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Les dettes dégradées alimentent la panique des investisseurs

21122010

Traders à la Bourse de Francfort.
Traders à la Bourse de Francfort.

Grèce, Espagne et Belgique placés sous surveillance des agences de notations, l’Irlande sanctionnée… Malgré de mauvaises nouvelles sur le front des dettes d’État, les investisseurs n’ont pas paniqué.

Les dettes dégradées alimentent la panique des investisseurs dans actualité coeur- La décision prise vendredi matin par l’agence de notation Moody’s est violente: elle a dégradée la note de la dette irlandaise de cinq crans. Cela ne s’était pas vu depuis le cas de la Corée du Sud durant la crise asiatique, fin 1997. La décision de Moody’s sur l’Irlande n’a pourtant pas entraîné de tsunami sur les marchés. Étrange, sachant qu’au printemps dernier les agences étaient accusées d’alimenter la panique des investisseurs envers les pays malades de l’Europe comme la Grèce.

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Vendredi (17.12.2010.), le thermomètre du risque perçu par les marchés, c’est-à-dire les taux d’intérêt, ont tout juste frissonné. Ceux à 10 ans sur la dette irlandaise n’ont pris que 30 points, c’est-à-dire 0,3 point de pourcentage, en matinée. Les taux à cinq ans ont augmenté de 10 points.

En début de semaine, les avertissements lancés par Moody’s sur les dettes grecque et espagnole, ainsi que celui de Standard & Poor’s sur la Belgique, n’ont pas non plus eu d’impacts notables. Dans le dernier cas, l’écart entre les taux belge et allemand, la référence, s’est certes creusé dans un premier temps, avant de se resserrer.

Les investisseurs ont-ils déjà décrété la trêve des confiseurs? Pas le moins du monde : plusieurs facteurs expliquent l’accalmie malgré les mauvaises nouvelles. Dans le cas de l’Irlande, «le marché est moins sévère maintenant que Dublin est sous la protection du plan d’aide international», écrit dans une note le stratégiste Ioannis Sokos, de BNP Paribas CIB. «De plus, une dégradation de plusieurs crans était déjà intégrée dans les taux depuis longtemps.» La même raison s’applique aux cas grecs, espagnols et belges.

L’intervention de la BCE

La Banque centrale européenne (BCE) agit aussi probablement sur les marchés pour limiter la hausse des taux d’intérêt sur les dettes des pays attaqués, selon un observateur. La semaine dernière, la gardienne de l’euro avait augmenté ses rachats à hauteur de 2,667 milliards d’euros. Cette semaine, elle a annoncé une augmentation de capital pour faire face au risque lié à la détention de ces titres.

Les investisseurs resteront-ils longtemps stoïques ? Après l’Irlande, l’Espagne est désormais le pays de la zone euro qui a le plus de chance de voir sa dette dégradée, d’après les analystes de BNP Paribas. «Étant sous perspective négative chez Moody’s et Standard & Poor’s, nous pensons que la note espagnole devrait être corrigée à la baisse durant les premiers mois de 2011, voire même avant», écrit Ioannis Sokos. Il n’est pas sûr là encore que ces décisions surprennent des investisseurs qui font payer à l’Espagne des taux d’intérêt déjà élevés. (Le Figaro-17.12.2010.) 

**La Grèce peut-elle quitter la zone euro ? 

Le voudrait-elle – en dépit des risques financiers encourus -, la Grèce aurait les plus grandes difficultés à sortir de la zone euro pour des raisons juridiques. Si un État membre peut être expulsé de l’UE s’il ne respecte plus les critères politiques, cette option n’est pas prévue par les traités pour la zone euro. Ce vide juridique est sujet à interprétation. «Il serait légalement inconcevable qu’un État membre sorte de la zone euro sans se retirer en parallèle de l’Union européenne», assure Phoebus Athanassiou, conseiller juridique auprès de la BCE. Quant à une expulsion de l’Union monétaire, elle serait «quasiment impossible d’un point de vue légal», car il faudrait amender les traités à l’unanimité, souligne-t-il, dans une note de recherche. Angela Merkel avait réclamé en mars la possibilité d’exclure un pays ne remplissant pas les conditions d’appartenance à la monnaie unique. Sans réviser les traités, cette option de l’expulsion serait «peut-être faisable par des voies détournées», en instituant de fait une union monétaire à deux vitesses. Le pays sortant pourrait conserver l’euro comme monnaie parallèle. Mais il s’agit plus d’une possibilité plus théorique que pratique, tant les aléas sont nombreux. (Le Figaro)

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** Quel est le rôle des agences de notation ? 

Les agences de notations – au nombre de trois dans le monde - sont des agences privées et indépendantes qui attribuent une note financière aux pays ou aux entreprises. Les investisseurs se basent sur cette note pour savoir quel est le niveau de risque des obligations qu’ils achètent. Chaque agence à sa propre méthodologie. Standard & Poor’s, par exemple, attribue la note «AAA» aux meilleurs émetteurs, puis descend ensuite à «AA» puis «A» et «BBB». À chaque fois, ces notes sont assorties de signes + ou -. Ensuite, les notes descendent à «BB» et sont alors considérées refléter le niveau d’obligations «pourries»… D’une façon générale, la note reflète le pourcentage de probabilité que l’émetteur fasse défaut. Ainsi, un émetteur noté triple AAA, comme la France, a 0% de probabilité de faire défaut en trois ans. Un émetteur «BB», comme l’est désormais la Grèce, a 23,08% de faire défaut d’ici à trois ans.  

**  La Grèce peut-elle faire faillite ?  

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Non, la Grèce ne peut pas faire faillite. Du moins pas dans le sens où on l’entend pour une entreprise dont les biens sont saisis faute de pouvoir payer ses créanciers. Il n’existe d’ailleurs pas d’instance qui pourrait décider la faillite d’un État.

Mais la Grèce peut parfaitement se retrouver en défaut de paiement, incapable de rembourser ce qu’elle doit. Cette situation n’est pas nouvelle. L’Argentine, en 2001, n’avait pas pu payer 100 milliards de dollars de dettes. Il avait fallu attendre 2005 pour que ce pays trouve un accord avec ses créanciers qui avaient dû abandonner au passage les deux tiers de leurs fonds.

Si Athènes faisait défaut, elle verrait aussitôt s’évanouir la confiance des investisseurs, qu’ils soient publics ou privés, et ne pourrait plus emprunter. Goldman Sachs envisage clairement ce scénario de banqueroute, tandis qu’un économiste allemand affirme que la Grèce ne remboursera jamais les fonds que Berlin entend débloquer. À l’inverse, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Trichet, respectivement présidents de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne, écartent toute menace de défaut de paiement et toute idée d’une restructuration de la dette grecque.

Restructuration qui, estime l’agence de notation financière Standard & Poor’s, ferait que seuls 30% à 50% des créances du pays seraient honorées. La Grèce, en cessation de paiement, serait exclue temporairement du système financier international.

Cela ne veut pas dire qu’elle sortirait de la zone euro, mais Athènes signerait son effondrement économique et politique sur la scène mondiale. Une faillite qui ne dit pas son nom. (Le Figaro=

*** Y a-t-il un risque de contagion au reste de la zone euro ?

 

La contagion n’est pas inéluctable. Mais le risque est grand. «Les projecteurs vont maintenant davantage se tourner vers d’autres pays lourdement endettés de la zone euro», prédit un économiste chez ANZ Bank. Outre la Grèce et le Portugal, ces pays sont l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, dont la dette publique atteindra pour 2010 respectivement 116,9%, 55,2% et 64,5% du PIB (produit intérieur brut). Des pays dont les déficits budgétaires sont très élevés et qui doivent tous payer très cher pour emprunter sur les marchés. Mercredi, Rome a eu beaucoup de mal à placer 13,5 milliards d’euros de bons du Trésor. Madrid - dont la note financière a été dégradée dès mercredi par Standard and Poor’s - compte ramener son déficit de 11,2% du PIB à 3% en 2013, mais les marchés ne croient pas à sa capacité de le faire. Les couvertures que le Portugal et l’Espagne doivent prendre contre les risques de faillites atteignent des niveaux historiquement élevés. Le vice-président de la Banque centrale européenne le dit: la Grèce n’est pas la seule en difficulté. Et un sondage publié mercredi dans le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung montre que 61% des Allemands sont convaincus que d’autres pays de la zone euro vont tomber parmi les Pigs - les «cochons» en anglais -, initiales du Portugal, de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne (Spain).

*** Quels risques pour les banques européennes ?

 

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En tant que tel, l’impact d’un défaut de la Grèce sur le secteur bancaire européen serait marginal. Les experts arrivent à cette conclusion rassurante avec deux bémols importants toutefois. Le premier, c’est le risque de contagion sur lequel les marchés ont joué à se faire peur ces derniers jours. Si la Grèce fait défaut, quid du Portugal, de l’Espagne ou de l’Irlande? Ce serait une crise d’une tout autre dimension. Autre point important, si globalement le secteur bancaire européen peut absorber le choc d’une ­restructuration lourde de la dette grecque, certains acteurs seraient fortement affectés. Ce sont ceux là que les marchés traquent.

Or, comme d’habitude, personne ne sait qui porte quel risque. Tout le monde se raccroche aux statistiques de la Banque des règlements internationaux datant du mois de décembre. Selon ­elles, les institutions financières françaises sont les plus exposées sur la Grèce, avec 75 milliards de dollars de créances, devant l’Allemagne et ses 45 milliards. «La moitié de l’exposition des banques françaises est le seul fait des filiales de Crédit agricole (29 milliards d’euros d’actifs) et de Société générale (4 milliards) en Grèce» calculent les analystes du courtier britannique Evolution. De son côté, l’analyste de Credit Suisse Guillaume Tiberghien évalue à 4,4 milliards d’euros les pertes que subiraient BNP Paribas, Société générale, Dexia et autres dans le cadre d’un scénario de dépréciations des portefeuilles sur la Grèce. Crédit agricole, avec sa filiale Emporiki, est réputé le plus en risque. Interrogé mercredi sur BFM TV, Baudouin Prot, l’administrateur directeur général de BNP Paribas, a qualifié de «tout à fait négligeable» l’exposition du groupe sur les banques grecques.

Pourquoi les marchés attaquent-ils aussi le Portugal ?

La dégradation, mardi soir, de la note souveraine du Portugal par l’agence Standard & Poor’s (S & P) a fait plonger les marchés à Lisbonne. Avec un déficit budgétaire record s’élevant à 9,4% du PIB en 2009 et une dette de 126 milliards d’euros soit 76,8% du PIB, l’économie portugaise est vue comme l’un des maillons les plus faibles de la zone euro. S & P a baissé sa note mardi après avoir révisé à la baisse les perspectives de croissance du Portugal (déjà l’une des plus faibles de l’UE) et ses capacités de désendettement d’ici à 2013. Mais «Lisbonne n’est pas Athènes», répètent les responsables portugais. D’une part, «nous n’avons pas menti sur nos statistiques», souligne le ministre des Affaires étrangères. D’autre part, le pays a engagé une cure d’austérité (gel des salaires, privatisations, etc.) qui provoque d’ailleurs des grèves, cette semaine dans les transports. Signal positif adressé mercredi, le premier ministre socialiste Jose Socrates, minoritaire au Parlement, a reçu le soutien de l’opposition sociale-démocrate pour accélérer les mesures de rigueur. Et celui de François Baroin à Paris et du ministère des Finances à Berlin, qui insistent: le Portugal «n’est pas comparable à la Grèce» et ne suscite pas l’inquiétude.
 

       * La Chine vient au secours de l’euro

 

** La Chine voudrait acheter 5 milliards de dette portugaise

Trader chinois à la Bourse de Hong Kong. 

 Pékin aurait signé un accord pour venir en aide à Lisbonne, selon un quotidien lusitanien. En aidant l’Union européenne maintenant, la Chine gagne des marges de manoeuvre dans des négociations futures.

coeur-La Chine vient au secours de l’euro. Elle s’apprêterait à acheter 4 à 5 milliards d’euros de dette d’État portugaise, selon le quotidien lusitanien Jornal de Negocios. Pékin se seraient engagé à mener ces achats au cours du premier semestre de 2011, avance le journal sans citer de sources.

Une telle opération contribuerait nettement à faire baisser les taux d’intérêt sur la dette portugaise et permettrait à Lisbonne de continuer à financer sa dette normalement. La Banque centrale européenne (BCE) mène actuellement cette stratégie de rachat de dette des pays périphériques (Grèce, Portugal, Irlande) pour éviter une flambée des taux sur les marchés.

L’information du Jornal de Negocios survient au lendemain de déclarations de soutien en provenance de Pékin. Le vice-premier ministre Wang Qishan a déclaré que la Chine était prête à appuyer les mesures exceptionnelles en faveur des pays en difficulté comme la Grèce ou le Portugal. «Il est dans l’intérêt fondamental de la Chine et de l’UE de renforcer encore leur coopération», a déclaré le vice-Premier ministre.

Promesses à la Grèce

La Chine est déjà venue en aide à l’Europe malade de ses dettes ces derniers mois. Selon des observateurs du marché, elle aurait acheté il y a deux mois des obligations d’Etat espagnoles pour une centaine de millions d’euros. Elle s’est également engagée à acquérir des obligations grecques lorsque Athènes retournera sur le marché lever des fonds. Enfin, elle a assuré le Portugal de son soutien, lors d’une visite le mois dernier. Sans toutefois préciser si elle comptait acheter des titres du trésor portugais.

«Pékin exprime son soutien à l’Union européenne et à partir du moment où elle fait un geste, elle renforce la confiance des marchés, quels que soient les montants investis», analyste Xu Bei, économiste chez Natixis. La Chine a les moyens. Elle doit placer de colossaux excédents commerciaux, qui s’accumulent à un rythme de quelques 10 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros) par mois. Elle place en majorité ces fonds en dollars, aux Etats-Unis, mais cherche à diversifier son portefeuille. Aujourd’hui, entre 20% et 30% est investi en euros, d’après Xu Bei.

«Gagner des marges de négociation»

«Quand la Chine achète des obligations de l’État grec, elle sait qu’elle peut essuyer des pertes, mais cela la gêne moins que les autres investisseurs: elle sait que cela lui ferait gagner du même coup des marges de négociation en tant que créancier», analyse Yves Bonzon, directeur des investissements chez Pictet.

Aider l’Europe, c’est aussi pour la Chine aider son principal client. L’UE est la première destination des exportations chinoises et la deuxième partenaire commerciale après les Etats-Unis.

Pour venir en aide aux États européens en difficulté, la Chine investit par ailleurs directement dans leurs économies. Décision très médiatisée, Pékin a injecté 3,4 milliards d’euros dans le port du Pirée en 2008. Les investissements directs chinois ont bondi de 280% en 2009. Mais ils ne représentent encore en moyenne que 3,35 milliards de dollars par an, sur un total de 50 milliards investis à l’étranger. La Chine n’en est pas encore à acheter l’Europe.  (Le Figaro-22.12.2010.)

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La France a-t-elle des raisons de s’inquiéter ?

Le niveau de la dette française est élevé - Bercy l’anticipe à plus de 83% du PIB à la fin de l’année - et ses finances publiques loin d’être réjouissantes. Mais aujourd’hui, «même si on surveille ça comme le lait sur le feu, il n’y a pas de contagion possible», répond l’entourage de Christine Lagarde.

En clair, la France n’est pas en situation de se retrouver face à un marché qui ne voudrait plus la financer et se détourneraient des emprunts d’État. D’abord, elle est notée AAA – la meilleure note possible, celle qui lui permet d’emprunter aux taux les plus avantageux – par les agences de notation. «Et des pays AAA en Europe, il n’y en a pas tant que ça!», insiste-t-on à Bercy. De fait, l’Italie et la Belgique ne l’ont plus depuis longtemps, l’Espagne et l’Irlande l’ont perdu avec la crise.

Du coup, la France serait même gagnante face à la situation grecque. «La fuite des investisseurs vers la qualité nous est bénéfique», indique une source gouvernementale. En d’autres termes, la France fait office de refuge pour les ­investisseurs qui cherchent la sécurité en Europe.

Le ministère de l’Économie veut d’ail­leurs croire que cette situation va durer «dans la mesure où nous avons un programme de rétablissement de nos finances publiques qui va nous ramener dans les clous» d’ici quelques années. (Le Figaro)

** La France veut emprunter 184 milliards en 2011

Bercy a tout fait pour emprunter moins en 2011, en rachetant notamment dès cette année 22,6 milliards de dette arrivant à échéance l'an prochain.
Bercy a tout fait pour emprunter moins en 2011, en rachetant notamment dès cette année 22,6 milliards de dette arrivant à échéance l’an prochain.

L’Agence France Trésor prévoit de moins s’endetter l’année prochaine, par rapport à 2010. La baisse des taux d’intérêt depuis deux ans a permis d’économiser 8 milliards au budget de l’État. 

coeur- Le chiffre est vertigineux, mais il traduit pourtant une amélioration. L’année prochaine, la France empruntera -en net- 184 milliards d’euros sur les marchés. C’est 2 milliards d’euros de moins que prévu en septembre et surtout 4 milliards de moins qu’en 2010. Pour l’année en cours, l’Agence France Trésor (AFT) a en effet emprunté 188 milliards d’euros à moyen et long terme.

Un record qui témoigne de l’ampleur du choc de la récession sur les finances publiques françaises. Pour relâcher un peu la pression, Bercy a tout fait pour emprunter moins en 2011, en rachetant notamment dès cette année 22,6 milliards de dette arrivant à échéance l’an prochain. Ceci dans le double but d’adresser un message rassurant aux marchés financiers tout en restant dans la roue des Allemands qui devraient, de leur côté, emprunter aux alentours de 195 milliards d’euros l’an prochain, soit une dizaine de milliards d’euros de moins qu’en 2009.

Une vraie détente 

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Au-delà de cette volonté de rassurer les investisseurs, certains indicateurs montrent toutefois une vraie détente sur les besoins de financement de la France. Ainsi, l’AFT a emprunté seulement 188 milliards d’euros de dette à court terme (BTF) cette année, soit 26 milliards de moins qu’en 2009. C’est le signe que les tensions sur la trésorerie de l’État s’apaisent à mesure que la reprise économique s’installe et que les rentrées d’impôts s’améliorent. Mais on est encore loin du retour à la normale. Si les BTF représentent aujourd’hui 15,3% du stock de dette de l’État, contre 18,6% l’an dernier, la moyenne historique est plutôt située aux alentours de 11,5%. Il faudra au moins deux ans pour y revenir.

Alors que la crise de la dette souveraine secoue la zone euro, l’AFT affiche pourtant sa sérénité, chiffres à l’appui. «Cette année, la demande pour les BTF a été 2,8 fois supérieure à l’offre lors des émissions -ce qui est un record- et pour la dette à moyen long terme elle a été de 2,1 fois, ce qui correspond à la moyenne des dernières années», résume Philippe Mills, son directeur général. Cet appétit a permis à la France d’emprunter à des niveaux historiquement bas: 2,53% en moyenne pour les titres à moyen et long terme contre une moyenne historique de 4,15%. Cette baisse de 162 points de base du coût de financement a permis à l’État d’économiser 2,5 milliards d’euros sur la charge de sa dette en 2010. Conjuguée à l’économie de 5,5 milliards réalisée en 2009, année où la baisse des taux d’intérêt avait été très spectaculaire, la France a économisé 8 milliards sur ses coûts de financement, «grâce» à la crise. Un chiffre qui donne la mesure des risques pesant sur le budget si les taux remontent. Prudente, l’AFT a prévu que la charge de la dette augmenterait de 5 milliards par an au cours des trois prochaines années pour atteindre 55 milliards en 2013 contre 40,5 milliards cette année.

Dans ce contexte, la récente remontée des taux d’intérêt français, passés à 3,39 % pour les emprunts à dix ans contre 2,46 % il y a cinq mois, n’inquiète pas l’AFT, pas plus que l’envolée des CDS (assurance contre les risques de défaut) qui ont atteint avant-hier leur plus haut niveau historique s’agissant de l’Hexagone. «La remontée des taux d’intérêt, particulièrement forte aux États-Unis, traduit surtout le regain de confiance des marchés pour l’économie américaine et la croissance mondiale», analyse Philippe Mills. Quant aux CDS, le patron de l’AFT les juge non significatifs. «Le stock de CDS en net est de 18 milliards de dollars, contre une dette négociable de plus de 1 200 milliards d’euros, soit nettement moins de 1%, ce qui veut dire que leur mouvement n’a aucun impact sur les obligations d’État françaises ni n’est en mesure de traduire une réelle perception du risque.»

Le début d’année mettra cette sérénité à l’épreuve. Passée la trêve de Noël où les marchés financiers ont l’habitude de fermer leurs portes, les dettes européennes risquent de revenir sous pression. (Le Figaro-21.12.2010.)

**La fin de l’Euro plongerait la France dans la récession

Le siège de la BCE à Francfort.
Le siège de la BCE à Francfort. 

Le retour au franc serait sanctionné par une perte de 10 % du PIB, obligeant l’État à un surcroît de rigueur. 

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Il n’y a pas de plan B. Voilà ce qu’on répond imperturbablement à Bercy ou à la Banque de France, les deux institutions qui auraient à gérer un éventuel «éclatement de l’euro» et un retour au franc. «Un tel scénario n’est pas envisageable car il serait extrêmement destructeur de richesses et de bien-être. Le pire de tous», explique-t-on. À ce jour, un seul économiste de banque, Mark Cliffe, le responsable de la recherche d’ING Bank, a osé «quantifier l’impensable», selon ses propres termes, publiant un panorama chiffré et exhaustif des conséquences d’un retour général aux monnaies nationales. Il existe pourtant un précédent bien réel, celui de l’Argentine, qui, en décembre 2001, a décidé de rompre le lien de fixité absolue qui existait entre le peso et le dollar américain. Et, dans la foulée, Buenos Aires avait dû répudier sa dette souveraine, faute de pouvoir la rembourser après la dégringolade de 55% du peso. Partisans de l’euro et eurosceptiques prônant son abandon examinent actuellement avec une même attention la crise argentine, qui s’est soldée dès 2002 par une chute du PIB de 11%, une envolée du chômage à plus de 20% et un taux d’inflation de 40%. L’Europe pourrait-elle survivre à la disparition de sa monnaie?

• Avant même le big bang: l’euro tombe à 0,85 dollar

Une certitude, les marchés anticiperont l’éclatement de la monnaie européenne, avertit le professeur Jean-Jacques Rosa, eurosceptique convaincu. Dans son scénario, Mark Cliffe, l’économiste d’ING Bank, envisage un taux de 0,85 dollar. Un niveau quelque peu arbitraire mais qui ne relève pas du hasard: c’est pratiquement le taux auquel était tombée la monnaie unique à l’automne 2000.

• Une récession de 10% sur trois ans

Problèmes de logistique pour l’introduction des nouvelles monnaies, incertitude quant à leurs évolutions respectives, contrôles des capitaux au sein même de l’Europe: la défiance sera à son comble. «La faillite de Lehman Brothers aura été une promenade de santé en comparaison», ironise un trader. Dans le scénario d’ING, cela se traduit par un repli de 4% du PIB français la première année, et d’un peu plus de 10% en cumulé sur trois ans. Le choc sera à peine moindre en Allemagne. Du fait de la déprime européenne et de la remontée du dollar comme valeur refuge, les États-Unis devraient retomber en récession.

• Le chômage frappe 13,8% de la population active

Conséquence mécanique d’une dépression infiniment plus sévère que celle de 2008-2009, le taux de chômage bondira à 13,8% en France, à 12,5% outre-Rhin et à 25,5% en Espagne.

• La déflation fait tomber les taux d’intérêt et les salaires

La fin de la monnaie unique soumet le cœur de l’Europe et sa périphérie à des tensions encore plus violentes qu’aujourd’hui. Dans son scénario, Mark Cliffe considère que la déflation prévaudra en Allemagne, aux Pays-Bas et même en France avec pour conséquence une pression à la baisse des prix et des salaires, mais aussi une détente très marquée sur les taux d’intérêt à 10 ans des marchés financiers. Les rendements des Bund allemands et les OAT françaises tomberaient en deçà de 1%. En Grèce, en Espagne et en Italie, au contraire, le risque d’inflation prévaudrait, entraînant les taux de marché bien au-dessus de leurs niveaux actuels (6,6% en Italie).

• Le prix de l’essence s’envole à 1,75 euro le litre

Si l’euro à 0,85 dollar n’a rien d’inédit, le prix des carburants n’en atteindrait pas moins des niveaux sans précédent, de l’ordre de 1,75 euro pour le litre du super sans plomb, selon une source officielle de la profession pétrolière. La raison en est que le cours du baril de pétrole brut a plus que doublé entre 2000 et 2010.

• Le grand retour du contrôle des changes

Les souverainistes, qui font de l’abandon de l’euro une panacée à nos problèmes de compétitivité, le reconnaissent volontiers: «Les marchés financiers seront fermés pendant une semaine et les paiements internationaux seront contrôlés et suspendus pendant le temps nécessaire», selon un expert de ­Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. Ce gel, temporaire mais d’une durée indéterminée, des transactions financières constituera l’une des prin­cipales difficultés. Les prêts transfrontaliers des banques au sein de l’Europe représentent en effet quelque 9700 milliards de dollars, selon la Banque des règlements internationaux. Le contrôle des changes handicapera également les ­particuliers: en Argentine, le gouvernement avait dans un premier temps limité à 250 dollars les retraits hebdomadaires avant de les suspendre.

• Les débiteurs mieux traités que les épargnants

À quel taux seront converties les dettes et les créances qui étaient libellées en euros? Le ministère des Finances argentin avait choisi des taux de conversion différents lors de son processus de «pesoisation», rappelle Fernanda Nechio, économiste de la Banque de réserve fédérale de San Francisco, dans une étude de novembre dernier sur la crise argentine. Le taux de conversion était plus favorable pour les emprunteurs que pour les épargnants. Ce choix a dégradé le bilan des banques. Il a fallu ensuite les indemniser pour leur éviter la faillite. «La dépréciation (du peso) et les nouveaux emprunts pour aider le système bancaire avaient plus que doublé le poids de la dette publique en pourcentage du PIB à la fin de 2002», note Fernanda Nechio.

Alors que les deux tiers de la dette de l’État (1200 milliards d’euros) sont détenus par des investisseurs étrangers, la France serait lourdement pénalisée si le «nouveau franc» devait dégringoler par rapport à l’«ancien euro». Sauf à se déclarer en défaut vis-à-vis de ses créanciers, comme l’Argentine l’avait fait en 2002 (sur un montant de 82 milliards de dollars).

• L’abandon de l’euro sonne le glas de l’Europe?

Le traité de Lisbonne, ratifié en 2009 par les États de la zone euro, est explicite: «L’Union établit une union économique et monétaire dont la monnaie est l’euro.» En clair, le renoncement à la monnaie unique met fin à l’Union.(Le Figaro-20.12.2010.)

**réaction des internautes:  on n’a que ce que l’on mérite

 Francois Guinand  …L’euro n’est pas la cause du ou des problêmes… C’est tout simplement le fait que l’on depense plus que ce que l’on gagne depuis 1981… On n’a que ce que l’on mérite en encourageant la dépendance, l’assistance et l’irresponsabilité, et en décourageant le travail …voir le RMI, CMU et le reste rapportent plus que le SMIG…alors pourquoi travailler quand on est en bas de l’échelle ? ..et à l’école, plus de selection au mérite, alors un pauvre restera pauvre , na ! …et je n’imagine plus que cela puisse changer maintenant, donc on est définitivement, particulierement la France, dans le pétrin…. C’est tout !

 Tom Bishop15  …Peut-on envisager que la cause profonde de cette crise financière internationale soit causé par …….la mise en circulation de l’euro par l’UE, parce que dans les faits, la monnaie européenne est devenue la plus spéculative au lieu d’être celle du commerce international. Les deux plus grandes puissances économiques du monde n’utilisent pas l’euro pour leurs échanges commerciaux à travers le Pacifique entre Chine et USA. L’ALENA n’utilise pas l’euro pour les échanges entre Mexique, Canada et USA. Le MERCOSUR sud-américain n’utilise pas l’euro et les etat-membres n’ont pas de monnaie commune. Les échanges économiques entre la Fédération de Russie et la Chine se font sans l’euro et officiellement sans le dollars. Même les pays de l’ALBA entre Venezuela, Cuba, Nicaragua…et quelques autres n’utilisent non plus pas … cette fameuse monnaie européenne pour leurs échanges économiques. Et comme mon employeur est localisé à Bale en Suisse, mon compte-courant est en franc-suisse. Donc, à quoi sert l’euro si ce n’est à spéculer !

 michelmarie46  …Le nombre des réactions à cet article est colossal. Et les réactions sont variées…. J’ai déjà fait un commentaire hier (mis en ligne à 11 h 01). Et j’ai reçu deux réponses : de bernard prz (qui trouve que certains pays ne sont pas terribles pour participer à la gouvernance mondiale : iran, corée du nord, birmanaie, afrique, albanie, biélorussie, …) ; et de dany HL (qui juge mal mes propos : utopie pure, tissu de mensonges ; je suis un dangereux idéologue, un doux rêveur, un nihiliste). Je me dis donc que mes commentaires ou bien ne sont pas compris, ou bien sont mauvais. Mais comment résoudre le problème posé par l’Homme, capable du meilleur et du pire ? Comment améliorer le civisme, au niveau personnel, local, et mondial ? Comment la France a-t-elle réussi (et seulement en partie) à organiser le pays ? En France, on constate des fraudes, des vols, des conflits, des meurtres, des désaccords, des discussions sociales, etc, etc, et il a été mis au point au cours des temps des méthodes (très imparfaites) pour résoudre ces « écarts » (les désaccords entre les Français sont très profonds). Au niveau européen, des méthodes ont été trouvées aussi, elles aussi très imparfaites et très insuffisantes. Au niveau mondial, il n’y a rien ou quasiment rien. Si la situation actuelle est pérennisée, si l’on ne fait rien, les intérêts personnels vont grandir, se renforcer, se conflictualiser encore plus. Au niveau de la France, les problèmes relationnels sont graves, les méthodes pour résoudre les conflits sont insuffisantes, il faudrait réorganiser tout cela pour arriver à plus de consensus, et c’est extraordinairement difficile ; les risques de repliement sur soi sont réels, les risques de violences aussi, le désenchantement est bien là, l’absence de perspectives, le désespoir de bcp. Au niveau de l’Europe, les risques d’éclatement apparaissent ; on étudie différents scénarios, avec ou sans l’euro, avec ou sans les frontières nationales, avec ou sans protections tarifaires, alors que véritablement ce n’est pas la solution. Au niveau mondial, il faudrait mettre en application des réglementations, il faudrait créer une douane mondiale (l’organisation mondiale des douanes existe déjà et il faudrait lui donner un pouvoir réel), il faudrait créer une justice et une police bcp plus efficaces ; à défaut, c’est le pouvoir de la force qui s’impose (force physique, force des capitaux, force des criminels et des fraudeurs) ; c’est la force des armes qui capte le pouvoir dans de nombreux pays ; ce sont des minorités qui organisent dans de nombreux pays des dictatures de droite ou de gauche, exploitant la majorité plus ou moins misérable (augmentation de la corruption, des commissions, des pots de vin, etc) . Je répète mes propos : l’Homme vient de loin, il était animal, son évolution fait qu’il pense, réfléchit, travaille, invente, organise, aime, rit, anticipe, etc, etc : sa nature n’est plus exclusivement animale. L’organisation de la vie a évolué depuis une cellule unique jusqu’à des organismes extraordinairement complexes ; de même, l’organisation collective était simpliste, la famille, la tribu, et s’est complexifiée et agrandie, pour former des villes, des pays, des nations, des groupes de nations ; et il est évident que dans un siècle ou deux ou trois ou 10, l’Homme saura organiser enfin le Monde entier. Je suis un doux rêveur ? Peut-être. Mais je préfère être un doux rêveur qui croit que les Français vont évoluer vers une meilleure organisation, que les Européens vont faire de même, et que l’Humanité idem au niveau du Monde. Car si ce mouvement ne se fait pas, si le mouvement constaté depuis 50 ans cesse (création de l’Europe, de l’ONU, etc), alors le risque d’une régression sera très grave, et les faibles seront bousculés par les forts. Mais il faut rappeler que les Français sont devant un formidable obstacle : ils sont mal organisés ACTUELLEMENT pour faire face à la formidable concurrence extérieure ; ils ont bien vécu dans le passé (encore que la plupart jugent que c’est insuffisant), ils se sont accordé des avantages acquis qui se révèlent excessifs : notre niveau de vie actuel est-il fondé sur une efficacité justifiée ? Nous étions forts, nous avons été à l’origine de bcp d’innovations, nous avons initié le développement, mais aujourd’hui nous ne sommes plus en position de force face à des concurrents dotés d’avantages compétitifs. Et notre commerce extérieur est déficitaire : nous DEVONS nous réorganiser pour faire face. Et ce n’est pas en quittant l’Euro et l’Europe que nous y arriverons mieux. Et les solutions extrémistes (de droite comme de gauche) ne sont pas du tout adéquates non plus. Et là, je ne suis pas un doux rêveur : il faut plus d’Europe et plus d’ONU ; mais il faut dans tous les cas que les Français s’organisent mieux.

AvatarPARISMA  ..Ce serait une nouvelle vie à bas prix:Bonne nouvelle pour la Bonne Année 2011 ? Avec le train de la vie était augmenté par ex: un sandwitch qu’on payait 10 francs avec euro on paie 25 Francs. De plus il faut aider tous les pays qui ne intéressent pas car ils ont la caisse vide et en profitént sur les dos des pays en question :Tel est pris qui croyait prendre ? Mauvaise idée pour avoir bourrer la tête de la geurre froide : sol-sol etc…etc… La France pourra remonter la côte avec sa monnaie malgré la perte de 10% .Detoute façon avec boucliers fiscaux ils sont passés ? Alors à quoi attendre encore peut-être la fin du Monde ? Parisma

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**2010, année record pour les dettes publiques

 

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Aux Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne ou France les chiffres de l’endettement ont progressé en 2010. Les dettes publiques atteignent même des niveaux historiques.

coeur- L’année 2010 aura incontestablement été, dans les économies développées, celle de l’explosion des dettes publiques. Ainsi, la dette nette publique de l’État américain a augmenté de plus de 2.000 milliards de dollars sur l’année fiscale 2010, selon un rapport publié mardi par le Trésor. Au total, la dette publique fédérale a atteint 13.473 milliards de dollars (10.300 milliards d’euros). Le déficit, qui tient compte des intérêts sur la dette et du coût des dépenses sociales, ressort à 2080 milliards de dollars pour l’exercice clos le 30 septembre, contre 1253 milliards l’année précédente.

Même constat pour le Royaume-Uni: le déficit public du pays s’est creusé plus que prévu en novembre pour s’établir à 16,8 milliards de livres (19,8 milliards d’euros) sur un mois, soit 2 milliards de plus qu’en novembre 2009. Dans le même temps, la dette publique totale s’est logiquement creusée, atteignant 65,2% du Produit intérieur brut (PIB), contre 59,5% un an plus tôt. En huit mois, depuis le début de l’exercice budgétaire 2010 en avril, le déficit a atteint 83,2 milliards de livres, soit exactement le même niveau que l’année précédente malgré les efforts annoncés pour combler le trou des comptes de l’État.

Par ailleurs, avec 50 milliards de dette supplémentaire en 2010, l’Allemagne bat un triste record: celui du plus important endettement atteint depuis la fondation de la République fédérale en 1949. Il s’élève désormais à 1791 milliards d’euros. Et en France, pour l’année en cours, l‘Agence France Trésor (AFT) a annoncé avoir emprunté 188 milliards d’euros à moyen et long terme, un record. La dette française s’élève à 1237 milliards d’euros à fin novembre.

Parallèlement, l’Espagne a vu le coût de son endettement augmenté lors de sa dernière adjudication de dette cette année. (Le Figaro-22.12.2010.)







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