Pour venger WikiLeaks, des pirates attaquent Mastercard
9122010Ils déclarent la première « infoguerre » de l’Histoire
*Des pirates informatiques ont attaqué les sites internet du suisse Postfinance et de l’américain Mastercard en représailles à la fermeture des moyens de paiements de WikiLeaks.Ces pirates, regroupés sous le nom «AnonOps» et qui disent lutter contre la censure et les droits d’auteurs, ont lancé l’opération «Payback» (vengeance), selon leur site internet anonops.net. «La première guerre informatique a maintenant débutée. Le champs de bataille est WikiLeaks», ont-ils indiqué.Parmi les victimes figure le site internet Postfinance.ch, filiale de services financiers de la Poste suisse, qui a abrité puis fermé un compte du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Sites internet indisponibles
Depuis lundi soir, Postfinance.ch subit des attaques par déni de service (DDos) visant à surcharger ce dernier et à le rendre indisponible, a précisé à l’AFP un porte-parole de l’institut financier. «Depuis la fermeture du compte (de Julian Assange), des groupes ont lancé l’opération « Payback » pour bloquer Postfinance, en simulant des centaines de milliers de connexions au site dans le but de le surcharger», a-t-il précisé.
Les pirates informatiques à l’origine de ces attaques, ont par ailleurs annoncé sur leur site avoir attaqué le site de Mastercard. «Le groupe qui a désactivé une banque suisse a maintenant désactivé Mastercard.com», ont-il indiqué sur leur compte Twitter.
Le site de l’entreprise de cartes de crédit était en effet indisponible vers 11 heures. Un porte-parole de Mastercard, contacté par l’AFP, n’a cependant pas voulu dire s’il subissait des attaques informatiques.
Et aussi, PayPal
D’autres sites internet en relation avec WikiLeaks ont été attaqués par des pirates non identifiés, notamment le service de paiement PayPal, mais aussi le site et les courriels de l’avocat des deux Suédoises accusant le fondateur de WikiLeaks Julian Assange de «viol et agression sexuelle».
Concernant Postfinance, le porte-parole a assuré que ces «pirates informatiques» n’avaient pas mis en danger la sécurité des systèmes de paiements ou de gestion des comptes. «La situation s’est améliorée mercredi, mais les attaques continuent», a-t-il ajouté.
Postfinance avait annoncé lundi avoir fermé le compte de Julian Assange, en raison de «fausses indications sur son lieu de domicile». Cette décision a été prise de façon «autonome et sans pression de qui que ce soit», a souligné le porte-parole.
L’argent placé sur le compte de Julian Assange pourra a tout moment être viré sur un autre compte, a dit le porte-parole. (AFP-08.12.2010.)
**What is « sex by surprise » ? Un sous-viol ?
L’avocat de Julian Assange, cofondateur de WikiLeaks arrêté mardi matin à Londres et en détention jusqu’au 14 décembre avant une possible extradition vers la Suède, a expliqué que son client « n’était pas poursuivi pour viol mais pour “sexe par surprise” ». What is « sex by surprise » ? Un sous-viol ? Me Mark Stephens, spécialiste des médias, précise que c’est une « qualification suédoise punie par une amende de 5 000 couronnes, soit environ 540 euros », qui considèrerait comme un délit le fait de refuser de mettre un préservatif.Toujours selon le défenseur de l’Australien Assange, cette obscure incrimination n’existerait que sous les latitudes suédoises, en tous cas, « pas aux Etats-Unis, ni en Angleterre, ni même à Ibiza »…ni dans le code pénal suédois, après enquête, sommes nous au regret d’écrire.Selon plusieurs sources amicales suédoises, « sex by surprise » serait une traduction d’un mot d’argot suédois « överraskningssex » utilisé pour plaisanter sur le viol, ou pour le nier.Grâce notamment à un article du site américain Slate qui a popularisé le concept, il se raconte désormais qu’en Suède on peut commettre un crime appelé le « sexe par surprise » qui serait différent du viol. Une sorte de sous-viol en quelque sorte.
Miss A et Miss W n’ont pas apprécié les manières d’Assange
Mardi, devant la cour anglaise, la représentante des autorités suédoises a détaillé les quatre chefs d’accusation qui ont semblé assez sérieux outre-Manche pour refuser la libération sous caution de Julian Assange :
- la contrainte sexuelle (« tvang » en suédois) : Assange est accusé par une première femme -« Miss A » – d’avoir usé du poids de son corps pour la maintenir couchée d’une certaine manière sexuelle, le 14 août ;
- l’agression sexuelle : Assange aurait fait l’amour avec Miss A sans préservatif alors qu’elle avait exprimé le souhait d’en utiliser un. Selon Me Pernilla Dahlrot, avocate suédoise du barreau de Paris, cet acte peut être qualifié de viol en Suède ;
- l’agression, encore, pour le « viol de son intégrité sexuelle » le 18 août, soit quatre jours plus tard ;
- relations sexuelles avec Miss W, le 17 août dans sa maison de Stockholm, sans préservatif alors qu’elle était endormie. D’après l’acte d’accusation, la qualification retenue serait le viol.
Bref rappel des faits : en août, Julian Assange est à Stockholm pour participer à un séminaire organisé par le Parti social-démocrate suédois (gauche). En quatre jours, il couche avec au moins deux femmes qui vont faire connaissance par la suite et décider de porter plainte ensemble quand, disent-elles, elles s’aperçoivent qu’il n’a utilisé de capote ni avec l’une, ni avec l’autre.
Le Daily Mail a publié les procès-verbaux d’audition des deux femmes -qui ne contestent pas qu’elles étaient désireuses de coucher avec le cofondateur de WikiLeaks. Seulement, elles n’ont pas apprécié la façon dont ça s’est passé.
« Le consentement, c’est dire vraiment “oui” »
Pour comprendre les subtilités des poursuites suédoises, il faut se reporter au chapitre 6 du code pénal suédois, qui traite des crimes sexuels.
Sections 1, 2 et surtout 7 qui fait référence aux agressions sexuelles (« sexual molestation ») « par séduction, coercition ou mauvaise influence » à l’encontre de mineurs de 15 à 18 ans au cours d’un acte sexuel perpétré dans le cadre d’une production pornographique. (Télécharger le code pénal suédois)
La suite de la section 7 s’appliquerait au « cas Assange », selon le service de presse du parquet de Göteborg :
« L’agression sexuelle est également retenue lorsqu’une personne s’expose elle-même d’une manière offensante ou indécente, par des mots ou par un acte qui attentent à la pudeur. »
Il n’y a pas de liste exhaustive, explique une juriste suédoise qui exerce en France :
« Cela peut concerner une pratique sexuelle non désirée -une fellation, la sodomie- alors que le ou la partenaire n’était d’accord que pour un rapport sexuel “classique” ; des injures pendant l’acte sexuel ; des propositions “dégradantes” ; des pressions pour des “positions humiliantes”, etc. »
Le refus de mettre un préservatif -ou de s’interrompre une fois qu’il s’est déchiré- a sa place dans la section 7 du chapitre 6, mais également dans la section 1 qui traite du viol (ce qui n’est le cas ni en France, ni en Angleterre).
Une révision de la loi -notamment sur la nature du consentement- serait dans les tuyaux et, selon des informations diffusées notamment par AOL News, la procureure Marianne Ny qui s’occupe du « cas Assange » y serait très favorable.
« Le consentement, ce n’est pas ne pas dire “non”, c’est dire vraiment “oui” », résume Me Dahlrot.
En Suède, le droit de dire « non » à n’importe quel moment
« […] Si le nombre de plaintes a augmenté aussi rapidement [en Suède], c’est aussi une conséquence de “la libération des femmes et de l’affirmation de leur droit à décider de leur sexualité” », expliquait, dans Libération, Christian Diesen, professeur de droit à l’université de Stockholm :
« Aujourd’hui, les femmes en Suède considèrent qu’elles ont le droit de dire “non” à n’importe quel moment d’un rapport et qu’une relation forcée, même sans menace ou violence, est un viol qui doit faire l’objet de poursuites. »
Dans l’esprit des féministes, qui commencent à réagir au dénigrement dont sont victimes les deux plaignantes, l’expression « sexe par surprise » du défenseur de Julian Assange revient à discréditer les poursuites et la loi suédoises.
« Le consentement avec n’est pas le consentement sans »
Miss Rocio’s, influente blogueuse californienne, féministe et de gauche, s’est fendue d’une note pour expliquer à ses amis « radicaux » et libertaires ce que « consentement » voulait dire :
« Si une personne donne son consentement pour faire l’amour avec un préservatif, elle ne le donne pas pour faire l’amour sans préservatif.
Vous devez très spécifiquement obtenir le consentement de faire l’amour sans capote. Et si en plein milieu de l’action, elle change d’avis, vous devez tout arrêter, ou alors c’est du viol.
Ce qui me gène le plus dans nombre de papiers sur cette affaire est de lire que Assange est “seulement” poursuivi pour n’avoir pas utilisé de préservatif.
Ce n’est pas le cas : les poursuites concernent le fait de savoir si ces relations sexuelles étaient consenties, et des relations sexuelles sans consentement, c’est du viol. »
L’accusation selon laquelle les deux plaignantes seraient des féministes radicales, cherchant à se venger des hommes, a en tout cas été largement reprise par les médias anglais, rapporte Jezebel.com. (Rue89-08.12.2010.)
Photo : la procureure Marianne Ny lors d’une conférence de presse à Göteborg, en Suède, le 7 décembre 2010
**réaction d’internautes
*…cette accusation me semble très (et trop) providentielle pour être franchement crédible. Ce gars, est l’ennemi n°1 pour la moitié des pays du monde à cause de Wikileaks et j’ai l’impression que tout les prétextes sont bon pour le faire tomber. Or le prétexte trouvé ici me semble un peu léger : je veux dire, il rencontre 2 femmes en 4 jours, couche avec (à priori il y a consentement mutuel) et il se retrouve avec une accusation de relation sexuelle sans préservatif et relation sexuelle contrainte (un viol!) assorti d’un mandat d’arrêt international…
*…Au lieu de gloser comme convenu sur les termes « viol », « sexe par surprise », etc et les associer à Assange, il est sans doute plus raisonnable de garder son sang-froid, de se demander comment se fait-il que cet homme qui a participé en autres à :
- révéler les war logs
- dénoncer du blanchiment d’argent aux iles Cayman
- dénoncer des crimes horribles en Irak
- basculer des élections corrompues au Kenya
et s’apprête à révéler des infos sur une grande banque américaine,
se fasse accuser de viol dans la semaine où wikileaks publie les cables diplomatiques ?
par une femme qui a des liens avec la CIA ?
et qui a organisé une fête en son honneur le lendemain d’avoir soi disant été « violée » ?
et qui a aussi publié des messages arrogants sur tweeter pour se vanter de le fréquenter ?http://www.rawstory.com/rs/2010/12/assange-rape-accuser-cia-ties/
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Les hackers contre-attaquent
La page d’accueil de WikiLeaks.
WEB – Les soutiens de Julian Assange et sa bande ont attaqué plusieurs sites…
La résistance s’organise. Plusieurs sites impliqués dans l’affaire WikiLeaks ont fait l’objet d’attaques informatiques. Si aucun lien n’a pu être établi officiellement entre elles, la BBC a estimé ce mercredi que le piratage du site de Mastercard était une mesure de représailles à la fermeture des moyens de paiement de Wikileaks.
Des hackers nommés «Anonymous» ont menacé en début de semaine de lancer des attaques par déni de service contre des entreprises telles que la société de paiement en ligne PayPal qui ont bloqué les moyens de paiement vers WikiLeaks. Le blog officiel de la société a été la cible d’attaques pendant le week-end.
Opération «Payback»
Le groupe responsable de l’attaque du site de Mastercard serait le même que celui à l’origine d’un autre piratage. Depuis lundi, une filiale financière de la poste suisse, Postfinance, est elle aussi attaquée. «Depuis la fermeture du compte (de Julian Assange), des groupes ont lancé l’opération « Payback » dans le but de bloquer Postfinance, en simulant des centaines de milliers de connexions au site dans le but de le surcharger», a expliqué un porte-parole de l’institut financier cité par Europe1.fr.
Les autorités suédoises ont par ailleurs annoncé que le site Web du parquet a fait l’objet d’attaques mardi soir et une partie de ce mercredi. «Naturellement, il est aisé de croire qu’il y a un lien avec l’affaire WikiLeaks mais nous ne sommes pas en mesure de le confirmer», a déclaré Fredrik Berg, responsable du site. (20Minutes-08.12.2010.)
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Venger Julian Assange, la nouvelle croisade des Anonymous
Détenu par la police britannique depuis mardi matin et cible d’un acharnement sans précédent des politiques, diplomates, sociétés de systèmes de paiement et hébergeurs de sites Internet, Julian Assange a trouvé ses meilleurs défenseurs sur Internet. « Nous avons la possibilité de contre-attaquer », annoncent-ils sur une affichette qui circule en ligne, intitulée « Opération Vengeance pour Assange ».
Ils déclarent la première « infoguerre » de l’Histoire, annoncent des attaques informatiques contre les puissants qui veulent faire taire Wikileaks. Lundi, le blog de PayPal (qui a annoncé avoir bloqué les virements vers les comptes associés à Wikileaks) a subi une attaque « DDOS », qui consiste à surcharger des serveurs web par un immense et soudain afflux de requêtes. Un peu plus tard, c’est le site de PostFinance (la banque suisse qui a fermé le compte de Julian Assange) qui était rendu inaccessible. Puis ils s’en sont pris à Visa, hier soir à 22h, et à Mastercard.com qui est toujours dans les choux à l’heure actuelle. Qui sont-ils ? On ne sait pas. Combien sont-ils ? Indénombrables. Que peut-on faire ? Rien.
Ce groupe d’internautes qui signe « Anonymous » prend des airs de commando terroriste sous la plume des journalistes de l’AFP, qui disent avoir « discuté en ligne » avec certains d’entre eux sans voir de paradoxe dans le fait de se revendiquer anonyme. Le nom d’« Anonymous » est en réalité associé depuis plusieurs années aux habitués du site 4chan. Il s’agit d’un « imageboard » anglophone, sorte de forum où les internautes partagent un grand nombre d’images sur les mangas, les jeux vidéo, les films, la musique, la cuisine ou tout autre centre d’intérêt, sans avoir besoin de s’inscrire préalablement sur le site ni de fournir un pseudonyme. Tout le monde y est donc désigné comme « anonymous ». Sur les 10 millions de visiteurs uniques que revendique 4chan, il y a des spécialistes en détournements humoristiques d’images, des cracks en informatique, ceux qui s’échangent des vidéos de films porno, ceux qui défendent le libre partage de la musique en peer-to-peer, ceux qui insultent les autres… Comme dans la « vraie » vie, mais toujours sur le ton léger qui caractérise la culture internet des digital natives.
L’attaque informatique contre Visa est probablement née de discussions au cœur de ce forum (qui disparaissent très rapidement car aucune archive n’est conservée), comme des initiatives passées au fonctionnement similaires contre l’église de Scientologie ou la RIAA — qui défend les intérêts de l’industrie du disque aux États-Unis. Mais il est impossible de restreindre l’équipe des vengeurs à ce site, car il s’agit de tout sauf d’une communauté fermée : les anonymous sont des internautes comme les autres, qui construisent des liens en dehors de 4chan et s’intègrent dans la grande nébuleuse de la Toile. « Appeler “hackers” les Anonymous, c’est comme dire “ingénieurs en stérilisation d’ustensiles de restaurant” pour parler des plongeurs », résume un certain AnonyWatcher sur Twitter.
« Quand les anonymes en auront fini avec eux, MasterCard fera la quête aux dons via PayPal »
Visa et Mastercard n’étaient que les premières cibles annoncées du groupe. Un compte twitter a été ouvert (ou plus exactement rouvert, car le premier a rapidement été « accidentellement » suspendu par Twitter) pour informer de l’actualité de l’« opération Payback ». (Ecran-un site de Libération-09.12.2010.)
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**La Suède malade de ses viols
Violences. Le plus grand pays scandinave arrive en tête des plaintes en Europe.
Chaque jour en Suède, une quinzaine de personnes portent plainte pour viol. «Les victimes sont de plus en plus jeunes. En 2006, deux tiers d’entre elles avaient moins de 30 ans. Plus de la moitié étaient ivres. Et la majorité n’avait jamais rencontré son agresseur, vingt-quatre heures avant le viol.» C’est le triste tableau que dresse Christian Diesen, professeur de droit à l’université de Stockholm et coauteur de l’enquête présentée hier à Bruxelles. Une étude qui révèle que la Suède est le pays européen où sont déposées le plus de plaintes pour viol, écornant au passage l’image d’une des sociétés les plus égalitaires au monde.
Selon les statistiques du Conseil national de la prévention du crime (BRA), 5 446 personnes ont porté plainte pour viol en Suède, l’an dernier. C’est près de 15 % de plus qu’en 2007, plus du double qu’en 2000 et près de quatre fois plus qu’en 1990. «Tous ceux qui travaillent avec les victimes de viol n’ont pu que constater cette augmentation», observe Asa Regnér, secrétaire générale de l’Association suédoise pour l’éducation sexuelle (RFSU). Mais en Suède, les explications varient.
Alcool. A l’hôpital Södersjukhuset, à Stockholm, le centre d’accueil d’urgence des victimes de viol a ouvert ses portes en 2005. Depuis, la fréquentation augmente en moyenne de 10 % par an. L’an dernier, le centre a accueilli 700 personnes. «Les victimes sont de plus en plus jeunes et plus de la moitié étaient ivres», affirme Lotti Helström, médecin-chef. Pourtant, elle n’est pas convaincue que la hausse du nombre de plaintes reflète l’augmentation des viols. Au contraire. «Les discussions sur le sujet, le durcissement de la loi, ainsi que l’ouverture du centre ont contribué à ce que ce ne soit plus aussi tabou et honteux d’en parler», dit-elle. «Si les chiffres sont aussi mauvais en Suède, c’est principalement parce que les victimes osent plus souvent porter plainte», explique Christian Diesen, soulignant que «ce n’est plus socialement stigmatisant de s’identifier à la victime d’un viol». La modification du code pénal, en 2005, y est pour beaucoup.
Avant, une agression sexuelle commise sur une personne en état d’impuissance, causé par une maladie, un handicap ou la consommation d’alcool, était considérée comme un abus sexuel et non comme un viol. En février 2003, une femme de 35 ans a été agressée pendant plusieurs heures par un groupe d’hommes, dans son appartement, à Tumba, dans la banlieue de Stockholm. Quatre personnes ont été arrêtées, puis jugées. Mais toutes ont été blanchies. Motif : la victime était dans un état d’ébriété avancé. L’affaire a fait scandale en Suède, précipitant une modification de la législation.
Mais si le nombre de plaintes a augmenté aussi rapidement, c’est aussi une conséquence de «la libération des femmes et de l’affirmation de leur droit à décider de leur sexualité, estime Christian Diesen. Aujourd’hui, les femmes en Suède considèrent qu’elles ont le droit de dire non à n’importe quel moment d’un rapport et qu’une relation forcée, même sans menace ou violence, est un viol qui doit faire l’objet de poursuites.» Les jeunes filles sont souvent les premières concernées. «Faute d’expérience, elles considèrent que cela va de soi de dire non en cours de route, mais ce n’est pas toujours le cas», commente Lena Josefsson, présidente d’une association d’aide aux victimes de violence.
«Arène». La Suède, précise-elle, se trouve dans «une période de transition» : si l’égalité des sexes existe en théorie, ce n’est pas toujours le cas dans la pratique. «La sexualité est une arène où il faut plus de temps pour obtenir l’égalité que dans l’espace public», explique la sociologue Lena Berg. Chercheur au Conseil national de la prévention du crime, Klara Hradilova-Selin ne peut s’empêcher de mettre en garde contre des comparaisons internationales. Elle reconnaît cependant que l’évolution des mœurs a sa part de responsabilité dans l’augmentation des viols. Elle évoque notamment une «vie nocturne riche, des rencontres sur Internet et l’augmentation de la consommation d’alcool». Autant de facteurs qui expliqueraient que les agresseurs soient de plus en plus souvent des personnes que les victimes ne connaissent pas ou peu.
Or, si la Suède dispose du record des plaintes déposées, seulement 13 % ont donné lieu en 2006 à une inculpation et 10 % à une condamnation. (Libération-29.04.2009.)
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****Dirigée par Liz Kelly, professeure à la Metropolitan University à Londres, l’étude présentée hier à Bruxelles s’intéresse aux plaintes pour viol dans 33 pays européens. La Suède s’offre donc un triste record, avec 45,6 plaintes déposées pour 100 000 habitants en 2006, devant l’Islande et le Royaume-Uni. Parmi les pays qui comptent le moins de plaintes se retrouvent la Hongrie, la Grèce, la Croatie et le Portugal. Avec 7 plaintes pour 100 000 habitants et une hausse des condamnations, la France se classe plutôt bien. Les chercheurs rappellent que tous les viols ne font pas l’objet d’une plainte et qu’un grand nombre de plaintes peut aussi signifier un débat plus ouvert.*****
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Catégories : actualité, international, société
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