Ces sociétés américaines où l’on travaille moins pour gagner plus
1122010
*De New York) Si vous appelez le studio new yorkais de Stefan Sagmeister en 2014, un message préenregistré vous répondra :
« Bonjour, ici Sagmeister Inc. Nous réalisons actuellement des recherches pendant un an. Nous serons de retour en septembre. Merci de nous rappeler à ce moment-là. »
Tous les sept ans depuis l’ouverture de son petit studio en 1993, le designer, qui a signé le « branding » des Rolling Stones, du Guggenheim Museum et de la chaîne de télévision HBO, s’offre une année sabbatique pour retrouver l’inspiration. Et tant pis s’il laisse ses clients en plan -l’insolent aurait refusé de dessiner un poster pour la campagne de Barack Obama-, il sait que c’est pour leur bien autant que le sien.
Plus de temps libre pour plus de productivité
Il s’explique :
« Au bout de sept ans, j’ai réalisé que mon travail commençait à s’uniformiser. J’ai donc décidé de fermer le studio pour un an pour trouver de nouvelles idées. Je voulais que mon travail redevienne une vocation. »
Stefan Sagmeister croit aux vertus du « travailler moins pour gagner plus », et il n’est pas le seul. Sagmeister Inc. fait partie d’une communauté grandissante d’entreprises américaines, de la TPE à la multinationale, à avoir mis en place des politiques dites de « temps personnel » qui, sous des formes diverses, permettent d’accroître la productivité des employés en leur donnant du temps libre.
Au pays du « work-alcoholism », où moins d’un travailleur sur dix part en vacances pour plus de deux semaines consécutives, la tendance a un goût de révolution.
Sagmeister l’affirme :
« Cela peut marcher pour n’importe quelle entreprise, quel que soit son secteur d’activité. J’ai vu des entreprises de quatre employés (la mienne), 60 [elBulli, le célèbre restaurant espagnol du chef Ferran Adrià qui ferme cinq mois par an pour concocter de nouvelles recettes, ndlr] et de grandes firmes multinationales mettre en place différentes formes de périodes “ off ”. […] Au final, ca marche financièrement : parce que notre travail est de meilleure qualité, nous pouvons demander plus d’argent. »
Le Scotch et le Post-it sont nés de programmes de « temps personnel »
La tendance, en réalité, n’est pas nouvelle. Déjà dans les années 20, le géant américain des produits adhésifs, 3M, s’était rendu compte des avantages motivationnels et financiers de telles mesures. De son programme de « temps personnel », qui permettait aux employés de la compagnie de consacrer 15% de leur temps de travail à des projets de leur choix, sont nés le ruban adhésif Scotch et, dans les années 80, le fameux Post-it.
Dans les années 2000, Google a popularisé le concept. Dans le cadre de son dispositif « Innovation Time Off », qui consiste à donner à certains ingénieurs la possibilité de consacrer 20% de leur temps de travail à la réalisation d’un projet personnel (qui doit tout de même rester lié à l’activité de la compagnie), Google a imaginé Gmail, Google News, AdSense et un service de bus « shuttle » pour ses employés californiens.
Pour Stefan Sagmeister, la recette miracle fonctionne aussi. Sa deuxième année sabbatique, en 2007, l’a ainsi emmené au cœur des paysages sauvages de Bali. Condition pour la réussite de l’expérience : une planification minutieuse de son séjour avec, précise-t-il chaque semaine, des plages (horaires ! ) consacrées à l’observation, la réflexion et l’écriture.
Résultat : à son retour à New York, il donnait au tout nouveau Casa da Musica à Porto d’une identité visuelle acclamée par la critique, lançait une collection de T-shirts flanqués du portrait de 99 chiens sauvages croisés lors de promenades à Bali, ou encore construisait une table de 330 boussoles avec son ensemble de tasses incrustées d’aimants… Autant de succès commerciaux.
Il sourit :
« Dans une vie, on passe en gros 25 ans à étudier, 40 à travailler et 15 à la retraite. J’ai simplement décidé de prendre les cinq premières années de la retraite et de les répartir dans mes 40 années de travail. »
Photo : des femmes dans un parc à New York, en avril 2009 . (Rue89-05.06.2010.)
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**Ventes d’ordinateurs : nouveau record en 2010
Les ventes mondiales d’ordinateurs devraient connaître un nouveau record en 2010 mais le marché, tiré par les besoins d’équipement des pays émergents, commence aussi à se faire grignoter en Europe et en Amérique du nord par un nouveau concurrent : la tablette électronique.
« La tablette est un nouveau facteur de concurrence, surtout en Amérique du nord et en Europe », selon l’étude
Selon les prévisions du cabinet Gartner publiées lundi, plus de 352 millions d’ordinateurs – fixes et portables – seront vendus dans le monde en 2010, un chiffre jamais atteint et en progression de 14,3% sur un an.Ces estimations sont cependant en baisse par rapport aux précédentes données du cabinet, qui tablait en septembre sur une croissance de 17,9%.« Historiquement, on achetait d’abord un ordinateur de bureau, puis un portable, puis un smart phone. Aujourd’hui, on constate beaucoup de changements dans la façon dont les gens consomment », résume Ranjit Atwal, directeur de recherches chez Gartner.
« La tablette est un nouveau facteur de concurrence, surtout en Amérique du nord et en Europe. Dans les pays émergents, les gens s’intéressent pour l’instant toujours aux PC, mais ils commencent aussi à se tourner vers d’autres appareils, plus les smart phones que les tablettes d’ailleurs », selon lui.Les marchés émergents – Chine, Brésil, Inde – devraient encore continuer de s’équiper en ordinateurs et « représenter plus de 50% de ce marché d’ici fin 2011″, prédit le cabinet.Pour autant, Ranjit Atwal estime que « sur le court-terme, en tout cas d’ici cinq ans », tablettes et smart phones vont « être non plus des compléments » des ordinateurs « mais leurs substituts ».Les ventes de tablettes – avec en tête l’iPad d’Apple – pourraient atteindre 19,5 millions d’unités dans le monde en 2010, et même dépasser les 208 millions en 2014, estimait en octobre une autre étude de Gartner.Selon le baromètre REC de l’institut GfK, paru fin octobre, l’ordinateur reste cependant, et de loin, l’écran le plus utilisé par les internautes pour surfer sur les réseaux sociaux ou regarder des vidéos. Le portable comme la tablette demeurent encore très minoritaires pour ces usages.Quatre-vingt-treize pour cent des personnes interrogées et fréquentant des sites de réseaux sociaux, de partage de contenus, de blogs ou de forums, disaient privilégier l’ordinateur pour surfer. Et seul un pour cent de ce panel indiquait utiliser l’écran d’une tablette.« Il ne faut pas enterrer l’ordinateur qui reste de loin le principal écran d’accès à internet, notamment pour des raisons de confort et de taille », avait souligné Philippe Person, directeur clientèle « entertainment » de GfK.
« 2010 sera une année record en termes de ventes, alors qu’on disait que l’ordinateur était mort », déclarait récemment à l’AFP Thierry Petit, directeur général de Dell France.
« On équipe les gens de plus en plus tôt dans leur vie, et les seniors sont également sans cesse plus concernés. Sans compter les pays émergents qui s’équipent en accéléré », ajoutait-il en soulignant les énormes perspectives de croissance en Chine, en Inde et au Brésil.
Pour la première fois cette année, les ventes d’ordinateurs sur le marché chinois ont dépassé en volume celles du marché américain. « Les projections font état d’un marché annuel de 100 millions d’ordinateurs par an, soit deux millions vendus par semaine », selon M. Petit.
« La tablette est un excellent outil de consultation » mais, défend-il, « le PC reste le meilleur produit pour le texte, il est impossible de produire du contenu sur mobile ou la tablette. Le produit de convergence, l’objet unique qui permettrait de tout faire, est un fantasme ».
(Sud-Ouest.29.11.2010.)
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**La France précipitée dans le froid
Les travaux du tramway ont été perturbés par la neige, hier à Orléans.Une intervention sur le réseau électrique, hier dans le Loiret.
Neige … Dix-sept départements ont été placés en vigilance orange par Météo France
Une semaine à peine après les premiers signes de froid, la France est entrée de plein fouet dans la rigueur de l’hiver. Hier Météo France a placé en vigilance orange 17 départements. Une quinzaine d’entre eux devraient être affectés par de fortes chutes de neige en Auvergne, en Rhône-Alpes et dans le Jura. Le Loiret et le Loir-et-Cher, eux aussi en vigilance orange, connaîtront un épisode de grand froid au cours duquel les températures pourront avoisiner les - 10 °C. Hier encore, plusieurs milliers de foyers étaient privés d’électricité, après une nuit de températures records, atteignant les - 15 °C à l’aube à Orléans. Du jamais vu un 30 novembre depuis 1946.
20 % de TGV annulés dans le Sud-Est
Conséquence de ces perturbations, 20 % des TGV sont annulés, aujourd’hui, dans le Sud-Est. Hier après-midi, la ville d’Orléans tournait, elle, au ralenti, privée de tramway et de ramassage scolaire. Dans la vallée du Rhône, où le plan neige a été déclenché par le préfet, on se prépare à une tempête exceptionnelle. A Lyon, un second gymnase a d’ailleurs été ouvert pour accueillir les sans-abri, tandis que la ville de Paris, où le thermomètre frôle les 0 °C, annonçait en avoir mis un troisième à leur disposition.
Dès aujourd’hui, les chutes de neige s’étendront à toute la moitié nord, avec en plaine des couches pouvant atteindre 30 cm. Le ministère de l’écologie a appelé hier soir les usagers à la prudence, conseillant aux automobilistes de différer tous les déplacements non indispensables. D’après le ministère, de probables interdictions pourraient être prises, concernant notamment les poids lourds, sur l’axe rhodanien et l’Est.
Demain, la consommation d’électricité française devrait connaître un nouveau pic record, en réaction aux températures inférieures de près de 10 °C aux normales saisonnières. Météo Consult prévoit vendredi et samedi un épisode de pluies verglaçantes, avant un redoux marqué, attendu dimanche sur le Sud, et qui gagnera lundi la moitié nord. Une évolution qui ne sera pas bénéfique pour tous, puisqu’elle devrait engendrer, en montagne, un fort risque d’avalanche. (20Minutes-01.12.2010.)
***Plus d’électricité et 30 cm de neige dehors
«Je fuis la maison», avoue Pascaline, Orléanaise de 28 ans. Devant les 30cm de neige tombés devant sa porte et la coupure totale d’électricité, la jeune maman d’un bébé de 15 jours n’a eu d’autre choix que de se réfugier chez des amis. De retour chez elle une fois le courant rétabli, elle a découvert une patinoire devant sa porte, la neige ayant gelé. «Sans cheminée ni poêle, nous avons dormi avec une température un peu fraîche pour le petit qui a même commencé sa nuit vêtue d’une écharpe, d’un bonnet et d’un manteau. » Aussi, devant le froid qui s’annonce, le couple l’a décidé, il va investir dans un poêle.
**Fortes chutes de neige à Lyon, près de 80 km de bouchons cumulés
Les chasse-neiges du Grand Lyon ont débuté les opérations de salage mardi 30 novembre 2010 en raisons des fortes chutes de neige.
CIRCULATION – Le trafic de l’agglomération lyonnaise est fortement perturbé par la neige qui tombe en abondance, les transports scolaires sont suspendus mercredi, des avions sont annulés à Saint-Exupéry…
La neige tombe drue depuis 13h ce mardi dans l’agglomération lyonnaise. Face à l’alerte orange neige et verglas émise dans le Rhône, le Grand Lyon a lancé les opérations de pré-salage des secteurs sensibles et des lignes fortes de bus dès le début d’après-midi.
Malgré ce dispositif, à 18h, près de 80km de bouchons cumulés sont enregistrés sur les grands axes de l’agglomération selon le site Infotrafic du Grand Lyon, dont 14 km sur le périphérique Laurent-Bonnevay et 14 km sur contournement est, entre Corbas et Pusignan. Les automobilistes sont invités à se munir de pneus neige ou de chaînes et à reporter leurs déplacements en voiture dès que possible. En raison de l’importante fréquentation liée au salon Pollutec, les abords d’Eurexpo font l’objet d’un traitement spécifique.
Le réseau de bus paralysé, les transports scolaires suspendus mercredi
A 16h30, plus de cinquante lignes de bus ne circulaient plus, principalement celles de l’ouest lyonnais où il y avait déjà près de 3 cm de neige. Les premiers bus ont eu consigne de rentrer au dépôt dès 14h30. Et la ligne C3, la plus fréquentée de l’agglomération, est limitée entre Laurent-Bonnevay et La Feuillée. Le site des TCL est régulièrement saturé, mais il est possible de voir l’état du trafic par ici. Toutes les lignes Junior étaient à l’arrêt dès mardi. «Ma fille, qui est en CP, finissait à 16h30, témoigne Florence, une maman d’élève de la cité scolaire internationale à Gerland (7e). Le directeur nous a appelé à 17h pour nous dire qu’il n’y avait plus de bus scolaires et que les enfants étaient gardés jusqu’à ce que les parents arrivent.» Les routes étant bloquées, le métro restait la solution la plus pratique pour se rendre à l’école. «C’est un peu l’état d’urgence. On imagine ça à la campagne, mais pas en pleine ville!»
Le département du Rhône a annoncé que l’ensemble des transports scolaires sont suspendus pour la journée de mercredi.
Les avions légèrement perturbés à Saint-Ex
A l’aéroport Lyon-Saint Exupéry, 16 vols ont été annulés ce mardi en raison des intempéries, soit 4% du trafic total. La direction indique avoir déclenché ses équipes d’astreinte son dispositif de traitement et déneigement de la plate-forme aéroportuaire dès 13h. Un prochain point sera fait à 6h30 mercredi.
>>Les prévisions d’un spécialiste météo pour les prochains jours.
Le standard neige activé
Au total, 52 chasses-neige sont en action pour des opérations de déneigement jusque dans la nuit en cas de nécessité.
Pour suivre l’avancement des travaux de dégagement, il est conseillé d’appeler au standard neige 04.78.95.88.44, au service Info Trafic 0800.15.30.50 ou de suivre l’information régulièrement actualisée sur le site du Grand Lyon. (20Minutes-30.11.2010.)
***Neige et grand froid: alerte orange pour 18 départements français
Nancy sous la neige, le 29 novembre 2010
METEO – Du verglas est également attendu…
Alerte orange dans le sud-est ce mardi. Un épisode neigeux exceptionnel, accompagné de verglas sur les routes, est attendu dans tous les départements des régions Auvergne et Rhône-Alpes, ainsi que dans le Jura, la Lozère et la Saône-et-Loire, soit un total de quinze départements, selon Météo-France. Par ailleurs, le Loiret et le Loir-et-Cher sont eux aussi placés en vigilance orange, mais cette fois-ci en raison du froid.
En cause: une perturbation venant du sud qui va gagner progressivement le nord de la France tout au long de la journée. «Les précipitations se feront sous forme de neige jusqu’en plaine et les cumuls seront notables sur les départements placés en vigilance orange», indique Météo-France. Temporairement, les intensités de neige, lourde et collante, pourraient dépasser les 3 cm/heure, ajoute l’organisme qui indique que les premières chutes devraient être faibles, mais vont se renforcer au cours de la journée.
>> Vos photos de neige sont par ici
«Les hauteurs de neige au sol attendues en plaine sur la totalité de l’épisode sont de 10 à 20 cm, voire localement davantage, notamment sur le lyonnais, la vallée du Rhône, la région grenobloise et les avants pays savoyards», précise encore Météo-France. (20Minutes-30.11.2010.)
**La neige et le froid paralysent une grande partie de la France
La neige est passée hier à Saint-Germain Lembron, situé dans le centre de la France.
Cet épisode, qui devrait persister jusqu’à jeudi soir, concerne d’abord les régions méridionales. Il devrait ensuite se décaler vers le nord et l’est de la France.
Un épisode neigeux de grande ampleur qui devrait perdurer jusqu’à jeudi soir. Les chutes de neige ont concerné l’Auvergne puis la région Rhône-Alpes tout au long de la nuit de mardi à mercredi et se poursuivent encore ce matin, indique Météoconsult. Par accumulation, les hauteurs de neige sont déjà conséquentes, avec 20 à 30 cm sur l’ensemble des départements de l’Isère et de l’Ain, ainsi que sur une partie du Rhône. Météoconsult place 11 départements en vigilance orange.
On relève localement jusqu’à 45 cm dans le secteur de Chambéry (73).
Jusqu’en mi-journée, les chutes de neige resteront soutenues sur l’est de l’Auvergne, la région Rhône-Alpes, le sud-est de la Bourgogne et le Jura. Sur ces régions, la neige tombera dès la plaine avec 10 cm supplémentaires en moyenne, et jusqu’à 30 cm dès 500 m d’altitude. Par cumul, on relèvera donc jusqu’à 40 cm en plaine et plus de 60 cm à moyenne altitude.
Les chutes de neige deviendront plus faibles cet après-midi en région Rhône-Alpes et quitteront la région en soirée. Le grand froid favorisera alors les formations de verglas, et les conditions de circulation seront particulièrement difficiles tout au long de la journée de jeudi.
De la région Centre au bassin parisien jusqu’à l’Alsace-Lorraine, des chutes de neige tenant au sol sont également attendues à partir de l’après-midi et de la soirée, mais elles seront de faible intensité et les quantités seront généralement comprises entre 1 et 5 cm.
Sur la Franche-Comté et le sud de l’Alsace, la couche au sol sera plus conséquente, de 5 à 10 cm.
D’autre part, en Méditerranée, de fortes pluies parfois orageuses se produiront à l’est du Rhône, avec des cumuls voisins de 30 à 50 mm, localement 80. Un risque orageux gagnera en mi-journée, avec localement des chutes de grêle possibles.
Les conditions météorologiques créent d’importantes difficultés de circulation, notamment des transports scolaires, dans le Centre, l’est et l’ouest. La SNCF a également annoncé pour jeudi l’annulation de 20% de ses TGV entre Paris et la province sur l’axe sud-est. (Le Figaro-01.12.2010.)
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**cocaïne…Cent dix kilos en une prise, en France
Vendredi dernier, la brigade des stups de Paris pénètre dans un appartement de Neuilly, met la main sur trois valises remplies de drogue. «Ce travail est très important. Sur des écoutes, on entend régulièrement les trafiquants en parler», rappelle Etienne Apaire, président de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie. Cette drogue, a priori en provenance de Colombie, était destinée à alimenter le marché parisien. Mais la cocaïne est présente partout. Depuis janvier, 7.000 opérations coups de poing, de Lille à Marseille, ont permis de saisir 3 tonnes de cocaïne.
Couper les routes
«La France est un pays de destination mais aussi un pays de transit vers l’Italie ou le Benelux», rappelle Jean-Michel Colombani, patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants. D’où l’importance de couper les routes d’approvisionnement qui ont pour point de départ les pays producteurs (Colombie et surtout Pérou et Venezuela en ce moment pour la France). La cocaïne (ingérée par des mules) passe ensuite par les Antilles avant de traverser l’Atlantique en avion et surtout dans des bateaux qui débarquent la cargaison en Espagne ou en Hollande.
«Elle remonte ensuite grâce à des opérations go fast, mais aussi de plus en plus de go slow [une voiture banale pour passer inaperçus]», explique Olivier Lebon, du syndicat Alliance. Face à la répression mise en place en mer, les trafiquants essayent maintenant de passer la drogue par l’Afrique de l’Ouest avant de la remonter par les routes traditionnelles du cannabis (Maroc, etc.). «On a même vu des clandestins africains tenter de payer leur passage en Europe avec de la cocaïne», lâche un flic. (20Minutes-01.12.2010.)
**La cocaïne est de plus en plus consommée en France
Le cannabis est le produit illicite le plus utilisé. L’héroïne n’est plus diabolisée. La lutte contre le trafic s’intensifie.
En dix ans, la consommation de cocaïne s’est étendue et démocratisée, tandis que l’héroïne, quasiment disparue dans les années 1990, fait aujourd’hui un timide retour. Ces deux constats émergent du rapport «Tendances récentes et nouvelles drogues», publié ce jeudi par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Ils reposent sur l’observation des consommateurs réguliers et de l’espace festif, considéré comme à l’avant-garde des pratiques.
Autrefois réservée à une élite, la cocaïne se diffuse dans des sphères toujours plus larges de la société. Plus d’un million de Français l’ont expérimentée. Perçue comme une drogue festive et peu dangereuse, son image est extrêmement positive. «Les publics qui la consomment sont désormais très diversifiés, du milieu festif aux classes moyennes», souligne Jean-Michel Costes, directeur de l’OFDT. Contrairement à une idée reçue, son usage est plus important chez les chômeurs que dans la catégorie des actifs. C’est une drogue très disponible, qui emprunte les circuits de distribution du cannabis. Elle est très présente dans certains bars musicaux ou discothèques, notamment à Lille, Paris, Rennes et, dans une moindre mesure, Toulouse.
5 euros le gramme de cannabis
La cocaïne semble promise à un bel avenir. «L’attrait pour ce produit ne semble guère se démentir, malgré les conséquences problématiques, financières et psychiatriques en particulier, rapportées par les professionnels», souligne le rapport Trend, pour la période 2006 à 2009.
La réapparition de l’héroïne, désormais inhalée ou fumée, est également confirmée par les observations faites sur le terrain. «On la retrouve chez les toxicomanes, qui l’avaient délaissée, mais aussi dans des milieux mieux insérés, observe Jean-Michel Costes. Cette drogue n’est plus diabolisée.» Le phénomène, encore très marginal, mérite une surveillance particulière, selon l’OFDT. D’autant que le nombre d’overdoses est reparti à la hausse depuis 2003. Ces accidents pourraient s’expliquer par la méconnaissance des dangers de cette drogue.
Le rapport Trend consacre par ailleurs un chapitre aux produits et aux trafics. À 5 € le gramme, la résine de cannabis est le produit le moins cher sur le marché – son prix n’a pas baissé ces dernières années. Il est aussi le produit illicite le plus consommé en France. La cocaïne reste, elle, la drogue la plus onéreuse (60 € le gramme en moyenne), alors que le gramme d’héroïne s’écoule à 40 € et d’ecstasy à 7 €. De fortes disparités, selon les régions ou la qualité du produit, sont cependant constatées.
La lutte contre le trafic et l’usage de drogues se sont intensifiés ces dernières années, avec un nombre record de 176.000 interpellations en 2008. Le nombre d’arrestations pour trafic a augmenté de 67% en deux ans. À cette activité policière, répond une adaptation de l’organisation des trafics, note le directeur de l’OFDT : «Les microtrafics, portant de sur de toutes petites quantités, se développent et compliquent la tâche des enquêteurs.» L’usage du téléphone portable pour se donner rendez-vous et les transactions furtives dans le métro se répandent.
La place, de plus en plus importante, prise par Internet ces dernières années est enfin mise en évidence. De nombreux sites proposent aujourd’hui un éventail de produits psychoactifs à l’attention de jeunes cherchant de nouvelles expérimentations : plantes et champignons hallucinogènes, drogues de synthèse, mélanges d’herbes. Ces produits sont généralement labellisés «légaux», mais leurs effets et leur toxicité sont peu connus des acheteurs. (Le Figaro-04.02.2010.)
****La France de plus en plus touchée par la cocaïne
Le ministredu budget, Éric Woerth, pose le 29 mai 2009 à Montpellier, aux côtés des douaniers, devant 684 kg de cocaïne saisis dans un poids lourd sur l’autoroute A9.
Selon les experts, cette drogue, en progression, serait désormais consommée par toutes les classes sociales.
«En France, les milieux sociaux touchés par la consommation de cocaïne sont tellement larges et hétérogènes qu’il est difficile aujourd’hui de dresser un portrait type du consommateur.» Étienne Apaire, patron de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), tire le signal d’alarme. À l’entendre, la cocaïne n’est plus, comme autrefois, réservée à la jet-set. «Les usagers les plus nombreux désormais sont ouvriers et employés, juste derrière les personnes se déclarant sans emploi», renchérit Jean-Michel Colombani, le chef de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS).
Selon lui, la «situation se dégrade vraiment depuis deux à trois ans». La France paierait, comme d’autres pays européens, la volonté de diversification des trafiquants d’Amérique latine, en but à une saturation du marché aux États-Unis et au Canada. «Ce qui m’inquiète, c’est la disponibilité du produit», dit-il. La Caraïbe et l’Afrique servent de relais pour inonder le marché français. Et les prix pratiqués sont plus attractifs : 12 000 à 15 000 euros pour qui voudrait se lancer dans la diffusion vers la France d’un kilo de cocaïne acheté aux cartels à Fort-de-France ou Pointe-à-Pitre. Mais si l’achat se fait à Saint-Domingue, le prix sera cassé à 9 000 euros. Avec d’autres rabais accordés pour les plus grosses quantités. Arrivé à Paris, le produit connaît une plus-value considérable. La drogue aura été coupée entre-temps cinq fois. Pure à 92 % au départ, elle arrive en Europe à 20 % de pureté.
«La dose, qui coûtait l’équivalent de 120 à 130 euros il y a dix ans, se cède pour deux fois moins cher, de nos jours, à Paris», constate un agent de la brigade des stupéfiants de la capitale. La préfecture de police de Paris vient d’ailleurs de faire tomber un important réseau de passeurs de drogue, avec la saisie de quelque 80 kg de produit, dans le XVIIIe arrondissement, samedi dernier. Partout en France, la cocaïne progresse. Près de 4 % des 18-44 ans l’ont déjà expérimentée à ce jour, contre 1 % à peine il y a dix ans. Chez les jeunes de 17 ans, 25 000 garçons et filles seraient concernés. Un chiffre qui a triplé entre 2000 et 2008.
Plusieurs dizaines de tonnes
Cette évolution se vérifie en matière de répression. Avec 4 430 interpellations réalisées par la police et la gendarmerie en 2008, la part des détenteurs de cocaïne chez les toxicomanes a augmenté de 10 % en un an. On estime le marché français à plusieurs dizaines de tonnes.
«La nouveauté, explique le patron de l’Office des stupéfiants, c’est que les réseaux du trafic de cannabis, souvent en provenance du Maghreb, participent désormais activement à la démocratisation de la cocaïne.» Ils viennent concurrencer les grossistes de la vieille école, ceux des familles historiques du banditisme, de la pègre marseillaise aux Italo-Grenoblois, âgés de 50 à 60 ans.
Alors que la diffusion se redessine en France, «les pouvoirs publics ont saisi l’urgence de combattre le phénomène plus en amont, en asséchant l’offre de produit», explique le commissaire Colombani. «La coopération avec les pays sources est la clé», assure le juge Apaire depuis mardi à Bogota pour participer à un important programme de prévention antidrogue associant la France et la Colombie. (Le Figaro-08.12.2009.)
***Jeunesse et dépendance
Alcool, téléphone portable, films X, cannabis, jeux vidéo… Les adolescents n’ont plus rien à envier aux adultes en matière d’addictions. Tour d’horizon de leurs dépendances préférées.
Romain, 17 ans, est accro aux films porno. Comme tous les jeunes de son âge, serait-on tenté de dire avec une pointe d’ironie… À la nuance près que chez Romain, l’addiction mérite d’être nommée en tant que telle. Traité depuis six mois dans le cadre d’une psychothérapie, il revient sur son entrée en cure :
« Je me suis dit qu’il y avait un problème le soir où j’ai réalisé que j’avais passé toute un après-midi et un début de soirée sur le Net, à rechercher des films X à stocker sur mon ordinateur. J’avais pourtant d’autres choses à faire, j’avais envie de les faire, mais je ne pouvais pas me détacher des images porno. »
L’asservissement à ses propres pulsions est la première définition d’une dépendance, mais comment expliquer que les ados y soient aussi soumis que les adultes ? Selon l’addictologue William Lowenstein, « les causes d’une addiction sont multifactorielles : génétiques, physiologiques, psychologiques, sociales, familiales, environnementales, etc. C’est la conjonction de ces nombreux facteurs qui, à une période donnée de notre évolution, nous rend plus fragiles et donc plus réceptifs à ce qui peut nous faire du bien ou moins de mal. » Bref, que l’on soit adolescent, adulte ou même senior, l’addiction peut survenir à tout âge.
« L’essentiel, c’est de nous évader »
Si l’adolescence peut conduire à l’addiction, c’est lorsqu’elle s’accompagne d’une expérimentation du danger. C’est le propre des ados : ils se font peur en jouant avec leurs limites. Au risque d’y prendre goût. « Avec mes copines, on s’offre parfois des récréations explosives le samedi soir, raconte Alice 16 ans. Alcool, joint, et quand on a un peu de budget, on se cotise pour partager un gramme de coke : l’essentiel pour nous, c’est de nous évader. »
Alice et ses amies sont-elles addicts ? Tant que leurs
« récréations » restent occasionnelles, non. Mais elles risqueraient de le devenir si leur consommation de substances variées s’inscrivait dans un rituel régulier. « Bien que le cannabis ne possède pas un grand potentiel de toxicité, ni même un potentiel addictogène très élevé, certains usagers font de cette drogue douce un usage dur, ce qui peut alors la transformer en drogue dure », explique William Lowenstein.
Le petit joint fumé en rentrant de l’école peut donc rapidement relever de la pratique addictive, au même titre qu’un « prémix » (alcool fort et soda prémélangés en canette, très populaire chez les jeunes) de whisky-Coca ou une ligne de cocaïne, dont le prix en constante baisse depuis dix ans l’a fait sortir des beaux quartiers pour la rendre accessible aux fêtes lycéennes. « Je suis consciente que la cocaïne est une drogue et le cannabis aussi, c’est pour ça que je fais attention et ne m’autorise que de petits dérapages festifs », conclut Alice. Mais tous les adolescents sont-ils aussi maîtres de leur consommation ?
**Bien réelles, les substances virtuelles
Restent les addictions virtuelles, particulièrement développées chez les jeunes. « À force de surfer en quête de nouveaux films, j’étais devenu autant accro au porno qu’au virtuel, poursuit Romain. Comme si ce que je vivais dans mes fantasmes avait fini par remplacer la réalité. » Mais cette menace du virtuel qui se substitue à la « vraie vie » des adolescents se cache surtout dans les jeux en ligne. La Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) révèle que 50 % des adeptes d’un jeu de rôle en ligne (World of Warcraft, Counter Strike…) se considèrent comme « dépendants ».
Une estimation corroborée par une enquête de l’université anglaise de Bolton, selon laquelle 40 % d’anciens joueurs estiment que le jeu en ligne a nui à leur vie sociale, et 50 % qu’il a diminué leur temps de sommeil. Même constat en Chine dans le centre de réhabilitation (musclée) du docteur Tao Ran, qui estime que 95 % des dépendances à Internet chez les jeunes sont liées aux jeux vidéo.
À Paris, l’hôpital Marmottan, spécialisé dans le soin et l’accompagnement des conduites addictives, prend aussi en charge des jeunes accros à leurs jeux.
Jeux en ligne, sites porno, réseaux sociaux… L’addiction globale à Internet commence à être reconnue en tant que telle. À Richmond, aux États-Unis, à quelques centaines de mètres du siège de Microsoft, un centre de désintoxication vient en effet d’ouvrir ses portes à tous les accros du Web qui vivent leur vie
« en ligne » plutôt que dans la réalité.
Films X, cannabis, jeux vidéo… Nos ados sont-ils tous accros ?
« Nous avons tous nos petits rituels quotidiens : le café du matin, la cigarette du midi… Tant qu’ils ne gouvernent pas notre vie et restent du domaine du plaisir choisi, nous ne sommes pas dépendants », rassure William Lowenstein. Formulé
différemment : ce n’est pas parce que votre ado passe du temps sur le Net ou boit un verre de temps en temps qu’il est forcément accro. L’addiction implique la récurrence et l’impossibilité de résister à la pulsion. De même, si vous le voyez (comme tous les jeunes de son âge) pianoter tous les jours sur son téléphone portable, n’en déduisez pas pour autant qu’il est addict.
En juin 2008, l’addiction au téléphone portable a conduit deux adolescents espagnols au centre de pédopsychiatrie de Lleida. Une affaire largement médiatisée, et pour cause : ils utilisaient leur téléphone entre six et huit heures par jour ! Dans un tel cas, une prise en charge s’impose effectivement, car l’addiction ne se guérit pas par des mesures disciplinaires. Mieux vaut leur préférer le dialogue, avant une éventuelle consultation. (Madame Figaro-13.11.2009.)
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