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Tunisie: formation d’un gouvernement d’union nationale

17012011

Le premier ministre Mohammed Ghannouchi se prépare à annoncer la composition du nouveau gouvernement.
Le premier ministre Mohammed Ghannouchi se prépare à annoncer la composition du nouveau gouvernement. 

Le premier ministre sortant a reconduit six membres du gouvernement de l’ère Ben Ali et a choisi d’intégrer trois opposants. Des élections seront organisées d’ici à 6 mois. L’opposant historique Moncef Marzouki dénonce une «mascarade».

Tunisie: formation d'un gouvernement d'union nationale dans actualité coeur- La Tunisie, en pleine incertitude depuis la fuite de Ben Ali, connaît enfin la composition de son gouvernement d’union nationale. Trois chefs de l’opposition y font leur entrée tandis que six membres de l’ancien gouvernement sont reconduits, a annoncé lundi après-midi Mohammed Ghannouchi. Le premier ministre sortant du président déchu conserve ses fonctions, de même que les ministres de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances. Côté opposition trois figures intègrent le nouveau cabinet. Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale la plus radicale en Tunisie) prend le poste de ministre du Développement régional. Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL) récupère la Santé et Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid (Renaissance, ex-communiste) obtient le portefeuille de l’Enseignement supérieur.

La nouvelle formation, qui compte 19 ministres, accueille également des représentants de la société civile. Tranchant avec les 23 ans au pouvoir de Ben Ali, elle perd un portefeuille emblématique. Mohammed Ghannouchi a supprimé le ministère de l’Information, accusé de censurer la liberté de la presse et d’expression dans le pays. Le premier ministre s’est même engagé à garantir «une liberté totale de l’information». Il a levé de l’interdiction de toutes les organisations non-gouvernementales dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et annoncé la libération de tous les prisonniers politiques. Tous les partis qui le demandent seront légalisés. Des investigations seront lancées contre les responsables soupçonnés de corruption et les personnes ayant connu un enrichissement rapide suspect, a-t-il prévenu.

Des manifestations contre l’équipe sortante

Aussitôt annoncée, la nouvelle équipe a été critiquée. L’opposant historique tunisien Moncef Marzouki a dénoncé une «mascarade» et une «fausse ouverture» avec le maintien de ministres du président déchu. «Le RCD – le parti de Ben Ali – conserve toutes les places importantes, dont le ministère de l’Intérieur, qui est supposé organiser les futures élections», souligne le dirigant du Congrès pour la République (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali. «Ce gouvernement ne s’est ouvert qu’à trois partis d’opposition déjà adoubés par Ben Ali. Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire», met en garde Moncef Marzouki, qui s’est déclaré candidat à la prochaine présidentielle.

La composition du nouveau gouvernement a été source d’inquiétude populaire. Des manifestations ont éclaté lundi matin dans le centre de Tunis, à Sidi Bouzid et à Regueb. Les manifestants exigeaient l’abolition du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), et s’opposaient à la présence de membres du RDC, dont Mohammed Ghannouchi, dans le futur gouvernement de transition. La secrétaire générale du PDP avaient assuré dans la journée que les partis qui soutenaient Ben Ali seraient écartés. Cependant, expliquait-elle, ce cabinet intégrerait d’anciens membres de l’équipe sortante, au profil de technocrates politiquement peu marqués.

La nouvelle équipe sera chargée de préparerdes élections présidentielle et législatives «libres et transparentes» surveillées par un comité indépendant et des observateurs internationaux. La Constitution prévoyait un délai de deux mois mais la période est trop courte.Mohammed Ghannouchi évoque des élections générales au plus tard dans six mois. L’Union européenne et les Etats-Unis ont déjà proposé leur aide pour préparer ces scrutins. La nouvelle formation gouvernementale devra aussi faire face à l‘insécurité ambiante. Des affrontements sporadiques opposent l’armée et la police à des milices restées fidèles à Ben Ali. (Le Figaro-17.01.2011.)

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*la liste complète des membres du gouvernement provisoire

Le premier ministre Mohamed Ghannouchi vient d’annoncer la composition du nouveau gouvernement,Les ministres : Ministre de la Justice : Lazhar Karoui Chebbi
Ministre de la Défense : Ridha Grira
Ministre des Affaires Religieuses : Karwi Mizouri
Ministre du Développement local et régional : Ahmed Néjib Chebbi
Ministre de l’Enseignement Supérieur : Ahmed Brahim
Ministre de Commerce et du Tourisme: Mohamed Jgham
Ministre de la Santé : Mustapha Ben Jaafar
Ministre de l’Intérieur : Ahmed Friaa
Ministre des affaires étrangères : Kamel Morjane
Ministre de l’Education : Tayeb Baccouch
Ministre des Affaires sociales : Moncer Ruissi
Ministre de l’Agriculture : Habib Mbarek
Ministre de planification et de la coopération internationale : Mouhamed Nouri Jouini
Ministre du développement administratif : Zouheir Mdhafer
Ministre des Finances : Ridha Chalghoum
Ministre de la culture : Moufida Tletli
Ministre de la Femme : Lilia Abidi
Ministre des Transports : Slah Eddine Malouch
Ministre de la Jeunesse et des sports : Mouhamed Aloulou
Ministre de l’industrie et des technologies : Afif Chalbi
Les secrétaires d’état :Secrétaire d’état auprès du Premier Ministre : Abdejlil Bedoui
Secrétaire d’état : Abdelhakim Bouraoui
Secrétaire d’état auprès du ministre des affaires étrangères : Ahmed Ounis
Secrétaire d’état auprès du ministre des affaires étrangères : Radhouane Nouisser
Secrétaire d’état auprès du ministre du développement local et régional : Nejib Kramti
Secrétaire d’état auprès du ministre de l’enseignement supérieur : Faouzia Charfi
Secrétaire d’état auprès du ministre de l’enseignement supérieur chargé de la recherche scientifique : Refaat Chaabouni
Secrétaire d’état auprès du ministre de la santé : Lamine Mouelhi
Secrétaire d’état auprès du ministre de la planification et de la coopération internationale : Abdelhakim Triki
Secrétaire d’état auprès du ministre de l’industrie et du tourisme chargé de l’énergie : Abdelaziz Rassaâ
Secrétaire d’état auprès du ministre de l’industrie et du tourisme chargé des TIC : Sami Zaoui
Secrétaire d’état auprès du ministre des finances chargé de la fiscalité : Moncef Bouden
Secrétaire d’état auprès du ministre des finances chargé des domaines de l’état : Ahmed Adhoum
Secrétaire d’état auprès du ministre du commerce et du tourisme chargé du tourisme : Slim Cheker
Secrétaire d’état auprès du ministre des Transports : Anouar Ben Gaddour
Secrétaire d’état auprès du ministre de l’agriculture : Salem Hamdi
Secrétaire d’état chargé de la Jeunesse : Slim Amamou

De plus ont été nommés :

Gouverneur de la banque centrale : Mostapha Kamel Nebli
Président de la commission d’enquête : Taoufik Bouderbala (Ancien président de la ligue des droits de l’homme)
Président de la commission chargée de l’enquête sur la question de la corruption administrative : Me. Abdelfattah Omar (Expert International en droits de l’homme)

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**l’équipe Ben Ali garde les postes clés

 Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a annoncé lundi à Tunis la formation d’un « gouvernement d’union nationale » marqué par l’entrée de trois chefs de l’opposition au régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, mais dans lequel l’équipe sortante conserve les postes clés.
M. Ghannouchi a également annoncé devant la presse des mesures d’ouverture démocratique: « liberté totale d’information », libération de tous les prisonniers d’opinion, et levée de l’interdiction d’activité des organisations de défense des droits de l’homme.
Il a indiqué aussi que tous les partis politiques qui le demanderaient seraient légalisés. Le parti islamiste Ennahda et le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) sont notamment interdits en Tunisie.
Le nouvel exécutif a été formé trois jours après la chute du régime de Ben Ali, contraint à l’exil par un mois de révolte populaire, la « révolution du jasmin », au cours de laquelle, selon une ONG, au moins 66 personnes ont été tuées.
Il sera chargé de gérer la transition et de préparer les prochaines élections présidentielle et législative, qui doivent être organisées dans un délai de deux mois, selon la Constitution.
Plus tard, dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Arabiya, M. Ghannouchi a estimé que ce délai était insuffisant et annoncé que les élections générales devraient se tenir dans « six mois au plus tard ».
Dernier Premier ministre de M. Ben Ali, M. Ghannouchi a expliqué qu’il avait formé « un gouvernement qui intègre les différents partis et les composantes de la société civile ».
Parmi les 24 ministres et ministres délégués du nouveau cabinet figurent trois chefs de partis politique de l’ancienne opposition au régime du président Ben Ali, qui a fui vers l’Arabie saoudite après 23 ans de règne sans partage.
Il s’agit de Ahmed Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, formation d’opposition légale la plus radicale), Ahmed Ibrahim, chef du mouvement Ettajdid (Renaissance, ex-communiste) et Mustapha Ben Jaafar qui dirige le Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL).
Outre le Premier Ministre, sept membres de l’ancien régime sont reconduits, notamment aux postes régaliens de l’Intérieur, Ahmed Friaa, de la Défense, Ridha Grira, des Affaires étrangères, Kamel Morjane, et des Finances, Ridha Chalghoum.
Des représentants de la société civile figurent aussi dans ce gouvernement, dont la composition va être scrutée à la loupe par les Tunisiens, qui n’entendent pas se faire confisquer leur révolution.
De Paris, l’opposant historique Moncef Marzouki a déjà dénoncé le nouveau gouvernement comme une « mascarade », fustigeant une « fausse ouverture ».
Auparavant, des centaines de personnes avaient manifesté à Tunis et en province, pour demander l’exclusion du nouveau gouvernement des hommes politique liés à l’ancien régime et à son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dont M. Ghannouchi.
« La révolution continue! RCD dehors! », ont scandé plusieurs centaines de manifestants, dispersés par la police. Des rassemblements identiques ont eu lieu à Sidi Bouzid (centre-ouest) et à Regueb. C’est à Sidi Bouzid qu’un jeune chômeur de 26 ans s’était immolé par le feu le 17 décembre, déclenchant le mouvement de révolte.
Dans le centre de la capitale tunisienne, les commerces ouverts étaient rares en dépit de l’arrêt des échanges entre francs-tireurs et forces de sécurité.
La France a indiqué lundi qu’elle se tenait « à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes » pour examiner le sort des biens immobiliers en France du président tunisien déchu et de son entourage.
Sa seconde épouse, Leïla Trabelsi, et la famille de cette dernière, se sont accaparé les richesses du pays en utilisant l’appareil d’Etat, selon de nombreux observateurs.
La famille de l’ex-président se serait enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d’or, selon le journal Le Monde qui cite des sources à la présidence française, une information démentie par la Banque centrale de Tunisie.(AFP-17.01.2011.)
 

**« MASCARADE » ET « FAUSSE OUVERTURE »

Côté personnalités, font leur entrée notamment l’ex-bâtonnier Lazhar Karoui Chebbi à la justice et Ahmed Oulaies (secrétariat d’Etat aux affaires étrangères), un opposant connu. Le chef du gouvernement a par ailleurs promis que tous les partis qui le souhaitent pourront être légalisés.L’opposant historique Moncef Marzouki a de son côté dénoncé une « mascarade » fustigeant une « fausse ouverture » avec le maintien de ministres du président déchu Ben Ali, dans un entretien à la télévision française I-Télé. « La Tunisie méritait beaucoup mieux : 90 morts, quatre semaines de révolution réelle, pour aboutir à quoi ? Un gouvernement qui n’a d’union nationale que le nom, parce qu’en réalité, il est composé [de membres du] parti de la dictature, le RCD [parti de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali] », a déclaré l’opposant.

« Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire par cette espèce de mascarade », a-t-il dit. Il affirme que le RCD « conserve toutes les places importantes, dont le ministère de l’intérieur, qui est supposé organiser les futures élections ». Moncef Marzouki a annoncé dès lundi matin qu’il serait candidat à la prochaine élection présidentielle. Il souligne, en outre, que ce gouvernement ne s’est ouvert qu’à trois partis d’opposition, « qui étaient déjà adoubés par la dictature de Ben Ali ».

Le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), interdit sous le régime Ben Ali, a annoncé quant à lui ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle dans six mois.
Interrogé sur la radio française Europe 1 à Tunis sur une éventuelle candidature de son parti, son chef, Hamma Hammami, a répondu : « Non, parce que des élections dans six mois ne donneront qu’un président qui appartient au RCD ». « D’autre part le PCOT défend un régime parlementaire et pas un régime présidentiel ; c’est pour cette raison-là que nous appelons à une assemblée constituante », a-t-il ajouté.

« Nous vivons sous le pouvoir de ce parti depuis plus de 50 ans et à chaque crise, il y a des manœuvres qui emmènent à ce même résultat, le pouvoir essaie de se réformer mais une fois qu’il reprend son souffle, il revient à la répression et à la main forte », a-t-il regretté.(Le Monde)
Une photo de l'ancien président Ben Ali brûlée à Marseille, samedi 15 

 

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*Tunisie:les nouveaux dirigeants tentent de reprendre le contrôle sur le pays. 

 *Confrontés aux pillages et aux violences, les nouveaux dirigeants politiques tentent de reprendre le contrôle, avec la promesse de consacrer la démocratie.

1Comme la révolution des œillets, qui a permis la transition démocratique au Portugal, la Tunisie a inventé la sienne du nom de révolution du Jasmin. Reconduit par Foued Mebazâa (président par intérim), le premier ministre tunisien sortant, Mohammed Ghannouchi, poursuivait dimanche ses consultations avec l’opposition.
Le nouveau pouvoir tunisien a commencé la veille, aussitôt sa nomination par le Conseil constitutionnel, à sonder les partis et les représentants de la société civile sur les réformes politiques visant à rompre avec le système du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie saoudite. Les personnalités défilent au Palais du gouvernement où elles sont reçues séparément. Selon Mustapha Ben Jaffar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés, la discussion a tourné autour “des mesures à prendre pour jeter les bases d’un véritable processus démocratique et tourner la page d’un système qui a échoué”. Une fois ce tour de table achevé, Ghannouchi devait réunir, hier, sinon aujourd’hui, tous ses interlocuteurs pour s’entendre sur la composition d’un gouvernement d’union nationale et se mettre d’accord sur les personnalités qui vont travailler à ce processus pour aboutir à des élections transparentes sous le regard international éventuellement. Deux comités seront formés au terme de ces consultations pour enquêter sur les “dérapages et violences” durant le mois de protestations et de révoltes populaires et sur le dossier de la corruption.
Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président déchu Ben Ali ne sera pas écarté de ce processus, “pour ne pas déstabiliser l’appareil d’État et éviter un scénario à l’irakienne”, a plaidé le premier ministre face à ses interlocuteurs. Pour l’heure, il n’y a que les partis légaux qui ont participé à cette première phase de consultations tout comme la centrale syndicale, la Ligue des droits de l’Homme et le Conseil de l’Ordre des avocats.
Reste donc à savoir ce qu’il en sera avec l’opposition interdite dont la plupart est en exil et qui a commencé à rentrer dans le pays ? Théoriquement, elle devrait également prendre part au processus de changement sinon ça serait à ses yeux encore une mainmise sur la volonté démocratique populaire. Le problème est que la magnifique révolution du Jasmin s’est déroulée certes avec des mots d’ordre clairs quant à la démocratie et à sa gouvernance, mais sans cadre. D’où de sérieuses inquiétudes à propos des forces qui voudraient accaparer le mouvement.
À ce propos, certains observateurs ne manquent pas de souligner que les islamistes, absents de la protestation et des émeutes, sont en embuscade.
Aussitôt Ben Ali chassé de Tunisie, depuis Londres où il vit
en exil, le chef du parti islamiste
tunisien, Ennhadha, Rached Ghannouchi, a déclaré qu’il prépare son retour dans son pays, et qu’il est disposé à la formation d’un gouvernement d’union nationale. C’est clair : les islamistes vont sortir du bois et réclamer une part.
Ces tractations se déroulent sur fonds de pillages et de violences. Formatés par la propagande du régime, les animateurs des télévisions tunisiennes tentent de s’adapter à la nouvelle situation en multipliant les appels à la vigilance et à une réaction des habitants face aux pilleurs.
La famille de Ben Ali, réfugiée en France, devra se trouver une autre terre d’accueil ; les autorités de ce pays sont obligées de suivre le sens du vent de la liberté qui a soufflé en Tunisie.  (Liberté-17.01.2011.)

**APRÈS UN MOIS D’EMEUTES
La tension baisse en Tunisie

Hier, le calme est revenu dans les principales villes du pays sous contrôle de l’armée.
C’est au tour des hommes politiques de prendre le relais en vue de trouver un compromis.

Après un climat de haute tension, la Tunisie commence à retrouver son calme. Dans l’après-midi d’hier, une nette amélioration de la sécurité a été constatée aux quatre coins du pays.
Le dispositif de sécurité, bloquant l’avenue Bourguiba dans le centre, a été quelque peu allégé avec la levée des barrières dressées la veille en travers des rues et une présence policière plus discrète, rapporte l’AFP. Les citoyens ont déserté les grandes artères de la capitale laissant place à l’armée et à la police qui contrôlaient tous les endroits stratégiques de la capitale. Ce retour au calme est caractérisé, notamment par un allègement du couvre-feu dans l’ensemble du pays. Son horaire a été réduit pour passer de 18h00 à 05h00, avec maintien des autres mesures prises.
Les nuits du jeudi au samedi avaient été émaillées d’actes de vandalisme et de pillages. L’armée a été contrainte d’intervenir par hélicoptère afin de mieux contrôler la situation et, notamment après la multiplication d’alertes. C’est ainsi que des comités de vigilance ont été mis en place pour protéger les habitants. Le retour au calme n’a pas empêché les manifestants à sortir dans la rue pour réclamer «pacifiquement» un véritable changement. L’apaisement de la tension dans la rue a ouvert la voie aux politiques de se concerter en vue de faire sortir le pays de la crise. L’erreur, désormais, n’est pas permise. Une erreur politique coûtera cher aux dirigeants. D’ailleurs, les Tunisiens refusent, avant même sa constitution, la formation d’un gouvernement d’union nationale dont les représentants sont issus du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
Selon les échos qui parviennent de Tunis, le Premier ministre sortant, Mohamed Ghannouchi, devait réunir hier des représentants des partis politiques et de la société civile pour désigner les personnalités chargées de conduire le processus de transition jusqu’aux élections prévues dans un délai de 60 jours. Selon les dires du Premier ministre, le gouvernement d’union nationale inclura «toutes» les couleurs politiques de Tunisie, qu’elles soient représentées au Parlement ou pas. Selon les dernières informations, la formation islamiste d’Ennahdha de Rached Ghannouchi qui vit en exil à Londres et le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (Pcot) de Hamma Hammami, ne sont pas concernés par ce gouvernement. Le Pcot a qualifié, d’ores et déjà, le gouvernement d’union nationale de non représentatif avant même sa formation. Pour les politiciens tunisiens de l’opposition, ce gouvernement sera formé par «les résidus» du régime de Ben Ali. Le Premier ministre abordera avec les chefs de partis politiques et les représentants de la société civile, les mécanismes adéquats afin d’assurer une transition démocratique et «jeter les bases d’un véritable processus démocratique et tourner la page d’un système qui a échoué», selon Mustapha Ben Jaffar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés. Les politiciens ont-ils bien saisi le message de la rue et continueront-ils à assurer la stabilité du pays? En tout état de cause, les hommes politiques ont tout intérêt à profiter de ce retour au calme pour éviter les bains de sang et d’embraser le pays. (L’Expression-17.01.2011.)

**Fouad Mebazaa, apparatchik bon teint chargé de l’intérim 

Fouad Mebazaa quittant l'Assemblée nationale, samedi à Tunis, après avoir été désigné président par intérim par la Cour constitutionnelle.
Fouad Mebazaa quittant l’Assemblée nationale, samedi à Tunis, après avoir été désigné président par intérim par la Cour constitutionnelle.

PORTRAIT – Le chef du Parlement tunisien assure depuis samedi la présidence par intérim de la Tunisie.

coeur- dans internationalLe chef du Parlement tunisien, Fouad Mebazaa, a prêté serment samedi en tant que président par intérim de la Tunisie dans son bureau à l’Assemblée. La prestation de serment, lors de laquelle il a juré de respecter la Constitution, a eu lieu devant le président du Sénat, Abdallah Kallel, et des représentants des deux chambres du Parlement. Elle est intervenue après la proclamation de la «vacance définitive» du pouvoir, samedi par le Conseil constitutionnel, qui a invoqué l’article 57 de la Constitution pour désigner Fouad Mebazaa comme successeur de Zine el-Abidine Ben Ali jusqu’aux prochaines élections.

Âgé de 78 ans, Fouad Mebazaa a participé aux gouvernements tunisiens de Bourguiba comme de Ben Ali. Dans un câble diplomatique américain de mai 2009 obtenu par WikiLeaks, le nouveau chef de l’État était présenté comme un septuagénaire sans ambition, «un homme loyal vis-à-vis de Ben Ali et qui ne représente aucun danger pour lui».

Dans les années 1950, il a été membre du parti destourien qui a obtenu l’indépendance du pays en 1956 et qui a dominé la vie politique pendant les premières années de la Tunisie indépendante. Il débute véritablement sa carrière comme maire de Tunis en 1969, puis obtient son premier poste ministériel sous Bourguiba en 1973 avec le portefeuille de la Jeunesse et des Sports. Le chef de l’État lui confiera ensuite la Santé publique, puis l’Information. Fouad Mebazaa reste au gouvernement quand Ben Ali dépose le président Bourguiba en 1987. Il est nommé à nouveau au poste de ministre de la Jeunesse et des Sports. Il sera désigné en 1995 maire de Carthage, la banlieue chic de Tunis. Membre du bureau politique du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir, à partir de 1988, il s’accommode sans trop se compromettre du régime policier mis en place par Ben Ali. Il accepte de présider la Chambre des députés en octobre 1997, poste qu’il a occupé jusqu’à ce week-end.

Incarner le renouveau 

Dès la prise de ses nouvelles fonctions, Fouad Mebazaa a demandé à Mohammed Ghannouchi, premier ministre sortant, de former un nouveau gouvernement. Le président par intérim a promis d’associer «tous les Tunisiens» au processus politique et de mettre en place le pluralisme et la démocratie. Il a estimé que «l’intérêt supérieur de l’État nécessite un gouvernement d’union nationale».

Fouad Mebazaa peut-il incarner le renouveau du régime que la population tunisienne attend ? Son objectif principal devra être de ramener le calme dans le pays et de préparer des conditions favorables pour l’organisation d’un scrutin présidentiel dans les soixante jours. Mais pour cela, il a besoin de la confiance du pays. Une confiance que les Tunisiens pourraient hésiter à accorder à cet apparatchik bon teint de «l’ancien régime».(le Figaro-16.01.2011.)

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**La famille de Leïla Ben Ali, épouse du président déchu, a fait main basse sur des pans entiers de l’économie tunisienne.

*Leïla Ben Ali se serait enfuie avec 1,5 tonne d’or

Leïla Ben Ali, la femme du président déchu, en octobre 2009.
Leïla Ben Ali, la femme du président déchu, en octobre 2009. 

La famille de Leïla Ben Ali, épouse du président déchu, a fait main basse sur des pans entiers de l’économie tunisienne. Sa fortune se chiffrerait en centaines de millions d’euros, et les services secrets français la soupçonnent d’avoir emporté 1,5 tonne d’or dans sa fuite.

coeur- dans sociétéSi le nom des Trabelsi a été aussi violemment conspué, c’est parce que la Tunisie fut longtemps la petite et très juteuse entreprise du clan de Leïla Trabelsi, seconde épouse du président Ben Ali. Une entreprise tentaculaire qui a phagocyté la banque, l’hôtellerie, l’immobilier, les transports, les douanes, les médias… L’irrésistible ascension de cette «quasi-mafia», selon les termes employés par des diplomates américains cités tout récemment par WikiLeaks, débute en 1992. Leïla, ex-coiffeuse, convole en justes noces avec Zine el-Abidine Ben Ali. La première dame traîne derrière elle une famille nombreuse et vorace qui va aussitôt engager une véritable guerre avec Habib Ben Ali, dit Moncef, jusque-là frère tout-puissant du président. Moncef finira par tomber en disgrâce tout comme les autres clans concurrents qui tenaient jusqu’ici le haut du pavé à Tunis : celui de Kamel Eltayef, ancien conseiller occulte de Ben Ali, ou celui de Slim Chiboub, mari de Ghazoua, l’une des filles de l’ancien président et de sa première femme, Naïma Kefi.

Leïla a dix frères et sœurs. L’aîné, Belhassen, s’impose très vite comme le patron du clan. Il y a aussi la «matriarche», Hajja Nana, mère de Leïla ; Moncef, un autre frère de Leïla ; un neveu, Imed (mort samedi), qui s’illustrera en 2006 en commanditant le vol de trois bateaux français, dont un yacht appartenant à Bruno Roger, dirigeant de la Banque Lazard et ami de Jacques Chirac. L’affaire fera grand bruit. Imed obtiendra d’être jugé en Tunisie. Et il sera blanchi, au grand dam des magistrats français.

Il y a aussi les gendres du couple présidentiel : Sakhr el-Materi notamment, qui reçoit en cadeau de mariage la société Ennakl, un distributeur automobile. L’ambitieux jeune homme obtiendra dans la foulée la concession d’exploitation du port de La Goulette. Il se lance ensuite dans l’immobilier et dans les médias, prend le contrôle du groupe de presse Assabah, qu’il met au service de son beau-père. Alors que le foulard islamique revient à la mode en Tunisie, il fonde la première banque islamique tunisienne (Ezzitouna) ainsi qu’une radio et une télévision religieuses, Radio Zitouna et Zitouna TV, qui tentent de court-circuiter des chaînes libanaises concurrentes très appréciées en Tunisie.

Leïla Ben Ali se serait enfuie avec 1,5 tonne d’or

La famille Trabelsi prospère. Elle aligne ses trophées, tels que la Banque de Tunisie, la société de production audiovisuelle Cactus ou le groupe Carthago (hôtellerie et aviation). En 2004, lorsque le groupe est introduit en Bourse, l’action Carthago s’envolera miraculeusement. Ce business confine parfois au racket. Slimane Ourak, directeur général des douanes, passe pour un affidé du clan. Le moindre litige avec le fisc peut se régler instantanément grâce à l’arbitrage des Trabelsi. Au début des années 2000, sous la pression du FMI, la Tunisie engage un programme de privatisation qui va se transformer en gigantesque hold-up, grâce aux crédits octroyés à la famille régnante. Des créances douteuses d’une ampleur telle que l’OCDE s’en alarmera publiquement.

À combien s’élève la fortune du clan Trabelsi ? Des renseignements «convergents» font état d’importants avoirs à Dubaï et à Malte. Ils se chiffreraient en centaines de millions d’euros. Selon des sources bien informées, Leïla Ben Ali se serait rendue fin décembre à Dubaï en emportant un important stock d’or (évalué à une tonne) de la banque centrale tunisienne. Selon lemonde.fr, s’appuyant sur une «supposition des services secrets français»,la famille du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali se serait d’ailleurs enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d’or, soit l’équivalent de 45 millions d’euros. Leïla Trabelsi se serait rendue à la Banque de Tunisie chercher des lingots d’or. Face au refus du gouverneur de les lui remettre, elle aurait appelé son mari, «qui aurait d’abord lui aussi refusé, puis cédé».

La famille posséderait des biens immobiliers en Argentine. En France, elle disposerait de plusieurs millions d’euros sur plusieurs comptes bancaires, ainsi que d’appartements dans les beaux quartiers parisiens, de propriétés en Ile-de-France, d’un chalet à Courchevel et de villas sur la Côte d’Azur. À la demande de l’Élysée, une vaste opération de contrôle des avoirs de la famille et des flux financiers qui peuvent avoir eu lieu ces derniers jours a commencé. L’organisme antiblanchiment Tracfin, rattaché au ministère de l’Économie et des Finances, a consulté les fichiers bancaires à sa disposition d’après une liste d’une douzaine de noms puisés dans l’entourage proche de l’ex-président. Il s’agit notamment de s’assurer que les familles Ben Ali et Trabelsi ne cherchent pas à transférer des sommes importantes à l’étranger, qu’elles n’ont pas effectué de retraits en espèces anormalement élevés et qu’elles n’ont pas réalisé des opérations d’achats ou de ventes de métaux précieux, notamment d’or. Nicolas Sarkozy s’est engagé par ailleurs à «répondre sans délai à toute demande» du gouvernement légitime concernant «des avoirs tunisiens en France ». (Le Figaro-17.01.2011.)

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** une atmosphère délétère …les intrigues d’un clan familial sclérosé et une fin de règne agonisante … »Peut-être on partira, mais on brûlera Tunis »….

Tunis, envoyée spéciale du Monde.17.01.2011. - Cet homme n’est ni grand ni petit. On ne peut pas le décrire. Il n’a pas de nom. Il faut lui en inventer un : Zyed. Il se terre dans une maison du quartier Bardo, à Tunis, qu’il fait surveiller depuis la rue par de jeunes parents, les nerfs à fleur de peau. « Je change d’endroit toutes les heures », dit-il en refoulant des larmes.

 Conseiller de Zine El-Abidine Ben Ali au palais de Carthage, il avait pris contact de sa propre initiative quelques jours avant la chute de l’ex-président parce que, disait-il, il ne voulait pas « être complice des massacres ». Pour le rencontrer, ce dimanche 16 janvier, il faut suivre des émissaires à travers un dédale de rues.

Zyed tente aujourd’hui de fuir la Tunisie, mais son passeport français, qu’il exhibe trop brièvement, est faux. Son récit, souvent interrompu par le bruit de tirs tout proches qui le font violemment sursauter, met en scène les intrigues d’un clan familial sclérosé et une fin de règne agonisante bien avant le début, le 17 décembre 2010, des émeutes en Tunisie. « Il régnait une atmosphère délétère au palais, souligne-t-il. En septembre, il y a eu un accrochage très sérieux entre le président et sa femme, et, à partir de là, la présence de son frère Belhassen et de son fils Imed est devenue de plus en plus forte. »

L’ancien conseiller avance aussi le nom de Slim Chiboub, marié à Dorsaf Ben Ali, la fille de l’ancien président, mais écarte celui d’un autre gendre, très en vue, Sakhr El-Materi, décrit comme « un requin qui n’a pas de dents ».

« QU’IL CRÈVE »

En octobre, ce clan aurait mis au point, selon lui, un scénario « diabolique » consistant à laisser « le président en poste jusqu’en janvier 2013, puis sa démission aurait été annoncée pour raison médicale, suivie d’un appel pour des élections ». Les partis « amis » auraient été instrumentalisés pour créer une polémique en présentant de faux candidats. Des manifestations organisées un peu partout par le RCD, le parti du pouvoir, se seraient conclues par une « manif monstre d’un million de personnes à Tunis pour réclamer la candidature de Leïla ».

Mais, le 17 décembre, le suicide de Mohamed Bouazizi, immolé par le feu, change tout. « Ben Ali était totalement indifférent, il a dit quelque chose comme : ‘Qu’il crève’. A ce moment, Abdelwahab Abdallah est devenu le véritable régent, et Abdelaziz Ben Dhia le filtre sans qui rien ne passait. » Ali Sériati, le chef de la garde présidentielle, fait partie du dispositif.

L’ancien conseiller décrit des acteurs de plus en plus fébriles au fur et à mesure que le mouvement de révolte prend de l’ampleur dans le pays. Le 29 décembre, au lendemain du premier discours du président, il assiste à une réunion de crise. « Abdallah a dit : ‘Il faut que tout ça soit manipulé par un groupe affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique. Pour nos amis français, c’est la seule solution.’ Ce à quoi a répondu Ben Ali, très cynique: ‘AQMI en Tunisie, c’est la mort du tourisme, on va se suicider’. »

DES APPELS D’ERIC RAOULT

Aux Américains, un même argument devait être présenté : Kasserine, la ville où les manifestations ont été les plus durement réprimées, était un « foyer islamiste ». « Il y a eu un air de fête après les déclarations de Michèle Alliot-Marie lorsqu’elle a proposé d’aider à former des policiers tunisiens, poursuit Zyed. Et Eric Raoult appelait tout le temps pour dire qu’il ne fallait pas ouvrir la brèche aux islamistes ; Abdallah l’avait surnommé la ‘passerelle’. »

Contacté, M. Raoult reconnaît avoir « appelé souvent », mais, assure-t-il, « des amis comme Charfeddine Guellouz ou Habiba Massabi [députée RCD], pas la présidence, ce n’est pas de mon niveau ».

La situation, cependant, s’aggrave en Tunisie. Le conseiller, qui révèle que l’ancien chef de l’Etat s’était réfugié dans sa propriété d’Hammamet avant de quitter le pays et avait préenregistré son dernier discours, rapporte cette dernière réunion : « Sériati a prévenu que les militaires, ces ‘fils de bâtards’, a-t-il dit, fraternisaient avec la population. Il a ajouté: ‘Peut-être on partira, mais on brûlera Tunis : j’ai 800 bonhommes prêts à se sacrifier. Dans deux semaines, les mêmes qui manifestent vont nous supplier de reprendre les choses en main.’ » Zyed, alors, est parti de son côté. (le Monde-17.01.2011.)

**Arrestation de l’ex-chef de la sécurité de M. Ben Ali

L’ex-chef de la sécurité du président Ben Ali, le général Ali Sériati, a été arrêté dans le sud tunisien à la demande de la justice tunisienne, qui l’accuse des récentes exactions commises contre la population. Cet homme-clé de l’ancien régime a été interpellé par l’armée alors qu’il tentait de s’enfuir en Libye.

Pour sa part, Abdelaziz Ben Dhia, 74 ans, conseiller de M.Ben Ali, serait mort d’une crise cardiaque, le 13 janvier, à son domicile de Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis. Il serait décédé dans son fauteuil en écoutant à la télévision M. Ben Ali dénoncer ceux qui, disait-il, lui avaient caché la réalité de la Tunisie.

 

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**Ben Ali et ses amis politiques français

 

 ANCIENNES AMOURS - Leur ami Ben Ali

Alors que la Tunisie s’embrasait, avec des manifestations qui furent le prélude au départ du président Ben Ali, la ministre des affaires étrangères françaises, Michèle Alliot-Marie, proposait à la Tunisie “le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, des forces de sécurité [françaises], afin de permettre de régler des situations sécuritaires de ce type”. “C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays [l’Algérie et la Tunisie] de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité.

Mme Alliot-Marie a été vertement critiquée pour ces propos, sur les réseaux sociaux d’une part, mais aussi par l’opposition. Pourtant, nombreux sont ceux qui, de droite comme de gauche, ont vanté, par le passé, les qualités du président déchu. Un groupe Facebook a été créé pour recenser photos, vidéos et déclarations dans ce sens … que leurs auteurs préfèreraient sans doute oublier à l’heure de la “révolution du jasmin”.

Florilège de ces déclarations ; certaines ont été glanées sur le “Ben Ali Wall of Shame” (le mur de la honte de Ben Ali).

La classe politique française observe la situation tunisienne avec un silence gêné. Et pour cause, ils étaient nombreux en France, de droite comme de gauche, à vanter les mérites du régime de Ben Ali.

  • Sarkozy, citoyen d’honneur de la ville de Tunis

En avril 2008, Nicolas Sarkozy effectuait une visite d’Etat en Tunisie, accueilli en grande pompe par le président Ben Ali. Alors qu’il recevait symboliquement les clés de la ville de Tunis, le président de la République française se disait très honoré par la distinction qu’il reçoit des mains du maire de la capitale tunisienne. M. Sarkozy axe une partie de son discours sur l’islam en Tunisie, tolérant et ouvert, “qu’on aimerait voir dans tant d’autres pays”. “Il m’arrive de penser que certains des observateurs sont bien sévères avec la Tunisie, qui développe sur tant de points l’ouverture et la tolérance. Qu’il y ait des progrès à faire, mon Dieu, j’en suis conscient pour la France… et certainement aussi pour la Tunisie”, conclut le chef de l’Etat, avant de vanter le dynamisme de l’économie tunisienne.

  • DSK et le modèle à suivre

Le directeur du Fonds monétaire international était en déplacement en 2008 en Tunisie. M. Strauss-Kahn vante les mérites de l’économie tunisienne, qui se porte bien malgré la crise. Cette relative prospérité est due à une “politique économique (…)  saine, [qui] constitue le meilleur modèle à suivre pour de nombreux pays émergents”.

  • Eric Raoult se réjouit de la réélection de Ben Ali

Membre du groupe d’amitié franco-tunisienne à l’Assemblée nationale, le député UMP du Raincy, Eric Raoult, est interrogé par Berbère TV sur la réélection de Ben Ali à la tête de la Tunisie en octobre 2009 avec près de 90 % des suffrages. “Incontestablement, en Tunisie, beaucoup de gens aiment le président Ben Ali”, tient-il à dire à ceux qui s’étonnent “en persiflant” du score de celui qui est président depuis 1987.

“Quand un certain nombre d’observateurs français font de la provocation à l’égard du président Ben Ali, il savent que quand ils arrivent à Tunis ils sont remis dans l’avion”, note le parlementaire, allusion à peine masquée à Florence Beaugé, journaliste au Monde, expulsée du pays. “On ne peut pas écrire dans son journal que la femme du président est une…, que le président est un…”, estime M. Raoult, qui propose un label “ami de la France” auquel aurait droit la Tunisie.

Enfin, le journaliste de Berbère TV demande à M. Raoult s’il est choqué par les entorses à la liberté d’expression en Tunisie : “Il y a une expression démocratique au Parlement français ou britannique qui sont de vieilles nations. La Tunisie a accédé à l’indépendance il y a cinquante ans. On ne crée pas une démocratie en quelques dizaines d’années.”

 

  • Frédéric Mitterrand ne veut pas donner de leçons

“Dire que la Tunisie est une dictature univoque me paraît tout à fait exagéré, estimait le 9 janvier 2011 le ministre de la culture sur Canal+, vantant notamment la condition de la femme en Tunisie.

 

  • Pour Rachida Dati, Ben Ali a protégé l’Europe de l’intégrisme

Alors que Ben Ali quittait la Tunisie, la députée européenne estimait, sur BFM TV, que l’on “ne pouvait pas se réjouir de la situation” en Tunisie. Pour Mme Dati, “Ben Ali a joué un grand rôle dans la coopération et la lutte contre le terrorisme. C’était aussi pour protéger les Européens”.

 

  • Chirac et le modèle tunisien

En 2003, le président de la République, Jacques Chirac, arrivait à Tunis accueilli par le président Ben Ali, à qui il donne une chaleureuse accolade. “Le premier des droits de l’homme est de manger, d’être soigné et de recevoir une éducation. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance”, déclarait M. Chirac. (Le Monde-17.01.2011.)

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**Des avoirs financiers tunisiens suspects bloqués en France

La France a pris des mesures administratives pour bloquer des mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens sur son territoire. Tracfin, l’organisme anti-blanchiment, a été saisi.

coeur- Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion interministérielle sur la situation en Tunisie, l’Elysée dit avoir «pris les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement, conformément à la législation».Paris «est à la disposition des autorités constitutionnelles pour répondre, sans délai, à toute demande sur des avoirs tunisiens en France», précise le communiqué de la présidence française. Le communiqué ne cite pas explicitement le cas du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, mais c’est bien lui et les autres membres de son clan qui semblent visés.

Tracfin saisi

Le ministre français du Budget, François Baroin, a précisé samedi soir sur RTL avoir demandé à l’organisme antiblanchiment Tracfin «d’informer les banques, les établissements financiers pour qu’ils exercent une vigilance renforcée sur tous les mouvements financiers qui concernent les avoirs de la famille et de l’entourage de l’ancien président Ben Ali». Tracfin, qui dépend de Bercy, «pourra ainsi bloquer les opérations et le cas échéant saisir l’autorité judiciaire». »Il est possible, probable qu’il y ait des avoirs financiers ici comme un peu partout dans le monde», a dit François Baroin.

Un télégramme diplomatique américain dévoilé par wikileaks et publié par le quotidien Le Monde qualifie de «mafia» la famille de l’ancien président et affirme que la corruption existe au plus au niveau de l’Etat avec des pots-de-vin, expropriation, vols, extorsions…

Appelant aussi «à l’apaisement et à la fin des violences», la France a également demandé «l’organisation d’élections libres dans les meilleurs délais» en Tunisie, affirmant être prête à «répondre à toute demande de concours afin que le processus démocratique se déroule de la façon la plus incontestable».

Rappelant son principe de «non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain», Paris dit enfin apporter «un soutien déterminé» au peuple tunisien dans sa «volonté de démocratie». (Le Figaro-avec agences-16.01.2011.)

**Trois ONG portent plainte en France contre Ben Ali

 Les ONG Sherpa, Transparency International et Commission arabe des droits humains ont annoncé lundi 17 janvier avoir déposé plainte pour obtenir une enquête sur les biens détenus en France par le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Cette plainte déposée auprès du parquet de Paris devait notamment viser les faits de recel d’abus de biens sociaux, blanchiment et recel de détournement de fonds publics, a précisé la juriste chargée du dossier chez Sherpa. L’objectif est « d’obtenir rapidement un gel des avoirs de la famille Ben Ali en France pour éviter qu’ils ne soient transférés vers des destinations lointaines », a-t-elle dit.

Selon Transparency France, l’ex-président, qui a quitté le pays vendredi après 23 ans au pouvoir, détiendrait un hôtel particulier à Paris d’une valeur estimée à 37 millions d’euros, ainsi que des avoirs dans plusieurs banques. La famille de sa femme détiendrait plusieurs millions d’euros sur des comptes bancaires français, des appartements et des propriétés à Paris et en région parisienne, un chalet à Courchevel et des propriétés sur la Côte d’Azur, ajoute Transparency, citant des enquêtes journalistiques.

« FAIRE UN ÉTAT PRÉCIS DE CES AVOIRS »

« Notre plainte doit permettre de faire un état précis de ces avoirs, de décider de leur gel et ultérieurement de leur restitution à la Tunisie, car il s’agit certainement du fruit de détournement de fonds publics », a déclaré le président de Transparency France, Daniel Lebègue. Les deux associations sont déjà à l’origine de la plainte en France contre trois chefs d’Etat africains, Ali Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzavile) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) dans l’affaire dite des « biens mal acquis. »

En outre, plusieurs voix se sont élevées en Suisse pour réclamer aux autorités le gel des éventuels avoirs détenus par Ben Ali dans la Confédération. Un avocat suisse d’origine tunisienne, Ridha Ajmi, qui représente une trentaine de personnes, a indiqué avoir déposé plainte auprès du ministère public suisse (procureur fédéral) afin de pouvoir bloquer les éventuels avoirs de Ben Ali.

L’avocat a également déposé une requête réclamant l’émission de mandats d’arrêts internationaux contre l’ex-président tunisien, sa femme, Leïla Trabelsi, et l’ancien ministre de l’intérieur Rafik Bel Hadji Kacem.

L’ORGANISME ANTIBLANCHIMENT TRACFIN A ÉTÉ SAISI

De son côté, le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a affirmé que la France se tenait à la disposition de Tunis pour examiner le sort des biens immobiliers en France de Ben Ali et de son entourage.

« Nous nous tenons à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes pour voir, autant que de besoin, ce qu’elles souhaitent s’agissant des avoirs immobiliers de Ben Ali ou de son entourage », a déclaré M. Baroin, présentant ses vœux à la presse à Bercy.

Dans un premier temps, a rappelé le porte-parole du gouvernement et ministre du budget, la France s’est placée sur un terrain administratif, saisissant l’organisme antiblanchiment Tracfin pour empêcher la fuite des avoir financiers détenus en France par l’ex-président tunisien et ses proches. Le volet immobilier ferait ensuite l’objet d’un « processus judiciaire », a-t-il poursuivi, expliquant que c’était « aussi la raison pour laquelle nous disons que nous sommes à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes pour savoir ce qu’elles souhaitent ».

LES BANQUES DOIVENT SIGNALER TOUT MOUVEMENT SUSPECT

Tracfin a demandé une « vigilance extrême » sur tout mouvement de fonds « anormal ou curieux » sur les comptes détenus par des personnalités tunisiennes, avait précisé quelques heures plutôt Christine Lagarde, la ministre de l’économie, sur Europe 1. Elle a précisé ne pas en connaître le montant global.

Or, selon, William Bourdon, fondateur et avocat de Sherpa qui s’exprimait sur RTL, les autorités françaises sont « au fait que la France est un territoire d’accueil de ces détournements d’investissements financiers, bancaires, opérés pour le compte et au bénéfice du clan Ben Ali élargi ». L’enquête sera complexe, car, estime-t-il, ces avoirs ont été dissimulés. Il s’est interrogé sur la volonté des autorités françaises de bloquer ces avoirs.

« C’est un effet d’annonce pour essayer d’effacer la pression désastreuse provoquée par le cynisme coupable et complaisant de la France vis-à-vis de la Tunisie depuis plusieurs semaines et depuis plusieurs années », a ajouté M. Bourdon.

« PAS EXACTEMENT UN GEL DES AVOIRS »

La famille Ben Ali se serait enfuie avec 1,5 tonne d’or de Tunisie, qu’elle aurait retirée des coffres de la banque centrale tunisienne. Paris a annoncé samedi avoir pris les dispositions pour bloquer les transferts de fonds suspects de l’ex-président et de son entourage, qui ont trouvé refuge en Arabie saoudite. « Ce n’est pas exactement un gel des avoirs », a précisé Christine Lagarde lundi. « Le gel ne se décide que sur décision judiciaire ou décision internationale. Ce que nous avons demandé à Tracfin c’est d’exercer une vigilance particulière et de procéder à un blocage administratif », a-t-elle précisé.

Les banques françaises « doivent en cas de mouvement anormal, curieux, par son montant, par sa destination, alerter Tracfin qui a la capacité de bloquer pendant quarante-huit heures et ensuite de saisir une instance judiciaire », a ajouté la ministre. Concernant les biens immobiliers de la famille Ben Ali en France, « les notaires sont sous la même contrainte et doivent notifier à Tracfin tout mouvement ». (Le Monde-17.01.2011.)

**WikiLeaks : Les prédateurs du clan Ben Ali vus par les diplomates américains 

Zine El-Abidine Ben Ali et sa femme Leila en 2004. Une blague circulait à Tunis avant la chute du régime : un jour, le président Ben Ali roulait au volant de sa voiture, dans les rues de la capitale, seul et sans garde du corps. A un feu rouge, un policier l’arrête. Ben Ali explique qu’il s’appelle Zine El-Abidine Ben Ali et qu’il est le président de la République. « Jamais entendu parler de vous « , lui rétorque l’homme en uniforme, avant de le conduire au poste de police. Le chef du poste est là. Il examine les papiers de Ben Ali et les lui remet aussitôt en disant : « C’est OK pour lui. C’est un parent des Trabelsi. »L’anecdote est rapportée dans un télégramme de l’ambassade des Etats-Unis en Tunisie obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde. Commentaire du diplomate qui l’a rédigé : « La blague souligne ce que beaucoup ressentent aujourd’hui (en 2009) : comparé à la force et à la profondeur de la mainmise des Trabelsi sur la Tunisie, Ben Ali est inconsistant. »

Le jugement est sans doute excessif. A lire les « mémos », nombreux et détaillés, des diplomates américains en poste à Tunis, la capitale, la prédation n’était pas l’apanage de la famille de l’épouse du chef de l’Etat déchu, Leila Trabelsi. Le clan Ben Ali était aussi partie prenante au pillage. Mais à une échelle moindre.

Les deux familles s’étaient partagé le territoire, note un télégramme : aux Trabelsi la région du Grand Tunis, la plus riche du pays ; au clan Ben Ali la région natale de l’ancien président, la zone côtière du centre. Il fallait être d’un clan ou de l’autre, « appuyé par les Trabelsi » ou « épaulé par les Ben Ali ». Impossible de pouvoir se prévaloir des deux familles.

Dans un long télégramme, un diplomate a minutieusement recensé les biens des membres de chacun des deux clans. Dans la famille Ben Ali, Hayet, une soeur de l’ex-président installée en Allemagne, est propriétaire de plusieurs hôtels et d’immeubles dans la région du Sousse. Elle a casé ses trois enfants : l’un était ministre de l’environnement, le second conseiller à la présidence, le troisième importateur de voitures. Un des frères du président Ben Ali, Slaheddine, associé à son fils Kais, était aussi importateur mais de vêtements de seconde main et de ferraille. « On dit qu’ils sont derrière la contrebande d’alcool », ajoute le « mémo ». Ils étaient également propriétaires d’une firme immobilière et de l’Adam Park, un parc d’attractions également situé dans le centre du pays.

Tijani, un autre frère, était président de la société immobilière Minerva et actionnaire principal d’Aero-Travel, une société de services aéroportuaires.

Deux autres soeurs de l’ex-président étaient également dans les affaires : Naima, présente sur le marché des voitures de luxe, et Najet, dont le holding, créé avec son époux et leurs deux enfants, se concentrait sur l’import-export (société El-Almana), l’ameublement (Meubles modulaires, groupe Meublatex, Panabois, Profilex, Le Matelas…), l’hôtellerie (Hotel Chain), la compagnie aérienne Karthago et les communications (Deternet).

L’emprise de l’autre clan, celui des Trabelsi, sur l’économie nationale est encore plus impressionnante. Elle tient pour partie aux nombreux frères et soeurs de Leila Trabelsi, l’épouse du président : dix recensés dans un câble, dont sept très actifs, outre Hajja Nana, « la doyenne », la mère de Leila Trabelsi.

Dans le clan Trabelsi, tout le monde ou presque est un prédateur, mais la figure de proue du clan est sans conteste Belhassen. « Belhassen incarne tout ce que les Tunisiens détestent chez les Trabelsi », assure un télégramme.

L’homme ne fait rien pour s’attirer la sympathie. Au volant de puissantes automobiles (Porsche Cayenne, Bentley, Hummer), il roule à tombeau ouvert dans les rues de la capitale au mépris de toutes les règles. Dans les restaurants, note le diplomate, il n’hésite pas à déposer sur la table le pistolet qu’il porte sur lui.

Recenser les intérêts du frère de Leila Trabelsi, c’est dresser la liste d’une part non négligeable du tissu économique de la Tunisie. Ses participations sont variées, qui vont des transports aériens (Karthago Airlines) aux télécommunications (Global Telecom Networking), en passant par l’assemblage de camions et de tracteurs (Alpha Ford International), d’autocars (Alpha Bus Tunisie), le tourisme (au moins sept sociétés), la promotion immobilière… La liste n’est pas close.

« Belhassen n’a aucun scrupule en affaires. Tous les moyens lui sont bons », écrit le même diplomate. Pour pouvoir continuer à travailler, la firme Citroën sera contrainte de verser une sorte de rançon à Belhassen Trabelsi. Aux yeux de M. Ben Ali, son beau-frère était « un homme d’affaires à succès » dont il appréciait les qualités. (Le Monde-17.01.2011.)

**Réglements de compte parmi les proches de Ben Ali

Un portrait de l'ex-président Ben Ali est retiré d'une façade dans le centre de Tunis, dimanche.
Un portrait de l’ex-président Ben Ali est retiré d’une façade dans le centre de Tunis, dimanche. 

L’ex-chef de la sécurité présidentielle et un neveu du président déchu, tous deux soupçonnés d’entretenir l’instabilité des derniers jours, ont été arrêtés en Tunisie. Un autre de ses neveux a été tué.

coeur- Deux jours après le départ de Ben Ali, l’entourage de l’ex-président tunisien commence à être visé par des représailles. L’ex-chef de la sécurité du président déchu, le général Ali Sériati, a été arrêté à la demande de la justice tunisienne qui l’accuse des récentes exactions commises contre la population. Dans le cercle familial, un neveu de l’ex-chef d’Etat a été arrêté, et un autre neveu du couple Ben Ali a été assassiné.

L’ancien homme clé de la sécurité de Ben Ali a été interpellé à Ben Guerdane dans le sud de la Tunisie alors qu’il tentait de s’enfuir en Libye, a indiqué une source officielle, sans préciser la date de l’arrestation. Ramené à Tunis, Ali Sériati a été placé sous mandat de dépôt par un juge d’instruction.

Tentative de déstabilisation

Une source officielle citée auparavant par la télévision publique et l’agence officielle TAP indiquait que le général était formellement accusé d’être responsable d’exactions contre la population. «Une information judiciaire a été ouverte contre l’ancien directeur général de la sécurité présidentielle (le général Ali Sériati) et un groupe de ses collaborateurs pour complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre», a indiqué la télévision publique tunisienne. Selon cette même source, il a été établi que cet homme clé de l’ancien régime était derrière les milices qui sont responsables des désordres récents dans la capitale et d’autres villes du pays.

Du temps de Ben Ali, le corps de la sécurité présidentielle avait la haute main sur les autres forces de sécurité et était particulièrement redouté par la population. Plusieurs témoignages ont attribué les pillages et exactions de ces derniers jours à des membres de l’appareil sécuritaire, liés à l’ex-président, qui chercheraient à créer le chaos pour favoriser son retour.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un neveu de l’ex-président, Kaïs Ben Ali, a également été interpellé par l’armée à Msaken, une localité de la région d’origine de l’ex-président Ben Ali dans le centre de la Tunisie. Il se trouvait avec dix autres personnes qui «tiraient en tous sens» à bord de véhicules de police, selon des témoins. Kaïs Ben Ali a la réputation d’être un potentat local à Msaken.

Le «chouchou de Leïla» poignardé

Un autre proche de Ben Ali, neveu préféré de son épouse, a succombé vendredi à une blessure à l’arme blanche à l’hôpital militaire de Tunis. «Le chouchou de Leïla (l’épouse de Ben Ali) a été poignardé ces derniers jours et admis aux urgences», a déclaré une source médicale, sans pouvoir préciser les circonstances de l’incident. Selon des informations circulant à Tunis, Imed Trabelsi, le plus favorisé des nombreux neveux du couple Ben Ali, aurait été poignardé lors d’un règlement de compte par l’un de ses anciens collaborateurs.

Imed Trabelsi, qui a fait fortune dans l’immobilier et la grande distribution en association notamment avec la société française Conforama, avait été «élu» en mai dernier maire de La Goulette, une commune au nord de Tunis, où il s’était installé en maître bien avant les élections. Ses méthodes étaient décriées par la communauté des affaires qui n’osait pas lui faire ouvertement front.

Il a été par ailleurs poursuivi sans succès en France pour «vols en bande organisée» pour s’être approprié le prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. En mai 2007, la justice française avait émis un mandat d’arrêt à son encontre, mais la justice de son pays a refusé de l’extrader.(Le Figaro-16.0.2011.)

**Tirs nourris dans le centre de Tunis

Des tirs nourris retentissaient dimanche après-midi dans le centre de Tunis, non loin du ministère de l’Intérieur, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des tirs réguliers, d’abord sporadiques, puis de plus en plus nourris, étaient échangés depuis environ 16 heures (heure de Paris) entre des personnes cachées dans des immeubles et des policiers, tout près de l’avenue Bourguiba. Un hélicoptère survolait la zone du ministère de l’Intérieur, tandis que le centre de la capitale était totalement désert, à l’exception d’une forte présence policière.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, des tirs avaient également été échangés devant le siège d’un parti d’opposition, le Parti démocratique progressiste (PDP), à l’issue desquels plusieurs personnes ont été arrêtées, dont deux étrangers, a indiqué un des responsables de cette formation.

Un semblant de normalité semblait pourtant revenu dans la matinée. Des badauds avaient recommencé à se promener sur l’avenue Bourguiba. Les autorités provisoires avaient annoncé un allègement du couvre-feu en invoquant une amélioration des conditions de sécurité.

La situation s’est bruquement tendue en début d’après-midi. Les policiers sont alors devenus de plus en plus nerveux, contrôlant systématiquement les véhicules pour vérifier notamment s’il n’y avait pas d’armes à l’intérieur. Des rumeurs font état de taxis transportant des miliciens.(AFP-16.01.2011.)

*Les hommes de main de Ben Ali traqués

 L’étau se resserre autour des proches et des collaborateurs du président tunisien déchu, Zine El Abidine Ben Ali. Après des membres de sa famille, son ancien homme-clé de la sécurité, Ali Sériati, a été arrêté hier, dans le sud du pays, alors qu’il tentait de s’enfuir en direction de la Libye.                            
 Accusé d’être le commanditaire des dernières exactions commises contre la population tunisienne au lendemain de la chute de Ben Ali, Ali Sériati a été interpellé par des éléments de la police et de l’armée et ramené à Tunis. «Le général Sériati a été placé sous mandat de dépôt après la présentation des chefs d’inculpation qui pèsent sur lui», rapportent des agences de presse qui citent des sources locales. «Une information judiciaire a été ouverte contre l’ancien directeur général de la sécurité présidentielle, le général Ali Sériati, et un groupe de ses collaborateurs pour complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre», affirme une source officielle dans une déclaration à la télévision publique tunisienne.

«Le juge d’instruction du tribunal de Tunis a lancé en conséquence des mandats d’arrêt contre lui et ses collaborateurs», ajoute-t-elle. L’homme fort du régime Ben Ali est pointé du doigt d’abord par la population tunisienne, qui l’accuse d’être derrière les milices responsables des désordres récents dans la capitale et d’autres villes du pays. Des citoyens tunisiens ont attribué, dans des déclarations à des chaînes de télévision étrangères, les pillages et exactions commis samedi dernier à la garde raprochée de Ben Ali, qui chercherait à créer le chaos. Cette hypothèse est corroborée par l’ancien ambassadeur de Tunisie à l’Unesco, Mezri Haddad. Dans un communiqué rendu public, l’ancien diplomate accuse Ben Ali d’avoir «prémédité l’anarchie avant son départ du pouvoir» et de «téléguider les opérations».

«J’accuse Ben Ali d’avoir choisi la politique de la terre brûlée en établissant une stratégie en trois phases. Il a donné des armes et beaucoup d’argent à sa garde rapprochée et à ses fidèles afin qu’ils provoquent la guerre civile dès son départ de Tunisie. Il leur a donné l’ordre de déclencher les opérations bien avant de prendre la décision de fuir. Il a sollicité l’aide de la Libye pour qu’elle intervienne», accuse-t-il. Mezri Haddad estime également que l’objectif du président chassé est de reprendre les commandes une fois le vent de la révolte passé : «Ce plan criminel et machiavélique n’avait qu’un seul objectif : reprendre le pouvoir.»

Climat toujours tendu dans le pays

Outre l’arrestation du chef de la sécurité de Ben Ali, la chaîne satellitaire Al Jazeera annonce également l’arrestation de l’ancien ministre de l’Intérieur, Rafik Haj Kacem. Ce dernier a été limogé par Ben Ali quelques heures avant de quitter le pouvoir. Mais la situation risque de s’embraser dans le pays. Le retour au calme n’aura duré que quelques heures. La capitale, Tunis, a vibré, hier après-midi, au rythme d’un échange de tirs nourris entre les policiers et des personnes cachées dans les immeubles. Selon toujours les agences de presse, des tirs ont également été échangés un peu plus tôt dans la journée, devant le siège d’un parti de l’opposition, le Parti démocratique progressiste (PDP). Plusieurs personnes ont été arrêtées, dont deux étrangers. Pourtant, au début de la journée, les autorités provisoires avaient annoncé un allègement du couvre-feu en invoquant une amélioration des conditions de sécurité.(El Watan-17.01.2011.)

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* Parti de la liberté et de la justice-Algérie

«La volonté des peuples est invincible»
 

Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) a réagi, hier, à la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sous l’effet de la révolte populaire.
Dans un communiqué parvenu à la rédaction, le parti de Mohamed Saïd, ex-candidat à la présidentielle de 2009, estime que cette «chute rappelle que la volonté des peuples est invincible», invitant les gouvernants algériens à «revoir leur mode de gouvernance et à reconsidérer le peu d’intérêt qu’ils accordent au respect de la volonté populaire».
Pour le PLJ, l’intérêt national exige du pouvoir de tirer les conclusions pour éviter à notre pays un avenir porteur d’incertitudes. «L’Algérie a besoin, à la fois, d’un Etat fort et juste, ouvert à toutes les compétences, et d’un pouvoir perçu non pas en termes de rente de situation mais comme une émanation de la volonté populaire libre et réelle», a-t-il considéré. Pour ce parti, le changement souhaité ne saurait s’accommoder de demi-mesures, ou de palliatifs destinés à gagner du temps, et encore moins de politiques conçues et évaluées en cercles fermés. (L’Expression-17.01.2011.)

*Les régimes arabes craignent la contagion

 Manifestation, dimanche à Sanaa, en faveur de l'éviction du président Ben Ali et pour un «changement pacifique et démocratique» au Yémen.
Manifestation, dimanche à Sanaa, en faveur de l’éviction du président Ben Ali et pour un «changement pacifique et démocratique» au Yémen.

Si les opinions publiques sont captivées par la révolution tunisienne, les pouvoirs redoutent un effet domino.

coeur- La révolution tunisienne est observée à la fois avec passion et inquiétude dans le monde arabe. Si les opinions publiques, ce qu’on appelle «la rue arabe», ont suivi les événements avec une empathie parfois très démonstrative, les pouvoirs en place, eux, de Rabat à Bagdad en passant par Le Caire, sont restés silencieux ou très prudents dans leurs réactions. Une réserve qui traduit manifestement leur propre peur de soulèvements populaires. Significative à cet égard, la réaction de la Ligue arabe qui s’est bornée, samedi, à inviter à la fois les autorités politiques et les forces vives de la Tunisie à faire preuve d’«unité» pour «maintenir les réalisations du peuple tunisien». En Égypte, Hosni Moubarak, qui règne sans partage depuis trente ans sur le pays arabe le plus peuplé, a seulement dit, par la voix du ministère des Affaires étrangères, «avoir confiance dans la sagesse de ses frères tunisiens». Au Maroc et en Algérie, le silence des autorités est assourdissant.

Parallèlement, des centaines de millions d’Arabes ont pu suivre et encourager en temps réel le déroulement des événements en Tunisie, grâce aux chaînes satellitaires et aux réseaux sociaux d’Internet, comme Facebook ou Twitter. «L’odeur du jasmin est déjà arrivée à Sétif…»: sur sa page Facebook, redécorée du drapeau tunisien, le cinéaste algérien Yanis Koussim jubile. Vendredi soir, le jeune homme de 33 ans a suivi en temps réel la fin du règne du président tunisien Ben Ali en se remémorant les récentes émeutes contre la hausse des prix qui ont fait trembler plusieurs villes d’Algérie, dont sa ville natale, Sétif. Là-bas aussi, la rue gronde depuis un certain temps. «Pousser un peuple à bout, l’affamer, le museler trop longtemps, ne peut que mener à l’explosion», prévient-il.

Sit-in et appels au soulèvement

Faut-il s’attendre à un effet domino? D’Alger à Sanaa en passant par Le Caire, nombreux sont ceux qui ont salué, ce week-end, ce soulèvement populaire inédit dans cette partie du monde où nombreux sont les pays minés par les mêmes maux que la Tunisie: chômage, corruption, répression. Pour les observateurs, les pays les plus susceptibles d’être affectés par une onde de choc venant de Tunisie sont ses voisins maghrébins ainsi que l’Égypte, la Syrie et la Jordanie.

En Algérie, la presse a rapporté dimanche qu’un chômeur s’était immolé par le feu samedi, devant un bâtiment administratif à Tebessa, à 700 km à l’est d’Alger – une réplique du suicide du jeune chômeur qui avait lancé la révolte tunisienne le 17 décembre 2010. En Jordanie, où la grogne monte contre l’inflation, plusieurs «sit-in» ont eu lieu ce week-end, dont un de syndicalistes samedi devant l’ambassade de Tunisie à Amman, appelant à la propagation de la «révolte de jasmin». Au Yémen, un millier d’étudiants ont manifesté à Sanaa pour demander aux peuples arabes de se soulever contre leurs dirigeants. À Khartoum, au Soudan, un ténor de l’opposition, Moubaral al-Fadil, a estimé que le pays était «prêt pour un soulèvement populaire»…

Si contagieux soit-il, le parfum de liberté qui flotte sur Tunis est lourd d’incertitude. D’abord parce que, soumise à une chape de plomb pendant 23 ans, l’opposition est à la fois fragile et désorganisée. Ensuite parce que, porté par des revendications démocratiques, l’appel d’air n’est pas à l’abri d’une récupération politique par certains groupes islamistes. De plus, chaque pays présente ses propres particularités. Ainsi le système égyptien a judicieusement su ménager – à l’inverse de la Tunisie – quelques soupapes d’expression permettant de retarder une explosion sociale. Quant aux Algériens, ils sont nombreux à préconiser la prudence au regard de leur histoire récente, où les mouvements sociaux des années 1980 ont débouché sur un cycle infernal de violence. «Nos “révolutions de jasmin”, mes parents y ont participé à la fin des années 1980. Pourquoi cela n’a pas pris? Je ne sais pas, je suis né en 1977, j’étais trop jeune… J’espère seulement que les Tunisiens s’inspireront de ce qui a suivi nos “révolutions” à nous pour ne pas rater la leur!», préconise Yanis Koussim. (Le Figaro-16.01.2011.)

 **Après la Tunisie, quel pays arabe pourrait tomber ?

 Inédite au Maghreb et au Mashreck, la « révolution » tunisienne va donner des idées à d’autres peuples arabes en quête de libertés, mais elle va également être étudiée de près par leurs régimes, qui vont tirer les leçons de la débâcle de Ben Ali. La première d’entre elles concerne l’homogénéité de leur appareil sécuritaire derrière les pouvoirs en place. En Tunisie, l’armée a fini par lâcher Ben Ali. Et aucune autre force n’a pu la soumettre, en particulier la police et les services de renseignements. Cette homogénéité de l’appareil de sécurité est la planche de salut de régimes arabes autoritaires ou dictatoriaux. Là où elle est forte, le risque de chute des pouvoirs est limité ….L’autre leçon que ces régimes vont tirer, c’est le souci d’apporter un minimum de prospérité à leurs populations, et parfois de mieux répartir la richesse entre les nantis – voire les familles dirigeantes – et le peuple, en premier lieu la jeunesse, véritable bombe à retardement, si rien d’autre ne lui est offert que l’exil ou le terrorisme islamiste.
En revanche, il n’est pas du tout sûr que l’exemple tunisien conduise les dirigeants arabes à ouvrir leur système politique et à accorder davantage de libertés à leurs populations. Pour certains en effet, libéraliser serait synonyme de chute de leurs pouvoirs. Les dictateurs arabes ont tous l’exemple soviétique en tête : s’ils libéralisaient leur système politique, ils risqueraient d’être emportés par une perestroïka, version arabe. Cela étant, ils devront répondre à une demande croissante et incontournable de libertés politique et syndicale. De la réponse qu’ils sauront apporter à ces exigences dépendra en partie leur salut.
Ces éléments posés, quels pays pourraient suivre l’exemple de la Tunisie ?  Quatre états arabes présentent certaines similarités avec la Tunisie : la Jordanie, l’Egypte, la Syrie et le Yémen.
En Jordanie en Egypte et au Yémen, de très larges segments de la population souffrent d’une extrême pauvreté, lourde de dangers pour la stabilité de ces pays, tandis que les prix des denrées de première nécessité augmentent régulièrement, créant de nouvelles poches de misère.
Au Royaume hachémite, des manifestations contre la vie chère ont éclaté ces derniers mois. Difficile pourtant d’envisager un scénario à la tunisienne en Jordanie. Pour plusieurs raisons. La première c’est que le pays est l’allié de l’Occident, des Etats-Unis en particulier mais aussi d’Israël – dont il est le glacis de sécurité – et que ces deux puissances ne laisseront jamais tomber le roi Abdallah au profit des islamistes ou des Palestiniens, majoritaires sur la rive orientale du Jourdain. D’autre part, contrairement à la Tunisie, l’armée jordanienne, composée quasi exclusivement de bédouins, est et restera loyale au souverain,  et elle n’hésitera pas elle à réprimer dans le sang une révolte populaire. Enfin, les services de renseignements jordaniens ont infiltré depuis longtemps leurs « ennemis » intérieurs et savent donc assez bien ce qui se trame chez les islamistes ou parmi les réfugiés palestiniens des camps. En Egypte également, l’armée est politisée et veille au grain pour protéger Hosni Moubarak, qui devra tout de même – sous la pression américaine – accroître le champ des libertés pour ses concitoyens.
C’est en Egypte que l’épouvantail islamiste agité par le régime pour survivre peut encore le mieux fonctionner auprès des pays Occidentaux. Les Frères musulmans représentent en effet une alternative au pouvoir du vieux raïs âgé de plus de 80 ans et qui pourrait briguer un nouveau mandat en septembre prochain.(…) la Syrie de Bashar al-Assad a été plus clairvoyante que la Tunisie de Ben Ali : elle a su associer au partage de la manne de très nombreuses familles issues de la majorité sunnite, qui n’ont pas intérêt à voir le régime tomber, quelque soit le degré d’hostilité qu’il leur inspire. La Syrie a su s’ouvrir économiquement, sans s’ouvrir politiquement. C’est sans doute dans cette voie minimale que les pays arabes vont être contraints de s’engager aujourd’hui. (source: Blog du Figaro-16.01.2011.)

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