Suite aux violentes émeutes,la rue livrée à de graves dépassements
9012011* Le calme revient peu à peu à travers le pays
*paradoxal d’un mouvement de protestation d’envergure: pas de slogan politique, ni de revendications claires
Il est paradoxal qu’un mouvement de protestation d’envergure, qui a touché toutes les régions du pays, soit dénué de tout slogan politique et de revendications claires.
Fait bizarre ou produit d’un dessein de longue date? Les dévastateurs mouvements de protestation qui ont touché toutes les régions du pays ne sont accompagnés d’aucun slogan politique. Autre fait étrange, les émeutiers n’ont appuyé leurs déchaînements contre les édifices publics et autres propriétés privées d’aucune revendication sociale claire.
Les émeutiers qui emportent tout sur leur passage n’ont scandé aucun slogan, n’ont arboré aucune banderole et n’ont exprimé aucune demande. Si la cause directe qui a engendré le déluge est l’augmentation indécente des prix de l’huile et du sucre, il n’en demeure pas moins que les observateurs considèrent cette augmentation comme la goutte qui a fait déborder le vase. Car, à bien des égards, les causes réelles de la révolte populaire sont loin d’être uniquement les augmentations des prix. Les manipulateurs ont, de ce fait, joué sur les sentiments des jeunes frustrés par les difficiles conditions qu’ils vivent chaque jour, pour les faire sortir dans les rues.
Les émeutiers n’ont fait qu’extérioriser une frustration longtemps refoulée.
C’est ce qui explique, en partie, ces mouvements encadrés par aucune force sociale, accompagnés d’aucun slogan politique ni revendication de quelque ordre qu’il soit.
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales estime, dans une interview à l’APS, que «la frange de jeunes dont nous connaissons, par ailleurs, la situation difficile, s’est mise en position de fracture totale par rapport au reste de la société (…) Ces jeunes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards».
Les observateurs expliquent que cette situation confirme le fossé creusé entre la société et ses représentants à tous les niveaux.
Lequel fossé est la conséquence de la non-structuration de la société sur des bases solides. «La société, qu’il est urgent de libérer et de démocratiser, n’est pas structurée sur de bonnes bases», a affirmé le politologue, Mohamed Hadef. Il explique, en outre, que l’absence d’encadrement et de slogans est dûe à l’inexistence d’une activité politique noble.
Cependant, affirme le politologue, même dépourvus de slogans politiques, ces événements auront «des résultats politiques qui seront connus dans quelques semaines».
Pour les observateurs de la situation politique du pays, le fait est là: aucun parti politique algérien, toutes tendances confondues, ne peut mobiliser les foules et prétendre avoir une quelconque emprise sur la société.
De plus, les jeunes qui se révoltent refusent toute chapelle politique et ne répondent, c’est déjà vérifié, nullement aux appels à la mobilisation de la classe politique.
Le taux d’abstention lors des échéances électorales en est la preuve irréfutable.
Les partis et les organisations de la société civile, pris de court et dépassés par les évènements, n’ont fait qu’appeler les manifestants à s’exprimer pacifiquement, dénonçant les actes de vandalisme et la destruction des biens publics et privés.
Ils ont appelé également à un encadrement des mouvements de contestation.
Mais par qui seront-ils encadrés si ce n’est, justement, par les partis politiques et la société civile? Autre fait saillant, les Algériens peuvent-ils manifester leur colère pacifiquement dans un climat marqué par le maintien depuis 19 ans de l’état d’urgence avec des restrictions imposées à tout mouvement populaire?
Les rassemblements des médecins, des enseignants et autres catégories professionnelles n’ont-ils pas été réprimés malgré leur caractère pacifique? Cette absence d’encadrement et de slogans politiques n’est, cependant, pas propre aux dernières émeutes qui ont éclaté un peu partout dans le pays.
Les émeutes quotidiennes de cette dernière décennie, les fermetures récurrentes des routes, des sièges d’APC et autres édifices publics sont nées loin de tout encadrement de la société civile.
C’est dire la désaffection de la société civile par rapport à tout ce qui représente l’Etat.
Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a déclaré à l’APS que «le peuple en est conscient et fait preuve dans la majorité des cas de patience et de confiance».(L’Expression-10.01.2011.)
**Après la flambée des prix du sucre et de l’huile et les mesures prises par le gouvernement afin de l’enrayer, le calme revient peu à peu à travers le pays.
Attention, le marché des fruits et légumes s’enflamme! Le matin on l’appelle la rue Tanger, à midi, la rue «manger» et le soir venu, la rue «danger». C’est comme ça que les Algérois désignent ce quartier très fréquenté de la capitale à ces trois moments de la journée. Sur les trois boulangeries que compte cette rue, seule une est prise d’assaut par les clients. Les deux autres sont, certes, ouvertes mais leurs étagères sont vides, faute d’approvisionnement en farine. «Nous sommes sans farine depuis que les émeutes ont commencé. Le dernier stock, nous l’avons écoulé ce matin et nous ne savons pas quand va-t-on, de nouveau, être approvisionnés.»
Un autre endroit très fréquenté, la rue Abane-Ramdane et ses nombreuses boutiques. En dépit du retour au calme, quelques magasins restent toujours fermés. C’est le cas de la seule boulangerie qui trône en ce lieu parce que elle, aussi, se plaint des retards intervenus dans la distribution. Autre thème de notre enquête, le carburant. Située à quelques encablures de la Maison de la presse, la pompe à essence de la cité Maya est la première visitée. Avant même que notre véhicule s’arrête, le pompiste nous lance: «Il n’y a pas d’essence» avant d’ajouter: «A cause des émeutes. Les responsables chargés d’approvisionner les pompes en carburant n’ont pas voulu prendre de risque en faisant sortir leurs camions citernes». La pompe à essence du quartier la Résidence n’est pas très loin. Surprise, elle n’est pas à l’arrêt! Mais les files interminables de voitures devant l’entrée ont occasionné de sérieuses perturbations au trafic et aux autres automobilistes qui se retrouvent piégés malgré eux. Peu importe en ces lendemains de troubles, l’essentiel est de trouver du carburant. Autre curiosité, les postes pour connaître l’ambiance qui règne en leur sein. A tout seigneur, tout honneur: la Grande-Poste qui, bizarrement, ne connaît pas l’affluence des grands jours. Que ce soit au niveau des guichets-timbres, mandats, téléphone, etc. ou de la recette retraits. L’activité tourne presque au ralenti et les clients sont à peine plus nombreux que les préposés qui y sont affectés. Cette accalmie, on la retrouve également à la poste Port-Saïd où clients et agents, une fois n’est pas coutume, ne se disputent pas l’espace. Cet organisme payeur du secteur public qui est situé en plein coeur de la capitale, affiche toujours complet, particulièrement les jours de paie. Dans cette randonnée à travers Alger, nous n’avons pas omis de faire un tour aux marchés des fruits et légumes de la place de Chartre et de la rue de la Lyre. Premier constat: la désaffection du public habituellement grouillant en ces lieux. Hormis la pomme de terre qui oscille entre 40 et 45 DA, la plupart des autres légumes ont connu une hausse vertigineuse. Qu’on en juge: poivrons 150 DA le kilo, les fèves 100 DA, la tomate 100 DA, la courgette 130 DA, les navets 50 DA, les petits pois 160 DA, etc. Le record des denrées en hausse est détenu cependant par les haricots verts, vendus à 260 DA le kg. Qui dit mieux? L’ultime virée, nous l’avons effectuée auprès de certains épiciers et autres commerçants vendeurs de lait. Parce qu’en dépit d’un retour progressif à la normale, ces derniers ne sont pas satisfaits et se plaignent des faibles quotas en sachets de lait qui leur sont attribués. C’est le cas de ce commerçant de la rue Ali-Harriched qui s’interroge sur ces restrictions: «Habituellement, mon quota est de 600 sachets/jour. Aujourd’hui, on ne m’en livre que la moitié, c’est très peu comparé à la demande.» En fait, c’est que le lait manque; pour se le procurer, il faut se lever de bonne heure, de très bonne heure. «Le camion livreur passe à 4h. A 5h, les stocks en sachets de lait sont déjà épuisés», poursuivra notre interlocuteur. Autrement dit, tant pis pour les retardataires.
Autre fait marquant, les tentatives de retour du marché informel et des revendeurs qui avaient été chassés de la rue de la Lyre. Certains ont déjà réinstallé leurs tables, au grand dam des propriétaires dont un a failli être agressé à l’arme blanche parce qu’il s’est opposé aux agresseurs qui voulaient s’installer par la force en face de son magasin.
Les autorités ont, en tout cas, intérêt à intervenir afin de régler définitivement ce problème, car déshabiller Moh pour habiller Messaoud n’a jamais été une solution. (L’Expression-10.01.2011.)
*La vie reprend son cours normal à Oran
La vie a commencé à reprendre graduellement son cours normal, hier matin, dans les différents quartiers de la ville d’Oran après une fin de semaine fort tendue et un week-end marqué par des affrontements parfois violents entre policiers et jeunes émeutiers.
Dès les premières heures de la matinée de ce début de semaine, la ville a été de nouveau active avec des élèves rejoignant les bancs d’écoles et des travailleurs, différents secteurs confondus, regagnant leurs postes. La circulation automobile, notamment au niveau du centre-ville, était comme à l’accoutumée, assez dense avec une présence assez remarquée des transports en commun desservant la zone est de la ville. Les camions de collecte des ordures ménagères et autres balayeurs de la commune sillonnaient également les artères de la ville pour assurer les retouches succédant la collecte nocturne. L’activité commerciale a connu également un regain avec l’ouverture de l’ensemble des boutiques et autres cafétérias du centre-ville. Le climat de tension qui avait régné tout au long des quatre derniers jours semblait complètement dissipé, même si des policiers en faction avec leurs véhicules blindés étaient toujours positionnés au niveau de certains carrefours et autres points stratégiques de la ville. Il faut dire que ce retour au calme reste encore précaire et la vigilance reste encore de mise.
Selon un bilan non exhaustif, une centaine de citoyens âgés entre 15 et 40 ans et une cinquantaine de policiers ont été blessés durant les quatre jours des émeutes qui ont éclaté à Oran, selon une source hospitalière. Parmi les blessés figure une dizaine de femmes. La majorité des victimes ont été blessées par de jets de pierres au niveau du centre-ville, des quartiers El Hamri, Derb, et dans les localités de Sidi Chami, El Kerma. La majorité des blessés ont reçu les soins nécessaires et ont regagné leur domicile.
Tlemcen ville morte
La ville de Tlemcen s’est réveillée hier matin sur un spectacle de désolation. Déjà, la veille, à la suite des échauffourées vécues notamment à Bab El Djiad, Bab Sidi Boumédiene, Bab Zir, Sidi Saïd, des agents de la municipalité s’affairaient à débarrasser à coups de balai et de jet d’eau la chaussée qui était parsemée de pierres, débris de verre, capsules de gaz et d’autres objets hétéroclites. Peine perdue car les échauffourées ont repris. La gare ferroviaire a subi des dégâts, un bus ETUT a été endommagé, des abribus saccagés. Des bris de vitres ont été enregistrés au niveau du bloc administratif de Bab El Djiad. Le siège de l’ODEJ (ex-CIAJ) sera ciblé. La poste centrale et la recette des impôts auraient été pris d’assaut. Après avoir ouvert leurs portes, les établissements scolaires ont vite libéré les élèves. A Chetouane, des échauffourées ont repris dans la nuit du samedi. Des tentatives de dégradation du mobilier urbain ainsi que le bureau de poste et la recette des impôts seront avortés grâce à la vigilance des forces antiémeute. Le bureau des impôts de Aïn Defla a failli être incendié vers 1h du matin n’était-ce l’intervention de l’agent de sécurité, selon un employé. A Haï Zitoune, des groupuscules de jeunes rééditeront les actes de la veille via des slogans hostiles et des pneus enflammés. Au niveau de El Blass, les pavés neufs destinés aux deux esplanades (Emir Abdelkader et Cheïkh El Ibrahimi) serviront de « munitions » aux jeunes émeutiers. Le siège de la sûreté était une véritable ruche. Des groupes de jeunes émeutiers (une quarantaine) étaient dirigés manu militari vers un bureau. Un jeune visiblement blessé boitait. « Epaulés » par leurs collègues, deux policiers également blessés étaient orientés vers une salle d’infirmerie. Un médecin suivi de trois infirmiers passèrent devant nous. Un agent sortit avec un bac de bombes lacrymogènes. Un autre portait un cageot plein de matraques. A priori réquisitionnées, un groupe de femmes policières attendaient dans un box. Un groupe de citoyens, notamment des femmes, inquiets pour leur progéniture, faisaient le pied de grue devant le portail du commissariat central. A midi, la cité des Zianides offrait l’image d’une ville morte. En effet, services, écoles, commerces, cafés, transports afficheront «closed».
Méchéria : saccages, pillage et voitures incendiées
Mais c’est une toute autre histoire à Méchéria, le plus important centre urbain de la wilaya de Nâama, qui a enregistré, samedi après-midi, une vague de protestation contre la cherté qui caractérise les produits alimentaires de large consommation tels le sucre, l’huile et la farine. Venus de quartiers périphériques, les manifestants, dont certains étaient armés de pierres, de gourdins et de barres de fer se sont regroupés au centre-ville, du côté de la gare routière, puis le mot d’ordre a été donné pour descendre à travers les grandes artères de la ville, scandant des slogans hostiles à la politique économique actuelle du pays qui a mis à plat le pouvoir d’achat des citoyens. Sur leur passage, les manifestants ont saccagé nombre d’établissements publics, à l’exemple du bureau de poste central et le nouveau siège de la Sonelgaz qui ont été considérablement dégradés, au même titre que le marché des tissus et meubles, sis dans les anciens locaux des galeries algériennes qui a fait l’objet d’actes de vandalisme et de pillage de la part des manifestants. D’autres établissements publics et mêmes privés n’ont pas échappé à la colère des manifestants qui usant de pierres et autres projectiles ont saccagé les façades et les devantures des vitrines. Fort heureusement, aucune forme d’affrontement n’a été enregistrée entre les manifestants et les services d’ordre. Néanmoins, certains représentants de partis politiques, à l’exemple du P.T. et d’organisations des enfants de Moudjahidine et d’anciens mutilés de guerre sont intervenus pour appeler à la raison et au calme, un calme qui est revenu dans la cité aux environs de 21 heures.
El Bayadh : le siège de la Sonelgaz et la poste ciblés
Tout au début de la soirée de ce samedi dernier, des affrontements sporadiques entre des jeunes émeutiers et des policiers se sont produits dans divers quartiers de la ville. Jets de pierres contre des édifices publics et avenues principales bloquées par des pneus ont été les signes saillants de cette nuit mouvementée vécue par la population bayedhi. En effet, le siège de la recette principale d’Algérie Poste et celui de Sonelgaz ont subi la colère des jeunes qui ont brisé toutes les glaces des façades de ces deux structures et les policiers qui ont gardé leur sang froid tout au long des échauffourées ont réussi tard dans la soirée à disperser les émeutiers fort heureusement on ne déplore aucun blessé dans les deux rangs.
45 émeutiers arrêtés à Béchar
Les émeutes que connaissent les villes de Béchar et Abadla ont engendré à ce jour 45 arrestations de jeunes et moins jeunes ayant participé à des actes de dégradations importantes d’édifices publics et qui sont auditionnés actuellement. Selon la sûreté de wilaya, les manifestants sont constitués de trois groupes ; un à Debdaba, le second à Bechar Djedid et le troisième aux 600 logements. C’est le bilan matériel lourd qui est fait. L’on enregistre à Bechar Djedid la dégradation d’un bureau de poste, une annexe d’Algérie Télécom, le siège de l’OPGI, une école, le centre culturel et le bureau de Sonelgaz. Ces édifices ont été soit brulés complètement, soit saccagés. A Debdaba, le siège de la BNA a été carbonisé. Hier, les habitants se sont réveillés stupéfiés de découvrir le CEM Moubarak El Mili en proie aux flammes, l’établissement Chahid Bati vandalisé et les pylônes d’éclairage urbain arrachés. La ville d’Abadla n’a pas été non plus épargnée.
Béni-saf: des édifices saccagés et un policier blessé
Le pire a été évité dans ce début de soirée de samedi à Béni-saf où une centaine de jeunes ont manifestement provoqué des scènes de troubles mais qui furent vite dispersés par les services de sécurité combinés. Dans leur retranchement, des émeutiers ont tout cassé ou/et incendié sur leur chemin. Bilan de l’émeute, 02 édifices publics totalement saccagés (Actel et SAA, diamétralement opposés) et un policier blessé au visage par le lancement d’un objet par un manifestant. Dans leur folle course, les émeutiers se sont pris aussi au siège de la mairie où toutes les vitres de la façade extérieure ont été totalement détériorées. Du côté du siège de la daïra, les fauteurs de trouble ont été fort heureusement repoussés par des policiers. Tout a commencé vers 16h00 quand une rumeur s’est répandue à travers la ville faisant état d’une émeute qui se préparait. Tous les commerces du centre-ville ont commencé à baisser leurs rideaux. Ensuite, vers 17h45, un attroupement de plusieurs jeunes se forma près du rond-point du quartier de Sidi-Boucif (accès névralgique vers le centre-ville). Là où justement les services de sécurité combinés les attendaient de pied ferme et ont pu stopper leur mouvement. Mais la tension commença à monter quand les émeutiers ont incendié des poubelles publiques ou encore à lancer tout ce qui leur passait par les mains en direction des forces de sécurité. Pour les disperser, ces derniers ont fait usage de bombes à gaz lacrymogènes. La plupart de ces jeunes ne dépassaient même pas les 18 ans. Le calme est revenu un peu après 20 heures.
Enfin, à Sidi Bel Abbès, le calme est revenu, hier, après une journée et une nuit, samedi, marquées par de violentes émeutes. (La Quotidien d’Oran-10.01.2011.)
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La désinformation d’Al Jazeera sur l’Algérie
«Plus on est loin plus on ouvre sa gueule.»
Bruno Mazure au JT de 20h de France 2, en 1991
*un traitement non professionnel des récents événements dans notre pays, témoigne de la mauvaise foi de la télévision qatarie et surtout d’une volonté délibérée de nuire à l’Algérie.
La chaîne qatarie Al Jazeera a perdu tout espoir d’ouvrir un jour un bureau en Algérie. Son traitement non professionnel des récents événements dans notre pays, témoigne de la mauvaise foi de la télévision qatarie et surtout d’une volonté délibérée de lui nuire et de le déstabiliser. Tout d’abord, on remarque que les rédacteurs en chef de l’émission consacrée au Maghreb, qui est très suivie chaque soir sur Al Jazeera, ont soigneusement filtré les images qu’ils diffusent sur l’Algérie. En montrant, par exemple, les jeunes manifestants en position de révolte et les policiers en position de repli. Comme cette image, qui a été montrée à plusieurs reprises, d’un policier blessé qui est évacué par ses camarades ou encore le camion qui fait marche arrière devant l’attaque des jeunes manifestants. Contrairement à certaines télévisions et surtout l’Entv, Al Jazeera n’a montré aucune image des dégâts causés par les manifestants et a plutôt focalisé sur l’image du chaos qui régnait dans certains quartiers de la capitale, le premier et deuxième jour des manifestations.Pour alimenter ses sujets, qui duraient parfois 4 à 5 minutes, Al Jazeera n’hésite pas à utiliser de vieilles images d’archives, sans le préciser sur le haut du sujet. notons les images des manifestations des travailleurs de la Snvi, mais aussi des images des anciennes émeutes en Kabylie. Ce traitement démontre le non-professionnalisme de cette télévision dite d’information qui use de tous les moyens pour meubler ses commentaires, souvent négatifs envers l’Algérie. A côté de ces images, on dénonce aussi le choix des intervenants sur cette situation en Algérie, composé souvent d’opposants en exil. De plus, Al Jazeera ne montre pas tous les opposants, elle les choisit. Comme c’est le cas d’un ancien diplomate algérien, qui se présente comme un opposant acharné au système, et qui ne cesse d’inonder le plateau d’invectives transformées sous forme diplomatique, en analyse politique fantaisiste, sans pour autant donner des preuves. Dans de pareils cas, c’est le diplomate algérien en poste à Doha qu’Al Jazeera devrait inviter sur le plateau pour commenter des événements en Algérie et non pas un diplomate chassé de son poste et qui a plus de raisons personnelles pour fustiger le pouvoir que de défendre un intérêt national. Al Jazeera, qu’on a souvent qualifiée de télévision de l’islamisme politique, n’y a, depuis le début des événements, donné la parole qu’aux islamistes du FIS dissous, à l’image de Abassi Madani, mais aussi Mourad Dhina qui tente tant bien que mal de racoler des téléspectateurs algériens pour regarder Rashad TV. Depuis le début de la tension, aucun responsable officiel ou politique n’a été interviewé par Al Jazeera, ce qui va à l’encontre de la devise mère de la chaîne, Erraï oua Raï el Akher. Al Jazeera ne diffuse que le côté négatif du conflit en Algérie. Un traitement qui démontre, si besoin est, que la télévision qatarie a failli à sa mission première d’informer en se transformant de canal d’information en canal de désinformation.(L’Expression-10.01.2011.)
**DES ÉDIFICES SCOLAIRES VICTIMES DE VANDALISME
45 établissements scolaires saccagés
Le ministère de l’Education a réagi de manière rapide et efficace, pendant le week-end pour permettre aux élèves de retrouver des écoles et lycées opérationnels.
Les casses n’ont pas eu raison des élèves. Saccagés par les émeutiers, 45 établissements ont essuyé jeudi soir la colère des révoltés. Soucieux du bon déroulement de l’année scolaire le ministère de l’Education nationale a pris les dispositions nécessaires. «Dès les premières manifestations, on a vite fait de prendre les dispositions nécessaires afin d’entamer les réparations des écoles saccagées», a-t-on déclaré au niveau du ministère. «Sur le territoire national, plusieurs établissements ont été saccagés, dont 21 lycées sur les 1900 existant, 20 collèges d’enseignement moyen sur 5000 et 4 écoles primaires sur 18.000», a déclaré la même source. Le ministère de l’Education a réagi de manière rapide et efficace, pendant le week-end, «afin d’accueillir les élèves dans les meilleures conditions possibles, pour que leur scolarité ne soit pas troublée (…) les cours ont repris normalement», a-t-on assuré au niveau du ministère de l’Education nationale.
La reprise «normale» des cours au sein des établissements scolaires, touchés par ces violences, a pu se faire «grâce à la mobilisation des responsables des structures décentralisées de l’Education nationale avec la collaboration étroite des autorités locales», a-t-on ajouté.
Les structures décentralisées de l’Education nationale ont fait appel à des artisans ainsi qu’à des petites entreprises pour effectuer les premiers travaux de remise en état des établissements affectés afin d’accueillir dans les «meilleures conditions possibles» les élèves, indique la même source. Exception faite pour deux établissements d’enseignement secondaire dans la wilaya de Béjaïa, dont le premier est situé à Derguina, le second à Kherrata, qui n’ont pas repris les cours hier. «Ceci n’a rien à voir avec l’état des lieux, car des réparations on été apportées au niveau de ces deux établissements» a-t-on déclaré au niveau du ministère.
Selon des sources locales, «les parents des élèves n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école». Terrorisés par l’explosion de violence intervenue dans leurs localités, les parents ont, par précaution, préféré retenir chez eux leurs enfants. D’autre part, le ministère a tenu à saluer, selon la même source, le «large mouvement citoyen» pour la protection des établissements scolaires en vue d’empêcher que ces derniers ne fassent l’objet d’actes de vandalisme. De son côté, Ahmed Khaled, président de l’Union nationale des associations de parents d’élèves (Unape) a confirmé que «la reprise des cours s’est faite normalement et les établissements ont accueilli leurs élèves à la première heure. (…) Jusque-là aucun nouveau dépassement n’a été signalé». M.Khaled s’est déclaré, par ailleurs, déçu par ces actes de vandalisme. «Cette situation est inquiétante, il y a d’autres moyens, pacifiques, pour manifester son mécontentement». Il a aussi appelé à la nécessité d’élaborer un plan social «il nous faut un nouveau plan social d’urgence» a-t-il ainsi insisté. «Information, communication et orientation» sont, selon M.Khaled, les priorités qui pourraient sauver la jeunesse, dite «perdue».
Le chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba a, quant à lui, affirmé: «Au premier jour de la semaine après les casses de jeudi soir, les cours ont repris normalement» «Nous n’avons jusque-là pas eu écho de nouvelles manifestations de violence au niveau des établissements scolaires», a-t-il indiqué.(L’Expression-10.01.2011.)
*Émeutes : 1347 personnes devant la justice
Selon des informations obtenues de sources judiciaires fiables par le journal « Echorouk », 1347 personnes ont été arrêtées, dont 352 mineurs lors des dernières manifestations qui ont touché les quatre coins du pays.Ces personnes ont comparu samedi matin devant la justice dans toutes les wilayas du pays. Le nombre d’arrestation le plus élevé a été enregistré dans les wilayas d’Alger, d’Oran et d’Annaba qui ont vécu de violentes manifestations qui ont dégénéré en des actes de saccage et de vol. Les mêmes sources ont ajouté que ces personnes arrêtées ont comparu devant les procureurs des différents tribunaux, suite à des rapports établis par les services de sécurité et de la gendarmerie nationale. Ces rapports ont prouvé l’implication de ces personnes dans les actes de vol, de saccage et de destruction des biens publics et privés. Ces actes ont visé de nombreux concessionnaires automobiles ainsi que des usines. Les institutions publiques, les bureaux de postes et les agences bancaires n’ont pas été épargnés par ces actes criminels, notamment à Bab El Oued, Bab Ezzouar, Beraki et Bach Djerrah. Des audiences ont eu lieu aux tribunaux d’Alger, lors desquelles les juges ont entendu les personnes arrêtées à l’instar de celui de Bab El Oued où 180 personnes ont comparu devant le procureur de la république. Au tribunal d’El Herrach, pas moins de 25 de personnes arrêtées lors de l’une des plus grandes opérations d’arrestation effectuées par les services de la sûreté urbaine de Bab Ezzouar, ont comparu, samedi matin, devant le procureur de la république. Cela s’était produit lorsque ce groupe de personnes ont envahi et saccagé le siège de l’opérateur de la téléphonie mobile « Nedjma » sis à Bab Ezzouar. Selon nos sources, pas moins de 53 personnes ont également comparu devant les procureurs de la république près des tribunaux de Rouïba et de Chéraga. Pour rappel, 25 personnes ont été arrêtées et présentées par les services de la sécurité urbaine de Ain Benian devant le procureur de la république près le tribunal de Chéraga. Au tribunal de Hussein Dey, pour sa part, un bon nombre de personnes arrêtées notamment à Belcourt ainsi qu’à la Place 1er Mai ont comparu devant le procureur de ce même tribunal. Rappelons, que ces deux villes ont connu de violents actes de destruction des biens public et privé. En outre, on a enregistré que plusieurs personnes ont également comparu devant les tribunaux de première instance des wilayas d’Oran, d’Annaba et de M’sila. Ce nombre provisoire d’arrestations peut s’alourdir une fois que les enquêtes ouvertes par les services de sécurité et de la gendarmerie nationale achevées. Ces services s’appuieront sur les vidéos enregistrées ainsi que des photos prises par les caméras installées dans les différentes wilayas du pays pour prouver l’implication des personnes arrêtées. Par conséquent, toute personne jugée impliquée dans ces actes de destruction de biens public et privé et de pillage sera arrêtée puis traduite en justice. En dépit du calme qui s’est installé dans la plupart des localités de la capitale, les services de sécurité continuent leurs enquêtes et leurs investigations en vue d’arrêter les personnes impliquées dans les actes de destruction des biens public et privé. Soulignant enfin, que de strictes mesures de sécurité ont été prises en vue de faire face à d’éventuels dépassements. (Echorouk-09.01.2011.)*****************
Les nouveaux prix ont été fixés hier
1 kg de sucre à 90 DA 5 litres d’huile à 600 DA
Le ministre du Commerce et les opérateurs économiques, intervenant dans la production et la distribution du sucre et de l’huile, se sont mis d’accord sur les prix plafond de ces produits, lors d’une réunion tenue hier.
Ainsi, le kilogramme de sucre sera vendu au consommateur à 90 dinars au maximum alors que le prix de la bonbonne d’huile de 5 litres ne doit pas dépasser 600 dinars. Le ministre du Commerce, cité par l’APS, a appelé les grossistes à suivre cette démarche en les assurant qu’“ils recevront de la part des producteurs des chèques de ristourne”, couvrant le différentiel du prix, tout en assurant les producteurs qu’ils seront, à leur tour, “payés par l’État”. En effet, selon certaines sources, le gouvernement a décidé de rembourser aux producteurs les taxes qu’ils ont déjà payées (TVA et droits de douanes) sur les stocks de sucre et d’huile importés avant l’institution des dernières mesures par le gouvernement. À leur tour, les producteurs vont restituer le différentiel de prix aux grossistes. Le ministre du Commerce et les opérateurs économiques ont décidé de se rencontrer à la mi-février pour examiner les fluctuations des prix sur le marché international.
Pour rappel, les services du Premier ministère ont annoncé, dans un communiqué à l’issue d’un Conseil interministériel samedi, une série de mesures destinées à faire face à la hausse des prix de certains produits alimentaires. Le Conseil interministériel a opté pour la suspension des droits de douanes à l’importation du sucre roux et des matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires, entre le 1er janvier 2011 et le 31 août 2011. Le sucre roux et les matières premières, entrant dans la production des huiles alimentaires, sont aussi exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée.
Le communiqué annonçait, par ailleurs, l’exonération de l’IBS sur l’activité de production, de traitement et de distribution des huiles alimentaires et du sucre. Cet impôt est de 19% pour les activités de production et de 25% pour les activités de distribution. “Ces exonérations temporaires et exceptionnelles de droits de douanes, de TVA et d’IBS, sur le sucre roux et sur les huiles alimentaires représentent un total de charge de 41% qui vient en déduction des prix de revient”. La mise en œuvre de l’exonération de l’IBS pourrait poser problème. S’agissant d’un impôt sur les bénéfices des sociétés, il est calculé sur un an, alors que l’exonération court entre le 1er janvier 2011 et le 31 août 2011. Mais selon des sources de la direction générale des impôts, il s’agirait d’une facilité concernant le régime des acomptes provisionnels en matière d’IBS.
Pour autant, certains producteurs estiment que la suppression de la TVA et des droits de douanes sur les huiles brutes et le sucre roux va faire baisser les prix de ces deux denrées. Par contre, l’exonération, même temporaire et exceptionnelle des droits de douanes et de la TVA exigibles à l’importation du sucre blanc, risque de tuer l’industrie algérienne de raffinage.
Selon certaines sources, trois raffineurs estiment qu’ils ne pourraient pas soutenir la concurrence sur le long terme. Ils risquent donc de fermer, alors que le gouvernement ne cesse de dire qu’il souhaite soutenir et encourager l’économie nationale. C’est que parfois, le différentiel entre le sucre roux et le sucre blanc ne permet même pas de couvrir les frais de raffinage. Une raffinerie de Dubaï, par exemple, a récemment préféré revendre son sucre roux que de le raffiner. Et puis, grâce à des investissements qui ont été consentis par les quatre raffineurs, l’Algérie est passée du statut d’importateur à celui d’exportateur. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’intérêt pour l’Algérie d’exonérer des droits de douanes et de la TVA exigibles à l’importation du sucre blanc. D’autant que des pays, européens et autres, font du dumping justement pour “tuer” l’industrie de raffinage, du sucre notamment, dans certains pays pour exporter. Le marché national dispose de capacités de production estimées à un peu plus de 2 millions de tonnes de sucre blanc par an, et les besoins du marché national sont de l’ordre de 1,1 million de tonnes. Il y a quatre raffineurs, en plus des importateurs, il n’y a donc pas de monopole sur le sucre. (Liberté-10.01.2011.)
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* Suite aux violentes émeutes,la rue livrée à de graves dépassements
*Agressions, pillages et saccages
Armés de couteaux, les assaillants ont dépouillé de leurs portables, des jeunes filles et des dames sans défense.
Suite aux violentes émeutes qui ont ébranlé ces dernières quarante-huit heures quelques wilayas du nord du pays, la majorité des citoyens s’avoue exaspérée par ces pics de violence soudaine. Si d’aucuns estiment que les raisons de la colère sont bien là, notamment suite aux hausses inconsidérées des prix des produits de première nécessité comme l’huile ou le sucre, nombreux sont ceux qui estiment que ce ne sont point là des motifs suffisants pour des dérapages aussi graves. Ainsi, à l’est d’Alger, notamment dans les localités de Dergana, Kahwet Chergui ou le quartier Beni Mered, véritables carrefours où se sont donné rendez-vous les manifestants, des pères de famille ont dû, et alors que les émeutes et leurs corollaires de scènes de pillage battaient leur plein, sortir dans la rue, gourdins à la main pour «mâter» l’agitation.
Un habitant de la cité Dergana, N.B. raconte que dans la nuit de vendredi dernier, il s’est joint, au même titre que d’autres chefs de famille, à la foule en délire non pas pour lui prêter main forte mais pour tuer dans l’oeuf toute évolution susceptible de nuire à la quiétude du quartier. «En sortant dans la rue je criais: je tabasse le premier qui osera détruire les véhicules parqués en bas de l’immeuble, fût-il mon propre fils», confie-t-il en déplorant la manière dont s’y prennent les jeunes aujourd’hui pour manifester leur courroux. «Il y a bien d’autres méthodes pour se faire entendre» poursuit-il, en rappelant qu’en son temps, c’est-à-dire durant les années 1980, les affrontements avec les forces de l’ordre, même si elles avaient lieu proprement et pacifiquement car ne mettant pas en danger la vie ou les biens d’autrui.
Hassène est un autre citoyen qui fait également part de son dépit face à cette escalade d’actes de barbarie. Faisant le pied de grue devant un arrêt de bus dont l’on vient d’arracher l’abri, il raconte qu’il a été témoin de l’agression d’un automobiliste que l’on a délesté de quelques billets de banque sous la menace d’une arme blanche. Et d’ajouter: «Je m’étonne de voir des mineurs dresser des barricades embrasées sur la route alors que leur propre soeur pourrait être la prochaine victime de leur acte en tentant de rejoindre son domicile en fin de journée!»
La population algéroise salue également le comportement serein des éléments de sécurité qui n’ont à aucun moment répondu impulsivement à la provocation du «péril jeune».
Cette pondération des hommes en uniforme a d’ailleurs été remarquée dans la majorité des localités du pays touchées par cette vague de violences. «A quoi cela sert-il de mettre à sac des établissements scolaires ou des unités de soins et dont la vocation première est de servir les enfants et les familles algériens!» rappellent d’autres personnes tenaillées par l’émotion de voir un patrimoine scolaire ou médical partir en fumée à néant. A ce titre, un poignant témoignage nous est livré par M. une jeune dame qui fait partie du personnel de l’usine pharmaceutique et parapharmaceutique Medisina, à Dergana, établissement entièrement détruit par ce qu’elle désigne de «bandits de grands chemins»: «Dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, des assaillants nous ont agressés vers quinze heures et nombreuses sont les employées qui ont fait l’objet de tentatives de viol; armés de couteaux, les assaillants nous ont dépouillés de nos téléphones portables, ce fut démentiel!», confie-t-elle avec une voix qui montre qu’elle n’est pas encore remise de son traumatisme. «Vers dix-neuf heures, poursuit-elle, les gangs, se sont divisés en clans sur les lieux de leur forfait et se sont livré bataille pour accaparer un butin constitué de climatiseurs et autres équipements. A quoi cela leur a-t-il servi de détruire ainsi notre seul outil de production et la matière première? Ils nous ont réduit au chômage!» déplore-t-elle, le coeur encore lourd! Un retour progressif vers le calme, a été remarqué hier, notamment aux endroits les plus touchés par les émeutes. (L’Expression-09.01.2011.)
**Aucun édifice public ou privé n’est épargné
Institutions étatiques, banques étrangères et biens privés, rien n’a échappé à la force destructrice des manifestants.
La tension était encore hier assez vive en basse Kabylie pour parler d’un retour à la normale. Un retour qui n’est pas de mise si l’on considère l’évolution de la situation, notamment en début d’après-midi. Des milliers de jeunes manifestants ont tenté d’assiéger le seul édifice public qui reste encore en l’état, la colère étant encore, hier, au rendez-vous. Malgré les appels continus au calme, la situation est restée tendue. Et rien ne semble convaincre les jeunes, las d’être les dindons de la farce.
Même si l’ensemble des habitants de la région de Béjaïa ne semblent pas d’accord avec cette manière de faire, entendre par là, politique de la terre brûlée, il reste qu’indirectement, on est quelque peu content. Ce sentiment est très perceptible chez le simple citoyen, celui qui, au quotidien, subit les affres de la vie difficile.
Hier, Béjaïa a de nouveau vibré à l’appel de la colère. Toutes les localités frondeuses ont fait part de leur mécontentement. Mais le cas le plus spectaculaire était celui de Béjaïa, chef-lieu de la wilaya, d’Amizour et d’El Kseur. Ces trois points d’affrontement se sont montrés fidèles à leur réputation. Pas un édifice public n’est épargné. Des sièges des directions étatiques en passant par quelques banques privées étrangères en allant jusqu’aux biens privés locaux, tout était bon pour la saccage et le pillage. C’est devenu la règle.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les services de sécurité sont restés bizarrement «laxistes», pour reprendre les termes d’un locataire de la banque BNP Paribas, mais depuis hier, la vigilance était renforcée. La présence policière était plus accrue sans pour autant dissuader les tentatives d’attaques des édifices publics et privés.
L’hôtel des Finances, le siège de la wilaya ont continué à être la cible des manifestants qui ne veulent rien entendre des appels au calme encore moins des promesses du ministère du Commerce. La réunion ministérielle ne représentait rien pour les manifestants qui n’en attendent pas grand-chose. «Ça ne sert à rien de se réunir, il faut partir», répondait à notre question un manifestant qui s’apprêtait à assiéger le siège des impôts de Béjaïa. Un siège imprenable eu égard à la présence policière. La détermination des manifestants était telle que rien ne semble pouvoir justifier cette volonté de destruction excepté la hogra ressentie par tout un chacun dans cette région qui ne diffère pas trop des autres.
Les manifestants s’orientent vers le siège de la commune. L’évolution la plus redoutée arrive. Béjaïa aura eu sa deuxième journée mouvementée et le pire est à venir car hier des rumeurs persistantes parlaient d’une marche grandiose pour aujourd’hui. Tout le monde redoute cette manifestation qui comptera sans doute tous les habitants des autres régions qui, jusque-là, se sont occupés de leurs localités respectives. Leur présence renforcera celle des locaux.
Au total 28 blessés ont été dénombrés depuis le début des manifestations. 13 personnes ont été arrêtées dans la nuit de vendredi à samedi Elles ont été interpellées alors qu’elles s’en prenaient au siège de la CCI (Chambre du commerce et de l’industrie), qu’elles avaient pris pour la direction du commerce. La situation peut virer au pire d’un moment à l’autre à Béjaïa. Une ville qui pourtant retrouvait ses marques chaque jour avant que la situation ne dégénère en quelques heures. N’est-ce pas le propre de la colère citoyenne? (L’Expression-09.01.2011.)
**Où va-t-on?
Quelles conséquences tirer des émeutes qui ont secoué plusieurs régions du pays?
Les émeutes ayant éclaté depuis quelques jours à travers plusieurs points du territoire national ne seront pas sans conséquences sur la configuration politique du pays. La seule question qui se pose est de savoir quelle serait l’ampleur de ce changement. L’une des réponses qui viennent à l’esprit est celle d’un remaniement ministériel partiel. Pourquoi? Des têtes doivent tomber comme tribut à la contestation sociale. Qui payera les pots cassés? Certaines têtes semblent tout désignées. Sans que la liste soit exhaustive, un ministre du Commerce limogé pourrait être une mesure provisoire suffisante pour répondre, temporairement, à la soif de changement. Mais il serait illusoire de tendre à penser que cela suffirait pour berner les citoyens. Ils réclament des transformations plus profondes.
A commencer par celle de pouvoir s’exprimer librement. Le contexte de l’état d’urgence n’est pas propice à la liberté d’expression, de réunion et de manifestation. Ce sont des libertés indispensables pour les syndicats, les associations et les partis pour porter haut les revendications de leurs adhérents et sympathisants. Ces ressorts cassés, il ne reste plus que les mouvements brusques, violents et destructeurs pour les jeunes et les moins jeunes afin de dire leur ras-le-bol. Est-il pour autant trop tard pour rectifier le tir? Certainement pas. Les manifestants s’en prennent certes, à tout ce qui représente l’Etat. Ce n’est pas nécessairement un acte de rejet de l’institution. Ce que les citoyens demandent, c’est surtout une écoute et une réponse à leurs préoccupations. Ce qui ne saurait être réalisé que par un Etat fort. Mais qui ne doit pas omettre qu’il doit aussi être juste. Les disparités criantes sont insupportables pour une population dont l’histoire est fondée sur une lutte contre les injustices. La seconde conséquence du brasier qui a enflammé le pays est donc une plus grande présence de l’Etat dans le domaine social. Logement, emploi, eau, gaz, électricité sont autant de biens et services revendiqués. Mais jamais cette demande n’a été découplée des revendications politiques.
D’ailleurs, les gouvernants ne doivent plus se concentrer uniquement sur la mesure du Produit intérieur brut pour témoigner d’une économie performante. Désormais, le «bonheur intérieur brut» doit aussi être mesuré. Les indices seraient au plus bas. Les barrages, les routes et les cubes de béton ne sont plus suffisants pour ramener la sérénité.
Même l’appel du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lancé aux imams est évocateur de l’état de désarroi et de déshérence qui frappe de nombreuses franges populaires. La perte de repères, voilà le vrai problème. Un professeur d’université avait averti dans une contribution à L’Expression, depuis quelques mois, que la répression ne peut rien contre cette réalité.
Où va-t-on alors avec ce cocktail explosif? Certains prédisent davantage de mouvements sociaux et une poursuite des émeutes pour quelque temps encore, car cela est toujours considéré comme l’unique moyen de crier le mal de vivre. Par ailleurs, le champ médiatique officiel est quasiment hermétique à toute prise de parole citoyenne hormis quelques tentatives timides. Si le message populaire était entendu, l’Etat aurait été prompt à briser les oligopoles qui tiennent le marché de l’agroalimentaire. Il y aurait aussi une politique plus adéquate pour lutter contre l’inflation. Augmenter démesurément les prix ne peut pas ne pas entraîner un effet boomerang. Serait-on dans une situation où l’on permet toujours à des grossistes de vendre leurs marchandises sans facturation et sans règlement par chèque? Mais apparemment, ce sont les grossistes qui ont eu raison de l’Etat. Au milieu de tous ces dysfonctionnements, naissent des rumeurs de préparation d’autres actions dont celle d’une probable grève générale dans les prochains jours. Là aussi ce seront des préoccupations sociales qui devraient être mises en avant. S’achemine-t-on vers une nouvelle augmentations des salaires? Quels seraient ses effets sur l’inflation? (L’Expression-09.01.2011.)
**À qui profitent les actes de vandalisme ?
Un calme relatif a été observé jusque hier dans l’après-midi à Oran, avec peu de dégâts.
Les traces des impacts de pierres et de pneus brûlés étaient encore visibles, hier, sur le camion de la brigade antiémeute, conçu spécialement pour défoncer les barricades et séparer les foules, ce qui dénote de la violence des affrontements entre les jeunes et la police qui ont eu lieu la veille à Petit Lac. Ce quartier aura vécu 3 jours et nuits d’émeutes.
Un calme relatif a été observé jusque dans l’après midi avec, paradoxalement, peu de dégâts, hormis un feu rouge saccagé et le siège de la CNEP dont les vitres ont volé en éclats. Pas loin de là, un calme plat règne aussi à «Tirigou» (Victor Hugo, Haï Ibn Sina) dont les jeunes se sont également soulevés mais uniquement contre les services de l’ordre.
«Nous sommes évidemment contre le saccage mais à qui profitent ces actes ?», s’interroge Boualem Chougrani, à la tête de l’association qui porte le même nom, l’une des rares à Oran qui mène des actions sociales effectives en faveur de la population. Son local est situé en plein cœur du quartier et ses membres ont vécu les évènements. «Pour nous, il y a un aspect social; mais nous savons qu’il y a une manipulation de la part de groupes d’intérêts économiques qui sont, par ailleurs, responsables de la spéculation sur les prix de tous les produits, y compris les fruits et légumes et qui veulent aujourd’hui plus d’ouverture pour faire fructifier leurs affaires», estime le même interlocuteur.
Le chômage et la crise du logement sont les mots récurrents mais il y a une dimension incitative dans ces évènements, estime-t-on ici. Curieusement, en plus de Ras El Aïn, les émeutes sont localisées dans les trois cités où le problème de la promiscuité, à cause de la vétusté de l’habitat, se pose avec acuité. En effet, El Hamri a également vécu, ces trois derniers jours, des affrontements violents entre les jeunes et la police même s’il n’y a pas eu de dégâts. «Les jeunes ciblent la police parce qu’elle symbolise l’Etat mais n’ont pas de stratégie claire et le malaise social dont ils sont victimes ne date pas d’aujourd’hui», explique le même acteur associatif qui rappelle que ces cités ont toujours été des cités de recasement qui ont constitué des foyers de révolte même au temps de la colonisation. (El Watan-09.01.2011.)
**Des citoyens mobilisés pour sécuriser leurs biens et les édifices de l’État
Dans les communes de Belouizdad, Sidi-M’hamed, Bordj El-Kiffan, Aïn Taya, Bab-Ezzouar et Bordj El-Bahri, des citoyens se sont constitués en comités de quartier et se sont mobilisés pour sécuriser leur biens et aussi les édifices de l’État. En effet, on apprend de source locale que près de 1 000 personnes se sont regroupées avant-hier au niveau des communes de l’est d’Alger pour informer les services de sécurité qu’ils vont prendre en charge la sécurité de leurs biens et de leur quartier, et ce, après que plusieurs commerces eurent été saccagés et des écoles ciblées dont un lycée. Les citoyens assurent la sécurité des sièges de l’APC, les bureaux de poste, les établissements scolaires, de même qu’à El-Hamiz, les commerçants ont mobilisé leurs employés pour assurer la garde. La même situation est enregistrée à Belouizdad où des jeunes ont tenu la garde la nuit depuis jeudi. Dans ce cadre, le magasin Le Printemps situé à El-Harrach a été la cible des casseurs avant d’être empêchés et arrêtés par des citoyens en colère contre ces actes de vandalisme. (Liberté-09.01.2011.)
**Des citoyens défendent leurs biens
Des groupes de délinquants ont été empêchés à Alger de commettre des actes de pillage et de vandalisme par des citoyens qui se sont mobilisés pour les repousser énergiquement, a-t-on constaté sur place. Ainsi, des individus munis d’armes blanches, étrangers au quartier de Bologhine et voulant s’attaquer vendredi soir à un magasin d’appareils électroménagers, ont été chassés par des jeunes de ce même quartier. Ces jeunes se sont opposés avec force à ces pillards, avant l’arrivée prompte des forces de l’ordre qui ont procédé à l’arrestation de cinq d’entre eux. Le même sens civique a été également constaté dans plusieurs quartiers de Bab El Oued où des habitants se sont mobilisés pour protéger les biens privés et publics du pillage. A El Biar (sur les hauteurs d’Alger), des jeunes d’un quartier ont eux aussi empêché des délinquants de vandaliser un magasin de prêt-à-porter. (L’Expression-09.01.2011.)
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Les populations de Réghaïa et de Corso empêchent les casseurs de détruire les édifices publics
La population de Réghaïa a empêché, avant-hier, la destruction du lycée Amirouche de Réghaïa et du bureau de poste de la cité DNC. Selon des témoignages recueillis sur place, les casseurs venus de la cité El-Kerrouche ont infiltré les rangs des manifestants et ont tenté d’incendier le lycée situé non loin de la cité DNC de Réghaïa. Mais les citoyens les ont empêchés et les ont expulsés des lieux. “Ils veulent incendier le lycée pour pouvoir voler le matériel informatique et d’autres équipements”, nous a affirmé un citoyen. Des accrochages ont eu lieu entre les riverains et des jeunes casseurs dont l’âge varie entre 10 et 18 ans. Ces derniers se sont dirigés ensuite à la cité DNC où ils ont tenté de mettre le feu au bureau de poste situé au rez-de-chaussée d’un bâtiment. Mais là aussi, les jeunes casseurs seront chassés par la population. Des jeunes du quartier de la cité DNC de Réghaïa et de la cité Faouci, armés de matraques, ont pris position autour du bâtiment et ont empêché les casseurs de s’approcher. Des policiers ont été dépêchés sur les lieux et ont appuyé les citoyens dans leur chasse aux casseurs. “Vous voulez brûler les habitations, vous n’avez pas honte”, criait une femme depuis son balcon. Les casseurs rebroussent chemin mais les citoyens en colère vont à leur poursuite. “Pourquoi vous ne faites pas ça dans votre quartier”, lance un jeune de la cité à l’endroit des casseurs. Les jeunes de la cité DNC, qui avaient manifesté la veille leur colère contre la mal-vie et les augmentations des produits alimentaires, se disent indignés par le comportement de ces casseurs insouciants qui n’hésitent pas à mettre le feu à un bâtiment abritant des dizaines de familles. Mais il n’y a pas qu’à Réghaïa où les citoyens se sont soulevés contre les destructions.
à Corso, dans la wilaya de Boumerdès, la population n’a pas permis à de jeunes casseurs venus de la cité Boudiaf d’incendier le siège de la mairie et le bureau de poste de la ville. Selon le maire de cette commune, M. Kanouni Brahim, les citoyens ont prêté main forte aux services de sécurité qui étaient postés autour de ces édifices. “De nombreux jeunes de la ville de Corso ont contraint les casseurs à prendre la fuite”, nous a affirmé le maire. Le même scénario s’est produit à la sortie de la ville quand des bandes de jeunes issus de la cité Boudiaf se sont faufilés au milieu des manifestants et ont tenté, avant-hier aux environs de 20h, de mettre le feu à l’Institut de formation régional des handicapés de Corso où sont logés des dizaines de jeunes élèves handicapés. “Les cris et les appels au secours des handicapés qui étaient terrorisés n’ont pas dissuadé les casseurs à se rapprocher davantage de l’établissement”, témoigne un agent de l’établissement, qui précise que les casseurs semblaient décidés à prendre le matériel informatique et d’autres équipements. “Mais ce sont les citoyens qui les ont empêchés avant que les policiers ne viennent et les délogent des lieux”, affirme notre interlocuteur. (Liberté-09.01.2011.)
** Absence de l’État
Les dernières émeutes qui ont touché notre pays n’ont pas été du goût de tous les Algériens surtout que plusieurs boutiques privées ont été saccagées. Les rues d’Alger ne sont plus les mêmes ces deux derniers jours. Durant la journée, peu de magasins sont ouverts et peu de gens circulent. En réalité, les émeutes commencent en fin d’après-midi et se poursuivent la nuit. Interrogés, des citoyens soulignent «l’absence de l’État» et le «motus de la télévision nationale»
Mourad, 33 ans, employé de banque… Je trouve les revendications des citoyens très légitimes. Depuis quelques années, le pouvoir d’achat du citoyen algérien est très faible par rapport à l’opulence financière. On a plein de richesses sans compter les revenus du pétrole qui n’a pas cessé d’augmenter ces dernières années. Ces richesses sont malheureusement mal exploitées. C’est vrai qu’il y a une crise économique qui a touché le monde entier mais dans le cas de notre pays c’est les problèmes sociaux qui ont aggravé les choses. La moindre des choses est d’assurer des postes d’emploi permanents pour les jeunes diplômés qui sont la vraie richesse de ce pays. Par ailleurs, il y a l’absence absolue de l’État qui ne fait que du bricolage. Presque tout les projets lancés un peu partout dans le pays ne règlent pas les vrais problèmes du citoyen. Le vrai problème pour moi est que l’État s’en fiche de la souffrance des petites bourses et ouvre toutes les portes de la richesse pour une minorité dans le pouvoir. Jusqu’à quand ce pouvoir est capable de résister. Mais je suis contre les gens qui ont profité de cette occasion pour saccager les boutiques et les immeubles de l’État.
AMEL, 42 ANS, FEMME AU FOYER…. J’ai très peur des émeutes. Ça me rappelle les années 90. Mais le citoyen n’a pas trouvé un autre moyen pour s’exprimer. Vous remarquez que malgré tout ce qui se passe ces trois derniers jours, aucun responsable n’a pris la peine de dire le moindre mot. Ils sont bien chez eux avec leurs familles. Nos problèmes s’aggravent avec l’ignorance de l’État et l’angoisse des jeunes. Moi j’ai deux garçons diplômés et une fille. Aucun d’entre eux n’a trouvé un poste d’emploi malgré les concours qu’ils ont passés. Il faut toujours avoir un coup de pouce d’un proche ou donner la tchipa pour être recruté. En revanche, il y a des gens qui peuvent tout avoir avec un coup de téléphone. Ce n’est pas seulement ça. Il y a aussi les milliards qui sont volés et personne ne réclame. C’est devenu insupportable. On est tous des Algériens et on a les mêmes droits.
MOHAMED, 28 ANS, LICENCIÉ AU CHÔMAGE ….La vie est devenue insupportable pour le jeune Algérien. Instruit ou pas ne change rien puisque les critères exigés pour avoir un poste d’emploi n’a pas de rapport avec le niveau intellectuel. Je suis licencié en langue française depuis trois ans et je n’arrive pas à trouver un poste d’emploi. J’ai passé le concours de l’enseignement à plusieurs reprises et ça n’a pas marché. J’ai déposé mon CV dans plusieurs sociétés et ça n’a pas marché. Qu’est-ce que je dois faire de plus. En plus j’habite un F3 avec mes parents et mes quatres soeurs. Comment doit-je-faire pour avoir ma propre maison et à quel âge je vais me marier et où. Toutes ces questions me torturent. Le jeune Algérien n’a plus d’espoir. On nous a tué nos meilleurs rêves et je ne vois aucun avenir à l’horizon. On est des morts-vivants. On n’a pas demandé l’impossible. On ne cherche qu’une chance pour assurer une vie digne à notre famille.
FARES, 40 ANS, ENSEIGNANT…. C’est dommage que des revendications légitimes soient écrasées par des comportements intolérables comme le vol. J’étais depuis les premiers jours parmi les contestataires mais je suis contre le saccage des boutiques et des immeubles de l’État. Je pense que faire écouter nos doléances ne réussi ra pas de cette façon. Mais en revanche, le citoyen est obligé de sortir dans la rue pour réclamer ses droits puisque les syndicats sont étouffés par les autorités publiques. L’apparition des classes sociales pauvres aggrave de plus en plus la situation et si vous avez remarqué que c’est motus à la télévision algérienne, qui n’a même pas pris la peine de parler de ce qui se passe. On entend les nouvelles de notre pays sur d’autres chaînes, c’est plus que grave. L’État veut tout dominer alors qu’un peuple comme le peuple algérien n’accepte jamais d’être méprisé. On a trop patienté souhaitant que la situation s’améliore, mais c’est toujours la même chose. (Le Courrier d’Algérie-09.01.2011.)
** Louisa Hanoune : «Trois opérateurs veulent prendre l’État en otage»
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s’est exprimée sur les émeutes que connaîssent plusieurs villes du pays. C’était, hier, lors d’une conférence de presse tenue en son siège à Alger. Elle dira, d’emblée, que l’augmentation des prix des huiles et du sucre était la goutte qui a fait déborder le vase. Selon elle, les jeunes ne se sont pas révoltés à cause de cette hausse mais plutôt à cause de la situation sociale, on ne peut plus fragile, que vit le pays. La pasionaria rejette toute comparaison avec ce qu’a vécu le pays un certain Octobre 1988: «Cela n’a rien à voir avec Octobre 1988. La conjoncture est différente. Ceux qui veulent comparer les deux événements ont des intérêts», affirmera Louisa Hanoune. Et celle-ci de s’interroger : Qui a augmenté les prix ? Et de répondre sans citer, toutefois, des noms : «Trois opérateurs veulent prendre l’État en otage ; le premier active dans le Centre du pays, le deuxième à Guelma et de dernier à Oran. Pour quel motif ? «Faire reculer le gouvernement sur une série de mesures économiques prises récemment visant à réguler l’activité commerciale. Pour y parvenir : «ces derniers sont prêts à mettre le pays à feu et à sang », soutient-elle, non sans marteler qu’ils n’arriveront pas et que l’Algérie n’est pas à feu et à sang. Cela dit, la dame de fer du PT indiquera que la provocation, augmentation des prix de l’huile et du sucre, est lourde. Et ceux qui l’ont ordonnée sont loin d’avoir une démarche spontanée. Pour elle, les enjeux sont tellement de taille que le gouvernement ne doit pas tomber dans le piège en faisant marche arrière sur certaines décisions «salvatrices» prises dernièrement dans l’objet de protéger l’économie nationale. Ceux qui veulent donner à ces événements une connotation religieuse encore moins politique ont, aux yeux de Louisa Hanoune, échoué, avant de souligner, sans risque de se tromper, que les nouvelles orientations prônées par l’État dérangent certains pays étrangers. «Nous sommes consternés de voir aujourd’hui la France, qui a vécu des événements plus graves en décembre dernier en train de nous donner des leçons alors que les USA évoquent une crise aiguë de logement en Algérie. C’est inconcevable», a-t-elle-regretté. La conférencière s’est montrée navrée que les manifestants s’attaquent aux édifices publics et saccagent des écoles et autres unités de production même si elle a reconnu que de tels débordements ne sont pas propres à l’Algérie. Cependant, la même voix reconnaîtra l’insuffisance des actions prises par le gouvernement, notamment le volet social. Elle citera, entre autres, le plan de relogement mené tambour battant par les autorités qui n’a pas «donné les résultats escomptés». Idem pour la stratégie visant la création des postes d’emploi qui a démontré ses limites sur le terrain. C’est pourquoi elle proposera une batterie de mesures susceptibles selon elle, de réduire l’abysse entre les actions du gouvernement et les aspirations des jeunes mais aussi du peuple entier. Il s’agit de la mise en place des Offices pour les produits alimentaires de première nécessité, l’ouverture de toutes les entreprises spécialisées dans l’agroalimentaire, le rétablissement des galeries d’autrefois et l’instauration d’une indemnité de chômage qui, selon elle ,sera un facteur d’ordre. La secrétaire générale du Parti des travailleurs croit dur comme fer à la faisabilité de ces points.
Amokrane Hamiche RCD : «Conséquence directe d’un autisme politique» Les réactions de la classe politique ne se sont pas faites attendre suite aux émeutes enregistrées ces derniers jours à travers le pays. Le RCD, qui a réuni avant-hier, en session extraordinaire, son comité exécutif, affirme dans un communiqué, n’avoir pas cessé d’alerter, à travers l’ensemble de ses structures, sur la gravité de la crise sociale et politique qui s’éternisent en Algérie.
La dégradation continue du niveau de vie de l’écrasante majorité de nos concitoyens, notamment les jeunes et les femmes, a provoqué plus de 9000 émeutes en Algérie pour la seule année de 2010. Ces manifestations décrites, à juste titre, comme la conséquence d’une inflation débridée, connaissent aussi des raisons plus profondes. Face à une misère rampante, le pouvoir réagit par le mépris, la répression ou la corruption. Ce qui se passe dans la rue algérienne est la conséquence directe d’un autisme politique qui a faussé depuis toujours la volonté citoyenne par la fraude électorale, préalable au détournement de la richesse nationale au profit de castes d’autant plus voraces qu’elles se savent illégitimes. Et quelle que soit l’issue des événements en cours, qu’il soutient, ils auront déjà contribué, selon le parti de Saïd Sadi, au renforcement de la résistance citoyenne et à la disqualification du système en place.
RND : «Éviter d’être manipulés» Le porte-parole du RND, Chorfi Miloud, que nous avons contacté par téléphone a exprimé son regret quant aux conséquences des émeutes qui ont secoué différentes régions du pays. «Nous regrettons que des biens publics et privés soient saccagés par des jeunes manipulés par certaines parties» a-t-il dénoncé. Miloud Chorfi pointe du doigt les «lobbyistes des produits de la consommation qui sont responsables des ces conséquences », a-t-il encore poursuivi. Le porte-parole du RND a soutenu que certaines parties aiment toujours pêcher dans les eaux troubles. Par conséquent, ce même responsable appelle à ce que le marché algérien soit mieux régulé afin de préserver le développement de l’économie nationale. En outre, il demande également aux jeunes d’être «sages et éviter d’être manipulés par des forces occultes». À cet égard, Chorfi Miloud préconise le dialogue comme moyen «civilisationnel pour régler les problèmes ».
Le MSP avertit contre «la manipulation politicienne» Le MSP sort enfin de sa réserve et appelle à la vigilance. C’est ce qui ressort du communiqué publié sur le site officiel du parti. Le président de ce mouvement, Bouguerra Soltani, a déclaré que «le MSP regrette que les biens publics et privés soient saccagés et avertit contre le dérapage et appelle tout le monde à ne pas être conduit vers la manipulation politicienne par certaines parties qui se sont habituées à investir dans les crises», lit-on dans ce communiqué. Le président du mouvement appelle au calme et au dialogue social général pour régler les différents problèmes. Il demande également à ce que toutes les parties responsables de la hausse des prix des produits de large consommation puissent trouver d’un commun accord le moyen de les faire baisser. Finalement, il sollicite aussi à ce que les autorités concernées puissent s’intéresser davantage aux préoccupations des citoyens notamment les pauvres afin d’éviter d’être manipulés par certains partis politiques.
Le PLJ plaide pour «un dialogue avec toutes les sensibilités politiques» PParti de la Liberté et de la Justice (PLJ), déclare que les événements dramatiques vécus dans la Capitale et certaines villes de l’intérieur du pays, relancent le débat sur l’État de droit et la capacité de gestion de ses dirigeants.Tout en condamnant les actes de pillage et de destruction qui ont visé les biens publics et privés, invite à ouvrir immédiatement «un dialogue avec toutes les sensibilités politiques » et les forces vives de la société en vue de trouver une solution durable à l’actuelle tension. (Le Courrier d’Algérie-09.01.2011.)
**Perturbations dans le transport
Les mouvements de protestation qu’a connus la Capitale, ces derniers jours, n’ont pas été sans causer des perturbations notamment concernant le transport. Hier matin, le marché des fruits et légumes de Dergana, servant également de station d’autocars était complètement vide . Aucun bus n’était ce matin là, au rendez-vous comme à l’habitude. Bon nombre de travailleurs étant présents dès les premières heures de la matinée n’ont pu rejoindre leurs postes respectifs. À 7h30, le seul bus assurant la liaison Dergana-Tafourah était complet. «Cela s’explique par le fait que les transporteurs ne tiennent en aucun cas à prendre des risques inutiles et de voir leurs bus calcinés», a expliqué le chauffeur. Si les fonctionnaires et autres voyageurs à destination d’Alger ont embarqué dans un deuxième bus, les transporteurs assurant le trajet Dergana-Bordj El-Kiffan ne se sont pas encore manifestés. «Je dois prendre mon service à 8h. Je suis là, à attendre depuis 6h30 et apparemment je serais contrainte de renter chez moi et de ne pas aller travailler et je n’ai pas trop le choix. Le bus pris pour cible et brûlé ce jeudi peu après la cité Beni Mered a fait craindre le même sort aux transporteurs », a indiqué Saliha, standardiste à Bab-Ezzouar. La situation était presque la même sur bon nombre d’axes. À Tafourah, il a été constaté que maintes lignes étaient pourvues de bus contrairement aux habitudes, tout comme Alger Staoueli par Bologhine. Des perturbations également dans la distribution en gasoil ont été signalées à travers la Capitale. Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont repris vendredi notamment à Alger et Oran, et se sont étendus dans l’Est du pays et en Kabylie, malgré les appels au calme lancés ici et là. Dans la soirée du vendredi encore, Alger était sous haute tension. À Bab El- Oued, à titre d’exemple, la nuit était longue. Une foule furieuse s’en est prise au commissariat du 5e arrondissement de la sûreté urbaine où étaient, selon des témoignages détenus des jeunes du quartier. Une nuit marquée par des heurts, d’une si rare violence, entre les manifestants et les forces de l’ordre positionnées aux alentours. Ces derniers ont dû recourir à des tirs de sommation pour dissuader les jeunes en colère. Idem à Bordj El-Kiffan. Au lieu-dit Mouhous, le commissariat appelé communément «Le château» était la cible de bon nombre de manifestants. La réaction des brigades antiémeutes appelées en renfort ne s’est pas trop fait attendre. Là, également des tir de sommation ont été entendus. C’était une véritable scène de guerre qui s’offrait à nos yeux. Le gaz lacrymogène était le maitre des lieux. Les habitués du trajet Bordj-El-Kiffan-Dergana, ont dû emprunter d’autres itinéraires afin de parvenir, chacun à sa destination. À 20h, le climat était encore…tendu. (Le Courrier d’Algérie-09.01.2011.)
**Stations d’essence paralysées à Alger
Sous le beau soleil de la journée d’hier, les Algérois tentent de se rassurer en regardant dans la direction des traces des émeutes. La Capitale ne peut pas dissimuler sa peine. À travers un décor chaotique, elle nous renseigne sur le passage d’une tempête.
Les dernières émeutes ont charrié avec elles de multiples pénuries. Manque de pain, de carburants et de lait. Dès jeudi, troisième jour des émeutes, les citoyens ont commencé à ressentir la non-disponibilité de certains produits de première nécessité dans certains quartiers de la Capitale, notamment ceux qui sont plus touchés par les émeutes et les actes de pillage qui ont mis à sac de nombreux commerces et biens aussi bien étatiques que privés. Dans le quartier de Bab El Oued, à titre d’exemple, certaines boulangeries ont vu leur effectif considérablement réduit au lendemain du mouvement protestataire qui a duré de longues heures de la soirée et en début de nuit. Résultat: le pain est devenu une denrée rare dans certains lieux. Le même constat pour le lait, dont l’approvisionnement connaissait déjà des perturbations, depuis quelques mois. Mais les faits se sont exacerbés à cause de cet épisode de violences et d’instabilité.
CONCESSIONNAIRES : SHOW ROOM ÉVACUÉS
Pour prévenir une éventuelle attaque similaire à celle qu’a subie la maison Renault sise à Bab El Oued, la plupart des concessionnaires et représentants de différentes maisons automobiles internationales à Alger, à savoir, Bavaria Motors (BMW), Mercedes, Audi, Opel et Volkswagen ont évacué leurs show room jusqu’à nouvel ordre. On n’y voit aucun véhicule, les lieux semblent à l’abandon. À propos de la maison Renault saccagée par les émeutiers, les lieux sont nettoyés des voitures calcinées. On y trouve qu’un amas de ferraille laissé par les tracto-pelles. Cela ne s’arrange pas non plus chez les pompistes, chaque localité compte au moins une pompe à essence hors-service. Le manque de carburant est crucial. À Staoueli, Bab El Oued, Bologhine, Bir Mourad Rais, Château Neuf (El Biar), il commence à se faire sentir au lendemain des émeutes. Certaines sont fermées parce qu’elles sont à sec. Les camions-citerne de Naftal, évitent de passer dans les grandes agglomérations, pour prévenir les assauts des manifestants. Devant d’autres, celles en service, de longues chaînes de véhicules à perte de vue, se forment. Là, l’automobiliste doit patienter un long moment pour remplir son réservoir. À l’image de la grande pompe à essence de Naftal de Chéraga. Ce décor nous accompagnera tout au long des kilomètres qui mènent à Beni Messous. Pour aujourd’hui, les automobilistes prévoient une intense affluence sur les stations-services. Jusqu’là, aucune information n’a été fournie par Naftal sur la durée de cette pénurie de carburant qui pénalise fortement les citoyens, notamment en ce début de semaine. D‘autant plus que les moyens de transport public font de plus en plus défaut dans la Capitale. À Staoueli, des scènes de pillage sont frappantes. Le super marché faisant face à la station de bus urbaine, saccagé par les émeutiers, est pris d’assaut par des adolescents. À l’aide de morceaux de ferraille, ils tirent des sacs de sucre, de féculents et de pattes et les proposent, ensuite, aux passants contre quelques sous. Certains n’hésitent pas à en profiter, d’autres plus conscients, préfèrent se tenir à l’écart. On dénombre également plusieurs abris-bus vitrés réduits en miettes. Des appareils téléphoniques Houria sont également saccagés tout au long des rues Bologhine, Ali La Pointe, Baïnem jusqu’à Aïn Benian. Les agents d’entretien de différentes communes se chargent de réparer ce qui est réparable, du moins les sujets prioritaires tels que les panneaux d’orientation. (Le Courrier d’Algérie-09.01.2011.)
**Premiers bilans: 3 morts et 736 blessés
Outre les arrestations, le bilan des manifestations est de trois morts, confirmés par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a dans une déclaration faite hier à la chaîne III de la Radio nationale, indiqué que deux personnes ont été tuées dans les émeutes survenues dans le pays depuis jeudi. Le deuxième mort a été enregistré dans la ville de Bousmaïl, dans la wilaya de Tipaza. « Il est mort à l’hôpital des suites de blessures », a ajouté, le ministre de l’Intérieur, précisant que les conditions de cette mort restent à élucider. S’agissant du premier décédé dans la région de M’Sila, à 300 km au sud-est d’Alger, Daho Ould Kablia a précisé qu’«Il s’agit d’un jeune qui a été tué par balle, au moment où il tentait de faire intrusion dans un commissariat de police ». Dans la soirée, le ministre de l’interieur a annocé le décés d’un troisiéme, retrouvé selon lui, par les éléments de la protection civile dans un hôtel calciné à Tidjelabine dans la willaya de BOumerdes. Ce qui porte le nombre de décés à trois depuis le début des affrontements « Les actes de violence ont également fait 320 blessés parmi les forces de sécurité, y compris la police et la Gendarmerie nationale, et moins d’une centaine parmi les jeunes », a encore indiqué le ministre.
«AGISSEMENTS CRIMINELS»
Le ministre de l’Intérieur a estimé que les actes de violence constatés à travers des villes et localités du pays sont des agissements criminels. « Ce sont des agissements criminels » à travers lesquels les jeunes se sont attaqués à des édifices publics et ont pillé des commerces, a-t-il affirmé. Pour le ministre, ces actes obéissent à des instincts revanchards car, a-t-il expliqué, les auteurs (des jeunes) n’ont rien à voir avec les problèmes économiques. Il a indiqué, en outre, qu’il a été procédé à des interpellations et les tribunaux seront saisis à cet effet, soulignant que ces actes ne sauraient rester impunis. Sur un autre registre, le procureur de la République près le tribunal de Sidi Aïssa (M’sila) a ordonné, hier, l’ouverture d’une enquête préliminaire à la suite du décès, vendredi soir, d’un citoyen à Aïn Lahdjel, dans les actes de violence qui ont touché cette wilaya. « À la suite du décès d’un citoyen, enregistré à Aïn Lahdjel, suite aux événements vécus dans la circonscription de compétence de la Cour de M’Sila, le procureur de la République près le tribunal de Sidi Aïssa a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire », a indiqué un communiqué de la Cour. Le procureur a également ordonné de « pratiquer une autopsie du corps du défunt afin de déterminer les causes du décès, et prendre les mesures légales à la lumière de l’examen nécrosique », ajoute le texte parvenu à l’APS. (Le Courrier d’Algérie-09.01.2011.)
**Suspensions des droits de douanes et taxes sur les sucres et les huiles alimentaires
Un Conseil interministériel s’est tenu hier pour examiner les moyens pour juguler la forte hausse de prix de certains produits de large consommation enregistrée ces derniers jours ayant été à l’origine des affrontements qui secouent depuis près d’une semaines bon nombre de localités. Le Conseil interministériel, a arrêté certaines mesures, à citer entre autres, selon un communiqué rendu public, une suspension des droits de douanes instaurée du 1er janvier 2011 au 31 août 2011, à l’importation du sucre roux et des matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires. Ces droits de douanes sont de l’ordre de 5%. Il a été décidé également une suspension de la TVA instaurée du 1er janvier 2011 au 31 août 2011, sur le sucre roux et sur les matières premières entrant dans la production des huiles alimentaires. Cette TVA est de 17%. Une exonération de l’IBS, instaurée du 1er janvier 2011 au 31 août 2011, l’IBS sur l’activité de production, de traitement et de distribution des huiles alimentaires et du sucre. Cet impôt est de 19% pour les activités de production et de 25% pour les activités de distribution. Ces exonérations temporaires et exceptionnelles de droits de douanes, de TVA et d’IBS, sur le sucre roux et sur les huiles alimentaires représentent un total de charge de 41% qui vient en déduction des prix de revient. Le gouvernement attend des producteurs et des distributeurs d’en répercuter en urgence les effets sur les prix de vente aux consommateurs. Une réunion se tiendra à cet effet dans les prochaines heures entre le ministre du Commerce et les opérateurs concernés. Durant la période allant de janvier à, août 2011, le gouvernement définira, selon le communiqué, en concertation avec les opérateurs concernés un système de stabilisation permanente des prix du sucre et des huiles alimentaires pour faire face à l’avenir et de façon durable à toute fluctuation des cours sur le marché international. En vue de mettre un terme à la situation actuelle de quasi-monopole sur le marché local du sucre, le gouvernement instaure à partir du 1er janvier 2011 jusqu’au 31 août 2011, une exonération temporaire exceptionnelle des droits de douanes et de la TVA exigibles à l’importation du sucre blanc. Le gouvernement rappelle qu’il est interdit à quelque opérateur économique que ce soit de se substituer aux pouvoirs publics dans l’imposition de procédures ou de délais excessifs pour fournir les grossistes distributeurs, notamment lorsqu’il s’agit de produits de base. C’est ainsi que les grossistes sont informés qu’ils n’ont nullement à présenter au producteur de sucre ou d’huile alimentaire ni une documentation nouvelle ni à procéder au règlement de leurs commandes par chèque, cette dernière mesure ne devenant obligatoire qu’à la fin du mois de mars prochain. Le gouvernement confirme que les prix du blé fourni aux minoteries sont subventionnés par l’État et demeureront inchangés. En outre, et pour contenir les spéculations apparues sur la farine, le quota de blé tendre fourni à chaque minoterie est porté de 50% à 60% de leur capacité de trituration. L’Office interprofessionnel des céréales (OAIC) est chargé de mettre en oeuvre cette mesure à partir d’aujourd’hui. En conclusion, le Conseil interministériel appelle les différents opérateurs, grossistes et détaillants ainsi que les associations professionnelles concernées à se mobiliser pour traduire rapidement et concrètement ces mesures sur le terrain au bénéfice des consommateurs. (Le Courrier d’Algérie-09.01.2011.)
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C’est le pourrissement
Les émeutes se sont transformées en actes de pillage et de vandalisme. Même des narcotrafiquants tentent d’exploiter les évènements pour faire écouler la drogue.
Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a qualifié hier les actes de violence constatés à travers des villes et localités du pays “d’agissements criminels” et des actes qui obéissent à des “instincts revanchards” et que les auteurs, à savoir les jeunes émeutiers, “n’ont rien
à voir avec les problèmes économiques”. M. Ould Kablia a affirmé aussi que ces actes “ne sauraient rester impunis”, expliquant que des interpellations ont été procédées et les tribunaux seront saisis à cet effet.
Le ministre de l’Intérieur, qui s’exprimait hier sur les ondes de la Chaîne III sur les dernières émeutes qui ont secoué la capitale et 17 autres wilayas, a précisé que 2 personnes ont été tuées et plus de 300 blessés depuis jeudi. “le premier mort a été déploré à Aïn Lahdjel dans la wilaya de M’sila, il s’agit d’un jeune tué par balle au moment où il tentait de faire intrusion dans un commissariat de police”, a précisé le ministre. Quant au deuxième, le ministre de l’Intérieur a tenu à préciser qu’“il est mort à l’hôpital suite à des blessures et les conditions de cette mort restent à élucider”. Par ailleurs, le corps calciné d’une personne a été retrouvé dans un hôtel incendié par les émeutiers à Tijelabine. M. Ould Kablia a indiqué aussi que 320 policiers et gendarmes ont été blessés dans ces émeutes et “moins d’une centaine parmi les jeunes”. Cependant, aucun bilan officiel n’a été rendu public sur les arrestations. En revanche, selon des sources proches du ministère de l’Intérieur, on dénombre 736 blessés parmi les services de sécurité et 53 parmi les manifestants. Les mêmes sources indiquent que les autorités font face à des manifestations auxquelles elles ne sont pas habituées mais à des émeutes rassemblant un nombre plus ou moins important de jeunes qui ne constituent qu’une frange de la jeunesse. “Les interpellations sont toujours en cours”, nous explique une source sécuritaire. Plus de 135 personnes ont été arrêtées dont des mineurs par les services de police et gendarmerie au niveau de la capitale depuis jeudi. “La plupart ont été arrêtés en flagrant délit de casse”, ajoute notre source. Les enquêteurs de la police judiciaire s’appuient sur le renseignement et les films des caméras. “On cherche après les meneurs et les manipulateurs qui sont derrière ces jeunes émeutiers.”
Plusieurs jeunes ont été arrêtés au niveau des quartiers de Belouizdad, Bab El-Oued, Bab-Ezzouar à l’est de la capitale et à Staouéli, Chéraga à l’Ouest. Ils seront présentés incessamment devant la justice. Le dispositif mis en place est toujours maintenu, selon une source sûre, un renfort a été dépêché hier dans la wilaya de Tipasa. Alors que le pillage continue dans plusieurs villes, un gendarme a été tué dans la wilaya de Tindouf dans la nuit de jeudi à vendredi au niveau des frontières algéro-marocaines par des narcotrafiquants qui ont tenté de passer une importante quantité de drogue en provenance du Maroc, profitant de la mobilisation des services de sécurité occupés à contenir les émeutes. Selon une source sûre, un convoi de cinq Toyota-Station en provenance du Maroc a franchi les frontières avant de tomber nez à nez avec une patrouille des GGF. Un accrochage s’en est suivi entre les narcotrafiquants et les GGF.
Un gendarme a été mortellement blessé et les criminels ont rebroussé chemin vers le Maroc. Dans le même cadre, les services de la gendarmerie ont déjoué, dans la nuit de vendredi à samedi, une tentative d’introduire une quantité de 100 kg de drogue dans la capitale. Face à la dégradation de la situation, le DGSN s’est déplacé hier à l’est d’Alger précisément
à Bordj El-Kiffan où il a fait le constat des dégâts occasionnés aux postes de police de même qu’il s’est enquis de l’état des policiers mobilisés.
Il a donné des instructions à ses éléments de garder leur sang-froid sans pour autant baisser la vigilance, tout en multipliant les efforts pour la sécurité des personnes et des biens. Selon des estimations, près de 12 postes de police ont été la cible des émeutiers et 112 policiers blessés au niveau de la capitale seulement. (Liberté-09.01.2011.)
**Aucune mesure préventive n’a été prise avant les émeutes
L’explosion sociale était prévisible depuis plusieurs mois après la suppression des marchés informels, les opérations de relogement et l’augmentation soudaine des prix des matières essentielles. La police a-t-elle informé les autorités publiques sur d’éventuelles émeutes comme l’exige sa mission ? Pourtant, les services de police doivent établir des rapports sur tout indice de révolte sociale prévisible et prévenir les autorités.
Les dernières émeutes qui ont secoué la capitale exigent-elles une réforme de fond de la police de proximité surtout dans la manière de disposer d’une vraie police de proximité la renvoyant à une police d’investigation sur renseignement pas une police versée aujourd’hui dans la sécurité routière ?
Même si une source sécuritaire nous confirme que des “rapports ont été transmis aux chefs”, les services de police ont-ils mentionné dans ces rapports le bouillonnement des jeunes des quartiers qui ont déjà connu de violentes émeutes et affrontements ? Visiblement, aucun dispositif préventif n’a été mis en place dans les quartiers “suspects”. En revanche, les policiers ont été pris par l’effet de surprise et les émeutes ont causé des dégâts importants aux structures de l’État et aux entreprises privées causant des milliards de préjudice. Alors une question, à qui incombe le rôle constitutionnel de protéger les édifices publics et les biens des personnes qui ont été les premiers ciblés dans ces cas ? Et pourtant, c’est la mission principale inscrite dans le cadre de la police de proximité. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, avait affirmé, lors de l’installation du général-major Hamel à la tête de la DGSN, qu’il accorde “beaucoup d’importance aux renseignements généraux”.
Le ministre avait également indiqué que la lutte contre la subversion et la grande criminalité “ne peut réussir que par le renseignement”. Ould Kablia avait relevé que l’administration du territoire “ne peut se faire sans une connaissance de la situation générale prévalant dans le pays”, soulignant la nécessité de “revenir aux analyses périodiques qui éclairent de manière pertinente les plus hautes autorités sur le climat qui prévaut dans le pays”. Pour le ministre, cette mesure permettra d’anticiper sur la conduite des politiques publiques. Ould Kablia avait appelé également à “privilégier les mesures et l’action préventive pour réduire l’action répressive”, soulignant la nécessité d’“une démarche de proximité”. Pour sa part, le DGSN, le général-major Abdelghani Hamel, a insisté, depuis sa désignation, sur l’importance de la prise en charge des préoccupations du citoyen, sa protection et celle de ses biens. Il a rappelé, à plusieurs reprises, les principales missions du corps de la police, notamment celle d’assurer la sécurité et la quiétude, tout en insistant sur “la nécessité d’être à l’écoute des préoccupations du citoyen et d’adopter une méthode préventive, de sensibilisation et d’orientation”. Était-ce le cas dans ces dernières émeutes ? Plusieurs édifices publics tels que les banques, les établissements scolaires, les centres de santé ont été saccagés et pillés ainsi que des magasins privés complètement détruits et volés. Qui payera la facture ?
À Alger, le nouveau chef de Sûreté n’a pas manqué, de son côté, d’instruire ses éléments à établir des rapports en temps réel sur le climat social. Le travail des renseignements a-t-il échoué et à quel stade ? D’autant que depuis les opérations de relogement, les services de police ont déjà saisi des quantités considérables de bouteilles de cocktail Molotov et d’armes blanches. La veille des émeutes, des individus “étrangers” rôdaient dans plusieurs quartiers de la capitale et n’ont pas été repérés, ne serait-ce que pour identification d’autant que la capitale est la cible privilégiée des terroristes. Alors entre criminalité grandissante et résidus de terrorisme, les choses sont loin d’être gagnées.
Quel rôle pour les Sûretés urbaines de proximité ?
Des sûretés urbaines de proximité ont été installées pour renforcer la police de proximité à travers la coordination avec les associations et la société civile et ce, depuis l’année 2008, à quelques mois des premiers attentats kamikazes dans la capitale. Ces sûretés urbaines ont été implantées dans les quartiers populaires et à proximité des bidonvilles “pour mieux assurer et gérer la sécurité du citoyen dans ces endroits considérés comme fiefs de la criminalité”. On compte aujourd’hui près de 127 sûretés urbaines. Ces structures avaient pour mission de détecter tout signe annonciateur de malaise social et de risque de soulèvement. En revanche, aucun dispositif n’a été prévu dans ces quartiers pour éviter ainsi tout débordement vers les rues principales de la capitale d’autant que les premières cibles étaient les commissariats. La police “de proximité” dans ces émeutes n’a pas pu repérer les meneurs ou les manipulateurs qui seraient derrière la sortie des jeunes à majorité mineurs facilement maniables.
Les changements et les résultats
Quelques mois après son installation, le DGSN a procédé à des changements à la tête de plusieurs sûretés de wilaya et daïra considérés comme le plus grand mouvement qu’ait connu l’institution policière. Au niveau de la capitale, ce sont 7 chefs de sûreté de daïra qui ont été remplacés “pour donner un nouveau souffle à la police”. L’ex-directeur des renseignements généraux de la wilaya d’Alger, Benyettou, a réintégré aussi son poste après avoir été relevé par Ali Tounsi en 2008, pour une “bavure” dans son service. Le DGSN a visé par ces changements “la réforme” de la police et le rendement surtout dans le cadre de la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes.
Pour plusieurs observateurs, le degré de ces émeutes a révélé des failles au niveau du renseignement puisque les changements n’ont pas visiblement pris en compte cette donne. (Liberté-09.01.2011.)
**Huit défis pour reprendre le chemin du développement
Le défi économique et social
Des sommes importantes ont déjà été engagées dans les programmes de réalisation des infrastructures. Cependant, les problèmes majeurs de notre nation sont toujours là, aussi profonds, aussi graves, non résolus.
Notre économie est de plus en plus volatile, vulnérable et dépendante, toujours sous perfusion des hydrocarbures. Nous vivons quasi exclusivement de l’exportation des hydrocarbures appelées à s’épuiser dans un avenir que nous ne pouvons repousser trop loin. Le chômage des jeunes est toujours là, c’est la plaie majeure de notre pays, avec la corruption. La population majoritairement urbaine désormais, vit dans des villes que nous voyons devenir des dépotoirs et nos services publics (transport, éducation, santé…) ne cessent de se dégrader, malgré des budgets en augmentation. Il faut également noter que chaque dinar investi dans la construction d’infrastructures appelle dans le futur les dépenses de plusieurs dinars pour le fonctionnement, la maintenance et autres coûts d’exploitation des réalisations. Autrement dit, quand on investit des milliards de dollars dans la construction aujourd’hui, on impose aux générations futures des dépenses de plusieurs milliards de dollars seulement pour maintenir et faire fonctionner ce qui a été construit.
Lorsque nous parlons de 286 milliards de dollars d’investissement en 2010-2014, nous ne parlons pas d’une épargne réalisée sur des revenus permanents renouvelables à partir de notre travail ou notre développement technologique, mais d’extraction en quelques années d’un patrimoine non renouvelable que la nature a mis des centaines de millions d’années à constituer. C’est aussi l’équivalent de 2,6 millions de barils à exporter chaque jour. À cela, il faut ajouter les barils à exporter pour couvrir le déficit du budget de fonctionnement et ceux qu’il faut extraire pour répondre à la demande intérieure. Qui peut se donner le droit d’utiliser plus de la moitié des réserves en quelques années sans consulter le peuple et sans en débattre dans des institutions libres et performantes ? N’est-ce pas piéger l’avenir des générations futures ?
Dans quelle situation va se trouver le pays à l’achèvement de ce programme, fin 2014 ?
Des réserves d’hydrocarbures sur la voie de l’épuisement. Des constructions sans développement qui vont exiger plus d’exportations de ressources naturelles pour financer leur maintenance et leurs frais d’exploitation. Un budget de fonctionnement appelant à plus d’exportation d’hydrocarbures pour combler un déficit très élevé.
Autrement dit, un fort besoin d’exportation des hydrocarbures face à des réserves de plus en plus rares.
Le défi économique et social, c’est le passage d’une économie de rente, atteinte de la malédiction des ressources à une économie compétitive qui assure la protection des individus et un développement individuel et collectif harmonieux. J’ai proposé un programme complet pour mettre en place cette économie de développement qui s’appuiera sur une politique rigoureuse et efficace de transformation du capital naturel non renouvelable (les hydrocarbures) en un capital humain générateur de flux de revenus stables et durables. Cette politique comprend notamment la réallocation d’une partie significative des investissements excessifs actuels dans les infrastructures vers des investissements ciblés dans le secteur productif de biens et de services, mais surtout des investissements de plusieurs milliards de dollars dans les ressources humaines (éducation, savoir, compétences…), afin de promouvoir une génération d’entrepreneurs possédant la capacité de leadership, la moralité, l’intelligence et le jugement, et de former des cadres gestionnaires à tous les niveaux dans les entreprises et l’administration.
La relève des cadres dirigeants partant à la retraite doit être assurée en urgence par le biais d’ambitieux programmes de formation et de promotion de la relève, pour compenser la trêve remarquée pendant deux décennies dans la formation des cadres. Cette politique a été suivie avec succès dans les pays émergents qui ont connu cette phase de développement, la Chine notamment. De même, il s’agit de mettre en place une véritable politique sociale moderne à même de mobiliser tous les citoyens autour d’une approche axée sur la lutte contre la pauvreté, la préservation de l’environnement et la justice sociale. Cette politique sociale n’est pas la charité. Elle consiste en une stratégie globale contre la marginalisation en encourageant la participation des pauvres à l’essor économique. Elle passe par un investissement massif dans la santé, l’éducation, les autres services sociaux, afin de libérer le gisement de créativité et de participation économique de nos concitoyens complètement marginalisés aujourd’hui. Je proposerai en 2011 un programme complet de politique sociale moderne et tournée vers l’avenir, avec une redéfinition des priorités dans la part du revenu national redistribué et des mécanismes actifs de partage équitable des bénéfices du développement économique et social. J’espère contribuer ainsi à faire de 2011 l’année de la prise de conscience de l’urgence de renouer avec l’idéal séculaire de notre nation de bâtir un pays où les jeunes, les femmes, les faibles, les pauvres, les malades sont protégés et ont toute leur place dans le développement.
À jeudi prochain pour l’exposé d’un autre défi. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d’avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens.
À la tentation du pessimisme opposons la nécessité de l’optimisme ! (Liberté-09.01.2011.)
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**LES ÉMEUTES DE LA MAL-VIE
Une jeunesse en panne d’espérance
L’Algérie a connu pendant quelques jours une situation de chaos. Un vent d’émeutes a soufflé sur l’Algérie depuis mardi soir, faisant plonger le pays dans une panique telle que beaucoup n’hésitent pas à comparer cet embrasement au soulèvement d’Octobre 88. (…) La contestation a gagné plusieurs wilayas du pays. C’est que, pour les jeunes sortis, un peu partout, la cherté des produits de première nécessité n’était que la goutte qui a fait déborder le vase. Prévisibles, ces émeutes ont été précédées, il y a quelques jours, par celles des mal-logés, mais aussi de nombreuses émeutes qui se sont déclarées, un peu partout, là où ça n’allait pas bien. En fait, l’émeute est devenue le seul mode d’expression de la société, face à la démission de l’État qui, malgré les sommes colossales injectées dans le volet social, n’arrive pas à redonner espoir aux millions de désespérés. Même les islamistes, jusque-là prompts à exploiter la moindre expression de mécontentement, ont eu pour leur compte, à l’image de Ali Benhadj, parti offrir ses «bons services» aux émeutiers de Bab El-Oued. Il a failli être lynché par les jeunes, qui lui ont crié que les années 90, c’était fini! Il n’a dû son salut qu’à l’intervention des forces de sécurité.(…)(1)
Résultat des émeutes: nous devons déplorer trois morts et 300 blessés, et des dégâts importants aux biens publics et privés. Les partis politiques ont dénoncé les jeunes et leur mode d’expression. Ils renvoient dos à dos le pouvoir et les émeutiers ou encore demandent à ouvrir des canaux de discussion, mais aucun ne fait une analyse du fond du problème.
Dans cette affaire de produits de première nécessité, l’Etat a été défaillant. Chacun sait qu’il y a la spéculation, mais pourquoi dans les économies libérales le consommateur n’est pas pris en otage et que les marges bénéficiaires sont transparentes? Je me souviens il y a une vingtaine d’années, les prix étaient administrés, c’était dit-on le socialisme de la mamelle, l’Algérien gaspillait avec frénésie les produits alimentaires qui étaient bradés (le sucre à 2 DA le kilogramme, la bouteille de Safia à 15 DA.) Après 88, changement de cap, on passe à l’économie de marché à la mondialisation-laminoir, au néolibéralisme sauvage» sans avoir mis en place les instruments de régulation visant à «moraliser» la jungle de l’informel où même le petit détaillant y trouve son compte, pas de factures, pas de chèques, pas d’impôts. Le consommateur en bout de chaîne, jouant le rôle de variable d’ajustement, se trouve démuni face aux requins, et l’Etat n’intervient pas selon les canons néolibéraux, du moins d’Etat. Comme l’écrit le philosophe Dany Robert Dufour, «la gouvernance -tant encensée chez nous de notre point de vue-, c’est le libre affrontement des intérêts privés sans instance régulatrice. Quand on joue à ce jeu, c’est toujours les intérêts les plus forts qui remportent la mise. C’est pourquoi, on a tort de se représenter la gouvernance comme un approfondissement démocratique. La régulation se fait au profit des plus puissants». En clair, c’est la liberté du renard dans le poulailler. Les recettes du Nord ne s’appliquent pas au Sud sans une profonde analyse de la finalité. Il y a pour le pouvoir urgence à revoir tout ça et à éviter le mimétisme ravageur. La mondialisation dimensionnée à la taille des puissants ne laisse pas de place aux faibles. Il serait de la plus haute importance de revoir fondamentalement l’application de cette doxa néolibérale chez nous. Ne peut-on pas élargir la liste des produits avec une moralisation des prix d’une liste de produits de première nécessité élargie? avec un minimum et un maximum négociés en fonction des cours mondiaux, le consommateur aurait à payer un prix fixe. On l’aura compris; dans un circuit limpide, ceux qui seraient tentés par manipuler les prix seraient repérés et rendraient compte.Mais est-ce seulement cela qui a fait réagir les jeunes?
Octobre 1988- janvier 2011. Près de 23 ans, soit globalement la population qui est soit à l’Ecole, soit à la vie active, soit à l’université. Ceux qui ont plus de 23 ans étaient enfants en 1988. Personne à ma connaissance n’a analysé les dynamiques souterraines qui sous-tendent le monde des jeunes, leurs mal-vie leur façon de s’organiser pour garder la tête hors de l’eau, leur désespoir dont le phénomène harraga n’est qu’une des multiples facettes. C’est un fait, les jeunes sont en pleine errance! Nous avons tous nos parts de responsabilité. Quand des jeunes brûlent des écoles ou des CEM d’où ils ont été, vraisemblablement, exclus, c’est un message! vous m’avez exclus, je me venge à ma façon avec mes «frères de condition» pour que l’Ecole ou le CEM ne serve pas aux autres! C’est dire si le système éducatif dans son ensemble est interpellé!
J’en veux à tous ceux qui n’ont pas su anticiper, d’abord au ministère du Commerce qui a été dépassé par les événements comme conséquence, l’explosion du désespoir a fait le reste. Dans cette dramatique affaire, chacun a sa part de responsabilité. C’est d’abord, le ministère de la Jeunesse qui est devenu le ministère de l’Equipe de football. Certes, des réalisations mais là, comme ailleurs, les constructions, les réalisations confiées à des étrangers avec l’argent de la rente. Quand on voit la télévision déverser des flots d’informations superficielles, on est saisis d’une crise d’urticaire. On comprend que les jeunes cherchent ailleurs, des voies de salut. J’en veux à l’information qui fait que «l’Unique» n’est pas regardée parce que pas crédible et qu’on y entend toujours un seul son de cloche par manque de débats réels, à croire que la société civile n’a pas son mot à dire sur la marche du pays et notamment sur les grands dossiers qui engagent l’avenir de ces jeunes. Même le ministère de la Solidarité, qui proposait des CDD, a participé à la clochardisation de la jeunesse. J’en veux à la culture qui a réussi à abrutir la jeunesse en lui proposant une sous-culture de l’abrutissement où il est invité à «se divertir», alors qu’il faut lui proposer de l’éducation, du travail, bref, de la sueur au lieu de soporifiques coûteux et sans lendemain. On croit à tort que le football et la Star Ac voire les émissions de danse et chants de stars payés avec l’argent du contribuable, pouvaient amener une sérénité permanente. Cruelle erreur: c’est une drogue dure car l’addiction se paie en émeutes de mal-vie.Où est la solution?
Si on peut déplorer le désordre, on peut comprendre par exemple que tout a été fait pour provoquer ces émeutes, Ce n’est pas seulement la vie chère et les stratégies pour créer une pénurie c’est aussi l’absence de perspective. Dans une contribution en novembre 2009, après la victoire de l’Equipe nationale à Khartoum, j’avais attiré l’attention contre l’instrumentalisation des espérances des jeunes.
Le symbole d’un pays n’est pas uniquement dans une Equipe nationale de foot, mais ses institutions nationales. Il est aussi dans ses formateurs qui, au quotidien, entretiennent la flamme vacillante de la science. S’il faut une équipe de football pour rassembler les gens et faire qu’ils se parlent, qu’ils se respectent, y a vraiment un problème de fond à régler. (…) Que l’on ne s’y trompe pas! Les Jeunes ne doivent pas être manipulés. On dit souvent que ce sont des grenades dégoupillées. Il faut leur proposer une perspective d’avenir autrement que par la charité et le saupoudrage à géométrie variable. Ceci étant dit et au risque de me répéter, ce que nous avons vu nous a rappelé la ferveur de l’Indépendance, l’ambiance la joie de vivre et de communier ensemble sans faux-fuyants.
Les jeunes, qui en 4 X4, qui en voiture, qui en bus ou en camionnette, chacun selon ses moyens, voulaient être de la fête. Le ministère de la Jeunesse ne devrait pas être celui uniquement de l’Equipe nationale. La jeunesse est notre richesse commune. Elle doit être la préoccupation de tous les départements ministériels, à commencer par l’éducation qui devrait revoir fondamentalement sa vision de l’éducation, la formation professionnelle mais aussi l’enseignement supérieur qui doit sortir des sentiers battus du mimétisme ravageur d’un Occident, qu’on se le dise, ne veut que son bonheur…(2) Personne à notre sens n’a analysé du point de vue sociologue les dynamiques souterraines du fonctionnement des cerveaux des jeunes.
Il y a là un champ d’investigation pour les sciences sociales. C’est un fait que les jeunes ont un langage à eux. Ils ont aussi, par la force des choses, mis en place des stratégies d’évitement, de contournement des problèmes qui sont en fait des stratégies de survie dans un monde qui leur échappe. On dit que les jeunes «en partance pour le Canada», sont en réseau et échangent des informations sur la meilleure façon d’éviter les écueils. L’Internet leur permet d’être solidaires de personnes qu’ils ne connaissent pas. Justement, l’Internet et les technologies de l’information et de la communication ont provoqué un véritable divorce des jeunes d’avec leurs parents. Comme l’écrit si bien Caroline Keribin lectrice: «Nos enfants appartiennent à l’univers de la médiatisation et d’Internet. Dès leur plus jeune âge, le Web est installé dans leur vie. (…) Nos enfants, eux, ne sont ni séduits ni intéressés par Internet. Ils ont créé la culture du Web, ils y sont nés. Pourquoi une telle «r-évolution»? Internet réunit trois qualités essentielles à ce que souhaite la jeunesse actuelle: il est virtuel, il est instantané et il est anonyme (ou semble l’être). Trois atouts qui corroborent l’individualisme exacerbé des jeunes du XXIe siècle. Aujourd’hui, la communication est virtuelle, elle s’exprime sur Facebook, Twitter ou Myspace. On a des «amis» qui ont les mêmes goûts ou les mêmes affinités mais rien ne nous oblige à les rencontrer ni même à les connaître puisque malgré notre cyberprofil, on reste anonyme, bien au chaud derrière son écran d’ordinateur. (…) Face à ce constat, ne faut-il pas repenser notre éducation? Ne sommes-nous pas en décalage face à des jeunes dont les valeurs communautaires sont radicalement différentes des nôtres? (…) Bien entendu, nous en sommes encore à une ère de transition, intergénérationnelle où parents et enfants ont un rapport différent à la culture du Net. Cette période de cohabitation, de mutation culturelle, nous autorise, nous parents, à nous poser en censeurs sur la base des valeurs d’hier et…d’aujourd’hui, mais sommes-nous les garants du monde de demain? Rares sont les périodes de l’histoire où parents et enfants subissent un tel écart technologique et sans doute culturel. Ne devient-il pas difficile, dans ces conditions, de continuer à maintenir un lien intergénérationnel quand on ne voit pas, on ne parle pas des choses de la même façon? Il est temps de définir avec nos enfants un mode de communication interactif, une éducation partagée où, au lieu de s’opposer, il convient de s’adapter.(…) L’Education nationale a le devoir de se réformer dans ce sens, sous peine de créer des générations de frustrés, d’être confrontée à une éducation parallèle et concurrentielle non maîtrisée. Comment peut-on enseigner si l’on est déconnecté du monde de ses élèves? Il est grand temps d’arrêter d’être aveugles et de laisser nos enfants s’orienter sans boussole dans ce monde qui les a déjà happés.»(3)
Le philosophe Dany Robert Dufour pense que le problème est plus profond: «La génération Internet» dit-il, sait se balader sur la Toile, mais pas toujours s’y repérer. Là comme ailleurs, les enfants qui s’en sortent le mieux sont ceux qui vivent dans des milieux culturellement favorisés.
Notre société est en train d’inventer un nouveau type d’agrégat social mettant en jeu une étrange combinaison d’égoïsme et de grégarité que j’épinglerai du nom d’«ego-grégaire».
Il témoigne du fait que les individus vivent séparés les uns des autres, ce qui flatte leur égoïsme, tout en étant reliés sous un mode virtuel pour être conduits vers des sources d’abondance….La télévision est avant tout un média domestique, et c’est dans une famille déjà en crise qu’elle est venue s’installer.
De groupe structuré par des pôles et des rôles, la famille devient un simple groupement fonctionnel d’intérêts économico-affectifs: chacun peut vaquer à ses occupations propres, sans qu’il s’ensuive des droits et des devoirs spécifiques pour personne. La télévision change les contours de l’espace domestique en affaiblissant encore le rôle déjà réduit de la famille réelle et en créant une sorte de famille virtuelle venue s’adjoindre à la précédente. Certaines études nord-américaines l’appellent depuis longtemps déjà le «troisième parent»(4) Télévision, micro-ordinateurs téléphones portables autant de parents qui remplacent les vrais parents. Dans cet univers, où la société algérienne des parents semble dépassée, il est facile de comprendre que des leçons de morale à l’ancienne n’ont plus cours. De plus, notre système éducatif devrait être revu pour intégrer ce nouveau bouleversement planétaire. Les enfants n’écoutent plus parce que tout autant que nous sommes et surtout l’Etat, n’avons pas su répondre à la jeunesse qui aspire à la connaissance mais aussi à la liberté, la réussite sociale. Ce que les médias étrangers leurs «proposent» le temps d’une connexion télescopent brutalement l’amère réalité de leur quotidien fait d’incertitude, d’ostentation de m’as-tu-vu des riches qui ont jailli du néant. Les donneurs de leçon outre-mer devraient avoir un peu plus de décence et d’objectivité pour ne pas amalgamer leur vécu, voire leur haine avec des événements certes graves tant il est vrai qu’il s’agit de la sève de ce pays pour lequel sont morts plus d’un million de la fine fleur. L’Algérie occupe les médias étrangers, uniquement quand c’est le chaos, mais pas quand des réalisations sont faites. Sans faire dans le m’as-tu- vu, une prouesse technologique comme la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, digne de la conquête de l’Ouest, mutatis mutandis, n’a fait l’objet d’aucun commentaire, parce que «ça ne saigne pas»…En définitive, il nous faut retrouver cette âme de pionnier que l’on avait à l’Indépendance en mobilisant, quand il y a un cap. Imaginons pour rêver que le pays décide de mettre en oeuvre les grands travaux autrement que de les confier aux Chinois et Japonais, sans sédimentation ni transfert de savoir-faire, il mobilisera dans le cadre du Service national, véritable matrice du nationalisme et de l’identité, des jeunes capables de faire reverdir le Sahara, de s’attaquer aux changements climatiques, d’être les chevilles ouvrières à des degrés divers d’une stratégie énergétique qui tourne le dos au tout-hydrocarbures et qui s’engage à marche forcée dans les énergies renouvelables. Nul besoin alors d’une Equipe nationale qui nous donnera le bonheur épisodiquement, le bonheur transparaîtra en chacun de nous par la satisfaction d’avoir été utile, et en contribuant par un travail bien fait, par l’intelligence et la sueur, à l’avènement de l’Algérie de nos rêves. Il ne tient qu’à notre volonté de faire de nos rêves une réalité. (L’Expression-10.01.2011.)
Pr Chems Eddine CHITOUR (*) Ecole nationale polytechnique
1.Azzeddine Bensouiah: Cherté de la vie, chômage et hogra:Liberté 8.01.2011
2.C.E.Chitour: Hymne à la jeunesse et à sa soif de vie L’Expression 21.01.2011
3.Caroline Kéribin: La cyberéducation Le Monde.fr 17.09.10
4.Dany Robert Dufour: Vivre en troupeau en se pensant libres. Le Monde Diplomatique. Janvier 2008.
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