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L’armée égyptienne se range du côté du peuple

1022011

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*L’opposition ne négociera pas avant le départ de Moubarak

ElBaradei exhorte le président égyptien à quitter le pouvoir d’ici à vendredi, tout en appelant à une «sortie honorable».  L’opposition égyptienne annonce avoir atteint son objectif d’un million de manifestants, à la mi-journée au Caire, selon al-Jezira.L’opposant Mohamed ElBaradei dit souhaiter une «sortie honorable» pour le président Moubarak, dans une interview à la chaîne de télévision al-Hurra.Un comité représentant les forces de l’opposition égyptiennes, y compris Mohamed ElBaradei, déclare dans un communiqué qu’il n’entamera pas de négociations avant le départ du président Moubarak.L’armée égyptienne – l’un des deux piliers, avec la police, du régime du président Moubarak au pouvoir depuis 30 ans – s’est rangée du côté du peuple, en annonçant officiellement qu’elle ne tirerait pas sur les manifestants, dont elle juge les revendications «légitimes».

 Des manifestants au Caire mardi.

Photo: Des manifestants au Caire ce mardi

*Les faits marquants de la journéeflechegrise2 dans société Des centaines de milliers de manifestants – un million selon l’opposition – se sont rassemblés sur la principale place du Caire.flechegrise2 L’opposant Mohamed ElBaradei a exhorté Hosni Moubarak à quitter le pouvoir « d’ici à vendredi ».flechegrise2 L’opposition n’entamera pas de négociations avant le départ du président égyptien.flechegrise2 Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont également rassemblées à Alexandrie.

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*Toujours selon al-Arabiya, Hosni Moubarak annoncera mardi soir qu’il renonce à se représenter mais qu’il entend rester à son poste pour répondre aux revendications des manifestants.

*Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a eu une conversation téléphonique avec son homologue égyptien, le maréchal Mohamed Hussein Tantawi. «Jusqu’à maintenant, l’armée égyptienne a agi avec professionnalisme et retenue», selon le Pentagone.

 *L’ambassadrice des États-Unis au Caire, Margaret Scobey, s’est entretenue au téléphone avec Mohamed ElBaradei, chef de file du mouvement de constestation du régime.

*Lors de leur conversation téléphonique, l’ambassadrice des États-Unis au Caire Margaret Scobey a répété à Mohamed ElBaradei que Washington souhaitait une transition politique, sans toutefois dicter à l’Égypte la direction à prendre, fait savoir un responsable américain. De son côté, l’opposant a présenté des scénarios pour «l’après-Moubarak», selon une source politique égyptienne.

*Les États-Unis ordonnent le départ du personnel non essentiel de leur ambassade au Caire. Les diplomates américains dans le pays sont autorisés à quitter le pays s’ils le souhaitaient depuis dimanche.

*Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés socialistes français, estime que le président Moubarak va «devoir partir», soulignant que le mouvement populaire ne s’arrêtera «pas tant que des changements politiques ne seront pas engagés».

* Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, exhorte le régime d’Hosni Moubarak à «satisfaire sans hésitations la volonté de changement» de son peuple. L’Espagne estime de son côté qu’il s’agit d’une «journée clé» pour l’armée égyptienne face aux manifestations et «n’envisage pas» une réaction violente des militaires.

* Cinquante organisations égyptiennes de défense des droits l’homme appellent Hosni Moubarak à «se retirer» du pouvoir pour «éviter un bain de sang», au huitième jour d’une révolte populaire ayant déjà fait au moins 125 morts. Parmi ces ONG, figurent les plus importantes d’Egypte : le Centre d’Etudes des droits de l’homme du Caire, l’Association égyptienne des droits économiques et sociaux et le Centre arabe pour l’indépendance de la justice. Elles réclament «une nouvelle Constitution élaborée par une commission représentant tous les partis et forces politiques ainsi que la société civile», et «la tenue d’élections parlementaires et présidentielle libres et transparentes dans les six mois sous la supervision de la justice». (source: Le Figaro-01.02.2011.)

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*L’armée égyptienne se range du côté du peuple 

L’état-major exclut tout recours à la force contre les manifestants, appelés à une marche géante mardi. Le vice-président propose un dialogue avec l’opposition.

coeur- L’armée égyptienne s’est rangée lundi soir du côté du peuple en annonçant officiellement qu’elle ne tirerait pas sur les manifestants, dont elle juge les revendications «légitimes», à la veille d’une «marche d’un million» de personnes attendues aujourd’hui au Caire et à Alexandrie. «La liberté d’expression de forme pacifique est garantie pour tous», affirme un communiqué officiel de l’état-major adressé en début de soirée au «grand peuple d’Égypte». Cette déclaration pourrait constituer un tournant dans les efforts du président Hosni Moubarak pour se maintenir au pouvoir, face à une contestation qui dure désormais depuis plus d’une semaine.

Le remaniement du gouvernement opéré par le président Moubarak n’a pas calmé la colère des Égyptiens, appelés à observer une grève générale mardi et à manifester massivement. L’opposition compte sur la présence d’un million de personnes dans les rues du Caire et d’Alexandrie, bien que le trafic ferroviaire ait été suspendu. La mobilisation s’effectue grâce au bouche-à-oreille, Internet restant bloqué et le service de messagerie mobile perturbé. Les Frères musulmans, principale force d’opposition, prônent la poursuite du mouvement de contestation «jusqu’à la chute de tout le régime» de Hosni Moubarak.

Lundi, des dizaines de milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés sur la place Tahrir, épicentre de la révolte au Caire, en scandant «Moubarak dehors !» Certains y ont passé la nuit malgré le couvre-feu en vigueur. Autour de la place, cernée par des chars, les militaires contrôlaient les identités des manifestants sans toutefois empêcher leur accès.

«Dialogue immédiat»

Dans la soirée lundi, le nouveau vice-président, Omar Souleimane, a annoncé lors d’une brève allocution télévisée avoir été chargé par Hosni Moubarak d’ouvrir un dialogue immédiat avec l’opposition «autour de toutes les questions liées à la réforme constitutionnelle et législative», une des exigences des manifestants.

Mais pour le moment, les changements restent très timides. La plupart des anciens ministres ont été reconduits. Seule exception notable, le ministre de l’Intérieur, Habib al-Adli, dont les manifestants réclamaient le départ, a été remplacé par un général, Mahmoud Wagdi. Les hommes d’affaires proches du fils du raïs, le très ambitieux Gamal Moubarak, sont également absents d’un gouvernement où ils étaient autrefois en force.L’appel à une «transition ordonnée» lancé dimanche par l’Administration Obama a été relayé lundi par l’Union européenne. En Israël, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a agité le spectre d’un régime à l’iranienne en Égypte dans le cas où «un mouvement islamiste organisé prendrait le contrôle de l’État» à la faveur du «chaos». Alors que le pays reste en partie paralysé, certaines entreprises étrangères ont suspendu leurs activités. Les banques et la Bourse sont restées fermées. Les tensions nourrissent des craintes de perturbations du trafic sur le canal de Suez. (Le Figaro avec Afp, reuters-31.01.2011.)

**En Égypte, les généraux détiennent les clés du pays

 

Des manifestants portent un officier de l'armée égyptienne, place Tahrir, au Caire. Crédits photo: AP/Lefteris Pitarakis
Des manifestants portent un officier de l’armée égyptienne, place Tahrir, au Caire. 

L’attitude de l’armée fait depuis le début de la contestation l’objet de toutes les spéculations.

coeur- «L’armée ne tirera pas sur le peuple», dont elle considère les demandes «légitimes». Un porte-parole de l’armée a jeté le trouble, lundi en début de soirée, en intervenant en direct sur les ondes de la télévision d’État, alors que les manifestants anti-Moubarak prévoient aujourd’hui une grande marche vers le palais présidentiel. Les militaires avaient déjà prévenu samedi qu’ils n’interviendraient pas contre les manifestants, et les scènes de fraternisation ont achevé de convaincre les Égyptiens que «le peuple et l’armée ne font qu’un», le slogan le plus entendu depuis vendredi au Caire. Mais tous les Égyptiens s’interrogent pour savoir s’il faut y voir un «lâchage» en règle du raïs.

L’attitude de l’armée fait depuis le début de la contestation l’objet de toutes les spéculations. Beaucoup d’experts voient dans le flottement des derniers jours le signe de dissensions au sein de la hiérarchie militaire. Pour compliquer les choses, les deux hommes de confiance nommés dimanche par Hosni Moubarak, le premier ministre Ahmed Chafiq, ancien commandant en chef des forces aériennes, et le vice-président Omar Souleiman, ex-chef des services de renseignements militaires, ont la réputation de ne pas entretenir les meilleures relations. Ajoutant à la confusion, les deux hommes se sont dits, l’un après l’autre lundi, mandatés pour dialoguer avec l’opposition.

Premier entrepreneur du pays

Outre son image de «protectrice» du peuple et de garante de la Constitution, Al-Geish (l’armée) a beaucoup à perdre d’un enlisement de la crise, synonyme d’effondrement durable de l’économie du pays. Depuis la signature de la paix avec Israël en 1978, l’armée, privée d’ennemi déclaré – même si elle continue de regarder son voisin avec méfiance, voire hostilité -, s’est en effet progressivement reconvertie en premier entrepreneur du pays. Non seulement dans l’industrie de l’armement, mais aussi dans des secteurs civils, comme le BTP, la production de biens de consommation et même le tourisme.

Une armée très secrète

Les militaires construisent des ponts, des autoroutes et des réfrigérateurs. L’armée produit de l’eau, de l’huile d’olive et de l’essence. Elle gère des hôpitaux, des hôtels sur la mer Rouge, possède de vastes domaines dans le delta du Nil et pratiquement tout le littoral ainsi que les terres désertiques du pays. En 2008, lorsque la flambée des cours mondiaux des matières premières agricoles a provoqué une pénurie du pain subventionné, menaçant de dégénérer en émeutes, ce sont les fours militaires que le président Moubarak a mobilisés pour rétablir la situation.

À quoi ont servi les quelque 27 milliards d’euros d’aide américaine qu’elle a reçus depuis la signature des accords de Camp David? Difficile de le dire: son budget est secret, comme à peu près tout ce qui la concerne. Même ses effectifs prêtent à interrogation. On les estime entre 400.000 et 500.000 hommes, dont 20.000 dans la garde présidentielle, l’unité d’élite de Hosni Moubarak.

Hostilité des généraux

Les États-Unis, en tout cas, aimeraient la voir évoluer et consacrer davantage d’argent, selon un télégramme diplomatique révélé par WikiLeaks, à la lutte antiterroriste plutôt qu’à l’achat de matériel conventionnel, comme les chars Abraham stationnés depuis quelques jours dans les rues des grandes villes égyptiennes.

Le chef d’état-major des armées, le général Sami Annan, s’entretenait avec son homologue américain à Washington quand l’armée a repris les choses en main. Rentré précipitamment samedi au Caire, il serait pour beaucoup dans la décision de l’armée de ne pas intervenir contre la foule. L’an dernier, il aurait fait part au président Moubarak de l’hostilité des généraux à un scénario de transmission héréditaire du pouvoir à son fils Gamal. Une hypothèse très impopulaire dans la population. (le Figaro-01.02.2011.)

**Moubarak n’a pas encore reçu de signal clair de l’armée pour partir

 Après une semaine de manifestations appelant à son départ du pouvoir, le vieux raïs fait de la résistance. « Moubarak ne veut pas lâcher prise, il n’a pas encore compris le message », affirme un diplomate au Caire.« Il se sent réconforté par les apparatchiks de l’armée. Il n’a pas encore reçu le signal » clair de celle-ci l’appelant à partir, ajoute cette source, qui redoute cette journée de tous les dangers au Caire et dans les autres villes du pays. Selon ce diplomate, « cet attentisme est très dangereux, parce que si l’armé tire ou si la situation s’éternise, cela va entraîner le chaos ».

Un diplomate arabe poursuit : « seule sa famille et l’armée peuvent lui demander de partir ».

Mais l’armée semble encore hésiter. « Quand Moubarak s’est déplacé le week-end dernier au centre opérationnel de l’armée, cela veut dire qu’il se considérait encore comme le maître de cette armée dont il est issu, que celle-ci le suivait».

Mais lundi soir, l’état-major a lancé un signal d’une toute autre nature, estimant que les revendications du peuple étaient « légitimes ». Comme si l’armée s’apprêtait à lâcher le président au pouvoir depuis 29 ans.

L’attelage sécuritaire Souleiman-Chafic, nommé samedi par Moubarak respectivement vice-président et Premier ministre, ne peut survivre que s’il se dissocie du raïs, donc si ce dernier part. Dans cette hypothèse, souligne le diplomate arabe, l’Egypte pourrait connaître « un changement à l’intérieur du régime et non pas un changement de régime ». Scénario beaucoup plus lourds d’incertitudes avec des islamistes en embuscade, qui attendent leur heure. (Blog du Figaro-01.02.2011.)

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 **pour ElBaradei, Moubarak doit partir «d’ici à vendredi»

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Photo:  La Caire, 1er février 2011. Ils sont désormais plusieurs centaines de milliers d’Egyptiens réunis place Tahrir, au Caire, pour réclamer le départ d’Hosni Moubarak.

*Le président Hosni Moubarak doit quitter le pouvoir «d’ici à vendredi», déclare l’opposant Mohamed ElBaradei à la chaîne satellitaire Al Arabiya.

**Mohamed El-Baradeï déclare, dans le journal britannique «The Independent», que si le président «veut vraiment sauver sa peau, il ferait mieux de partir». «Quand un régime retire complètement la police des rues du Caire, quand les casseurs font partie de la police secrète pour essayer de donner l’impression que sans Moubarak, le pays plongera dans le chaos, c’est un acte criminel (…)», estime l’opposant égyptien.

**Dans un communiqué,  cinquante organisations égyptiennes de défense des droits l’Homme appellent Moubarak à se retirer pour «éviter un bain de sang».

Cette journée de mardi pourrait être déterminante pour l’avenir de l’Egypte, où les opposants au pouvoir en place organisent une marche géante. Ils espèrent réunir plus d’un million de personnes au Caire et à Alexandrie (nord). La position de l’armée égyptienne, qui a déclaré lundi soir que les revendications du peuple étaient «légitimes» et s’est engagée à ne pas faire usage de la force, pourrait marquer un tournant de le conflit qui a fait au moins 125 morts et des milliers de blessés en une semaine. (Le Parisien-01.02.2011.)

* Le centre ville est totalement congestionné, des embouteillages monstres se sont formés tandis que des milliers de personnes continuent d’affluer vers la place Tahrir avec des banderoles et des drapeaux, constate l’envoyée spéciale du «Parisien». On se déplace en famille, beaucoup de femmes et d’enfants veulent prendre part à la marche.

*«Une véritable marée humaine a envahi la place Tahrir. Il y a beaucoup plus de monde que les jours précédents», confirme l’envoyée spéciale du «Parisien», qui souligne un renforcement des mesures de précaution. «Aujourd’hui, les soldats ne se contente plus des papiers d’identité, ils fouillent également les sacs, explique-t-elle. Une ambiance particulière règne ici. On voit aujourd’hui des visages nouveaux, des universitaires, des membres de la société civile, des habitants venus de villes extérieures au Caire. On sent que les gens sont déterminés à faire bouger les choses, à aller jusqu’au bout, mais aussi une certaine tension, car beaucoup redoutent que des policiers réussissent à s’infiltrer dans la foule et fassent déraper la situation.»

* Des hélicoptères survolent régulièrement le centre du Caire, et l’armée contrôle de nombreux accès au centre ville, tandis que de plus en plus de monde converge vers la place Tahrir. Les manifestants lancent des slogans comme «Dehors Moubarak», et brandissent des affiches représentant le président pendu, ou sa photo avec la mention «ta tête va tomber».

*Selon la chaîne de télévision Al-Jazeera, les gens forment des chaînes humaines aux abords de la place Tahrir afin de vérifier que ceux qui arrivent ne portent pas d’armes.

*  «Ashab yourit eskhat raï», «ashab yourit eskhat al nazam»,  «le peuple veut la chute du raï» et «le peuple veut la chute du gouvernement», sont les deux slogans les plus lancés sur la place Tahrir. Des banderoles et drapeaux sont brandis, dans toutes les langues, même en coréen , rapporte l’envoyée spéciale du «Parisien».  
*Un journaliste d’Al Arabiya rapporte que l’armée égyptienne distribue des tracts assurant à nouveau le peuple de son soutien. Dans un communiqué officiel diffusé la veille, les forces armées ont jugé «légitimes» les revendications du peuple égyptien.

 * La Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, évoque le chiffre de 300 morts depuis le début du mouvement de contestation en Egypte, précisant qu’il s’agissait de «rapports non confirmés».
* L’Unesco lance un appel à la sauvegarde du patrimoine de l’Egypte, réclamant des mesures pour protéger «les trésors» du pays, «au Caire, à Louxor et sur tous les autres site culturels ou touristiques».
*La Chine va envoyer au moins quatre avions supplémentaires pour rapatrier jusqu’à 2 000 de ses ressortissants d’Egypte, annonce l’aviation civile.
*Le cours du brut reste au-dessus des 100 dollars le baril dans les échanges électroniques en Asie. Les marchés craignent que les troubles en Egypte perturbent les approvisionnement via le canal de Suez, indiquent les analystes.

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**L’armée sur le point de lâcher Hosni Moubarak

En affirmant que les revendications du peuple égyptien étaient « légitimes », l’armée vient de donner l’impression de lâcher le président Hosni Moubarak, qui ne semble pas vouloir quitter le pouvoir, comme le lui demande son peuple, depuis une semaine.«La liberté d’expression de forme pacifique est garantie pour tous», a affirmé ce lundi soir le porte-parole de l’armée, cité par l’agence officielle Mena et la télévision d’Etat.Difficile de ne pas y voir un appel lancé au raïs pour que ce dernier quitte le pouvoir, alors qu’une nouvelle journée de manifestations est prévue demain dans les principales villes du pays.Le départ du vieux leader, âgé de 82 ans, est la seule façon de mettre un terme à la crise et d’éviter le pire. Comme en Tunisie, il y a trois semaines, la hiérarchie militaire égyptienne pourrait convaincre un président usé par trente ans de pouvoir de quitter la présidence de la république. Comme nous l’indiquions dans Le Figaro de ce lundi, le scénario d’une prise du pouvoir en douceur par l’armée semble en marche. Un classique dans l’histoire de l’Egypte, depuis la révolte des officiers libres au début des années 50?Sans doute a-t-elle reçu les encouragements de Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, qui a appelé le général Ahmad Chafic, nommé Premier ministre samedi, avec le général Omar Souleiman promu lui vice-président.La marge de manœuvre du raïs parait donc se réduire comme une peau de chagrin. « Seule sa famille ou l’armée peuvent le forcer à partir », regrette un diplomate arabe. (Blog du Figaro-31.01.2011.)***********************Un million d’égyptiens aujourd’hui dans la rue Dans un communiqué diffusé hier, en fin de journée, le commandement militaire égyptien a reconnu la légitimité des revendications de la rue et s’est engagé à ne pas intervenir contre les manifestants. 

Plus d’un million d’Egyptiens sont appelés aujourd’hui à marcher dans les rues du Caire et d’Alexandrie, les plus importantes villes du pays, pour exiger le départ du président Moubarak, qui dirige d’une main de fer leur pays depuis 32 ans. Des revendications jugées «légitimes» par l’armée, qui, dans un communiqué diffusé hier en fin de journée, s’engage à ne pas intervenir contre les manifestants. Une sorte de garantie qui réconforte la population dans sa démarche.
Le vent de colère, qui souffle sur le pays des Pharaons depuis une semaine, a fait 125 morts et des milliers de blessés ne s’affaiblit pas. Les contestataires s’apprêtent à occuper la rue malgré le couvre-feu et l’arrêt total de l’activité ferroviaire, principal moyen de transport des Egyptiens.

«Nous voulions participer à la marche à Tahrir demain, mais les trains ont été arrêtés et nous ne disposons pas d’autre moyen de transport. Nous avons donc décidé de rester à Alexandrie et d’organiser une marche d’un million de personnes demain, devant la gare ferroviaire», a déclaré à l’AFP Abir Youssef du comité de soutien à M. El Baradei.
«Des manifestants vont sortir vers 11h (9h GMT) des différents quartiers d’Alexandrie pour se diriger vers la gare ferroviaire.»
Hier, au moment où des milliers d’Egyptiens affluaient vers le centre du Caire, Hosni Moubarak annonce la formation d’un nouveau gouvernement. Une nouvelle attendue depuis la désignation, samedi dernier, du nouveau Premier ministre, le général Ahmed Chafic, et d’un vice-président, le patron des services de renseignement, Omar Souleïmane.

Mais à la surprise générale, l’écrasante majorité des ministres sont reconduits, à l’exception du contesté ministre de l’Intérieur, Habib Al Adli qui cède son poste au général de la police, Mahmoud Wagdi, alors que le général Mourad Mowafi, ancien gouverneur du Sinaï-Nord, accède au poste de patron des services de renseignement. Farouk Hosni, ministre de la Culture – ce nom avait fait couler beaucoup d’encre en 2009 à la suite de ses déclarations anti-israéliennes en tant que candidat à la direction de l’Unesco – quitte, lui aussi, ce département, désormais dirigé par Gaber Asfour, professeur d’université et critique littéraire connu. Les ministres des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, de la Défense, le général Mohamed Hussein Tantaoui, et de l’Information, Anas El Fekki sont pour leur part maintenus. Ce léger remaniement ne change rien à la situation de révolte. Pour les centaines de milliers de manifestants, il n’est plus question de réclamer le départ du ministre de l’Intérieur, accusé «d’avoir ordonné» à la police de tirer sur la foule. Ils veulent tout simplement le départ du régime de Moubarak. C’est la principale revendication de la foule imposante qui occupe la place Tahrir (place de la Libération) depuis six jours.

Après avoir abandonné les villes aux actes de pillage et de vandalisme, la police réinvestit timidement l’espace public, «sur ordre» du tout nouveau ministre de l’Intérieur. C’est l’agence de presse officielle égyptienne qui annonce le déploiement de patrouilles de policiers dans tout le pays, «en coordination» avec les unités de l’armée déjà installées dans les centres névralgiques du pays où le couvre-feu (de 16h à 8h) est en vigueur au Caire, à Suez et à Alexandrie depuis vendredi, est prolongé d’une heure depuis hier (de 15h à 8h).  
La Coalition nationale pour le changement, qui regroupe plusieurs formations de l’opposition, dont les Frères musulmans, soutient El Baradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le charge, dès dimanche, de «négocier avec le pouvoir» au moment où le président du Parlement, Fathi Sorour, annonce la décision de «corriger bientôt» les résultats des élections législatives de fin 2010, boycottées par l’opposition à cause de la fraude.

Totalement paralysé, le pays plonge dans le chaos et le pire est à craindre avec la marche d’aujourd’hui, d’autant que l’économie est à l’arrêt depuis sept jours déjà. Plusieurs groupes, dont le français Lafarge, le Crédit agricole, la compagnie pétrolière russe Loukoïl, le producteur de gaz Novatek ou encore le groupe énergétique allemand RWE gèlent leurs activités et évacuent les familles de leur personnel expatrié et tout ou partie de leurs salariés étrangers.
Dans une déclaration lue hier à la télévision, Moubarak a parlé de «nouvelles mesures durables, pour plus de réformes politiques, constitutionnelles et législatives par le dialogue avec toutes les parties».
Il exhorte le nouveau gouvernement à «rétablir la confiance» dans l’économie et à «lutter de manière décisive contre toutes les formes de corruption». Des promesses auxquelles la rue ne croit vraiment pas. Elle compte l’exprimer à travers sa sortie dans la capitale, aujourd’hui…(El Watan + agences-01.02.2011.)

**Moubarak, seul face à son destin

 Le peuple égyptien, «volcanisé» par l’entêtement mordicus de Hosni Moubarak à la tête de l’Etat, attend toujours le positionnement de l’Armée. Au pouvoir depuis 30 ans, le président égyptien s’accroche, malgré les appels de l’opposition et même des Etats-Unis d’Amérique, allié stratégique de l’Egypte, à une «transition démocratique».
Hier, lundi, tôt dans la matinée, des milliers d’Egyptiens, rassemblés à la place de la Libération, réclamaient le départ du Raïs et incitaient, en même temps, l’Armée à prendre position à la lumière de la révolte populaire et généralisée. L’armée, «la grande muette», qui détient la clé de la crise, demeure vraisemblablement, un acteur passif, alors que se joue le destin de l’Egypte.
C’est dire que la consigne donnée, jusqu’ici, par la hiérarchie militaire aux soldats investissant les grandes villes égyptiennes en partie, est d’éviter de s’attaquer frontalement aux manifestants lesquels, ne comptent pas rentrer chez eux avant de voir le régime de Hosni Moubarak renversé. S’inscrivant dans la «neutralité» à l’égard des incidents tragiques qui secouent le pays du Nil, l’Armée égyptienne, entrée en scène depuis jeudi dernier, du fait du couvre-feu décrété par le régime du Raïs égyptien et du retrait de la police des rues, s’est suffi, compte tenu des événements, de suivre de près, du moins pour le moment, l’évolution du soulèvement des Enfants du Nil, sans pour autant s’attaquer aux manifestants en colère, ce qu’a fait la police en assassinant plusieurs dizaines de civils aux mains nues.
Et puis, il faut dire également que les images diffusées en boucle via les chaînes satellitaires montrant les soldats égyptiens équipés de chars et de divers engins militaires investissant les rues égyptiennes tout en partageant des scènes de liesse avec les manifestants, renseignent probablement sur la reproduction du scénario tunisien, qui a vu l’armée négocier la fuite de Ben Ali, est aussi «exportable» en Egypte.
Une hypothèse que nombre d’observateurs n’excluent pas. Car, soutiennent-ils, il se pourrait qu’il y ait des différents points de vue aux sommets des différents corps de la hiérarchie des services de sécurité, où les chefs ne se trouvent pas, paraît-il, dans les mêmes tranchées. Une autre hypothèse en vue relève, quant à elle, qu’une telle attitude ne traduit, à l’évidence, qu’un acte de duplicité et un soutien inavoué de l’Armée pour Hosni Moubarak. D’autant plus que Moubarak assure sa survie et tire sa force de l’appareil militaire, bras séculier du régime.
Du côté du «Pharaon», qui fait face à un mouvement de contestation sans précédent en 30 ans de pouvoir, l’on apprend que ce dernier a chargé son nouveau Premier ministre, Ahmad Chafic, de promouvoir la démocratie par le dialogue avec l’opposition. Néanmoins, l’opposition et les manifestants se sont montrés complètement sourds et réclament toujours, le départ sans conditions de Hosni Moubarak. Les feux de la libération de l’Egypte du joug du régime Moubarak se sont propagés et se sont répandus à travers tout le territoire égyptien.
Le soulèvement populaire s’amplifie de jour en jour, alors que les esprits sont galvanisés. Faire marche arrière et se suffire des réformes économiques et politiques, annoncées tambour battant, par Hosni Moubarak, n’est pas à l’ordre du jour des manifestants et au même titre que l’opposition, toutes couleurs confondues, qui s’est réunie autour de Mohamed El Baradei, ex-directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea).
Le prix Nobel de la paix désormais symbole et figure emblématique et homme de consensus, est allé, hier, au-devant des manifestants au Caire, promettant «une ère nouvelle». «Je vous demande de patienter, le changement arrive», a déclaré par haut-parleur aux milliers de manifestants réunis à la place Tahrir. En plus de la grève générale paralysant l’Egypte en partie, une marche grandiose a été également décidée pour aujourd’hui, mardi. Le mot d’ordre est précis et clair: «Moubarak dégage». L’opposition, avec à sa tête le prix Nobel de la paix, Mohamed El Baradei, a lancé, hier, un appel aux manifestants pour participer massivement à la marche géante en question. Celle-ci se déroulera à la place Tahrir (place de la Libération), épicentre de la révolte au Caire, où la mobilisation s’est prolongée durant toute la nuit d’hier, et ce, en violation du couvre-feu en vigueur dans le pays.
Ceci dit, les menaces proférées par le ministre de la Défense égyptien contre toute personne bravant le couvre-feu, n’affectent pas le moral des manifestants, ni n’influent sur le cours des événements. Une semaine après le début d’une révolte sans précédent ayant fait au moins 125 morts, des milliers de blessés, de détenus et de disparus, la rue égyptienne ne décolère pas pour autant. Au septième jour des manifestations, le pays est pratiquement paralysé.
Les commerces, les établissements scolaires, tous paliers confondus, les banques et la Bourse sont fermés. Outre le départ massif des ressortissants étrangers d’Egypte, de nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers vers le pays des Pyramides, au plus fort de la saison touristique. De ce fait, tout porte à croire, enfin, que le pays arabe le plus peuplé (l’Egypte) est bien parti pour chasser Hosni Moubarak, âgé de 81 ans, depuis 30 ans à la tête de l’Etat égyptien.(L’Expression-01.02.2011.)

 

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*Basma Kodmani : «Les sociétés arabes sont toutes en train de briser les chaînes»

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 Très au fait de la nature des régimes dans le monde arabe, Basma Kodmani, politologue syrienne et directrice de l’Arab Reform Initiative estime, concernant le cas de l’Algérie, que «les Algériens veulent observer d’abord les développements en Tunisie et en Egypte pour s’assurer qu’il y a bien une voie qui mène au succès avant de se lancer».

- Comment analysez-vous la situation actuelle en Egypte ?

L’Egypte vit un processus révolutionnaire et non plus une révolte, puisque toutes les institutions et les acteurs politiques et sociaux sont en mouvement. Toutes les questions économiques, sociales, politiques qui ne sont pas réellement traitées par le pouvoir depuis trois décennies et qui se sont aggravées au cours de la dernière décennie se sont conjuguées pour donner au mouvement populaire toute sa force. La souffrance sociale était devenue objectivement insupportable tandis que se formaient depuis quelques années des mouvements de contestation d’abord très localisés puis de plus en plus structurés. Les Egyptiens étaient connus pour leur quiétude et leur aversion pour le risque. Ils disaient toujours mieux vaut celui que l’on connaît plutôt que celui que l’on ne connaît pas, mais cette fois-ci ils ont préféré l’inconnu. Dans son discours de vendredi dernier, le président Moubarak a brandi l’inconnu comme un loup sauvage qu’il tenait par les oreilles et qui ravagerait tout s’il était lâché, entraînant le chaos. «Moi ou le chaos», disait-il en substance oubliant que s’il y a chaos, ce sera bien à cause de son régime. En ce sens, il a été même en deçà de ce que Ben Ali avait dit puisque Ben Ali avait dit : «Je vous ai compris.»

- Un scénario à la Ben Ali semble moins envisageable dans le cas de Moubarak. Est-ce lié à la nature du régime ou au poids géostratégique de l’Egypte dans la région ?

Le système tout entier est ébranlé et cet Etat qui est l’Etat le plus ancien du monde va se refonder de fond en comble. On a connu l’Egypte monarchique, puis l’Egypte des militaires depuis 1952. Nous assistons à l’avènement de la nouvelle Egypte. C’est en réalité la première révolution qu’a jamais vécue l’Egypte dans toute son histoire puisque le peuple a toujours accueilli pacifiquement et passivement l’arrivée d’un «pharaon» après l’autre. Leur nom changeait (pharaon, roi, raïs), mais leurs prérogatives très peu ! Ce qui paraissait impensable il y a quelques jours est en train de se produire à une vitesse fulgurante. Le poids stratégique de l’Egypte laissait croire que le système sécuritaire était invincible, verrouillé et garanti par des forces extérieures. On croyait le pays enchaîné par ses accords de paix avec Israël, de coopération militaire et sécuritaire avec les Etats-Unis et l’Europe et les programmes d’aide dont il bénéficie de la part de ces pays. Or c’était le régime qui était enchaîné parce qu’il s’était posé en serviteur des intérêts de ces pays. Le peuple voulait la protection de sa sécurité à lui non de celle de la classe dirigeante et des autres pays.

- Omar Souleïmane représente pour la rue la continuité du régime. On dit même que c’est le garant de la stabilité des relations avec Israël. Qu’en pensez-vous ?

L’homme est respecté car il est perçu comme très compétent et intègre, ce qui est une caractéristique rare dans un système où la corruption ronge toutes les institutions. Il est le candidat préféré des Israéliens et des Etats-Unis. S’il avait été nommé par Moubarak il y a encore un mois, il aurait de meilleures chances d’être accepté, mais il arrive bien trop tard. Les Egyptiens sont devenus plus exigeants. Ils parlent tous de leur droit à choisir leurs dirigeants. C’est cela l’état d’esprit qui caractérise les révolutions.

- Vous évoquez dans vos analyses le concept de «sécuritocratie» appliquée dans des pays comme l’Egypte, l’Algérie et la
Syrie. Sur quels fondements est basé ce système ?

C’est tout simplement lorsqu’un pays est gouverné par les institutions de sécurité qui deviennent plus importantes que toutes les autres. Elles sont tellement vitales pour le maintien du pouvoir politique qu’on voit apparaître graduellement un renversement du rapport de forces. Le politique est englouti par la logique sécuritaire et les appareils de sécurité. Les gouvernants politiques ne ressentent plus le besoin de fournir des réponses politiques aux défis de la société. Ils s’en remettent aux hommes de la sécurité qui assurent leur tranquillité et gèrent eux-mêmes les problèmes de la société. De telle sorte que ceux-ci se considèrent les vrais maîtres. La grande faiblesse cependant de cette «sécuritocratie» est que à mesure que les forces multiplient leurs effectifs, les membres de ces appareils sont de moins en moins motivés. En Egypte, ce sont de pauvres va-nu-pieds, des conscrits ayant un salaire de misère. Ils sont chargés de faire régner la peur, mais la peur règne aussi à l’intérieur de leurs rangs. Quand la chape de plomb est soulevée, tout s’écroule.
- Contrairement à la Tunisie, on évoque avec insistance le poids important des Frères musulmans en Egypte. Croyez-vous que cette mouvance est suffisamment forte pour prétendre à prendre le pouvoir dans ce pays dans le cas d’élections libres ?

Les Frères musulmans sont une force réelle en Egypte et il faudra compter avec eux dans tout système politique démocratique. Cela dit, ils sont eux-mêmes en crise depuis quelques années. Ils n’ont pas su emboîter le pas aux nouveaux mouvements de contestation. Leurs dirigeants sont vieux et les jeunes parmi eux n’arrivent pas à imposer leurs vues. Les plus jeunes ne quittent pas le mouvement, mais ils vont créer des sites web et des blogs où ils s’expriment et font part de leurs frustrations.
Cette jeune génération des Frères a trouvé dans l’espace virtuel et dans les mouvements sociaux et de jeunes qui ont proliféré au cours des trois dernières années, l’occasion de dialoguer avec d’autres courants politiques (la gauche, les libéraux, les nationalistes).
En cas d’élections libres, ils voudront certes gagner le plus de voix possible, mais je crois qu’ils seront freinés par trois facteurs : leur participation actuelle à une coalition avec Mohamed El Baradei et d’autres les obligera à négocier un partage des circonscriptions lors d’élections ; deuxièmement, ils ont toutes les chances de se diviser dès lors qu’ils seront obligés de fournir des réponses aux questions difficiles qu’ils ont pu éviter jusque-là ; troisièmement, quand on est attentif aux revendications des manifestants en ce moment, on se dit que les Egyptiens ne voudront plus forcément se réfugier dans l’Islam dès lors qu’ils vivront en démocratie.
 

- L’épouvantail islamiste est-il l’allié du maintien de la «sécuritocratie» ?

Dans un certain sens oui, puisque le régime de Moubarak comme celui de Ben Ali ont pu profiter de ce formidable alibi. Sans lui et sans le terrorisme de Al Qaida, on aurait peut-être vu le changement plus tôt.  

- Après la Tunisie, l’Egypte a bougé, pensez-vous que le vent de la révolution va toucher d’autres pays arabes ?

Les autres régimes arabes tremblent tous. Les bourses dans les pays du Golfe ont dégringolé. Des fortunes sont sans doute en train d’être transférées à l’étranger. Malgré l’énormité des appareils de sécurité de tous ces pays, ils savent tous qu’ils n’auront aucun recours le jour où les peuples décideront de ne plus se taire. Les sociétés arabes sont toutes en train de briser les chaînes. En Arabie Saoudite, ce sont les revendications de libertés sociales et le ressentiment à l’égard des dépenses indécentes des dirigeants qui ont mobilisé des manifestants, hommes et femmes, descendus manifester ensemble dans la rue, du jamais vu ! Nous n’aurons sans doute plus de mal à expliquer que le monde arabe existe. On vient de voir que c’est un seul tissu social qui vibre d’un bout à l’autre.

- Que pensez-vous du cas algérien ?

L’Algérie est prête depuis longtemps. Mais les Algériens son traumatisés par leur expérience et ne peuvent se lancer dans l’inconnu une nouvelle fois. Pourtant votre pays ne manque de rien, ni de talents, ni de figures intègres, ni bien entendu de ressources. On a l’impression que les Algériens veulent observer d’abord les développements en Tunisie et en Egypte pour s’assurer qu’il y a bien une voie qui mène au succès avant de se lancer.

- Certains analystes affirment que ce début d’année fortement tourné dans les pays arabes vers la révolte n’est pas le seul fruit d’un mouvement spontané et que des puissances occidentales, notamment les Etats-Unis et la France, n’y sont pas étrangères. Quel est pour vous le poids d’une telle analyse ?

Je n’en crois pas un mot. Les puissances occidentales sont inquiètes du changement car elles ont des intérêts vitaux dans les pays arabes et se sont habituées à les traiter avec les mêmes hommes. Elles sont aussi aveuglées par la menace islamiste au point qu’elles ne voient rien derrière. Elles ne croient pas le monde arabe prêt pour la démocratie, mais ce sont plutôt elles qui ne sont pas prêtes pour la démocratie dans le monde arabe. (El Watan-01.02.2011.)

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*LE MAROC NE SERA PAS ÉPARGNÉ PAR LES RÉVOLTES
Les prédictions de Moulay Hicham

Le cousin germain de Mohammed VI estime que le Royaume ne fera pas exception par rapport à la vague de contestation qui a secoué la Tunisie, l’Egypte et d’autres pays arabes.

La Révolution de jasmin qui a provoqué la chute de Zine el Abidine Ben Ali en Tunisie, les manifestations qui sont en train d’ébranler le régime de Hosni Moubarak en Egypte auront certainement des répercussions sur le Royaume chérifien. Le Maroc ne fera «probablement pas exception parmi les pays arabes après la Révolution tunisienne et les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir en Egypte», a estimé lundi le cousin du souverain marocain Mohammed VI.
Le «Maroc n’a pas été encore atteint…Mais il ne faut pas se tromper: presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception», a souligné Moulay Hicham dans une interview accordée au quotidien espagnol El Païs. Réputé pour ses critiques vis-à-vis de la monarchie marocaine et de son système politique, le cousin du roi s’interroge: «Reste à voir si la contestation sera sociale ou bien aussi politique et si les formations politiques, influencées par les récents événements, bougeront.»
Le Maroc est-il à bout de souffle? «La dynamique de libéralisation politique entamée à la fin des années 90 a pratiquement pris fin. Redynamiser la vie politique marocaine dans le contexte régional, en évitant les radicalismes, sera un grand défi», fait remarquer le prince marocain qui arrive en troisième position pour la succession au trône alaouite. Quel pourrait être l’impact de la Révolution tunisienne et des manifestations en Egypte sur le Maroc? Elles représentent une «rupture par rapport aux schémas antérieurs», a fait remarquer le «Prince rebelle». Puis, s’adressant à l’Europe, il lui conseille de «se réveiller, arrêter d’appuyer des dictatures qui ne sont pas viables et appuyer à fond les mouvements qui aspirent à un changement durable». En ayant choisi de s’exprimer dans les colonnes d’un quotidien espagnol de l’envergure d’El Païs, Moulay Hicham apporte de l’eau au moulin des médias espagnols qui ont fait état de mouvements de troupes des Forces armées royales vers Casablanca et Rabat pour faire face à d’éventuelles émeutes. Info ou intox? Le gouvernement marocain prend au sérieux ce qu’il qualifie «d’allégations infondées» et a réagi au quart de tour.
L’ambassadeur du Royaume d’Espagne à Rabat a été convoqué. Le Makhzen a tenu à protester contre des informations colportées par des médias espagnols faisant état de mouvements de troupes marocaines pour parer à d’hypothétiques manifestations. La réaction a été à la hauteur de l’information.
«Le gouvernement marocain a accueilli avec indignation les informations fallacieuses propagées par certains médias publics espagnols, notamment la télévision publique Canal 24 Horas, ainsi que d’autres supports de presse concernant des allégations infondées relatives au fait que le Maroc aurait déployé des troupes des Forces armées royales stationnées dans nos provinces du Sud vers Casablanca et Rabat, et ce en prévision de supposées manifestations éventuelles», a déclaré dimanche au cours d’un point de presse le ministre marocain de la Communication, porte-parole du gouvernement.
«Le gouvernement du Royaume du Maroc oppose un démenti catégorique à ces fausses nouvelles propagées par ces médias publics et les considère comme un comportement non professionnel et totalement étranger aux règles et à la déontologie d’un exercice médiatique sain», a ajouté visiblement offusqué Khalid Naciri.
Les médias espagnols seront-ils à l’origine d’une crise diplomatique entre leur pays et le Royaume du Maroc? L’ambassadeur du Royaume d’Espagne à Rabat a été convoqué par le chef de la diplomatie marocaine. «Dans le but de transmettre au gouvernement espagnol l’indignation du Maroc face à ces agissements irresponsables, M. le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a convoqué, aujourd’hui, M. l’Ambassadeur du Royaume d’Espagne à Rabat et a eu un entretien avec son homologue espagnol», a indiqué Khalid Naciri.
Il y a comme un vent glacial qui souffle à nouveau sur les relations entre Madrid et Rabat depuis l’attaque menée par les forces d’occupation marocaines contre le camp sahraoui de Gdeïm Izik. Les déclarations de Moulay Hicham à El Païs arrivent comme un cheveu sur la soupe. Elles risquent d’irriter à plus d’un titre Mohammed VI. (L’Expression-01.02.2011.)

 

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*L’âge avancé des dirigeants arabes et la jeunesse de leurs populations 

Parmi les causes avancées par les politologues et les sociologues pour expliquer le vent de révolte qui souffle sur certains pays arabes, il y en a une qui retient tout particulièrement l’attention par sa pertinence.

Il s’agit de l’âge avancé des chefs d’Etat qui président aux destinées de ces pays à populations majoritairement jeunes.
Les pays les plus affectés par cette déferlante de contestations à caractère politique et social, en l’occurrence, la Tunisie, l’Egypte et l’Algérie sont à plus de 70% peuplés par des jeunes ne dépassant guère 30 ans d’âge. Le relevé des âges des chefs d’Etats qui tiennent les rênes de ces pays est, à ce titre, très éloquent :       
Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie), récemment déchu par le peuple tunisien avait 74 ans ; Hosni Moubarek (Egypte) en proie à une forte vague de contestation populaire a 82 ans ; Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Président d’un pays réunissant tous les symptômes d’une révolte, en a 73 ; Mouammar El Gueddafi (Libye) plus de 40 ans au pouvoir a 69 ans. L’âge moyen de ces vieux présidents de pays jeunes dépasse allégrement 76 ans !!!  La liste des gérontocrates qui dirigent des pays arabes et africains à majorité de jeunes est évidemment plus longue, mais elle éclaire déjà suffisamment sur ce problème de déphasage entre ces gouvernants trop vieux et les nouvelles générations qui aspirent à de nouvelles formes de gouvernance, à davantage de justice sociale et à plus d’implication dans la gestion de leurs pays.

La répression étant inscrite dans leurs longues carrières de dictateurs, comme seule réponse possible à apporter à ceux qui ont le malheur de les contester, ces gérontocrates constituent, à l’évidence, un obstacle à la démocratie et une entrave à la constitution de contre-pouvoirs légaux. Pour illustrer l’importance de l’impact de l’âge des chefs d’Etat sur les avancées démocratiques des pays qu’ils dirigent, nous indiquons dans le tableau qui suit, l’âge bien plus jeune de ces dirigeants à la tête de pays ayant pourtant des populations beaucoup plus vieilles que celles des pays arabes et africains, cités plus haut.
- Barack  Obama (USA) n’a que 48 ans ;  
- David Cameron (Royaume-Uni)  43 ans ;
- Dimitri Medvedev (Russie) 45 ans ;
- Stephen Harper (Canada)  51 ans ;
- Julia Gillard (Australie)  49 ans ;
- Nicolas Sarkozy (France) 55 ans ;
- Luis Zapatero (Espagne)  49 ans ;
- Jose Socrates (Portugal) 53 ans ;
- Angela Merkel (Allemagne) 56 ans ;
Herman Van Rompuy (Belgique) n’a que 52 ans.
Soit un âge moyen, d’à peine, 51 ans  
Entre les chefs d’Etats arabes et africains cités plus haut et ces grands dirigeants, d’aussi grandes démocraties, il y a un écart d’âge abyssal, d’environ,
25 ans !!!…(El Watan-01.02.2011.)
 

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*Plusieurs compagnies étrangères ferment en Egypte

La révolte plombe l’économie

 Le soulèvement populaire en Egypte n’est pas sans conséquences sur l’économie. De nombreuses entreprises étrangères ont d’ores et déjà annoncé avoir fermé leurs unités de production ou suspendu leurs activités et évacué leurs employés expatriés et leurs familles.

Il en est ainsi du géant maritime et pétrolier danois A. P. Moeller-Maersk, du cimentier français Lafarge et du constructeur automobile Nissan, de la banque Crédit agricole, de France Télécom, de la compagnie pétrolière russe Loukoïl, du producteur de gaz Novatek, du gazier polonais PGNiG, ou encore du groupe énergétique allemand RWE et du cimentier italien Italcementi.  Nissan a annoncé hier qu’il fermait son unité de production à Gizeh (sud du Caire), où il a assemblé l’an passé environ
10 000 véhicules 4X4 et camionnettes. Toutefois, Toyota, qui annulé tous les voyages d’affaires au pays des Pharaons, ne renonçait pas à son projet de produire sur place quelque 3000 4X4 chaque année à partir de 2012. Le fabricant d’électronique Panasonic a demandé à ses salariés de s’abstenir de se rendre en Egypte.

La paralysie a également touché la place financière égyptienne. La Bourse du Caire est restée fermée, hier, pour la deuxième journée consécutive après son congé hebdomadaire de vendredi et samedi. Les banques sont aussi restées fermées et la plupart des distributeurs de billets étaient vides, hier. Il s’agit d’un coup dur pour l’Egypte, qui voit ainsi sa cote baisser auprès des investisseurs.
L’agence de notation Moody’s Investors Service a dégradé hier d’un cran sa note, désormais ramenée à «Ba2», et pourrait l’abaisser encore à moyen terme. Moody’s a motivé sa décision «par l’augmentation récente et significative du risque politique» dans le pays. L’agence a jugé «négative» la perspective d’évolution de cette note, se disant préoccupée par le fait qu’une réponse politique aux troubles pourrait conduire à une nouvelle dégradation des finances publiques «déjà faibles».  
Le pays cumule une dette extérieure estimée à plus de 32 milliards de dollars en 2009. La dette publique représente 105% du PIB. Le taux d’inflation frôle les 19%.

La quatrième économie d’Afrique risque de toucher le fond avec l’hécatombe qui menace le secteur du tourisme, dont elle tirait jusqu’à présent des revenus conséquents. De nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers. L’Egypte avait accueilli, en 2010, près de 14,7 millions de visiteurs et généré des recettes évaluées entre 12,6 et 13 milliards de dollars. Le pays d’Anouar El Sadate s’embourbera davantage dans le chaos économique si la crise entraînait le blocage du canal de Suez. Le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Abdallah Salem El Badri, a laissé entendre que la menace était réelle et pourrait induire une pénurie de pétrole pour le marché mondial. Le canal de Suez, contrôlé par l’Egypte et par lequel transitent environ un million de barils par jour, constitue un des principaux passages pour le transport pétrolier entre le Moyen-Orient et l’Europe. (El Watan-01.02.2011.)

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*Jordanie : un nouveau premier ministre pour calmer la rue

 

En Jordanie aussi, le pouvoir est contesté. Après plusieurs manifestations ces dernières semaines, pour protester contre la vie chère et réclamer des réformes, le roi Abdallah II a décidé mardi de changer de premier ministre. Il a nommé Maarouf Bakhit, 64 ans, à la place de Samir Rifaï, violemment contesté pour sa politique économique, et l’a chargé de mener de «réelles réformes politiques». Ce remaniement n’a pas fait taire les critiques. Le Front de l’Action Islamique (FAI), principal parti d’opposition, a critiqué mardi ce choix. Zaki Bani Rsheid, membre du comité exécutif du FAI, a déclaré que «Maarouf Bakhit a conduit les pires élections législatives en Jordanie (ndlr. en 2007, lors de son précédent mandat de Premier ministre)» et qu’«il n’est pas un réformateur». «Il n’est pas l’homme pour diriger la période transitoire et pour sortir de la crise qu’endure la Jordanie», a-t-il ajouté. (source: Le Parisien-01.02.2011.)
 

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