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L’art de raconter des histoires

12122010

*Mille et un contes 

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Récits bibliques, légendes orientales, fables occidentales et saga familiale s’entremêlent dans le nouveau roman de l’écrivain libano-américain Rabih Alameddine. a réalité ne correspond jamais à nos désirs, et c’est pour concilier les deux qu’on raconte des histoires”, observe un personnage dans le roman extrêmement original de Rabih Alameddine The Hakawati*. Hakawati vient du verbe arabe haka, qui signifie : “raconter, relater, rendre compte de”. Un hakawati est quelqu’un qui fait toutes ces choses. La principale différence entre un conteur et un hakawati est peut-être que, en anglais, c’est l’histoire qui compte le plus, alors que, en arabe, c’est la façon de la raconter. “Si bonne que soit une histoire”, dit un connaisseur dans le roman d’Alameddine, “tout est dans l’art de la raconter.”
Au fil des pages, nous rencontrons plusieurs hakawati : le grand-père, dont c’était le métier, l’oncle Jihad, un vendeur de voitures (“un conteur des temps modernes”) et Osama Al-Kharrat, le personnage principal, qui vit aux Etats-Unis depuis des années et revient à Beyrouth pour se rendre au chevet de son père mourant. Le hakawati suprême, toutefois, est l’auteur lui-même, qui est parvenu à rendre en anglais tout l’art du récit oral arabe.
Le roman débute par l’histoire d’un émir marié depuis vingt ans, à qui la vie a donné tout ce qu’il voulait, sauf un fils. Il consulte son vizir, dont le conseil va être le point de départ de l’une des plus grandes sagas du livre, qui entremêle le retour d’Osama à Beyrouth et l’histoire de sa famille dans la capitale libanaise. Ces deux fils narratifs, qui seront reliés plus tard à un troisième – l’histoire épique de Baybars, un sultan du XIIIe siècle –, courent tout au long du livre, assemblés à des contes, à des fables et à des anecdotes. Le tout est enchâssé dans un roman moderne plein de dysfonctionnements familiaux, de politique et de coups de théâtre.
The Hakawati offre tout un assortiment de personnages et de récits, tantôt modernes, tantôt tirés du Coran, de la Bible ou du Tanakh [la Bible hébraïque], tantôt historiques, tantôt légendaires à la façon des Mille et Une Nuits.
 

decisionengroupe1.jpg La langue du roman est un régal et, si elle a souvent le côté ludique et luxuriant de l’arabe ­– le genre d’écriture que l’on savoure et que l’on a envie de lire à voix haute –, elle est aussi pleine d’argot et de concepts très américains. Alameddine a de toute évidence pris du plaisir à raconter ses histoires et navigue à merveille entre l’époque moderne et l’ancien temps, entre l’Occident et l’Orient, hésitant souvent comiquement entre les deux. L’une de mes répliques préférées se trouve à la fin d’un conte traditionnel, que le grand-père vient de raconter au jeune Osama. Celui-ci demande alors ce qui arrive au méchant vizir qui a tenté de détruire tous les personnages de gentils. “Il est parti en France, répond le grand-père, là où vivent tous les gens jaloux.”
 lire1.jpgcollecte1.jpgDans ses remerciements, l’auteur précise que The Hakawati est une “œuvre de fiction”, ce qui devrait aller de soi étant donné qu’on y croise des lutins nommés Abraham, Isaïe, Noé et Job, mais aussi des démons, des djinns et le maître de l’enfer en personne, Afreet Jahanem [dans l’islam, un afrit, ou ifrit, est un génie considéré comme malfaisant et le jahannam – comme la géhenne dans les écrits bibliques – est l’enfer]. Cette précision, d’ailleurs, rappelle une boutade qui revient régulièrement dans le livre : “Les histoires sont seulement faites pour divertir. Elles ne veulent jamais rien dire.” Ce qui est vrai et faux à la fois, car The Hakawati n’est pas uniquement un recueil d’histoires à dormir debout : c’est également un traité sur la narration orale, sur les récits (religieux, politiques, familiaux) qui font de nous ce que nous sommes. “Pourquoi les gens croient-ils toujours les menteurs ?” demande Osama. “Tout le monde a besoin de croire, répond le grand-père. C’est dans la nature humaine.”
En cette époque où l’on nous raconte en permanence des histoires qui sont tout sauf divertissantes, Alameddine juxtapose la vérité et la fiction, le désir sexuel d’aujourd’hui et les récits grivois du passé, le chagrin d’aujourd’hui et la douleur du monde antique. Est-ce pour nous rappeler que rien n’est nouveau ? Pour nous aider à relativiser ? Ou, tout simplement, dans la tradition des hakawati, pour raconter une bonne histoire ? Quelle qu’ait été l’intention d’Alameddine, le résultat est un livre délicieux, à savourer en buvant une petite tasse de café très épais, porté trois fois à ébullition avec du sucre et une pincée de cardamome. (le Courrier international-02.10.2008) source
The Washington Post

**Biographie

 Rabih Alameddine, 48 ans, est l’un des principaux représentants de la littérature arabo-américaine. Né en Jordanie de parents libanais, il a grandi au Koweït et au Liban avant de partir, à 17 ans, faire ses études aux Etats-Unis. Après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), il se met à la peinture. En 1998, il troque le pinceau pour la plume et publie son premier roman, Koolaids, dont le héros est un jeune homo libanais expatrié aux Etats-Unis qui se débat entre le sida et les souvenirs de la guerre dans son pays. Suivront le recueil de nouvelles The Perv (1999) et le roman I, the Divine (2001). Rabih Alameddine vit aujourd’hui entre San Francisco et Beyrouth. Aucun de ses livres n’est à ce jour traduit en français. Pour en savoir plus : rabihalameddine.com

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**Nobel de littérature : le sacre de Vargas Llosa

Mario Vargas Llosa (à gauche), vendredi, sur le point de recevoir des mains du roi de Suède le prix Nobel de littérature.
Mario Vargas Llosa (à gauche), vendredi, sur le point de recevoir des mains du roi de Suède le prix Nobel de littérature. 

L’écrivain péruvien a reçu vendredi à Stockholm son prix Nobel de littérature au cours d’une soirée fastueuse en présence de la famille royale. 

L'art de raconter des histoires dans culture coeur- Chaque année, à Stockholm, c’est la même image qu’on dirait sortie d’un film de Visconti: des femmes en robe de soirée, des hommes en queue-de-pie et, majestueuse, la famille royale au grand complet. Le grand dîner et le bal qui suit clôturent la saison Nobel. C’est à ce must européen annuel auquel a assisté Mario Vargas Llosa, après avoir reçu, un peu plus tôt dans la journée, des mains du roi de Suède, le diplôme de lauréat, la médaille frappée du profil d’Alfred Nobel et la confirmation écrite d’un prochain versement de 10 millions de couronnes (un peu plus d’un million d’euros). L’écrivain était entouré de quatorze invités, pas un de plus, comme l’exige le protocole. Parmi eux, son éditeur français, Antoine Gallimard, habitué de la fête puisqu’il est aussi celui d’Orhan Pamuk, de JMG Le Clézio et de Herta Müller, trois des quatre derniers lauréats du prix.

Désigné le 7 octobre dernier par l’Académie suédoise, l’écrivain péruvien était arrivé à Stockholm en début de semaine. Au cours d’une conférence de presse, lundi, il a dénoncé une dictature chinoise «féroce» qui empêche le dissident Liu Xiaobo, «grand combattant qui lutte pour la démocratie dans son pays», de venir à Oslo recevoir son prix Nobel de la Paix. Le même jour, Vargas Llosa a rendu un vibrant hommage à Flaubert qu’il considère comme l’un de ses maîtres : «C’est grâce à lui que je dis que le talent, si vous ne l’avez pas comme un don inné, vous pouvez le construire à travers la discipline, la persévérance, la patience.»

Le lendemain, sous les ors de l’Académie suédoise, il a prononcé son discours d’acceptation du prix. Intitulé «Éloge de la lecture et de la fiction», ce long texte fut pour lui l’occasion de revenir sur les grandes étapes de sa vie et de sa carrière d’écrivain. Et aussi de rendre hommage aux membres de sa famille qui furent un soutien constant, aux auteurs qui illuminèrent son enfance («Si je convoquais en ce discours tous les écrivains à qui je dois un peu ou beaucoup, leurs ombres nous plongeraient dans l’obscurité»), et aux pays qui abritèrent ses rêves, la France (voir extrait s), l’Espagne, le Pérou. «Nous devons continuer à rêver, à lire et à écrire, ce qui est la façon la plus efficace que nous ayons trouvée de soulager notre condition périssable, de triompher de l’usure du temps et de rendre possible l’impossible», a conclu l’écrivain qui, à 74 ans, se refuse à toute retraite : «Il est hors de question que je me transforme en statue ! Je suis un écrivain vivant et j’entends continuer d’écrire et de publier le plus possible !».(Le Figaro-10.12.2010.) 

****Mario Vargas Llosa…un auteur très engagé

Mario Vargas Llosa à la Maison de l'Amérique latine, le 10 septembre dernier.
Mario Vargas Llosa à la Maison de l’Amérique latine, le 10 septembre dernier. 

PORTRAIT – Le Figaro avait rencontré en septembre dernier ce grand romancier et essayiste, ancien candidat à la présidence péruvienne et chroniqueur des luttes de pouvoir.

coeur- dans culture «Voulez-vous que nous fassions la visite ensemble?» Avec une heure d’avance sur le rendez-vous, le grand écrivain péruvien nous cueille à l’entrée de la grande exposition qui lui est consacrée, un mois avant que le prix Nobel de littérature ne lui soit finalement attribué. Il n’a pas changé depuis les années 1990: tout juste ses cheveux ont-ils pris un peu de neige, mais l’élégance, la convivialité sont toujours de mise. À 74 ans, Mario Vargas Llosa porte beau comme on dit. Arpenter les salles couvertes de photographies de lui à tous les âges lui inspire ce commentaire: «D’habitude, ce type d’hommage a lieu post mortem. Je suis comme un invité de pierre.»

Sur deux étages du bâtiment, en plus des photos, des documents personnels, des lettres, des exemplaires d’ouvrages, des reproductions des couvertures de ses livres dans différentes langues et même une partie de sa fameuse collection d’hippopotames renseignent le visiteur sur l’homme et l’artiste. Voir une vie aussi bien organisée quand on sait le chaos qu’elle a été l’amuse. Il n’a qu’une certitude: la littérature a été «la colonne vertébrale, le centre névralgique» de son existence. «Ça a été une évidence, même inconsciente, dès le départ, dès la découverte de la lecture.»Enfant, il dévore Hugo, Stendhal, Balzac et Flaubert

C’était à Cochabamba, en Bolivie, où il vécut ses dix premières années au « paradis de l’enfance». C’est là qu’à 5 ans il apprit à lire. Là encore qu’il contracta une forte dépendance à l’objet livre comme en témoigne une lettre touchante adressée à l’Enfant Jésus à l’approche de Noël. Et puis du cocon familial et du statut d’enfant gâté il passa, du jour au lendemain, à un monde d’insécurité et d’autoritarisme symbolisé par l’apparition d’un père qu’il croyait mort. Cet homme qui n’était pas un intellectuel voyait d’un mauvais œil la littérature et la poésie. «À ses yeux, celui qui s’y intéressait ne pouvait être qu’un déviant. Cette opposition de mon père a été un encouragement pour persévérer dans cette vocation littéraire.» Le collège militaire Leoncio Prado de Lima, où son père l’avait inscrit pensant le remettre dans le droit chemin, sera au cœur de La Ville et les Chiens, premier roman de Mario Vargas Llosa. Publié en 1961, il le fera connaître dans le monde entier. Pour la petite histoire, mille exemplaires de ce livre furent brûlés en autodafé dans la cour d’honneur du collège. L’écrivain dérangeait, déjà. L’histoire avec le père ne trouva pas d’issue heureuse. «C’était une relation impossible à reconstruire.» Vargas Llosa apprit plus tard par sa mère qu’un jour le père, installé à New York, découvrit dans le Time Magazine, qui était sa référence, une photo de son fils et qu’il en fut déstabilisé.

Fou de lecture, le jeune Mario dévora les auteurs français du XIXe siècle : Hugo, Stendhal, Balzac, Flaubert. C’est tout naturellement qu’il s’inscrivit, à la fin des années 1950, à un concours organisé par la Revue française et le remporta. Son prix ? Un séjour d’un mois à Paris. «Y vivre dans les années 1960 était facile et passionnant. On y croisait Sartre, Camus, Aron ; Ionesco et Beckett y étaient joués, c’était une époque formidable. » En 1966, la France découvre La Ville et les Chiens. Un an plus tard, le romancier se rend à Caracas pour recevoir le prix Romulo-Gallegos. Du doigt, il désigne la photo qui célèbre l’événement : «Vous voyez le vieux monsieur là. C’était Romulo Gallegos. Quand on l’a informé que le prix venait d’être décerné, il a demandé à qui. On lui a répondu à Mario Vargas Llosa et lui s’est écrié : “Et pourquoi pas à moi ?” Le pauvre, il avait oublié qu’il avait donné son nom au prix.» Mario Vargas Llosa aura cette même réaction amusée en évoquant les déclarations de Fidel Castro à propos de l’échec du modèle cubain. «C’est assez pathétique son obsession sénile de l’apocalypse.» Il soutint pourtant le Lider Maximo, comme nombre de ses amis à l’époque, avant de rompre au début des années 1970. La politique et l’engagement sont, bien sûr, des moments clés de l’exposition. C’est à Caracas qu’il prononcera cette phrase inscrite en gros caractères sur un mur de l’une des salles : «Il faut cependant rappeler à nos sociétés à quoi elles peuvent s’attendre. Il faut qu’elles sachent que la littérature, c’est comme le feu, qu’elle signifie dissidence et rébellion, que la raison d’être de l’écrivain est la protestation, la contradiction, la critique.»Il y a 20 ans, il perd l’élection présidentielle péruvienne face à Fujimori

Fasciné par Sartre, Vargas Llosa a fait sienne l’idée de la responsabilité de l’intellectuel et adopté les slogans «Écrire, c’est agir» et «Les mots sont des actes». Pas au point de s’égarer : «J’ai toujours eu un esprit critique qui m’a sauvé. À l’époque où je vivais à Paris, j’étais de gauche, ce qui ne m’empêchait pas de lire les articles de Raymond Aron dans Le Figaro. Il ne faut jamais perdre de vue que la responsabilité de l’écrivain ne garantit pas la lucidité.» Et de citer différents propos de Sartre qui l’ont révulsé ou sa prise de position en faveur de la Révolution culturelle chinoise qui a précipité sa rupture avec le philosophe. «Il était extrêmement intelligent mais il a contribué, plus que quiconque, à la confusion totale dans la politique contemporaine.»

Quand on l’interroge sur son expérience d’homme politique et son échec à l’élection présidentielle péruvienne face à Fujimori, il y a tout juste vingt ans, Vargas Llosa, qui a toujours dit que la politique professionnelle avait été un «accident» à ses yeux, confirme : «Je ne regrette rien. J’ai découvert la vraie réalité de la politique. C’est là qu’on trouve les pires ingrédients de la condition humaine.» Heureux hasard, on s’arrête devant une vitrine où sont exposés quelques-uns de ses livres préférés. Parmi eux, La Condition humaine de Malraux, couvert d’annotations de l’écrivain péruvien. «Malraux est une combinaison très rare d’homme d’action, d’intellectuel et d’écrivain. Il s’est arrangé pour être au cœur de tous les événements du siècle. Je me souviens avec beaucoup d’émotion de ses discours, c’était un grand orateur, presque un illuminé. Et il avait cette vocation loufoque qui le défendait contre l’esprit de sérieux.»

Quand on lui demande s’il envie l’aventurier Malraux, l’écrivain répond aussitôt par l’affirmative. Quand on lui dit que Malraux a sans doute été privé du prix Nobel de littérature à cause de ses prises de position gaullistes, Vargas Llosa, qui a bien compris l’allusion à son statut d’éternel nobélisable jugé sans doute trop libéral pour les jurés de Stockholm, se contente d’un laconique : «Je ne crois pas qu’un écrivain doive parler du prix Nobel, ça n’est pas bon pour le style !» La blessure semble pourtant béante. L’écrivain préfère en revenir aux aventuriers comme Malraux ou, moins célèbre, Roger Casement, diplomate britannique qu’il a découvert dans une biographie de Conrad et qui est le sujet de son prochain roman, Le Rêve du celte, à paraître en 2011. De cet homme, qui fut l’un des premiers à dénoncer les atrocités commises dans le Congo du roi des Belges, puis à prendre partie pour les Indiens Putamayos au Pérou et les indépendantistes irlandais, et finit exécuté en 1916 pour trahison, l’écrivain dit : «Il était un héros selon moi, c’est-à-dire pas un saint mais un homme, avec ses faiblesses.» (Le Figaro-13.10.2010.)

«Mario Vargas Llosa. La liberté et la vie», Maison de l’Amérique latine, 217, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris. Jusqu’au 6 novembre. Le catalogue est édité par les Éditions Gallimard.

************» Toute l’œuvre de Mario Vargas Llosa sur Fnac.com

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**Biographie de Mario Vargas Llosa

Mario Vargas Llosa (de son nom complet Jorge Mario Pedro Vargas Llosa) est un écrivain péruvien naturalisé espagnol né le 28 mars 1936 à Arequipa (Région d’Arequipa, Pérou) et auteur de romans, de poésie et d’essais politiques. Il est lauréat du Prix Nobel de littérature 2010 « pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l’individu, de sa révolte et de son échec ».

Comme beaucoup d’auteurs latinoaméricains, Vargas Llosa s’est engagé en politique tout au long de sa vie. Ses opinions se sont progressivement déplacées de la gauche à la droite. En effet, il soutient initialement le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro, mais est rapidement déçu. En 1990, il est candidat à l’élection présidentielle péruvienne à la tête d’une coalition de centre-droit, le Frente Democrático (FREDEMO), défendant la mise en place de réformes néolibérales.
À l’âge de 14 ans, il étudie à l’Académie militaire Leoncio Prado, qui lui laisse un sinistre souvenir et la matière de son livre La Ville et les chiens.

Il étudie à l’Université San Marcos de Lima et occupe parallèlement différentes professions : correcteur, puis collaborateur aux rubriques cinéma de revues littéraires, notamment Literatura (1957-1958) ou du journal El Comercio. Pendant une brève période il fut impliqué dans une branche étudiante du Parti Communiste péruvien, qu’il abandonna protestant ainsi contre la ligne staliniste sur la littérature et l’art. La révolution cubaine fait pendant un temps revivre ses sentiments révolutionnaires.

Grâce à une bourse, il poursuit ses études à Madrid et obtient en 1958 un doctorat avec une thèse sur Rubén Darío. Après avoir écrit un recueil de nouvelles remarqué, Les Caïds (Los Jefes, 1959), œuvre qui a obtenu le Prix Leopoldo Alas, il s’installe à Paris.
C’est là qu’il rédige La ville et les chiens en 1963, ouvrage qui fait de lui un auteur de renom (Prix de la Biblioteca Breve et Prix de la Crítica) . Son roman est traduit presque aussitôt dans une vingtaine de langues. Il y décrit la vie menée par les cadets (les chiens ), et met en contraste l’oppression de la discipline et les brimades subies par les jeunes gens avec le vent de liberté qui souffle sur la ville.

Depuis, Mario Vargas Llosa est un écrivain reconnu, régulièrement invité dans les universités du monde entier pour y donner des cours et des conférences. Dans La Maison verte (1966), l’auteur décrit la vie dans la lointaine forêt péruvienne et dans la zone urbaine de Piura. Il reçoit à nouveau le Prix de la Critique et le Prix International de Littérature Rómulo Gallegos en 1967.

Parmi les principaux autres romans de Vargas Llosa, on retiendra Conversation dans la cathédrale (1969), Pantaléon et les Visiteuses (1973), satire du fanatisme militaire et religieux au Pérou, l’Orgie perpétuelle (1975) et un roman semi-autobiographique, La tante Julia et le scribouillard (1977). Le roman La Guerre de la fin du monde (1982), qui traite de la politique brésilienne au XIXe siècle, connut un large succès public et critique, surtout en Amérique Latine. Citons aussi Qui a tué Palomino Molero (1986), roman consacré aux violences politiques au Pérou, l’Homme qui parle (1987) et Éloge de la marâtre (1988).
Tenté pendant une période par le communisme, la révolution cubaine a déçu ses attentes, de sorte qu’il devint libéral. Son positionnement est qualifié de « très libéral » par l’universitaire Serge Audier (Paris IV). Son parcours intellectuel a été influencé par la lecture de trois auteurs : Karl Popper, Friedrich Hayek et Isaiah Berlin. Il fonde dans son pays un mouvement de droite démocratique, Libertad.

Candidat de la droite libérale à l’élection présidentielle péruvienne de 1990, il est battu au second tour par Alberto Fujimori. Suite à cette cuisante défaite face à un politicien totalement inconnu jusqu’alors, il gagne l’Espagne et s’installe à Madrid. Le gouvernement de Felipe González lui accorde la double nationalité espagnole et péruvienne.

Depuis lors il écrit des colonnes d’opinions dans les journaux de droite d’Amérique latine et de Floride, dans lesquelles il fustige constamment tous les mouvements et gouvernements progressistes de la région et affiche constamment un certain mépris pour son pays d’origine et pour l’Amérique latine en général. Il a récemment écrit dans un article du journal espagnol El País que l’Argentine est une pseudo-démocratie où « à chaque élection quelques factions et bandes péronistes se disputent et se répartissent le pouvoir face à la pitoyable impuissance de l’opposition pygmée ».
Mario Vargas Llosa est membre de l’Académie royale espagnole. Il a reçu le Prix Cervantes en 1994; puis en 2005, le Irving Kristol Award de l’American Enterprise Institute. Il prononce alors un discours remarqué, Confessions of a liberal.

Vargas Llosa est titulaire de 40 doctorats Honoris Causa dont celui de l’Université Rennes 2 Haute Bretagne, celui de l’université de Reims Champagne-Ardenne depuis le 19 septembre 2007, ainsi que celui de l’université de Bordeaux III depuis le 13 novembre 2009.

Le 7 octobre 2010, il reçoit le prix Nobel de littérature pour « sa cartographie des structures du pouvoir et ses images tranchantes des résistances, révoltes, et défaites individuelles ».
(Source: Wikipédia)

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