02.2011.)
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Catégories : actualité, société
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