La chute du mur de la peur

31 01 2011

*les peuples arabes s’émancipent

«Quand trop de sécheresse brûle les coeurs; Quand la faim tord trop d’entrailles; Quand on rentre trop de larmes; Quand on bâillonne trop de rêves; C’est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher; A la fin, il suffit du bout de bois d’un esclave;Pour faire, Dans le ciel de Dieu; Et dans le coeur des hommes le plus énorme incendie.»
Mouloud Mammeri

Cette année 2011 est décidément une année arabe. Pour la première fois depuis plus d’un siècle, les peuples arabes s’émancipent à la fois de leurs dirigeants qui n’ont pas su et pour certains, pas pu les mener à bon port en les projetant dans le XXIe siècle. Il a fallu un espace virtuel Facebook, Twitter et plus généralement, les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour avoir eu raison de la chape de plomb des pouvoirs. Le régime tunisien fut balayé par l’Internet. Le régime du pharaon aux pieds d’argile comprit, mais trop tard, la nécessité d’étouffer le sang de l’information qui circulait sur la Toile. En voulant museler l’Internet, il constata que la révolution était déjà dans la rue. On apprend par ailleurs, que par mesure de précaution selon, The Guardian, qui cite Akhbar al-Arab, Gamal Moubarak, aurait quitté l’Égypte avec sa femme pour aller se réfugier à Londres.
Pour beaucoup d’observateurs, écrit Hicham Hamza, l’armée détient aujourd’hui la clé de l’avenir politique de l’Egypte. Hosni Moubarak a ainsi désigné samedi, comme Premier ministre, Ahmed Chafik, ancien commandant de l’armée de l’air et ministre sortant de l’Aviation. Il est chargé de former un nouveau gouvernement. Le changement dans la continuité. Samedi, le président égyptien Hosni Moubarak a nommé au nouveau poste de la vice-présidence, un loyaliste par excellence, l’ancien général Omar Suleïman, chef des services secrets et candidat idéal à la succession pour les Etats-Unis. Proche des milieux d’affaires, Omar Suleïman est reconnu comme un partenaire estimable pour les Américains et les Israéliens. Ses accointances au sein de la classe politique israélienne sont également jugées rassurantes pa gouvernement de Benjamin Netanyahu. (..) l’enjeu sera de savoir si la tutelle de l’Occident sera maintenue ou bien si les aspirations démocratiques du peuple à l’autonomie pourront enfin s’exprimer.(1)

Le régime du Pharaon aux pieds d’argile
Comment ce vent de révolte a-t-il soufflé? A côté du mimétisme de la révolte des jeunes Tunisiens, il ne faut pas négliger aussi le rôle de ferment joué par les câbles de wikiLeaks, et la crise des matières premières (on dit que l’Algérie et l’Egypte sont les deux premiers pays à acheter du blé aux pays qui le produisent, il y a au moins ce record que nous devons homologuer dans le livre des Guinness). Pour le reste, le Monde arabe est dernier partout et, notamment dans le domaine des sciences et de la technologie (500 université musulmanes, dans les dernières places, 5000 universités aux Etats-Unis Les 100 premières sont américaines et sur les 1000 premières universités mondiales 500 sont américaines. Le gap de plus en plus important entre les potentats installés dans les temps morts et un Occident exubérant d’initiative et de créativité. Un autre paramètre est la défaillance totale de tous les partis politiques ou supposés tels dans les pays arabes, alliés traditionnels du pouvoir, leur appel à mobilisation débouche sur des flops. On remarque que les tentatives de récupération en Algérie, Tunisie et Egypte se sont soldées par des échecs patents. Ajoutons le catalyseur et l’humiliation continuelle des Arabes à travers la politique d’apartheid d’Israël envers les Palestiniens et à son impunité imposée par un Occident qui développe justement, avec les potentats arabes qu’il soutient, des relations privilégiées. A titre d’exemple, l’Egypte est inféodée aux Etats-Unis, le prix de sa reddition en rase campagne est de 1,3 milliard de dollars.
Pierre Haski explique les analogies et les dissemblances des révolutions arabes d’avec celles des pays de l’Est en 1989. «Depuis le départ du président tunisien Ben Ali et la «contagion» dans d’autres pays arabes, la comparaison a souvent été faite avec la chute du mur de Berlin, en octobre 1989.(…) La principale différence, évidemment, tient au fait que les pays communistes d’Europe centrale et orientale appartenaient à un même «bloc», dont le centre de contrôle se trouvait à Moscou, au Kremlin. Lorsque ce dernier, sous la direction de Mikhaïl Gorbatchev, a laissé faire, la voie était soudain libre pour des changements historiques….Le Monde arabe n’a aucune de ces caractéristiques: ce n’est pas un bloc homogène. (…)»

L’Egypte est inféodée aux Etats-Unis
Pierre Haski ajoute que l’Occident est inquiet et on le comprend: «Et le monde extérieur est partagé entre le soutien aux aspirations démocratiques des manifestants, et la peur de voir ces pays tomber entre les mains d’extrémistes religieux, et donc de devenir des foyers d’instabilité et potentiellement «ennemis».La Tunisie est un petit pays, sans enjeu stratégique majeur, et les événements ont pu suivre leur cours sans grande interférence extérieure. En revanche, ce qui est sûr, c’est que les grandes puissances de ce monde observent avec inquiétude ces événements, au lieu de se réjouir de voir un vent de demande de liberté souffler sur une partie du monde qui semblait condamnée pour longtemps à l’immobilisme, la médiocrité de despotes galonnés ou couronnés, et à la menace de l’obscurantisme politico-religieux. Cette inquiétude, perceptible de Washington à Paris, nul ne sait où va la révolution égyptienne en marche. Avec, évidemment, l’incertitude islamiste. Un renversement éventuel de Moubarak ouvrira-t-il la voie à une victoire des Frères musulmans, à l’histoire longue de près d’un siècle, et très enracinés en Egypte ou en Jordanie? Ce n’est pas ce que souhaitent les Américains, ou leurs voisins israéliens, une position qui agace les «dissidents» démocrates du Monde arabe qui n’en peuvent plus d’être confrontés à l’alternative, islamistes ou dictateurs…L’analyste conservateur, Robert, Kaplan écrivait dans le New York Times qu’il ne fallait pas trop se réjouir des événements du Monde arabe, car on finirait par regretter des «dirigeants avisés» comme le roi Abdallah de Jordanie, ou «stables» comme le président Moubarak. Et de rappeler que ce sont des élections démocratiques qui ont amené le Hamas au pouvoir à Ghaza. Ils ont fait voler en éclats le mur de Berlin dans leurs têtes, qui les empêchait jusque-là de contester des régimes autoritaires et largement corrompus, soutenus par les Occidentaux au nom de la lutte contre l’intégrisme religieux.»(2)
Alain Gresh rappelle, pour sa part, les causes structurelles voire le ferment des révoltes. Ecoutons-le: «D’abord, le maintien de régimes autoritaires qui ne rendent jamais de comptes à leurs citoyens. S’il existe (ou plutôt existait) une «exception arabe», c’était bien celle-ci: ces régimes ont connu une longévité sans précédent, M.Moubarak est président depuis 1982, M.Ali Abdallah Saleh dirige le Yémen depuis 1978 et, à Amman, Abdallah II a succédé en 1999 à son père, qui, lui-même, avait accédé au pouvoir en 1952. Pour ne pas parler de la Syrie où Bachar El-Assad a remplacé son père qui avait pris le pouvoir en 1970, ou du Maroc où le roi Mohammed VI a remplacé son père en 1999, celui-ci ayant régné à partir de 1961, de la Libye où El Gueddafi sévit depuis 1969 et prépare son fils à lui succéder. Quant à M.Ben Ali, il présidait sans partage depuis 1989. (3)
De plus, dans des conditions différentes selon chaque pays, les droits individuels, politiques et d’expression du citoyen sont bafoués. La publication par WikiLeaks des télégrammes venus de l’ambassade des Etats-Unis au Caire confirment ce que tout le monde savait. (…) Tous ces régimes ont accaparé non seulement le pouvoir politique, mais se sont imposés dans le domaine économique, agissant souvent en vrais prédateurs des richesses nationales, comme en Tunisie. (…) On peut noter aussi que la lutte contre Israël, qui offrait souvent aux régimes du Proche-Orient un argument pour maintenir leur emprise – au nom de l’unité contre l’ennemi sioniste -, ne semble plus suffire.(…) l’ensemble du Monde arabe semble bien incapable de réagir au lent écrasement des Palestiniens. (….) Et maintenant? Que feront les Frères musulmans, très réticents à entrer dans une confrontation avec le pourvoir et qui ont finalement décidé de se rallier au mouvement? Mohammed El-Baradeï, sera-t-il capable de fédérer les oppositions?
«Les Palestinian Papers (ie documents WikiLeaks – NdT) écrit Robert Fisk, sont aussi stupéfiants que la Déclaration de Balfour. L’ «Autorité» palestinienne était prête, et l’est encore, à abandonner le «droit au retour» de peut-être sept millions de réfugiés vers ce qui est actuellement Israël en échange d’un «Etat» qui ne couvrirait plus que 10% (au mieux) du territoire palestinien sous mandat britannique. Il se passe quelque chose d’exceptionnel dans le Monde arabe. (…) En Égypte, nous aimons la démocratie. Nous avons encouragé la démocratie en Égypte – jusqu’à ce que les Egyptiens décident de renverser la monarchie. Alors, nous les avons mis en prison. Puis nous avons exigé encore plus de démocratie. C’est toujours la même histoire. Tout comme nous voulions la démocratie pour les Palestiniens à condition qu’ils votent pour les bons candidats, nous voulions aussi faire profiter de notre démocratie aux Égyptiens. Maintenant, au Liban, il apparaît qu’une «démocratie» libanaise va s’imposer. Et ça, nous n’aimons pas. Car, évidemment, nous voulons que les Libanais votent pour ceux que nous aimons, les partisans sunnites de Rafic Hariri dont l’assassinat – croyons nous – fut orchestré par les Syriens. Que se passe-t-il? Se pourrait-il que le Monde arabe décide de se choisir lui-même ses dirigeants? Se pourrait-il que nous assistions à l’émergence d’un Monde arabe qui ne serait plus contrôlé par l’Occident? En Égypte, l’avenir de Hosni Moubarak paraît encore plus compromis. Et les Égyptiens n’en veulent pas du fils de Hosni. Le chef de la sécurité de Hosni, un certain Suleïman, qui est très malade, n’est peut-être pas non plus l’homme qu’il faut. Et pendant ce temps, à travers tout le Moyen-Orient arabe, nous attendons la chute des alliés de l’Amérique. En Égypte, M.Moubarak doit déjà être en train de se chercher une destination vers où s’envoler. Au Liban, les amis de l’Amérique s’effondrent. C’est la fin des «Démocrates» du Moyen-Orient arabe. Nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait. Seule l’histoire nous le dira.»(4)
Pour Mohamed Tahar Bensaâda, l’alternative posée à l’Occident est simple: c’est soit les barbus soit les blindés. Cela nous rappelle la phrase de Moubarak à l’Occident, c’est moi ou l’Algérie sous- entendu le chaos. «(…) Bien avant le soulèvement populaire, et comme l’ont si bien illustré les fuites de WikiLeaks, les Américains ont montré qu’ils étaient excédés par les pratiques maffieuses du clan Ben (…) Comme leurs porte-parole dans l’Hexagone, les diplomates israéliens n’ont pas hésité à regretter la chute du régime de Ben Ali et à pointer du doigt la «menace islamiste». L’Egypte et la Jordanie, deux pays qui ne partagent pas seulement la proximité géographique avec l’Etat d’Israël. Tous les deux ont fait une «paix séparée» avec l’Etat hébreu. (…) Dans le Soudan voisin, (…) la manipulation israélo-occidentale de l’aspiration du Sud à l’autodétermination, à la liberté et au développement, a réussi, aidée en cela par l’irresponsabilité criminelle d’un pouvoir nordiste, sourd aux appels à la liberté, à la justice et à l’égalité des populations d’un Sud marginalisé et méprisé. (…)(5)
Que fera l’Occident qui avait, définitivement, misé sur «la fin de l’histoire des Arabes» réduits à des esclaves résignés avec un prévôt adoubé pour les maintenir en respect? Les peuples arabes lèvent la tête et s’interrogent sur l’avenir. Sans vouloir jouer les pythies, imaginons que les jeunes Arabes vont au bout de leurs rêves. Qu’ils arrivent à élire et à faire émerger en leur sein des guides capables de leur indiquer le chemin dans la dignité, l’espoir pour tous. Pourtant, on peut craindre que ce ras-le-bol soit une révolte malheureusement, non structurée qui risque de déboucher sur une anarchie nihiliste en l’absence d’alternatives crédibles comme c’est le cas en Tunisie où la contestation continue, pour continuer.

Les gouvernements arabes sont dociles
C’est l’avis du journaliste britannique Robert Fisk, pour qui, le changement de régime en Tunisie n’annonce pas forcément l’avènement d’une démocratie. «Serait-ce la fin de l’âge des dictateurs dans le Monde arabe? s’interroge Robert Fisk. Tous ces cheikhs et ces émirs, ces rois (dont un très âgé en Arabie Saoudite et un jeune en Jordanie), ces présidents (là encore, un très âgé en Egypte et un jeune en Syrie) doivent sans aucun doute trembler dans leurs bottes, car les événements de Tunisie n’étaient pas censés se produire. (…)Si de tels événements peuvent se produire dans un pays touristique comme la Tunisie, ils peuvent survenir n’importe où….La vérité est que le Monde arabe est si sclérosé, si corrompu, si humilié et si impitoyable -et si incapable d’accomplir des progrès sociaux et politiques que les chances sont quasi nulles de voir émerger des démocraties viables dans le chaos qui règne dans le Monde arabe. Mais tous les dictateurs savent qu’ils courent de gros dangers quand ils libèrent leurs compatriotes de leurs chaînes. Et les Arabes n’ont pas dérogé à la règle. Non, tout bien considéré, je ne pense pas que le temps des dictateurs arabes soit révolu. Les Occidentaux y veilleront.»(6)
Il est vrai que les gouvernements arabes actuels n’intéressent l’Occident que dans la mesure où ils sont dociles et non pas en tant que valeur ajoutée issue d’un brain- storming mais en tant que dépositaires d’une rente et prévôts des peuples qu’ils sont chargés de mater, en respectant un vernis de démocratie. Les dirigeants arabes, pour la plupart mal élus, s’accrochent au pouvoir à l’instar d’un El Gueddafi qui est, à n’en point douter», un cas d’école tant il est vrai qu’il a réussi à casser le peuple libyen et surtout sa jeunesse.
Pourtant, le croyons-nous, quelque chose d’absolument nouveau a eu lieu, le temps travaille pour l’avenir des millions de jeunes Arabes. Nul doute que la géopolitique mondiale connaîtra un véritable séisme et ce sera véritablement le chaos si les nouveaux Arabes décidaient enfin, de ne plus prendre comme parole d’Evangile les injonctions de l’Occident. Peut-être que c’est aussi, l’occasion unique pour rendre justice au peuple palestinien si le Monde arabe, dans son ensemble, décidait de dire «ça suffit!» concernant les coupables complicités de l’Occident vis-à-vis d’Israël. Les peuples arabes s’émancipent, le mur de la peur est tombé. (L’Expression-31.01.2011.)

Pr Chems Eddine CHITOUR (*) Ecole nationale polytechnique

1.Hicham Hamza: Le nouveau vice-président favori des Américains Oumma.com 29.01.2011
2.Pierre Haski: Le Monde arabe vit sa chute du mur de Berlin Rue89 29.01.2011
3.Alain Gresh:Le Monde arabe se révolte Monde diplomatique 28 janvier 2011
4.Robert Fisk: Une vérité émerge du Monde arabe http://www.independent.co.uk/opinio…
5.Mohamed Tahar Bensaâda Les barbus ou les blindés: l’Islam a bon dos. Quelles perspectives de changement dans le Monde arabe? Oumma.com 27 janvier 2011
6.Robert Fisk. Le temps des dictateurs n’est pas révolu. The Independent dans Courrier international 29.01.2011.

*********************

*Révoltes populaires contre les régimes autoritaires arabes

**le tour du Maroc viendra, selon le cousin du roi

Le Maroc ne fera « probablement pas exception » parmi les pays arabes après la révolution tunisienne et les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir en Egypte, a estimé lundi 31 janvier le cousin du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Hicham.

Surnommé le « prince rouge », car critique vis-à-vis de la monarchie marocaine et du système politique dans ce pays, Moulay Hicham souligne, dans une interview au journal espagnol El Pais, que le « Maroc n’a pas été encore atteint » par la vague de contestation sociale et politique qui secoue les pays arabes. 

« Mais il ne faut pas se tromper: presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception », estime le cousin germain de Mohammed VI. 

« Reste à voir si la contestation sera sociale ou bien aussi politique et si les formations politiques, influencées par les récents évènements, bougeront » commente encore cet homme de 46 ans, qui occupe la troisième place pour la succession au trône du Maroc.

Le prince Moulay estime que dans ce pays la « dynamique de libéralisation politique entamée à la fin des années 90 a pratiquement pris fin. Redynamiser la vie politique marocaine dans le contexte régional, en évitant les radicalismes, sera un grand défi ». 

La révolution tunisienne et les manifestations égyptiennes représentent une « rupture par rapport aux schémas antérieurs » n’ayant « aucun caractère religieux », « anti-impérialiste » ou « anticolonialiste ».  « L’Europe doit se réveiller, arrêter d’appuyer des dictatures qui ne sont pas viables et appuyer à fond les mouvements qui aspirent à un changement durable », estime encore le prince Moulay. (-El Watan avec AFP-31.01.2011.)

*******************

*Le Moyen-Orient face à la démocratie
 

Peu à peu, des dirigeants occidentaux s’éloignent des volutes enivrantes du jasmin pour mieux saisir la dimension planétaire des événements qui secouent actuellement certains pays du Monde arabe. Hier, invité au sommet de l’UA à Addis-Abeba, Nicolas Sarkozy les a qualifiés «de période cruciale pour le monde». Il a même instruit son Premier ministre de rappeler à l’ordre la secrétaire d’Etat française à la Jeunesse, Jeanette Bougrab, qui avait fait preuve «d’amateurisme politique» selon le conseiller à l’Elysée, Alain Minc, en prenant l’initiative d’exiger le «départ de Moubarak». Bougrab a fini par se fendre d’un communiqué sous forme de mea culpa. La vraie position de la France se trouve dans le communiqué commun publié par David Cameron, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy qui «appelle (seulement) Hosni Moubarak à engager un processus de changement». En clair, ils ne veulent pas du départ de Moubarak. Pourquoi? Non pas par amitié pour sa personne mais plutôt par la crainte d’une vacance du pouvoir comme en Tunisie dont l’issue est incertaine. Ou plutôt tellement certaine que ces dirigeants occidentaux n’osent même pas y penser. Aussi certaine que peut l’être cette exigence de démocratie portée par les manifestants dans ces pays. Or la démocratie signifie liberté d’expression des électeurs. C’est justement là que le pire est redouté par Sarkozy, Cameron et Merkel. Hier, le leader du parti Ennahda (islamiste selon le lexique occidental) tunisien, Rached Ghannouchi a été accueilli triomphalement, après 20 ans d’exil, dans son pays. Même si la veille il a déclaré, à Londres, qu’il «n’envisageait pas de se porter candidat à toute élection présidentielle ou parlementaire et n’aspirait à aucun poste» il est clair que son retour revigore ses militants parmi lesquels beaucoup ne se priveront pas de se porter candidats. On a envie de dire, à sa place. D’autant que son parti est légal depuis la «Révolution du jasmin». Toujours dans la journée d’hier, mais en Egypte cette fois, ce sont les Frères musulmans qui ont rejeté les nominations du vice-président et du nouveau Premier ministre décidées par Moubarak. Ils ont également demandé la dissolution du Parlement. Enfin, ils chargent El Baradei de «négocier» avec le pouvoir actuel. Ce n’est pas fini. Les portes de la prison de Wadi Natroun, près du Caire, se sont ouvertes hier. Des milliers de détenus, parmi lesquels plus d’une trentaine de dirigeants des Frères musulmans, principale force d’opposition en Egypte, ont retrouvé leur liberté. Au Liban, le nouveau Premier ministre, Najib Mikati, soutenu par le Hezbollah, faut-il le préciser, poursuit ses consultations pour former le nouveau gouvernement. Toute élection organisée dans ces pays serait remportée, de façon quasi certaine, par ces forces religieuses. Et le plus démocratiquement du monde. Pour les Occidentaux, il est impensable que des Etats islamiques puissent exister tout autour d’Israël qui, lui-même, revendique d’ailleurs son statut d’Etat juif. Dans ce cas, il faudra «détourner» la démocratie comme cela a été le cas pour les élections en Palestine qui ont eu pour résultat le succès du parti Hamas. La suite, tout le monde la connaît. Le problème qui se pose est de savoir si le déni de démocratie en Palestine peut être répété autant de fois qu’il y a de pays arabes au Moyen-Orient? Comme pour Vésoul, que Jacques Brel chante si bien, on est tenté de dire: «On a voulu voir la démocratie, on a vu la démocratie!» Plutôt on va la voir!  (Zouhir MEBARKI- L’Expression.31.01.2011.)

**********************

*vidéo: http://www.youtube.com/verify_age?next_url=http%3A//www.youtube.com/watch%3Fv%3D4XnhHzs91MY%26feature%3Dplayer_embedded

La mort d’un manifestant dans le Sinaï

**************

*de quel côté se range l’armée égyptienne? du côté du peuple ou bien celui de Moubarak et d’Israël?

** En Egypte, les opposants à Hosni Moubarak ont passé une nouvelle nuit dans le centre du Caire lundi et ont promis de manifester jusqu’au départ du président égyptien, dont le sort semble désormais dépendre de l’armée.
**le nombre de morts dépasse de loin celui annoncé..selon le guide général des Fères musulmans, docteur Mohamed Badi, qui a déclaré que son mouvement refuse catégoriquement les mesures prises par Hosni Moubarak afin d’essayer d’absorber la colère des citoyens

**L’opposition égyptienne a chargé l’ancien directeur de l’Agence Internationale de l’ Énergie Atomique (AIEA), Mohamed El Baradei de former un gouvernement de sauvegarde nationale.

 Des mouvements et des groupes d’opposition en Égypte dont le mouvement du 6 Avril, les  frères musulmans, le groupe des intellectuels et journalistes égyptiens, l’association nationale du changement ainsi que le mouvement du 25 janvier ont chargé Mohamed El Baradei de former un nouveau  gouvernement. Ce dernier bénéficie du soutien de la rue égyptienne.  Pour rappel, des milliers de manifestants égyptiens sont descendus dans les rues pour demander le départ de Hosni Moubarak au pouvoir depuis 30 ans. Dés qu’il a été désigné par l’opposition pour former un nouveau gouvernement l’ex directeur de l’AIEA a défié la résidence surveillée qui lui a été imposée le vendredi dernier. Ainsi il a décidé de se rendre à la grande place Tahrir (Libération) pour faire une déclarions devant des milliers de manifestant et de protestataires. L’opposition égyptienne refuse catégoriquement les dernières manœuvres de Hosni Moubarak qui a procédé à des changements et des nominations. Dans ce contexte le groupe des frères musulmans a indiqué qu’il « refuse catégoriquement les nouvelles nominations » qu’il considère comme « une ruse visant à avorter la révolution du peuple égyptien ». Ce groupe s’est dit solidaire avec la révolution populaire en Égypte. Les Égyptiens ont manifesté dimanche pour la 6e journée consécutive contre le régime du président Hosni Moubarak. Ils étaient plusieurs milliers à défiler dans des rues abandonnées par la police, et en proie aux pillage. Sur la place centrale du Caire, ils étaient des centaines à défier à nouveau le couvre-feu tandis que des avions de chasse ont survolé la ville. L’armée et les milices spontanément organisées par la population tentent de préserver l’ordre, alors que des milliers de repris de justice se seraient évadés de plusieurs établissements pénitentiaires du pays. (Echorouk-30.01.2011.)

**Face à la révolte populaire …Moubarak s’appuie sur l’armée 

 Après cinq jours d’importantes manifestations qui ont ébranlé tout le pays, exigeant son départ, le raïs s’accroche au pouvoir contre la volonté de tout un peuple qui brave la terreur d’un régime des plus cruels.

Acculé par la pression de la rue, Hosni Moubarak a tenté une manœuvre pour «sauver sa tête et son régime». Face à l’accélération des événements, il a nommé, hier, le chef des services secrets, Omar Souleïmane (74 ans), au poste de vice-président et un ancien militaire, Ahmed Chafic, pour former un nouveau gouvernement. La veille, Hosni Moubarak, retiré dans la station balnéaire de Charm El Cheikh, s’est adressé à la nation dans un discours jugé par l’opposition et la rue en dissidence «très négatif car il ne répond pas aux exigences du peuple égyptien qui réclame son départ», a déclaré Abdelhalim Kendil, coordinateur du mouvement Kifaya.

Moubarak a annoncé la dissolution du gouvernement de Ahmed Nazif et usé d’un ton menaçant à l’égard des manifestants. Mais son autorité semble altérée face un peuple égyptien déterminé à en finir enfin avec «un régime despotique en place depuis trente ans», a indiqué George Ishak, un des animateurs du mouvement Kifaya. Ainsi, les manifestations se sont radicalisées alors que les forces armées ont pris position dans toutes les villes du pays. Les affrontements entre manifestants et services de sécurité, qui ont fait près de 100 morts, ont laissé place à des manifestations pacifiques après que les blindés de l’armée aient été accueillis à bras ouverts par les manifestants. Ces derniers ont bravé, pour le deuxième jour, le couvre-feu imposé par le Président.

Les Egyptiens ont continué à manifester durant toute la nuit d’hier, réclamant le départ de Moubarak et l’instauration d’un régime démocratique au pays du Nil. Ils étaient des centaines de milliers à occuper les principales places au Caire, à Alexandrie, à Suez,  El Mahala et autres villes du pays. Les menaces du ministre de la Défense contre toute personne bravant le couvre-feu n’ont pas eu l’effet escompté. Alors que des milices tentent de semer le trouble lors des manifestations, les Egyptiens commencent à mettre sur pied des comités populaires pour protéger les personnes et les biens.

Par ailleurs, le leader de l’opposition et président du Comité national pour le changement, Mohamed El Baradei, a appelé les Egyptiens à continuer à manifester «pacifiquement jusqu’à faire tomber le régime de Moubarak». Il a sévèrement critiqué la nomination de Omar Souleïmane et Ahmed Chafic, respectivement vice-président et chef de gouvernement, car pour lui, il s’agit de «la militarisation du régime et la consécration de l’approche sécuritaire dans la gestion d’une crise politique grave». Dans une déclaration à la chaîne Al Jazeera, l’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique a indiqué que «seul un changement radical au sein du pouvoir, avec le départ de Moubarak et l’amorce d’un processus de transition, pourrait sauver le pays. Le mouvement de contestation qui mobilise de plus en plus veut un changement de régime».

De son côté, le coordinateur du mouvement Kifaya, Abdelhalim Kendil, dans une déclaration à El Watan, a dénoncé «une manœuvre de Moubarak qui tente de sauver son régime alors que la rue est unanime à exiger son départ du pouvoir. Nous voulons en finir avec un despotisme qui a écrasé tout un peuple pour se maintenir». Tout en estimant que la révolte qui s’est emparée de l’Egypte depuis cinq jours, M. Kendil a émis des propositions pour sortir de «ce bras de fer qui oppose un peuple déterminé à un pouvoir aveuglé par la corruption». «Il est urgent que le Président se retire avant qu’il ne soit chassé comme le président tunisien ; il est urgent de dissoudre toutes les institutions issues de la fraude, de former un gouvernement de salut national et d’élire une Assemblée constituante», préconise M. Kendil.

En somme, les Egyptiens sont en passe de mener leur révolution contre un des régimes les plus cruels de la région. Si le président Moubarak s’accroche mordicus au pouvoir, le peuple égyptien, qui s’est soulevé tel un volcan, est bien parti pour déloger «le pharaon du Caire». Pas facile de tenir face à la violence de la crue du Nil. (El Watan-30.01.2011.)
******************

**Le pouvoir accepte de discuter avec l’opposition 

 Le vice-président Omar Souleïmane vient d’annoncer ce lundi soir à la télévision publique qu’il avait mandat pour discuter avec l’opposition.

Rien n’y fait. Hosni Moubarak a eu beau remanier lundi son nouveau gouvernement, changer son ministre de l’Intérieur, conspué par les manifestants, la rue ne cède pas et réclame toujours le départ du président égyptien lundi. Encore une fois, des milliers de Cairotes ont bravé le couvre-feu pour se regrouper place Tahrir afin de crier leur colère et pousser Moubarak vers la sortie. Les militaires, stationnés dans les endroits clés de la ville, n’ont pas bougé, même si les manifestants les enjoignaient à choisir «entre l’Egypte ou Moubarak». 

Une marche d’un million de personnes est prévue mardi à l’initiative de l’opposition, qui pourrait tourner à la démonstration de force. D’autant plus que l’armée, pour la première fois depuis les manifestations, a pris parti lundi soir et semble se rapprocher des manifestants. Elle a annoncé lundi de manière très claire qu’elle n’userait pas de la force contre les manifestants. Mieux, elle a jugé «légitimes» les revendications du peuple égyptien.  «Vos forces armées, qui ont conscience de la légitimité de vos demandes et sont prêtes à assumer leur responsabilité de protection de la nation et des citoyens, affirment que la liberté d’expression par des moyens pacifiques est garantie à tous», a déclaré l’état-major dans un communiqué.

Quel rôle pour l’armée?

Cette prise de position pourrait constituer un tournant majeur dans la crise égyptienne. Reste que l’armée égyptienne a une place stratégique dans le nouveau cabinet annoncé par Hosni Moubarak, avec trois anciens officiers supérieurs nommés comme Premier ministre, vice-président et vice-Premier ministre et ministre de la Défense.  L’opposition, et notamment les Frères musulmans, ont rejeté le nouveau gouvernement. Et si le mouvement anti-Moubarak a débuté sans dirigeant clair ni formation structurée, l’opposition s’efforce maintenant de s’organiser autour de Mohamed El Baradeï. 

Au niveau international, des critiques commencent à se faire entendre en Israël contre Barack Obama, qui aurait lâché Moubarak, garant de la stabilité au Proche-Orient, en réclament une transition. L’Etat hébreux craint les répercussions de la crise sur ses relations avec l’un des seuls Etats arabes à avoir fait la paix avec Israël. Interrogé sur le cours des événements en Egypte, Benyamin Netanyahou a répondu: «Nous le suivons tous avec vigilance, avec inquiétude et, bien sûr, l’espoir que la paix et la stabilité seront préservées». «Notre vraie crainte c’est une situation qui pourrait déboucher, et qui a déjà débouché dans plusieurs pays, y compris en Iran même, sur des régimes radicaux islamistes répressifs», s’est-il inquiété.

Obama  accusé d’avoir lâché Moubarak

Angela Merkel, en visite à Jérusalem, a récusé lundi l’idée selon laquelle l’Europe et les Etats-Unis auraient lâché le président égyptien Hosni Moubarak. «On ne peut pas transiger avec ses principes et dire: ‘ils sont valables dans certains pays, où on peut exprimer ses pensées et voter librement, mais ils ne tiennent pas du tout dans d’autres’. Par conséquent, je ne crois pas que nous ayons laissé tomber qui que ce soit», a expliqué la chancelière allemande alors que l’Union européenne a appelé ce lundi à une «transition rapide» et des «élections libres et justes».

En fait les dirigeants occidentaux s’emploient à trouver une réponse adaptée à cette crise qui menace de bouleverser la donne au Proche-Orient: sans appeler directement au départ de Moubarak, ils prônent le respect des libertés fondamentales tout en craignant l’arrivée au pouvoir d’extrémistes.

Evacuations d’Occidentaux

Sous le feu des critiques, la Maison blanche a répondu lundi qu’elle ne prenait pas partie entre les manifestants et le les autorités égyptiennes. La crise égyptienne doit se régler par des pourparlers largement représentatifs incluant des groupes de l’opposition et il n’appartient pas aux Etats-Unis de décider d’un changement à la tête de l’Egypte, a déclaré Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison blanche.

Par ailleurs, au septième jour de contestation, de nombreux pays, comme la Chine, le Japon ou les Etats-Unis ont commencé à expatrier leurs ressortissants. La France n’a pris aucune mesure dans ce sens mais des entreprises françaises, comme Lafarge ou Saint-Gobain, ont proposé à leurs salariés occidentaux de les évacuer. Des étrangers, résidents ou de passage, ont tenté de quitter Le Caire lundi, provoquant des scènes de chaos selon des témoignages. (20Minutes avec Reuters-31.01.2011.)

************************

 

** L’armée n’agira pas contre les manifestants
Selon la chaîne de télé officielle égyptienne, l’armée n’utilisera pas la force contre les manifestants.

 **Les Egyptiens n’en démordent pas. Alors que des milliers de personnes ont une nouvelle fois bravé le couvre-feu instauré dans l’ensemble du pays dans la nuit de dimanche à lundi, une grève générale était prévue ce lundi pour réclamer le départ du chef de l’Etat au pouvoir depuis 30 ans. Mal en point, Hosni Moubarak ne compte plus que sur l’armée pour rester en poste, même si celui-ci est en sursis, la communauté internationale, Etats-Unis en tête, cherchant la meilleure issue possible pour ne pas déstabiliser l’équilibre géopolitique de la région. (20minutes avec Reuters-31.01.2011.)

* Une marche d’un million de personnes mardi?
C’est la volonté du comité de soutien de Mohamed El Baradeï. Elle doit avoir lieu à Alexandrie, la deuxième ville du pays. En fait, les manifestants voulaient venir au Caire mais les moyens de transports, notamment les chemins de fer, sont bloqués en direction de la capitale. Et un correspondant de la BBC explique que les contrôles routiers de l’armée autour du Caire empêchent les voitures de pénétrer dans la capitale.

Vers un comité politique regroupant El Baradeï et les Frères musulmans?
Les Frères musulmans ont annoncé ce lundi qu’ils s’employaient à former un large comité politique avec l’opposant Mohamed El Baradeï, afin de nouer un dialogue avec l’armée égyptienne. «Nous sommes en train de discuter de la formation d’un large comité de négociation chargé des questions politiques, avec El Baradeï, qui reflète la volonté du peuple et qui négocierait avec l’armée», a déclaré un dirigeant des Frères musulmans, Essam el Erian. El Baradeï n’a pas encore été approché par les Frères musulmans en vue de former un tel comité, a déclaré le frère de l’opposant, Ali El Baradeï.

*L’armée considère les revendications des Egyptiens comme «légitimes»
Dans un communiqué, l’armée égyptienne qui n’avait pas encore pris partie officiellement, estiment que les revendications des Egyptiens sont «légitimes».
*Les Frères musulmans rejettent le nouveau gouvernement égyptien. Dans un communiqué, ils «invitent le peuple à continuer et à participer à des manifestations massives partout en Egypte afin que tout le régime – président, parti, ministres et Parlement – quitte le pouvoir»,

L’UE veut une transition rapide et des élections libres
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont entendus lundi pour inviter l’Egypte à engager une transition gouvernementale menant à des élections libres et justes, a indiqué lundi un diplomate européen. «Le conseil (des ministres de l’UE) appelle les autorités égyptiennes à ouvrir une transition ordonnée vers un gouvernement reposant sur une base élargie», a déclaré ce diplomate, reprenant le texte des conclusions qui devaient être rendues publiques lundi. Ceci doit «mener à un processus de réformes démocratiques substantielles avec un plein respect pour l’Etat de droit, les droits de l’homme et les libertés fondamentales, ouvrant la voie à une élection juste et libre», a-t-il poursuivi.

** Au moins 138 morts d’après Reuters
Selon un bilan officieux de Reuters, basé sur des sources médicales et des témoins, la répression en Egypte a fait au moins 138 morts. Mais l’agence précise que le bilan pourrait être très différent vu la situation chaotique.
 

*Scène de chaos à l’aéroport du Caire
D’après AP, c’est le chaos à l’aéroport international du Caire, où des centaines d’étrangers tentent de fuir le pays.

*.. Les milices d’auto-défense de nouveau en place
C’est de nouveau le couvre-feu en Egypte. Et ce soir du 31.01.2011, les Egyptiens s’organisent en milice d’auto-défense pour se défendre d’éventuels pillages, rapporte sur son compte twitter un journaliste de CNN.
 

Pour Dominique de Villepin, Hosni Moubarak devra partir
Le président égyptien Hosni Moubarak devra à terme quitter le pouvoir, a déclaré ce lundi Dominique de Villepin. «Oui, parce que d’abord il a 82 ans donc c’est un homme qui arrive en bout de course et qui n’a plus aujourd’hui l’autorité pour tenir les choses en main», a répondu sur I-Télé l’ancien Premier ministre. «Donc l’armée et les dignitaires du régime de toute façon se posent la question d’une véritable transition, d’un véritable changement à la tête de l’Etat, et ensuite parce que c’est une revendication forte de la rue et de la jeunesse et qu’il y a fort à parier qu’elles ne cèderont pas», a ajouté Dominique de Villepin.

 *Omar Sharif souhaite le départ d’Hosni Moubarak du pouvoir
Il est temps que le président égyptien Hosni Moubarak parte, a déclaré ce lundi Omar Sharif, acteur égyptien de légende. «Je pense que le président aurait dû démissionner vu que tout le peuple égyptien n’en veut plus», a dit Omar Sharif sur France Inter. «Ça fait 30 ans qu’il est président, ça suffit», a-t-il ajouté. «Le président n’a pas amélioré le train de vie des Egyptiens. Il y a des gens très très riches, même pas 1%, et tout le reste, c’est des pauvres», a poursuivi l’acteur, célèbre pour avoir joué le révolutionnaire et réformateur Sherif Ali dans le film «Lawrence d’Arabie» de 1962. Il s’est dit inquiet du renforcement des Frères musulmans que permettent les événements actuels en Egypte. «Je n’en veux pas. Ils étaient enfermés, ils commencent à sortir, ils sont 20% de la population et c’est un peu inquiétant», a-t-il dit.

*Le pétrole flambe à cause de la situation en Egypte
Les contrats à termes sur le Brent ont dépassé lundi les 100 dollars le baril pour la première fois en 28 mois, les tentions en Egypte faisant craindre d’éventuelles interruptions de livraisons de pétrole transitant par le canal de Suez.

 *Le trafic du canal de Suez perturbé
Les navires ne trouvent plus dans le port de Suez d’escortes militaires capables d’assurer leur protection lors de la traversée du golfe d’Aden dont les eaux sont sillonnées par les pirates. Les navires marchands continuent de franchir sans retard et sans annulation le canal de Suez, important point de transit pour l’acheminement du pétrole brut et d’autres importations à destination de l’Europe. Mais les opérations portuaires sont, elles, ralenties en raison des manifestations contre le président Hosni Moubarak, certaines marchandises n’étant pas déchargées à quai et certains employés n’ayant pu se rendre à leur travail. Plus de 34.000 bateaux ont transité par le canal en 2009, parmi lesquels près de 2.700 pétroliers transportant environ 29 millions de tonnes de brut, selon l’administration américaine de l’information sur l’énergie.

* L’exportation de gaz naturel à destination d’Israël se poursuit
Le ministère israélien des Infrastructures a déclaré dimanche que l’Egypte continuait de fournir Israël en gaz naturel en dépit des troubles politiques que traverse le pays mais qu’il était prêt à faire face à d’éventuelles perturbations. East Mediterranean Gas (EMG), compagnie égypto-israélienne, fournit annuellement quelque 2,1 milliards de m3 de gaz naturel à Israël.

Les six journalistes d’Al Jazeera relâchés
La chaîne l’a annoncé en début d’après-midi, ce lundi 31.01.2011, ses six journalistes arrêtés en fin de matinée par la police égyptienne ont été relâchés. Mais leur matériel, notamment les caméras, ont été saisies, annonce la chaîne panarabe.
 

*Le musée de Katanra pillé
Des pillards ont fait main basse sur un certain nombre d’objets archéologiques
et en ont endommagé d’autres au musée de Kantara près d’Ismaïlia, dans l’est de l’Egypte, ont rapporté ce lundi des archéologues et des gardiens. Le musée de Kantara renfermait 3.000 objets des périodes romaine et byzantine, a-t-on déclaré de source proche de la police touristique. Selon un employé du musée, les pillards étaient à la recherche d’or. Bien qu’on leur ait dit qu’il n’y avait pas d’or dans le musée, ils se sont livrés au pillage, brisant certains objets et en emportant d’autres. Vendredi, des pillards se sont introduits au musée du Caire, qui renferme la plus grande collection au monde d’objets de l’antiquité égyptienne. Plusieurs statues et deux momies ont été endommagées.

*Heineken suspend sa production en Egypte
Le brasseur néerlandais a annoncé ce lundi qu’il avait suspendu sa production en Egypte après les manifestations survenues dans le pays. Un porte-parole du groupe a déclaré que ni les conséquences financières de cet arrêt ni la date de reprise de l’activité n’étaient déterminées dans l’immédiat. Le troisième brasseur mondial a rapatrié 29 employés de nationalité néerlandaise ces derniers jours. Selon SNS Securities, les ventes de Heineken en Egypte sont estimées à plus de 160 millions d’euros par an dans la bière, le vin, les spiritueux et les boissons non-alcoolisées

* Nissan suspend provisoirement sa production
Nissan Motor a temporairement cessé sa production en Egypte après les manifestations survenues au Caire, a annoncé un porte-parole. Les chaînes de montage devraient rester à l’arrêt une semaine à partir de dimanche. Nissan assemble les modèles X-Trail, Sunny et Pickup dans son usine de Giza, près de la capitale. Il y a produit quelque 10.000 véhicules sur l’exercice clos fin mars 2010, a précisé le porte-parole.

Lafarge rapatrie provisoirement une partie de son personnel
Lafarge a annoncé dimanche soir le rapatriement provisoire d’une partie de ses expatriés et de leur famille d’Egypte. Le premier cimentier mondial précise dans un communiqué que la mesure concerne une trentaine de personnes. «Cette décision est temporaire», note Lafarge. «Elle concerne moins de la moitié des expatriés de Lafarge au Caire et une proportion très faible du management de Lafarge en Egypte», ajoute le texte. Le groupe dit aussi que cette décision n’a pas d’impact sur ses activités dans le pays.

 

Hugo Chavez dénonce le rôle «honteux» des Etats-Unis
Le président vénézuélien a accusé dimanche les Etats-Unis de jouer un rôle «honteux» dans la crise égyptienne et de soutenir hypocritement, avant de les abandonner, des hommes forts un peu partout dans le monde. Hugo Chavez a dit avoir discuté des manifestations en Egypte et ailleurs dans le monde arabe avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et avec le président syrien Bachar al Assad. «Maintenant vous voyez des commentaires de Washington et de certaines nations européennes. Ainsi que me le disait le président Kadhafi, c’est honteux, cela vous rend malade de voir l’ingérence des Etats-Unis, qui veulent prendre le contrôle», a indiqué le président vénézuélien, se gaussant de la «politique étrangère du caméléon» des Etats-Unis.
sources: (20minutes avec Reuters-31.01.2011.)

 

***Les USA en état d’alerte :

La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et les principaux responsables de l’administration Obama ont tenu une réunion de deux heures, hier à la Maison-Blanche, sur la crise politique en Egypte. Le président Barack Obama n’a pas pris part à la réunion mais devait être tenu informé par ses conseillers sur les derniers développements survenus en Egypte plus tard dans la journée, a rapporté l’AFP. Outre Mme Clinton, le conseiller du président américain pour l’antiterrorisme John Brennan, le directeur du renseignement américain James Clapper et le patron de la CIA Leon Panetta ont participé à la réunion tenue sous l’égide du conseiller à la Sécurité nationale, Tom Donilon.
L’ambassadeur américain en Egypte, Margaret Scobey, et le vice-président américain Joe Biden ont également participé à cette réunion par liaison vidéo, a ajouté l’agence. Barack Obama a réclamé, avant-hier, l’arrêt des violences et des réformes «concrètes» de la part du président Hosni Moubarak, principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe.******

**La nomination du «tout-puissant» Omar Souleïmane au poste de vice-président ne fait pas l’unanimité et suscite la satisfaction d’Israël. 

Les appels à des réformes politiques en Egypte et à l’arrêt de la répression des manifestations qui secouent le pays du Nil, depuis mardi dernier, se sont multipliés. La nomination par le président Hosni Moubarak du «tout-puissant» Omar Souleïmane au poste de vice-président semble susciter moult interrogations et réactions tant dans les milieux égyptiens que dans les capitales étrangères.
Désormais, l’homme des grands dossiers engageant l’Etat égyptien, notamment au Moyen- Orient, fait en effet l’objet de tergiversations et de spéculations partisanes. Il représente ainsi, pour plusieurs capitales occidentales, l’homme «au talent de fer» en mesure d’assurer l’équilibre au Moyen-Orient et surtout en Egypte, théâtre d’une contestation et de manifestations populaires sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
Omar Souleïmane est perçu comme étant l’homme indispensable pour le maintien du régime de Hosni Moubarak puisque bénéficiant du salut de l’Oncle Sam et des Israéliens. Voire des monarchies pétrolières arabes qui craignent la contagion des événements d’Egypte tant que leurs peuples, longtemps opprimés et totalement réduits au silence, soutiennent la révolte des Enfants du Nil.«Le Moyen-Orient est au seuil de grands événements ces jours-ci qui peuvent avoir une incidence sur le destin de la région et du monde en général», a déclaré, hier, Hossein Moussavi, l’un des leaders de l’opposition iranienne. D’autant plus que bon nombre de spécialistes des questions géostratégiques considèrent que l’Egypte constitue l’épicentre de l’environnement sécuritaire israélo-arabe. En ce sens, un haut responsable israélien a exprimé sa crainte et son inquiétude quant au risque encouru par Israël en cas de chute du régime du président égyptien Hosni Moubarak, confronté à une contestation interne sans précédent. «Le plus inquiétant, c’est le climat d’incertitude qui règne dans le pays le plus influent du Proche-Orient», a déclaré à l’AFP, ce responsable qui a requis l’anonymat.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères israélien a soutenu, dans une déclaration à la Radio publique, que les autorités de Tel-Aviv sont en contact permanent avec leur ambassade au Caire et tiennent des consultations intensives sur les développements en Egypte. Car, a-t-il souligné, l’Egypte est le premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec l’Etat hébreu. Et de renchérir: «Des liens stratégiques et économiques de première importance lient Israël et l’Egypte.» Le même responsable a également soutenu que «le régime égyptien doit tenir, quitte à opérer un changement de personne à sa tête». Cette déclaration coïncidant avec la nomination de Omar Souleïmane au poste de vice-président, sonne comme un signe fort exprimant le soutien indéfectible des Israéliens à l’ex-patron des services des renseignements égyptiens, lequel pourrait assurer la continuité du régime de Moubarak, en place depuis 30 ans.
L’ex-chef des renseignements égyptiens, numéro 2 du régime, intimement lié aux grands dossiers israélo-palestiniens, des questions de sécurité et de contre-espionnage, et principal allié des Etats-Unis et d’Israël dans le Monde arabe, est aussi pressenti, par bon nombre d’observateurs, comme le successeur incontestable de Hosni Moubarak.
D’autant plus qu’il jouit du soutien des lobbys israéliens de par le monde et de celui des Etats-Unis d’Amérique, et ce, notamment sur le plan sécuritaire, de contre-espionnage et d’une position commune au sujet du mouvement Hamas dans la Bande de Ghaza. A ce sujet, il faut dire que Omar Souleïmane a, de tout temps, manifesté une haine viscérale pour les islamistes s’inscrivant dans les mouvements politiques arabes. Une position qui ne manque pas de lui apporter le salut des Occidentaux et des Israéliens. Sur un autre plan, la nomination de Omar Souleïmane au poste de vice-président signifie, notamment pour le peuple égyptien soutenu par l’opposition dans sa révolte, une manière d’assurer la continuité du régime et maintenir le processus de «la militarisation de la vie politique en Egypte». Sur ce chapitre, l’opposant le plus en vue, l’ex-chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique et prix Nobel de la Paix, Mohamed El Baradei, jugeant insuffisantes les nouvelles nominations, a de nouveau appelé M.Moubarak à partir sans délai pour le bien de l’Egypte. Les Frères musulmans ont également qualifié de décevantes les nominations opérées jusqu’ici. Pour eux, «il n’y a que le départ de Moubarak et de ses sbires qui peuvent permettre aux Egyptiens d’ouvrir une autre page dans leur histoire et en finir avec la tyrannie du régime de Moubarak». Le maintien de la révolte et le couvre-feu violé par les protestataires renseignent sur la détermination des Egyptiens à renverser le régime de Moubarak.
Cependant, du côté des dictatures et des monarchies arabes, il faut dire que celles-ci ressentent le feu de la révolte se rapprocher. Ainsi, le roi Abdallah d’Arabie Saoudite a dénoncé, en son nom et celui de son peuple, les atteintes à la sécurité et à la stabilité de l’Egypte et soutient par voie de conséquence la manière avec laquelle Hosni Moubarak gère la révolte égyptienne. Même tempo du côté du Guide de la Révolution libyenne Mouamar El Gueddafi, lequel soutient son «frère» Moubarak et l’assure de sa solidarité. (L’Expression-31.01.2011.) 

 

**le départ de Moubarak, la prochaine étape?

Selon les spécialistes, le président ne pourra plus se maintenir très longtemps au pouvoir…

Il a beau avoir nommé un nouveau gouvernement, ses jours à la tête de l’Egypte sont sans doute comptés. Selon les spécialistes, le départ d’Hosni Moubarak n’est qu’une question de temps. Un écrasement du mouvement par l’armée peu crédible  
«Aujourd’hui, Moubarak ne peut plus tirer sur la foule, ce serait trop coûteux», estime Antoine Basbous, politologue à l’Observatoire des pays arabes. L’hypothèse d’une reprise en main par l’armée dans la violence et le sang ne semble donc pas crédible. «Etant donnée la détermination de la population, ce serait une situation difficilement tenable», observe Dominique Thomas, spécialiste du monde arabe et des mouvements islamistes. D’autant que l’armée ne souhaite pas se mettre à dos la rue et plonger le pays dans le chaos, selon ce chercheur. «Il a fallu six semaines aux Tunisiens pour se calmer, je ne suis pas sûr que l’économie égyptienne puisse tenir ce temps-là», ajoute Antoine Basbous.

La stratégie du pourrissement payante?
Comme Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak «joue la stratégie du pourrissement. Les policiers se sont retirés, laissant la place aux pilleurs afin que les Egyptiens réclament le retour de l’ordre. Mais le remède n’est pas garanti», prévient Antoine Basbous. Et le gagnant de cette stratégie non plus. Le bénéfice peut en revenir à l’armée, qui reprendra le contrôle de la situation, mais sans le Président. «L’armée fait de la diplomatie, entretien un flou artistique constructif, elle fraternise, elle ruse, de sorte que l’étape suivante lui donne l’opportunité de renforcer son contrôle sur une population excédée par les pillages», poursuit le chercheur.

Moubarak évincé avant les élections
Selon les experts, il semble peu probable d’attendre jusqu’à la présidentielle de septembre 2011. «L’armée s’est déjà désolidarisée de Moubarak, mais elle doit l’évincer habilement et ne pas l’humilier car il reste son premier représentant», analyse Antoine Basbous. Objectif: «Garder un système militaire avec des garanties d’ouverture pour obtenir l’accalmie», renchérit Dominique Thomas. Dans un premier temps, la population veut en finir avec le clan Moubarak. Reste à savoir qui prendra le relais ensuite. Pour l’instant, Hosni Moubarak a nommé comme vice-président Omar Souleïmane, le tout puissant chef des services de renseignement. Si ses réseaux diplomatiques lui confèrent une légitimité à l’international, «ce n’est pas quelqu’un qui va représenter l’alternative démocratique», souligne Dominique Thomas. Et l’armée accorderait plus volontiers son soutien à Ahmed Chafik, nouveau Premier ministre ou Mohamed Hussein Tantaoui, nommé vice-Premier ministre, tous deux ex-militaires.
 
Les clefs du pouvoir données à un civil?
Ce scénario est souhaité par plus d’un, à commencer par Mohammed ElBaradei, figure de l’opposition égyptienne, qui a fait part de son intention de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale avec l’armée. Car celle-ci joue un rôle essentiel en Egypte depuis plus d’un demi-siècle et compte bien préserver ses avantages et ses prérogatives. «A l’heure actuelle, donner les clefs du pouvoir à un civil n’est pas à l’ordre du jour», tempère Antoine Basbous. A long terme, Dominique Thomas estime que le modèle égyptien pourrait toutefois se rapprocher de celui de la Turquie, une démocratie encadrée par l’armée. (20Minutes-30.01.2011.) 

******************

*Fahmi Howeidi. Écrivain et journaliste égyptien

«Les tyrans sont plus faibles qu’on le pensait !»

Fahmi Howeïdi est écrivain, journaliste et chercheur égyptien. Il travaille sur les questions islamiques. Et il est connu pour ses articles critiques sur les dirigeants arabes et sur les politiques menées dans les pays arabes, y compris en Egypte. Il a été choisi parmi les sept journalistes musulmans qui ont interviewé le président américain Barack Obama après son fameux discours du Caire adressé au monde musulman en juin 2009. Fahmi Howeïdi a participé récemment, au Koweït, à une conférence internationale sur les relations entre les pays arabes et l’Asie, organisée par la revue koweitienne Al Arabi. Propos recueillis au Koweït - Quelles sont, selon vous, les répercussions de la chute de la dictature à Tunis sur le monde arabe ?

Cette situation a certes changé le climat dans le monde arabe, mais les révolutions ne se copient pas. Chaque société a sa propre cartographie. Cela dit, des éléments essentiels sont partagés par la plupart des pays arabes, surtout la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte. Il s’agit du monopole du pouvoir, de la corruption et de l’atteinte aux valeurs de l’identité nationale. Il y a aussi une espèce d’allégeance aux Etats-Unis. Cela est perçu comme une provocation par les populations.
Il y a également des spécificités. En Algérie, l’armée a une position particulière. Cela n’existe pas en Tunisie ou en Egypte. Contrairement à l’Algérie et à l’Egypte, la société civile est relativement forte en Tunisie. Les tyrans sont plus faibles qu’on le pensait. Et les gens sont plus forts qu’ils le pensaient ! Rappelez-vous les derniers jours de Ben Ali au pouvoir. D’homme puissant, il ressemblait à un petit fuyard peureux… L’UGTT (syndicat), les avocats et les journalistes ont joué un grand rôle dans le changement en Tunisie.

- La revue américaine Foreign Policy a prévu des changements dans plusieurs pays arabes dont l’Algérie, l’Egypte, la Libye, la Jordanie…

Les ressemblances entre ces pays sont prises en compte dans ces pronostics, comme la corruption et la non-alternance au pouvoir. L’intérêt américain est, à mon avis, concentré sur l’Egypte plus que sur la Tunisie ou l’Algérie en raison des relations avec Israël. Le problème des dictatures est qu’elles interdisent toute lecture sereine de la société. Comment savoir d’où peut provenir l’explosion ? Il n’existe pas d’élections libres pour connaître la nature des équilibres de forces et pas de sondages d’opinion. En Egypte, il n’y a pas de cartographie politique permettant de maîtriser les données du pays. Par conséquent, on ne peut pas prévoir correctement l’avenir d’un pays de 84 millions d’habitants.

- Mais la muraille de la peur s’est-elle effondrée dans les pays arabes ?

Cette muraille s’est écroulée en Egypte depuis longtemps. La presse critique tout dans le pays. En Tunisie, l’oppression était idiote puisqu’elle a fermé tous les espaces d’expression. En Egypte, vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais eux font ce qu’ils veulent. Des paroles qui ne changent pas grand-chose. Il s’agit plus d’une liberté de crier que de s’exprimer. Les véritables libertés doivent aboutir à trois choses : participer, rendre des comptes et alterner. Sans cela, on n’aura en face qu’un décor démocratique.
Il est devenu facile de falsifier la démocratie en offrant les cadres et en vidant les fonctions. Il existe 24 partis en Egypte, mais aucun d’eux n’a une base populaire ou peut être partie prenante au pouvoir. La colère, en Egypte, doit être canalisée. Les gens sont conscients, mais sont éparpillés. Il n’y a certes plus de peur, mais il n’existe pas de cadre qui puisse capitaliser, à la fin, la peur d’une manière positive.

- Ne pensez-vous pas que l’héritage ne sera plus possible dans les pays arabes après les derniers événements ?

La question n’est pas totalement dépassée, mais l’idée est devenue faible. Les forces politiques doivent toutes travailler pour la compliquer davantage. Plus prudents, les régimes jouent parfois sur l’oubli. On organise un match de football en mobilisant les foules pour occuper les gens par autre chose. Amr Diab se querelle avec Thamer Hosni et c’est tout le pays qui s’intéresse au sujet ! De la diversion ! Les médias, dominés par le pouvoir, peuvent «falsifier» la prise de conscience en orientant les gens vers des sujets vides. En Tunisie, il y a une certaine construction politique qui permet à la société de mieux s’exprimer. Ce n’est pas le cas en Egypte. Le combat doit aboutir au changement du pouvoir, mais également au renforcement de la société. Les syndicats égyptiens étaient bloqués par une loi qui a compliqué les procédures d’élection des responsables. Il a fallu beaucoup de luttes pour amender cette loi. La défense des institutions et du dynamisme de la société doit bénéficier du même enthousiasme que celui visant à changer le régime politique. S’il n’y pas d’instruments pour cela, l’alternative sera l’armée, alors que la population veut autre chose que les militaires au pouvoir (…). A un moment donné, nous avons pensé que le monde arabe vivait une période de gel. Le soulèvement en Tunisie nous a prouvé le contraire. Al Jazeera a joué un grand rôle en informant les populations sur la situation dans ce pays. La chaîne a tout cassé. Si la question palestinienne n’est plus isolée du monde arabe, c’est aussi grâce au travail des chaînes arabes d’information (…). Il ne faut rien attendre de l’Occident. Celui-ci agit selon ses intérêts. Lorsqu’il n’avait plus de profit à tirer de Zine El Abidine Ben Ali, il l’a rejeté comme un vulgaire vagabond. (El Watan-31.01.2011.)
 

*******************

*L’armée égyptienne pour sauver le soldat Moubarak

Les égyptiens ont compris que les transformations envisagées sont destinées à prendre de court leurs revendications. Le nom d’Omar Souleïmane avait déjà été évoqué pour succéder, en cas de vacance du pouvoir, à Moubarak. Certes la rue ne fléchit pas mais le scénario tunisien n’a pas l’air d’aboutir. L’égypte n’est pas la petite Tunisie même si le pays le plus peuplé du monde arabe réunit tous les ingrédients de la Révolution du Jasmin.
L’armée égyptienne est au pouvoir depuis 1952 et depuis cette “révolution des jeunes colonels”, le pays a toujours été dirigé par un militaire. Nasser : un colonel ; Sadate : un maréchal et Moubarak : un général. Et pour ne pas faillir à la tradition, encore deux généraux pour conduire l’après-Moubarak.
Omar Souleïmane, le patron des Moukhabarate et, probablement, nouveau dauphin. Ahmed Chafic pour diriger le gouvernement qui, certainement, préparera la transition. Bien que les armées égyptienne et tunisienne soient formées et couvées par les états-Unis, on aura remarqué le traitement différencié de Washington quant aux manifestations populaires qui ont déferlé dans ces deux pays.
Si Obama a donné son coup de pouce à la Révolution du Jasmin en ordonnant à la hiérarchie militaire tunisienne de chasser Ben Ali, en égypte, c’est tout le contraire : il faut sauver le soldat Moubarak en organisant une révolution de palais. Le pouvoir ne doit surtout pas se conformer aux revendications de la rue, fussent-elles démocratiques. Évidemment, pour faire bonne figure, Washington n’a pas cessé de vociférer pour que la répression soit humainement acceptable, politiquement correcte. C’est moins grossier que la ministre des AE française lorsqu’elle avait offert au dictateur tunisien le savoir-faire de la police française, mais les mises en garde américaines à l’encontre de la sauvage répression du pouvoir égyptien se sont révélées, avec du recul, des larmes de crocodile.
Pour des observateurs, la révolte sans précédent contre le régime de Moubarak est victime d’un complot. La reprise en main du pays s’est décidée dans la nuit de vendredi à samedi, Obama lui-même a avoué être resté une demi-heure en communication téléphonique avec son homologue égyptien pour le convaincre du nouvel artifice. Comme l’armée  égyptienne dépend totalement du Pentagone qui lui alloue chaque année 1,5 milliard de dollars, la moitié de l’assistance dévolue à l’armée israélienne, il n’en fallait certainement pas plus pour convaincre sa hiérarchie. Et puis, comme le hasard fait bien les choses, lorsqu’éclata mardi la révolte en égypte, une délégation de militaires égyptiens conduite par leur chef d’état-major se trouvait aux états-Unis. Il est clair qu’au regard de sa place tout simplement géographique, l’égypte reste un enjeu stratégique tant que la paix, une paix juste, ne sera pas établie au Moyen et Proche-Orient. Israël a été le premier à faire part de ses inquiétudes, mettant en avant le danger islamiste imminent avec à la clé l’affiliation entre le Hamas palestinien et les Frères musulmans d’égypte.  Quant aux promesses de Moubarak, jugées en deçà des revendications de la population pour la liberté d’expression, la levée de l’état de siège, de meilleures conditions de vie et la lutte contre le chômage et la pauvreté, elles n’ont pas entamé, au cinquième jour, la détermination de la rue, malgré le déploiement de l’armée, le couvre-feu et au moins 92 morts et des milliers de blessés. Les égyptiens ont compris que les transformations envisagées sont destinées à prendre de court leurs revendications. Le nom d’Omar Souleïmane avait déjà été évoqué pour succéder, en cas de vacance du pouvoir, à Moubarak. La nomination du patron des services égyptiens en qualité de vice-président, un poste que Moubarak avait destiné à son fils Gamal à qui il avait estimé confier la clé du pouvoir au courant de cette année, traduit au moins que l’armée était en désaccord sur l’instauration d’un pouvoir dynastique.
Reste que les Israéliens ont soufflé : Souleïmane ne leur est pas inconnu, ils ont travaillé directement avec lui et ils ont manifesté leur satisfaction. Les régimes de la région ont également poussé un ouf de soulagement. La contagion démocratique est repoussée. Reste à savoir si la révolte des égyptiens, inédite par son ampleur, sa détermination et ses objectifs, va se poursuivre, et dans ce cas, se posera la question de la cohésion dans la hiérarchie militaire, notamment chez les officiers subalternes et les troupes en contact avec la population. En attendant, la révolte des égyptiens rendra impossible la succession du fils de Moubarak. (Liberté-31.01.2011.) 

   

**************


Actions

Informations



Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>




humain, trop humain! |
ACTUBUZZ BY GBA |
Quoi de neuf Cerise? |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | ActuBlog etc...
| Badro
| ENTV, une Pose Café